*{ André Bourbeau, ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle. Partenaires pour un Québec compétent et compétitif. 1991 } Miser sur les compétences pour développer le Québec. Le Québec moderne a développé une économie ouverte sur le monde. Les impératifs du commerce extérieur ne lui sont donc pas étrangers. Aussi s'est-il non seulement adapté à ces contingences, mais il a su développer des créneaux d'excellence pour exporter ses ressources et une part croissante de sa production. Ce qui distingue la décennie 90 des précédentes, ce n'est pas en soi le phénomène de l'expansion du commerce international et la mondialisation de l'économie, mais plutôt l'accélération avec laquelle ces phénomènes se produisent. Ce rythme singulier impose aux économies modernes des exigences de compétitivité tout en leur offrant, par ailleurs, des perspectives de développement que le cloisonnement relatif des marchés ne permettait même pas d'entrevoir. Pendant longtemps, le Québec a compté sur l'exportation de ses ressources naturelles pour assurer son développement. Puis, l'économie québécoise s'est diversifiée dans la production manufacturière et l'industrie des services, à un rythme correspondant à celui de l'accroissement des compétences des hommes et des femmes qui composent sa main-d'oeuvre active. De toute évidence, on assistera au cours des prochaines années au raffermissement de cette tendance qui consiste à réduire notre dépendance des ressources naturelles au profit d'activités de production faisant appel au génie, au savoir, aux compétences en somme. Une économie axée prioritairement sur l'exploitation primaire des ressources naturelles devient, à notre époque, une économie de Tiers monde. S'il est un constat qui se dégage des stratégies développées par les pays qui cherchent à se positionner pour élever leur niveau de prospérité dans le nouvel ordre économique, c'est bien celui d'un effort marqué en faveur du développement des compétences de leur main-d'oeuvre. Les nations s'enrichissent dans la mesure, précisément, où elles contribuent à enrichir leur capital humain. Il s'agit d'un postulat incontesté. Dans ce contexte, les pays qui se contenteront de faire du surplace, c'est-à-dire de maintenir les politiques traditionnelles de développement de la main-d'oeuvre, se feront rapidement dépasser par les pays plus dynamiques, plus audacieux ou plus avant-gardistes à ce chapitre. Le défi de la mondialisation des marchés commande, et de façon impérative, des investissements accrus dans le développement de la main-d'oeuvre. Le Québec y est convié lui aussi. Si, dans certains secteurs, le Québec tire admirablement son épingle du jeu, on doit reconnaître qu'en dépit des efforts déployés au cours des dernières années, il est en train de prendre des retards inquiétants, en particulier au chapitre de la formation continue de la main-d'oeuvre active. Il ne s'agit pas de dramatiser la situation, mais de prendre pleinement conscience du danger et de déployer les efforts de redressement qui s'imposent. Les solutions proposées dans cet énoncé de politique ne constituent pas une panacée. Aucune formule magique, aucun remède universel ne permet d'équilibrer durablement l'offre et la demande de main-d'oeuvre sur le marché du travail. Le défi de l'emploi représente la préoccupation dominante de tous les gouvernements et de tous les partenaires patronaux et syndicaux. Il ne sera relevé, ici comme ailleurs, qu'au prix d'efforts sans cesse renouvelés de la part de l'État, des employeurs et de la main-d'oeuvre active elle-même. Nous croyons cependant que les virages ou les redressements proposés dans cet énoncé de politique placeront le Québec sur la voie de la réussite. Cet énoncé de politique demeure résolument axé sur le développement de la main-d'oeuvre parce que nous sommes convaincus que le Québec sera prospère dans la mesure où il sera compétent. Aujourd'hui, la main-d'oeuvre est devenue un facteur de développement économique de premier ordre. Cet énoncé de politique fait largement appel à la concertation des employeurs, des représentants des personnes salariées et du gouvernement. Le partenariat représente en effet la caractéristique commune des économies à succès. Le développement des compétences ne s'impose pas unilatéralement par l'État ou les entreprises. Il requiert, au contraire, un dialogue soutenu entre tous les partenaires économiques et une participation réelle de la main-d'oeuvre elle-même. Les membres de la Conférence permanente sur la main-d'oeuvre ont, par leurs commentaires et les préoccupations qu'ils ont véhiculées, apporté une contribution à cet énoncé de politique. De même, les représentants de divers ministères, en particulier les ministères de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science, de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, des Finances, de même que le Secrétariat à la condition féminine, ont apporté un éclairage précieux dont il a été tenu compte dans la rédaction de cet énoncé de politique. Je souhaite, pour ma part, que cet énoncé donne lieu à un débat public au Québec, que sa publication soit l'occasion, pour les personnes et les groupes qui interviennent directement ou indirectement sur le marché du travail, de s'interroger sur les défis qui se posent à l'économie du Québec et sur la contribution réelle qu'ils peuvent apporter à l'atteinte des objectifs d'équité et de prospérité que nous partageons, source d'enrichissement personnel et collectif et condition essentielle au maintien et à l'amélioration des programmes sociaux. Avant-propos. Avant toute chose, il convient de préciser le sens et la portée de ce que nous appelons ici une politique de développement de la main-d'oeuvre. En 1969, lorsque le ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre, monsieur Maurice Bellemare, a déposé à l'Assemblée nationale le projet de loi sur la formation et la qualification professionnelles de la maind'oeuvre, il a affirmé que le gouvernement rendrait publique dans les mois suivants une politique québécoise de la main-d'oeuvre. Les ministres qui lui ont succédé ont presque tous réitéré cet engagement et plusieurs d'entre eux ont travaillé d'arrache-pied pour tenter de concevoir cette politique globale. En vain... Si cent fois sur le métier il a fallu remettre l'ouvrage sans pour autant doter le Québec de la politique attendue, c'est que la tâche était colossale, impossible même. Dans le vrai sens du terme, une politique de main-d'oeuvre couvre un spectre très large de préoccupations, depuis les politiques et l'organisation du système d'éducation jusqu'aux règles régissant le fonctionnement du marché du travail. Une politique de main-d'oeuvre interroge en effet les objectifs, les pratiques et les structures mêmes du système scolaire, la politique d'éducation des adultes, le rôle de l'État dans l'économie, la problématique de l'emploi, les interventions du gouvernement en faveur du développement régional, le soutien du revenu et les diverses formes d'aide offerte aux chômeurs et autres personnes à la recherche d'emploi, l'équité salariale, les normes du travail, certains volets de la politique familiale et tout l'univers des relations du travail. Bref, le champ d'application de tous les facteurs ayant une incidence sur la main-d'oeuvre est tellement vaste qu'il devient pratiquement insaisissable en une seule politique, si globale soit-elle. Le présent énoncé de politique, tout en reconnaissant ces interrelations, demeure centré sur le développement de la main-d'oeuvre, c'est-à-dire sur les actions à prendre pour porter les compétences de la main-d'oeuvre à un niveau sans cesse plus élevé, dans la perspective de l'utilisation optimale de ~ l'ultime ressource " du Québec, sa main-d'oeuvre. De façon plus spécifique encore, l'énoncé de politique s'attaque prioritairement aux déséquilibres observés sur la marché du travail, qui se traduisent concrètement par la montée du chômage et un déphasage grandissant entre les offres d'emploi et la qualification des demandeurs d'emploi. L'énoncé ne traite pas directement de l'action générale de scolarisation et de rehaussement des qualifications poursuivie par les politiques éducatives de l'ensemble du système d'enseignement, s'attardant plutôt à l'action gouvernementale visant le développement de la main-d'oeuvre. Bien sûr, le développement de la main-d'oeuvre concerne l'ensemble de la population active. Le présent énoncé de politique n'exclut personne, bien entendu. Il n'identifie pas pour autant des clientèles spécifiques parce que les solutions proposées s'adressent généralement à toute la main-d'oeuvre. Si l'énoncé de politique s'attarde à la partie de la main-d'oeuvre pour qui l'adaptation aux conditions changeantes du marché du travail représente un défi pressant, c'est que les solutions durables aux problèmes de cette main-d'oeuvre et les réponses à ses besoins requièrent du gouvernement et de ses partenaires des interventions mieux ciblées et plus structurantes. L'énoncé de politique parle peu, nous en convenons, des entrepreneurs audacieux, des gestionnaires avantgardistes, des chercheurs, des ingénieurs de haute technologie et de tous les spécialistes dont on s'arrache littéralement les talents dans les entreprises et le secteur public. Cette part importante de la main-d'oeuvre est davantage concernée par les politiques de l'enseignement supérieur et celles du développement industriel, technologique et international. L'approche sectorielle représente par ailleurs un élément important de la stratégie proposée. Nous avons délibérément refusé d'échafauder des plans de développement des différents secteurs d'activité, optant plutôt pour aménager des lieux de concertation où ces stratégies sectorielles peuvent être conçues de façon plus réaliste, en identifiant prioritairement les besoins de développement de la main-d'oeuvre qui les accompagnent. Nous reconnaissons également que ces besoins de développement de la main-d'oeuvre se présentent différemment selon les secteurs d'activité. Nous avons présenté un diagnostic d'ensemble, sachant fort bien que cette réalité doit être nuancée par la réalité propre à chaque secteur. Cet énoncé de politique constitue avant tout un document d'orientation. Les personnes qui souhaitent approfondir la problématique décrite ici peuvent consulter divers ouvrages produit par le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle (MMSRFP), dont le Rapport de la consultation du ministère de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu sur l'adaptation de la main-d'oeuvre à l'accord canado-américain de libre-échange ( 1989), Le développement des compétences, défi des années 90 (juin 1991) et Perspectives sectorielles du marché du travail au Québec et dans ses régions, 1991, 1992 et 1995 (août 1991). Tel que nous le définissons concrètement, le développement de la main-d'oeuvre, comme on le verra, n'en couvre pas moins un champ très vaste et fait appel à la collaboration active de multiples acteurs au sein du gouvernement et dans le secteur privé. Nous souhaitons que les propositions avancées contribueront à la mobilisation indispensable au plein développement de la main-d'oeuvre québécoise. 1. Une économie changeante à maîtriser. 1.1 L'éclatement des dernières barrières commerciales. Parce qu'elle ne pouvait être confinée à un marché intérieur de quelques millions de consommateurs, la production québécoise a, de tout temps, compté sur les exportations pour assurer son expansion. Aujourd'hui, près de 40% de la production totale de biens et de services réalisée au Québec est destinée à l'exportation et au commerce interprovincial. ? titre de comparaison, notons que la France et le Japon exportent moins de 10 % de leur production, l'Australie 15% et la République fédérale d'Allemagne, environ 22% (en 1989). L'ouverture sur le monde dont fait preuve le Québec rejoint en fait un courant international très puissant en faveur de l'intensification du commerce entre les pays. La production mondiale destinée à l'exportation a augmenté de 60% entre 1960 et 1986, selon les données du Fonds monétaire international. Les économies nationales deviennent de plus en plus interdépendantes à mesure que tombent les derniers obstacles à la libre circulation des produits et des capitaux. Cet éclatement des barrières commerciales accentue nettement la concurrence des économies. Désormais, pour un grand nombre de produits, les entreprises du Québec sont en compétition ouverte avec tout le monde industrialisé. Or, comme notre prospérité demeure liée à l'intensification de nos exportations et qu'un plus grand nombre de pays convoitent les mêmes marchés que nous et se donnent les moyens de les conquérir, nous devons rassembler les conditions qui permettent non seulement de réagir ou de s'adapter à ce nouvel ordre économique mondial, mais d'en tirer profit, d'en saisir les opportunités. C'est ainsi que se pose avec une acuité grandissante la question cruciale de la compétitivité des économies. Pour répondre aux impératifs de cette compétitivité, les entreprises québécoises ont accéléré, au cours des dernières années, les investissements dans la modernisation de la production. Dans les années 1975 à 1979, les investissements totaux en immobilisation dans le secteur non résidentiel au Québec s'établissaient à environ 11 milliards de dollars par année. Ce volume annuel d'investissement est passé à 15,2 milliards en 1982, puis à 18,6 milliards en 1985, à 24,2 milliards en 1988 et à 29,9 milliards en 1991. Une analyse plus détaillée des investissements consentis dans le secteur manufacturier démontre que l'accent a nettement été placé sur l'achat d'équipements plutôt que sur l'acquisition de nouveaux immeubles. On observe en outre que l'effort de capitalisation le plus considérable a été déployé dans le secteur des services. La modernisation de l'économie s'illustre aussi par l'écart entre la croissance de l'emploi, du produit intérieur brut et du stock de capital. Entre 1971 et 1985, alors que le PIB a augmenté de 43,6 %, la croissance de l'emploi fut de 29 % et l'augmentation du stock de capital a dépassé 67%. Puisque les gains de productivité ont été assurés par une croissance plus forte de la production que des emplois, il faudra compter sur une vigoureuse performance économique au cours des prochaines années pour abaisser le taux de chômage. Les investissements dans la modernisation de l'appareil de production se sont en effet traduits par des gains de productivité. C'est ainsi que le PIB par emploi au Québec est passé de 26 000 $ en 1982 à 29 500 $ en 1987. Au chapitre de la productivité, le Canada se situait encore, à la fin de la décennie 80, au deuxième rang des sept plus grands pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). On prête diverses interprétations aux données comparatives sur la productivité des économies nationales. En dépit des réserves que l'on peut exprimer sur la rigueur des mesures de productivité, on note que le taux de croissance de la productivité au Canada semble être clairement en deçà de celui enregistré dans la plupart des pays concurrents. L'écart se serait même creusé durant la décennie 1979-1988. Autrement dit, même si la productivité globale de l'économie canadienne demeure importante, comparativement à celle de la plupart des autres pays, elle n'augmente presque plus. Nos principaux concurrents sur les marchés internationaux accroissent leur productivité à un rythme nettement plus élevé. Durant la décennie 1979-1988, la croissance de la productivité fut quatre fois plus forte en Allemagne qu'au Canada, huit fois plus élevée au Royaume-Uni et dix fois plus forte au Japon qu'au Canada. Les données relatives à la croissance de la productivité du travail par province indiquent que le Québec a enregistré une performance légèrement inférieure à la moyenne canadienne pendant la dernière décennie. A une époque où la compétitivité fait foi de tout en matière de commerce international, il ne faut surtout pas sousestimer les conséquences de l'accélération des gains de productivité que réalisent plusieurs de nos concurrents. Changements dans la configuration des secteurs d'activité. La modernisation des entreprises québécoises a changé la part relative de la production de biens et de services dévolue aux grands secteurs d'activité. Entre 1975 et 1990, le taux de croissance du produit intérieur brut, en dollars courants, a été de 161 % dans le secteur primaire, de 190 % dans le secteur manufacturier, alors que celui du secteur tertiaire fut de 320 %. Cette évolution a, bien sûr, de profondes répercussions sur l'emploi. En premier lieu, la contribution du secteur primaire et de l'industrie manufacturière au total des emplois a diminué au profit du développement du secteur des services. C'est ainsi que les industries primaires (agriculture, mines, forêts, chasse et pêche), qui assuraient 4,8 % des emplois au Québec en 1975, ne soutiennent plus que 3,3 % des emplois en 1990. De même, la part relative des emplois dans le secteur manufacturier est passée de 24,2% à 19,1 % pendant la même période. Par contre, les industries dites de services sont maintenant responsables de 72,1 % des emplois au Québec en 1990, comparativement à 65,5 % en 1975. Enfin, le secteur de la construction a maintenu à environ 5,5 % sa contribution au marché de l'emploi au cours des quinze dernières années. Le secteur des services regroupe le transport, les communications, les services financiers de toute nature, le commerce, les loisirs et les services publics d'enseignement, de santé et d'aménagement ou d'entretien d'infrastructures. Ce sont surtout les services liés au traitement de l'information, tels les services financiers, les assurances et les services-conseils aux entreprises, qui ont connu la meilleure performance relative en matière de création d'emplois. Le nombre d'emplois de cette catégorie est passé de 188 000 en 1975 à 327 000 en 1990. Dans l'ensemble, ces emplois requièrent une main-d'oeuvre plus qualifiée. ? bien des égards, l'économie se morcelle en secteurs. Au-delà des différences observées selon le type d'entreprises ou les régions, d'importantes caractéristiques communes rassemblent les acteurs économiques d'un même secteur. Très souvent, c'est l'ensemble d'un secteur industriel qui profite ou subit les effets de la conjoncture. C'est ainsi qu'entre 1975 et 1990, les secteurs du textile et de l'habillement ont dû réduire de 30 % le nombre de leurs emplois, alors que le secteur de l'imprimerie enregistrait une hausse de 28 % des emplois et que celui de la fabrication de produits électriques procurait 35 % plus d'emplois en 1990 que quinze ans plus tôt. L'éclatement des barrières commerciales a déjà provoqué une importante restructuration de l'économie québécoise. Ce processus se poursuit dans divers secteurs d'activité. Le souci de la compétitivité domine les projets de restructuration. L'emploi se déplace aussi vers les secteurs qui exigent davantage de compétences. 