*{ Association des manufacturiers du Canada 1987 } Introduction : un défi lancé aux fabricants canadiens. Une situation préoccupante. Les fabricants canadiens et l'économie canadienne dans son ensemble ont aujourd'hui d'importants défis à relever. Les marchés mondiaux sont le siège d'une concurrence de plus en plus vive. Le rythme auquel s'effectuent les changements technologiques s'accélère. Le monde a amorcé un virage en faveur d'une économie industrielle axée sur l'information. Ces bouleversements menacent la prospérité, voire parfois la survie des fabricants canadiens. Dans ces conditions, les établissements d'enseignement postsecondaire, en particulier les universités, doivent mobiliser toutes leurs ressources pour assurer la compétitivité du Canada. L'application de mesures correctives mineures, à une époque où l'industrie canadienne doit se préparer à se battre avec acharnement pour conquérir les marchés du vingt-et-unième siècle, ne sera pas suffisante. Les changements survenus sur le marché international ont des retombées d'une très grande portée pour le Canada. Notre pays est tributaire du commerce extérieur dans une mesure beaucoup plus grande que la plupart de ses partenaires commerciaux. Trente pour cent de notre PIB provient de l'échange de biens et de services avec d'autres nations. Toute stratégie nationale visant à assurer la compétitivité du Canada dans l'avenir, devra favoriser la production de produits manufacturés maximisant la valeur ajoutée au détriment du secteur des ressources. Les obstacles que devront surmonter les fabricants canadiens ne sont pas moins importants, cependant, que les difficultés auxquelles font face les producteurs du secteur primaire, en proie à une concurrence très vive. Depuis quelques décennies, le Canada accuse invariablement un déficit au chapitre de ses produits finis. En outre, la part de notre marché intérieur conquise par les articles importés s'accroît constamment. Le rendement médiocre de nos produits manufacturés, ici même et à l'étranger, trahit notre faible productivité et la lenteur de nos progrès accomplis à cet égard. Le tableau 1-1 montre que le Canada est à la remorque de bien d'autres pays développés, au chapitre de la productivité. Non seulement la productivité de notre secteur manufacturier est-elle relativement peu élevée, mais comme nous le révèle le tableau 1-2, c'est à un rythme très lent que cet indice de compétitivité s'améliore. Nos gains d'efficacité n'ont pas été à la hauteur des progrès réalisés par d'autres pays à cet égard. Si cette tendance se poursuit, nous accuserons un retard encore plus grave. La faiblesse de notre productivité et notre déficit commercial accusé au chapitre des produits manufacturés traduisent, par ailleurs, le peu d'attention accordée par le Canada à l'innovation. Des études sur les économies canadienne et américaine ont démontré que la hausse des ventes des produits manufacturés est proportionnelle aux dépenses engagées dans la recherche et le développement. De façon plus générale, les frais de recherche et de développement engagés par le Canada ont été et demeurent insuffisants. En 1986, le Canada a consacré environ 1,3 % seulement de son produit intérieur brut à la recherche et au développement: ce budget est inférieur à celui de 1985 et représente environ la moitié des niveaux enregistrés au Japon, en Allemagne de l'Ouest, aux États-Unis et en Suède. Les niveaux de dépenses inscrits par le Canada au poste de l'innovation sont du même ordre si l'on tient compte uniquement de la recherche et du développement dans le secteur industriel. En outre, le nombre de scientifiques et d'ingénieurs travaillant dans le domaine de la recherche au Canada est nettement moins élevé que dans d'autres pays. Les chiffres présentés au tableau 1-4 se rapportent à 1979, mais peu de changements ont été enregistrés depuis. La pression exercée par la concurrence internationale, tout comme la nécessité de rehausser notre productivité et notre capacité d'innovation ne feront que s'accroître au cours des prochaines années. Les pays dominants et les pays nouvellement industrialisés hausseront leur production, et les retombées des nouvelles technologies se feront sentir sur l'éventail toujours plus vaste des biens et des services. Les efforts déployés par les fabricants canadiens doivent s'inscrire dans le cadre d'un système économique global, axé sur l'information et les communications. La nécessité de renforcer nos universités et établissements d'enseignement collégial. La connaissance est devenue la matière première d'une économie mondiale en pleine effervescence. Les universités et établissements d'enseignement collégial agissent donc en qualité de producteurs du secteur primaire au même titre que les agriculteurs, les sociétés minières et l'industrie de la pêche. Notre système d'enseignement supérieur pourrait servir de fondement à l'édification d'un avantage prépondérant sur la concurrence. Mais pour donner leur juste mesure, nos établissements d'enseignement postsecondaire doivent pouvoir compter sur un plus grand appui du gouvernement, consolider les liens qui les unissent au monde des affaires et entreprendre une reforme interne en profondeur. Les établissements canadiens d'enseignement et de formation ne sont pas encore en mesure de s'acquitter d'une telle mission. D'abord, à cause de la rareté des ressources financières. Ensuite, en raison de l'insuffisance des installations et de l'équipement qui sont mis à leur disposition. Dans certains domaines clés comme l'ingénierie, les professeurs sont en nombre insuffisant. Et dans certains secteurs critiques comme la recherche scientifique, le Canada ne forme tout simplement pas assez de chercheurs compétents. Toutefois, les difficultés auxquelles le système canadien d'enseignement supérieur est en butte sont en partie le résultat des rigidités institutionnelles, qui empêchent les universités de réagir rapidement aux changements de conjoncture économique et à la concurrence. Comme l'a si bien dit un ancien ministre provincial de l'éducation : «Le problème avec nos universités, c'est qu'elles prônent des valeurs du seizième siècle, qu'elles sont exploitées selon des structures administratives du dix-huitième siècle et qu'elles tentent de nous aider à nous acheminer vers le vingt-et-unième siècle. Il est clair qu'elles ne peuvent fonctionner de la sorte». Si les établissements canadiens d'enseignement postsecondaire doivent jouer un rôle moteur à l'égard de la revitalisation de l'économie, ils doivent envisager des solutions et des actions audacieuses. L'enseignement postsecondaire doit être amélioré dans de nombreux domaines. Pour assurer la compétitivité et la croissance du Canada, il faut pouvoir compter non seulement sur des scientifiques et des ingénieurs, mais également sur des personnes versées en lettres, en sciences sociales et dans une variété de disciplines techniques et non techniques. Des études sérieuses ont démontré que ce sont ceux qui enrichissent leur profession par leur savoir qui y apportent le concours le plus précieux. Les pays qui réussiront à percer dans le nouveau contexte d'une économie globale seront ceux qui privilégieront l'investissement, la technologie, la compétitivité et l'excellence dans le domaine de l'enseignement supérieur comme moteurs de leur renaissance économique et de leur régénération industrielle. Le Canada n'a pas encore formulé ses intentions à ce sujet. Le présent document définit les mesures à prendre dans le domaine de l'enseignement supérieur. Les grandes lignes du présent rapport. Reconnaissant le rôle crucial que doivent assumer les établissements canadiens d'enseignement supérieur, et en particulier les universités, dans toute stratégie visant à assurer la compétitivité du Canada, l'Association des manufacturiers canadiens a formulé une série de propositions visant à donner un nouveau souffle à l'enseignement supérieur. Les recommandations présentées dans ce rapport sont plausibles et réalisables. Elles constituent un plan d'action qui, s'il est mis en vigueur, renforcera notre système d'enseignement postsecondaire et rendra notre économie plus concurrentielle. La première partie de cet exposé propose une stratégie nationale et formule diverses questions que les membres de l'AMC devraient soulever auprès des représentants compétents des administrations provinciales et fédérales. Cette section insiste sur la nécessité d'énoncer une ligne de conduite claire en matière d'enseignement supérieur. On y préconise une déréglementation des frais de scolarité et un assouplissement des programmes comme première mesure visant à aider les universités à mieux réagir à la conjoncture et à les rendre plus responsables de leurs destinées. L'accroissement des subventions publiques y est en outre recommandé et on insiste sur la nécessité d'optimiser les ressources financières ainsi dégagées. Dans ce contexte, les universités doivent purger leurs structures des lourdeurs administratives qui freinent leur efficacité et compromettent leur rendement. La deuxième partie passe en revue différentes méthodes visant à raffermir les liens entre le monde des affaires et celui de l'enseignement et propose un certain nombre de mesures pour y parvenir, notamment un appui financier accru des entreprises, une utilisation plus intensive des contrats de recherche, le soutien de la formation en alternance, les échanges de personnel ainsi que l'élaboration de programmes de recyclage. La troisième partie recommande aux établissements les étapes à franchir pour fournir à l'industrie les diplômés dont elle a besoin. Parmi les changements préconisés, notons certaines propositions visant à assurer une formation plus générale, à comprimer les programmes menant à un grade, à améliorer l'enseignement de l'organisation scientifique du travail, à intensifier la formation en gestion de même qu'en marketing international et à ouvrir davantage aux étudiants de sexe féminin certains domaines comme les sciences, le génie et l'administration. En conclusion, nous récapitulons ces recommandations et examinons leur incidence sur l'ensemble de l'économie canadienne. Première partie : Stratégie nationale pour l'enseignement supérieur. Le Canada doit se doter d'une stratégie nationale dans le domaine de l'enseignement postsecondaire. Les programmes fédéraux et provinciaux touchant nos universités et établissements d'enseignement collégial sont légion, mais ne sont guidés par aucune politique d'orientation générale. Les éléments d'un programme national semblent évidents : formulation de lignes directrices faisant ressortir le rôle que peut jouer l'enseignement supérieur à l'égard de l'édification d'une économie concurrentielle, déréglementation des frais de scolarité et assouplissement des programmes, accroissement des subventions fédérales et provinciales et pression accrue exercée par l'État sur les universités et établissements d'enseignement collégial au chapitre de l'efficacité. Une telle stratégie est fortement axée sur la question du financement, l'une des composantes essentielles de la situation actuelle. Les gouvernements provinciaux ont été les véritables responsables de l'insuffisance des fonds mis à la disposition des établissements d'enseignement postsecondaire au cours des dix dernières années. Le gouvernement fédéral qui, pendant longtemps, a été le principal maître d'oeuvre du financement de l'enseignement supérieur, semble maintenant vouloir faire marche arrière à ce chapitre. A l'heure actuelle, les universités canadiennes souffrent d'une insuffisance de fonds et les effets de ce régime d'austérité sont clairs : les salles de cours sont surpeuplées, l'équipement de laboratoire est insuffisant et souvent périmé, le corps professoral est mal rémunéré et les bâtiments ont besoin de réparations. De plus, en raison de l'augmentation de l'effectif étudiant, ces conditions se sont considérablement dégradées au cours de la dernière