*{ Caisses populaires Desjardins 1989 } Introduction. Jamais auparavant le Canada n'a examiné d'aussi près les actes posés par le monde des affaires en matière d'environnement. Les sondages montrent que l'environnement constitue l'une des principales préoccupations des Canadiens. Quatrevingt-treize pour cent des personnes interrogées estiment que la pollution nuit à leur santé et 86 % d'entre elles seraient prêtes à payer jusqu'à 100 $ par mois par famille pour des produits moins dangereux pour l'environnement. Le message est clair. La protection de l'environnement n'est plus uniquement l'affaire des groupes de pression et des ministres de l'environnement. Le monde des affaires doit se prononcer clairement en faveur d'un environnement sain et il doit tenir ses engagements. Les gens d'affaires, comme le reste du pays, entrent dans une époque où l'environnement joue un rôle majeur dans la prise de décisions. Nous avons vécu une première vague d'environnementalisme, déclenchée dans les années 60 par l'utilisation excessive de produits chimiques toxiques et par le déversement d'une telle quantité de déchets que les rivières devenaient des égouts à ciel ouvert. Nous connaissons maintenant la seconde vague d'environnementalisme. Le public comprend que le nettoyage ne suffit plus; il faut des changements fondamentaux si l'on veut éviter de créer de nouveaux problèmes pour l'avenir. Autrefois, on avait souvent tendance à trop simplifier le débat sur l'environnement. On croyait qu'il fallait choisir entre un environnement sain et la fermeture des usines et que le prix à payer pour une économie saine était un environnement sale. De plus en plus, les leaders du gouvernement, des milieux d'affaires et des mouvements environnementaux déclarent que ni l'un ni l'autre de ces extrêmes n'est réalisable ou acceptable. Il faut protéger l'environnement, non pas en mettant un terme à l'activité économique, mais en modifiant les pratiques destructrices pour l'environnement. Il nous faut choisir des formes de développement et des modes de vie respectueux de l'environnement. Il y a longtemps qu'on sait que les grandes entreprises qui exploitent les richesses naturelles et construisent d'énormes cheminées ont un effet sur l'environnement. Bon nombre d'entre elles dépensent des millions de dollars pour modifier leurs produits et leurs méthodes ou pour installer un équipement anti-pollution. Mais que dire des petites et moyennes entreprises, celles qui ne font guère la une des journaux? Certaines petites entreprises, qui traitent des produits dangereux, ont dû apporter des modifications importantes pour empêcher la pollution; cependant, l'impact de nombreuses autres entreprises est beaucoup moins évident. En réalité, toutes les entreprises, comme tous les citoyens, font partie de l'équation environnementale. Nous serons tous touchés par les problèmes à venir et nous devrons apporter des changements. La crise des ordures, c'est-à-dire le fait que nos dépotoirs se remplissent et que personne n'en voudrait d'autres dans sa cour, touche chacun d'entre nous. Tout le monde utilise l'énergie; on ne peut produire d'énergie sans impact environnemental : pollution atmosphérique, déchets nucléaires et risques de déversements pétrolier s. Toutes les entreprises achètent des biens et services, dont certains sont fabriqués à l'aide de substances dangereuses. Si l'impact d'une seule entreprise peut sembler négligeable, les dizaines de milliers de petites et moyennes entreprises ont sur l'environnement un effet cumulatif substantiel. ? mesure que croîtra notre production, nous augmenterons également les dommages à l'environnement à moins de modifier bon nombre de nos méthodes de fabrication et de consommation. Il ne fait aucun doute que les entreprises seront obligées de faire des choix environnementaux. Les lois seront de plus en plus sévères, car le public tient de plus en plus à ce que la pollution soit traitée comme un crime grave. On projette des nettoyages plus complexes et plus coûteux, par exemple des anciens dépotoirs. Déjà, les ministres de l'Environnement et les groupes de pression commencent à s'intéresser à un grand nombre de méthodes et de produits. Malgré les changements majeurs qui s'annoncent, le monde des affaires dans son ensemble ne s'est pas encore attaqué à la question environnementale. On ne trouve guère de gens d'affaires désireux d'endommager l'environnement, mais bon nombre d'entreprises ont des effets néfastes parce que leurs propriétaires n'en sont pas au courant ou parce que le changement présente des difficultés économiques. Le temps est venu pour l'ensemble du monde des affaires de faire comprendre au public qu'il s'intéresse à l'environnement et de manifester cette préoccupation en établissant et en respectant des cibles en matière d'environnement. En fait, un bon comportement environnemental présente des avantages économiques. Un environnement sain est essentiel pour une société et une économie saines. Les préjudices causés à l'environnement ne nuisent pas uniquement à la collectivité; c'est un peu comme si on endommageait les stocks dans son propre entrepôt. Le nombre croissant d'entreprises adoptent une position plus proactive en matière d'environnement. Elles étudient leur fonctionnement et installent un matériel anti-pollution ou énergétiquement efficace, elles utilisent les ressources d'une façon plus efficace et rédigent leurs propres codes environnementaux. La Chambre de Commerce du Canada est la principale association commerciale du pays; elle est consciente de son devoir d'informer ses membres sur les questions critiques se rapportant au lien entre l'environnement et l'économie. Compte tenu de la variété de ses membres chambres de commerce locales, associations commerciales et industrielles, entreprises de toutes les tailles et de tous les secteurs, la Chambre de Commerce est idéalement placée pour jouer un rôle de premier plan en matière de sensibilisation et de protection environnementales. Certains des messages présentés ici sont très durs. Nos problèmes environnementaux sont très graves et certains empireront tout simplement parce qu'ils ont déjà un élan et qu'il faudra un certain temps pour les résoudre. Mais l'heure n'est pas au pessimisme. Il faut plutôt faire face à l'un des principaux défis de notre époque, construire une société durable sur le plan écologique aussi bien qu'économique. Beaucoup de problèmes environnementaux semblent si énormes qu'aucune entreprise, ni même aucun pays ne paraît en mesure de les résoudre. Mais les problèmes sont causés par des gens qui agissent seuls ou en petit nombre. La solution de nos problèmes environnementaux proviendra non seulement de grands accords internationaux, mais de l'effort concerté des gouvernements, des entreprises, petites et grandes, et des particuliers. L'importance du monde des affaires vient de ce que la petite entreprise fournit la plus grande partie de nos biens et services. Ce sont les gens d'affaires qui peuvent et doivent trouver des solutions leur permettant de continuer à travailler sans créer de nouveaux problèmes environnementaux. Si nous agissons localement et de concert, nous pouvons lutter contre les plus graves problèmes environnementaux. Les changements qui sont à notre portée peuvent, en s'additionnant, produire une nouvelle révolution industrielle, fondée sur des produits qui ne menaceront ni l'environnement, ni notre santé, ni notre bonheur. Chapitre premier: Les problèmes environnementaux et les répercussions pour le monde des affaires. Les répercussions de nos problèmes environnementaux sont aussi vastes que spectaculaires. De Toronto à Tuktoyaktuk, personne n'est à l'abri de leurs effets. Les problèmes environnementaux modifient le mode de vie, le commerce international, la sécurité nationale, régionale et globale et suscitent des migrations. Toutes les entreprises seront touchées: les pluies acides nuiront au tourisme, il y aura des produits toxiques dans l'eau potable, les scieries manqueront de bois, les pêcheurs verront leurs prises diminuer, il n'y aura plus de place pour les déchets