1.2 Le défi permanent de l'emploi. Entre 1982 et 1989, le Québec a connu une croissance de l'emploi supérieure à celle de l'ensemble du Canada et davantage encore à celle de la plupart des pays de l'OCDE. Malgré la création de 450 000 emplois au Québec pendant cette période, le taux de chômage, bien qu'il ait régressé de 4,5 points de pourcentage, n'est jamais descendu en deçà de 9 %. La récession que nous venons de traverser a ralenti considérablement le rythme de création annuelle d'emplois et a poussé le taux de chômage à la hausse. Au cours de la dernière décennie, le taux d'activité, c'est-à-dire la proportion de la main-d'oeuvre en âge de travailler qui participe activement au marché du travail, s'est accru de 4 %, pour s'établir à 64 %, ce qui reflète, entre autres, l'amélioration des perspectives d'emplois qui a incité un plus grand nombre de personnes à chercher du travail. Cet accroissement du taux d'activité résulte d'autres changements intervenus dans la composition de la maind'oeuvre active. Les personnes de 25 à 44 ans, qui représentaient 42,8 % de la population active en 1979, comptent, dix ans plus tard, pour 49,6 % de cette population. Le poids relatif des personnes de 45 à 64 ans est lui aussi passé de 27,9 % à 29,5 % pendant la même période. Celui des 15 à 24 ans, qui s'établissait à 29,3 % en 1979, a été ramené à 20,9% en 1989. La main-d'oeuvre active vieillit. Même à son niveau record (64%), l'actuel taux d'activité au Québec pourrait aisément augmenter pour atteindre le taux moyen canadien (67%) ou celui de l'Ontario (69,4 %) Bref, la lutte au chômage et le défi de l'emploi demeureront pour longtemps des préoccupations de premier ordre. Les nouveaux emplois. Les nouveaux emplois créés présentent des caractéristiques particulières qui doivent être soulignées pour en mesurer plus correctement à la fois la portée et les limitations. D'une part, ces emplois sont créés dans les petites et moyennes entreprises. Durant la période 1978-1987, 368 000 emplois furent créés dans les entreprises de moins de 20 employés, tandis que les entreprises de 500 employés et plus ont réduit de 113 0001e nombre net d'emplois. D'autre part, les trois quarts des emplois créés sont occupés par des femmes. Ces dernières, dont le taux d'activité est passé de 40,1 % en 1975 à 54,6 % en 1990, pourraient marquer encore plus profondément le marché du travail québécois si ce taux se rapprochait de celui des hommes (74,7%). Les femmes représentent aujourd'hui 43,7% de la main-d'oeuvre active. Un grand nombre de femmes se situent encore en marge du marché du travail, notamment parce que la performance de l'économie ne permet pas de les intégrer au marché de l'emploi. Pour les femmes, le taux de participation à la main-d'oeuvre active demeure lié à la scolarisation. Le taux d'activité des femmes qui ont moins de 9 années de scolarité s'établit à 21,7%, comparativement à 50,5% pour les hommes. La présence plus marquée des femmes sur le marché du travail s'est faite dans un contexte marqué par la croissance des emplois dits non standard, c'est-à-dire plus précaires, qu'il s'agisse d'emplois à durée déterminée (généralement moins de un an), d'emplois autonomes ou d'un travail à temps partiel et ce phénomène les touche particulièrement. C'est cette dernière catégorie d'emplois qui a connu la plus forte croissance. En 1975, on comptait 173000 emplois à temps partiel. Quinze ans plus tard, 421 000 personnes travaillent à temps partiel. Plus de 40% des emplois créés au Québec depuis quinze ans sont des emplois à temps partiel. En 1990, selon une enquête de Statistique Canada, le tiers des personnes qui occupent un emploi à temps partiel préféreraient travailler à plein temps. Plus de 70 % des personnes qui travaillent à temps partiel sont des femmes. Dans sa publication de septembre 1991 sur les politiques du marché du travail dans les années 90, l'OCDE signale que, dans la plupart des pays membres, «les femmes restent concentrées dans un nombre limité de professions et dans le secteur tertiaire; elles sont encore sous-représentées dans les professions non manuelles assorties d'un salaire relativement élevé et en progression assez rapide». Ces constats, qui s'appliquent sans réserve au Québec, constituent les fondements de l'objectif d'équité en emploi qu'a fixé le gouvernement du Québec. C'est essentiellement le secteur des services qui génère les nouveaux emplois, au Québec comme ailleurs. Il y avait, en 1990, 610 000 emplois de plus dans ce secteur qu'en 1975. Au cours de cette période, le secteur primaire a subi une perte de 16 000 emplois; le secteur manufacturier a réussi, malgré des fluctuations non négligeables, à maintenir le même nombre d'emplois au cours des quinze dernières années. La dernière récession économique a cependant démontré la vulnérabilité de ce secteur qui, à lui seul, fut responsable de la perte de 106 300 emplois en 1990 et durant les sept premiers mois de 1991. Enfin, le secteur de la construction enregistre aujourd'hui 31 000 emplois de plus qu'il y a quinze ans. La croissance de l'emploi dans certaines industries du secteur tertiaire, l'innovation technologique et l'évolution des modes d'organisation du travail concourent à relever le niveau de compétence exigé de la maind'oeuvre. Selon des estimations du Conseil économique du Canada, les emplois axés sur la création et l'utilisation de données et de connaissances techniques représentent les deux tiers de la croissance nette de l'emploi dans l'ensemble de l'économie entre 1971 et 1986. De façon plus spécifique, les emplois hautement spécialisés de gestionnaires, d'administrateurs, de professionnels et de techniciens auraient assuré, à eux seuls, 77 % de la croissance des emplois entre 1981 et 1986. Ces professions devraient être à l'origine de plus de la moitié de la création nette d'emplois au cours de la prochaine décennie. Le Conseil économique du Canada constate que si la proportion des emplois peu spécialisés se stabilise, ceux-ci n'assurent cependant aucune croissance de l'emploi. La perspective de création d'emplois demeure étroitement liée aux compétences techniques et professionnelles de la main-d'oeuvre active. Ces tendances se confirment au Québec. L'emploi s'est fortement développé dans les services liés à l'information, le commerce et les services dits non marchands (services médicaux, enseignement et autres services publics, associations). Dans le secteur manufacturier, on a aussi assisté à une forte croissance de l'emploi dans les secteurs à technicité moyenne et à haute technologie, parallèlement à un déclin notable des emplois dans les entreprises à forte densité de main-d'oeuvre, c'est-à-dire dans les milieux de travail faisant peu appel à la technologie. Le chômage. Corollaire à la situation de l'emploi, le chômage frappe distinctement certains secteurs d'activité économique, certaines régions et certaines catégories de personnes. Ainsi, le taux de chômage variait-il en 1986 de 6,9 % dans le secteur des services non marchands à 12,3 % dans les industries manufacturières à forte densité de main-d'oeuvre. Les restructurations industrielles qui furent réalisées dans cette dernière catégorie d'entreprises ont entraîné d'importantes réductions du niveau d'emploi. Par delà les secteurs, la première conséquence de toute modernisation d'entreprise a trait à la complexification des tâches et au besoin de relever les compétences de la main-d'oeuvre active. De plus, les entreprises ne deviennent pas compétitives sans un accroissement de la productivité de la main-d'oeuvre, elle-même tributaire du rehaussement des compétences. Les données sur l'évolution sectorielle de l'emploi cachent des mouvements de main-d'oeuvre d'une toute autre ampleur. Lorsque nous réussissons à créer 50 000 emplois dans une année au Québec, il se produit en réalité une perte brute de 550 000 emplois, compensée par la création brute de 600000 emplois. Une partie très importante de la main-d'oeuvre active est appelée à changer d'emploi chaque année, ce qui pose avec une acuité grandissante le défi de l'adaptation à des conditions nouvelles d'exercice d'un emploi. Ce flux de main-d'oeuvre résulte en bonne partie de la création et de la disparition d'entreprises. Le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle a étudié les microdonnées de Statistique Canada sur les entreprises pour la période 1978-1987. On se rend compte que les entreprises de moins de 20 employés furent responsables de la perte brute de 180 000 emplois durant cette période, alors que la création d'entreprises de même taille a permis une création brute de 433 000 emplois. Le tableau ci-dessous permet d'ailleurs d'illustrer que les pertes brutes d'emplois résultent avant tout de la disparition d'entreprises de petite taille, ce qui donne une idée de la précarité des emplois créés dans les PME. La logique sectorielle s'applique non seulement aux flux différents de main-d'oeuvre résultant des pertes et créations brutes d'emplois, mais aussi aux difficultés variables que rencontrent les travailleurs touchés par une fermeture d'entreprise à occuper un nouvel emploi sans qu'ils aient à subir une période de chômage. On constate que les disparitions d'entreprises furent responsables de la perte brute de 30% du total des emplois du sous-secteur du commerce et des services personnels pendant cette période. La création de nouvelles entreprises a cependant largement compensé ces pertes brutes d'emplois. C'est ce qui explique que, de façon générale, les personnes qui perdent un emploi dans le secteur des services, si nombreuses soient-elles, connaissent des taux de chômage relativement bas. La réalité est différente dans le secteur manufacturier. Si les pertes d'emplois résultant de la disparition d'entreprises dans le sous-secteur de la haute technologie ont pu être compensées par la création de nouvelles entreprises, il en va autrement dans les industries à forte densité de main-d'oeuvre (bois, cuir, textile, habillement) qui, sous l'effet des restructurations industrielles majeures, affichent d'importantes pertes nettes d'emplois. En effet, dans les industries de haute technologie, le nombre de personnes qui trouvent un nouvel emploi après en avoir quitté ou perdu un est plus élevé que le nombre de travailleurs qui doivent subir une période de chômage après avoir abandonné ou perdu leur emploi. Dans les industries à forte densité de main-d'oeuvre, par contre, les personnes qui doivent subir une période de chômage après un licenciement ou l'abandon d'un emploi sont presque trois fois plus nombreuses que celles qui réussissent à se trouver immédiatement un nouvel emploi. Les différences des taux de chômage entre les régions du Québec représentent une autre réalité bien connue. En 1990, le taux de chômage fluctuait, selon les régions, de 8 % à 20%. Certaines régions, dépendantes de l'exploitation des ressources naturelles, subissent durement le contrecoup des fluctuations qui secouent les marchés et de la diminution générale des emplois dans le secteur primaire. Par ailleurs, le taux de chômage des femmes dépasse, bon an mal an, de 1 % à 2 % celui des hommes. Ce chiffre traduit mal cependant la réalité indéniable du sous-emploi des femmes parce que les données officielles du chômage ne tiennent pas compte des personnes qui acceptent un travail à temps partiel à défaut de pouvoir occuper un emploi à plein temps, ni de celles, plus nombreuses encore, qui cessent de chercher du travail parce que les perspectives réelles d'emploi leur apparaissent trop sombres ou trop lointaines. On assiste également à une prolongation des périodes moyennes de chômage. Pour les personnes de 45 ans et plus, la durée de chômage est passée de 18,9 à 33,1 semaines au cours de la dernière décennie. Les travailleurs de 55 ans et plus sont encore plus durement touchés par cet allongement de la durée du chômage. Pour ces derniers, le retour à un emploi est à ce point problématique qu'ils quittent prématurément le marché du travail. Ces difficultés s'aggravent du fait que la main-d'oeuvre plus âgée victime de licenciement, se concentre dans des secteurs d'activité moins performants et que sa faible scolarité rend problématique un recyclage ou une réorientation professionnelle. On peut également établir une corrélation évidente entre le degré de scolarité ou de formation et l'indice de chômage. En 1990, alors que le taux moyen de chômage s'établissait à 10,1 % au Québec, il était de 14,8% pour les personnes qui avaient moins de neuf années de scolarité, alors que ce taux tombait à 7,8% pour les détenteurs d'un diplôme d'études postsecondaires et à 5,3% pour les diplômés universitaires. Une étude du ministère de l'Emploi et de l'Immigration, de 1986, sur les travailleurs licenciés au Canada entre 1981 et 1984 démontre que les personnes ayant fait des études postsecondaires ont été presque aussi exposées, durant la récession de 1982, au risque de licenciement que les personnes moins scolarisées. Une très forte proportion des personnes licenciées entre 1981 et 1984, détentrices d'un diplôme postsecondaire, avaient cependant retrouvé un emploi à plein temps en 1986. La même étude révèle que les personnes plus scolarisées furent nettement plus nombreuses à s'engager dans des activités de formation qui visaient à faciliter leur réintégration en emploi. Les personnes sans qualification demeurent de plus en plus confinées à des emplois précaires, faiblement rémunérés et à des tâches comportant des fonctions répétitives ou physiquement exigeantes. Parmi les personnes les moins scolarisées et, de ce fait, plus vulnérables au chômage prolongé, on dénombre plus de 200 000 prestataires de la sécurité du revenu à la fois aptes et disponibles au travail. Près de 70 % d'entre eux ont déjà occupé un emploi. Avec la réforme de l'aide sociale, le gouvernement incite l'ensemble de cette clientèle à prendre part à des activités qui favorisent leur intégration en emploi. L'évaluation de ces programmes dits de développement de l'employabilité tend à démontrer que les personnes qui y participent quittent plus rapidement et pour plus longtemps la sécurité du revenu. Les pénuries. D'une façon assez paradoxale, tandis que le Québec lutte contre un taux de chômage élevé, il fait face, par ailleurs, à d'importantes pénuries de main-d'oeuvre qualifiée. Une enquête de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a révélé que 46,7% des employeurs québécois éprouvaient, en 1989, des difficultés à recruter du personnel qualifié. Selon le Centre canadien du marché du travail et de la productivité, ces pénuries de main-d'oeuvre spécialisée ralentiraient les activités de production de 14 % (en 1988). La dernière récession a sans doute atténué les problèmes d'essoufflement de la production causés par les pénuries de maind'oeuvre, mais ces difficultés n'en conservent pas moins toute leur acuité. Alors que les entreprises s'engagent dans d'importants efforts de modernisation pour être plus compétitives, elles sont souvent confrontées à des problèmes persistants de pénuries de main-d'oeuvre qualifiée qui entravent leur croissance et leur productivité. Le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle du Québec publie, chaque année, l'état des surplus et pénuries de main-d'oeuvre prévus au Québec et dans les différentes régions. La publication de 1991 dresse une liste de 90 groupes professionnels et professions en pénurie dans l'ensemble du Québec. Les emplois les plus recherchés sont ceux d'ingénieur et de technicien, particulièrement dans les disciplines de la chimie industrielle, l'électrotechnique, la mécanique, les contrôles de qualité, l'aérospatiale et l'informatique. Des pénuries sévissent également dans certaines professions des sciences de la santé, les divers emplois reliés au fonctionnement des machines-outils et des équipements du genre, de même que dans les secteurs de la mécanique automobile et de l'imprimerie. Enfin, plusieurs régions du Québec font face à des pénuries de personnes spécialisées pour occuper les emplois d'administrateur, d'agent de gestion, de directeur financier et de conseiller en planification financière. Les entreprises ont longtemps compté sur les jeunes pour faire face aux pénuries de main-d'oeuvre compétente. Mais le fléchissement de la croissance démographique rend plus problématique le recrutement de jeunes personnes qualifiées. Pour répondre à leurs besoins croissants de main-d'oeuvre spécialisée, les entreprises doivent donc recycler leur personnel en lui donnant les moyens de relever le niveau de ses compétences. Chaque tendance ou phénomène décrits succinctement ici n'a pas nécessairement, lorsqu'on les considère isolément, une incidence marquante sur le développement de la main-d'oeuvre. C'est la conjugaison de ces facteurs qui commande une approche nouvelle à l'égard du développement de la main-d'oeuvre. L'accroissement de la concurrence internationale impose à l'ensemble des entreprises l'obligation d'accroître la productivité, ce qui les oblige à moderniser leur processus de production, entraînant une complexification des tâches de travail et des besoins de main-d'oeuvre plus qualifiée. La rapidité avec laquelle les changements surviennent sur le marché du travail provoque par ailleurs d'importants mouvements de la main-d'oeuvre qui doit faire preuve d'une capacité grandissante d'adaptation à ces changements. A l'instar des autres sociétés industrialisées, le Québec a accéléré au cours des dernières années la modernisation de son appareil de production et à diversifié considérablement son économie. Ce double virage a été rendu possible grâce à l'augmentation des compétences de la main-d'oeuvre parce qu'une partie croissante de la production québécoise de biens et de services fait appel à une main-d'oeuvre qualifiée. Pour continuer à prospérer et réduire le taux de chômage, le Québec n 'a d'autre choix que d'investir davantage dans le développement des compétences. Il y a de moins en moins de place dans nos économies changeantes pour des personnes non qualifiées. La formation, sans être le garant absolu d'un accès à l'emploi, n'en représente pas moins le meilleur moyen de lutter contre le chômage et devient de plus en plus une condition déterminante de la création d'emplois. Apprendre pour entreprendre, selon la formule désormais consacrée. 2. Un effort de redressement à déployer. La concurrence internationale est plus vive qu'elle ne l'a jamais été et il n'y aura pas que des gagnants dans le nouvel ordre économique qui est en train de s'instaurer. Les nations qui veulent augmenter leurs chances d'accéder à la prospérité ou de la maintenir doivent miser sur leurs ressources humaines et déployer, lorsque cela s'impose, les efforts de redressement qui accompagnent ce virage vers la primauté des compétences. Le Québec est convié à cet exercice. Il ne saurait ni repousser les échéances ni adopter des demi-mesures qui, sous prétexte de rendre le présent plus tranquille ou moins coûteux, risqueraient d'hypothéquer gravement son avenir. Après avoir pris conscience des faiblesses de son système d'éducation, le Québec a amorcé au début des années 60 une réforme en profondeur visant, notamment, à rendre le système nettement plus accessible et mieux adapté aux exigences et aux réalités de la vie moderne. D'importantes modifications ont été apportées à l'enseignement primaire et secondaire avec la mise en place des commissions scolaires locales et régionales. Au niveau collégial, le réseau des collèges d'enseignement général et professionnel a été implanté. ? cela s'ajoute la création de l'Université du Québec et de ses diverses constituantes. Ces efforts ont porté fruit. Le taux de fréquentation scolaire à 16 ans est passé de 51 % en 1961 à 80,5 % en 1971, pour s'établir à près de 92 % en 1987, ce qui situe le Québec en bonne position parmi les pays industrialisés. De même, environ 25% des jeunes de moins de 30 ans et 35 % des gens de tous âges ont maintenant accès à l'université, alors qu'il y en avait 7% vingt-cinq ans plus tôt et que le rapport Parent en projetait 20%. Pour atteindre ces résultats, la société québécoise a consacré une part importante de sa richesse collective aux dépenses pour l'éducation à tous les niveaux. En 1961, le Québec affectait 3,7 % de son produit intérieur brut pour l'enseignement primaire et secondaire. Cet effort a graduellement augmenté jusqu'à 6,7 % du PIB en 1976 pour être ramené, sous l'effet des tendances démographiques, à 4,3 % du PIB en 1989-1990. Ces efforts n'ont pas touché seulement les jeunes; les clientèles adultes ont été en croissance constante depuis 1980 et les sommes consacrées à ce secteur atteignent maintenant près de 300 millions de dollars. Par ailleurs, pour la seule année 1990-1991, plus de 3,1 milliards de dollars ont été affectés à l'enseignement supérieur. La hausse de la fréquentation scolaire fut le premier résultat tangible du développement de l'éducation. Des progrès furent aussi réalisés au chapitre de l'augmentation du taux d'obtention d'un diplôme d'études secondaires et de l'accès à des études supérieures. Au milieu des années 70,50% des jeunes persévéraient jusqu'au diplôme d'études secondaires. Ce taux passait à 73 % en 1986, pour fléchir par la suite à environ 64 % (année 1989-1990). Pendant la même période, l'accès aux études collégiales est passé de 38,8% à 60%. De plus, parmi les jeunes qui obtiennent un diplôme d'études secondaires, près de 70 % continuent leur formation au niveau collégial. Quelque 44% d'entre eux choisissent le secteur technique où plus de 140 programmes de formation ont été mis au point. A la sortie de leurs études, 88 % des finissants de ce secteur occupent, à court terme, un emploi dans leur champ de formation. Ces résultats, bien que très encourageants, ne sont pas entièrement satisfaisants. Compte tenu de l'importance d'une formation de base large et solide pour faire face aux défis des prochaines années, le ministre de l'Éducation a proposé récemment des orientations et un plan d'action en vue de hausser, d'ici cinq ans, à 80% le taux de «diplômation» au niveau secondaire. ? l'heure de l'intensification du commerce international, où en est le Québec dans ses efforts de développement de la main-d'oeuvre, en particulier celle qui est déjà sur le marché du travail? 