*{ Discours d'Ouverture de l'Assemblée nationale du Québec. Discours inaugural: 8 mars 1988 } Monsieur le Président, on comprendra que je veuille, en tout premier lieu, souligner cette Journée internationale de la femme et réitérer à quel point cette Assemblée constitue un lieu privilégié pour ce faire, puisqu'elle compte présentement le plus grand nombre de femmes parlementaires de son histoire. Je suis particulièrement heureux, monsieur le Président, que les députés des deux cotés de cette Chambre aient accepté de tenir aujourd'hui un débat sur une importante question d'avenir. En effet, ce long, patient et ardu combat des femmes est au cours de l'évolution de notre société puisque l'égalité qu'elles revendiquent à juste titre en est la pierre d'assise. Je tiens également à faire remarquer que notre gouvernement a, depuis le début de son mandat, nommé plusieurs femmes au sein de postes décisionnels des secteurs public et parapublic et qu'il entend continuer dans cette voie tout comme il entend respecter les engagements qu'il a pris pour faire de l'égalité des femmes et des hommes une réalité durable. Je sais, monsieur le Président, qu'il reste encore beaucoup à faire et que les interventions gouvernementales ne pourront à elles seules tout régler, mais nous avons la ferme intention de poursuivre avec détermination la réalisation de cet objectif d'égalité. A la suite de l'énoncé par le lieutenant-gouverneur des intentions législatives, je voudrais, cet après-midi, traiter particulièrement de quelques priorités liées à l'avenir du Québec, notamment pour ce qui a trait à sa stabilité politique, à son progrès économique, en regard notamment du traité de libre-échange, à la question de l'énergie, où j'aurai une annonce très importante à faire, et à son développement socioculturel. Bref, où allons-nous? Où allons-nous comme société, à la lumière des défis qui confrontent nos sociétés contemporaines? En traitant de stabilité politique pour le Québec, comme pour le Canada, on ne peut que souligner l'importance de ratifier l'accord du lac Meech. Lors du référendum de 1980, le Québec a signifié au reste du Canada ce qu'il attendait de ses partenaires, c'est-à-dire participer à un Canada renouvelé. Depuis des décennies, on entendait partout au Canada anglais: What does Québec want? Eh bien, nous, une fois au pouvoir, en respectant notre programme pour lequel nous avions été élus, Maîtriser l'avenir, nous avons fait des propositions constitutionnelles qui représentaient les demandes du Québec. On doit constater que ces propositions, comme on le sait, ont été acceptées par tous les partenaires de la Confédération. On doit aussi noter, en premier lieu, que neuf mois se sont écoulés depuis cet accord constitutionnel sans qu'aucune erreur n'ait été relevée. On sait que, de tous ceux qui ont témoigné à différentes commissions parlementaires que ce soit à Ottawa ou dans d'autres provinces, plusieurs ont signalé jusqu'à quel point cette entente était une grande réussite pour l'unité canadienne. Elle n'est pas parfaite, évidemment, mais après 25 années d'affrontements, de négociations et de discussions, elle représente un progrès indéniable pour la stabilité politique de notre pays. L'accord comporte, de plus, un gain net pour l'ensemble des partenaires canadiens. Il garantit notamment une meilleure concertation entre Ottawa et les provinces, tout en civilisant les rapports internes au sein de la Fédération canadienne. C'est clair qu'une réouverture de l'accord ne garantit d'aucune façon que les acquis actuels seraient intouchés. On sait que, jusqu'à la ratification de cet accord, toute réforme constitutionnelle est bloquée au Canada. Il est impensable politiquement qu'on puisse entreprendre de réformer, de modifier la constitution du pays sans que le Québec puisse être un partenaire. Tout ce qu'on peut souhaiter, c'est cette adoption de l'accord du lac Meech par tous les partenaires. Et plus vite l'accord sers adopté, plus il sera possible d'entreprendre cette deuxième ronde de négociations. La ratification de l'accord permettra au pays de débloquer cette impasse constitutionnelle découlant de l'exclusion politique du Québec et de reprendre la vie normale. Le Canada a déjà attendu cinq ans et il est clair, il est évident que si nous ne faisons pas cette