*{ Discours néo-libéral CSD, 1987 } En l'occasion du quinzième anniversaire de fondation de la CSD, nous célébrons l'acte courageux de six cents représentants de syndicats qui se sont réunis en Congrès pour fonder la Centrale des syndicats démocratiques, au Petit Colisée de Québec, en chantant «C'est le début d'un temps nouveau». Dans l'histoire du syndicalisme québécois, c'était la première fois que les travailleuses et les travailleurs fondaient leur centrale syndicale, sans influence extérieure. Comme on le sait, c'est l'église catholique qui détient la paternité de fondation de la CTCC-CSN, de la CIQ-CEQ et de l'UCC-UPA, tandis que ce sont les unions américaines qui sont à l'origine de la FTQ-CTC. Ayant eu l'opportunité de participer à la fondation de la CSD, en compagnie des membres du Comité exécutif et de plusieurs autres membres présents à ce Congrès, je tiens à dire que l'espoir qui nous animait est toujours aussi vivant aujourd'hui: 15 ans plus tard. La CSD est toujours aussi vivante aujourd'hui, parce qu'elle a vécu 15 ans d'engagement; 15 ans de solidarité; 15 ans de démocratie; 15 ans de progrès. Ce sont ces valeurs qui ont rendu cette richesse de vie syndicale possible et inestimable. Qui est-ce qui va permettre à la CSD de poursuivre son développement? C'est vous tous délégués: par votre engagement; votre volonté de progrès; votre croyance dans la démocratie syndicale; votre pratique de la solidarité. Il fait part qu'une brochure intitulée: «15 ans de progrès, d'engagement, de démocratie, de solidarité» a été préparée pour souligner le quinzième anniversaire de la Centrale et est remise à tous les délégués présents. Le rapport du Président, ajoute-t-il, est divisé en deux parties. Premièrement, on y retrouve la conception syndicale de la CSD et deuxièmement, le cahier des propositions lequel sera discuté à l'atelier 1: Rapport du Président. La conception syndicale de la CSD. 1 - Les deux premiers principes. La fondation de la Centrale repose sur sept postulats fondamentaux qui ont été adoptés à l'unanimité, lors du Congrès de fondation et qui sont clairement exprimés dans le document d'orientation, de même que dans les congrès qui ont eu lieu jusqu'à aujourd'hui. Quels sont les deux premiers principes? Que les travailleuses et travailleurs soient propriétaires de la Centrale et entreprennent les luttes selon les exigences propres d'un mouvement syndical; Que la CSD ne soit pas un parti politique ou ne le devienne pas, parce qu'elle est un mouvement de travailleuses et de travailleurs syndiqués dont l'originalité est de réaliser un combat syndical dans le but d'assurer la promotion collective des travailleuses et des travailleurs. D'abord le premier Congrès, en 1973, les a traduits par la conception positive de l'autonomie syndicale qui est définie comme étant l'art de prendre des décisions dans les structures démocratiques du mouvement, assumées et contrôlées d'une façon continue par les syndicats en conformité avec leurs moyens d'action qu'eux-mêmes financent. Les structures démocratiques de décisions sont le Congrès qui décide des orientations et des objectifs prioritaires, l'Assemblée plénière applique les orientations et les objectifs décidés par le Congrès, tandis que le Comité exécutif est mandaté pour y donner suite. Le document d'orientation explique la position politique comme suit: la CSD affirme que son action s'exerce contre tout exploiteur de la classe ouvrière, y compris l'État et les agitateurs de tout acabit, sans participer à l'action des partis politiques et sans agir comme organisme populaire. L'indépendance de la CSD est totale aussi bien vis-à-vis de tout pouvoir (patronal et politique) que vis-à-vis de quelque parti politique que ce soit, ainsi que de toute institution ou organisation sociale. Et les travailleurs qui feront confiance au mouvement doivent savoir sans équivoque que la CSD n'a pas de parti pris politique qui l'achemine vers une voie politique partisane. L'article I de la constitution est conséquent avec cette orientation quand il proclame que la CSD «est et demeure libre de toute attache politique». C'est pourquoi la Centrale n'appuie aucun parti politique, tant sur la scène provinciale que canadienne. De plus, la CSD refuse d'adhérer à toute idéologie politique: ou bien d'inspiration du libéralisme économique ou des divers socialismes. La CSD n'accepte pas d'agir dans le processus mythique de la lutte des classes et ne veut pas s'enfermer dans un système de pensée déterminé une fois pour toute. D'autre part, la CSD prétend qu'on ne peut assurer la promotion collective des travailleuses