2.1 Le constat d'un sous-investissement dans le développement de la main-d'oeuvre. L'ensemble des interventions réalisées au Québec par les deux ordres de gouvernement dans le but d'améliorer le fonctionnement du marché du travail et d'atténuer les effets des déséquilibres qu'on y observe se regroupe généralement sous deux grands types de mesures: les mesures dites «passives», qui incluent les prestations d'assurance-chômage et les prestations de la sécurité du revenu destinées aux personnes aptes et disponibles au travail; les mesures dites «actives», comprenant l'aide aux personnes, aux entreprises et aux organismes locaux fournie par les services d'emploi, de même que les programmes favorisant l'adaptation de la main-d'oeuvre, le reclassement, la formation professionnelle, le développement de l'employabilité, l'intégration au marché du travail et la création d'emplois. La nature des interventions. Selon un portrait général de l'intervention publique sur le marché du travail, que l'on peut tracer à partir de données de l'OCDE, les pays membres consacrent en moyenne 2,2% de leur production intérieure brute (PIB) aux programmes reliés au marché du travail. En général, les deux tiers des budgets de ces programmes sont consacrés aux mesures de soutien du revenu et à l'assistance publique des personnes aptes et disponibles au travail. Les efforts conjugués des gouvernements en ces matières au Québec se comparent avantageusement à ceux fournis par les principaux concurrents commerciaux du Québec. En fait, les dépenses publiques affectées à ce que l'on appelle communément la politique du marché du travail représentent, au Québec, toutes proportions gardées, près du double des dépenses moyennes correspondantes dans les pays de l'OCDE. Cependant, une analyse plus détaillée des dépenses met en évidence un très net déséquilibre. Ainsi, en 19891990, alors que les dépenses publiques au titre des programmes destinés au marché du travail au Québec totalisaient 6,1 milliards de dollars, soit environ 4 % du PIB, les mesures passives y accaparaient plus de 5 milliards de dollars, soit près de 90 %. Un engagement mitigé des entreprises et des salariés. Il ressort clairement de diverses enquêtes et analyses menées sur le sujet que la formation de la main-d'oeuvre ne constitue pas une activité prioritaire des entreprises québécoises. Cela se vérifie particulièrement dans les PME dont l'effort de formation représente moins de la moitié de celui fourni par la grande entreprise. Une enquête menée par le ministère canadien de l'Emploi et de l'Immigration en 1986 et 1987 auprès de 7321 entreprises fait ressortir qu'une somme d'environ 1,4 milliard de dollars serait consacrée à la formation par le secteur privé au Canada. Près de la moitié de cette somme était dépensée par 500 entreprises comptant 1000 employés et plus. Seulement 30% des entreprises de moins de 100 employés offraient à la main-d'oeuvre à leur emploi des activités de formation organisée. Une enquête menée en 1990 par le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle auprès de 400 entreprises québécoises du secteur manufacturier et du secteur des services révèle que 45 % des PME engagées dans ces secteurs n'offraient aucune activité de formation organisée. Ces comportements sont lourds de conséquences pour la performance économique des PME et pour l'économie du Québec: tentatives répétées de recrutement de personnel expérimenté, roulement de main-d'oeuvre élevé, faibles salaires, utilisation intensive des heures supplémentaires, insatisfaction des employés, hausse des coûts de production, délais de livraison accrus, pertes de contrats, problèmes de qualité, etc. Or, les PME assurent la création nette d'emplois depuis de nombreuses années au Québec. Ce sous-investissement des employeurs, lié à l'insuffisance des dépenses publiques au chapitre des mesures actives destinées aux personnes en emploi, accentue le clivage entre les entreprises d'ici et celles de plusieurs pays concurrents. Il est vrai qu'au Québec, l'État supplée, par son système d'éducation, au manque d'engagement concret des entreprises dans la formation continue de la main-d'oeuvre. D'ailleurs, les budgets du ministère de l'Éducation en matière d'éducation des adultes ont augmenté significativement depuis 1985. Même s'il devait y consacrer des sommes encore plus considérables, le gouvernement ne pourrait pas assumer pleinement la part incontestable de responsabilité qui incombe aux entreprises au chapitre de la formation et du perfectionnement de la maind'oeuvre. Les employeurs ne sauraient cependant porter seuls la responsabilité du désintéressement observé. Les personnes salariées elles-mêmes ne considèrent pas toujours la formation comme un investissement dans leur propre développement et leur propre enrichissement. Les statistiques officielles révèlent certes une augmentation significative des inscriptions des adultes à des programmes d'études de niveau secondaire et collégial. Mais une analyse plus raffinée, réalisée pour le Québec en 1985 par l'Institut canadien de l'éducation des adultes, tend à démontrer que les personnes les moins qualifiées sur le marché du travail, celles qui pourraient tirer le plus grand profit d'un investissement en formation, sont celles pour qui les taux de participation à des activités de formation générale et professionnelle demeurent les plus faibles. On constate aussi que les femmes prennent une part plus active que les hommes à l'éducation des adultes. Par contre, elles sont beaucoup moins nombreuses à s'engager dans des activités de formation qualifiante. On peut aussi s'étonner a priori que, compte tenu de l'importance que prend le développement de la main-d'oeuvre dans le maintien et l'enrichissement des emplois, ces matières soient, à de rares exceptions près, exclues des objets de négociation entre l'employeur et les personnes salariées. Les préoccupations du développement de la main-d'oeuvre ne s'imposent pas unilatéralement à l'une ou l'autre des parties. Elles requièrent, de toute évidence, un dialogue fructueux, une convergence de vues. Pourtant, les plans de développement de la maind'oeuvre ne constituent pas souvent des enjeux de négociation. Et puis, on ne gère pas le capital humain comme on gère les stocks. On ne saurait développer et utiliser pleinement les compétences de la main-d'oeuvre en maintenant les approches traditionnelles de gestion. De nouvelles préoccupations humaines et sociales ont émergé des milieux de travail et les gestionnaires ne les ont pas nécessairement intégrées à leur stratégie de développement. Outre l'importance grandissante qu'accordent les salariés à l'intégration de la formation et du perfectionnement à leurs conditions de travail, les questions relatives aux responsabilités parentales, à la flexibilité des horaires, aux congés pour études, à l'enrichissement des tâches et à l'équité salariale commandent une vision plus complète et plus large de la gestion. Par ailleurs, l'organisation du travail repose encore largement sur la spécialisation des tâches. A part les entreprises de haute technologie, peu d'employeurs font résolument appel à la polyvalence des travailleurs, ce qui favoriserait leur mobilité interne et l'élargissement de leurs responsabilités. En somme, la nature des interventions gouvernementales, trop axée sur des mesures passives de soutien du revenu, conjuguée à une culture des entreprises selon laquelle les dépenses de formation de la main-d'oeuvre ne sont pas considérées comme des investissements, concourt à reléguer à un deuxième ordre de priorité les questions pourtant cruciales du développement des compétences. Ajoutons que les modes de gestion des ressources humaines dans les entreprises et un certain manque de sensibilité des personnes actives sur le marché du travail quant à l'importance de la formation continue pour leur propre cheminement sur le marché du travail contribuent au phénomène observé du sous-investissement dans le développement de la main-d'oeuvre. 2.2 Un partenariat timide. Le développement de la main-d'oeuvre: un appel à la concertation. Le succès des politiques et des programmes de main-d'oeuvre est intimement lié à l'engagement des employeurs et de la main-d'oeuvre active. On ne saurait concevoir, au sein d'une entreprise, l'élaboration d'un programme de formation sans que les employés ne soient partie aux discussions sur les objectifs et sur la méthodologie du projet de formation. De même, les gouvernements ne peuvent pas arrêter des stratégies de développement de la main-d'oeuvre sans une connaissance du marché du travail, connaissance qui n'est véritablement acquise que par un dialogue constant avec les employeurs et les représentants des personnes salariées. Dans la plupart des pays industrialisés, les organismes chargés d'élaborer et de gérer les politiques d'aide, de soutien ou de développement de la main-d'oeuvre font largement appel à la contribution active des partenaires du marché du travail. Évidemment, le fait que les programmes de main-d'oeuvre soient, dans la plupart de ces pays, financés à même les cotisations des employeurs et des salariés à un régime d'assurance-chômage ou l'équivalent contribue à raffermir le mouvement d'osmose entre l'État, le patronat et les syndicats. Après tout, il s'agit de fonds puisés dans les entreprises et chez les travailleurs dans le but de corriger les déséquilibres du marché du travail. En 1990, le gouvernement fédéral a cessé de contribuer au financement du régime d'assurance-chômage. A moins de circonstances exceptionnelles qui amèneraient le gouvernement canadien à renflouer la caisse d' assurancechômage, le régime est désormais, au plan financier, sous la responsabilité entière des employeurs et des personnes salariées. Cette situation, qui n'est cependant pas exclusive au Canada, signifie que les employeurs et les personnes salariées assurent maintenant le financement à la fois des prestations d'assurance-chômage et de la panoplie des mesures d'aide aux chômeurs, aux personnes en emploi, aux entreprises et aux organismes locaux, programmes gérés par la Commission de l'emploi et de l'immigration du Canada ou administrés, après entente avec le gouvernement du Québec, par les commissions de formation professionnelle. Au Canada, comme ailleurs, le fonds d'assurance-chômage constitue un véhicule financier de premier ordre pour les mesures actives et passives de main-d'oeuvre. En créant les commissions de formation professionnelle en 1969, le gouvernement du Québec a voulu faire émerger une certaine forme de partenariat entre le gouvernement, le patronat et les syndicats. Dans chaque région, sous l'égide de la commission de formation professionnelle (CFP), des comités consultatifs régionaux furent constitués sur une base paritaire pour chaque secteur d'activité économique. Ces comités participent à l'élection du conseil d'administration de la CFP et à l'estimation des besoins de main-d'oeuvre dans la région. C'est sur la base de ces estimations que sont subséquemment arrêtées les priorités d'intervention de la CFP et, dans une moindre mesure, celles de la Commission de l'emploi et de l'immigration du Canada, en matière de maind'oeuvre dans la région. Il a cependant fallu plusieurs années avant que ces structures ne soient mises en place et qu'elles fonctionnent selon le modèle de concertation recherché. Depuis quelques années, on assiste à un regain d'intérêt des associations patronales et syndicales pour les activités des commissions de formation professionnelle. Dans la mesure où les CFP sont véritablement interpellées lorsqu'il s'agit de mettre en place des mesures pour former, recycler, adapter et développer la main-d'oeuvre, les entreprises et les syndicats répondent à l'offre de partenariat qui leur est adressée dans chaque région. Ces exercices de concertation ont également mis en présence les partenaires du marché du travail et ceux des institutions d'enseignement, notamment au sein des tables régionales Éducation/Main-d'oeuvre et des services régionaux d'accueil et de référence, sur lesquelles siègent aussi des représentantes des groupes de femmes. Cette concertation en région, avec le secteur de l'éducation traduit d'ailleurs des efforts plus structurés de rapprochement entre les ministères de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur et de la Science et les entreprises, notamment aux fins de l'adaptation des programmes et de l'offre de services de formation. Dans plusieurs entreprises, des comités d'adaptation de la main-d'oeuvre (CAMO) ont été mis sur pied au cours des dix dernières années. Ces comités regroupent des représentants de l'employeur, des personnes salariées et des deux ordres de gouvernement. Cette formule représente, à l'échelle de l'entreprise, un mécanisme original de concertation. Si elle a pu se développer au cours des dernières années, c'est que le climat des relations de travail s'est nettement amélioré au Québec. On doit simplement déplorer qu'à de rares exceptions près, les comités d'adaptation de la main-d'oeuvre voient le jour dans un contexte de crise où l'entreprise vacille et que le comité se saborde après que la crise se soit résorbée ou à la fermeture de l'entreprise. Retenons tout de même la leçon des CAMO: un dialogue fort constructif s'établit entre un employeur et ses employés dans un contexte de recherche active de solutions où les représentants des gouvernements écoutent et conseillent. Le dialogue entre l'employeur et les personnes salariées est recherché même dans les situations plus difficiles d'un licenciement collectif. Dans ce cas, lorsque plus de vingt personnes sont touchées, la législation québécoise prévoit la formation d'un comité de reclassement regroupant des représentants de l'employeur et des salariés. Les deux ordres de gouvernement y délèguent des conseillers. Il s'agit d'un mécanisme fort pertinent qui permet à la main-d'oeuvre d'amortir quelque peu le choc de la fermeture de l'entreprise ou de la réduction des activités et d'initier des mesures de réinsertion professionnelle. On déplore cependant le manque de ressources dont disposent les comités de reclassement. Comme l'économie québécoise se structure de plus en plus par secteurs d'activité économique, les exercices de partenariat en faveur du développement de la main-d'oeuvre s'organisent également sur une base sectorielle. C'est ainsi que des comités de main-d'oeuvre ont été constitués ces dernières années dans l'industrie automobile, l'aérospatiale, la pétrochimie, le verre plat, les plastiques, le transport routier, le meuble, la mode, les fonderies... Ce mouvement représente un cheminement concret vers la concertation entre le gouvernement et ses partenaires du secteur privé, au cours duquel sont étudiées en toute transparence les questions des besoins de main-d'oeuvre qualifiée, du recyclage, de l'apport tangible attendu du secteur de l'éducation, de la productivité et des perspectives d'avenir du secteur et des industries concernées. Sur une base plus territoriale, on a vu aussi l'émergence, ces dernières années, de certains organismes communautaires voués au développement de la main-d'oeuvre, à la relance économique et à la création d'emplois. Dans les quartiers défavorisés de Montréal et de Québec, ces organismes ont créé localement les conditions propices à une concertation ouverte entre les agents du milieu socio-économique, les entreprises et les représentants des personnes en emploi et des personnes à la recherche d'emploi. Ces structures et activités procèdent de la même nécessité, celle d'un rapprochement, d'un dialogue plus ouvert, d'une concertation en somme entre l'employeur et les porte-parole des personnes salariées. Il s'agit aussi de rassembler les forces dans la poursuite d'un même objectif de développement. Même si elles ne représentent pas la cause ou la solution des problèmes auxquels veulent s'attaquer les participants à ces divers comités, les questions relatives à la main-d'oeuvre et à l'emploi n'en constituent pas moins l'élément rassembleur, l'objectif premier ou l'aboutissement logique de la démarche de concertation. Les multiples exercices plus ou moins isolés de concertation au sein des entreprises, de certains secteurs industriels, dans des régions ou des quartiers urbains ont permis de développer graduellement une nouvelle approche à l'égard des préoccupations relatives à la main-d'oeuvre. Il était cependant essentiel que ces activités débouchent sur un effort général pour le Québec, sur un exercice plus structurant de concertation. Deux initiatives, l'une du secteur privé, l'autre du gouvernement, sont venues combler ces lacunes: le Forum pour l'emploi et la Conférence permanente sur la main-d'oeuvre. Le Forum pour l'emploi constitue une démarche et un dialogue très ouverts et très larges auxquels participent presque toutes les forces de notre milieu qui concourent au développement économique et à la création d'emplois. Par le choix délibéré des initiateurs du Forum, les gouvernements n'en font pas partie, quitte à ce qu'ils soient interpellés par les recommandations du Forum ou par les projets présentés dans la foulée des travaux du Forum pour l'emploi. Quant à la Conférence permanente sur la main-d'oeuvre, elle a été créée à l'initiative du ministre de la Maind'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle. Présidé par le ministre responsable du MMSRFP, la Conférence regroupe les présidents des trois centrales syndicales oeuvrant dans le secteur privé (FTQ, CSN et CSD), de même que les présidents du Conseil du patronat du Québec, de la Chambre de commerce du Québec, de l'Association des manufacturiers du Québec et de la Confédération des caisses populaires et d'économie Desjardins. La Conférence se veut le lieu privilégié de concertation entre le gouvernement et ses partenaires économiques sur les grandes orientations des politiques de développement de la main-d'oeuvre et sur les actions à privilégier pour favoriser concrètement ce développement. Les conditions manquantes pour la réalisation d'un partenariat. Dans les pays où se pratique le partenariat sur les questions relatives à la main-d'oeuvre, au moins cinq conditions sont réunies: un engagement politique clair en faveur de cette approche; la présence d'institutions qui permettent d'exercer ce partenariat; l'engagement dans ce processus des groupes représentatifs qui influencent le fonctionnement du marché du travail; des moyens d'action efficaces mis à la disposition des partenaires; une décentralisation des responsabilités. La concertation n'est pas encore inscrite dans les habitudes de gestion. Bien sûr, le gouvernement du Québec a incité les patrons et les représentants des travailleurs à devenir des partenaires ou des alliés au sein des divers comités de main-d'oeuvre et des comités consultatifs régionaux. Mais ce n'est que depuis la création de la Conférence permanente sur la main-d'oeuvre qu'il accepte de discuter ouvertement avec ses partenaires du marché du travail de ses grandes orientations en matière de développement de la main-d'oeuvre. Quant au gouvernement fédéral, il a toujours conçu et administré lui-même, par l'intermédiaire de la Commission de l'emploi et de l'immigration du Canada, l'ensemble des programmes de main-d'oeuvre. En 1990, à la faveur de la réforme de l'assurance-chômage, le gouvernement fédéral a exprimé sa volonté de faire siéger des représentants «du marché canadien» du travail sur la Commission canadienne de mise en valeur de la main-d'oeuvre. Au plan des institutions, les commissions de formation professionnelle, compte tenu de l'engagement potentiel des syndicats et du patronat dans les comités consultatifs régionaux, auraient pu devenir un important lieu d'exercice du partenariat. Comme on l'a vu, la dynamique de la concertation régionale n'a pas été la même dans toutes les régions et il a fallu un certain temps avant qu'elle ne s'exerce. Quant à l'engagement des partenaires, il est à la mesure des responsabilités qui leur sont confiées. Jusqu'ici, ils ont été interpellés dans des processus de consultation. Bien que les gouvernements aient pu faire écho aux conseils ou aux recommandations formulés par les syndicats et le patronat pendant ces exercices de consultation, ces derniers n'ont jamais eu de prise sur les décisions. Tout se résume en somme aux moyens d'action mis à la disposition des partenaires. Les gouvernements n'ont pas accepté de partager avec les agents du marché du travail la gestion des programmes et des activités de développement de la main-d'oeuvre. La mécanique de confection et de gestion des programmes de main-d'oeuvre demeure une opération relativement centralisée et confiée essentiellement aux administrations gouvernementales. La concertation entre l'État, le patronat et les syndicats se pratique à divers niveaux et tend à se développer à la faveur de l'amélioration générale des relations de travail au Québec. Il manque cependant des réseaux institutionnalisés et des moyens d'action qui permettraient au partenariat de s'implanter durablement dans l'action et de se généraliser. 