et l'effet de serre modifiera le climat. Le produit chimique qui se vend bien aujourd'hui pourrait bien être reconnu demain comme un grave danger pour l'environnement. A cause des répercussions environnementales majeures de notre société industrielle moderne, il est important que tous les gens d'affaires de comprennent au moins l'essentiel des problèmes environnementaux, tout comme ils doivent comprendre les bases de la science économique. Nous devons nous rendre compte que les dommages environnementaux ne sont pas seulement un problème d'éthique ou même d'hygiène. C'est un problème de richesse. Nous gaspillons les ressources naturelles qui font notre richesse, nous accumulons d'énormes factures de nettoyage et nous rendons plus difficile pour les générations à venir de vivre et de faire des affaires. Voici une liste des principaux problèmes environnementaux qui marqueront notre avenir, elle est loin d'être complète. L'atmosphère. La pollution atmosphérique est si poussée qu'elle répand des produits chimiques nocifs sur le monde entier et modifie l'équilibre des gaz qui constituent notre atmosphère. On a dit que les pluies acides sont le pire problème environnemental du Canada. Selon les scientifiques du gouvernement fédéral, de 100 000 à 150 000 des quelque 700 000 lacs situés à l'est du Manitoba ont subi des dommages en raison des retombées acides, tandis que 150 000 autres sont en danger. Depuis le milieu des années 80, un nombre considérable d'arbres sont morts de façon imprévue, surtout au Québec . Au sud de la ville de Québec, certaines érablières ont dû fermer. Les fonctionnaires du ministère de l'Environnement et de l'Énergie du Québec estiment que la pollution atmosphérique, y compris les précipitations acides, est une des causes de la mort des arbres. Outre les acides, toute une gamme de produits chimiques toxiques voyagent de longues distances dans l'atmosphère et se retrouvent dans les produits alimentaires, la faune et les humains, même dans le Grand Nord. D'autres produits chimiques synthétiques, principalement les chlorofluorocarbones (CFC) et les halons, flottent dans le ciel et détruisent la couche d'ozone, notre protection naturelle contre l'excès de radiation solaire. A mesure que diminue la couche d'ozone, nous pouvons nous attendre à une augmentation des maladies et à une diminution de la productivité des principales récoltes alimentaires comme le blé, le maïs, le soja et le riz. Ironiquement, d'autres formes de pollution atmosphérique produisent un surplus d'ozone au niveau du sol où ce gaz peut avoir un effet corrosif sur les tissus vivants, notamment les plantes et nos poumons. Le gaz carbonique et les autres gaz libérés par l'activité humaine intensifient l'effet de serre naturel de la terre; on dit qu'il en résultera un réchauffement du climat. Un climat plus chaud modifiera vraisemblablement la température, la pluie, la neige, le vent et les autres facteurs météorologiques, ce qui influencera notre mode de vie, notre approvisionnement en eau potable, la sécurité publique et la production alimentaire. En outre, le réchauffement de la planète fera monter le niveau de la mer en raison de l'expansion thermique de l'eau et de la fonte des calottes polaires. Parmi les problèmes que pose le sol, mentionnons la pénurie de bois, le manque de dépotoirs, les dommages aux terres agricoles et l'étendue des parcs et des régions sauvages. On reboise de plus en plus, mais selon le rapport du vérificateur général du Canada de 1988: «d'importantes pénuries de bois sont désormais signalées au niveau local, dans chaque province. Le reboisement des terres forestières productives ne s'est pas fait au même rythme que la coupe, mettant ainsi en péril la production future de la forêt». Ailleurs dans le monde, la diminution des forêts est très importante; ce fait touchera tous les êtres humains, car il y aura moins d'arbres pour absorber la pollution atmosphérique et protéger notre atmosphère. Avec les riches forêts tropicales disparaîtront de nombreuses espèces qui ont ou pourraient avoir des utilisations alimentaires, médicales ou industrielles. Bon nombre des pratiques agricoles actuelles endommagent le sol, ce qui peut mettre en danger notre approvisionnement alimentaire. Selon Agriculture Canada, la dégradation du sol et l'érosion coûtent au Canada jusqu'à 1,4 milliard de dollars par année en manque à gagner et par l'engorgement des barrages et des voies d'eau. Nous commençons à manquer de dépotoirs et la résistance du public s'accroît chaque fois que les médias signalent des fuites qui contaminent l'eau potable. Les villes canadiennes produisent chaque jour suffisamment d'ordures pour remplir BC Place. Nous jetons chaque année environ 15 millions de tonnes de déchets municipaux et ce chiffre passe à environ 40 millions de tonnes si l'on compte les déchets industriels solides. La perte des terres sauvages, forêts, savanes et marécages, suscite des controverses très acerbes dans beaucoup d'endroits au pays. On réclame la protection de nouvelles régions, sous forme de parcs ou d'autres régions sauvages, tant à des fins récréatives que pour la protection de l'habitat de la faune. Les eaux. Les Canadiens bénéficient d'environ le cinquième de l'eau douce du monde, mais les retombées chimiques et un excès d'eaux usées non traitées contenant des déchets humains et industriels menacent les approvisionnements en eau potable et la faune dans de nombreuses régions habitées. Les eaux souterraines sont également contaminées par les dépotoirs d'où s'écoulent lentement des produits chimiques qui y ont été enterrés, parfois pendant de nombreuses années. La quantité de l'eau commence également à faire problème à mesure qu'une région après l'autre augmente sa demande au point où les rivières, les lacs et les puits ne peuvent suffire. Ceci restreint les possibilités d'expansion des entreprises. Depuis des décennies, la surexploitation périodique des ressources marines constitue un grave problème sur les côtes Atlantique et Pacifique. Si nous ne réussissons pas à équilibrer la demande et l'offre et à conclure des ententes internationales, nos pêches continueront de connaître un cycle de surabondance et de pénurie. Faire face aux problèmes. On peut s'attaquer aux problèmes de la pollution et des ressources. Les gouvernements ont adopté des lois sévères; quant à elles, les industries et les compagnies d'électricité dépensent des centaines de millions de dollars pour lutter contre les pluies acides. Les émissions de nos voitures sont plus propres que jamais auparavant, mais il n'y a jamais eu autant de voitures sur nos route. Le Canada a joué un rôle important dans les négociations qui ont abouti au Protocole de Montréal de 1987 et aux accords subséquents qui prévoient l'élimination des produits chimiques destructeurs de l'ozone. Les entreprises canadiennes adoptent des produits moins dangereux. Mais puisqu'il est impossible de remplacer sur-le-champ tous les produits chimiques actuels, surtout pour la réfrigération, les entreprises doivent trouver des moyens d'empêcher que ces produits ne s'échappent dans l'atmosphère. Contrôler l'oxyde de carbone pour ralentir le changement climatique ne sera pas un mince exploit. Ce gaz invisible est un sous-produit de toutes les formes de combustion; il s'échappe des plus grosses cheminées comme des plus petits tuyaux d'échappement. Selon une conférence qui réunissait en 1988 à Toronto des scientifiques internationaux et des experts des politiques, le monde doit réduire de moitié ses émissions de C02; on a fixé comme objectif provisoire une réduction de 20 % d'ici l'an 2005. Cette réduction exigerait un effort majeur d'efficacité énergétique et de conservation et l'adoption de formes d'énergie qui ne produisent pas de gaz susceptibles de contribuer à l'effet de serre ou de causer d'autres perturbations environnementales majeures. Un programme majeur de réduction du C02 serait coûteux, mais un groupe de travail fédéral-provincial a conclu que les économies d'énergie aboutiraient à un gain financier net. Le reboisement garantira notre approvisionnement