*{ Caisses populaires Desjardins 1992 } La globalisation de l'économie et l'âme du Québec. C'est avec grand plaisir que je me retrouve parmi vous, ce soir, à l'occasion de la Semaine Desjardins et à la veille de la Journée internationale de la Coopération. Pour ceux et celles qui oeuvrent dans le monde de la coopération, il s'agit d'une semaine significative, d'un moment de ressourcement qui nous invite à célébrer nos réussites, à nous rappeler les mérites de la coopération et à nous réimprégner de ses valeurs. Pour nous, ce retour à nos sources et à nos valeurs est utile et important, puisque les valeurs de la coopération ne sont pas innées; elles s'acquièrent avec le temps. On dit souvent qu'on ne naît pas coopérateur, mais qu'on le devient, sous l'effet de l'éducation coopérative. Ce qui est encourageant, c'est que nous parlons de plus en plus des valeurs de la coopération au Québec, parfois sous des vocables différents. Mais il faut admettre qu'on parle beaucoup, depuis quelque temps, de concertation, de décentralisation, de participation active des citoyens et des citoyennes. Que l'on songe, par exemple, aux États généraux du monde rural, aux États généraux de la coopération, au maillage du monde de l'éducation et du monde des affaires, au Colloque sur la décentralisation et aux tables de concertation diverses mises sur pied au Québec ces dernières années. Or tout cela s'apparente de très près aux valeurs coopératives d'autonomie, de prise en charge par les gens du milieu, de démocratie et de solidarité. Et il est heureux qu'il en soit ainsi, puisqu'il m'apparaît que, face aux défis nouveaux qui s'offrent au Québec présentement, ces valeurs sont d'une étonnante actualité et mériteraient qu'on s'y arrête davantage. Partant de la prémisse que tous les individus sont égaux, le coopératisme s'est donné, pour règle fondamentale, la règle de la démocratie. Pourquoi? Parce que la démocratie - que la coopération introduit dans le monde des affaires - permet de s'adresser aux gens non pas comme à de simples consommateurs, mais comme à des êtres entiers et complexes qui ont, bien sûr, des besoins physiques, matériels à combler, mais qui ont aussi besoin de participer et d'appartenir à un milieu, besoin d'accomplir et de réaliser des choses. Si nous ne pouvons être millionnaires, comme individus, disait alphonse_desjardins, soyons-le au moins comme peuple, ce qui signifie «réalisons des choses ensemble!». Tout cela peut paraître théorique, mais correspond pourtant à la réalité: chez Desjardins, n'eût été de la formule coopérative, de cette possibilité, pour les gens d'un milieu, de se donner à eux-mêmes une institution financière pour répondre à leurs besoins spécifiques, combien de Québécois et de Québécoises auraient pu accéder à des postes d'administrateurs de banques ou d'institutions financières? Non seulement, de cette façon, a-t-on initié des milliers de Québécois au monde de la finance et de l'économie, tout en bénéficiant de leur savoirfaire et de leur connaissance du milieu mais, en plus, a-t-on démythifié ce secteur, lequel nous était interdit au début du siècle. La finance, disait-on, ce n'était pas pour nous. On ne cessait de nous répéter que notre survie dépendait des autres, que nous étions «nés pour un petit pain» et qu'il fallait nous satisfaire d'être de bons employés, «de bons scieurs de bois» ou «de bons porteurs d'eau». Mais, un jour, alphonse_desjardins nous a dit: «Cet argent, il est à nous; pourquoi ne le gère-t-on pas nous-mêmes, à notre profit et pour notre propre développement? Cessons d'avoir peur et faisons-nous confiance». C'est ainsi que des milliers de Québécois et de Québécoises ont décidé de prendre leurs affaires en main et, bien que «nés pour un petit pain», selon ce qu'on en disait, nous sommes, aujourd'hui, devenus propriétaires de la boulangerie. Tout cela parce que nous avons décidé, ensemble, de mettre la main à la pâte! Aujourd'hui, des analyses révèlent qu'entre 70 % et 75 % de l'actif des institutions financières en activité au Québec sont la propriété des Québécois. Plus précisément, on estime à 160 milliards de dollars l'actif sous contrôle ou à 73 % de l'actif des institutions