2.3 Complexité, lourdeur et confusion des régimes de gestion des programmes de main-d'oeuvre. S'il est un constat unanime dégagé dans les milieux de travail, c'est bien celui de la complexité des interventions gouvernementales en matière de main-d'oeuvre, complexité qui constitue en soi un obstacle majeur à l'accessibilité aux mesures de formation, de développement et d'aide à l'emploi. Parmi les facteurs qui ont contribué à cette lourdeur, notons: 1 la présence sur le même territoire de deux administrations gouvernementales dispensant chacune ses programmes et services; 2 la diversité des programmes, tant fédéraux que québécois, et l'amoncellement de normes et de critères qui s'en est suivi. La double administration. Depuis plusieurs années, il existe au Québec deux réseaux de main-d'oeuvre. L'un est constitué par les infrastructures et les programmes du ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle et des commissions de formation professionnelle auxquelles sont associées les institutions d'enseignement. L'autre réseau est celui de la Commission de l'emploi et de l'immigration du Canada (CEIC) et de ses bureaux locaux, les centres d'emploi du Canada, responsables à la fois du régime d'assurance-chômage et d'un grand nombre de programmes de main-d'oeuvre. Parce que le gouvernement fédéral a toujours tenu à dispenser lui-même les services de main-d'oeuvre et que, par ailleurs, les provinces détiennent d'importantes compétences législatives en ces matières, en particulier dans le domaine de la formation, le gouvernement canadien a dû tenir compte des compétences et des institutions provinciales. La présence de l'administration fédérale dans un champ de compétence qui, à plusieurs égards, n'est pas le sien ajoute à la complexité générale du régime de gestion des programmes de main-d'oeuvre. En effet, la législation québécoise demeure nettement prépondérante à l'égard d'une foule d'activités qui influencent le fonctionnement du marché du travail. La Loi sur les normes du travail, le Code du travail, la Loi sur la santé et la sécurité du travail, la Loi sur les décrets de convention collective de même que la réglementation touchant l'exercice des professions, la qualification professionnelle, l'apprentissage et les licenciements collectifs relèvent de la compétence du gouvernement du Québec. Leur application couvre la très grande majorité des entreprises où est regroupée 90 % de la main-d'oeuvre en emploi. Seules y échappent les entreprises oeuvrant dans un champ de compétence fédérale et assujetties de ce fait au Code canadien du travail. Soulignons aussi que tout le secteur de l'enseignement et de la formation tombe aussi sous la responsabilité exclusive des provinces. Le Québec revendique depuis de nombreuses années le contrôle des instruments des politiques qui influencent le marché du travail. En clair, cela signifie que le gouvernement du Québec et ses partenaires économiques réclament que les lois, les budgets, les institutions, les programmes et les services qui sont destinés à la main-d'oeuvre ou au fonctionnement du marché du travail relèvent d'une seule autorité. Ce besoin tient en premier lieu au fait qu'il existe une très grande diversité des marchés du travail au Canada. Cette diversité s'illustre d'abord par l'importance de la population qui varie considérablement d'une province à l'autre, de même que par ses différents niveaux de scolarisation et par les taux variables de participation des adultes, particulièrement des femmes, à la main-d'oeuvre active. Elle résulte aussi du type d'économie, des ressources exploitables et de la structure industrielle propre à certaines régions du Canada qui influencent nettement les structures professionnelles et la nature des emplois. De même, l'importance relative des autochtones et des immigrants dans la population active se présente très différemment au Québec, en Ontario, en Alberta et en Nouvelle-Écosse. Enfin, la saisonnalité de certaines activités marque profondément l'économie de certaines provinces alors qu'elle ne constitue pas une caractéristique déterminante dans d'autres régions du pays. Ajoutons qu'au Québec, les facteurs linguistiques contribuent à singulariser le marché du travail et à le démarquer encore plus nettement des autres marchés de l'emploi au Canada. Les partenaires québécois du marché du travail reconnaissent presque unanimement que les politiques de maind'oeuvre doivent être élaborées par les instances situées le plus près possible des différents marchés de l'emploi. Cette exigence devient d'autant plus impérative que les politiques de main-d'oeuvre s'inscrivent dans l'optique du développement économique. Les programmes de main-d'oeuvre devraient donc présenter la flexibilité essentielle qui permet, d'une part, d'adapter l'approche au contexte changeant des régions et, d'autre part, de réagir rapidement aux mutations de l'économie. Ce point de vue a fait l'objet, en 1989, d'une prise de position unanime des gouvernements provinciaux et territoriaux du Canada dans le document «Partenaires pour l'avenir». Pour le Québec, le regroupement sous une même administration de toutes les responsabilités relatives à la maind'oeuvre permettrait de faire converger vers les priorités de développement de la main-d'oeuvre les ressources humaines, techniques et financières disponibles pour un fonctionnement plus harmonieux du marché du travail. Il en va de la qualité des interventions gouvernementales en matière de formation professionnelle et de développement de la main-d'oeuvre auprès des personnes en emploi, des chômeurs, des prestataires de la sécurité du revenu et des entreprises. La longue expérience des rapports fédéraux-provinciaux dans ces domaines enseigne que la juxtaposition d'un réseau fédéral à des réseaux québécois s'occupant de divers aspects des questions relatives à la main-d'oeuvre comporte inévitablement des dédoublements et des imprécisions qui contribuent à alourdir le système et à rendre les programmes moins accessibles, moins adaptés aux besoins concrets des milieux de travail et, par là, moins efficaces. Certes, des mécanismes de coordination fédérale-provinciale ont été mis en place dans le but de favoriser une plus grande complémentarité des interventions des deux ordres de gouvernement. Cette coopération, variable selon les époques, a effectivement favorisé l'identification de certaines priorités communes et d'indéniables efforts de complémentarité ont été consentis de part et d'autre. Il s'agit néanmoins d'une coordination partielle. De nombreuses interventions directes de la CEIC auprès des entreprises, des organismes communautaires et des individus, en vertu du pouvoir fédéral de dépenser, échappent largement ou totalement aux mécanismes de coordination. Ces mesures ne sont pas nécessairement inopportunes, mais elles ne répondent pas toujours, loin de là, aux priorités de développement de la main-d'oeuvre. La mécanique des ententes fédérales-provinciales ajoute elle-même à la lourdeur et à la complexité de l'ensemble de l'organisation. Des énergies considérables sont dépensées pour rapprocher les deux administrations gouvernementales et tenter de concilier leurs approches et objectifs respectifs. Cette double infrastructure comporte aussi des coûts importants. On estime en effet que l'administration au Québec des programmes destinés à la main-d'oeuvre coûte près de 650 millions de dollars par année, ce qui représente 10% des dépenses totales. Une analyse de la situation des pays de l'OCDE permet de démontrer que dans ces pays, les frais d'administration représentent en moyenne 6% des dépenses totales. Le coût excédentaire résultant de la présence au Québec de deux réseaux de main-d'oeuvre représente, au bas mot, 200 millions de dollars par année. Certains pays, comme le Danemark et les Pays-Bas, dont la proportion du PIB consacrée aux mesures de soutien du revenu des personnes sans emploi est comparable à celle du Québec, réussissent même à réduire les coûts d'administration à 2 % des dépenses totales. La diversité des programmes. Pour de nombreux individus et entreprises, la complexité et la diversité des programmes de main-d'oeuvre expliquent, en partie du moins, le manque d'intérêt qu'ils y portent. On comprend la difficulté, pour la personne ou l'entreprise non initiée, de cheminer à travers les multiples guichets de service des centres d'emploi du Canada, des commissions de formation professionnelle, des centres Travail-Québec, des commissions scolaires, des cégeps, des universités et du ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle. La multiplicité des guichets s'accompagne d'une certaine rigidité des normes et de procédures administratives relativement lourdes. Des programmes conçus initialement comme des mesures universelles, ou presque, deviennent plus restrictifs à mesure que se précisent les critères d'admissibilité. De même, la quantité de renseignements demandés aux entreprises à des fins de contrôle ou de conformité administrative est souvent contraire aux objectifs d'incitation du programme. Il n'y a pas que les programmes fédéraux qui soient en cause. Les interventions du gouvernement du Québec souffrent aussi d'une indéniable lourdeur. Les programmes sont conçus, pour la plupart, pour des clientèles spécifiques ou veulent répondre à des conjonctures particulières. De plus, on déplore qu'il n'y ait pas suffisamment de liens entre les institutions chargées de concevoir et d'administrer, d'une part, les programmes de main-d'oeuvre et, d'autre part, les services d'éducation et de formation. L'organisation politique et l'infrastructure administrative qui régissent présentement tout le domaine de la main-d'oeuvre ne favorisent pas la mobilisation des ressources en faveur du développement de la main-d'oeuvre. Au moment où les gouvernements pressent le secteur privé d'accroître ses investissements dans le développement des compétences, ils doivent admettre que leur propre politique et leur propre organisation contribuent à l'inertie du système et freinent le mouvement qui devrait s'accélérer vers le développement de la main-d'oeuvre. 2.4 Le difficile arrimage de la formation et du marché du travail. L'école. Toutes les sociétés modernes recherchent des façons de réussir le meilleur arrimage possible du marché du travail et de la formation. Le Québec a accompli des progrès remarquables depuis la Révolution tranquille au chapitre de la scolarisation de la population. On peut en observer les résultats en comparant le niveau de scolarité des différents groupes d'âge en 1989. Seulement 4,6% des personnes de moins de 25 ans n'ont qu'une scolarité de niveau primaire, alors que chez les personnes de 45 à 64 ans, ce pourcentage atteint 40,7 %. De même, 17,1 % du groupe des 25 à 44 ans ont obtenu un diplôme universitaire, contre 9,6% chez les personnes de 45 à 64 ans. Ces réalisations demeurent somme toute éloquentes. Elles préjugent aussi de la capacité de la société québécoise de relever des défis comme celui du développement de la main-d'oeuvre. Malgré les réussites en éducation, on déplore encore un taux d'analphabétisme fonctionnel de l'ordre de 23% à 28% selon la méthodologie à laquelle on a recours pour évaluer le phénomène. Cet état, que vient amplifier l'utilisation croissante de la technologie, conjugué au vieillissement de la main-d'oeuvre active, alourdit déjà le marché du travail et nuit de toute évidence à la productivité du travail. Soulignons que plus de 40 % des prestataires de la sécurité du revenu aptes au travail ont un niveau de scolarité inférieur à neuf années. Il s'agit de leur plus grand handicap pour l'intégration au marché du travail. Il est important de rappeler que les impératifs du marché du travail ne doivent pas être les seuls guides de l'orientation scolaire et professionnelle. L'emploi demeure cependant l'aboutissement logique de la formation et constitue une source majeure de motivation pour les personnes qui s'engagent dans un programme de formation. Tout en reconnaissant d'emblée que la mission éducative de l'État va au-delà de la préparation au marché du travail, il importe que les autorités chargées de mieux équilibrer l'offre et la demande d'emploi sur le marché du travail, c'est-à-dire le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle et ses partenaires patronaux et syndicaux, développent, avec les responsables des réseaux d'enseignement, des mécanismes de coordination afin que le secteur de l'enseignement demeure très attentif aux besoins de main-d'oeuvre et qu'il se reconnaisse une responsabilité dans le défi de la compétitivité de l'économie. Déjà, le ministère de l'Éducation a établi un réseau de collaboration avec le marché du travail, notamment aux fins de l'élaboration et de la révision des programmes de formation d'études professionnelles et de l'implantation d'écoles de métiers spécialisées. Les commissions scolaires ont, en outre, implanté des services aux entreprises, contribuant ainsi à rapprocher l'école des milieux de travail. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science a développé lui aussi sa propre organisation de consultation du secteur privé. Les cégeps effectuent depuis plusieurs années des démarches proactives d'offre de formation auprès des entreprises. Le décrochage. Le premier effort de redressement que toute la société?et au premier chef le système d'éducation?doit déployer a trait au ralentissement du phénomène de décrochage scolaire. Le fait que près de 40% des jeunes abandonnent l'école avant d'avoir terminé le niveau secondaire, à une époque où le marché du travail fait de moins en moins appel aux personnes sans qualification, représente une véritable calamité et constitue le terreau le plus fertile pour l'élargissement des disparités sociales et l'alourdissement des programmes sociaux de demain. Il serait injuste et même futile d'attribuer au système scolaire toute la responsabilité du niveau inquiétant de décrochage. Les variations importantes du taux d'abandon scolaire selon les régions et le niveau de revenu des ménages témoignent éloquemment que des facteurs externes à l'école ont une influence déterminante sur le phénomène. De même, il faudra s'interroger de façon pressante sur les liens qui semblent s'établir entre le travail à temps partiel des jeunes étudiants et le décrochage. Notons simplement que l'abandon prématuré des études conduit à un sérieux problème de main-d'oeuvre. Ces travailleurs non qualifiés qui, dans une forte proportion, accèdent à un emploi, si précaire soit-il, en quittant l'école seront rapidement en proie à toutes sortes de difficultés d'adaptation sur le marché du travail et dans la société. Il n'y a pas de défi plus pressant et plus exigeant que celui d'endiguer radicalement le décrochage scolaire. Jusqu'ici, les politiques de main-d'oeuvre ont accordé relativement peu d'attention à ce phénomène, même si certains programmes de recyclage, de perfectionnement et de développement de l'employabilité ont permis à un certain nombre de décrocheurs de réintégrer l'école par la voie de la formation des adultes. La désaffection de la formation professionnelle. Le secteur de la formation professionnelle souffre de la dévalorisation sociale des métiers. Il ne faut donc pas s'étonner qu'il éprouve de la difficulté à attirer les jeunes au niveau secondaire et, dans une moindre mesure, dans les collèges. On comprend qu'avec la démocratisation de l'enseignement, une fois que les études dites supérieures sont devenues enfin accessibles, le diplôme universitaire ait représenté l'objectif prioritaire, le seul aboutissement valable de l'éducation. Au niveau secondaire, la formation professionnelle est alors devenue pour plusieurs la voie de garage vers laquelle on dirigeait les exclus de la formation générale. La réforme de l'enseignement professionnel de 1987 a secoué ces préjugés, et elle produit maintenant ses effets. On assiste à une augmentation significative des inscriptions à la formation professionnelle au niveau secondaire. Nous sommes cependant très loin des objectifs qu'il faudrait atteindre pour le fonctionnement harmonieux d'une société, tant du point de vue de la quantité de diplômes que de celui de la diversité des options professionnelles choisies. En 1990, seulement 16 000 jeunes (répartis sur deux à trois années de formation) étaient inscrits à l'enseignement professionnel de niveau secondaire, même si dans de nombreuses disciplines les perspectives d'emploi bien rémunéré sont très élevées. En comptant les adultes étudiant à plein temps en formation professionnelle, la clientèle totale s'élève à 37279 élèves. Le ministère de l'Éducation souhaite former, à brève échéance, 50 000 personnes par année, en particulier dans les métiers ou professions en pénurie, ce qui, compte tenu de la durée variable des programmes de formation, nécessite 70000 inscriptions par année. Autre phénomène inquiétant: les filles s'intéressent encore moins à la formation professionnelle que les garçons et plus de 70 % de celles qui s'y inscrivent s'engagent dans des métiers menant aux ghettos d'emplois féminins que sont les domaines du commerce, du secrétariat et de l'esthétique. Dans un environnement économique où la main-d'oeuvre féminine est appelée à jouer un rôle de premier ordre, ces tendances peuvent s'avérer lourdes de conséquence. Ce phénomène n'est pas vraiment atténué malgré une persévérance à l'école nettement plus élevée chez les filles que chez les garçons et malgré un taux de «diplômation» qui, tant au secondaire, au niveau collégial qu'à l'université (au premier cycle du moins), dépasse de plus en plus celui des hommes. L'amélioration de la scolarisation ne s'est pas traduite par une diversification significative des choix professionnels. Les cégeps connaissent aussi, bien qu'à un moindre degré, des difficultés à attirer les jeunes vers l'enseignement professionnel. Même si, dans la foulée du rapport Parent,- ils ont été fondés dans le but de former surtout des techniciens, leur clientèle se dirige en effet de plus en plus vers la formation générale. En 1989, seulement 44 % des élèves inscrits avaient choisi le secteur professionnel, alors qu'au moment de la fondation du réseau collégial au milieu des années 1960, on estimait que 60 % de la clientèle choisirait le secteur professionnel. Ce désintéressement à l'égard de l'enseignement professionnel produit au moins quatre effets importants. En premier lieu, il dévalorise et sous-estime gravement les jeunes qui ont un esprit plus pratique, qui comprennent les concepts théoriques dans la mesure où ils sont appliqués à un exercice concret ou à une fonction de travail. Il contribue en outre, pour une bonne part, à l'augmentation du contingent de personnes non qualifiées sur le marché du travail, parce que les élèves qui auraient des aptitudes pour les métiers et les technologies sont dirigés, sous l'incitation de leurs parents et les pressions sociales, vers la formation générale, augmentant ainsi leur risque de décrocher au niveau secondaire ou, plus tard, au cégep ou à l'université. Par ailleurs, on déplore depuis plusieurs années qu'un trop grand nombre d'étudiants s'orientent encore dans des options générales peu en demande sur le marché du travail. Enfin, le manque d'attrait pour l'enseignement professionnel perpétue les pénuries de main-d'oeuvre qualifiée, ce qui nuit d'autant à la compétitivité de notre économie. La dévalorisation de l'enseignement professionnel tient aussi à la méconnaissance de la diversité des emplois accessibles aux finissants de ces disciplines. Un grand nombre de parents associent encore les métiers au statut social des cols bleus. On comprend dès lors que si un de leurs enfants manifeste une dextérité particulière et des signes d'intelligence pratique, ces parents l'incitent fortement à renoncer à ses goûts et à son talent naturel pour l'orienter vers la formation générale, puisqu'à leurs yeux, l'apprentissage d'un métier conduit, pour la vie, à une fonction socialement peu valorisée. On doit reconnaître que, pendant longtemps, la formation professionnelle fut cantonnée dans des filières étanches qui offraient peu de possibilités d'accès à des études professionnelles supérieures. C'est de moins en moins le cas. En effet, les possibilités d'accéder à de telles études et les perspectives de promotion et d'ascension sociale sont maintenant offertes aux personnes qui empruntent la voie professionnelle. Il est pressant de faire connaître cette double réalité afin de modifier la perception préjudiciable à l'enseignement professionnel. Le grand mérite de l'enseignement professionnel est de conduire, dans la plupart des disciplines, à une formation qualifiante qui répond généralement à des besoins du marché du travail. Si, après une formation initiale, la personne échoue ou abandonne dans sa tentative d'accéder à un programme d'études plus avancées au plan technique, elle peut au moins faire valoir sa formation professionnelle de base auprès d'éventuels