décennie. Les dépenses gouvernementales, mesurées en dollars constants, n'ont augmenté que de 2,5 pour cent entre 1977-1978 et 1984-1985, tandis que le nombre d'étudiants fréquentant les universités s'est accru de 27 pour cent et ceux des établissements d'enseignement collégial, de 36 pour cent. Dans l'ensemble, l'appui financier accordé par l'État à l'enseignement postsecondaire et en particulier aux universités s'est affaibli, comme l'a démontré le rapport Bovey sur l'enseignement supérieur en Ontario, publié en décembre 1984. L'insuffisance du financement public des universités s'explique par le fait que les gouvernements fédéral et provinciaux ont réaffecté une partie des fonds dont bénéficiait jadis l'enseignement postsecondaire aux soins de la santé et aux services sociaux. Selon la Commission royale sur l'union économique et les perspectives de développement du Canada (Commission Macdonald), les programmes liés à la sécurité du revenu au cours de l'exercice 1984-1985 ont coûté plus de 48 milliards de dollars aux gouvernements fédéral et provinciaux et ont compté pour 13 milliards de dollars de retenues d'impôt à la source, soit un total de 61 milliards de dollars. Ce montant dépasse de loin celui qui a été consacré à l'enseignement supérieur, qui s'est établi à environ 9 milliards de dollars. De plus, le système actuel de financement et de réglementation à outrance des universités ne stimule en rien la recherche de l'excellence. Bien que l'avenir d'aucune université en particulier ne soit actuellement menacé, il n'en demeure pas moins qu'aucune d'entre elles ne compte parmi les grandes universités du monde. La création d'établissements d'enseignement postsecondaire de classe internationale dont le Canada a besoin présuppose l'acceptation du principe selon lequel certaines universités peuvent et doivent être encouragées à atteindre des normes plus élevées que la moyenne et doivent en outre être récompensées et soutenues dans leurs efforts. L'enseignement postsecondaire au Canada doit répondre à deux impératifs : l'accroissement du financement et la redistribution des fonds. Chacune de ces questions exige une analyse détaillée des politiques actuelles et des changements proposés. L'AMC a formulé cinq recommandations générales dans le but d'aider à élaborer une stratégie nationale visant à améliorer le système canadien d'enseignement supérieur. Tous les membres de l'AMC sont invités à appuyer ces recommandations et à venir grossir les rangs de ceux qui demandent aux administrations fédérales et provinciales de faire de l'enseignement postsecondaire l'une des pierres d'angle d'une stratégie économique novatrice conçue de façon à redonner à l'économie canadienne son caractère concurrentiel. Ces cinq recommandations sont les suivantes : 1 - Le gouvernement fédéral doit mettre en oeuvre une stratégie nationale qui reconnaîtra l'importance des établissements d'enseignement postsecondaire en ce qui a trait à la compétitivité de notre économie. 2 - Il faut déréglementer les frais de scolarité et assouplir les programmes universitaires de façon à encourager la recherche de l'excellence et à doter les milieux universitaires de la souplesse nécessaire pour faire face à l'évolution de la conjoncture économique mondiale. 3 - Le gouvernement fédéral doit revenir sur sa décision de freiner la croissance des fonds qu'il consacre aux universités. 4 - Les gouvernements provinciaux doivent renforcer leur appui financier aux universités et établissements d'enseignement collégial. 5 - Les gouvernements fédéral et provinciaux doivent profiter de la déréglementation pour obliger les universités à répondre davantage de leurs résultats et leur permettre de mieux maîtriser leur avenir. 1 - Le gouvernement fédéral doit mettre en oeuvre une stratégie nationale qui reconnaîtra l'importance des établissements d'enseignement postsecondaire en ce qui a trait à la compétitivité de notre économie. Ottawa doit être le premier à mettre en lumière le rôle crucial que tient l'enseignement postsecondaire dans la création d'une économie vigoureuse et concurrentielle. On persiste encore à croire, au Canada, que l'enseignement postsecondaire est un domaine de compétence provinciale en dépit du fait que plus de 60 pour cent de l'appui financier de base destiné aux universités et aux établissements d'enseignement collégial provient d'Ottawa. Le gouvernement fédéral imprime une certaine direction au commerce, à la finance, à la défense, au transport et à l'immigration, et propose pour ces domaines la poursuite d'un objectif commun. Pourquoi n'en ferait-il pas autant en ce qui a trait à l'enseignement supérieur? Il pourrait à cet effet énoncer des principes directeurs sur l'utilisation des fonds qu'il accorde aux provinces pour leurs universités et établissements d'enseignement collégial. L'impérieuse nécessité d'une telle orientation a été soulignée dans un rapport intitule Review of Educational Policy of Canada, publié récemment par l'Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE). Cette étude exhaustive fait observer que l'absence de ministère fédéral de l'éducation au Canada a créé un vide dans le processus décisionnel. Le rapport note également qu'il existe de nombreux programmes d'enseignement d'un calibre élevé, mais déplore le fait que ces programmes n'ont entre eux aucun dénominateur commun qui les relie à un objectif national. L'OCDE incite donc fortement Ottawa à définir les objectifs généraux de l'enseignement supérieur et à établir une politique de l'éducation en fonction des priorités nationales. En outre, le gouvernement fédéral doit rendre clair aux yeux des Canadiens le rôle crucial de l'enseignement supérieur dans la création d'une économie plus concurrentielle. Les liens qui existent entre l'enseignement supérieur et la croissance économique constituent un argument de poids pour le reclassement des priorités et le renouvellement de l'appui accordé à nos établissements d'enseignement postsecondaire. Les provinces doivent pour leur part s'engager à affecter les fonds qui leur sont accordés par Ottawa aux postes auxquels ils sont destines. Le gouvernement fédéral a pour objectif de réduire son déficit : l'AMC l'appuie dans ses visées et reconnaît que l'augmentation des dépenses engagées pour les établissements d'enseignement collégial doit se faire au détriment d'autres secteurs. Une stratégie nationale d'enseignement supérieur bien définie aidera le gouvernement à utiliser plus efficacement ses recettes fiscales et à jeter les assises d'une solide croissance économique. Recommandations aux membres de l'AMC. L'industrie doit collaborer avec les représentants gouvernementaux afin de consolider le leadership fédéral dans le domaine de l'enseignement supérieur et de l'aider à énoncer des politiques nationales qui rendront plus limpide le rôle clé que devrait tenir le système d'enseignement postsecondaire dans la création d'une économie dynamique. La conférence nationale sur l'enseignement supérieur de 1987 devrait servir de forum dans le cadre duquel ces idées pourraient être exprimées et où l'on pourrait s'engager collectivement à améliorer notre système d'enseignement postsecondaire. 2 - Il faut déréglementer les frais de scolarité et assouplir les programmes universitaires de façon à encourager la recherche de l'excellence et à doter les milieux universitaires de la souplesse nécessaire pour faire face à l'évolution de la conjoncture économique mondiale La déréglementation des frais de scolarité aidera à résoudre deux problèmes : l'insuffisance des fonds accordés aux universités canadiennes et l'absence de motivation à atteindre l'excellence au sein de notre système d'enseignement supérieur. Tout compte fait, les frais de scolarité au Canada sont remarquablement bas, ayant compte en 1984-1985 pour 11,2 pour cent du total des recettes universitaires. Aux États-Unis, les frais de scolarité représentent près de 20 pour cent de l'ensemble des fonds utilisés dans les établissements d'enseignement public et environ 50 pour cent des recettes des universités privées. Dans certaines provinces, les frais de scolarité sont plafonnés à des niveaux particulièrement bas. Au Québec et en Alberta, par exemple, ces droits, pour toute une année universitaire sont bien inférieurs à 1 000 $. Accès et équité. Le déblocage des frais de scolarité se heurte à la résistance de ceux qui prétendent que le maintien de frais de scolarité peu élevés permet aux moins fortunés d'avoir autant de chances que les mieux nantis d'accéder à nos universités et établissements d'enseignement collégial. Selon ce principe, l'augmentation des droits de scolarité pénaliserait ceux qui n'ont pas les moyens financiers de profiter de l'enseignement supérieur. Il suffit de regarder en face la réalité canadienne pour constater que cet argument est peu fonde. En effet, puisque ce sont les représentants des classes moyenne et supérieure qui utilisent actuellement le plus notre réseau d'enseignement universitaire, ce sont eux en réalité qui profitent du bas niveau des frais de scolarité. Maintenir ces frais à leur niveau actuel ajoute au fardeau des citoyens moins fortunés qui paient proportionnellement plus d'impôts pour l'enseignement supérieur sans en retirer d'avantages directs. Le bas niveau des droits de scolarité et les iniquités qu'il provoque ont été l'objet d'une série d'études dont l'une, publiée dans un commentaire du CD Howe Institute en janvier 1985, faisait remarquer que les personnes issues de milieux sociaux dont les revenus sont supérieurs à la moyenne utilisent de façon disproportionnée les services d'enseignement subventionnes au niveau universitaire. On y lit également que le libre accès à l'enseignement supérieur est plus susceptible de donner lieu à d'autres sources d'inéquités sociales que l'inverse. Les effets néfastes du bas niveau des frais de scolarité ont également été clairement démontrés dans d'autres documents, notamment le rapport Bovey (1984) et le rapport de la Commission Macdonald (1985). Pour remédier aux lacunes actuelles, il serait beaucoup plus équitable de hausser les frais de scolarité et d'accroître l'aide financière aux étudiants qui en ont le plus besoin. Selon toute probabilité, cette déréglementation n'aurait un effet sensible sur les frais de scolarité que dans les provinces où les régions comptant une importante population étudiante et de nombreuses universités. Dans ces régions, les établissements d'enseignement pourraient aménager leurs programmes de manière à attirer un segment particulier de la population étudiante de premier et de deuxième cycles, et établir leurs frais de scolarité en conséquence. Recherche de l'excellence. En plus d'engendrer un apport de fonds supplémentaires, la déréglementation des frais de scolarité contribuerait à inciter les universités canadiennes à encourager la recherche de l'excellence. Le rôle des grandes universités américaines à ce chapitre est digne de mention. Le MIT (Massachussets Institute of Technology), par exemple, est l'établissement qui a fourni le plus de chefs d'entreprises à la «Silicon Valley» de la côte Est, établie le long de la route 128 tout près de Boston. L'Université Stanford joue un rôle semblable en Californie. Harvard, qui a célébré sont trois cent cinquantième anniversaire l'an dernier, a toujours été un creuset de culture, ayant forme un nombre impressionnant des grands esprits de la littérature, de la politique et des sciences. Ce n'est pas par pur hasard que ces universités de renommée internationale sont devenues ce qu'elles sont, mais bien parce qu'elles ont su attirer des étudiants, solliciter des fonds de recherche et des dons. Leurs frais de scolarité sont élevés, leurs fonds de dotation imposants; professeurs et étudiants sont triés sur le volet, et les installations et équipements dont elles sont dotées font l'envie de nombreux autres établissements. Le Canada gagnerait à s'engager dans cette voie. Quelle