ratification, nous aurons une nouvelle impasse avec très très peu de chance de pouvoir la dénouer au cours des prochaines années. Le renforcement de la fédération, c'est l'objectif qui nous unit et nous devons tous ensemble nous assurer de l'atteindre. En mettant en relief l'importance de la stabilité politique, nous voulons aussi favoriser, puisque les deux sont intimement liés, le progrès économique du Québec. On connaît le bilan: Le taux de croissance des nouveaux emplois pour le Québec - pour donner simplement quelques chiffres très rapidement - a été de 3,5 % en 1987, dépassant nettement celui du Canada, 2,8 %, et également celui de l'Ontario qui était de 3,3 %. Depuis deux ans, les objectifs du gouvernement en matière de création d'emplois ont non seulement été atteints mais dépassés. Nous avons présentement une situation encourageante pour l'avenir. La création d'emploi pour 1988 a très bien commencé, avec une création de 122 000 emplois de janvier 1987 à janvier 1988. Nous pouvons également espérer une stabilisation du taux de l'inflation, notamment avec un taux de change plus favorable au dollar canadien. Nous avons déjà fait des propositions pour qu'on puisse stabiliser le taux de change à un niveau de 0,80 $ ou inférieur à 0,80 $ parce que, déjà, cela constitue, par rapport à une quinzaine de mois, une augmentation de 10 % et comme l'ensemble des Canadiens et des Québécois consomment 25 % de biens qui viennent de l'extérieur, ceci contribuera substantiellement à stabiliser le taux de l'inflation. Également, la baisse internationale du prix du pétrole favorisera une réduction de la hausse des prix. Il y a aussi cette attitude très responsable de l'ensemble des travailleurs du Canada et du Québec pour ce qui à trait à l'augmentation des niveaux de salaires. Donc, si nous voulons examiner l'avenir économique au cours des prochaines années, on doit constater et conclure que nous nous orientons vers une activité économique fort acceptable et des taux d'intérêt qui seront très probablement stables et qui pourraient même baisser. Il y a aussi lieu de constater que l'économie américaine maintient un dynamisme qui est encourageant pour l'économe canadienne et l'économie québécoise, étant donné que nous exportons, comme vous le savez, 20 % de la production québécoise aux États-Unis. Il y a aussi le développement de tous ces marchés européens et asiatiques. Si le taux de change du dollar canadien est favorable par rapport au dollar américain, s'est accru, par ailleurs, vis-à-vis des autres continents, les autres marchés qui existent, nous avons un avantage pour exporter et nous pourrons le développer. Nous pourrons tenir compte également, dans nos politiques économiques, du marché économique européen qui devrait commencer en 1992. Dans ce secteur de l'économie et des finances, si nous examinons le secteur des finances publiques, nous voyons là aussi des résultats très concrets qui nous permettent de garder les impôts à un niveau acceptable ou même de les réduire. L'objectif du gouvernement, on le sait, on l'a répété, est de réduire le poids du service de la dette. Nous avons là aussi, comme dans le domaine des emplois, des résultats très intéressants. Par exemple, pour l'année 1987-1988, nous avons des excédents budgétaires de 450 000 000 $ et ceci nous permet sûrement de préparer la prochaine année financière avec un déficit qui sera inférieur à 2 000 000 0000 $. Monsieur le Président, si nous menons tellement l'accent sur cette réduction du déficit et du service de la dette, c'est qu'elle nous permet d'établir des réductions d'impôt durables et, en même temps, de favoriser la croissance économique. Si nous avons des réductions d'impôt, nous avons une plus grande croissance économique. Nous voulons comme gouvernement - et après deux ans, je crois qu'on peut être fiers de nos résultats - briser ce cercle infernal d'une augmentation de la dette qui force à une augmentation des impôts et, par la suite, à une nouvelle augmentation de la dette. Je crois qu'on peut dire que, comme gouvernement, nous avons maintenant réussi à briser ce cercle vicieux touchant les dettes, les impôts et l'augmentation du service de la dette. Il y a évidemment aussi, comme autre facteur de croissance économique, toute cette promotion des investissements étrangers où le