en bois et assainira l'atmosphère, car les arbres extraient l'oxyde de carbone de l'air et transforment le carbone en bois tout en libérant de l'oxygène. Le reboisement a connu une forte augmentation depuis quelques années, mais les entreprises doivent toujours faire face au danger d'épuisement des anciennes forêts pendant la croissance des nouvelles. Le Canada a dépensé des milliards de dollars pour le traitement des eaux usées depuis quelques décennies, mais le travail est loin d'être fini. Plus du quart des eaux usées du Canada ne sont pas traitées. En outre, il arrive souvent que les vieux égouts se détériorent et exigent des réparations coûteuses. Certaines régions vont commencer le recyclage des ordures ménagères, mais ce n'est qu'une minime fraction des ordures qui sont recyclées. De plus, il faut procéder davantage à la réduction, à la réutilisation et à la récupération des déchets pour réduire les dépotoirs au minimum. Si nous manquons d'endroits acceptables pour mettre les déchets, les ménages et les entreprises feront face à de graves problèmes. Bon nombre de nos problèmes doivent être résolus à domicile. Mais les pluies acides, la couche d'ozone, le changement climatique et l'état des forêts et des pêches du monde montrent bien que non seulement les régions, mais aussi les pays et l'ensemble du monde doivent travailler de concert. Nul pays ne possède seul son environnement. Chapitre deux: Un nouveau programme de développement durable liant l'environnement et l'économie. «L'économie et tous ses intervenants fonctionnent à l'intérieur de l'environnement, non à l'extérieur; nous ne pouvons espérer maintenir la prospérité économique, si nous ne protégeons pas l'environnement et notre base de ressources, principaux fondements du développement. D'autre part, la croissance économique et la prospérité nous offrent la possibilité de gérer sagement nos ressources et de protéger la qualité de notre environnement. C'est pourquoi nous appuyons l'objectif du développement économique durable, que nous définissons généralement comme un développement où l'utilisation des ressources et de l'environnement aujourd'hui ne remet pas en cause leurs perspectives d'utilisation par les générations futures». - Tiré du rapport du groupe de travail national sur l'Environnement et l'Économie. Cette citation provient d'un document signé par des chefs d'entreprise, des ministres de l'environnement et des environnementalistes. Il a été endossé par le premier ministre du Canada, les premiers ministres des provinces et les leaders des territoires et par un nombre croissant de chefs d'entreprise. Le public et le monde des affaires doivent comprendre qu'il faut considérer l'environnement et sa protection d'une façon beaucoup plus complexe et raffinée. L'expression «développement durable» vise à réunir des notions qu'on avait cru contradictoires: l'environnement et le développement. Pour faire des affaires d'une façon écologiquement durable, il faut développer et raffiner considérablement les critères d'après lesquels on évalue les décisions commerciales. Le résultat final doit se juger d'après les effets environnementaux aussi bien que d'après les bénéfices en dollars. Les saines pratiques commerciales ne doivent pas se borner à réagir aux problèmes environnementaux à mesure qu'ils se posent. Il nous faut adopter des pratiques commerciales qui ne soient pas susceptibles de créer de nouvelles crises. Il faudra un programme à deux volets. Il nous faudra continuer à déceler et à nettoyer la pollution. En même temps, il nous faudra adopter une économie écologiquement durable. Certains de ces changements seront coûteux, mais les avantages en seront encore plus précieux. Depuis les années 60, les entreprises et les gouvernements du Canada ont dépensé des milliards de dollars pour le matériel de lutte contre la pollution. Cet investissement a permis de réduire les répercussions environnementales. Par exemple, le Canada a dépensé plus de l ,5 milliard de dollars pour réduire la pollution parle phosphore dans les Grands Lacs. S'ajoutant aux mesures prises par les États-Unis, cette dépense a considérablement réduit la croissance des algues qui encombraient le lac Érié et menaçaient le lac Ontario. Le Canada a entrepris un programme majeur de lutte contre les pluies acides qui réduira de moitié d'ici 1994 la pollution atmosphérique source de pluies sulfureuses. Ce programme coûtera des centaines de millions de dollars, mais il permettra de prévenir des dommages environnementaux encore plus considérables. Tout porte à croire que les États-Unis entreprendront un programme similaire dans un proche avenir. La protection de la couche d'ozone signifie une modification soudaine de l'utilisation de produits chimiques très répandus dont le remplacement en réfrigération et en climatisation suscite des problèmes difficiles. Mais les alternatives sont inacceptables. L'expérience montre toutefois que cette démarche réactive ne peut soutenir le rythme de l'apparition des problèmes. Chaque nouveau désastre augmente les enjeux et impose des coûts énormes. C'est pourquoi les politiciens et les chefs d'entreprise réclament un déplacement majeur des attitudes. En 1985, la Commission royale sur l'union économique et les perspectives de développement du Canada, présidée par l'ancien ministre des Finances Donald S Macdonald, déclarait qu'il sera essentiel dans les décennies à venir d'intégrer les décisions environnementales aux décisions économiques, car il n'y a en dernière analyse aucun conflit entre le développement économique et la préservation et l'amélioration d'un environnement sain et d'une base durable de ressources. La Commission mondiale sur l'environnement et le développement, équipe d'experts du domaine des affaires, du gouvernement et de l'environnement nommée par les Nations Unies, est l'un des organismes les plus importants à se prononcer sur ce sujet. Le rapport de 1987, connu sous le nom de rapport Brundtland d'après le nom de son président, le premier ministre de Norvège, Gro Brundtland, a déclaré que le développement doit se poursuivre, mais en tenant compte des réalités écologiques. C'était la première fois que des scientifiques, des politiciens et des hommes d'affaires éminents de toutes les régions du monde prononçaient une déclaration aussi générale. Cette commission, qui a tenu des audiences publiques au Canada, a eu une grande influence sur notre pays. Sa visite a suscité la création de la version canadienne de la Commission, le groupe de travail national sur l'Environnement et l'Économie, créé par les ministres de l'Environnement et des Ressources du Canada. Plus tard en 1987, cette équipe composée de 17 chefs d'entreprise, ; ministres de l'environnement et environnementalistes du Canada, a signé un document historique. Ce rapport déclarait que le Canada devait adopter le principe du développement durable et mettre au point des stratégies nationales et régionales en conséquence. Le rapport déclare que le Canada peut jouir d'une ère nouvelle de développement économique environnementalement sain, à la condition de prendre les bonnes décisions. Pour y arriver, il faudrait toutefois une évolution majeure de la façon dont se prennent les décisions économiques. Selon le groupe de travail national, le fardeau du changement incombe aux chefs politiques et commerciaux du pays, notamment au premier ministre du Canada et à ceux des provinces et à des organismes comme la chambre de commerce, le Conseil économique du Canada et le Conseil canadien des chefs d'entreprises. Le groupe de travail national comprenait les dirigeants de cinq grandes entreprises, Inco Ltée, Dow Chemical Canada Inc, Alcan Aluminium Ltée, Produits forestiers Noranda Inc et la Société ontarienne de gestion des déchets, de même que le président de l'Association pétrolière du Canada et le président du Conseil de la Chambre de Commerce du Canada. Le double travail comprenait en outre sept ministres de l'environnement de même que des environnementalistes et des universitaires. On peut donc considérer que ce rapport unanime représente le point de