que soit la catégorie à laquelle elles appartiennent, les meilleures universités canadiennes n'atteignent pas le calibre de leurs consoeurs américaines les plus en vue. Il existe entre les universités canadiennes et américaines des disparités importantes dans les ratios professeurs-étudiants, l'un des étalons les plus fréquemment utilisés pour mesurer la qualité de l'enseignement offert par un établissement. A Harvard et au MIT, cette proportion est inférieure à 10 pour 1, et à Stanford et Carnegie-Mellon, elle est inférieure à 13 pour 1. Dans les universités canadiennes comme celles de Toronto, Waterloo et McGill, par ailleurs, on compte plus de 18 étudiants pour un professeur. Les dépenses universitaires par étudiant sont également la preuve que les meilleures universités américaines sont bien en avance sur nos meilleurs établissements. L'élite des universités américaines dépense deux fois plus que l'élite des universités canadiennes pour les ouvrages de bibliothèque, l'équipement de laboratoire et l'enseignement. En outre, les salaires versés aux professeurs des meilleures écoles américaines sont de beaucoup supérieurs à ceux que touchent les professeurs de nos meilleures universités. Nous ne pouvons demander aux membres du corps professoral de continuer plus longtemps à subir le contrecoup de l'insuffisance des fonds accordés à l'enseignement postsecondaire au Canada. A tous les niveaux, nos meilleurs étudiants sont à la traîne des étudiants américains. Les classes sont plus nombreuses; moins de temps est accordé aux étudiants pour les travaux pratiques en laboratoire; ils utilisent des équipements plus anciens et doivent se satisfaire de bibliothèques moins bien garnies. La déréglementation des frais de scolarité permettra aux établissements d'enseignement canadien de profiter des retombées de programmes de premier ordre. Elle contribuera à hausser les normes d'excellence en fournissant aux établissements d'enseignement postsecondaire des stimulants qui les encourageront à se faire concurrence en offrant des cours qui seront de nature à rehausser la qualité de l'enseignement. Déréglementation et responsabilité fonctionnelle. On doit également songer à la déréglementation comme un moyen d'assouplir les systèmes et programmes d'enseignement postsecondaire et d'accroître la responsabilité fonctionnelle des établissements. Les universités sont réglementées à outrance. Elles ont peu de latitude dans leur prise de décisions et ne sont pas maîtres de leurs destinées. La rigidité du système les force à gaspiller les ressources limitées dont elles disposent en efforts non productifs et en activités infructueuses qui n'ont d'autre objectif que le maintien d'une structure bureaucratique désuète. Le système canadien d'enseignement postsecondaire est prisonnier d'un inextricable réseau de tracasseries administratives qui mine sa capacité de réagir lui fait gaspiller des ressources déjà limitées, provoque le double, voire le triple emploi d'installations et de services coûteux et n'impose aucune responsabilité fonctionnelle à ceux qui, les premiers, devraient l'assumer: les établissements et leurs dirigeants. Pour redonner au système d'enseignement postsecondaire la place qui lui revient sur l'échiquier national et international, il faut se servir du principe de déréglementation comme d'un moyen tactique de doter le système d'un but précis. Mais la déréglementation des frais de scolarité ne représente qu'une partie de la solution : il faudra faire plus. Nous devrons pouvoir compter sur d'importants moyens d'action et sur des solutions audacieuses, comme l'assouplissement et la libéralisation de tout le système, programmes et installations compris. De telles initiatives permettront enfin de récompenser les efforts déployés pour atteindre l'excellence. Recommandations aux membres de l'AMC. L'industrie doit faire pression auprès des provinces afin de faire débloquer les frais de scolarité. Les membres de l'AMC doivent insister sur l'importance de cette mesure comme moyen de recueillir des fonds supplémentaires, d'encourager l'excellence, d'accroître la responsabilité fonctionnelle des universités et de faire adopter par le système d'enseignement supérieur des préoccupations plus réalistes en matière de coûts. 3 - Le gouvernement fédéral doit revenir sur sa décision de freiner la croissance des fonds qu'il consacre aux universités Le gouvernement fédéral qui, pendant longtemps, a assumé la responsabilité principale du financement de l'enseignement supérieur semble vouloir maintenant faire marche arrière. Or, c'est précisément le contraire qui devrait se produire. Depuis la création, en 1977, du Financement des programmes établis, dans le cadre duquel les subventions accordées aux provinces pour des projets spéciaux ont été remplacées par des subventions globales, la portion fédérale du financement des activités de base des universités s'est accrue et la part des subventions strictement provinciales a diminué. L'apport financier d'Ottawa, qui s'établissait en 1977-1978 à 69 pour cent de l'ensemble des subventions gouvernementales, a atteint 83 pour cent en 1986-87. Pendant cette période, les dépenses engagées par le gouvernement fédéral dans l'enseignement supérieur ont été au moins égales aux augmentations du coût de la vie. Or, deux mesures, le Projet de loi C-96 (adopte en juin 1986) et la formule de subventions de contrepartie, donnent à penser que l'engagement du fédéral dans le domaine de l'enseignement supérieur s'affaiblit au moment où les universités ont le plus besoin de ressources supplémentaires. La Loi C-96 freine la croissance des transferts fédéraux aux provinces à compter de l'exercice financier 19861987. D'ici 1990-1991, la réduction de ces transferts, consacres aux soins médicaux de même qu'a l'enseignement postsecondaire, atteindra deux milliards de dollars. A moins que cette mesure ne soit modifiée, les subventions à l'enseignement supérieur ne suivront donc plus le rythme des augmentations du coût de la vie. La Loi C-96 déstabilise l'un des principaux piliers de l'enseignement postsecondaire. Les dispositions qu'elle renferme peuvent être particulièrement inquiétantes si les gouvernements provinciaux négligent de s'engager d'une façon plus ferme à l'égard de l'enseignement supérieur et si les établissements d'enseignement ne sont pas autorisés à fixer eux-mêmes leurs frais de scolarité. L'AMC appuie inconditionnellement les mesures visant à réduire le déficit fédéral, qui sont à l'origine de la Loi C-96, mais estime par ailleurs que l'enseignement supérieur doit être davantage subventionne. Et c'est de la réaffectation des dépenses gouvernementales que doivent provenir les fonds supplémentaires dont ce secteur a grand besoin. Annoncé à grand renfort de publicité en 1986, le programme de subventions de contrepartie est fort louable en principe, mais a vu son efficacité grandement réduite par ceux qui président à son application. Le gouvernement a convenu de servir de catalyseur entre les entreprises et les établissements d'enseignement postsecondaire. Pour chaque dollar versé par une société à un projet de recherche universitaire, Ottawa s'est engagé à verser un montant égal, jusqu'à concurrence d'une certaine limite. Toutefois, cette formule présente deux lacunes qui en réduisent l'efficacité. D'abord, le niveau de financement de base n'est pas approprié. Prévoyant le niveau accru du financement dont cette formule allait permettre aux universités de bénéficier, le gouvernement fédéral a réduit son propre financement de base qu'il garantissait aux trois subventionnaires charges d'administrer ce programme. En supposant un taux d'inflation de 4,5 pour cent, le financement de base consenti par le gouvernement au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, au Conseil de recherches en sciences humaines et au Conseil de recherches médicales sera réduit de plus de 20 pour cent au cours des cinq prochaines années. Le programme des subventions de contrepartie permet incontestablement de recueillir davantage de fonds, mais à la condition que les entreprises participent également. Cependant, même en présumant que les entreprises hausseront leur appui financier (qui devrait atteindre 90 millions de dollars en 1990-1991), l'apport total d'Ottawa (financement de base plus subventions de contrepartie) ne fera que reproduire, en termes réels, les lacunes constatées dans les fonds confiés aux subventionnaires. Le deuxième problème lié à ce programme est qu'il n'existe aucune disposition assurant l'affectation directe des subventions de contrepartie aux projets de recherche qui sauront attirer les dons des entreprises. Lorsque ce programme a été annonce, un grand nombre d'entreprises et d'universités pensaient que le gouvernement consacrerait la totalité des subventions de contrepartie aux projets de recherches universitaires qui avaient suscite l'octroi de ces dons. Dans son mémoire à Ottawa, l'AMC avait recommandé que 75 pour cent de la subvention gouvernementale soient consacres au projet de recherche qui avait été appuyé par l'entreprise. Le reste allait être remis aux subventionnaires qui utiliseraient ces fonds à leur guise. Or, en vertu du programme, la totalité des subventions de contrepartie est confiée aux subventionnaires qui assument la responsabilité de leur répartition. Le principe de base de ce programme était valable et assez audacieux pour aiguiser l'intérêt du secteur privé et susciter l'octroi de fonds. Malheureusement, nous apprenons que le CRSNG, par exemple, a décidé de garantir aux universités qui sauront attirer des fonds des entreprises un montant équivalant à 10 pour cent de ces fonds au cours de la première année (pendant la deuxième année, ce pourcentage s'élèvera à 20 pour cent, puis à 30 pour cent et peut-être davantage subséquemment). Le reste des subventions de contrepartie doit servir à assister la recherche dans les universités, mais dans des domaines que les subventionnaires (et non pas nécessairement les donateurs) jugeront les plus importants. Il s'agit là d'une modalité inacceptable pour le monde des affaires, pour lequel il importe avant tout d'accroître le nombre de projets de recherches axés directement sur les besoins de l'industrie. Il en résulte que le programme des subventions de contrepartie pourrait ne représenter aucune amélioration et même constituer un recul par rapport au passé, et pour les chercheurs et les subventionnaires, et pour les entreprises. Recommandations aux membres de l'AMC. Les entreprises doivent demander aux décideurs de l'administration fédérale de réévaluer les priorités du gouvernement et de renforcer l'engagement d'Ottawa à l'égard de l'enseignement supérieur. Ottawa doit annuler les réductions prescrites en vertu de la Loi C-96, et le programme des subventions de contrepartie doit être modifié de façon à accroître les ressources financières disponibles et d'affecter les subventions aux projets de recherches universitaires appuyés par les entreprises. 