*{Discours du Trône 1984} Honorables membres du Sénat, membres de la Chambre des communes, c'est avec la plus grande joie et la plus grande fierté que j'ai l'honneur de vous accueillir cet après-midi en qualité de représentant canadien de Sa Majesté la Reine Élisabeth II à l'occasion de l'ouverture officielle de la première session de la trente-troisième législature du Canada. Cette année les Canadiens ont eu la joie d'accueillir Sa Majesté la Reine Élisabeth et le Prince Philip qui ont participé aux célébrations organisées au Nouveau-Brunswick et en Ontario pour souligner le bicentenaire de l'arrivée des Loyalistes au Canada. Nos hôtes royaux ont aussi visité plusieurs localités du Manitoba. La monarchie représente pour les Canadiens un lien précieux avec les siècles d'histoire et de traditions qui ont modelé notre démocratie parlementaire. La Couronne est un symbole de nos valeurs démocratiques et contribue de ce fait à la sauvegarde des droits et libertés sur lesquels repose notre régime politique. Chef du Commonwealth, la Reine personnifie les liens et les idéaux des peuples membres de cette grande communauté de nations. Sa vie, consacrée au service des autres, pourrait servir de modèle à tous ceux qui aspirent à servir autrui. Plus tôt cet automne, les Canadiens de toutes les régions du pays ont eu l'insigne privilège de recevoir Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II. L'accueil chaleureux réservé au Saint-Père a témoigné du respect et de l'estime que nous lui portons; il a mis en évidence l'esprit de fraternité et de générosité qui anime notre société où se côtoient des gens de races et de croyances diverses. La visite du Pape a rappelé aux Canadiens que la promotion de la justice et de la paix a encore sa place chez nous et que nous devons aussi en faire notre vocation dans le monde. Pour son message pastoral et pour son témoignage moral et spirituel, le peuple canadien lui exprime sa profonde gratitude. Au cours des premiers mois qui ont suivi mon investiture, j'ai eu le grand avantage de visiter diverses régions de notre si beau pays. La chaleur et l'enthousiasme que mes compatriotes m'ont manifestés au Québec, au Nouveau-Brunswick et, tout récemment, dans ma province natale de la Saskatchewan, m'ont profondément émue; j'anticipe donc avec plaisir de compléter ma tournée des provinces et des territoires. Jour après jour, je prends de plus en plus conscience de la force de caractère, des immenses qualités et de la bonne volonté des Canadiennes et des Canadiens. Je découvre mieux ainsi combien notre nation est riche et privilégiée. C'est avec un intérêt et une fierté bien légitimes que les Canadiens ont suivi le voyage du premier astronaute canadien le commander Marc Garneau. Sa participation à un vol de la navette spatiale Challenger est la manifestation la plus récente et la plus impressionnante du rôle que joue notre pays dans l'entreprise de conquête de l'espace. Nous sommes ainsi heureux de pouvoir collaborer au programme spatial des États-Unis et de faire notre part dans la recherche des avantages immenses que l'exploration de l'espace peut apporter à l'humanité. En juillet tous les Canadiens ont applaudi aux brillantes performances de nos athlètes aux Jeux olympiques de Los Angeles. Mon gouvernement désire leur rendre hommage ainsi qu'aux entraîneurs et officiels, et souligner leurs remarquables efforts et leur dévouement à l'idéal olympique. Le haut degré d'excellence qu'ils ont atteint constitue à nos yeux à tous le plus bel exemple d'accomplissement national. Réconciliation et unité nationale. La législature que nous inaugurons aujourd'hui, doit marquer le début d'une ère de réconciliation nationale de renouveau économique et de justice sociale. C'est dans cet esprit que mes ministres entendent faire honneur au mandat que leur a confié la population du Canada. Certes, il n'y a pas de solutions toutes faites aux sérieux problèmes que connaît notre pays, mais les Canadiens témoignent d'une volonté évidente de repartir à neuf. Pour la première fois depuis fort longtemps, toutes les régions du pays sont représentées au sein du gouvernement national, et c'est là pour mes ministres une excellente occasion de réaliser un nouveau consensus national. Vous serez appelés a faire un examen critique des rapports du Parlement avec la population canadienne. Les députés seront invités à approuver la création d'un groupe de travail parlementaire sur la réforme de la Chambre des communes. Ses travaux seront axés sur la valorisation du rôle du député et dans cette perspective, il étudiera les pouvoirs, les pratiques, l'organisation et les ressources de la Chambre et présentera des recommandations. Le gouvernement du Canada constitue