vue des industriels, des gouvernements et des environnementalistes. Depuis lors, les chefs politiques du Canada ont commencé à appliquer les recommandations du groupe de travail. Par exemple, on établit des versions permanentes du groupe de travail sous la forme de tables rondes sur l'environnement et l'économie. Huit d'entre elles sont déjà en fonction. En plus des ministres de l'environnement, des ressources et de l'économie et de certains premiers ministres provinciaux, ces tables rondes se composent de gens d'affaires, de leaders environnementaux et d'autres leaders communautaires, y compris des représentants des syndicats, des autochtones et des universités. Mais les tables rondes ne peuvent offrir qu'idées et leadership. Pour analyser les problèmes environnementaux et trouver des solutions, il faudra la compréhension et la collaboration du monde des affaires et du public. La mise sur pied du groupe de travail de la Chambre de Commerce indique que le monde des affaires comprend l'importance de la responsabilité environnementale et désire être au coeur du débat sur les façons de réaliser cet objectif. Les années 90 seront marquées par le changement et par des possibilités nouvelles dans le domaine environnemental. Cette décennie pourrait également être un point tournant au cours duquel les gouvernements, les entreprises et le public conclueront un nouveau contrat social permettant de résoudre les vieux problèmes et d'empêcher l'apparition de nouveaux problèmes. Le public a fait savoir qu'il désire un changement et qu'il l'appuiera. Les gens d'affaires ont le choix. Ils peuvent subir le changement contre leur gré, ou ils peuvent être des innovateurs ou des chefs de file, ce qui est manifestement la voie du succès. Chapitre trois: De nouvelles orientations pour le monde des affaires et l'environnement. Il est déjà bien difficile de comprendre la masse de termes scientifiques et de principes généraux qui servent à définir les problèmes environnementaux. Pour des gens qui ont l'habitude de se pencher sur des états financiers plutôt que sur des microscopes, il n'est pas facile de se placer au coeur de la protection de l'environnement. En particulier, que signifient l'intégration de l'environnement et de l'économie et le développement durable au bureau ou à l'atelier? Ce concept est à la fois très simple et très complexe. Il est simple car nous savons que nous ne pouvons continuer à polluer au même rythme et à traiter les ressources naturelles comme si elles étaient inépuisables. La complexité commence lorsque nous essayons de modifier un système économique complexe. Il n'y a pas de solution miracle. Il y a des milliers de problèmes et il y aura des milliers de solutions. Certaines seront simples et d'autres très coûteuses. Certaines entreprises seront modifiées de façon radicale ou mettront même un terme à leurs activités, tandis que d'autres prospéreront. Les changements nécessaires pour réaliser la stabilité environnementale impliqueront un grand nombre de preneurs de décision. Il y a plus de 1,1 million d'entreprises en activité au Canada. Quatre-vingt-dix-huit pour cent d'entre elles comptent moins de 100 employés et 84 % moins de dix. Il est manifeste que sans la participation totale du monde des affaires, en particulier des petites et moyennes entreprises, nous n'arriverons jamais à résoudre les problèmes environnementaux du Canada. Ce qu'il faut faire. Par où faut-il commencer, surtout si l'on exploite une petite entreprise qui ne compte que peu d'employés et ne dispose pas d'un expert en matière d'environnement? Bon nombre de changements sont tout simplement affaire de bon sens et des bons vieux principes commerciaux, dont l'économie. Le gaspillage de l'énergie est contraire à la fois aux principes économiques et aux principes environnementaux, même si on le fait souvent parce que l'énergie est relativement bon marché. Les coûts immédiats du gaspillage d'énergies ont assez faibles, mais les coûts environnementaux, qui se manifestent avec les années, sont extrêmement élevés. Réduire l'utilisation des matières premières et la production de déchets, c'est faire preuve du sens des affaires aussi bien que du sens de l'écologie. La rareté fait actuellement monter le prix de certaines matières premières. Le coût de l'élimination des déchets augmente aussi rapidement, car les dépotoirs se remplissent et il n'y a pour ainsi dire aucun endroit où l'on puisse se débarrasser de certains déchets dangereux. Le recyclage est devenu synonyme d'une bonne conduite environnementale, mais les résultats ne sont pas encore ce qu'ils devraient être, car notre économie est toujours surtout axée sur des matériaux vierges. En modifiant nos systèmes de production pour utiliser une plus grande quantité de matériaux recyclés, nous pourrions réduire notre demande énergétique et préserver les matières premières pour les cas où elles sont irremplaçables. Il faudra modifier tout le système de planification commerciale si nous voulons tenir compte de l'environnement. Le cycle de planification de la plupart des entreprises est de quelques mois ou, au mieux, de quelques années. Les cycles environnementaux se mesurent en années, en décennies et en siècles. Nous devrons mesurer les répercussions des décisions commerciales selon une échelle chronologique beaucoup plus longue si nous voulons empêcher les erreurs graves à long terme, comme celles qui nous ont donné les pluies acides. Ceci signifie également que l'évaluation environnementale devra se faire au début du cycle de planification; ce fait devrait être compris et accepté non seulement par les propriétaires d'entreprises, mais par l'ensemble du monde des affaires, y compris les avocats, les financiers et les organismes de réglementation. Parfois, il suffira de dépenser de l'argent pour faire face aux problèmes environnementaux. Dans d'autres cas, on pourra toutefois tirer parti des plans de modernisation ou de l'évolution des méthodes et des produits pour réduire les effets environnementaux. Si on considère l'achat de nouvel équipement, il faut s'interroger sur son efficacité énergétique et sur les déchets qu'il produit. Si un nombre suffisant de personnes font comprendre aux fournisseurs que l'effet environnemental conditionne les décisions d'achat, on s'efforcera davantage de produire des technologies propres. Possibilités commerciales. Il est évident que la période de nettoyage et d'adaptation suscitera beaucoup de travail pour les entreprises dans le domaine environnemental. Le secteur de l'industrie environnementale, qui assure des services de recherche, de mesure, de contrôle, de planification, de conception, de construction et de gestion se développe très rapidement partout au Canada. On estime que ce secteur compte 3 000 entreprises privées qui emploient directement 150 000 personnes et indirectement 50 000 autres. Les estimations de la valeur de l'industrie de l'environnement au Canada s'échelonnent entre sept et dix milliards de dollars par année. Si l'on accepte ce dernier chiffre c'est là deux fois la taille de notre industrie aérospatiale. Le marché américain, où les Canadiens vendent une partie de leurs produits environnementaux, se chiffre à 100 milliards de dollars par année. C'est là manifestement une industrie de croissance, car le pays tente de réduire la somme de déchets déversés dans l'air, dans l'eau et sur terre. Par exemple, il y a plusieurs années que les municipalités canadiennes déclarent que le pays doit investir environ cinq milliards de dollars pour l'amélioration et la réparation des égouts et des aqueducs. En outre, des lois toujours plus rigoureuses exigent un contrôle de plus en plus raffiné des effluents chimiques. La Stratégie municipale et industrielle de dépollution de l'Ontario exige que les industries et les municipalités dépensent des sommes considérables d'argent pour surveiller les déchets qu'elles déversent dans les cours d'eau. Elles devront ensuite installer des systèmes antipollution. Le matériel de contrôle récemment mis au point révèle une somme considérable de pollution dans l'air et divers