4 - Les gouvernements provinciaux doivent renforcer leur appui financier aux universités et établissements d'enseignement collégial. Les gouvernements provinciaux ont été les véritables responsables de l'insuffisance des fonds qui ont été mis à la disposition des établissements canadiens d'enseignement postsecondaire au cours des dix dernières années. Depuis la création, en 1977, du Financement des programmes établis, la part des subventions strictement provinciales a diminué, et les gouvernements provinciaux ont laissé Ottawa assumer une part de responsabilité de plus en plus grande dans le financement de l'enseignement supérieur. Dans certaines provinces, le gouvernement fédéral fournit la totalité des fonds accordés aux universités. Récemment, certaines provinces ont manifesté une volonté renouvelée d'appuyer leurs universités. Il est espérer que les autres provinces suivront leur exemple. Deux initiatives de l'Ontario. Durant le deuxième semestre de 1986, l'Ontario a réaffirmé son intention d'appuyer l'enseignement supérieur en annonçant deux mesures: une augmentation importante de ses subventions aux établissements d'enseignement postsecondaire ainsi que la création de Centres d'excellence. Selon le communiqué émis à cette occasion, les subventions d'exploitation accordées aux établissements ontariens d'enseignement postsecondaire seront augmentées de 149 millions de dollars, soit 11,5 pour cent, en 1987-88. Ainsi l'Ontario, pour la première fois depuis de nombreuses années, assumera une part de responsabilité beaucoup plus importante sur le plan du financement de ses universités et établissements d'enseignement collégial. La part du gouvernement fédéral passera de 94,6 pour cent en 1985-86 à 88,3 pour cent en 1986-87. Cette initiative peut être considérée comme une première étape vers un retour à un soutien financier plus approprié des universités par les administrations provinciales. La deuxième initiative de l'Ontario est la création de Centres d'excellence, sous les auspices du Conseil du premier ministre. Selon toute probabilité, six Centres d'excellence seront financés, moyennant des montants oscillant entre trois et cinq millions de dollars chacun par an, pendant une période de cinq ans. Les critères d'admissibilité prévoient notamment une forte participation du secteur privé. Les objectifs primordiaux sont de stimuler la recherche, de promouvoir le transfert et la diffusion de la technologie et de former des chercheurs de tout premier ordre. Initiative de l'Alberta. L'Alberta a également créé un programme provincial visant à encourager l'enseignement supérieur. Son Fonds de dotation pour l'enseignement supérieur et son Fonds de stimulation dont la création a été annoncée en avril 1986, viennent reprendre et renforcer un programme similaire amorcé en 1980. En vertu du Fonds de stimulation, le gouvernement doublera les montants verses par le secteur privé aux fonds de dotation des universités et établissements d'enseignement collégial; il versera également des montants équivalant aux dons accordés au titre des immobilisations ou de l'exploitation des établissements d'enseignement ainsi que des montants de valeur égale à celle des livres ou des oeuvres d'art offerts en cadeau. Ce programme est financé par une subvention quinquennale de 80 millions de dollars. Ces fonds dépassent de beaucoup les subventions provinciales accordées au titre des dépenses d'exploitation. Toutefois, on constate malheureusement que les subventions provinciales albertaines accordées pour les dépenses d'exploitation n'ont pas été accrues et ont même été réduites en 1987-1988. Recommandations aux membres de l'AMC. Les entreprises doivent prier instamment les administrations provinciales de renverser leurs tendances et d'accroître l'appui qu'elles accordent aux établissements d'enseignement postsecondaire depuis 1977. Dans la plupart des provinces, les recettes fiscales ont été redirigées vers les soins de la santé au cours de la dernière décennie, au détriment de l'enseignement postsecondaire et ainsi de l'un des principaux facteurs de croissance provinciale. Les provinces doivent arrêter d'affecter à d'autres fins les fonds fédéraux qui leur ont été confiés pour l'enseignement postsecondaire. 5 - Les gouvernements fédéral et provinciaux doivent profiter de la déréglementation pour obliger les universités à répondre davantage de leurs résultats et leur permettre de mieux maîtriser leur avenir. Si le présent mémoire recommande une accentuation du financement des établissements d'enseignement postsecondaire, ces derniers ne doivent pas considérer ces fonds comme acquis. Ils doivent mériter ces ressources supplémentaires en assainissant leur appareil administratif et organisationnel. A défaut de changements, il leur sera plus difficile d'obtenir des fonds supplémentaires. Si les universités et collèges canadiens ne peuvent d'eux-mêmes entreprendre ces reformes, les administrations fédérales et provinciales doivent prendre les mesures nécessaires pour amorcer ce processus en jouant à fond sur la déréglementation. Le double emploi et le manque de souplesse font partie intégrante de la structure même des universités du Canada. D'une établissement à l'autre, le scénario est le même : programmes du premier cycle très vaste, très complet et programmes de deuxième et de troisième cycles restreints. Dans les meilleures universités américaines, c'est la règle contraire qui s'applique. Une structure qui met l'accent sur les études de deuxième et de troisième cycles encourage la recherche au sein des membres du corps professoral et encourage l'excellence à tous les niveaux. Le Canada dispose des richesses et des talents nécessaires pour permettre l'émergence de plusieurs établissements dotes d'une telle orientation. On pourra également renforcer les établissements canadiens d'enseignement postsecondaire en les purgeant de tout programme faisant double emploi ou de tout programme non productif. A cette fin, il faut prier les universités de rendre compte de leurs résultats et de l'utilisation de leurs ressources. Pour assurer leur renouvellement et leur ressourcement nécessaires, on doit inciter les établissements d'enseignement à faire peau neuve en se débarrassant de tout ce qui coûte cher et rapporte peu. Elles doivent avoir la liberté de se concentrer sur des activités à haut rendement. Et elles doivent aspirer, non pas à devenir plus grandes, mais à devenir meilleures. L'AMC estime que les problèmes de l'enseignement postsecondaire ne pourront être résolus que par l'apport de fonds neufs. Bien sûr, des fonds supplémentaires sont nécessaires, mais les cibles visées doivent être bien précises. Et des reformes internes doivent accompagner toute nouvelle dépense. Recommandations aux membres de l'AMC. Les fabricants doivent utiliser leurs contacts et leurs liens de collaboration avec les établissements d'enseignement postsecondaire pour insister sur l'importance d'un changement sur le plan rationalisation et efficacité. Certaines des pratiques de la gestion commerciale et de la libre entreprise doivent être appliquées à l'enseignement, ce qui contribuera à lui donner une orientation plus définie et mieux encadrée. Recommandations aux universités et établissements d'enseignement collégial. Les universités et établissements d'enseignements collégial doivent prendre des mesures résolues pour rendre le système d'enseignement supérieur aussi efficace que possible. Les cercles universitaires doivent prendre l'initiative d'éliminer les installations et programmes qui font double emploi ou dont le rendement est peu élevé. Ces actions nécessiteront la collaboration de tous les établissements d'une même province, voire une collaboration interprovinciale. Elles exigeront une forte dose de déréglementation du système postsecondaire en commençant par les frais de scolarité, ainsi qu'un assouplissement marque des programmes d'études, des lignes de conduite et des pratiques administratives. Deuxième partie: Resserrer les liens entre l'entreprise et les milieux de l'enseignement. En effet, seule une collaboration étroite entre les entreprises et les établissements d'enseignement supérieur permettront de tirer pleinement profit des améliorations proposées. Peu de secteurs dans notre société sont aussi interdépendants que l'industrie et l'éducation supérieure. En effet, les entreprises comptent tout naturellement sur les universités en ce qui a trait à la formation de leurs futurs employés et à la recherche, et ces dernières ont pour objectif principal de répondre aux besoins de la société industrielle moderne. Une telle interaction est vitale. Dans notre monde contemporain caractérisé par une intense compétition, les pays de premiers plans sont ceux qui ont su assurer la collaboration la plus étroite entre les secteurs de l'entreprise et de l'enseignement. Dans ce contexte, l'AMC préconise que l'on procède de toute urgence à un resserrement des liens entre les entreprises et les établissements d'enseignement postsecondaire au Canada. Une telle collaboration ne peut que profiter aux deux secteurs. Pour l'entreprise, les avantages offerts par l'enseignement postsecondaire ne se limitent pas à la transmission du savoir ni au progrès de la science et de la technologie. L'enseignement supérieur offre aux entreprises des perspectives nouvelles et élargies sur le progrès technologique et sur ses conséquences économiques et sociales. En outre, les établissements d'enseignement peuvent faire bénéficier l'entreprise des progrès réalisés dans une foule de domaines, qui débordent largement les disciplines dont elle est naturellement tributaire, comme le génie, les sciences et les relations professionnelles. Ainsi, l'étude de la géographie et de l'histoire contribue à former des gestionnaires responsables et mieux informés. L'étude des langues constitue un atout important pour ce qui est des échanges internationaux, tandis que la psychologie et la philosophie permettent d'aborder les relations humaines de façon novatrice. Cette collaboration n'est pas à sens unique, et les universités profitent tout autant des liens qu'elles ont su nouer avec les entreprises. De tels liens leur donnent accès aux ressources techniques, administratives et humaines de l'industrie. La collaboration permet également aux établissements d'enseignement universitaire et collégial de mieux comprendre les exigences de l'industrie et ainsi d'adapter leurs programmes d'études à ces besoins. Par ailleurs, les étudiants qui font des stages en entreprise ou qui y effectuent des recherches sont mieux à même de comprendre les problèmes réels auxquels ils devront faire face à leur sortie d'université. La collaboration avec l'entreprise permet enfin aux établissements d'enseignement postsecondaire d'élargir leur bassin de financement. Si l'on ne peut s'attendre à ce que le concours financier des entreprises dépasse un pourcentage relativement restreint du budget global des établissements d'enseignement, les fonds ainsi recueillis peuvent néanmoins s'avérer fort utiles, à condition d'être soigneusement orientés, dans le cadre de buts précis. Le secteur privé peut en outre constituer un allie déterminant pour le monde de l'enseignement dans le cadre de ses négociations avec les pouvoirs publics pour faire l'objet d'un traitement plus équitable. L'entreprise et le monde de l'enseignement peuvent donc tirer des avantages nombreux et importants d'une collaboration plus étroite, dont profitera, à terme, l'ensemble de la société canadienne. Heureusement, cette idée de collaboration marque, depuis quelques années, des points tant auprès de l'entreprise que des milieux de l'enseignement, et on constate que les échanges sont de plus en plus répandus. Les données recueillies par le Forum entreprises-universités, organisme créé en 1983 dans le but de raffermir les liens entre l'entreprise et les établissements d'enseignement postsecondaire, attestent une telle évolution. Dans son étude effectuée en 1986, intitulée «Mise à jour : Investir plus sagement», le Forum a dénombré 113 projets de collaboration entrepris par 30 entreprises et universités membres. Ces chiffres présentent une augmentation marquée par rapport aux 29 projets de collaboration amorces par 10 membres du Forum, dont faisait état le document «Investir plus sagement», publié l'année précédente. Il reste néanmoins beaucoup de chemin à parcourir avant de crier victoire. Encore trop peu d'entreprises se sont engagées dans de tels projets, et un grand nombre d'universités et de collèges d'établissements d'enseignement collégial n'ont que des liens tenus, sinon inexistants, avec le secteur privé. Pour consolider les liens entre l'entreprise et le secteur de l'éducation, l'AMC formule les cinq recommandations ci-dessous : 1 - Les entreprises doivent accroître le financement qu'elles consentent aux universités. 