un énorme appareil qui touche les citoyens de multiples façons et il importe de veiller à ce qu'il demeure sensible aux besoins de chacun. Un comité de ministres, présidé par le vice premier ministre, a déjà amorcé un examen de l'ensemble des programmes gouvernementaux en vue de rationaliser et de simplifier le fonctionnement de l'État. Ainsi, l'administration deviendra plus facile à comprendre plus accessible et plus proche du citoyen. Le régime d'imposition sera révisé afin de le rendre plus simple et plus équitable, et de permettre aux représentants du peuple au Parlement d'exercer un plus grand contrôle sur sa gestion. Les droits des contribuables doivent être protégés; des mesures législatives seront donc proposées afin qu'aucun n'ait à payer des impôts qu'il conteste avant d'avoir été entendu par un arbitre impartial. L'un des objectifs prioritaires de mes ministres sera d'insuffler un nouvel élan au fédéralisme et de redonner aux Canadiens pleine confiance en l'efficacité de notre régime de gouvernement. La consultation et la collaboration doivent redevenir l'ordre normal des choses. Mes ministres se réunissent déjà régulièrement avec leurs homologues provinciaux afin d'éliminer les sources de friction et d'améliorer les services dans les secteurs dont la responsabilité incombe conjointement aux administrations fédérale et provinciales. Trois objectifs fondamentaux commanderont les relations de mon gouvernement avec les provinces à savoir: l'harmonisation des politiques des deux ordres de gouvernement, l'assurance du respect de leurs domaines de compétence respectifs et la cessation des doubles emplois inutiles et coûteux. L'unité nationale exige en outre que les deux ordres de gouvernement collaborent pour appuyer les minorités de langue officielle et promouvoir le caractère multiculturel de notre pays. Mon gouvernement s'est engagé à faire respecter l'égalité des deux langues officielles consacrée dans les textes législatifs; cette exigence est vitale pour notre originalité et notre identité nationales; il importe donc qu'on la consacre également dans les faits. Mes ministres reconnaissent la nécessité de réaliser des progrès constants et de manifester la vigilance requise dans ce domaine crucial de notre vie nationale. La réalité canadienne est une mosaïque d'identités régionales distinctes, longuement enracinées dans notre histoire, de cultures diverses et de forces économiques régionales, que cimente un profond sentiment d'attachement envers un seul et même Canada. Mes ministres sont détermines à réaliser un consensus national qui soit le reflet de cette réalité. Ce consensus est essentiel si nous voulons rompre l'isolement chronique des régions du Canada, relever les défis que présentent les disparités économiques et sociales, redonner à nos secteurs économiques traditionnels, comme l'agriculture, les forêts, les mines, les pêches et le tourisme, la vigueur qui les a toujours caractérisés et faire en sorte que nos réseaux de transports et de communications servent mieux les intérêts de la nation. Ce nouveau consensus national devra trouver son aboutissement dans la loi fondamentale de notre pays, car il est évident que l'entente constitutionnelle demeurera incomplète tant que le Québec n'y aura pas adhéré. Même si la principale obligation de mes ministres consistera d'abord à promouvoir un renouveau économique, ceux-ci s'emploieront à créer les conditions nécessaires à la réalisation de cet objectif primordial; il va de soi que cette tâche nécessitera la coopération de tous les partenaires de notre fédération. Leur généreux concours ne sera pas moins essentiel au respect des engagements pris envers les peuples autochtones tels qu'ils apparaissent dans la Loi constitutionnelle de 1982. Par égard pour ces peuples et pour l'ensemble des Canadiens, il ne faut pas décevoir les grandes attentes qu'a fait naître le rapatriement de notre Constitution. Réconciliation et réalisation d'un consensus économique. C'est dans notre vie économique que se font le plus sentir l'urgence et l'importance d'une réconciliation nationale. Notre incapacité de réaliser notre plein potentiel économique ces dernières années fait clairement ressortir la nécessité d'un effort national véritablement soutenu et concerté. Les premiers ministres se réuniront donc la semaine prochaine pour établir l'ordre du jour d'une conférence qu'ils tiendront sur l'économie. Mes ministres ont entrepris la tâche complexe, longue et laborieuse de bâtir un consensus économique. Ainsi, mon gouvernement annoncera sous peu la date d'un sommet économique national, qui réunira les principaux intervenants de notre économie. Ce sommet constituera non pas l'aboutissement, mais le