financières en activité au Québec. Aujourd'hui, grâce à la formule coopérative, conjuguée à un syndicalisme attentif, le monde agricole a également repris son marché, sur ce territoire, d'une façon remarquable. Pourquoi aussi la démocratie dans les affaires? Parce qu'elle a le mérite de favoriser le regroupement des forces et l'effort collectif. Les milliers de bénévoles qui oeuvrent dans le mouvement_desjardins refuseraient de le faire s'ils étaient soumis à la décision d'un actionnaire majoritaire. C'est parce qu'ils se savent égaux qu'ils acceptent de travailler avec les autres. Nous profitons donc de cette semaine pour nous ressourcer à même le fond de valeurs d'autonomie, de démocratie et de solidarité qui est le nôtre, pour rappeler - puisque nous en avons l'expérience - que la réussite d'un projet est toujours mieux assurée lorsqu'elle est assumée par des gens qui sont animés des mêmes valeurs, qui partagent le même rêve et poursuivent les mêmes finalités. La force du regroupement. D'ailleurs, si on prend le temps de scruter l'histoire, on se rend compte que la plupart des grandes réussites québécoises - et surtout les plus durables - sont celles où, nous, Québécois et Québécoises, avons su regrouper nos forces et travailler ensemble, soit par l'entremise de notre État dans la mise sur pied, par exemple, de notre système d'éducation, de notre système de santé, de notre régime de retraite, de la caisse_de_dépôt, d'Hydro-québec ou de la SDI; soit par l'entremise d'entreprises privées à propriété très largement repartie - mutuelles, coopératives d'épargne et de crédit, mais aussi coopératives agricoles. J'insiste sur la permanence des entreprises, puisqu'on compte beaucoup sur le développement_durable. Or nos entreprises les plus anciennes sont des entreprises à propriété largement répartie. Une enquête récente, d'ailleurs, démontrait que seulement 6 % des entreprises familiales survivaient à deux générations! Et, quand on scrute l'histoire, on se rend compte que si le Québec s'est construit un rempart économique solide et respectable, si aujourd'hui le Québec peut se comparer favorablement à bien des pays qu'on dit prospères, ce n'est pas le résultat de la générosité des autres. Cette richesse, nous l'avons construite avec nos propres moyens, et si nous avons su intéresser les autres à ce que nous sommes, c'est que nous sommes dignes d'intérêt, tant sur le plan des ressources_humaines, physiques que financières. Ce rempart économique, nous avons dû le construire nous-mêmes, sans compter sur les autres - la plupart de nos réussites les plus spectaculaires, celles qui nous distinguent sont des réussites authentiquement québécoises et qui sont le fruit du regroupement de nos forces. Oui, l'histoire nous démontre que nous sommes capables d'accomplir de grandes choses lorsque nous travaillons ensemble. Et il est évident que, face aux défis nouveaux qui se présentent au Québec, il nous faut agir de la même façon. Nous devons parler encore, et de plus en plus, de valeurs de solidarité, de concertation, de regroupement des forces, de la nécessité d'un projet commun (d'un Québec inc), d'un véritable projet de société. La conjoncture nouvelle fait aussi appel au regroupement de nos forces et à une plus grande concertation. La globalisation des échanges et des marchés fait disparaître, pratiquement, l'influence des frontières géographiques. Ce qui se passe à l'autre bout de la planète a maintenant des effets chez nous et nous sommes contraints d'en tenir compte dans nos propres planifications et dans nos plans d'action. Les exemples sont nombreux, le plus récent étant, certes, les soubresauts à l'intérieur du système monétaire européen, un système qui, justement, visait à éviter de tels soubresauts! Cette conjoncture nouvelle fait naître chez les chefs politiques une réaction toute naturelle, celle de constituer des regroupements économiques; on sent le besoin d'élargir l'arène économique, chacun espérant profiter du marché de l'autre. Mais la technologie ne s'arrêtant pas aux limites de ces blocs économiques, nous sommes aussi mis face à l'évidence que les frontières ne sont pas uniquement perméables à la circulation des biens ou