2 - Les entreprises et les établissements d'enseignement postsecondaire doivent mettre au point des processus visant à faciliter la recherche sous contrat et les transferts de technologie. 3 - Il faut faire plus de place aux programmes d'études en alternance. 4 - Les entreprises et les établissements d'enseignement postsecondaire doivent multiplier les échanges de personnel. 5 - Les entreprises et les établissements d'enseignement postsecondaire doivent raffermir leur collaboration en matière de recyclage et de perfectionnement du personnel. 1 - Les entreprises doivent accroître le financement qu'elles consentent aux universités. Dans le contexte actuel, marqué par une diminution du financement public de l'éducation postsecondaire, le concours financier des sociétés commerciales acquiert une importance capitale. Un tel appui peut en effet s'avérer indispensable à la mise sur pied ou encore à la préservation de certains programmes de recherche et peut contribuer à soutenir certains secteurs importants dont la santé financière est chancelante. On estime à l'heure actuelle à 330 millions de dollars le financement que les universités canadiennes sollicitent auprès du secteur privé. Comme on l'a vu dans la première partie de ce document, les dons des entreprises ont acquis une importance toute particulière dans le cadre du programme de subventions de contrepartie adopté par l'administration fédérale. Cependant, bien que les universités aient de plus en plus besoin du concours financier des entreprises, ces dernières se montrent aujourd'hui plus réticentes à délier les cordons de leur bourse. Cette tendance ainsi que l'évolution contraire observée aux États-Unis sont illustrées par deux ensembles inquiétants de statistiques. En premier lieu, comme le montrent les figures 2-1 et 2-2, les contributions des entreprises canadiennes en pourcentage de leurs bénéfices avant impôts ont connu une chute depuis les années 1970 tandis qu'aux États-Unis, la tendance est inverse. En outre, les dons consentis par les entreprises sont proportionnellement moins élevés au Canada qu'aux ÉtatsUnis. Ainsi, les entreprises canadiennes ont limité leurs dons, toutes catégories confondues, à 0,3 pour cent de leurs bénéfices avant impôts en 1985, alors que ce pourcentage atteint presque 1,5 pour cent outre-frontière. En second lieu, il semble que l'enseignement supérieur ne revêt pas la même importance aux yeux des entreprises canadiennes donatrices qu'aux yeux des entreprises américaines. Comme le démontre la figure 2-3, les entreprises canadiennes affectent moins de 30 pour cent de leurs dons à l'éducation, tandis que les entreprises américaines y consacrent près de 40 pour cent de leurs dons. En outre, l'enseignement supérieur reçoit une part toujours croissante des dons des entreprises aux États-Unis, ce qui n'est pas le cas au Canada. Directives en matière de financement consenti par les entreprises. L'AMC a élaboré les directives suivantes afin d'aider les entreprises à mieux canaliser leurs efforts de financement des universités et des établissements d'enseignement collégial. Ces directives s'inspirent de l'expérience des sociétés qui ont déjà apporté leur concours financier à l'enseignement postsecondaire. a - Les entreprises devraient assurer un financement sélectif, établi en fonction du mérite et de la responsabilité fonctionnelle des établissements. Il convient d'exiger des universités et des établissements d'enseignement collégial que les projets et les programmes pour lesquels ils sollicitent des fonds puissent générer des avantages concrets tant sur le plan de l'éducation que sur le plan industriel. Les entreprises devraient établir des objectifs en matière de financement et formuler avec soin les critères et les priorités à appliquer à cette fin. b - Si le soutien de l'excellence passe par la détermination et la récompense sélective de la qualité, il nécessite également de la part des entreprises donatrices le courage de priver d'appui financier les établissements n'ayant pas prouve qu'ils le méritent. c - Le financement consenti par les entreprises devrait s'inscrire dans le cadre d'une relation permanente ainsi que d'interactions suivies avec des universités ou des établissements d'enseignement collégial en particulier. d - Les entreprises devraient s'engager à doubler la mise des membres de leur personnel en ce qui a trait aux dons aux universités. e - L'enveloppe de financement devrait comprendre des dons en nature et prévoir des formules de parrainage collectif destinées à fournir des fonds d'exploitation à certaines activités qui débordent du cadre normal d'attribution des établissements d'enseignement. Les entreprises ne doivent pas oublier que le soutien financier qu'elles accordent à la recherche universitaire peut être intégré à leurs contributions ouvrant droit à un dégrèvement fiscal. Les fonds ainsi accordés peuvent être affectes soit à la recherche fondamentale, soit à la recherche appliquée. En pareils cas, les résultats des recherches effectuées ne peuvent cependant faire l'objet d'aucune restriction quant à leur consultation ni quant à leur publication éventuelle. A cet égard, le Forum entreprises-universités a formule un certain nombre d'autres conseils dans un ouvrage intitule «Du mécénat au Partenariat». Cette étude s'avérera utile à toute entreprise envisageant d'accorder un soutien financier aux établissements d'enseignement postsecondaire. Recommandations aux membres de l'AMC. Les entreprises membres de l'AMC doivent contribuer financièrement en plus grand nombre à l'enseignement postsecondaire. L'importance de ces contributions dépend évidemment de la taille et de la rentabilité de chaque entreprise. Les directives et les conseils présentés précédemment proposent un certain nombre de critères et de conditions visant à maximiser l'efficacité des liens financiers entre l'entreprise et l'université. Sans un élargissement du concours financier des entreprises, le fardeau supporte par les entreprises donatrices actuelles deviendra trop lourd. Historiquement, 90 pour cent du montant des dons des sociétés ont été consentis par seulement 10 pour cent des entreprises au Canada. Il faut de toute urgence élargir l'assise de contribution des sociétés, en y intégrant la petite et moyenne entreprise. 2 - Les entreprises et les établissements d'enseignement postsecondaire doivent mettre au point des processus visant à faciliter la recherche sous contrat et les transferts de technologie. Les entreprises canadiennes doivent recourir davantage et de façon plus judicieuse aux capacités de recherche des universités et prendre les mesures nécessaires pour consolider ce secteur d'activité. De telles mesures sont impérieuses, tant pour les secteurs industriels directement intéressés que pour le pays dans son ensemble. Le Conseil des ministres de l'éducation au Canada faisait récemment observer que les investissements importants consentis par les pays développés pour se doter de capacités en recherche et en développement forcent le Canada à s'engager dans la même direction pour maintenir sa compétitivité sur le plan international. Le Conseil faisait remarquer du même coup la position stratégique essentielle occupée par les universités dans l'infrastructure de recherches au Canada. Selon les ministres, les stratégies adoptées sur le plan de la recherche et du développement doivent favoriser la multiplication des liens entre les établissements d'enseignement et l'industrie, de façon à assurer le transfert rapide des technologies ainsi que les progrès de la recherche. L'AMC souscrit entièrement à cette position. L'élaboration de projets conjoints sur le plan de la recherche peuvent profiter à un large éventail d'entreprises canadiennes. Pour les sociétés commerciales qui commencent tout juste à investir dans le développement technologique, les possibilités offertes par l'université sur le plan de la recherche constituent une façon économique et judicieuse de s'initier à cette activité. Pour les entreprises déjà bien établies et possédant leurs propres installations de recherche, les laboratoires des universités et des établissements d'enseignement collégial constituent un moyen efficace de garder contact avec la recherche fondamentale et de suivre l'évolution des découvertes scientifiques. L'AMC privilégie quant à elle deux modes de collaboration sur le plan de la recherche, soit la recherche sous contrat et le transfert de technologies. Recherche sous contrat. La conclusion de contrats portant sur des projets de recherche précis constitue la façon la plus courante pour les entreprises de recourir aux possibilités offertes par les universités. Les entreprises peuvent bénéficier ainsi des résultats de recherches de grande qualité, à peu de frais. Cette formule permet également à l'entreprise d'avoir accès à un bassin de compétences externes et de s'exposer à une forme de pensée qui ne lui est pas toujours familière. En faisant exécuter une bonne partie des travaux de routine par des étudiants de deuxième cycle, l'entreprise peut réaliser des économies substantielles, tout en faisant bénéficier ces étudiants d'un soutien financier important et d'une expérience de recherche précieuse. En outre, les étudiants de deuxième cycle qui ont pu travailler à un projet parraine par l'entreprise sur une base contractuelle constituent généralement de bons candidats ultérieurs. Pour les universités, la recherche sous contrat permet de compenser en partie la diminution des subventions publiques à la recherche universitaire. Les fonds obtenus des entreprises aident à maintenir les installations de recherche et à retenir professeurs et étudiants. De façon générale, ces fonds peuvent également permettre aux établissements de mieux boucler leurs budgets. La recherche sous contrat peu évidemment prendre différentes formes. En général, il est souhaitable que l'on établisse préalablement de façon très précise l'étendue de la recherche ainsi que l'usage que l'entreprise compte faire des résultats des travaux effectues. L'intérêt de l'entreprise peut aller jusqu'à la propriété intégrale des résultats ou encore être lie à la possibilité ultérieure de les faire breveter. Les modalités contractuelles prévoient normalement la négociation d'honoraires, de façon à permettre à l'université de récupérer ses frais indirects engages à titre de frais généraux ainsi que ses frais directs. Les contrats eux-mêmes peuvent être de natures diverses. Ils peuvent lier plusieurs entreprises à une seule université ou encore être bilatéraux et ne concerner qu'une seule entreprise et une seule université; ils peuvent encore prévoir la collaboration de plusieurs établissements d'enseignement à des projets de recherche parraines par une ou plusieurs entreprises. Cette dernière formule est devenue, au fil des années, de plus en plus populaire. En effet, les contraintes financières obligeant les universités à se spécialiser toujours davantage, les contrats unissant une entreprise à deux ou plusieurs établissements d'enseignement constituent souvent la démarche la plus avantageuse. Les divers éléments que comporte un projet peuvent ainsi être traités par plusieurs établissements. En outre, la concurrence internationale dans le domaine des programmes de recherche incite souvent les entreprises canadiennes à se regrouper pour travailler de concert avec divers établissements d'enseignement dans le cadre d'un projet d'envergure unique. Le Forum entreprises-universités a mis au point un contrat type en matière de recherches à l'intention des entreprises encore néophytes sur ce plan. Ce contrat est présenté dans la publication du Forum intitulé «Mise à jour: Investir plus sagement» (1986). Le recours à un tel contrat permettra aux entreprises intéressées de réduire la durée des négociations préalables et ainsi de consacrer davantage de temps à la recherche proprement dite. Transfert de technologies. Les entreprises peuvent également bénéficier de la conclusion d'ententes relatives aux transferts de technologies. Il s'agit en fait de contrats permettant de commercialiser et de mettre en marché les résultats des recherches effectuées au sein des universités ainsi que les technologies qui y sont mises au point. Le Forum entreprises-universités étudie actuellement la possibilité de mettre sur pied une base de données nationale portant sur la recherche universitaire, de façon à mettre les renseignements pertinents à la disposition des entreprises désirant recourir à la recherche à des fins commerciales. Le transfert de technologies peut également fonctionner en sens inverse, soit de l'entreprise aux universités et aux établissements d'enseignement collégial. En effet, les missions et mandats en entreprise peuvent aider les universitaires à actualiser leurs connaissances sur le plan technique. Par ailleurs, un grand nombre de laboratoires industriels peuvent servir à des fins de recherche universitaire. Recommandations aux membres de l'AMC. Les entreprises doivent étudier les possibilités de collaboration offertes par la recherche sous contrat et le transfert de technologies. Recommandations aux universités et aux établissements d'enseignement collégial. Les établissements d'enseignement postsecondaire doivent adopter une démarche axée sur l'avenir relativement à l'établissement de telles relations. Un nombre important d'universités canadiennes ont déjà entrepris des démarches en ce sens en mettant sur pied des bureaux de liaison ou des parcs de recherche, de façon à étudier les possibilités de collaboration et à stimuler les contacts avec les entreprises. Le succès de ces démarches exige cependant un engagement à long terme de tous les intervenants. 