gouvernement s'est révélé très actif. Un élément vital pour l'avenir économique du Québec à trait, comme vous le savez, au traité de libre-échange qui est un point tournant dans l'histoire économique du Québec et du Canada. Si l'accord du lac Meech est fondamentalement pour la stabilité politique du Canada et du Québec, le traité de libre-échange est, lui aussi, vital pour notre avenir économique. Le but de ce traité, comme vous le savez, est de maintenir et d'améliorer l'accès du Québec au marché américain, marché très important pour nos exportations. Le Québec, on le sait, a négocié avec beaucoup de vigilance. Plusieurs conditions et propositions ont été faites. Conditions de l'appui du Québec: respect intégral de ses compétences législatives, respect intégral de ses lois, programmes et politiques dans les domaines de la politique sociale, des communications, de la langue et de la culture, maintien de la marge de manoeuvre nécessaire pour atteindre les objectifs de modernisation et de développement de son économie dans toutes les régions - on sait que nous pourrons continuer, en vertu de cette entente du libre-échange, de développer, de pratiquer et d'accroître nos politiques de développement régional - obtention de périodes de transition et mise sur pied de programmes d'assistance pour les entreprises et les travailleurs dans les secteurs les moins concurrentiels, mise en place d'un mécanisme de règlement des différends auquel seront associées le provinces, maintien d'un statut spécial pour l'agriculture et les pêcheries. L'accord comporte suffisamment de gains importants pour le Québec et le Canada dans son ensemble pour mériter l'appui du gouvernement du Québec. A cet égard, le gouvernement avait aussi obtenu le respect d'exigences spécifiques au cours des négociations, comme l'inclusion de l'article 15 des accords du GATT pour donner une plus grande protection aux agriculteurs. Le système de soutien aux agriculteurs, notamment les agences de gestion et de l'offre et les plans de stabilisation, est donc maintenu. Le Québec, bref, a donné son accord à cette entente de libre-échange afin de rendre son économie plus moderne, plus efficace et plus productive et, avec cet accord, le Québec peut être plus confiant vis-à-vis de son avenir économique en raison de plusieurs facteurs. Il peut faire confiance à cette concurrence accrue pour lui parce qu'il a des richesses naturelles abondantes, parce qu'il a un développement de l'innovation technologique particulièrement rapide depuis quelques années. Il y a le dynamisme, reconnu partout maintenant aux plans national et international, des gestionnaires québécois. Il y a aussi cette qualité exceptionnelle de notre main-d'oeuvre. D'ailleurs, le Québec a déjà l'habitude de la concurrence internationale qui lui a permis de trouver de nouveaux marchés. Il y a aussi le rôle de l'État québécois qui lui permet de développer plusieurs instruments permettant d'accorder à ceux qu'il a actuellement un soutien stratégique, comme dans le cas de la Caisse de dépôt, de la Société de développement industriel et de la Société générale de financement. Des programmes multiples seront offerts aux entreprises pour leur permettre de faire face à la concurrence internationale. Monsieur le Président, je n'ai pas l'intention de répondre très longuement aux critiques apportées au traité de libre-échange. La principale qui a été faite, c'est que le traité comme tel constitue une menace à l'indépendance canadienne. On peut facilement répondre à cette critique en disant que tous les pays industriels, les 22 ou 23 pays industriels de l'OCDE, sauf exception - comme dans le cas du Japon pour des raisons géographiques - font partie de zones de libre-échange ou, encore, de marché commun. Dans ces regroupements de nations ou de pays, que ce soit en Europe ou dans d'autres continents, on a pu avoir des programmes sociaux tout à fait différents. Les pays comparables au Canada, les pays industriels qui se comparent au Canada et au Québec, tous ces pays, quelles que soient leurs modalités d'entente pour la zone de libre-échange ou de marché commun, ont pu conserver l'originalité de leurs programmes sociaux. Un autre aspect a été soulevé dans le cas de cet accord du libre-échange alors qu'on a dit que cet accord pouvait être une