et des travailleurs sans qu'un changement profond de la société ne soit opéré. Le Congrès de 1973 a clarifié cette position en indiquant que «la transformation de la société se fera progressivement par étape, dont le nombre et l'ampleur sont déterminés par les travailleuses et les travailleurs et leur possibilité d'action». La CSD établit aussi ses distances par rapport aux idéologies politiques par le passage de l'article I qui traite de l'égalité des groupes (classes sociales) dans la société. La CSD en effet prétend qu'il est impérieux de faire en sorte que toute composante de la société ait sa place tout en lui refusant d'accéder à l'hégémonie, de se substituer à la société et de nier la liberté, fondement même de la société. En somme, la CSD condamne et dénie le droit à tout groupe social et politique d'assujettir, de dominer et de contrôler tout autre groupe dans la société, parce que chaque composante doit avoir sa place dans la société. Évidemment, ce principe s'interprète avec la troisième et quatrième orientations générales. 2 - Les cinq autres orientations. La CSD indique clairement ce qu'elle ne veut pas et elle révèle aussi clairement ce qu'elle veut. Nos orientations générales sont définies dans l'article I qui a été adopté par le Congrès de 1977 et par un référendum auprès de tous les membres en 1978. Selon le Congrès de 1977, cet article de la constitution peut être modifié uniquement par les membres des syndicats par suite d'un référendum. La troisième orientation générale reconnaît la liberté de la personne humaine comme première et ultime croyance. Le document d'orientation affirme qu'elle doit être le point central de notre réflexion et action quotidiennes et qu'on doit faire respecter l'égalité de chances pour tous et promouvoir les libertés auxquelles on aspire. La quatrième orientation générale stipule que l'organisation et le fonctionnement de la société doivent tendre à sa promotion. Le document d'orientation constate que la société provoque toutes sortes d'inégalités: entre les hommes et les femmes; de richesses, de connaissances, de pouvoir, etc; et que ces inégalités s'accroissent au rythme de la croissance du progrès technologique et de la société de consommation. Pour la CSD, la lutte pour l'abolition des inégalités est essentielle, de même que les transformations qui s'imposent. Notre croyance dans les valeurs de liberté, de justice et de dignité l'exige. La cinquième orientation consiste à laisser à chacun de nos membres la liberté de choix politique religieux, moral, et considère comme sacré le droit d'être ou cesser d'être affilié. Dans le but de respecter les droits politiques de ses membres, le Congrès de 1973 a convenu de tenir un référendum sur toutes grandes questions d'intérêt général, comme la guerre ou la paix, la constitution du pays ou l'indépendance du Québec, etc. Le choix majoritaire exprimé par les membres lierait la CSD et l'autoriserait à se prononcer pour et au nom de ses membres. On a spécifié que la tenue d'un référendum relève de l'Assemblée plénière ou du Congrès qui en fixe les modalités d'application. Enfin, pour réaliser nos orientations, l'article I indique les grandes caractéristiques de fonctionnement de la Centrale. La sixième orientation affirme qu'en toutes occasions, la Centrale ne peut prétendre représenter les syndicats sans leur consentement, parce qu'ils sont les propriétaires. Le Congrès de 1973 s'est opposé à la bureaucratie syndicale, parce qu'elle constitue le principal danger qui peut saboter la démocratie syndicale. Qu'est-ce que ça veut dire en termes de fonctionnement de la Centrale? Deux lignes de responsabilité sont clairement identifiées par la constitution: d'abord, il y a la structure démocratique de décisions puis, il y a la structure d'exécution et de services. L'autorité souveraine du mouvement (Congrès) a confié la responsabilité d'exécuter ses décisions, aux dirigeants élus qui sont membres du Comité exécutif. Le Comité exécutif mandate les permanents pour qu'ils donnent les services aux syndicats affiliés et à leurs membres et ce, conformément aux décisions prises dans les instances démocratiques. Le Congrès de 1973 a clairement manifesté son refus d'avoir une organisation de services qui soit l'âme et le cerveau d'une conception globale de l'économie et de la société avec mission: de dénoncer le système; d'organiser une information dirigée; de contrôler l'appareil syndical pour mobiliser les travailleuses et les travailleurs à agir, etc. Par cette position, le Congrès donnait suite à un motif de la scission. Les fondateurs avaient condamné