gouvernements, notamment l'Ontario avec sa Loi sur la lutte contre la pollution atmosphérique, imposeront des exigences du même ordre en ce qui concerne la pollution atmosphérique. Ces deux vastes domaines exigeront un grand nombre d'analystes et d'ingénieurs environnementaux, sans parler des personnes nécessaires pour concevoir, mettre en place et faire fonctionner des systèmes nouveaux et complexes de lutte contre la pollution. Le recyclage vient tout juste de commencer de façon sérieuse dans certaines parties du Canada, mais il devrait certainement devenir un secteur commercial important. A mesure que les dépotoirs se rempliront, le public exigera des effets massifs de recyclage. Si nous recherchons des façons de cesser de produire des déchets dangereux, nous en produisons néanmoins des tonnes. Il existe un marché pour des idées neuves sur le moyen de se débarrasser des déchets existants d'une façon acceptable pour un public de plus en plus sensibilisé. L'incinération permet de se débarrasser de nombreuses toxines, mais beaucoup s'y opposent par crainte d'émissions atmosphériques. Parmi les autres techniques possibles, on note des formes sophistiquées de traitement chimique et microbien, les chimistes cherchant des façons sécuritaires de défaire les molécules complexes qu'ils ont créées. La lutte contre la pollution est en train de devenir un secteur industriel majeur. Des pays comme le Japon s'en sont déjà rendu compte et travaillent à la création d'une industrie de lutte contre la pollution. Si les industries et les gouvernements du Canada peuvent se mettre d'accord sur la nécessité de développer le secteur commercial de la protection environnementale, nous pourrons non seulement nettoyer notre propre environnement, mais aussi exporter notre technologie et nos techniques à d'autres pays. Si nous refusons de bouger, nous dépendrons d'autres pays pour ce secteur vital. Des changements qui réussissent. Certaines entreprises ont fait la preuve que le nettoyage n'est pas l'ennemi de l'économie. Elles utilisent des produits qui étaient autrefois considérés comme des déchets ou elles modifient leurs méthodes pour éliminer les composés dangereux. Les années à venir seront caractérisées par l'expérimentation et certaines expériences réussiront mieux que d'autres. Les industries ont adopté les sacs à déchets biodégradables parce que tout ce qui est biodégradable semblait une bonne chose. Mais les environnementalistes ont souligné qu'en se décomposant, ces sacs se transforment en produits qui sont source de problèmes et le simple fait de leur dégradation dans les dépotoirs rend ceux-ci moins stables. Pourtant, d'autres exemples indiquent des tendances nettes. Les trois exemples suivants montrent bien que le sens des affaires et celui de l'environnement peuvent aller de pair. Vulcan Automotive Equipment Limited (Vancouver). Cette entreprise réusine des pièces d'automobile usagées, y compris des moteurs. Autrefois, le nettoyage se faisait à la soude caustique, qu'il fallait rincer. La boue toxique devrait être transportée à grands frais. Il y a six ans, on a adopté une nouvelle technique qui consiste à chauffer les pièces métalliques pour éliminer les huiles et les graisses volatiles. Ces pièces sont ensuite soumises à un jet de poussière d'aluminium à haute vélocité qui enlève la saleté et la rouille, laissant une couche d'aluminium résistante à la rouille. Ce système ne crée presque pas de déchets toxiques, comporte des coûts réduits et donne un lieu de travail plus propre. L'entreprise estime que la mise en oeuvre de ce système a coûté 75 000 $ et a duré six mois, et qu'il se rentabilise en environ deux En plus d'avoir modifié les méthodes de nettoyage des moteurs, Vulcan recycle le carton, le papier informatique et l'huile à moteur. Winnipeg Photo Limited (Winnipeg). Winnipeg Photo est une entreprise familiale qui développe des pellicules en provenance de tout le Canada; elle récupère l'argent utilisé pour le développement depuis les années 40 et recycle les produits chimiques depuis l974. Au cours de la dernière décennie, l'entreprise a mis en place deux machines à récupérer le développeur couleur. La régénération du développeur permet des économies de l'ordre de 60 à 70 % et les machines se sont rentabilisées au bout d'environ un an. En outre, Winnipeg Photo réutilise les agents de blanchiment et vend l'argent récupéré. Ces techniques ont permis à l'entreprise d'économiser des milliers de dollars et ont évité aux égouts de Winnipeg des quantités importantes de déchets. Polissage et placage GG Inc (Longueuil, Québec). Cette entreprise plaque du cuivre, du nickel et du chrome sur des pièces de motocyclettes et d'automobiles, surtout des pare-chocs. A l'occasion de son expansion en 1984, l'entreprise a commandé un système de récupération des produits chimiques fondé sur l'échange d'ions. Le matériel préassemblé a été installé au-dessus de l'atelier. La machine a coûté environ 125 000 $, mais épargne à GG environ 90 000 $ par année au titre des coûts du traitement, de l'élimination et des matières premières. En 1988, l'entreprise a installé un équipement de purification de l'acide d'une valeur de 50 000 $, qui se rentabilisera d'ici environ six ans. Les systèmes de récupération permettent à GG de récupérer et de réutiliser ou de vendre la plus grande partie des métaux et des acides qu'elle devait auparavant expédier à un centre d'élimination. Partout au pays, un nombre croissant de gens d'affaires se rendent compte qu'il existe une forte demande pour des produits qui n'endommagent pas l'environnement. Un nombre de plus en plus grand de magasins vendent des détersifs sans phosphate, des engrais organiques, des huiles à moteur recyclées, du papier de toilette recyclé et des produits de papier fabriqués sans chlore. On utilise des contenants susceptibles d'être recyclés ou réutilisés et on évite les produits chimiques nocifs dans toute la mesure du possible. En outre, les aliments organiques, qu'on ne trouvait autrefois que dans le secteur des aliments de santé, se retrouvent de plus en plus sur les tablettes des supermarchés, puisque la clientèle tente de réduire son exposition aux produits chimiques. Déclarations et codes. Le monde des affaires produit de plus en plus de codes, de politiques et de déclarations sur la responsabilité environnementale. Certaines associations exigent de leur membres le respect des principes environnementaux et s'entraident en vue du respect de normes collectives. Les déclarations et les codes d'éthique et de pratique engagent publiquement les entreprises à un certain niveau de rendement environnemental. Ainsi, certains codes imposent d'abord le respect des lois et règlements en vigueur, puis offrent des équipes d'intervention d'urgence, une meilleure protection de la qualité de l'air et de l'eau, des consultations publiques et un service d'information. Dans ce cas, les codes vont parfois plus loin que les lois et règlements en vigueur. Parmi les associations et entreprises qui ont adopté officiellement des déclarations sur l'environnement, mentionnons: l'Association canadienne des fabricants de produits chimiques, l'Association pétrolière du Canada, l'Association pétrolière pour la conservation de l'environnement canadien, l'Association minière du Canada, l'Ontario Mining Association, l'Association canadienne des producteurs de pâtes et papiers, Pétro-Canada, Inco Ltée, Noranda Inc, Falconbridge Ltée et Dofasco Inc. La Chambre de commerce du Toronto métropolitain a publié un code de pratique sur la gestion des déchets tandis que la Chambre de Commerce Internationale a promulgué des directives environnementales pour l'industrie mondiale. Pour être efficace, une politique sur l'environnement doit comporter des éléments de responsabilité et de rendement de sorte qu'elle soit prise au sérieux tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'entreprise. Le Conseil d'administration, le chef de la direction et les dirigeants des entreprises doivent donc être bien au courant des problèmes environnementaux pour pouvoir orienter leur personnel. Au minimum, la