3 - Il faut faire plus de place aux programmes d'études en alternance. La formation en alternance constitue une autre occasion que l'entreprise et l'université auraient intérêt à saisir. A l'heure actuelle, plus de 60 universités et établissements d'enseignement collégial canadiens offrent des programmes de formation en alternance à plus de 30 000 étudiants et ce, dans un nombre croissant de disciplines. Néanmoins, cette formule devrait être élargie à de nouvelles disciplines. Pour l'entreprise, la formation en alternance contribue à améliorer la qualité de la formation des diplômés de premier cycle et facilite leur intégration au marché du travail. Les étudiants qui se prévalent de ce type de formation bénéficient d'un net avantage sur le plan de la communication en apprenant à mieux connaître les exigences des employeurs. Enfin, bon nombre de diplômés sont engagés par l'entreprise où ils ont effectué leur stage. La formation en alternance profite également aux établissements d'enseignement postsecondaire en leur permettant de consolider leurs liens avec l'industrie. Ils sont ainsi en mesure de mieux définir leurs programmes et de mieux choisir et exécuter leurs travaux de recherche. Les programmes de formation en alternance peuvent par ailleurs avoir une incidence favorable sur le financement consenti par les entreprises. Ce financement peut contribuer à compenser les coûts de mise sur pied de ces programmes. Il existe à l'heure actuelle plusieurs modèles de formation en alternance dont les résultats se sont avérés concluants. A l'Université de Toronto, par exemple, on a mis sur pied une formule permettant aux étudiants de premier cycle en génie de travailler en entreprise pendant seize mois entre leur deuxième et leur troisième année. Les étudiants intéressés peuvent ainsi travailler à la réalisation de projet de développement importants dans un milieu de travail authentique. Une autre formule répandue est l'alternance de stages et d'études par périodes de quatre mois. L'Université de Waterloo, qui offre le plus important programme du genre au Canada, a adopté cette formule, tout comme l'Université de Sherbrooke. Cette dernière a par ailleurs lancé un programme de formation en alternance à l'intention des étudiants de maîtrise en administration des affaires (MBA). Recommandations aux membres de l'AMC. Pour promouvoir encore davantage la formation en alternance, les entreprises doivent déployer plus d'efforts. Elles doivent être plus nombreuses à offrir des stages et à participer à l'élaboration de nouveaux programmes en ce sens. 4 - Les entreprises et les établissements d'enseignement postsecondaire doivent multiplier les échanges de personnel. Les échanges de personnel entre les entreprises et les établissements d'enseignement postsecondaire constituent une autre façon de faire partager le point de vue de l'université par l'entreprise et vice-versa. Un tel mouvement de personnel profite aux deux parties et mérite amplement d'être encouragé. Ces échanges, de plus en plus répandus, peuvent revêtir de nombreux aspects. Ainsi, la formation en industrie s'effectuant dans le cadre d'une bourse d'études ou d'une bourse de recherche permet aux étudiant s intéressés de passer plusieurs mois (ou davantage) au sein d'une entreprise commerciale. En vertu d'autres ententes, des administrateurs d'établissements d'enseignement universitaire ou collégial et des dirigeants d'entreprise troquent leurs fonctions respectives pendant de courtes périodes. L'objectif visé est d'élargir l'expérience et la perspective de chacun. De plus en plus d'entreprises prêtent par ailleurs des membres de leur personnel aux universités et aux établissements d'enseignement collégial dans le cadre de mandats d'enseignement ou de recherche. Les congés sabbatiques permettent par ailleurs aux membres du corps professoral d'exercer leurs compétences en entreprise et aux dirigeants d'entreprise d'exercer des fonctions en milieu universitaire. L'affectation d'employés qui approchent l'age de la retraite à titre de professeurs adjoints au sein de départements souffrant d'une insuffisance de personnel offre également des perspectives intéressantes. Recommandations aux membres de l'AMC et aux universités et établissements d'enseignement collégial. Les entreprises et les universités ont intérêt à se pencher les diverses formules présentées ci-dessus. Elles en retireront toutes deux des avantages importants. 5 - Les entreprises et les établissements d'enseignement postsecondaire doivent raffermir leur collaboration en matière de recyclage et de perfectionnement des ressources humaines La formation permanente constitue un autre secteur susceptible de bénéficier de l'interaction entre l'industrie et l'enseignement postsecondaire. Les entreprises affectent des dizaines de millions de dollars par année à la formation interne de leur personnel. Bien qu'il arrive fréquemment que cette dernière recourt aux établissements d'enseignement pour l'aider à mettre au point des cours qui répondent à ses besoins, une telle collaboration peut certainement être approfondie et élargie. Comme dans le cas des échanges de personnel, il existe de nombreuses formules types à cet effet. Parfois, les employés d'une entreprise s'inscrivent tout simplement à un programme d'études normal donne par un établissement d'enseignement collégial ou universitaire, dont les frais sont rembourses par l'entreprise une fois le programme termine avec succès. D'autre fois, l'université élabore des programmes spéciaux à l'intention d'une entreprise. Certains cours sont donnés dans les locaux mêmes d'une entreprise, et il arrive qu'un groupe de professeurs offrent des cours avances à des dirigeants d'entreprise. Le personnel enseignant de même que les installations physiques de l'université peuvent aussi être mis à contribution dans le cadre de cours à l'intention de certaines catégories d'employés. Recommandations aux membres de l'AMC. Les entreprises doivent étudier le possibilité de collaborer davantage avec les établissements d'enseignement postsecondaire locaux, afin d'élargir ou de mettre sur pied les programmes de formation dont elles ont besoin. Recommandations aux universités et aux établissements d'enseignement collégial. Les établissements d'enseignement postsecondaire auraient intérêt à adopter une démarche à long terme visant à mettre sur pied des programmes d'éducation permanente à l'intention des entreprises. De tels programmes constituent un service précieux qui devrait s'intégrer à un réseau de relations soutenues avec les entreprises locales. Troisième partie : Assurer une formation qui répond aux besoins de l'industrie. Aucune stratégie nationale visant à améliorer l'enseignement supérieur au Canada ne peut donner de résultats concluants sans une reforme en profondeur de nos établissements de haut savoir. La première partie de ce document recommandait que les universités et les établissements d'enseignement collégial du pays offrent leurs services de façon plus efficace, en définissant des éléments de solution à cet égard. En parallèle, nos établissements d'enseignement doivent reformer en profondeur leurs structures, de façon à assurer une formation qui réponde aux besoins réels de l'entreprise. A cette fin, les universités et les établissements d'enseignement collégial doivent commencer par améliorer leurs programmes d'études de façon à faire accéder leurs diplômés à des carrières plus productives et plus enrichissantes. Les diplômés qui auront reçu une formation appropriée seront en mesure de participer davantage à la nouvelle société de l'information. Parallèlement, les établissements d'enseignement supérieur doivent favoriser l'inscription des femmes aux programmes qui répondent directement aux besoins de l'industrie. Pour assurer la formation de diplômés capables de satisfaire les besoins de l'entreprise, l'AMC formule les six recommandations ci-dessous : 1 - Les universités et les établissements d'enseignement collégial doivent définir un nouvel équilibre entre formation spécialisée et formation générale. 2 - Les programmes de doctorat et de maîtrise en sciences et en génie doivent être abrégés. 3 - Les écoles de sciences appliquées et de génie doivent accorder davantage de place aux programmes portant sur l'organisation scientifique du travail. 4 - Les universités et les établissements d'enseignement collégial doivent améliorer la qualité de leur formation en gestion. 5 - Les écoles d'études commerciales doivent renforcer leurs programmes de marketing international. 6 - Il faut favoriser l'orientation des étudiantes dans les secteurs des sciences, du génie et de l'administration des affaires. 