des services, mais qu'elles le sont aussi à celle des personnes et des idées. Il en résulte que les défis ne sont plus uniquement à teneur économique. Si les grands entrepreneurs et les chefs politiques font en sorte d'élargir les marchés, les individus, eux, s'ils vivent de toute évidence sur une planète, vivent d'abord dans une rue, dans un quartier, un village ou une ville. Liés par des affinités culturelles, par un milieu commun, par une histoire, une religion et une langue communes, ils s'inquiètent et s'interrogent; ils réagissent même avec insistance, obligeant leurs chefs politiques a s'interroger eux-mêmes. Ils en viennent à constater que l'économie ne réglera pas tout et que la prochaine «vague de civilisation» devra nécessairement tenir davantage compte des dimensions culturelles et sociales. On ne pourra, en d'autres termes, continuellement traiter l'être humain en simple consommateur, mais il faudra bien arriver à le voir tel qu'il est, comme un être complexe et global. En effet, l'homo_oeconomicus n'est pas pleinement heureux; il ne l'est pas, car l'économie ne répond qu'à une partie des besoins de l'humain alors qu'il lui est indispensable de satisfaire des besoins correspondant à d'autres dimensions de son être. On réalise, petit a petit, que la concentration des économies engendre le cancer de l'«économisme», qu'elle entraîne le risque que les règles économiques dictent les comportements sociaux et en viennent à faire oublier l'essentiel, au point de faire apparaître l'économie non pas comme un simple moyen, mais comme une fin, comme la raison d'être et la finalité ultime. A titre d'exemple, aujourd'hui, quand on rationalise, dans une entreprise, on le fait, forcément, sur le dos des ressources_humaines. C'est cela le «rationnel». Et c'est pourquoi les peuples réagissent. Car si, sur le plan économique - sur le plan de l'avoir - nous devenons des citoyens du monde, sur le plan culturel et social - sur celui de l'être - l'humain s'accroche et s'accrochera de plus en plus à l'État-nation. Ce qui fait dire d'ailleurs au secrétaire général des Nations-unies, boudros_boudros-ghali, qu'«une nation est l'intermédiaire dont chacun a besoin entre l'univers qui le dépasse, et sa condition solitaire; il lui faut, poursuit boudros_boudros-ghali, un «code d'accès» ce que constitue l' état-_nation, là où chacun retrouve et vivifie son identité. Une nation est un vouloir de vivre en commun, ce qui constitue le premier pas vers la civilisation de l'univers». Des valeurs fragiles. Voilà donc les valeurs importantes pour le Québec que nous rappelle la Semaine de la coopération. Et les événements importants qui se déroulent actuellement au pays nous démontrent la fragilité de ces valeurs et la difficulté de les vivre. Je parle évidemment de la démarche référendaire, une démarche qui, par définition, se veut démocratique et qui cherche à rallier le peuple autour d'un projet collectif. Nous voilà soumis à une consultation que mènent nos dirigeants politiques dans le but de savoir s'il y a lieu de modifier la Constitution du pays, sur la base de l'entente intervenue à Charlottetown entre les premiers_ministres. Un contrat de 68 pages, en termes juridiques par surcroît, et dont, depuis le début de la campagne, des experts, presque quotidiennement, expliquent la portée de façon contradictoire. Cette réalité soulève bien des questions. Je pense, par exemple, à la démocratie, par définition, l'exercice du pouvoir par le peuple. Or, pour décider, le peuple doit savoir. Et si l'humain est capable de démocratie, c'est qu'il a une raison, contrairement aux autres êtres de la nature qui, eux, ne sont pas raisonnables et chez qui règne la loi du plus fort. C'est donc à la raison que la démocratie fait appel, non pas aux sentiments, aux émotions, à la peur ou à la flatterie; d'où les exigences de formation, d'information, de transparence, d'équilibre dans l'expression des opinions qui s'ensuivent. Pourtant, dans la présente campagne référendaire, malgré les efforts louables des médias, il m'apparaît qu'on cherche moins à expliquer qu'à impressionner; qu'on cherche moins à faire comprendre qu'à surprendre; qu'on cherche moins à inciter à