politique doit obliger l'entreprise à respecter les normes juridiques et celles de l'entreprise en matière d'environnement. Une politique vraiment valable devrait également obliger l'entreprise à gérer et à réduire le risque environnemental, même en l'absence d'exigences juridiques. Les codes sont en général de brèves déclarations de principe. Ils doivent être développés sous forme de documents de travail expliquant comment ils doivent être appliqués par chaque employé. Que l'employé soit chargé du transport de produits toxiques ou tout simplement d'éteindre la lumière dans une pièce non utilisée, sa contribution est importante et devrait être soulignée. Cette année, le comité de la Chambre de Commerce du Canada sur l'environnement a préparé une liste de principes directeurs que la Chambre devrait recommander à tous ses membres. Après étude d'un certain nombre de déclarations de ce genre, le groupe de travail présente sa propre synthèse à des fins de discussion. Au chapitre des recommandations, le groupe de travail demande à la Chambre de Commerce de rédiger et d'adopter un code d'éthique environnemental dans un proche avenir. Selon le groupe de travail, les éléments suivants devraient faire partie d'un tel code. Chaque entreprise devrait s'engager à: - Protéger l'environnement en réduisant au minimum les répercussions néfastes de ses activités et de ses produits sur l'air, l'eau, le sol et les organismes vivants. - Intégrer les décisions économiques et les décisions environnementales dans tous les aspects de la planification commerciale et des opérations en vue de rendre le développement économique plus durable sur le plan environnemental. - Travailler de concert avec les associations dé l'industrie, les organismes gouvernementaux, les organismes scientifiques et publics afin de reconnaître les priorités environnementales et d'élaborer en conséquence des politiques et des textes législatifs. - Tenter de réduire l'utilisation des matières premières et de l'énergie ainsi que la production de déchets. - Choisit des technologies efficaces sur le plan énergétique. - Déceler et réduire au minimum toutes les répercussions environnementales graves liées aux activités de l'entreprise, particulièrement la production de déchets. - Faire connaître à ses employés et au grand public les aspects environnementaux des activités et des produits de l'entreprise. - Assurer la gestion des produits dangereux depuis le berceau jusqu'au tombeau, c'est-à-dire depuis l'arrivée sur les lieux jusqu'à l'élimination finale. - Respecter ou dépasser la totalité des lois et règlements en vigueur et établir elle-même des normes rigoureuses en l'absence de textes législatifs. - Mettre au point des plans d'intervention d'urgence en cas d'accident environnemental et réagir immédiatement dans de tels cas afin de protéger la santé de ses employés, du public et de l'environnement. - Veiller à ce que les acheteurs de leurs produits disposent de l'information nécessaire pour les utiliser de façon à réduire au minimum l'impact environnemental. - Prévoir et prévenir les impacts environnementaux sans se contenter d'y réagir et de tenter d'y remédier. Les membres du groupe de travail espèrent qu'un plus grand nombre d'entreprises et d'associations, grandes et petites, adopteront de tels codes ou rédigeront les leurs. Le groupe de travail incite les chambres de commerce à aider les organismes ou les entreprises qui désirent adopter cette mesure. Vérifications environnementales. La vérification environnementale est un outil que les gestionnaires peuvent utiliser pour surveiller le rendement et déceler les problèmes. Elle ressemble à la vérification financière, mais porte sur l'ensemble du cheminement des matériaux. Il faut naturellement s'intéresser au traitement des produits dangereux et des déchets de production, qui comprennent les déchets entreposés ou enterrés sur les lieux et qui pourraient s'infiltrer dans l'approvisionnement en eau potable de même que les produits dangereux qui sont entreposés, mais qui pourraient s'avérer dangereux en cas de déversement ou d'incendie. Si l'on désire mesurer véritablement l'impact d'une exploitation commerciale, la vérification environnementale ne doit pas s'arrêter à la porte de l'usine. Il faut examiner les impacts environnementaux causés par les matières premières et par l'utilisation du produit fini par les consommateurs. Ainsi, il se peut qu'un produit soit manutentionné en toute sécurité à l'usine, mais qu'il puisse devenir dangereux s'il est mal utilisé ou jeté par les consommateurs. Il est important de veiller à ce que les employés et les consommateurs ne soient pas exposés à des substances nocives. La vérification a plusieurs fonctions. Elle attire l'attention des gestionnaires sur les problèmes éventuels et peut aboutir à des solutions. La vérification environnementale peut être extrêmement simple ou très complexe. Le propriétaire d'un petit atelier fera l'inventaire de ses stocks pour reconnaître les produits portant une mention de danger (inflammable, explosif, toxique, corrosif, etc.) et veillera à ce que ces produits soient entreposés et utilisés en toute sécurité; il s'en débarrassera correctement. Même le profane peut déceler des problèmes éventuels en consultant la documentation sur la sécurité des produits. En cas de doute, on peut s'adresser aux fournisseurs, à la municipalité ou au ministère de l'environnement. Vous pouvez procéder à une vérification des déchets tout simplement en jetant un coup d'oeil sur les poubelles. Ces déchets pourraient-ils être utilisés par vous ou par quelqu'un d'autre ou faire l'objet d'un programme de recyclage? Pour procéder à une vérification énergétique simple, il suffit d'examiner l'éclairage, le chauffage, le refroidissement et l'énergie utilisée. Y a-t-il des déductions possibles? Pouvez-vous vous procurer un matériel plus efficace, notamment des lumières et des moteurs? Pouvez-vous réduire le transport en attendant un chargement complet ou par la mise en commun des wagons? Dans certaines régions, il existe des listes informatiques expérimentales de matériaux qui attendent des camions vides. Si l'entreprise est considérable ou utilise une somme considérable de produits dangereux, une vérification professionnelle peut être indiquée. La vérification environnementale ne doit pas être ponctuelle; elle doit devenir un processus permanent constituant une sorte de contrôle de la qualité, d'inventaire des matériaux et de vérification de sécurité susceptible de prévenir les problèmes. Les entreprises doivent procéder au moins à des vérifications environnementales de base et devraient publier chaque année un état des activités environnementales, tout comme elles publient actuellement leurs états financiers. La publication des données sur la gestion de l'environnement devrait motiver les entreprises à améliorer leur rendement, tout comme les vérifications financières encouragent un bon rendement financier. Des experts-conseils peuvent procéder à la vérification d'une petite entreprise pour aussi peu que le prix d'une photocopieuse ou d'un télécopieur de bonne qualité. Les associations professionnelles peuvent fournir des conseils. La Chambre de Commerce devrait conseiller ses membres qui veulent se renseigner sur ces vérifications. Voici une liste des problèmes les plus fréquemment décelés par les vérifications environnementales. Déchets solides. - Une mauvaise manutention des barils ou des contenants (contenants non étiquetés, fuites et bosses). - Des déchets industriels mêlés à ceux du bureau. - Une analyse incomplète du traitement des déchets dangereux expédiés à l'extérieur. - Une mauvaise tenue de dossiers, y compris des dossiers incomplets sur les pratiques passées, notamment la présence non signalée de dépotoirs. - L'absence d'échange des déchets et de recyclage. Eau. - Des déchets non traités déversés dans les égouts pluviaux. - Un équipement d'échantillonnage mal entretenu ou hors services. - L'absence de dispositifs de mesure des effluents. - Des égouts à l'air libre dans des aires de transfert de liquides. - Des matériaux