substitution à l'association économique que nous avons présentement avec le reste du Canada. Je ne crois pas qu'on puisse comparer d'aucune manière la zone de libre-échange ou le traité de libre-échange que nous avons actuellement avec les États-Unis et l'association économique que nous avons avec le reste du Canada. Dans le cas de la zone de libre-échange, nous n'avons qu'une première étape de l'intégration économique alors que dans le cas de l'union économique que nous avons avec le reste du Canada nous avons non seulement une union douanière mais un marché commun, une union fiscale, une union monétaire. Vouloir comparer cette association économique avec le reste du Canada et l'association ou le traité de libre-échange avec les États-Unis, c'est d'une certaine façon comparer deux types d'association qui ne sont d'aucune façon comparables et qui ne peuvent pas se substituer l'une à l'autre. Monsieur le Président, dans cette entente sur le libre-échange il n'y a pas de doute qu'il y a un secteur qui est à l'avantage du Québec, celui de l'énergie. Sur cette question de l'énergie qui profite tellement au développement économique du Québec, il faut admettre que le libre-échange est particulièrement positif. Plusieurs facteurs expliquent pourquoi il est avantageux pour nous d'avoir cette entente dans le secteur de l'énergie. Nous avons d'abord, pour les exportations d'énergie, un marché en pleine expansion alors que dans le cas du pétrole, il y a 50 % du pétrole qui est exporté aux États-Unis ou ailleurs; dans le cas du gaz naturel, 25 %; dans le cas de l'électricité, il n'y a que 8 % de notre production qui est exportée. Il y a aussi le fait que l'énergie hydroélectrique qui est la caractéristique du Québec sur le plan de l'énergie, est une énergie propre, accessible et un élément clé de la croissance économique. Il y a également comme facteur favorable aux exportations d'énergie le fait que nous avons des surplus considérables qui se développent, plusieurs dizaines de milliers de mégawatts qui ne sont pas utilisés encore au Québec et qui constituent, étant donné que ces ressources sont renouvelables, une richesse qui ne profite pas à l'ensemble des Québécois. Si nous confrontons ces surplus énormes avec les besoins qui se développent chez nos voisins de l'Ouest ou du Sud, nous avons là un facteur très favorable pour nos exportations. Il y a aussi le fait que dans le cas du développement hydroélectrique, il y a un impact pour l'emploi qui est très favorable. Alors que dans le cas du gaz, du pétrole, des centrales nucléaires, les retombées se situent entre 20 %, 50 % ou 60 %, dans le cas de l'hydroélectrique, on parle de 80 % des retombées qui se font sur le territoire québécois. Il y a aussi, dans le développement de ces centrales hydroélectriques, un impact sur les finances publiques puisqu'il est bien connu, bien admis que dans toutes les dépenses qui sont faites pour ces constructions, il y a 20 % de l'ensemble des dépenses qui se trouvent à revenir au trésor public sous forme d'impôts directs ou indirects. Il y a aussi les profits qu'ils peuvent comporter pour les sociétés d'État comme Hydro-Québec. On annonçait, comme on le sait, un contrat il y a quelques semaines avec l'État de New York. Le président d'Hydro-Québec mentionnait que, dans ce cas, le coût chargé au client new-yorkais était de deux à trois fois plus élevé que le coût qui serait imposé aux entreprises québécoises. Il y a là un potentiel de profits considérables. Ces développements hydroélectriques favorisent aussi le marché international pour les entreprises québécoises. On sait qu'à la suite des développements de la baie James, des entreprises québécoises, des entreprises montréalaises, ont pu trouver des marchés que ce soit en Chine, que ce soit en Afrique ou dans le Sud-Est de l'Asie. Il y a un potentiel pour les entreprises québécoises qui s'est développé avec la construction de ces barrages. monsieur le Président, l'idée force qui supporte tous ces avantages: comment se fait-il que nous, nous puissions profiter tellement de cette richesse hydroélectrique en exportant des surplus dont nous n'avons pas besoin? Cette idée force repose tout simplement sur le concept du devancement du développement de ressources renouvelables. Donc, comme nous devançons, il n'est pas question de