commencement de ce processus. Il réunira des représentants des consommateurs, des femmes, des peuples autochtones, des milieux d'affaires, des syndicats et de l'administration publique. Leur objectif sera de créer au Canada un nouveau climat plus propice à la prise des décisions économiques. A cet égard, on ne peut douter un instant de l'importance ou de la légitimité du mouvement syndical au Canada, ou de l'opportunité de la participation active du patronat et des syndicats au processus de consultation qui mènera à l'établissement du nouveau plan d'action national. Le sommet économique sera un succès pourvu que les participants s'entendent sur certaines priorités économiques et sur le rôle respectif des principaux intervenants, et s'engagent à appliquer immédiatement certaines mesures dont ils auront convenu ensemble. Les prochains sommets pourront porter sur un examen approfondi de sujets comme l'accroissement de la productivité et les responsabilités respectives de l'industrie, des syndicats et des gouvernements dans les domaines de la technologie et de la formation de la main-d'oeuvre. Avec le temps, ces consultations créeront un sentiment de confiance mutuelle et de responsabilité commune à l'égard de l'économie; il sera alors possible de s'entendre sur des questions encore plus fondamentales comme: le partage du fardeau des ajustements économiques nécessaires et des avantages de la croissance de l'économie qui en résultera; les moyens de faire face, dans ses dimensions nationales et internationales, au défi que présente la protection de l'environnement; et en sus les moyens de concrétiser notre idéal de justice sociale par des programmes bien adaptés aux besoins de notre société. A défaut de parvenir à un tel consensus national, le Canada demeurera, bien des années encore, incapable de réaliser son potentiel économique. La recherche de ce consensus amènera les partenaires du secteur privé à se consulter sur les objectifs économiques et à travailler ensemble à leur réalisation. Dans un tel contexte, le gouvernement pourrait agir comme guide, comme médiateur ou catalyseur, selon les circonstances, sans trop intervenir dans les affaires du secteur privé, tout en veillant à l'intégrité de l'économie canadienne et au maintien des normes nationales. Renouveau économique. Une stratégie en trois volets. Le consensus que nous visons mettra du temps à se concrétiser mais, entre-temps, le gouvernement fédéral peut prendre certaines initiatives importantes pour contribuer à susciter un renouveau économique. La stratégie qu'ont conçue mes ministres comporte trois volets: rétablir la responsabilité financière, supprimer les obstacles à la croissance et favoriser les nouveaux investissements. Plus tard cette semaine, le ministre des Finances exposera l'état de l'économie et des finances publiques fédérales. Il dévoilera alors un plan destiné à réduire le déficit de façon juste, équilibrée et méthodique et à limiter la croissance de la dette publique. Il est incontestable que nous devons nous attaquer de toute urgence au déficit. Si nous le laissons poursuivre sa croissance incontrôlée, il finira par engloutir toutes les ressources financières encore disponibles, il nous empêchera de profiter au maximum des nouvelles possibilités, il exercera une pression accrue sur les taux d'intérêt et il paralysera les investissements et la croissance de notre économie. Par ailleurs, mon gouvernement s'emploiera à accroître l'efficacité et la souplesse de nos marchés financiers, à améliorer les perspectives d'emploi à l'aide de programmes de formation axés sur les besoins du marché et à stimuler les investissements dans la recherche et le développement de façon a accroître notre productivité. Vous aurez à examiner des propositions visant à améliorer les conditions du marché en modifiant la législation sur la concurrence ainsi que la réglementation de l'industrie des services financiers. Enfin, mon gouvernement vous invitera a examiner, pendant cette session, une série de propositions ayant pour objet de stimuler l'esprit d'entreprise et l'innovation, et de mieux récompenser le succès, particulièrement dans le secteur de la petite et moyenne entreprise. Des initiatives seront également prises afin de multiplier les investissements, tant canadiens qu'étrangers. Mon gouvernement est déterminé à redonner au Canada sa réputation de lieu propice aux affaires. Par cette stratégie en trois volets, mon gouvernement compte relancer l'économie afin de créer les emplois dont les Canadiens ont besoin et de mettre fin à une tragédie qui dure depuis trop longtemps, le chômage des jeunes. Le chômage constitue le problème le plus critique du Canada et le plus grand défi que la nation ait