empilés qui s'écoulent dans les égouts pluviaux. - Une mauvaise installation des séparateurs pétrole-eau. - L'absence de programmes de contrôle ou d'assurance de la qualité en laboratoire. - Le défaut de produire les rapports exigés par les lois et règlements sur l'environnement. - Un plan désuet ou mal rédigé de contrôle des déversements. Atmosphère. - Le manque de données sur les points d'émission. - Des systèmes de ventilation et d'échappement non enregistrés. - L'absence de plans en cas d'incidents de pollution atmosphérique. - L'absence de données fiables sur le rendement du matériel anti-pollution. - Une mauvaise protection des travailleurs contre la poussière. - Un dossier incomplet des plaintes du voisinage ou des plaintes non résolues. - Des dépôts de poussière sur le toit des bâtiments et sur les surfaces pavées. Le rôle du mouvement des chambres de commerce. La Chambre de Commerce du Canada et les 500 chambres ou bureaux de commerce du pays peuvent jouer un rôle efficace en matière d'information et d'amélioration environnementale si elles font du développement durable un objectif majeur à long terme. Elles peuvent travailler de concert avec les experts du domaine de l'environnement et de l'industrie pour aider à mettre au point et à publier des directives et des normes à l'intention des organismes et des entreprises qui en sont membres. Cette mesure ferait comprendre au public et aux gouvernements que le monde des affaires est tout à fait en mesure de travailler à la conservation de l'environnement et d'assurer un leadership dans ce domaine. Elle serait également une ressource précieuse pour de nombreuses petites et moyennes entreprises qui ne disposent ni des connaissances ni des ressources nécessaires pour s'occuper rapidement d'enquêter sur l'état de l'environnement et de prendre à elles seules les décision qui s'imposent. La Chambre de commerce du Québec a fait la preuve que de tels organismes peuvent jouer un rôle dans leur collectivité. Dans un document prônant la recherche de solutions environnementales, elle énumère 17 moyens par lesquels les chambres de commerce locales peuvent contribuer à l'amélioration de l'environnement. Cette liste est reproduite en annexe. Au palier national, la Chambre de Commerce du Canada pourrait mettre sur pied un centre de ressources sur les problèmes environnementaux. Ce centre pourrait fournir des informations aux membres et aider à élaborer des politiques environnementales proactives pour le monde des affaires. La Chambre pourrait suivre l'exemple de la Chambre de Commerce Internationale, qui a mis sur pied le Bureau international de l'environnement. Le BIE est une source transindustrielle de données environnementales sur la lutte contre la pollution provenant de l'activité industrielle et commerciale. L'objectif fondamental est de favoriser une gestion environnementale efficace en vue d'une croissance économique durable. La Chambre de Commerce du Canada pourrait créer un bureau canadien de l'environnement pour venir en aide aux petites et moyennes entreprises du pays. En outre, ce centre pourrait participer à l'élaboration de stratégies de développement durable pour le Canada. Le rôle des associations commerciales et industrielles. Les associations commerciales disposent de réseaux solides et précieux; leurs membres y voient une source de renseignements à jour sur les questions importantes. Puisque l'environnement et le développement durable sont les principaux problèmes auxquels le monde des affaires doit faire face, les associations doivent aider dans ce domaine. Certaines associations, notamment celles des produits chimiques, des mines et des pâtes et papiers, ont été mises en évidence à cause des crises de pollution. D'autres organismes peuvent fournir leadership et aide, particulièrement aux petites et moyennes entreprises, afin d'améliorer le rendement environnemental et d'élaborer des codes de pratique. Le rôle des entreprises. En dernière analyse, ce sont les gens d'affaires eux-mêmes qui recevront les conseils, prendront les décisions et appliqueront bon nombre des changements qui peuvent soulager la pression sur notre environnement. Ce ne sont pas toutes les entreprises qui ont assez de temps ou d'argent pour faire des recherches importantes sur l'environnement. Mais les entreprises peuvent travailler de concert, officieusement ou officiellement, pour élaborer des plans et rédiger des codes. Chaque propriétaire d'entreprise peut, pour sa part, rédiger sa propre politique environnementale. A partir d'une simple déclaration d'engagement, cette politique peut être développée pour devenir un plan de travail qui sera appliqué au moyen de vérifications environnementales et de listes de contrôle. Certains entrepreneurs appliquent déjà le principe du «bureau vert». Il s'agit d'une pratique visant à réduire les déchets, la consommation énergétique et l'utilisation de produits dangereux. Il peut servir non seulement dans des usines, mais aussi dans des bureaux, par exemple des cabinets de comptables et d'avocats qui consomment de grandes quantités de papier et utilisent de l'énergie et des produits chimiques. L'amélioration de l'environnement, tout comme la vérification environnementale, peut se développer à partir de débuts très humbles. Les propriétaires et les administrateurs d'entreprises peuvent: - Établir quels produits dangereux sont utilisés ou fabriqués dans leurs locaux et tenter de trouver des solutions de rechange. - Examiner le comportement des fournisseurs sur le plan environnemental. Les entreprises peuvent s'influencer les unes les autres en favorisant les fournisseurs les plus respectueux de l'environnement. - Examiner l'utilisation de leurs produits pour déterminer s'ils sont nocifs pour l'environnement. S'il y a lieu, il faut tenter de réduire les risques par une meilleure manutention des produits ou par l'introduction de produits différents. - Utiliser le cas échéant les programmes de recyclage et intervenir auprès des gouvernements s'il n'existe pas de tels programmes. Ensuite, ils peuvent y participer et trouver des façons de les améliorer. - Mettre en place un programme de recyclage. L'épicier peut demander à ses clients de rapporter les sacs, tandis que le nettoyeur reprendra les cintres. - Examiner le traitement des déchets pour déceler des possibilités de récupération, de réutilisation, de recyclage ou de réduction. Par exemple, le papier à lettres et le papier informatique peuvent être recyclés comme papier brouillon. Les déchets inévitables doivent être traités de la façon la plus sécuritaire possible pour réduire la pollution. - Examiner la consommation d'énergie. Est-il possible de réduire la demande au moyen de mesures très simples de conservation, par exemple éteindre les lumières inutiles et les machines au repos, ou réduire le chauffage et le refroidissement? Peut-on réduire la demande en utilisant un équipement plus efficace? Toute réduction de la demande de matériaux et d'énergie sera bénéfique pour l'environnement. - Examiner le système de transport, car les véhicules consomment des ressources et de l'énergie depuis leur construction jusqu'au moment où on les traîne au dépotoir. On peut réduire ces répercussions en réduisant la taille des véhicules au strict minimum, en les chargeant le plus possible et en les gardant en bon état afin d'éviter le gaspillage du carburant ou les émissions polluantes inutiles. Pour que ça marche. Un programme environnemental ne peut fonctionner que si les propriétaires d'entreprises font bien comprendre à leurs employés qu'il est prioritaire et que le rendement environnemental sera récompensé. On peut comparer l'environnement à la sécurité au travail, qui s'est institutionnalisée depuis quelques années. Les entreprises peuvent avoir des stratégies environnementales tout comme elles ont des stratégies en matière de sécurité. Elles peuvent partager les connaissances, établir des organismes spécialisés et préparer des documents, des manuels, des séminaires et utiliser d'autres techniques mises au point dans le cadre des programmes de sécurité. Pour