construire des barrages pour des fins uniquement extérieures, nous ne faisons qu'avancer la construction qui, de toute manière, serait nécessaire pour faire face aux besoins internes et comme il s'agit de richesses renouvelables, éternellement renouvelables, plus nous retardons ce devancement, plus nous gaspillons une richesse collective qui pourrait tellement aider à satisfaire des besoins du Québec. C'est une idée, monsieur le Président, que le défends avec acharnement depuis plusieurs années. Le fait de pouvoir permettre à cette richesse du Québec de profiter à la collectivité québécoise était pour moi une forme concrète de patriotisme. J'ai eu l'occasion, dans plusieurs volumes, d'expliciter les avantages de cette question. J'ai toujours souhaité le moment où on pourrait relancer ces travaux, notamment en profitant des marchés d'exportation. Eh bien, monsieur le Président, ce moment est arrivé et c'est avec beaucoup de fierté et avec une profonde joie que j'annonce à l'Assemblée nationale le début des travaux de la phase 2 avec un développement très important de 7 500 000 000 $ et quelque 40 000 nouveaux emplois ou personnes-années. On comprendra, monsieur le Président, que faire cette annonce, pour moi, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, constitue l'un des meilleurs moments de ma carrière politique. Si nous examinons quelques secondes les raisons qui peuvent me permettre de faire cette annonce aujourd'hui, elles sont évidemment liées aux contrats que nous avons signés pour quelques 2500 mégawatts, depuis un an. Et comme nous entreprenons la construction de trois centrales, c'est-à-dire LG 1, Laforge et Brisay, pour une puissance de quelque 2500 mégawatts, on comprend facilement, avec des exportations qui nous donnent 40 000 000 000 $, le lien qui existe avec ces contrats ou ces ententes qui seront ratifiés, vraisemblablement, dans deux cas, d'ici à quelques mois, et ces nouvelles constructions. On sait que ces contrats vont rapporter des revenus jusqu'en l'an 2029, donc au cours des 30 prochaines années. Il y en aura d'autres qui suivront, monsieur le Président. Puisque ces contrats vont produire des revenus pour les 30 prochaines années, j'ai déjà dit que ce sont essentiellement et surtout les jeunes d'aujourd'hui qui pourront profiter de cette augmentation de la richesse collective. A la construction de ces trois centrales s'ajoutera une construction de ligne de transport, en plus de l'impact dans plusieurs régions. Par exemple, les fabricants de turbines dans les régions du Québec pourront profiter de ces développements hydroélectriques. On peut ajouter, à la lumière de ce qui est déjà connu, qu'il y a d'autres négociations en cours qui paraissent très prometteuses et nous espérons vivement pouvoir faire des annonces similaires au cours des prochains mois ou des prochaines années. Il n'y a pas de doute que cette annonce que je viens de communiquer à l'Assemblée nationale et à l'ensemble de la population est une raison de plus pour nous donner confiance dans l'avenir économique du Québec. Également, tout cela se fera en pleine conformité avec les exigences gouvernementales en matière de protection de l'environnement. C'est logique, puisque la qualité de l'environnement, je l'ai mentionné depuis plusieurs semaines, est devenue une grande priorité du gouvernement. Dans cette question de l'environnement, on a aussi un impact économique indéniable. Dans cette question, le gouvernement privilégie une approche intégrée. Ainsi, concernant l'assainissement des eaux, nous pourrons coordonner les trois volets: urbain, agricole et industriel. Du côté urbain, nous investirons encore 3 500 000 000 $ d'ici à dix ans, pour un programme total de 6 000 000 000 $. Du côté agricole, nous investirons près de 400 000 000 $ d'ici à dix ans, 148 000 000 $ de la part des agriculteurs et 8 000 emplois seront générés dans toutes les réglons. Du côté industriel, nous comptons bientôt adopter une nouvelle politique d'assainissement industriel, ce qu'on appelle l'approche intégrée eau-air-sol, une première en Amérique du Nord, qui sera mise en place dès cette année. Ainsi, d'ici à dix ans, nous voulons redonner à la population l'usage de nos cours d'eau, notamment le fleuve Saint-Laurent, améliorer et garantir la qualité de nos sources