choisir qu'à inciter à obéir! Vous trouverez peut-être l'idée naïve, et même utopique, mais je me demande parfois pourquoi les millions de dollars investis dans cette campagne n'ont pas été confiés aux établissements d'enseignement afin qu'elles ouvrent grandes leurs portes aux citoyens et aux citoyennes pour leur expliquer ce qu'ils veulent savoir, pour leur expliquer, à tout le moins, les différences entre une Confédération, une fédération et un pays souverain! Pourquoi a-t-on préféré confier ces millions de dollars aux vendeurs d'émotions, aux capteurs d'imagination, aux spécialistes des effets subliminaux? Ce ne sont pas les maisons d'enseignement, elles qui ont pour mission de faire comprendre et d'enseigner qui sont les plus occupées pendant cette période référendaire. Ce sont plutôt les grandes firmes de publicité et de relations publiques, celles qui ont pour mission d'impressionner et d'émouvoir. J'ai fait suffisamment d'enseignement dans ma carrière et je suis actif depuis assez de temps dans le monde de la coopération pour savoir que je n'aurais pas tenu longtemps, dans mes fonctions, si j'avais essayé de convaincre nos gens, ou mes étudiants à l'époque, à coups de slogans, de panneaux-réclames, d'images ou d'arrangements musicaux; ni par de simples appels à la confiance ou par des menaces d'apocalypses; et, encore moins, en leur ordonnant de croire sans comprendre! Pas étonnant que les sondages les plus récents nous apprennent que 60 % des personnes qui voteront avouent ne pas comprendre l'entente ou les enjeux du débat actuel! Il y a plus. A un moment où le Québec a besoin plus que jamais de regrouper ses forces, de s'unir dans la réalisation d'un projet commun, de taire de la concertation son principal objectif, comme je vous le disais au début de mes propos, voilà que nous nous retrouvons, non pas dans une démarche qui nous rassemble, nous stimule et nous dynamise, mais plutôt dans une démarche qui nous divise, qui nous sépare en deux camps, qui nous oppose les uns aux autres. Nous nous retrouvons dans une démarche qui ravive la sensibilité de blessures causées par les lunes d'un référendum pas très lointain et qui, malheureusement, divise des familles, brise des amitiés, des alliances, même des relations d'affaires, et qui, peu importe les résultats, risque de ne pas soulever le dynamisme et l'enthousiasme indispensables pour bâtir un pays! Pourtant, il me semble, la Constitution d'un pays devrait être un objet de ralliement, de cohésion, de motivation et de fierté! Et c'est dommage, car il m'apparaît qu'on se déchire sur les modalités d'un contrat ou d'une entente, alors que les questions les plus profondes et les plus fondamentales que se posent les Québécois et les Québécoises demeurent non résolues. Quel que soit le résultat du référendum - et le résultat des multiples autres négociations qui y feront suite - le projet québécois restera encore à définir et les questions que se posent, dans le fond de leur coeur, une très grande majorité de gens d'ici n'auront toujours pas obtenu de réponses. Car je sais d'expérience qu'on ne met jamais véritablement fin à un débat tant et aussi longtemps qu'on n'a pas réglé la vraie question, la question de fond. Par fatigue ou par lassitude, on peut cesser de se battre et d'argumenter; on peut faire une pause. Mais le silence n'éteint pas l'espoir. Et, un jour ou l'autre, le silence se rompt, l'espoir renaît et la revendication se manifeste, souvent plus vigoureuse parce qu'animée par des frustrations plus longues encore. Une société qui reste à faire. 