1 - Les universités et les établissements d'enseignement collégial doivent définir un nouvel équilibre entre formation spécialisée et formation générale. La société contemporaine est caractérisée par une évolution accélérée et par l'importance sans cesse croissante de la technologie. En outre, la société exige aujourd'hui de l'entreprise qu'elle adopte un comportement éthique et social responsable. En parallèle, la globalisation de l'activité des entreprises, née de la circulation rapide et massive de l'information, des biens et des capitaux entre les pays, exerce une influence sur toutes les facettes de l'activité économique . Dans ces conditions, les employés les mieux armés pour faire face à l'avenir seront ceux qui seront en mesure de réagir à l'évolution de leur milieu plutôt que ceux qu'on aura spécialisés à outrance. Bien que nécessaire, la spécialisation ne peut constituer la finalité ultime de l'enseignement postsecondaire. Il demeure néanmoins qu'un certain nombre de spécialités continueront d'être importantes dans l'exercice d'un grand nombre de professions. Nous vivons à l'ère de la technologie, travaillons au sein d'une économie axée sur l'information et faisons des affaires à l'échelle de la planète. Quel que soit leur futur plan de carrière, les étudiants doivent acquérir une compréhension pratique des mathématiques, des sciences et de la technologie, et avoir des notions de base en lettres et en sciences sociales. Tous les étudiants doivent par ailleurs être en mesure de communiquer de façon efficace, verbalement et par écrit. Enfin, la connaissance des langues étrangères est de plus en plus importante, au fur et à mesure que le concept de «village global» devient réalité. Recommandations aux membres de l'AMC. Dans le cadre de leurs échanges avec les universités et les établissements d'enseignement collégial, les entreprises doivent insister sur l'importance de mettre sur pied des programmes d'études qui permettent aux étudiants d'acquérir des connaissances dans un grand nombre de domaines. Lors de leurs campagnes de recrutement sur les campus, les entreprises manufacturières doivent insister sur ce point. Malheureusement, la cohérence n'est pas toujours de rigueur dans ce domaine. Certaines entreprises font grand état de leurs besoins d'employés dotes d'une formation générale, puis engagent des spécialistes dotés de connaissances poussées dans des domaines limités. Les exigences en matière de dotation en personnel doivent aller au-delà de la qualification technique des candidats à un premier emploi et tenir davantage compte de la capacité intellectuelle de ces derniers, dans le cadre de leur cheminement de carrière global. Recommandations aux universités et établissements d'enseignement collégial et secondaire. A la lumière de l'évolution rapide de notre société, tous les programmes universitaires doivent couvrir un large éventail de connaissances. Ainsi, les programmes en génie et en sciences doivent intégrer des cours en lettres et en sciences sociales, tandis que les programmes en arts doivent comporter des cours de mathématiques et de sciences. On doit insister davantage, tout au long des études, sur la communication verbale et écrite. Les établissements d'enseignement doivent par ailleurs offrir des meilleurs services d'orientation. A l'heure actuelle, bon nombre d'étudiants effectuent leur choix de carrière en fonction de renseignements insuffisants ou trompeurs. Une fois sur le marché du travail, de trop nombreux diplômés se rendent compte que leur cheminement de carrière est ralenti par certaines carences d'apprentissage dont ils n'ont pas su, lorsqu'ils étaient encore sur les bancs d'école, reconnaître l'importance. La formation générale est tout aussi importante au niveau secondaire. On doit, à cet effet, inciter sinon obliger les élèves, à suivre des cours de mathématiques, de sciences et de français. 2 - Les programmes de doctorat et de maîtrise en sciences et en génie doivent être abrégés. Pour relever le défi de la concurrence nationale et internationale, les fabricants canadiens doivent pouvoir compter sur un bassin beaucoup plus étendu de scientifiques et d'ingénieurs dotés d'une formation de deuxième ou de troisième cycle. Toutefois, le temps que les étudiants doivent consacrer pour obtenir une maîtrise ou un doctorat en sciences ou en génie est aujourd'hui beaucoup trop long. De nombreux étudiants, encore à l'université, pourraient fort bien mettre leurs connaissances à profit dans l'industrie, dans l'enseignement ou ailleurs. Ils constituent une ressource vitale dans le cadre du renouvellement nécessaire des sciences et de la technologie au Canada. La réduction de la période nécessaire à l'obtention des diplômes de deuxième et de troisième cycles en sciences et en génie : - profitera à l'industrie, puisque les nouveaux diplômés de deuxième et de troisième cycles pourront se joindre aux entreprises plus tôt et seront probablement plus sensibilisés à l'importance des échéances dans le cadre de la réalisation des projets qui leur seront confiés; - profitera aux universités, qui pourront ainsi offrir une formation mieux adaptée à la réalité d'aujourd'hui tout en comprimant leurs coûts; en outre, les diplômes de deuxième et de troisième cycles exerceront davantage d'attrait sur les étudiants, qui n'auront plus à se soumettre à des études prolongées et parfois incertaines; - profitera aux étudiants, qui disposeront ainsi de plus de temps pour maximiser leurs chances professionnelles. Pour atteindre ces résultats, les universités, les entreprises ainsi que le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada devront tous jouer un rôle important. Recommandations aux membres de l'AMC. Les entreprises doivent insister auprès des universités pour que le doctorat soit décerné après trois ou quatre ans d'études, à la suite de l'obtention du baccalauréat, et pour que la maîtrise soit décernée au terme d'une période de 12 à 18 mois. Recommandations aux universités et établissements d'enseignement collégial. Les départements de génie et de sciences doivent apporter des modifications importantes à leurs programmes menant au doctorat et à la maîtrise. Les étudiants devraient pouvoir obtenir un doctorat après trois ou quatre années d'étude, et une maîtrise au terme d'une période de 12 à 18 mois. La maîtrise et le doctorat doivent constituer des programmes distincts, la maîtrise ne devant pas uniquement constituer un préalable à la poursuite des études de doctorat. Le doctorat devrait attester de l'aptitude de leurs titulaires à mener des recherches indépendantes de façon scientifique en respectant un calendrier établi ainsi que leur capacité de rendre compte des résultats obtenus de façon éclairée. La maîtrise devrait être décernée aux étudiants davantage rompus aux sciences fondamentales et au génie que les titulaires d'un baccalauréat. Recommandations aux CRSNG. Le Conseil doit réviser son processus d'octroi des subventions dans le cadre de la recherche universitaire, de façon à s'assurer que les étudiants du niveau du doctorat obtiennent leur diplôme au terme d'une période moyenne de trois ou quatre années. La pertinence des demandes en ce qui concerne la formation de deuxième et troisième cycles devrait être jugée en partie en fonction de cette échéance. En outre, le CRSNG devrait accorder ses bourses d'études et de recherches en tenant compte des délais prescrits. 3 - Les écoles de sciences appliquées et de génie doivent accorder davantage de place aux programmes portant sur l'organisation scientifique du travail. Les changements auxquels ont été soumis les méthodes de fabrication au cours de la dernière décennie ont singulièrement accru la demande en spécialistes de l'organisation scientifique du travail, nouvelle catégorie d'experts chargés d'assurer l'élaboration et la supervision des nouveaux modes de fabrication. Pour demeurer compétitives au cours des années 1980-1990, les entreprises devront aller au-delà de l'innovation et s'assurer d'être en mesure de produire de façon efficace des produits d'une qualité inégalée. Dans le domaine de la fabrication, les entreprises de pointe visent actuellement une production exempte de tout défaut et misent sur des stocks opportuns, sur l'automatisation ainsi que sur des systèmes d'information et de communication capables de souplesse. La formation de spécialistes en organisation scientifique du travail constitue justement le domaine où les écoles de génie canadiennes accusent le retard le plus marque par rapport aux exigences des secteurs industriels. En de nombreuses occasions, les entreprises canadiennes ont été forcées d'engager des candidats à l'étranger pour répondre à leurs besoins à ce chapitre. Les statistiques couvrant les périodes de 1972 à 1981 montrent que l'organisation scientifique du travail constituait la principale branche génie dans laquelle les diplômés étrangers faisant leur entrée sur le marché du travail dépassaient en nombre les diplômés canadiens. Cette situation n'a pas beaucoup évolué au cours des dernières années. Recommandations aux membres de l'AMC. Les entreprises doivent s'assurer de bien faire connaître aux écoles de génie canadiennes l'importance cruciale qu'elles attachent à la qualité et à l'efficacité des processus de fabrication et doivent informer ces dernières du besoin impérieux de faire une plus grande place aux programmes d'études portant sur l'organisation scientifique du travail. Recommandations aux universités et établissements d'enseignement collégial. Les écoles spécialisées doivent faire une plus large place à l'étude de l'organisation scientifique du travail et, au besoin, procéder à la mise sur pied de programmes à cet effet. En outre, les conseillers en orientation doivent informer les étudiants de la très forte demande des entreprises dans ce secteur et du rôle important dévolu aux spécialistes de l'organisation scientifique du travail. 4 - Les universités et les établissements d'enseignement collégial doivent améliorer la qualité de leur formation en gestion. La compétitivité des entreprises canadiennes dépend, en grande partie, du talent et de la formation des gestionnaires qui les dirigent. Néanmoins, la qualité actuelle des cours de formation en administration demeure en deçà des besoins de l'industrie, qui ne peut se contenter de demi-mesure. Bien que certaines grandes écoles de gestion canadiennes parviennent à maintenir les standards les plus exigeants, le niveau de la formation en gestion au pays est inégal. En tentant de répondre aux exigences d'une population étudiante en pleine croissance, certains établissements ont malheureusement sacrifie la qualité de leurs programmes. Qualités de gestion essentielles. Pour aider à corriger ce problème et permettre aux écoles d'études commerciales de réaménager leurs programmes d'études, l'AMC a déterminé un ensemble de qualités que le gestionnaire de l'entreprise doit aujourd'hui réunir. Ces qualités sont les suivantes : - les dirigeants d'entreprise doivent être des motivateurs hors pair; - les gestionnaires, à tous les échelons, doivent faire preuve de souplesse et être en mesure de côtoyer l'ambiguïté et l'incertitude; - les gestionnaires doivent faire preuve de créativité, être capables de mettre au point de nouveaux produits et de mettre en oeuvre de nouveaux procédés; - pour répondre à ces exigences, les gestionnaires doivent être des communicateurs, des négociateurs et des coordonnateurs efficaces, et être capables de déléguer les pouvoirs; ils doivent en outre disposer d'une perspective élargie et être capables de s'engager à fond; - en outre, pour exercer de façon efficace la fonction de dirigeant d'entreprise, il importe de bien comprendre les phénomènes culturels et les valeurs qui y sont associées, l'évolution du rôle de l'entreprise dans la société ainsi que les rôles respectifs joues par les secteurs public et privé chez nous et chez nos partenaires commerciaux. Recommandations aux membres de l'AMC. Les entreprises doivent jouer un rôle plus déterminant au sein des écoles commerciales en leurs apportant leur soutien: et en insistant sur l'importance d'une formation en gestion de haut niveau. Les suggestions qui suivent concernant la reforme des programmes d'études peuvent constituer une base de discussion avec les doyens des grandes écoles commerciales. Il revient aux entreprises de démontrer concrètement comment l'application de ces recommandations peut aider à répondre à leurs besoins. Recommandations aux universités et établissements d'enseignement collégial. Les écoles commerciales doivent se pencher attentivement sur leur principaux programmes d'études. Si les cours regroupes dans le tronc commun doivent continuer à communiquer aux étudiants un certain nombre d'aptitudes de base, ils doivent également leur offrir une compréhension des contextes politique, environnemental, éthique et technologique dans lesquels ils sont appelés à exercer leurs fonctions. A cette fin, les grandes écoles doivent mettre sur pied des programmes conjoints de concert avec d'autres départements universitaires, tels que les études internationales, les langues, le génie et l'informatique. La même démarche doit prévaloir pour ce qui est des relations avec les entreprises. Les programmes destines aux étudiants en gestion doivent manifester rigueur et profondeur sur le plan des techniques financières et quantitatives. Les cours ainsi offerts doivent traiter de techniques d'entrevue, d'assistance professionnelle, d'orientation, de négociation, de motivation et de mesures disciplinaires. Ils doivent également traiter de relations interpersonnelles. D'autre part, l'acquisition d'une facilité de communication verbale et écrite doit constituer un préalable à l'obtention des diplômes des grandes écoles commerciales. Ces diverses aptitudes doivent être intégrées à tous les aspects des programmes d'études. Enfin, les écoles commerciales doivent adopter des stratégies destinées à assurer le perfectionnement de leur corps professoral. Elles doivent se pencher sur la question des mandats ainsi que des promotions de façon à s'assurer que l'on accorde la plus haute importance à l'enseignement et à la recherche appliquée. Les professeurs comptant le plus d'expérience ainsi que les doyens doivent participer directement à cette démarche et prendre part à l'engagement des professeurs débutants. On doit enfin favoriser le perfectionnement des professeurs par une rémunération appropriée et par une rétribution des initiatives interdisciplinaires dans le domaine de l'enseignement et de la recherche. 