d'approvisionnement en eau potable. Il y a aussi, dans ce secteur de l'environnement, du développement de l'environnement, un autre secteur d'importance: la récupération par le recyclage. Ainsi, la récupération du papier conserve la ressource forestière. Deux multinationales considèrent maintenant l'implantation d'une usine de recyclage de papier où elles vont investir des sommes importantes. De dus, le programme éducatif que nous avons lancé dans les écoles en 1986, en coopération avec plusieurs intervenants, pour sensibiliser les jeunes au recyclage, impliquera, l'an prochain, 75 000 étudiants au Québec. La qualité de vie est évidemment inséparable, dans cette question d'environnement ou de développement économique, de développement social et des soins de la santé, comme nous l'avons entendu il y a quelques instants. Des efforts énormes ont été faits et se poursuivront. En regard de l'avenir du Québec pour son progrès culturel, ceci demeure un objectif fondamental que nous voulons pleinement assumer, que ce soit avec des politiques d'immigration dont nous avons déjà parlé, que ce soit dans la question de la langue, de la protection de la langue; on connaît les trois facteurs qui vont guider le gouvernement dans sa politique définitive, c'est-à-dire l'avenir de la collectivité francophone, le respect des libertés individuelles et la paix sociale. Je me permettrai, monsieur le Président, de noter au passage une déclaration d'une personne très respectable de cette Chambre, dont Son Excellence le lieutenant-gouverneur a fait l'éloge il y a quelques instants, et qui mentionnait la loi de la Californie pour ce qui a trait à l'affichage unilingue. Je lui demanderais ou je souhaiterais, de toute manière, qu'il y ait une personne charitable au sein de l'Opposition qui puisse mieux informer le chef de l'Opposition puisqu'il n'y a pas de telles restrictions dans la loi de la Californie, ni dans celle de la Suisse, ni dans celle de la Belgique. Mais nous aurons sûrement l'occasion de discuter de cette question avec l'Opposition. Je terminerai, monsieur le Président, par quelques mots sur un problème qui remet en cause directement l'avenir du Québec francophone, c'est-à-dire la démographie. L'État a sûrement sa responsabilité dans cette question. On sait que, durant des siècles, c'est le dynamisme familial qui nous a permis d'avoir une place dans l'histoire des peuples et si nous voulons regarder l'avenir avec confiance, nous devons retrouver ce dynamisme familial. Nous avons connu une diminution radicale des naissances au cours des trente dernières années. On connaît l'évolution du taux de fécondité: 3,9 % en 1956 et 1,4 % en 1983. Or, des moyens existent pour diminuer ce déficit démographique: une politique d'immigration dont on a parlé et une politique familiale. Depuis deux ans, le gouvernement a fait des dons en ce sens dont, entre autres, l'amélioration des services de garde à l'enfance, ajustement au régime d'imposition des familles à faible revenu, aucun impôt à payer pour les familles de deux enfants et plus gagnant moins de 21 000 $, adoption récente de l'énoncé des orientations et de la dynamique administrative pour une politique familiale, dépôt du projet de loi 94 sur la création d'un conseil de la famille. Il y a aussi des mesures qui doivent être prises: aide financière aux familles, consolidation et augmentation de cette aide financière par le biais de divers programmes. Lors du prochain budget, il y aura des mesures concrètes et importantes pour ce soutien à la famille: rendre plus compatibles les conditions de travail et les responsabilités parentales, après consultation du monde patronal; revoir la Loi sur les normes du travail en ce qui a trait notamment au congé parental non rémunéré avec garantie d'emploi; aménager le temps de travail, développer des garderies en milieu de travail et en milieu scolaire; assurer à chaque famille l'accès à un logement adéquat par la mise en place de programmes pour améliorer la sécurité financière et la stabilité du milieu familial par un programme d'accès à la propriété. Voilà donc, monsieur le Président, quelques-uns des objectifs qui nous paraissent essentiels au progrès de notre société. Je suis convaincu qu'en les réalisant, le Québec deviendra une société plus juste, plus prospère et plus dynamique.