0r les expériences fort enrichissantes qui m'ont été données de vivre, principalement tomme président du mouvement_des_caisses_desjardins, mais aussi comme président du comité de parrainage du forum_pour_l'_emploi, comme commissaire et membre du comité directeur de la commission_sur_l'_avenir_politique_et_constitutionnel_du_québec, tomme membre de plusieurs tables de concertation, m'ont permis, ces dernières années, de constater que la grande majorité des Québécois et des Québécoises partagent les mêmes préoccupations. Partout, et de façon répétitive, on se pose les mêmes questions; elles ne sont pas toujours exprimées à haute voix, mais elles sont toujours présentes. Ces questions, à mon point de vue, pourraient s'énoncer ainsi: - que sera, demain, un Québec qui n'aura pas assuré par lui-même sa relève ou sa continuité, un Québec qui devra combler son poids démographique en accueillant des gens qui viennent d'ailleurs? - que sera, demain, un Québec minoritaire sur son continent et pas encore totalement convaincu, malgré ses réussites, qu'il peut survivre et se développer de façon autonome? - que sera, demain, un Québec qui aura rapidement passé d'une société de type traditionnel à une société de type technologique et moderne? - que sera, demain, un Québec face à l'internationalisation des différents marchés et qui sera, forcément, de plus en plus ouvert au monde? En fait, on pourrait résumer toutes ces questions, et bien d'autres du même genre, par une seule: la vraie, l'essentielle, qui est la suivante: «Face à tous ces défis, le Québec risque-t-il de perdre son âme?». Cette question ultime, on peut se la poser comme simple observateur, ou comme futurologue, comme si elle ne nous engageait pas. Avec une vision à court terme, on peut s'amuser à disserter sur le cheminement historique d'un peuple qui, après avoir résiste pendant quelques siècles à l'assimilation et s'être donné une culture bien à lui, s'est, sous l'effet d'une conjoncture nouvelle, métamorphosé en un peuple nord-américain «nouvelle vague» ou, plus simplement, en «citoyens du monde». Mais cette question, on peut aussi se la poser, non pas comme de simples observateurs, mais comme principaux intéresses, comme si nous étions pleinement acteurs et maîtres de notre destinée. Cette question, on peut se la poser, en somme, en se considérant comme des agents de résistance et de changement, de la même façon que l'ont tait nos ancêtres. Or, les Québécois et les Québécoises qui, animes par des valeurs d'autonomie, de démocratie et de solidarité, se regroupent, depuis des décennies, dans des coopératives, se sont, je pense, comportés non pas en simples observateurs, mais en véritables agents de changement et de résistance. Ils ont découvert qu'en regroupant des gens qui partagent les mêmes valeurs et les mêmes affinités culturelles, ils pouvaient se donner un milieu, une société à leur image, une société comme ils la veulent et la désirent. Car, ils le constatent quotidiennement, ils savent que ce sont les gens qui font un pays; ils savent qu'un pays est fait avant tout d'hommes et de femmes qui décident de vivre ensemble, dans un milieu donné, parce que ce milieu est à leur image, parce qu'ils s'y sentent bien et s'y reconnaissent. C'est ce qui crée l'âme d'un pays. En somme, ce qui distingue une société, ce ne sont ni ses montagnes, si imposantes soient-elles, ni ses cours d'eau ni ce que contient son sous-sol. Ce qui distingue une société, c'est son monde, ses gens qui partagent les mêmes valeurs, une même culture. Ce sont les gens d'ailleurs qui donnent à une société ses valeurs, et non l'inverse. Ceux qui partagent cette croyance sont certes encore convaincus que le Québec a une âme et que, par définition, cette âme est éternelle et qu'elle mérite d'être enrichie et perpétuée. Ceux-là continueront de lutter et de travailler sans relâche à sa sauvegarde et à son épanouissement. C'est là leur priorité et ils s'y emploieront même avec les moyens du bord, avec les outils que nos chefs politiques auront réussi à mettre dans leurs coffres. Comme coopérateurs et coopératrices à l'écoute des gens d'ici, c'est l'engagement que nous prenons. Parce que nous sommes convaincus de la richesse de l'âme québécoise et de sa contribution essentielle a l'humanité; parce que nous savons fort bien que seuls, nous, Québécois et Québécoises, pouvons en être les gardiens et les défenseurs; parce que nous voulons, en tant que Québécois et Québécoises, avoir pleinement accès au monde qui s'ouvre devant nous, nous continuerons, avec acharnement, à détendre les valeurs d'autonomie, de démocratie et de solidarité, sachant par expérience que c'est uniquement ainsi que nous pourrons continuer à nous bâtir une société à notre image, une société qui, non seulement nous rassemble, mais qui, aussi, nous ressemble.