ce type de bureaucratie (organisation des services) alléguant qu'il brimait deux croyances fondamentales devant animer une centrale syndicale: - que la libération des travailleuses et des travailleurs soit décidée démocratiquement par les travailleuses et travailleurs de la base; - que la conception syndicale et ses programmes d'action soient décidés au fur et à mesure des besoins de la lutte syndicale. Dans le feu de l'action quotidienne, la notion du mandat qui est précisée par la sixième orientation est une règle démocratique très exigeante: elle impose au porte-parole de la Centrale et ses représentants d'intervenir et de la représenter conformément aux décisions prises par les Congrès et les règlements de la constitution. En d'autres termes, on ne peut intervenir et prendre des positions sur tous les sujets d'actualité, qu'ils soient de nature politique, économique, sociale, culturelle et ce, même pour favoriser l'image de la CSD par la publicité qui en résulterait. C'est fondamentalement une question d'éthique démocratique que de respecter intégralement les mandats confiés par les Congrès. Les fondateurs de la CSD ont reproché vertement à la CSN ce manque d'éthique démocratique qui a constitué de fait un motif important de la scission en 1972. La septième orientation reconnaît la Centrale comme un mouvement de fraternité et de solidarité dédié entièrement à la formation, à l'information, à la défense et à la promotion collective des travailleuses et des travailleurs. 3 - La promotion collective. Notre conception syndicale serait incomplète si les Congrès de 1973 et 1977 n'avaient pas cerné le concept de la promotion collective et des grands moyens d'action pour la réaliser. Par la promotion collective, la CSD vise à faire progresser et monter la position de la classe ouvrière dans la société. Il s'agit d'améliorer les conditions de vie des travailleuses et des travailleurs: leur position économique, sociale, culturelle, etc. Pour atteindre ce grand objectif, le processus de la société démocratique reconnaît plusieurs voies. Examinons deux de ces moyens entre autres. Dans l'entreprise, les travailleuses et les travailleurs syndiqués améliorent leurs conditions de travail par suite d'une volonté collective appuyée par la solidarité syndicale. Cette action collective est différente de la mobilité sociale qui fait grimper un individu d'un statut social à un autre, tel que, le travailleur qui devient contremaître ou commerçant. Il s'agit alors de la promotion individuelle, parce qu'elle provient d'un choix patronal ou de la capacité individuelle. Dans la société, c'est la Centrale qui assume une autre portion de la promotion collective différente du syndicat ou du regroupement professionnel et régional. Le rôle de la Centrale est varié: généralement elle met en cause différents types de pouvoirs: tantôt le pouvoir politique, tantôt le pouvoir administratif ou le pouvoir économique, particulièrement quand ils freinent la promotion collective. Le rôle général de la Centrale est de surveiller et de promouvoir les droits et les intérêts de ses membres en étant à l'affût des prises de positions par un ou les différents pouvoirs constituant la société, parce qu'ils détiennent l'autorité de décision qui affecte les droits des travailleurs. Le pouvoir politique est très important puisqu'il fournit le cadre de la société. Ce sont l'Assemblée nationale et la Chambre des communes qui édictent les lois selon l'allure ou les pressions du débat démocratique. C'est dans ce contexte que les différents agents sociaux, économiques et politiques, participent, font des pressions, contrôlent, dominent et s'agitent Ces agents sont: le syndicat, le patronat, les autres groupements sociaux, le parti politique. Le débat démocratique se fait entre ceux qui détiennent le pouvoir et veulent l'assumer et ceux qui revendiquent des améliorations. Après l'adoption des lois, le gouvernement transmet à l'appareil administratif leur application. Il y a une grande variété du pouvoir administratif qui comprend aussi les services. Il y a ceux qui sont autonomes et d'autres sont administrés par les fonctionnaires. A titre d'exemples, il y a les institutions judiciaires, les institutions sociales comme l'Assurance-chômage, la Régie des rentes, la CSST, la Commission des normes du travail..., puis il y a les services administratifs charges d'appliquer le Code du travail, la Loi des décrets et de constituer les comités d'adaptation de main-d'oeuvre. L'État intervient aussi dans l'éducation, la santé et l'économie. Créateur de richesses et distributeur des biens et