employeurs. Pour que la formation ait quelque résonance dans une société, à plus forte raison auprès des jeunes, il faut qu'elle soit proche de l'entreprise. Les employeurs, qui avaient été évincés de la gestion et du financement de l'enseignement professionnel à la suite de l'intégration au réseau d'enseignement public des écoles de métiers et des instituts de technologie à la fin des années 60, ont commencé à se rapprocher du secteur de la formation, principalement à la faveur de la réforme de l'enseignement professionnel au niveau secondaire et de la création des centres spécialisés dans le réseau collégial. Les entreprises ont été consultées sur la révision des programmes d'enseignement et elles en ont influencé le contenu, tant au niveau secondaire que collégial. A l'égard de l'élaboration et de la révision des programmes de formation, des structures permanentes de consultation des représentants du marché du travail ont été mises en place par le ministère de l'Éducation et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science. Des initiatives plus récentes du ministère de l'Éducation, en l'occurrence la création d'écoles de métiers spécialisées dans les domaines de l'aérospatiale et de la construction, ont accentué le rapprochement entre l'école et les milieux de travail par une participation plus active des employeurs et des syndicats des secteurs concernés à la gestion de l'école de métiers et à la définition de certaines de ses orientations. Les centres spécialisés, développés dans quinze secteurs d'activité fort variés, constituent également des lieux d'échanges très fructueux entre les collèges et le marché du travail. De même, la participation active des cégeps à des projets de transfert technologique dans les entreprises, à des plans de développement régional, à la promotion de l'entrepreneuriat et à l'adoption des approches pédagogiques dans le cadre de la formation sur mesure sont autant d'initiatives du réseau collégial qui ont contribué à serrer les liens et à créer des maillages entre les programmes de formation technique et les milieux de l'entreprise. La formation des adultes. Les réseaux publics d'enseignement apportent une contribution de plus en plus importante au perfectionnement et au recyclage de la main-d'oeuvre active, qu'elle soit en emploi ou à la recherche d'emploi. Ce réseau, présent par ses composantes dans toutes les régions du Québec, est capable de répondre à la plupart des besoins de formation ressentis par les personnes et les entreprises. Quelque 21 000 adultes étaient inscrits à plein temps et 10 000 autres à temps partiel à un programme régulier de formation professionnelle de niveau secondaire en 1990. De plus, quelque 90 000 adultes viennent chercher chaque année dans le réseau de l'éducation une formation professionnelle d'appoint, et environ 100 000 autres adultes participent, notamment par le biais du programme québécois de main-d'oeuvre «Recyclage et perfectionnement», à des activités d'alphabétisation ou de formation générale. Enfin, 33400 adultes cheminaient dans des programmes réguliers de formation professionnelle dans les cégeps en 1990. Les universités ne font pas de distinction entre les clientèles jeunes et adultes dans la production de leurs statistiques. Elles reconnaissent cependant que les adultes contribuent indiscutablement à l'accroissement des inscriptions aux études universitaires. Les activités de formation auxquelles participent les adultes, activités qui sont souvent financées par les programmes de main-d'oeuvre, s'inscrivent généralement dans un processus de recyclage ou de perfectionnement afin de préserver des emplois, d'accroître la mobilité sur le marché du travail ou de favoriser l'intégration ou la réintégration en emploi. Certaines institutions privées d'enseignement et des firmes spécialisées de formation complètent l'offre de service en formation professionnelle des réseaux publics d'enseignement. Enfin, un nombre relativement restreint de grandes entreprises assurent elles-mêmes les principaux programmes de formation de leur propre main-d'oeuvre au Québec. La formation des adultes touche d'abord des milliers de personnes qui viennent chercher dans les réseaux publics d'enseignement la formation initiale ou complémentaire, que ce soit à des fins d'enrichissement personnel ou pour répondre aux impératifs du marché du travail. Pour répondre spécifiquement aux exigences de l'emploi et en catégorisant un peu grossièrement, on pourrait dire que les adultes ressentent deux types de besoins de formation. Les uns s'engagent dans un programme défini ou régulier de formation menant à un diplôme dans la perspective d'accéder à un emploi ou d'améliorer leur situation sur le marché du travail. Cette clientèle adulte est présentement responsable de l'accroissement de l'effectif scolaire à tous les niveaux d'enseignement. D'autres adultes veulent une formation plus immédiate ou plus spécifique qui réponde, par exemple, à l'un des besoins suivants: s'adapter à une innovation technologique introduite dans l'entreprise, se perfectionner pour préserver son emploi ou se recycler consécutivement à un licenciement ou à une période plus ou moins prolongée de chômage. Ces besoins plus ponctuels de formation requièrent des mesures plus importantes d'adaptation de la part des institutions d'enseignement qui, au demeurant, ne sont pas les seules à pouvoir les combler. Même si l'accessibilité à la formation professionnelle est un principe largement admis, des difficultés pratiques ont longtemps limité la participation à ces activités. Certains préalables des régimes pédagogiques de l'enseignement de niveau secondaire, moins liés aux compétences à acquérir, ont empêché des adultes d'accéder à un complément de formation qui aurait élargi leurs perspectives d'emploi. Ces problèmes ont touché particulièrement les personnes licenciées qui, souvent, n'ont pas, surtout si elles sont un peu plus âgées, l'attestation d'études de 3e ou 4e année du secondaire exigée pour qu'elles puissent s'engager à plein temps (même pour quelques mois) dans un programme de formation professionnelle. Ces difficultés sont cependant en voie d'être résolues. Pour rechercher la meilleure adéquation possible entre l'offre et la demande de main-d'oeuvre sur le marché du travail, le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle, les commissions de formation professionnelle et la Commission de l'emploi et de l'immigration du Canada définissent, chaque année, généralement ensemble, les priorités d'intervention en matière de formation à partir d'informations de plus en plus fiables sur les surplus et pénuries de main-d'oeuvre. Les entreprises et les représentants des salariés participent à cet exercice au sein des comités consultatifs régionaux. Ces estimations continues, effectuées dans chaque région, constituent, dans une large mesure, les éléments de base à partir desquels sont alloués les budgets de formation gérés par les commissions de formation professionnelle. Le secteur de la main-d'oeuvre définit donc ses besoins et priorités de formation et les transmet ensuite aux formateurs, lesquels proviennent surtout des réseaux publics d'enseignement. C'est ainsi qu'une relation de client à fournisseur de services s'est développée entre le secteur de la main-d'oeuvre et celui de la formation... difficilement au départ, puis de plus en plus normalement par la suite. Au Québec, on a longtemps eu tendance à considérer que l'école représentait le seul lieu d'acquisition ou de perfectionnement des compétences. Les entreprises pourraient participer plus activement à la formation de leur personnel. Certaines catégories d'adultes se situent en marge du système scolaire. D'autres ont besoin d'acquérir un complément à la formation professionnelle reçue en milieu scolaire. Certains adultes veulent par ailleurs développer en milieu de travail la maîtrise de certaines fonctions essentielles à l'exercice d'un métier. Tous ces adultes éprouvent des difficultés d'accès à la formation, puisqu'en dehors du système scolaire, il existe peu de possibilités d'acquérir une formation qualifiante reconnue. Le Québec a accompli depuis trente ans des progrès remarquables en éducation. A la faveur du rapprochement avec les entreprises, le système scolaire se reconnaît de plus en plus une responsabilité dans la recherche d'un meilleur équilibre entre l'offre et la demande d'emplois sur le marché du travail. Reflet de l'évolution des valeurs sociales, le système scolaire a subi les effets d'une grave désaffection des jeunes à l'égard de l'enseignement professionnel. Ce phénomène contribue notamment à accroître les pénuries de main-d'oeuvre qualifiée dans plusieurs métiers et techniques. Le haut taux de décrochage scolaire ajoute au déséquilibre du marché du travail par l'augmentation du contingent de travailleurs non qualifiés qui sont de moins en moins en demande dans les économies modernes. L'école a largement ouvert les portes aux adultes. Il subsiste encore des problèmes d'accessibilité à la formation pour les adultes et on a eu tendance à sous-estimer la formation offerte ailleurs que dans les réseaux d'enseignement. 3. Une stratégie québécoise à implanter. Les objectifs et les moyens. En présentant cette stratégie de développement de la main-d'oeuvre québécoise, le gouvernement veut répondre aux impératifs de la compétitivité en poursuivant quatre grands objectifs: 1 développer une culture de la formation continue dans les milieux de travail; 2 instaurer, à plusieurs niveaux et sous diverses facettes, un véritable partenariat entre le gouvernement, le patronat et les syndicats en faveur du développement de la main-d'oeuvre; 3 simplifier et rendre plus efficace l'administration des programmes de main-d'oeuvre; 4 obtenir une meilleure contribution des réseaux d'enseignement à la recherche active de l'équilibre entre l'offre et la demande d'emplois sur le marché du travail. Par rapport aux principaux constats dégagés et afin de tendre le plus rapidement possible vers ces objectifs, le gouvernement entend mettre de l'avant les moyens d'action suivants: Pour contrer le sous-investissement dans le développement de la main-d'oeuvre: un effort plus marqué des employeurs en faveur de la formation et du développement de leurs ressources humaines et un engagement accru de la main-d'oeuvre dans des activités de formation. Pour instaurer un véritable partenariat: la création d'une société québécoise de développement de la main-d'oeuvre qui traduira dans l'action le partenariat recherché en faveur du développement des compétences; le raffermissement de l'approche sectorielle; une imbrication des politiques et interventions en matière de main-d'oeuvre avec celles du développement régional en faveur du développement de l'emploi. Pour lutter contre la lourdeur, la complexité et la confusion des régimes de gestion des programmes de maind'oeuvre: la gestion unifiée, sous contrôle québécois, de tous les programmes et mesures de développement de la maind'oeuvre; une participation du Québec au régime d'assurance-chômage assortie d'une prise en charge par le Québec de l'administration du régime; une opération de regroupement et de simplification des programmes de main-d'oeuvre; une accessibilité plus grande aux programmes de main-d'oeuvre pour les clients de la sécurité du revenu. Pour obtenir un meilleur arrimage de la formation et du marché du travail: un effort concerté de revalorisation de l'enseignement professionnel, de décloisonnement des institutions et d'assouplissement des pratiques d'enseignement et de formation des adultes; l'extension du régime d'apprentissage et l'instauration d'un régime de reconnaissance des compétences professionnelles. 3.1 Pour contrer le sous-investissement dans le développement de la main-d'oeuvre. 3.1.1 Un effort plus marqué des employeurs en faveur de la formation et du développement de la main-d'oeuvre et un engagement accru de la main-d'oeuvre dans des activités de formation. La culture de la formation continue n'a pas encore pénétré les milieux de travail. Le gouvernement du Québec s'est employé à réunir les conditions favorables à une participation financière accrue des entreprises au développement de la main-d'oeuvre. La mesure la plus importante que le gouvernement a mise de l'avant en ce sens demeure, et de loin, le crédit d'impôt remboursable à la formation. Cette mesure fiscale s'inscrit dans la dynamique que veut insuffler le gouvernement dans le domaine de la maind'oeuvre. Elle fait appel, en premier lieu, à la responsabilisation des partenaires économiques qui ont ainsi le pouvoir d'initiative. Ce sont les employeurs qui décident du moment de la formation, de la nature des activités et du rythme avec lequel elles seront conduites. Il leur appartient de conclure des ententes avec leurs employés et les formateurs de leur choix. Le crédit d'impôt remboursable demeure essentiellement une mesure universelle souple, et, par l'effet d'entraînement qu'il peut produire, ce crédit d'impôt représentera l'une des mesures les plus structurantes qui n'aient été adoptées depuis de nombreuses années dans le domaine de la main-d'oeuvre. Le gouvernement fonde beaucoup d'espoir sur les effets qu'aura le crédit d'impôt remboursable sur le comportement des employeurs à l'égard de la formation et du développement de la main-d'oeuvre. Il travaille à rendre le crédit d'impôt encore plus accessible à l'ensemble des employeurs. Le gouvernement entend également simplifier l'administration du crédit d'impôt remboursable en limitant au strict minimum les renseignements demandés aux employeurs. Il veut aussi en faire une vigoureuse promotion auprès des entreprises. ? l'intention des personnes actives sur le marché du travail, le gouvernement mettra en place, à compter de 1992, un programme d'aide à la formation en vertu duquel une importante aide de remplacement du revenu et un prêt garanti seront disponibles à ceux et celles qui voudront se prévaloir d'un congé de perfectionnement. Pour que les personnes salariées puissent avoir accès à cette mesure avec un minimum de contraintes, le gouvernement recherche, avec le concours des représentants d'employeurs et des syndicats, des moyens de protéger l'emploi de la personne concernée pendant le congé pour études. Dans la foulée de la réforme de l'assurance-chômage de 1990, le gouvernement fédéral consacre une part plus grande des ressources disponibles aux mesures actives de développement de la main-d'oeuvre. Le gouvernement du Québec souscrit à cette orientation et tentera de faire évoluer le régime d'assurance-chômage vers un régime axé davantage sur les mesures actives. Il faut cependant que ces budgets supplémentaires servent essentiellement à accroître l'accessibilité à la formation, notamment pour les personnes qui occupent des emplois non standard, à soutenir la formation, le perfectionnement et le recyclage de la main-d'oeuvre active et que ces budgets se conjuguent aux efforts qu'y déploie le gouvernement du Québec. Nous y reviendrons. Le gouvernement entend donc: promouvoir le développement d'une culture de la formation continue dans les milieux de travail; inciter fortement les entreprises à recourir au crédit d'impôt remboursable à la formation; simplifier dans toute la mesure du possible les procédures administratives liées au crédit d'impôt remboursable à la formation; implanter en 1992 le programme d'aide à la formation des personnes actives sur le marché du travail; rechercher des moyens d'assurer la protection de l'emploi de la personne qui se prévaut d'un congé de perfectionnement. 3.2 Pour instaurer un véritable partenariat. 3.2.1 La création de la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre: le virage décisif vers le partenariat. Le partenariat souhaité entre le gouvernement, les associations patronales et les syndicats en faveur du développement de la main-d'oeuvre ne se nourrit pas dans l'abstrait: il faut lui donner des assises durables par lesquelles cette concertation s'exprime et s'exerce. En fait, deux grands choix s'offrent au gouvernement. Ou bien il continue d'exercer lui-même, ou par l'intermédiaire de structures qu'il contrôle directement, la responsabilité d'élaborer les programmes de maind'oeuvre, de les gérer et d'établir les priorités d'intervention en fonction des budgets disponibles. En vertu de ce mode de fonctionnement, le gouvernement consulte bien sûr les partenaires du marché du travail, mais le pouvoir d'initiative et le choix des moyens lui appartiennent totalement. Ou alors, il associe les partenaires à l'exercice de ces responsabilités. Le développement de la main-d'oeuvre requiert des engagements concertés des employeurs, des personnes salariées et du gouvernement. Il est hautement souhaitable que les décisions importantes se dessinent à trois, pour en garantir la cohérence, l'efficacité et la rapidité d'exécution. Le gouvernement ne peut pas constamment, en ces matières, jouer un rôle d'arbitre entre les positions des associations patronales, celles des syndicats, des secteurs d'activité économique et des régions. Au contraire, il est essentiel de créer une nouvelle dynamique où les parties ne font pas qu'exprimer des demandes, mais doivent travailler ensemble à l'identification active de moyens de satisfaire ces demandes, ce qui les amène à définir des priorités, à rechercher la plus grande efficacité des interventions, à mettre en place des programmes et activités qui collent aux besoins clairement ressentis dans les milieux de travail et à alléger les procédures administratives. Le gouvernement a l'intention de créer, par voie législative, un organisme public responsable de la gestion des programmes de développement de la main-d'oeuvre sur le territoire du Québec, la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre. Cette société, conçue en fonction des impératifs du partenariat, sera dirigée par un conseil d'administration constitué en parts égales de représentants des associations patronales, des syndicats oeuvrant dans le secteur privé et du gouvernement. Ce dernier s'assurera d'une représentation équitable des hommes et des femmes au sein du conseil d'administration . La Société bénéficiera d'une large autonomie. A partir des politiques de main-d'oeuvre définies par le gouvernement en concertation avec la Conférence permanente sur la main-d'oeuvre, les partenaires engagés dans la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre partageront la responsabilité d'identifier, de mettre en place et de gérer les mesures les plus pertinentes et efficaces pour mieux intégrer la main-d'oeuvre à l'économie. La Société encadrera des sociétés régionales de développement de la main-d'oeuvre, préférablement dans chaque région administrative du Québec. Chaque société régionale sera dotée d'un conseil régional composé sur le même modèle tripartite que le conseil d'administration de la Société et le même objectif d'une représentation équitable des hommes et des femmes. La Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre aura le mandat de: définir les besoins de développement de la main-d'oeuvre; conseiller le gouvernement sur les politiques de développement de la main-d'oeuvre; proposer au gouvernement, mettre en place et gérer des programmes et des activités qui permettent d'appliquer les politiques de main-d'oeuvre élaborées par le gouvernement et les rendre accessibles sur le territoire du Québec; favoriser la concertation entre les partenaires patronaux, syndicaux et gouvernementaux, notamment dans le soutien à la mise en place des comités d'adaptation de main-d'oeuvre dans les entreprises et des comités sectoriels de la main-d'oeuvre; soutenir les initiatives, entre autres celles du secteur privé, dans le domaine du développement des compétences; développer un système intégré de placement; assurer, après entente avec le gouvernement fédéral, la gestion du régime d'assurance-chômage; administrer les budgets et répartir les ressources humaines et financières entre l'organisation centrale et les différentes sociétés régionales; offrir aux sociétés régionales le soutien et les services en matière de gestion des ressources humaines et matérielles. Puisque le marché du travail varie d'une région à l'autre du Québec, il est essentiel que la gestion des politiques de main-d'oeuvre soit décentralisée. Les sociétés régionales, loin d'être des structures exécutives de la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre, auront des responsabilités claires qui leur permettront d'orienter le développement de la main-d'oeuvre et de l'emploi dans leur région respective. Ces sociétés régionales assumeront donc, dans le cadre des politiques de la Société, les mandats suivants: définir la problématique régionale du marché du travail et de l'emploi; établir les priorités régionales de formation et