à relever. Il est donc urgent de stimuler les investissements créateurs d'emplois. Mes ministres prendront toutes les mesures possibles pour tenter de résoudre ces problèmes prioritaires. Toute stratégie efficace d'élargissement des perspectives d'emploi repose sur l'intensification de la formation et du recyclage des travailleurs. Au cours de la présente session, vous serez appelés à examiner une nouvelle stratégie d'emploi fondée sur l'optimisation des ressources et sur le recours au secteur privé. Cette stratégie viendra au terme de consultations intensives avec les provinces, les syndicats et les milieux d'affaires. Justice sociale. En matière de justice sociale, mon gouvernement veut qu'il soit constamment tenu compte de l'évolution des besoins des divers segments de notre population. A cet égard, le rôle des femmes dans toutes les sphères de la société canadienne et l'égalité qu'elles revendiquent légitimement constituent certes le changement le plus important des dernières années. Comme les Canadiennes le savent, il y a un écart considérable entre le principe de l'égalité, qui est largement accepté, et son application dans les faits. Il est donc du devoir du Parlement et du gouvernement de veiller à ce qu'on comble cet écart sans tarder. Il vous faudra pour cela user parfois de votre autorité et prêcher constamment par l'exemple. La véritable parité entre hommes et femmes passe par l'égalité économique. Le Parlement s'est engagé, dans les secteurs de compétence fédérale, à faire respecter le principe du salaire égal pour un travail d'égale valeur. Mon gouvernement convient qu'il s'agit là d'un préalable essentiel à l'accession des femmes à l'égalité économique. Mes ministres feront appel à des femmes et à des hommes des secteurs privé et public pour mieux définir et appliquer ce principe. En outre, mon gouvernement intensifiera les efforts déjà entrepris pour accroître les perspectives d'emploi des femmes dans l'administration fédérale et ses organismes, ses conseils, ses offices et ses sociétés. Vous serez par ailleurs invités à vous pencher sur d'importantes initiatives législatives, dont l'abrogation des dispositions discriminatoires de la Loi sur les Indiens, certaines modifications de la Loi sur le divorce, ainsi que des mesures destinées à contrôler la pornographie et la diffusion d'émissions axées sur l'exploitation sexuelle. D'ici peu, mes ministres entreprendront avec leurs homologues provinciaux des discussions visant à établir, à l'échelle nationale, un système qui permette de contrôler l'exécution des ordonnances de pension alimentaire. De concert avec les provinces, mon gouvernement prendra aussi des mesures destinées à accroître l'aide aux victimes de violence en milieu familial. Mon gouvernement attache une grande importance à l'application de mesures d'aide destinées à renforcer la cellule familiale, pierre angulaire de notre société. Au cours des dernières années, la nécessité d'assurer des services de garde d'enfants accessibles et abordables s'est hissée au premier plan des préoccupations sociales. Dans un effort pour dégager un consensus national sur les possibilités qui s'offrent dans ce domaine, vous serez appelés à établir un groupe de travail parlementaire chargé d'examiner l'ensemble de la question. Les Canadiens apprécient le vaste système de sécurité sociale que les gouvernements fédéral et provinciaux ont mis sur pied au cours des ans. Toutefois, le caractère et les besoins changeants de notre société font que de nombreux aspects de ce système doivent être renforcés. Il est temps de reconnaître la responsabilité qui nous incombe à tous de donner à ceux de nos concitoyens qui souffrent d'une incapacité physique ou mentale l'occasion pleine et entière de contribuer activement à la vie nationale. Mon gouvernement engagera avec les provinces des discussions portant sur la révision complète du régime canadien des pensions, notamment en ce qui concerne la transférabilité, la dévolution, les prestations au conjoint survivant et la participation des femmes, et une attention particulière sera accordée à l'étude de mesures qui pourraient inciter les Canadiens à épargner en prévision de leur retraite. Les provinces seront également consultées sur la meilleure façon d'accroître la contribution fédérale à l'amélioration des systèmes communautaires de soins de santé. Au cours de la session qui s'ouvre aujourd'hui, vous aurez à vous prononcer sur une mesure législative visant à accorder l'allocation de conjoint, fixée en fonction du revenu, aux veufs et aux veuves de 60 a 64 ans, indépendamment de l'âge de leur conjoint au moment de son décès. Mes ministres présenteront aussi des mesures destinées à améliorer la situation