5 - Les écoles d'études commerciales doivent renforcer leurs programmes de marketing international. Les grandes écoles commerciales doivent améliorer leurs programmes de marketing international de façon à doter les futurs gestionnaires canadiens de tous les outils nécessaires pour relever les défis de la concurrence internationale. A l'heure actuelle, de trop nombreux hommes et femmes d'affaires canadiens ne semblent pas posséder la détermination et la capacité nécessaires pour réussir sur les marchés internationaux. Constatant cette carence, le Forum européen de management (qui classe les 22 pays membres de l'OCDE sur le plan de la compétitivité et d'autres facteurs déterminants) a placé en 1986 le Canada en position très moyenne dans la catégorie de l'orientation vers l'extérieur. (Le Canada s'est classe douzième à cet égard comparativement au sixième rang qu'il occupait sur le plan général.) Les Canadiens ne semblent pas avoir réagi assez rapidement aux nouvelles réalités de la concurrence internationale. A ce chapitre, la composante éducationnelle semble plutôt freiner que soutenir les efforts du Canada. A cet égard, les dirigeants d'entreprise ne semblent pas avoir compris aussi bien que les universitaires l'importance de mettre sur pied des cours centres sur le marché international. Cette attitude est partagée par les étudiants de maîtrise en administration des affaires (MBA). Le tableau 3-1 présente les résultats d'un sondage effectué par l'école commerciale de l'Université Queen's, sur l'urgence de procéder à la mise sur pied de cours en commerce international. Recommandations aux membres de l'AMC. Les entreprises doivent faire valoir aux écoles commerciales locales que les programmes d'études en gestion doivent insister davantage sur le commerce international. En outre, les entreprises doivent faire appel aux professeurs de gestion en ce qui a trait au perfectionnement de leurs gestionnaires sur le plan du marketing international. Une telle collaboration entre l'entreprise et le milieu de l'enseignement peut revêtir plusieurs formes, exposées dans la deuxième partie du présent document. Recommandations aux universités et établissements d'enseignement collégial. Certaines grandes écoles commerciales canadiennes devraient offrir des programmes d'études complets menant à un diplôme en marketing international, et tous les programmes d'études en gestion devraient être réaménagés de façon à souligner l'importance des réalités contemporaines en ce qui a trait à la concurrence et au commerce internationaux. A l'extérieur des écoles ou départements d'études commerciales, on devrait également accorder une plus grande importance à l'évolution commerciale des autres pays et du marché international dans son ensemble. Les cours, les travaux pratiques et les séminaires en économie, en langue, en littérature, en histoire ainsi que dans d'autres domaines doivent contribuer à préparer l'étudiant aux multiples réalités interdépendantes qui caractérisent cette fin de vingtième siècle. 6 - Il faut favoriser l'orientation des étudiantes dans les secteurs des sciences, du génie et de l'administration des affaires Si l'application des recommandations formulées dans présent document peut accroître la pertinence des programmes d'études, elle ne pourra cependant jamais que fournir la moitié des diplômés compétents dont le secteur manufacturier a un besoin urgent. En effet, les résultats d'une réorientation ne seront vraiment satisfaisants que lorsque davantage de femmes seront admises dans les disciplines pouvant réellement aider l'industrie. Il ne fait néanmoins aucun doute que la position des femmes dans l'éducation supérieure s'est améliorée. Entre 1973 et 1985, la proportion des femmes parmi les diplômés recevant un baccalauréat ou un premier grade professionnel est passée de 40 pour cent à 52 pour cent. Au cours de la même période, la proportion des étudiantes ayant reçu une maîtrise s'est accrue de 27 pour cent à 42 pour cent. Toutefois, la proportion des femmes demeure encore trop faible, particulièrement dans les domaines de première importance pour l'industrie. En 1985, les femmes ne représentaient en effet que 38 pour cent des nouveaux diplômés en commerce et à peine 11 pour cent des nouveaux diplômés en génie et en sciences appliquées. En outre, il demeure qu'encore trop peu de femmes poursuivent des études de deuxième et de troisième cycles et ce, dans tous les domaines. En 1985, seulement 26 pour cent de tous les nouveaux titulaires de doctorats étaient des femmes. Recommandations aux membres de l'AMC. Les entreprises doivent travailler de concert avec les universités et les établissements d'enseignement collégial pour inciter les femmes à entreprendre des études dans des disciplines qui correspondent aux besoins du secteur privé. Les entreprises doivent aussi témoigner de l'importance que représente cette question pour le milieu des affaires. Les entreprises doivent enfin s'assurer de l'accessibilité réelle des femmes aux postes de haute direction. Recommandations aux universités et établissements d'enseignement collégial. Les établissements d'enseignement doivent prendre les moyens nécessaires pour que les femmes soient mieux conseillées et mieux orientées dans leurs choix universitaires et dans leurs choix de carrière. Ils doivent offrir un soutien particulier aux femmes qui songent à entreprendre des études dans les domaines techniques et scientifiques. En outre, ils doivent déployer tous les efforts nécessaires pour accroître l'inscription des femmes aux programmes de deuxième et troisième cycles. Enfin, l'engagement et la promotion des femmes au sein de l'université et des établissements d'enseignement collégial doivent être exemplaires et fournir ainsi des modèles à l'intention des étudiantes de tous niveaux. Conclusion : Appel à la mobilisation. Le maintien de la compétitivité du Canada repose en grande partie sur l'amélioration de notre système d'éducation postsecondaire. En effet, la réussite du Canada sur les marchés internationaux dépend essentiellement de la façon dont nous saurons mettre à profit notre atout le plus précieux : nos ressources humaines. Pour réaliser pleinement notre potentiel, il nous faut resserrer nos liens avec les universités et les établissements d'enseignement collégial. Le présent document propose, regroupée sous trois grandes rubriques, une série de mesures concrètes et réalistes pour doter le Canada du système d'éducation supérieure qui lui convient et auquel il a droit. Résumons brièvement ces mesures. La première partie traite du besoin pressant du Canada de procéder à l'élaboration d'une stratégie nationale en ce qui a trait à l'enseignement postsecondaire. Cette stratégie repose en grande partie sur la question du financement. A ce chapitre, les provinces apparaissent comme les véritables coupables de l'insuffisance de fonds octroyés au secteur de l'enseignement, bien que le gouvernement fédéral semble maintenant vouloir faire marche arrière lui aussi sur ce plan. Cette section formule cinq recommandations précises. - Le gouvernement fédéral doit mettre en oeuvre une stratégie nationale qui reconnaîtra l'importance des établissements d'enseignement postsecondaire en ce qui a trait à la compétitivité de notre économie . - Il faut déréglementer les frais de scolarité et assouplir les programmes universitaires, de façon à encourager la recherche de l'excellence et à doter les milieux universitaires de la souplesse nécessaire pour faire face à l'évolution de la conjoncture économique mondiale. - Le gouvernement fédéral doit revenir sur sa décision de freiner la croissance des fonds qu'il consacre aux universités. - Les gouvernements provinciaux doivent renforcer leur appui financier aux universités et établissements d'enseignement collégial. - Les gouvernements fédéral et provinciaux doivent profiter de la déréglementation pour obliger les universités à répondre davantage de leurs résultats et leur permettre de mieux maîtriser leur avenir. La deuxième partie examine les façons de consolider les liens entre les secteurs de l'industrie et de l'enseignement; on y formule cinq recommandations et plans d'action. - Les entreprises doivent accroître le financement qu'elles consentent aux universités. - Les entreprises et les établissements d'enseignement postsecondaire doivent mettre au point des processus visant à faciliter la recherche sous contrat et les transferts de technologie. - Il faut faire plus de place aux programmes d'études en alternance. - Les entreprises et les établissements d'enseignement doivent multiplier les échanges de personnel. - Les entreprises et les établissements d'enseignement postsecondaire doivent raffermir leur collaboration en matière de recyclage et de perfectionnement du personnel. La troisième partie tente d'élaborer des solutions visant à permettre aux universités et aux établissements d'enseignement collégial de former des diplômés qui répondent aux besoins de l'industrie; on y formule six recommandations et plans d'action. - Les universités et les établissements d'enseignement collégial doivent définir un nouvel équilibre entre formation spécialisée et formation générale. - Les programmes de doctorat et de maîtrise en sciences et en génie doivent être abrégés. - Les écoles de sciences appliquées et de génie doivent accorder davantage de places aux programmes portant sur l'organisation scientifique du travail. - Les universités et les établissements d'enseignement collégial doivent améliorer la qualité de leur formation en gestion. - Les écoles d'études commerciales doivent renforcer leurs programmes de marketing international. - Il faut favoriser l'orientation des étudiantes dans les secteurs des sciences, du génie et de l'administration des affaires. Ces recommandations ne visent pas uniquement à améliorer la qualité de l'enseignement postsecondaire mais s'inscrivent dans le cadre d'un appel à la mobilisation par l'AMC dans le but de revitaliser l'économie nationale et d'assurer la compétitivité du Canada. La globalisation de l'économie mondiale exige un engagement résolu en faveur de la croissance économique et de la productivité. Pour réaliser de tels objectifs, nous devons renforcer notre système d'enseignement supérieur de façon à en faire un véritable moteur de développement, dans le cadre de la mise en oeuvre d'une nouvelle stratégie de développement économique visant à accroître notre compétitivité. Nous prions donc instamment tous les membres de l'AMC d'examiner attentivement les recommandations du présent document; c'est à eux qu'il revient maintenant de prendre les moyens nécessaires pour en assurer l'application. Le temps presse, et il devient impérieux pour le Canada de se doter d'un plan d'action à la fois audacieux et réaliste en vue d'améliorer son système d'enseignement postsecondaire. La prospérité et la compétitivité du Canada en dépendent.