de développement de la main-d'oeuvre; participer à l'élaboration des plans de développement régional et aux démarches de concertation en matière de développement de l'emploi; soutenir les efforts de concertation des divers comités de main-d'oeuvre et des groupes locaux engagés dans le développement de la main-d'oeuvre et de l'emploi; adapter les programmes aux réalités de la région; gérer les programmes selon le mode d'un guichet spécialisé où sont regroupés tous les services de main-d'oeuvre; offrir les services de placement, de counselling, d'aide à l'emploi et de soutien à la formation; rechercher activement la collaboration des commissions scolaires et des cégeps aux activités de développement de la main-d'oeuvre; contracter avec des formateurs publics et privés; gérer les budgets et le personnel alloués à la société régionale. La société régionale est à la fois une instance de concertation avec les partenaires du marché du travail sur les priorités de développement de la main-d'oeuvre et de l'emploi et une entité administrative chargée de rendre accessibles les programmes et les services qui permettent de répondre aux politiques de la Société et aux priorités de la société régionale. Des sociétés autochtones pourront être constituées, sur le modèle des sociétés régionales, dans les régions où les populations autochtones occupent, en raison de leur importance numérique, une position déterminante sur le marché de l'emploi. Les conseils régionaux des sociétés régionales pourront avoir recours, pour approfondir leur connaissance des besoins de développement de la main-d'oeuvre dans les régions, à la collaboration de comités consultatifs régionaux comparables à ceux qui regroupent présentement des représentants patronaux et syndicaux des divers secteurs d'activité dans les onze régions où sont implantées les commissions de formation professionnelle. Ces comités consultatifs seront appelés à se prononcer non seulement sur l'estimation des besoins de formation, mais aussi sur les autres besoins de développement de la main-d'oeuvre, sur les liens à établir avec les réseaux d'enseignement et sur les adaptations proposées aux programmes pour tenir compte des particularités régionales. On étendra ainsi à la grandeur du territoire québécois, et de façon non équivoque, un exercice de concertation sur les priorités de développement de la main-d'oeuvre. L'accessibilité aux divers services de main-d'oeuvre sera assurée par des bureaux locaux qui relèveront de la société régionale. Il s'agira en fait des points de service de la société régionale. C'est là que se dirigeront les individus et les entreprises pour obtenir les services de première ligne en matière de main-d'oeuvre. La Société recevra chaque année du gouvernement les budgets dont elle a besoin pour s'acquitter des mandats qui lui sont confiés. Elle pourra également établir des conventions ou être partie à des contrats en vertu desquels elle offrira, moyennant rémunération, des services spéciaux de main-d'oeuvre à des ministères, organismes ou entreprises. Enfin, la Société pourra appliquer une tarification à certains de ses services ou implantera des programmes qui se réaliseront avec la contribution financière des entreprises ou des associations sectorielles. Le gouvernement présentera à l'Assemblée nationale un projet de loi créant la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre. Lorsque le projet de loi aura été adopté, la Société sera mise en place dans les mois suivants et prendra charge, dans un premier temps, de l'ensemble des programmes québécois de maind'oeuvre gérés présentement par le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle et les commissions de formation professionnelle. Les ressources humaines, matérielles et financières affectées à ces fins au Ministère et aux CFP passeront sous la responsabilité de la Société et des sociétés régionales. L'objectif premier de la création de cet organisme demeure cependant de gérer en partenariat l'ensemble des programmes et activités de main-d'oeuvre, y compris ceux qui sont actuellement offerts par le gouvernement fédéral. Le gouvernement a conscience d'innover en confiant par la création de la Société de développement de la maind'oeuvre des responsabilités importantes aux partenaires du marché du travail. Il accepte de prendre le pari de la concertation et de mettre en place une institution à qui il confie un mandat stratégique pour le développement du Québec. La Société est en effet appelée à devenir l'une des grandes organisations efficaces du Québec moderne. Ce potentiel tient en premier lieu au mandat même de la Société de travailler au développement de la main-d'oeuvre, cette ressource qui compte le plus désormais dans la prospérité des pays. Il tient aussi à la responsabilisation des partenaires du marché du travail et à la conjugaison de leurs efforts, deux conditions qui permettent de faire face en toute sérénité aux mutations de l'économie et de tirer profit des perspectives que ces changements offrent aux économies dynamiques. Oui, le mandat de la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre est large et stratégique. En fait, le gouvernement accorde à cette société une marge d'autonomie, tout en tenant compte toutefois qu'il s'agit d'un organisme financé par les fonds publics. Est-ce à dire que le gouvernement transfère aux partenaires sociaux sa responsabilité essentielle de rechercher un meilleur équilibre entre l'offre et la demande d'emplois sur le marché du travail ? Le gouvernement n'abdique d'aucune façon sa responsabilité. Il conserve le pouvoir et le devoir de définir les grandes orientations des politiques de développement de la main-d'oeuvre et d'y consacrer les budgets appropriés. Le gouvernement préserve aussi ses prérogatives d'harmoniser ses politiques dans le domaine de la main-d'oeuvre avec celles de l'éducation, du développement industriel et technologique, de la sécurité du revenu et du développement régional. Il s'agit de responsabilités que l'État ne peut pas déléguer. Un gouvernement responsable ne fait pas nécessairement tout lui-même. Une fois les orientations fondamentales des politiques de développement de la main-d'oeuvre arrêtées par le gouvernement, il peut confier aux partenaires du marché du travail l'identification des moyens qui permettent de traduire ces politiques dans l'action. C'est ainsi que la Société proposera au gouvernement les programmes de main-d'oeuvre. Nous voulons un partenariat dans l'action. Cela doit aller jusqu'à la conception et la gestion des programmes, qui seront d'autant mieux adaptés aux réalités du marché du travail qu'ils seront le fruit de la concertation des associations patronales, des syndicats et du gouvernement. Le gouvernement entend donc: créer, par voie législative, une société québécoise de développement de la main-d'oeuvre, organisme tripartite chargé d'élaborer et de gérer les services et programmes de main-d'oeuvre sur le territoire du Québec; mettre en place des sociétés régionales de développement de la main-d'oeuvre ayant le mandat d'estimer les besoins de main-d'oeuvre, d'établir les priorités régionales de développement de la main-d'oeuvre et de l'emploi, d'adapter les programmes au contexte régional et de rendre accessible, par l'intermédiaire des bureaux locaux, l'ensemble des programmes et services de main-d'oeuvre; confier, dans un premier temps, à la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre la gestion de l'ensemble des services et programmes québécois de main-d'oeuvre et, subséquemment, les budgets rapatriés du gouvernement fédéral dans le domaine de la main-d'oeuvre. 3.2.2 Le raffermissement de l'approche sectorielle. Les mutations de l'économie se manifestent avant tout par secteurs économiques ou industriels. Le gouvernement et ses partenaires développent donc de plus en plus l'approche sectorielle à l'égard des questions relatives à la main-d'oeuvre parce que la réalité de l'emploi et la problématique du développement des compétences se présentent différemment d'un secteur industriel à un autre. Des comités sectoriels ont donc été créés afin d'établir des diagnostics et de préparer des stratégies de développement. Les employeurs, les représentants des salariés, les responsables des programmes de main-d'oeuvre et de développement industriel de même que les porte-parole des institutions d'enseignement travaillent ensemble au sein de ces comités sectoriels à l'élaboration et à la mise en oeuvre de plans d'action. Il s'agit d'exercices très constructifs de partenariat. Le gouvernement entend travailler à la consolidation des actuels comités sectoriels de main-d'oeuvre et promouvoir la mise sur pied de comités dans d'autres secteurs industriels. Il veut aussi faire appel à la responsabilisation des agents économiques du secteur en leur demandant d'assumer une part accrue du financement des comités de main-d'oeuvre. Présentement, les comités sectoriels ont tendance à maintenir trop longtemps une dépendance financière à l'égard des gouvernements. Les stratégies de développement varient considérablement d'un secteur économique à un autre. De même, certains secteurs ont déjà mis en place des plans d'action très précis pour tirer le plus grand profit du nouveau contexte économique, alors que d'autres s'interrogent encore sur la pertinence d'élaborer des stratégies sectorielles. Tous les secteurs partagent cependant le souci de répondre aux impératifs de la compétitivité des entreprises. La volonté de consolider l'approche sectorielle appartient avant tout aux partenaires du marché du travail. Dans le contexte de changements constants, il est assez illusoire d'élaborer ces stratégies du simple point de vue du gouvernement. Nous lancerions-nous dans cette opération que les diagnostics risqueraient fort d'être déphasés dès la publication des premiers rapports, tant les secteurs économiques évoluent rapidement. De plus, aucun plan sectoriel de développement ne pourrait être réalisé s'il ne comporte pas des solutions concrètes aux besoins de la main-d'oeuvre engagée dans ce secteur d'activité. Les comités sectoriels réunissent les conditions de réussite de ces exercices essentiels de planification. Dans les domaines où ces comités fonctionnent depuis quelques années, des plans de développement de tout un secteur industriel ont été élaborés et constituent des orientations précieuses pour les entreprises du secteur. Les employeurs, les représentants des personnes salariées et les gouvernements ont uni leurs efforts pour réaliser les stratégies et arrêter les plans d'action. Ces plans comprennent toujours un important volet de formation, de recyclage et de développement de la main-d'oeuvre. Les institutions d'enseignement ont offert leur concours à la réalisation des plans de formation et elles ont souvent adapté leur pédagogie aux besoins de la maind'oeuvre à l'emploi de ces secteurs économiques. C'est ainsi que s'élaborent, secteur par secteur, les stratégies de développement économique. Les plans d'action des comités sectoriels représentent donc des renseignements privilégiés dont la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre doit tenir compte pour établir ses priorités. C'est pourquoi des liens très étroits doivent unir les comités sectoriels à la Société de développement de la main-d'oeuvre. Une part significative de l'action du gouvernement et de la Société reposera sur des stratégies sectorielles. Ces stratégies seront d'autant plus vouées au succès qu'elles auront été définies en partenariat. Les comités sectoriels de main-d'oeuvre deviendront des interlocuteurs privilégiés de la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre. Ils constitueront un maillon important du partenariat. Il est également essentiel que les comités sectoriels de main-d'oeuvre poursuivent leur rapprochement avec les réseaux de l'enseignement et qu'ils établissent avec ces derniers les moyens à mettre en place pour répondre aux besoins de main-d'oeuvre ressentis dans les entreprises du secteur et aux besoins de formation de la maind'oeuvre en emploi. Si le secteur de l'enseignement peut difficilement mesurer les attentes précises d'une multitude d'entreprises, il peut beaucoup plus facilement évaluer les besoins des entreprises regroupées par secteurs industriels. Les comités sectoriels peuvent, en outre, offrir aux institutions d'enseignement diverses possibilités de collaboration susceptibles de favoriser la transition entre l'école et les milieux de travail. Le comité d'adaptation de la main-d'oeuvre dans l'industrie de l'aérospatiale a été à l'origine de l'implantation d'une école de métiers spécialisée dans ce domaine. Les comités sectoriels de main-d'oeuvre seront invités à prendre une part active dans l'implantation de la nouvelle stratégie de développement économique qu'a rendue récemment publique le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. L'approche sectorielle rejoint l'identification des grappes industrielles que sont les systèmes intégrés de production qui présentent des perspectives de croissance et de création d'emplois. Les comités sectoriels peuvent apporter une contribution de premier ordre à la mise en oeuvre du concept des grappes industrielles, notamment en préparant des stratégies de développement de la main-d'oeuvre qui favorisent l'expansion de ces créneaux industriels d'excellence. Les comités sectoriels devraient devenir également les lieux privilégiés où sont élaborées les stratégies destinées à atténuer les effets des restructurations industrielles sur l'emploi Ces restructurations touchent à double titre l'emploi. Elles ont pour première conséquence d'élever le niveau de compétence des emplois, ce qui nécessite la préparation d'importants plans de recyclage du personnel. Lorsqu'elles se réalisent dans les secteurs à forte densité de main-d'oeuvre, les restructurations industrielles entraînent aussi d'importantes pertes d'emplois. On n'a pas suffisamment insisté sur le caractère relativement prévisible des restructurations industrielles. Les entreprises qui s'engagent dans une démarche importante de modernisation l'ont soigneusement planifiée. Le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie en est généralement informé. Les organismes qui ont la responsabilité de travailler au développement de la main-d'oeuvre devraient normalement disposer de toutes les informations pertinentes pour mettre en place des mesures de prévention contre la désuétude des compétences de la main-d'oeuvre touchée par les changements technologiques et pour ramener les compétences de cette maind'oeuvre au niveau optimal afin que l'économie du Québec tire, en matière de productivité, le plus grand profit des investissements consentis dans la modernisation de la production. Le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle développera donc des mécanismes plus serrés de collaboration avec le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie et avec certains autres ministères sectoriels, dont ceux de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, des Forêts, de l'Énergie et des Ressources, afin d'être constamment informé des projets de restructuration industrielle à venir. Il invitera également les membres des comités sectoriels à accorder la première priorité à la définition des besoins de développement de main-d'oeuvre en prévision des restructurations ou des modernisations industrielles projetées. Cette préoccupation sera véhiculée à l'ensemble des partenaires du monde du travail. La Société québécoise et les sociétés régionales de développement de la main-d'oeuvre devront inscrire, en tête de leurs priorités d'intervention, l'appui tangible aux plans de développement de la main-d'oeuvre élaborés en marge des projets de restructuration. Le gouvernement souhaite donc mobiliser les entreprises, les personnes en emploi et les organismes concernés afin que la démarche de développement de la main-d'oeuvre s'inscrive tout naturellement dans le processus de modernisation de l'appareil de production et que la réalisation des restructurations industrielles soit synchronisée avec la préparation de la main-d'oeuvre ou son recyclage éventuel dans d'autres fonctions ou d'autres entreprises. Il ne peut y avoir meilleur forum que les divers comités de main-d'oeuvre pour rechercher cette adéquation entre les impératifs de la modernisation et les besoins de la main-d'oeuvre. Dans le contexte d'aujourd'hui, toute aide financière de l'État aux projets de modernisation devrait d'ailleurs être assortie de l'obligation de l'entreprise d'investir dans le perfectionnement, le recyclage, la formation ou l'aide au reclassement de la main-d'oeuvre. Le gouvernement entend donc demander à la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre de: considérer les comités sectoriels de main-d'oeuvre comme des lieux privilégiés de concertation et comme une composante propre du partenariat en matière de main-d'oeuvre et faire de ces comités sectoriels des interlocuteurs privilégiés de la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre; consolider les actuels comités sectoriels de main-d'oeuvre et faire appel à la responsabilisation des partenaires économiques en leur demandant de s'engager davantage dans le financement de ces comités; promouvoir et favoriser la mise sur pied de nouveaux comités de main-d'oeuvre dans plusieurs autres secteurs industriels avec le soutien technique et financier de la Société québécoise de développement de la maind'oeuvre; définir avec les institutions d'enseignement les moyens d'action à mettre en place pour répondre aux besoins de main-d'oeuvre et aux besoins de formation des personnes en emploi; faire participer les comités sectoriels à l'implantation de la stratégie de développement économique du gouvernement en les invitant à préparer les plans de développement de la main-d'oeuvre qui doivent accompagner l'expansion des créneaux industriels d'excellence; demander aux comités sectoriels d'identifier le plus tôt possible les projets de restructuration industrielle et d'accorder la priorité à l'élaboration de plans de développement de la main-d'oeuvre avant que ne s'engagent les étapes décisives de la restructuration; conditionner toute aide financière du gouvernement à un engagement ferme de l'entreprise à investir dans le perfectionnement, le recyclage, la formation et l'aide au reclassement de la main-d'oeuvre touchée par les projets de modernisation; accorder, par l'estimation des besoins de main-d'oeuvre effectuée par les sociétés régionales de développement de la main-d'oeuvre, une nette priorité au soutien concret des plans de développement de la main-d'oeuvre conçus en prévision des restructurations industrielles. 