financière de nos anciens combattants. Pays riche en ressources humaines, le Canada doit beaucoup aux personnes qui se consacrent à la poursuite de l'excellence dans des domaines comme la culture, les arts et l'athlétisme. Dans ces secteurs et dans d'autres, mon gouvernement se fera un devoir d'encourager tous ceux qui, par leur exemple, inspirent aux Canadiens une volonté de dépassement. Justice et sécurité publique. Les Canadiens sont profondément troublés par la fréquence des actes criminels dans notre société, particulièrement des crimes commis avec violence. Pour une nation respectueuse de la loi, les actes de violence à l'endroit des personnes chargées d'assurer la protection des citoyens sont particulièrement répugnants. Les meurtres récents de plusieurs agents de police ont semé la consternation dans la population. Le Parlement compatit à la tristesse et à la douleur des familles et collègues de ces policiers morts en service. Le système correctionnel à fait l'objet de nombreuses études au cours des dernières années et il s'est fait beaucoup de réformes fructueuses dans ce domaine. Il est néanmoins évident qu'il reste de sérieuses lacunes à combler et mon gouvernement accepte la responsabilité qui lui incombe à cet égard. Vous serez donc appelés à examiner des mesures législatives visant à éliminer les problèmes et les abus qui subsistent dans le système correctionnel. Entre-temps, des mesures administratives pour mieux protéger le public et les agents de la paix sont en voie de préparation. Au cours de la session, le Parlement sera appelé à étudier des modifications au Code criminel qui permettront une action plus efficace à l'égard de l'établissement des peines et des problèmes que posent la conduite avec facultés affaiblies, le racolage et le crime électronique. D'autre part, mon gouvernement collaborera étroitement avec les provinces dans la domaines du droit de la famille, de la prévention du crime et de l'aide aux victimes d'actes criminels. A plus long terme, il s'attaquera avec elles à d'autres anomalies de notre système de droit pénal qui préoccupent grandement la population. Rayonnement international. L'histoire du Canada possède une riche tradition d'ouverture sur le monde. Les Canadiens ont pris part aux deux guerres mondiales de même qu'aux combats en Corée sous le drapeau des Nations Unies. Nos forces armées ont accompli des missions de paix dans des pays lointains. Nos hommes d'État ont joué un rôle de premier plan dans la fondation de l'OTAN et dans la laborieuse entreprise de limitation des armements. A des moments critiques de l'histoire du Commonwealth, notre pays a défendu avec succès la cause de l'égalité raciale, et il a contribué au développement international par l'entremise d'organismes publics et privés. Mon gouvernement se propose de renouer avec cette tradition de rayonnement international. Nos relations avec les États-Unis touchent pratiquement tous les aspects de notre vie nationale. Elles sont essentielles à notre sécurité et à notre prospérité, et elles sont l'expression des valeurs que partagent les citoyens de nos deux pays. Au delà de la myriade de questions à discuter et de différends à régler, au delà des centaines de contacts quotidiens entre nos deux économies et nos deux gouvernements, il y a cette grande confiance entre deux peuples. Mon gouvernement a pris l'initiative de rétablir un esprit de bonne volonté et un véritable partnership entre le Canada et les États-Unis, et il se réjouit de la réaction positive du gouvernement et du secteur privé américains. Il y a bien des domaines où les politiques et les intérêts nationaux des deux pays divergent ou s'opposent, mais il existe aussi de nombreuses possibilités encore inexploitées de collaboration fructueuse. Pour résoudre nos conflits et saisir ces possibilités, il fallait rétablir un climat de bonne volonté entre nos gouvernements respectifs. Le notre voit dans cette initiative la confirmation de notre force et de notre maturité nationales. Aussi vitales que soient nos relations avec les États-Unis, mes ministres sont déterminés à faire en sorte que le Canada joue à nouveau un rôle actif et constructif sur la scène mondiale. Les grands objectifs de mon gouvernement sont clairs: défendre la liberté et préserver la paix, écarter la menace d'un affrontement nucléaire, améliorer les échanges commerciaux et assainir l'économie mondiale. La réalisation de ces grands objectifs s'accomplit grâce à l'action concertée avec d'autres pays de toutes les régions du monde; qu'ils soient nos alliés, nos partenaires économiques, nos concurrents, nos amis ou nos adversaires, il est certainement possible de chercher et de trouver avec chacun d'eux un terrain