encourager la participation des employés à la conservation de l'environnement, les entreprises doivent récompenser ceux qui se distinguent dans ce domaine en leur offrant des primes, des promotions, des vacances et des cours de formation. Communiquer le bon message. Nous savons tous que les entreprises et les gouvernements ne pourront à eux seuls résoudre nos problèmes environnementaux. Les clients devront faire leur part en modifiant des habitudes nocives pour l'environnement et en s'efforçant de trouver des produits environnementalement sains. Mais les gens d'affaires peuvent être des chefs de file dans ce domaine. Chaque jour, les entreprises émettent des millions de messages qui façonnent le comportement du public et ses décisions de consommation. Certains de ces messages diffusés à la télévision ou à la radio, dans les journaux, sur des panneaux et dans des dépliants, sont évidents. D'autres sont plus subtils et sont sous-entendus par la nature des produits fabriqués et vendus. Si le monde des affaires veut s'occuper sérieusement de conservation de l'environnement, il doit non seulement apporter des changements en usine, mais aussi aider le public à comprendre quels produits sont acceptables, et pourquoi. Des associations pour la sécurité de l'environnement. Seul un effort concerté impliquant le monde des affaires, le gouvernement et les autres chefs de file de la communauté permettront les changements rapides nécessaires pour préserver l'environnement de graves dommages. Les gouvernements doivent agir comme chefs de file et aider à constituer un climat favorable à un développement commercial environnementalement durable. Ils peuvent favoriser ce processus en adoptant des lois, des règlements, des incitatifs, des mesures de découragement et d'autres mesures favorisant des pratiques commerciales environnementalement correctes. Ils peuvent assurer l'égalité des chances en veillant à ce que toutes les entreprises respectent les lois anti-pollution. Les gouvernements peuvent favoriser la cause de la conservation de l'environnement en encourageant davantage les entreprises à dépasser le minimum exigé par la loi. Comme le déclarait publiquement un chef d'entreprise, il nous faut plus de mesures incitatives et moins de répression. Les gens d'affaires peuvent aider à former l'opinion publique et utiliser leur savoir-faire pour trouver des solutions économiquement saines aux problèmes environnementaux. Les entreprises et les associations d'entreprises comme la Chambre de Commerce doivent utiliser leur savoir-faire pour aider les gouvernements à concevoir des politiques efficaces et appropriées visant à promouvoir des formes durables de développement et à conserver l'environnement. Les gouvernements et les entreprises doivent se mettre d'accord sur des mécanismes d'établissement du prix des ressources susceptibles de décourager le gaspillage. Depuis de nombreuses années, les experts en matière de ressources disent qu'il est possible d'encourager la conservation et le bon usage des ressources en fixant des prix réalistes. Il faut éviter des politiques qui aboutissent à des prix artificiellement bas pour les ressources naturelles, des prix qui encouragent le gaspillage. Le prix de l'eau en est un bon exemple. L'Enquête sur la politique fédérale relative aux eaux a constaté que l'eau est si bon marché qu'elle semble presque gratuite et que rien n'incite à la conserver et à la protéger. Le secteur privé doit constituer de vastes alliances, ou à tout le moins des rapports de travail, afin que chacun puisse bénéficier des connaissances d'autrui. Par exemple, les gens d'affaires se considèrent parfois comme les ennemis des environnementalistes. Il est vrai que ceux-ci critiquent souvent l'industrie, mais souvent ils ne font qu'exprimer les préoccupations du public quant à l'état de l'environnement. Si les gens d'affaires les écoutent attentivement, ils peuvent souvent bénéficier de leurs commentaires, de leurs critiques et de leurs conseils. D'autres groupes de pression, notamment les universitaires, les syndicats, les autochtones, les chefs religieux, culturels et autres peuvent devenir des conseillers utiles. Le principe des discussions multipartites est en train de devenir la clé de voûte du débat sur le développement durable au Canada. Ce principe a bien fonctionné pour le groupe de travail national qui n'était dominé par aucun secteur, quant aux nouvelles tables rondes, les gouvernements, le monde des affaires et les autres groupes de pression y sont largement représentés. Les tables rondes sont encore des intervenants novices et n'ont pas encore fait sentir leur présence, mais le premier ministre du Canada et un nombre croissant de premiers ministres provinciaux leur ont confié de larges fonctions. Elles doivent analyser les problèmes et travailleront à ce qu'on appelle des stratégies de conservation ou de développement durable, qui doivent fournir des lignes directrices sur la bonne utilisation des ressources à l'avenir. Elles participeront également à l'élaboration de plans d'action pour la mise en oeuvre de ces stratégies. Les gens d'affaires, par l'entremise des tables rondes déjà en place, participent aux discussions sur ces stratégies. Mais chaque table ronde ne compte que peu de membres et il est important que les gens d'affaires en général soient au courant de ce processus et de ses répercussions. Ils peuvent contribuer à ce processus et ils devraient le faire. La formation en vue du changement. Il est facile de faire le tour d'un bâtiment à la recherche de produits dangereux et de gaspillages d'énergie. Il est plus difficile d'évaluer en profondeur une décision commerciale complexe touchant plusieurs entreprises et portant sur plusieurs années. Mais si nous voulons que notre développement soit durable à long terme et si nous voulons éviter de prendre maintenant des décisions susceptibles d'entraîner des problèmes environnementaux à l'avenir, il nous faut apprendre les outils de l'analyse environnementale. Bon nombre d'autres groupes ont déjà souligné les lacunes de notre système d'enseignement à cet égard. En outre, il nous faut former maintenant sur le tas la génération actuelle de preneurs de décisions dont les projets façonneront l'environnement pendant la décennie critique qui s'ouvre maintenant. C'est là un défi de taille pour les institutions comme le mouvement des chambres de commerce et d'autres organismes du domaine de l'environnement et de l'éducation. Il faut que l'environnementalisme dépasse le stade de la sensibilisation et de l'activisme politique et devienne susceptible d'utilisation par le monde des affaires d'aujourd'hui. Conclusion. Il est difficile de prédire l'environnement et la société que nous connaîtrons dans 10, 20 ou 100 ans. Nous savons que le Canada sera différent, car les sociétés et les environnements évoluent et se modifient. Il nous faut travailler à façonner l'environnement et la culture dans le sens que nous désirons. Cela signifie sans contredit réduire la pollution et l'exploitation des ressources qui empoisonnent et enlaidissent diverses régions de notre beau pays. Il faut veiller à ce que l'environnement soit sain et en mesure de s'adapter et d'évoluer dans la santé et la diversité. Le changement sera parfois coûteux pour les entreprises, mais les avantages seront plus grands encore pour nous tous. La conservation de l'environnement signifie la propreté de l'eau potable et de l'air ainsi que des ressources naturelles suffisantes pour alimenter notre économie. Il est urgent que le monde des affaires prenne l'initiative de la dépollution, sans s'en remettre uniquement à la réglementation gouvernementale. Lorsqu'on a commencé à discuter de l'environnement, certains soutenaient que pour réduire la pollution il fallait revenir à un mode de vie âpre et simple. Ce n'est pas ce que nous voulons et ce n'est pas la seule solution. Notre sécurité et notre bien-être dépendent de la mesure dans laquelle nous pourrons équilibrer nos demandes et les ressources qu'offre l'environnement et le défi du monde des affaires sera d'indiquer la voie à suivre.