3.2.3 Une imbrication des politiques et interventions en matière de main-d'oeuvre avec celles du développement régional pour le développement de l'emploi. Pour que le partenariat en matière de main-d'oeuvre prenne toute sa signification, il faut qu'il s'exerce avec le plus grand dynamisme dans chaque région. Les mutations de l'économie et les conversions industrielles qui s'ensuivent n'ont pas permis de réduire les disparités régionales. Ces écarts pourraient même s'élargir entre les régions qui tirent profit de l'expansion des marchés et du développement de la haute technologie et celles qui, tributaires des ressources naturelles ou de secteurs économiques à forte densité de main-d'oeuvre, subissent durement les contrecoups des restructurations industrielles. L'implantation d'alumineries en Mauricie, sur la Côte-Nord et dans la région de Québec contribue à changer le tissu industriel de ces régions. De même, la croissance des industries de haute technologie en Montérégie et en Estrie assure à ces régions un taux d'activité supérieur à la moyenne du Québec. En contrepartie, le déclin de plus en plus marqué de l'industrie de la pêche et le ralentissement des activités dans le secteur minier amènent respectivement les régions de la Gaspésie et de l'Abitibi à envisager des transformations économiques majeures. Pareillement, la région de Montréal, en particulier le territoire de la ville de Montréal, qui compte un grand nombre d'industries plus traditionnelles à forte concentration de main-d'oeuvre, connaît, malgré un indiscutable potentiel de développement économique, une crise aiguë de chômage et de sous-emploi. Ces réalités commandent des réorientations importantes de l'action du gouvernement du Québec en matière de développement régional que ses stratégies dans le domaine de la main-d'oeuvre doivent appuyer et renforcer. On a assisté au cours des dernières années à l'affirmation, dans toutes les régions du Québec, d'une volonté des forces dynamiques du milieu de prendre une part plus active à la planification du développement régional. Des mobilisations fort impressionnantes s'organisent à l'initiative des leaders socio-économiques et politiques régionaux et locaux. Le gouvernement s'associe à ces mouvements et souhaite canaliser cette énergie vers le développement des régions. Il est clair que les orientations du développement régional seront définies par les régions elles-mêmes et que ces dernières participeront activement à la mise en oeuvre des plans de développement qu'elles auront élaborés. La question de l'emploi domine nettement les préoccupations du gouvernement et des leaders régionaux. En ce sens, les instances chargées d'élaborer et de gérer les programmes de main-d'oeuvre sont interpellées par les organismes qui veulent orienter le développement régional. Il importe dès lors que les programmes et services de main-d'oeuvre soient, de façon dynamique et proactive, mis à la disposition des agents de développement régional. L'implantation des projets industriels majeurs, à l'exemple des alumineries, requiert d'importants programmes de formation et de recyclage de la main-d'oeuvre locale et régionale. Les reconversions industrielles rendues nécessaires par les exigences des marchés ou le déclin de certaines ressources naturelles posent la question cruciale des réorientations professionnelles pour lesquelles de vigoureux plans de développement de la maind'oeuvre doivent être élaborés et rendus opérationnels. Le problème des pénuries de main-d'oeuvre qualifiée, qui touche toutes les régions du Québec, ne pourra se résorber non plus sans des investissements dans le développement des compétences de la région. Enfin, toutes les régions déplorent le manque de qualification d'une partie trop importante de leur main-d'oeuvre active. On devra donc offrir des activités variées de formation et d'apprentissage à ces personnes dont l'apport au développement régional va de pair avec le relèvement de leurs compétences. A défaut de quoi, acculées au chômage persistant, elles continueront de déserter en grand nombre la région, créant un problème de relève immédiate pour l'économie et d'affaiblissement général de la région. En disposant d'un mandat élargi, non seulement à la formation professionnelle mais à l'ensemble des questions relatives à la main-d'oeuvre, les sociétés régionales de développement de la main-d'oeuvre vont, de toute évidence, devenir le lieu de convergence des informations, projets et interventions dans ce domaine. En exerçant pleinement leur leadership en faveur du développement des compétences et d'un meilleur équilibre du marché du travail, elles assureront la coordination des actions régionales de concertation des partenaires patronaux, syndicaux, gouvernementaux et communautaires afin de mettre en chantier des projets et des interventions favorisant l'orientation professionnelle, l'intégration au marché du travail, le développement de l'emploi, la planification des besoins de main-d'oeuvre dans les entreprises, de même que les activités de placement, de formation, de recyclage et d'apprentissage. Le secteur de l'enseignement sera partie prenante à ces exercices de concertation. L'action de la Société régionale sera complémentaire à celle des institutions d'enseignement et des autres organismes régionaux. Comme la main-d'oeuvre représente un des facteurs déterminants du développement économique, il est clair que les actions concrètes prises en faveur du développement de la main-d'oeuvre apportent une contribution décisive au développement régional. On ne saurait dissocier les actions prises dans les régions des stratégies sectorielles. Certains secteurs sont clairement identifiés à une région ou à quelques régions tout au plus. D'autres industries, comme celles des pâtes et papiers, bien que présentes dans la plupart des régions, jouent à certains endroits un rôle déterminant dans le développement économique régional. Les stratégies sectorielles, parce qu'elles sont très structurantes, influencent les efforts de développement des régions. La Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre et les sociétés régionales devront donc concilier leurs interventions de soutien aux secteurs d'activité avec celles qui leur permettent d'appuyer concrètement les consensus dégagés dans les régions. La Société, du fait qu'elle devient un quelque sorte le lieu de convergence des projets issus à la fois des comités sectoriels et des régions, sera à même d'établir les liens fonctionnels et cohérents entre les actions favorisant la compétitivité des secteurs économiques et le développement des régions. Il faudra aller au-delà des exercices de concertation. Les sociétés régionales effectueraient un travail incomplet si, dans les exercices de partenariat auxquels elles participeront, elles ne recherchaient que l'harmonisation de l'offre et de la demande de main-d'oeuvre. La plupart des régions du Québec demeurent confrontées à un sérieux problème de manque d'emplois. Les partenaires seront donc appelés à rechercher activement des moyens d'augmenter l'offre d'emplois. Les sociétés régionales pourront apporter un soutien technique et financier aux organismes qui travaillent au développement local de l'emploi et aux corporations de développement économique et communautaire. Dans les régions plus défavorisées, les sociétés régionales pourront contribuer à la création d'emplois et à la remise au travail des personnes en chômage en soutenant financièrement des projets locaux générateurs d'emplois. Dans la grande région de Montréal, les sociétés régionales établiront, avec la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre, des mécanismes de coordination afin de tenir compte de la problématique d'ensemble du ~ Grand Montréal ". La Société tissera des liens étroits avec les autres organismes engagés dans le développement économique et social de cette grande région qui couvre, outre le territoire de la Communauté urbaine de Montréal, celui de Laval et des municipalités de la Rive-Sud et de la Rive-Nord immédiates, de même que les municipalités de Beauharnois et Vaudreuil-Soulanges. Le gouvernement entend donc: confier aux sociétés régionales de développement de la main-d'oeuvre la responsabilité de coordonner les diverses actions régionales de concertation en faveur du développement des compétences et de l'équilibre du marché régional du travail; accorder aux sociétés régionales le pouvoir de déterminer elles-mêmes la priorité à accorder aux projets de main-d'oeuvre élaborés par les organismes locaux et régionaux dans le cadre des exercices de coordination et de planification du développement régional; soutenir des organismes de développement économique et communautaire qui agissent en complémentarité avec les sociétés régionales dans le développement des compétences et de l'emploi; dans les régions plus défavorisées, stimuler la création locale d'emplois et favoriser la remise au travail des personnes en chômage. 3.3 Pour lutter contre la lourdeur, la complexité et la confusion des régimes de gestion des programmes de main-d'oeuvre. 3.3.1 La gestion unifiée de l'ensemble des programmes de main-d'oeuvre: Québec maître d'oeuvre. Le gouvernement du Québec, fort de l'appui unanime des partenaires patronaux, syndicaux et du secteur coopératif, a officiellement revendiqué, en décembre 1990, le rapatriement au Québec de tous les budgets fédéraux consacrés aux programmes de main-d'oeuvre, y compris ceux puisés à cette fin à même le compte d'assurance-chômage. Le Québec deviendra ainsi le seul responsable des politiques de développement de la maind'oeuvre sur son territoire et la seule administration chargée d'élaborer et de rendre accessibles, de concert avec les partenaires du monde du travail, les programmes et mesures de formation professionnelle, de développement de la main-d'oeuvre et d'aide à l'emploi. Il disposera enfin des moyens nécessaires à l'application de ses propres priorités. Le gouvernement du Québec réitère l'urgence de regrouper en une seule administration l'ensemble des services de main-d'oeuvre. A l'heure où nos concurrents sur les marchés internationaux élaborent et mettent en place des stratégies énergiques de développement des compétences, le Québec doit infléchir rapidement et radicalement les tendances d'un sous-investissement public et privé dans les mesures actives de développement de la maind'oeuvre. Le gouvernement entend donc accorder une très grande priorité, dans ses discussions administratives ou constitutionnelles avec le gouvernement fédéral, au rapatriement de l'ensemble des budgets fédéraux affectés au secteur de la main-d'oeuvre. Avec l'appui unanime de ses partenaires, il réclame non seulement l'exclusivité en matière de formation professionnelle, mais aussi au regard des autres composantes du développement de la main-d'oeuvre (placement, aide à l'emploi, soutien à la création d'emplois, etc). Au fur et à mesure de leur rapatriement, ces budgets seront confiés à la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre qui diversifiera ses activités et étendra son infrastructure. Au terme de cet exercice de récupération des budgets fédéraux de main-d'oeuvre, le Québec disposera enfin de tous les leviers pour développer la main-d'oeuvre, condition essentielle à sa prospérité économique. La réalité des marchés du travail au Québec, qui diffère notoirement des autres marchés de l'emploi au Canada, milite aussi en faveur du rapatriement chez nous des programmes et services de développement de la main-d'oeuvre que nous ne contrôlons pas. Il en va aussi de notre capacité de tenir compte des caractéristiques variables du marché du travail dans les régions du Québec. La gestion unifiée du secteur de la main-d'oeuvre permettra d'établir annuellement, pour l'ensemble du Québec, pour les régions et les secteurs d'activité, les priorités de développement de la main-d'oeuvre, de répartir les budgets en fonction des priorités arrêtées au terme des exercices de concertation à plusieurs paliers et de faire converger vers les mêmes priorités les efforts des partenaires économiques. Car ces exercices permettront de dégager un portrait très fidèle des besoins de main-d'oeuvre dans les régions et les secteurs, de préciser les exigences des nouveaux emplois, d'agir de façon préventive à l'égard des problèmes appréhendés et d'identifier les opportunités d'expansion et de développement d'emplois. L'unification n'est pas en soi un gage d'efficacité, mais elle en constitue indiscutablement une prémisse essentielle. Le gouvernement entend donc: accorder une très grande priorité au rapatriement au Québec de tous les budgets fédéraux consacrés au secteur de la main-d'oeuvre; confier à la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre les budgets rapatriés afin qu'elle puisse prendre à sa charge les activités exercées par le gouvernement fédéral, diversifier ses services et étendre son infrastructure, notamment par la mise en place des bureaux locaux où seront offerts les services de maind'oeuvre aux entreprises, aux individus et aux organismes; gérer l'ensemble des programmes de main-d'oeuvre en partenariat avec le patronat et les syndicats, à l'échelle de l'ensemble du Québec et de chacune des régions, de même qu'avec les secteurs d'activité économique et les entreprises qui se prévaudront de certains programmes. 3.3.2 Une participation au régime canadien d'assurance-chômage assortie de la délégation au Québec de l'administration du régime. Dans le contexte d'un Québec membre de la fédération canadienne, nous avons intérêt à faire partager le risque du chômage par le plus grand nombre de travailleurs. De ce point de vue, il est avantageux de participer au régime canadien d'assurance-chômage. De plus, le régime actuel comporte, pour l'instant du moins, un effet de péréquation favorable qui disparaîtrait si le Québec décidait de créer son propre régime. Le gouvernement n'entend donc pas remettre en cause la participation des employeurs et des personnes salariées du Québec au régime canadien d'assurance-chômage. Si l'on veut que cette participation du Québec au régime d'assurance-chômage soit compatible avec les objectifs énoncés plus tôt au chapitre de la gestion unifiée des programmes de main-d'oeuvre, il est essentiel que les deux ordres de gouvernement concluent en plus une entente administrative en vertu de laquelle le Québec gérera le régime d'assurance-chômage sur son territoire. Autrement, le gouvernement fédéral devra maintenir au Québec une structure administrative relativement lourde pour rendre accessibles à la population québécoise les prestations d'assurance-chômage et les services connexes. On maintiendrait, somme toute, deux réseaux de maind'oeuvre, avec tous les désavantages que ce dédoublement comporte. Concrètement, cette entente aurait pour effet de faire administrer par la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre le régime canadien d'assurance-chômage. Les personnes admissibles à l'assurance-chômage se présenteraient donc aux bureaux locaux des sociétés régionales de développement de la main-d'oeuvre, au même endroit où elles recevraient les services de placement, de counselling, de soutien à la formation et d'aide à l'emploi. Ainsi, le Québec serait-il en mesure de mettre en place l'infrastructure d'accueil de l'ensemble des mesures actives et passives de main-d'oeuvre. On éliminerait de la sorte la confusion, la lourdeur et l'inefficacité inhérentes à la présence de deux réseaux parallèles. Le gouvernement du Québec entend donc: maintenir la participation des employeurs et des personnes salariées du Québec au régime canadien d' assurancechômage; rechercher activement une entente administrative en vertu de laquelle il gérera le régime d'assurance-chômage sur le territoire du Québec afin qu'il n'y ait qu'un seul réseau de main-d'oeuvre au Québec; faire administrer par la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre et ses composantes régionales et locales le régime d'assurance-chômage et l'ensemble des mesures actives de développement de la main-d'oeuvre. 3.3.3 Une opération de regroupement et de simplification des programmes de main-d'oeuvre. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, simplifier des programmes et des procédures administratives constitue une opération fort complexe. Le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle s'est employé au cours des derniers mois à simplifier et à regrouper en quatre grands programmes l'ensemble de ses interventions et celles des commissions de formation professionnelle dans le domaine de la main-d'oeuvre. Il projette d'implanter ces programmes dans les prochains mois. Cette opération de simplification porte sur trois fronts. Elle consiste d'abord à fusionner les programmes, à en réduire considérablement le nombre et les spécificités trop limitatives du point de vue de l'accessibilité. Elle s'accompagne, en deuxième lieu, de la réduction au strict minimum des critères d'admissibilité aux programmes et de l'introduction dans ces normes d'une flexibilité qui permet une adaptation facile au contexte particulier d'une entreprise, d'un secteur ou d'une région. Enfin, la simplification requiert un allégement des procédures administratives, une réduction de la paperasserie et une gestion des programmes, selon le mode de guichet spécialisé. Le projet de simplification et de regroupement des programmes de main-d'oeuvre a été conçu pour une application immédiate. Il ne concerne donc, pour l'heure, que les programmes québécois de main-d'oeuvre. Le Ministère a aussi travaillé dans la perspective du rapatriement des programmes fédéraux. C'est ainsi que les programmes simplifiés concernent tout l'éventail des activités exercées par le gouvernement fédéral et ils ont été conçus de manière à intégrer éventuellement les activités fédérales. Le rapatriement des budgets fédéraux permettra de diversifier les activités des programmes québécois, d'étendre les services et, du fait de l'accroissement des ressources financières, de rendre les programmes accessibles à des clientèles plus nombreuses et plus variées. En fait, il faudra aussi accueillir les clientèles qui ont actuellement recours aux programmes fédéraux. Le rapatriement de ces budgets rendra aussi possible l'augmentation de l'aide financière initialement prévue. Bref, la prise en charge par la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre des responsabilités exercées par le gouvernement fédéral ne devrait pas nécessiter la mise en place de programmes additionnels. La structure des programmes proposée ici et l'organisation administrative chargée de les appliquer serviront à accueillir les responsabilités et les budgets transférés au Québec. Par ailleurs, il peut sembler étonnant a priori qu'au moment même où le gouvernement envisage de créer la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre et de lui confier la responsabilité de proposer des programmes, il dessine lui-même sa propre structure de programmes. La nécessité de simplifier les programmes québécois est clairement ressentie par les entreprises et les individus; cette simplification ne peut souffrir d'autres délais. Bien sûr, la Société héritera en quelque sorte du résultat de ces efforts de simplification. Le gouvernement est d'avis qu'il vaut mieux remettre à la Société des programmes allégés et accessibles que de lui transférer une infrastructure de programmes moins efficace. La Société aura tout le loisir de proposer les changements qu'elle jugera nécessaires. L'opération de simplification conduira à la mise en place des quatre grands programmes suivants: programme de développement des ressources humaines en entreprise; programme d'aide aux personnes licenciées; programme d'intervention individuelle en développement de la main-d'oeuvre; programme d'aide aux organismes du milieu engagés dans le développement de l'emploi. Un programme de développement des ressources humaines en entreprise Le programme proposé consiste à offrir une aide technique et financière aux entreprises ayant des besoins en matière de gestion et de développement de leurs ressources humaines ou vivant des situations difficiles qui se répercutent sur l'emploi. Un programme dit de développement des ressources humaines en entreprise regroupera donc l'ensemble des interventions qui s'adressent aux entreprises aux fins du développement de la main-d'oeuvre. Ce programme permettra de répondre aux besoins d'adaptation des entreprises en situation d'implantation de nouvelles technologies, de développement de nouveaux marchés ou de changements de production, de consolidation, de fusion ou de regroupement. Il sera aussi accessible aux entreprises confrontées à une situation économique difficile qui risque de toucher leur niveau d'emploi. Le programme est conçu pour aider techniquement et financièrement l'entreprise à: mettre sur pied des comités de main-d'oeuvre qui associeront les salariés et l'employeur à la définition des problèmes et à l'élaboration d'un plan de développement, de redressement ou de relance; effectuer différentes études visant à préciser le diagnostic de l'entreprise ou à réaliser des activités prévues à un plan d'action ou de redressement; préparer des plans pouvant comprendre notamment des activités de formation, la révision de l'organisation, l'élaboration d'une politique salariale, l'instauration d'un programme de contrôle de la qualité, etc; implanter des services de gestion des ressources humaines. Le programme permettra également, par un appui comparable offert par la Société de développement de la maind'oeuvre à des comités sectoriels, de répondre aux besoins d'un secteur industriel ou d'un groupe particulier de producteurs de biens ou de services. Grâce à une meilleure connaissance de la problématique et des besoins de développement d'un secteur, il sera plus facile de moduler l'aide de la Société et de fournir aux acteurs régionaux et locaux un cadre d'intervention approprié pour les entreprises exerçant cette activité économique. L'intervention financière des sociétés régionales à l'intérieur de ce programme prendra la forme de subventions incitatives soutenues par des crédits d'impôt remboursables à la formation. Ces aides financières appuieront un engagement concret des entreprises. En effet, l'aide gouvernementale vise à appuyer l'effort de l'entreprise, non pas à s'y substituer. Un programme d'aide aux personnes licenciées. Les licenciements collectifs posent toujours le problème de la réintégration des travailleurs licenciés au marché du travail. Cette réintégration dépend beaucoup de la rapidité de l'intervention de reclassement et de la disponibilité des mesures gouvernementales. Le programme proposé s'adressera uniquement aux travailleurs touchés par un licenciement collectif, par exemple, à la suite d'une fermeture partielle ou totale, ou à cause d'un ralentissement des activités de l'entreprise. La formule des comités de reclassement, une innovation développée au Québec et exportée