d'entente qui permette de faire cause commune. Mon gouvernement a la ferme intention de veiller à ce qu'à nouveau le Canada assume pleinement les obligations qui lui incombent au sein du dispositif de défense de l'OTAN. C'est ainsi, et seulement ainsi, que nous pourrons obtenir d'être consultés et de participer pleinement à l'élaboration des politiques de cette alliance. Sous la dictée de la prudence et de la conscience de ses responsabilités, le Canada profitera de toutes les tribunes à sa disposition pour travailler sans relâche avec d'autres pays à enrayer la prolifération et à empêcher la mise au point et l'utilisation des armes nucléaires. Il nous faudra de la patience et de la persévérance car, dans cette entreprise, le moindre progrès vaut qu'on lui consacre les plus grands efforts. Dans le domaine économique autant que dans ceux de la défense, du développement et du désarmement, l'influence que peut exercer le Canada sur le cours des événements mondiaux dépend dans une large mesure de la vigueur des institutions internationales. Le Canada ne peut prospérer sans le commerce international. Il est évident que nos échanges commerciaux avec les États-Unis jouent un rôle prépondérant dans notre économie, et mon gouvernement a entrepris d'examiner avec notre voisin les façons d'améliorer nos relations commerciales mutuelles. Mais par sa situation géographique, le Canada occupe aussi une place privilégiée pour exploiter les nouveaux marchés de la Ceinture du Pacifique et traiter avec ses partenaires commerciaux traditionnels d'Europe occidentale. Mon gouvernement fera preuve d'initiative et d'imagination dans la recherche de nouveaux débouchés. Il est impératif pour le Canada, par ailleurs, que soient abolis les obstacles qui entravent les échanges commerciaux et les investissements à l'échelle mondiale. A cet égard, il est urgent de mener une attaque vigoureuse et concertée contre les barrières non tarifaires, toujours plus nombreuses et insidieuses. Conscient qu'aucun pays, pas même le Canada, n'est sans reproche sous ce rapport, mon gouvernement se déclare prêt à faire sa part, dans le cadre d'un effort multilatéral renouvelé, pour supprimer ces obstacles. Au chapitre de l'aide publique au développement, le dossier du Canada est; dans l'ensemble, positif. Mon gouvernement reconnaît qu'il existe un besoin constant de programmes de ce genre, par exemple, pour appuyer le travail humanitaire efficace et hautement valable que nos organisations bénévoles et indépendantes accomplissent à l'échelle internationale. Mais il est frappant de constater combien les pays en développement ont souffert, combien le fardeau de leur dette a augmenté et combien leur activité économique a été ralentie à cause de la récession mondiale, de l'instabilité des marchés et des barrières commerciales. Une lutte vigoureuse et tenace contre ces problèmes accélérera le développement économique et le progrès social dans un grand nombre de ces pays, soulageant par le fait même une misère humaine que rien ne saurait justifier. Au cours de la présente session, on vous demandera d'étudier ces questions et de considérer les autres engagements et responsabilités du Canada dans le monde. Un comité spécial du Parlement procédera à un examen complet des composantes majeures et des principaux objectifs de nos relations internationales. Mon gouvernement a la conviction qu'il est urgent de redéfinir le rôle des Forces armées canadiennes, car le contexte stratégique dans lequel nous assurons notre défense et participons à celle de nos alliés a énormément changé depuis le dernier examen approfondi de la question au début des années 70. Mes ministres ont entrepris une étude complète du dossier en vue de clarifier le mandat de nos forces armées et de leur donner les ressources nécessaires pour s'en acquitter. Une ère nouvelle. Cette nouvelle législature nous offre une occasion peut-être unique dans notre histoire de surmonter les différends qui ont pu nous diviser par le passé, et d'éliminer l'esprit de confrontation de la conduite des affaires nationales. Mon gouvernement entend redonner aux Canadiens le sentiment que le Parlement est vraiment la voix des citoyens, que le gouvernement est là pour les servir, que le fédéralisme est le meilleur moyen d'harmoniser et de préserver la magnifique diversité de notre pays. Plus que tout, mon gouvernement associera pleinement les citoyens à sa recherche des nouvelles voies dans lesquelles il doit s'engager afin de s'acquitter de ses responsabilités nationales; qu'il s'agisse du consensus en matière d'économie, de la tolérance dans notre vie domestique ou du dévouement à la cause de la paix et de la justice sociale, chez nous et dans le reste du monde.