par la suite, a beaucoup de mérite et doit être raffermie. C'est pourquoi le programme d'aide aux personnes licenciées veut: maintenir et renforcer la participation des employeurs et des salariés aux comités de reclassement; fournir aux comités de reclassement les moyens financiers nécessaires à la réalisation du plan de reclassement des travailleurs; amener les entreprises à s'engager davantage en termes financiers dans le processus de reclassement des personnes licenciées; rendre plus accessibles aux personnes licenciées les mesures de main-d'oeuvre requises, notamment les mesures de perfectionnement et de recyclage; associer à ce programme les mesures d'adaptation pour les travailleurs âgés ainsi que les mesures de partage et d'aménagement du temps de travail. Le comité de reclassement comprendra, en plus des représentants de l'entreprise et des personnes salariées, un représentant de la société régionale de développement de la main-d'oeuvre qui verra à rendre accessibles les diverses mesures d'aide. Ce support, tout important qu'il soit, ne saurait répondre adéquatement aux problèmes que vivent les personnes salariées s'il ne s'accompagne pas d'une révision de la législation sur les licenciements collectifs adoptée en 1969 et jamais révisée depuis quant au fond. Les dispositions législatives actuelles se résument en fait à l'article 45 de la Loi sur la formation et la qualification professionnelles de la main-d'oeuvre qui prévoit essentiellement que l'entreprise doit informer le Ministre du licenciement et accepter, à la demande du Ministre, de participer à la mise sur pied d'un comité de reclassement. Dans plusieurs provinces, la législation relative aux licenciements collectifs est plus précise et, généralement, plus exigeante pour les employeurs, notamment en ce qui a trait à l'élaboration d'un plan d'adaptation pour la main-d'oeuvre concernée et au financement d'un comité de reclassement. Le gouvernement du Québec entend s'inspirer de ces expériences pour mettre à jour sa propre législation en matière de licenciement collectif. Si l'on doit admettre que les restructurations industrielles et les licenciements collectifs sont des phénomènes inévitables dans toute économie de marché, il convient de rechercher activement les moyens d'en atténuer les effets sur la main-d'oeuvre. Un programme d'intervention individuelle en développement de la main-d'oeuvre. Nous avons déjà fait état du paradoxe émanant de la juxtaposition d'un taux élevé de chômage et des pénuries de main-d'oeuvre. Cette discordance tient d'abord au manque de qualification des personnes à la recherche d'emploi. Le programme d'intervention individuelle en développement de la main-d'oeuvre vise à combler les pénuries de compétences ou de main-d'oeuvre en offrant aux chômeurs et aux personnes en emploi, y compris les travailleurs autonomes, la possibilité d'acquérir des habiletés professionnelles ou de hausser le niveau de leurs compétences. Il s'adresse aussi aux personnes qui veulent intégrer ou réintégrer le marché du travail. Ce programme permet de rationaliser les mesures existantes en matière de recyclage et de perfectionnement, afin de tenir davantage compte des besoins des individus et du marché du travail. La réussite des interventions dans le cadre de ce programme reposera principalement sur la qualité des informations offertes sur les besoins en main-d'oeuvre. L'estimation continue de ces besoins par la Société de développement de la main-d'oeuvre et les sociétés régionales permettra d'identifier chaque année les orientations, les objectifs et les priorités d'action dans chacune des régions du Québec, dans les secteurs, les métiers ou les professions. Les services-conseils (counselling) offerts aux travailleurs seront améliorés, tant à l'égard des perspectives d'emploi qu'à celui des exigences préalables à l'emploi et à la formation. Plusieurs mesures ou services rendront possible l'atteinte des objectifs visés par ce programme, dont: des services d'accueil et de référence au meilleur formateur à l'intention des personnes qui ressentent un besoin de formation; des services de reconnaissance des compétences professionnelles; des plans individuels d'acquisition de compétences; des activités de formation préparatoire à l'emploi ou à la formation professionnelle, comme des ateliers préparatoires à l'emploi ou des stages en entreprise en vue d une sensibilisation à un métier ou à une profession ou en vue de l'intégration des connaissances reçues dans le cadre d'une formation théorique; des activités de formation professionnelle adaptée; une participation au régime d'apprentissage ou de qualification professionnelle. Ce programme devra permettre aux participants de bénéficier du soutien financier prévu au nouveau régime d'assurance-chômage. Il répondra également à certains besoins de formation des prestataires de la sécurité du revenu. ? l'égard des activités de formation proprement dites, la Société québécoise de développement de la maind'oeuvre, qui gérera ce programme, référera les candidats vers les formateurs, prioritairement les réseaux publics d'enseignement. La Société ne donnera pas elle-même la formation. Ce programme, plus encore que les deux premiers, exige une étroite concertation et une cohérence dans l'action entre la Société de développement de la main-d'oeuvre et les institutions d'enseignement. Un programme d'aide aux organismes du milieu engagés dans le développement de l'emploi. Les problèmes d'adaptation ou de restructuration économique ont souvent une dimension territoriale évidente, que ce soit à l'échelle d'une région, d'une municipalité ou d'un quartier. Les problèmes peuvent dépendre de décisions de rationalisation ou d'un mouvement important de restructuration susceptibles de modifier considérablement le tissu économique local. Par ailleurs, l'appauvrissement d'une communauté, la plupart du temps à la suite du départ de ses éléments les plus jeunes et les plus dynamiques, crée une situation qui exige une action taillée sur mesure. Les collectivités visées par ce programme sont donc celles qui se trouvent fortement touchées par le chômage ou la pauvreté, ou qui font face à un changement structurel important. Le programme envisagé s'inspire principalement des expériences récentes de l'Est et du Sud-Ouest de Montréal, où l'engagement des partenaires du milieu, regroupés dans un comité territorial de la main-d'oeuvre, a permis de préciser la nature des problèmes, d'identifier les solutions possibles, d'élaborer un plan d'action, de mettre en place les mécanismes de réalisation et d'assurer un suivi sur une période suffisamment longue. La nature de l'aide aux interventions territoriales devra faciliter: la concertation des différents agents du milieu par une aide financière au fonctionnement d'un comité de coordination, à l'embauchage des ressources humaines et techniques requises et à l'élaboration d'un plan d'action; la création de fonds d'initiatives locales découlant de plans d'action, initiatives qui ne pourraient être financées dans le cadre des programmes réguliers, et le soutien aux organismes chargés de la réalisation et du suivi de ces plans. Les sociétés régionales de développement de la main-d'oeuvre s'associeront aux organismes locaux dans l'analyse des problèmes ainsi que dans l'élaboration et la mise en application des solutions relatives au développement de la main-d'oeuvre et de l'emploi. Les organismes locaux doivent donc être parties prenantes au processus de résolution de leurs difficultés. Le partenariat des acteurs locaux, l'évaluation du potentiel local par la communauté elle-même et la mise en place des conditions favorables aux initiatives du milieu sont quelques-uns des éléments qui permettent d'enclencher un processus dynamique de relèvement socio-économique et de faire démarrer des projets de développement. Les sociétés régionales faciliteront ces exercices de concertation et établiront les liens avec les autres groupes engagés dans le développement régional. Le gouvernement entend donc: regrouper et simplifier ses programmes et interventions en matière de développement de la main-d'oeuvre; les remplacer par quatre grands programmes qui s'adressent respectivement aux entreprises, aux individus, aux personnes licenciées de même qu'aux organismes du milieu engagés dans le développement de l'emploi; implanter ces programmes dans les meilleurs délais et se servir de cette structure de programmes et de l'organisation administrative chargée de les appliquer pour accueillir les programmes et budgets rapatriés du gouvernement fédéral; mettre à jour la législation sur les licenciements collectifs afin d'accroître la responsabilité de l'employeur dans le financement du comité de reclassement et l'élaboration de mesures favorisant l'adaptation et le reclassement de la main-d'oeuvre touchée. 3.3.4 Une accessibilité plus grande aux programmes de main-d'oeuvre pour les prestataires de la sécurité du revenu. Les prestataires de la sécurité du revenu devraient pouvoir participer plus activement aux programmes de développement de la main-d'oeuvre, notamment les mesures de placement, de formation professionnelle et d'aide à l'emploi. Jusqu'ici, on a aménagé, dans les accords fédéraux-provinciaux, certaines dispositions en vertu desquelles un pourcentage déterminé de la clientèle totale de certains programmes doit être constitué de personnes aptes au travail recevant des prestations de la sécurité du revenu. De même, un certain rapprochement s'est opéré depuis deux ans entre les centres Travail-Québec, qui gèrent les programmes favorisant l'intégration en emploi de ces prestataires, et les commissions de formation professionnelle. Il faut accroître ces échanges parce que toute personne sans emploi apte au travail, quelle que soit la source de revenu dont elle dépend, devrait, pour peu qu'elle y consente elle-même des efforts, recevoir les services qui lui donnent une nouvelle chance d'accéder ou de reconquérir le marché du travail. Cet énoncé comporte, on en convient, une part d'idéal et ne fait pas l'unanimité. D'aucuns allèguent qu'avec un taux de chômage de plus de 10%, la priorité devrait être accordée à l'aide aux personnes en emploi et aux personnes licenciées. Tout en reconnaissant que les interventions de l'État en matière de main-d'oeuvre doivent être orientées davantage vers les personnes en emploi, le gouvernement du Québec ne saurait abandonner à leur sort les quelque 200 000 personnes aptes et disponibles au travail qui dépendent de la sécurité du revenu parce que, ce faisant, il en condamnerait pour de très longues périodes un grand nombre à un état de dépendance et de pauvreté. De plus, l'expérience démontre que les programmes mis à la disposition de ces clientèles leur ouvrent la voie du marché du travail et de l'autonomie. Cette année, au moins 17 000 personnes vont quitter la sécurité du revenu pour occuper un emploi, grâce à un programme de subvention salariale, le Programme d'aide à l'intégration en emploi (PAIE). Ces succès méritent que l'on accroisse nos efforts. Il y a donc lieu d'intensifier les échanges entre les organisations chargées de l'élaboration et de la gestion des programmes de main-d'oeuvre et celles qui travaillent à l'intégration en emploi des prestataires de la sécurité du revenu. Concrètement, les centres Travail-Québec référeront aux bureaux de main-d'oeuvre les prestataires qui, à leurs yeux, auraient intérêt à s'engager dans un programme de formation professionnelle, une activité de placement ou une autre mesure d'aide à l'emploi. Le gouvernement pourra établir avec la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre les modalités d'une compensation financière pour les services qu'elle serait appelée à rendre aux prestataires de la sécurité du revenu. L'intégration en emploi des prestataires de la sécurité du revenu requiert de toute évidence la collaboration active des partenaires du marché du travail. Si les employeurs leur ferment les portes, ces personnes n'accéderont pas à un emploi. De même, les organisations syndicales doivent faire preuve d'ouverture et accepter de faire place dans les milieux de travail à des prestataires qui effectuent des stages ou participent à des activités d'initiation à l'emploi. Il n'apparaît pas opportun de confier à la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre la responsabilité des programmes dits de développement de l'employabilité. La sécurité du revenu étant une aide de dernier recours, le gouvernement peut difficilement déléguer cette responsabilité. Il apparaît dès lors peu opportun de confier à une société gérée par les partenaires du marché du travail la responsabilité de programmes sociaux. Le gouvernement choisit plutôt de contracter avec la Société afin que les services de main-d'oeuvre soient accessibles aux prestataires de la sécurité du revenu. Le gouvernement entend donc: rendre les programmes de main-d'oeuvre largement accessibles à cette clientèle; maintenir, dans le réseau Travail-Québec, les activités de conception et de gestion des mesures favorisant l'intégration en emploi des prestataires de la sécurité du revenu; mandater la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre pour offrir, après une entente de financement avec le gouvernement, les services de main-d'oeuvre aux prestataires de la sécurité du revenu; faire appel à la collaboration des employeurs et des syndicats pour l'intégration en emploi des prestataires de la sécurité du revenu. 3.4 Pour un meilleur arrimage de la formation et du marché du travail. 3.4.1 Un effort concerté de revalorisation de l'enseignement professionnel, de décloisonnement des institutions et d'assouplissement des pratiques d'enseignement et de formation des adultes. La formation des jeunes. Le système scolaire québécois réussit bien, somme toute, à former les diplômés universitaires, même si l'on peut déplorer un manque d'intérêt des étudiants - et de façon plus aiguë encore, des étudiantes - pour les disciplines scientifiques et de génie et pour les études de deuxième et de troisième cycle. Ces difficultés résultent davantage d'un problème de société que des lacunes inhérentes au système scolaire. C'est vraiment dans le secteur de l'enseignement professionnel de niveau secondaire et collégial que le déséquilibre le plus inquiétant se creuse entre les attentes et besoins du monde du travail et la quantité de diplômés formés. Nous nous comportons comme une société qui se préparerait à se passer d'ouvriers et de techniciens et qui, de ce fait, met presque tous ses oeufs dans le panier de la formation générale. Or, même avec les rêves les plus audacieux de la cybernétique, nos sociétés fonctionneront longtemps encore grâce à la dextérité de milliers de travailleurs manuels et à l'expertise des techniciens. Nous avons un peu perdu le sens de la mesure, de l'équilibre. Le phénomène du décrochage contribue d'ailleurs énormément à ce déséquilibre, à moins qu'il ne soit justement la conséquence de l'emphase mise sur la formation générale. Pour renverser ces tendances, il faut changer la perception sociale à l'égard des métiers et des techniques. Le ministère de l'Éducation s'est attaqué à cette tâche. Le secteur privé doit appuyer concrètement ces efforts. Le Forum pour l'emploi vient d'ailleurs d'adopter la Charte de la formation professionnelle qui a notamment pour objectif de valoriser cette formation au plan social et économique. Il faut que dans les prochains mois et les prochaines années, les employeurs, les syndicats et les associations sectorielles joignent leurs efforts à ceux du gouvernement pour faire connaître aux filles et aux garçons la diversité des fonctions professionnelles, le rôle économique des métiers et des techniques, les conditions de travail de ces corps d'emploi et les possibilités de promotion et d'avancement. Une sensibilisation particulière des conseillers en orientation scolaire et professionnelle sera menée à ce sujet dans l'ensemble des réseaux publics d'enseignement. Tout en reconnaissant l'indéniable valeur d'un diplôme de formation professionnelle et sa fonction première d'intégrer le marché du travail, les milieux scolaires doivent faire connaître davantage aux parents et aux étudiants les possibilités qui s'offrent aux finissants du secteur professionnel de s'engager dans les études supérieures. Le ministère de l'Éducation et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science doivent d'ailleurs poursuivre les efforts qu'ils ont consentis ces dernières années pour aménager des passerelles entre les niveaux de formation. Il ne s'agit pas de minimiser les difficultés inhérentes à cette mobilité. On comprend que le passage à un niveau supérieur de formation professionnelle, parce que la complexité et le degré d'abstraction s'accroissent, requiert une formation de base plus solide dans certaines matières. De toute évidence, on n'entreprend pas des études de génie mécanique avec les mathématiques de la 3e année du secondaire. Il faut tenir pour acquis que l'on n'oblige pas pour autant l'étudiant du secteur professionnel à refaire tout un cycle de formation générale pour accéder à des études supérieures. Le secteur de l'enseignement et les milieux de travail sont appelés, dans cet effort de valorisation de la formation professionnelle, à travailler plus étroitement ensemble au développement des stages pour les étudiants de l'enseignement professionnel de niveau secondaire et collégial. Il est pressant de créer des liens plus tangibles entre la formation et le marché du travail, ce qui augmentera l'attrait et l'efficacité de ce type d'enseignement. Cette collaboration doit également porter sur la définition des fonctions de travail et l'adaptation des programmes de formation à l'évolution changeante des fonctions de travail. De façon générale, les entreprises n'ont pas l'infrastructure requise pour accueillir des stagiaires. Les résistances au développement de la formation en alternance proviennent davantage des milieux de travail que des institutions d'enseignement. Il faut faire en sorte que des stagiaires ou des apprentis ne soient pas considérés comme une charge sociale par les employeurs et, par les syndicats, comme un réservoir de main-d'oeuvre bon marché ou de potentiels employés de substitution. La dynamique de concertation de la Société québécoise de développement de la maind'oeuvre devrait d'ailleurs favoriser la levée des obstacles qui ont empêché jusqu'ici le développement de l'alternance école-entreprise et des autres modes de participation des entreprises à des activités de formation. Il convient également d'étendre à d'autres secteurs d'activité les écoles de métiers spécialisées qui ont été implantées ou sont en voie d'implantation dans les secteurs de l'aérospatiale et de la construction. Ces écoles, gérées avec la participation des entreprises et des syndicats, seront plus ouvertes à des échanges entre le milieu scolaire et le marché du travail, que ce soit sous la forme de stages pour étudiants, de séjours pour perfectionnement des enseignants en entreprise, de prêts ou de dons d'équipements. Le secteur de l'enseignement professionnel devrait d'ailleurs bénéficier d'un mode d'organisation et de conventions collectives de travail adaptés à leur situation plutôt -que de devoir épouser des modes de fonctionnement conçus essentiellement pour la formation générale. Ces régimes rendent nettement plus difficiles l'offre de services de formation en dehors de l'école, l'organisation de stages et le perfectionnement des enseignants. Par exemple, un professeur de mécanique automobile qui acquiert l'équivalent d'une année scolaire de formation générale, même en dehors de son champ de spécialité, reçoit une rémunération supplémentaire, alors que s'il effectue un séjour pour perfectionnement d'une année dans la meilleure entreprise de la discipline, cette formation ne lui sera pas accréditée et n'aura pas d'incidence sur son traitement. Puisque les institutions d'enseignement ne peuvent acquérir les équipements au rythme de l'évolution technologique des entreprises, il serait pertinent que les entreprises soient incitées à louer ou à faire don d'équipements à des institutions scolaires ou à accueillir chez elles des étudiants et des professeurs. Tout cela s'inscrit dans les efforts de valorisation de la formation professionnelle. Le fonctionnement même de notre économie requiert que l'on recherche activement des moyens de faire en sorte que les jeunes qui ont le goût et les aptitudes pour les études techniques se sentent bien dans leur peau, qu'ils aient la fierté d'acquérir une formation professionnelle ou technique qui les prépare adéquatement à contribuer au développement économique du Québec. Il faut saluer les efforts du ministère de l'Éducation dans la lutte au décrochage scolaire. Le plan d'action ~