services, le pouvoir économique est disséminé dans la production, la consommation, la finance et dirigé par les multinationales, la P.M.E. (petite moyenne entreprise), les institutions financières, les commerçants, les sociétés mixtes, etc. Ce pouvoir est très actif et influent dans la société. La société n'est pas seulement un animal politique, elle est plus complexe, étant constituée par l'économique, la finance, la chose sociale et administrative, de même que le domaine privé et public. C'est dans ce cadre général que la CSD revendique et représente ses membres pour réaliser la promotion collective qui ne peut être attribuable seulement par le pouvoir politique, mais aussi par le pouvoir administratif et économique. Le champ d'action de la promotion collective est immense. C'est pourquoi on ne peut l'obtenir globalement et une fois pour toute. Notre stratégie d'action, qui tient compte de ce facteur, est mise en oeuvre par des objectifs d'action à court terme, constituant notre programme de revendications économiques et sociales que les Congrès décident. La brochure du quinzième anniversaire qui vous a été remis en fait une synthèse. 4 - Les grands moyens d'action. Ces moyens sont: la revendication et la représentation, la prise de responsabilités économiques et sociales; la défense et la protection des droits, la négociation collective, le rôle des militants, l'unité d'action. la revendication et la représentation. La CSD prend des responsabilités politiques, soit en contestant des lois existantes ou nouvelles et en réclamant des améliorations et le progrès requis. Et tout en participant pour fins de représentations aux institutions publiques, commissions paritaires, consultatives, etc. La CSD rejette toute forme de mobilisation politique de ses membres. C'est pourquoi elle ne participe pas aux manifestations qui visent entre autres à dénoncer tel chef d'État ou la politique de tel gouvernement intérieur ou extérieur. Cependant, la CSD organise ses propres campagnes ou manifestations pour des fins syndicales. Ainsi, elle a organisé plusieurs manifestations tant à Ottawa, qu'à Québec, pour le maintien et la création d'emplois (Textile et Vêtement, Chaussures, Montmagny) ou encore en cas de conflits (Affaires sociales, etc) ou pour la représentation de la CSD au sein de la CSST par exemple. La prise de responsabilités économiques et sociales. La CSD veut assumer des responsabilités économiques et sociales, soit par la création et la gestion d'institutions coopératives, ou par la participation au développement économique et social, tant dans l'entreprise qu'ailleurs. Elle a un programme d'action qui ne comporte aucune ambiguïté. La défense et la protection des droits. La CSD assume cette responsabilité devant tout pouvoir administratif: CSST, Assurance-chômage, Régie des rentes, les Normes du travail, l'application du Code du travail, etc. La négociation collective. La principale activité de la Centrale est consacrée à réaliser ce moyen démocratique pour conclure un accord concernant les conditions de travail et de salaire que ce soit au niveau de l'entreprise ou d'un secteur. Le rôle des militants. Le rôle des militants était reconnu comme nécessaire dans le document d'orientation. En effet, il invitait les travailleuses et les travailleurs à affirmer librement leur volonté de prendre leurs responsabilités, conformément à leurs aspirations. C'est pourquoi, lors du Congrès de 1973, la CSD y a donner suite, en affirmant que les militants étaient indispensables pour créer une nouvelle mentalité syndicale au Québec. La CSD ne recourt pas aux militants parce que les permanents sont surchargés de travail, mais plutôt comme une voie d'action nouvelle pour engager la base à assumer, en toute autonomie, ses responsabilités syndicales. Le développement des militants est un moyen concret aussi pour mettre de côté le syndicalisme d'affaires (pratiqué entre autres par les unions internationales et canadiennes) qui réduit l'action syndicale à un service comme une assurance, et qui est gérée par un gérant d'affaires. De plus, les militants constituent un réservoir où la Centrale puisera pour assurer la relève des permanents et des officiers. Le Congrès de 1973 a fixé comme objectif, de développer 10 % des militants par syndicat. Par la suite, ces militants ont été conviés à intervenir dans le cadre de la politique de présence: formation régionale, maintien syndical, expansion, etc. Cette politique de présence est maintenant assumée par la régionalisation des services. L'unité d'action. La CSD adhère au moyen d'unité d'action, parce qu'elle est nécessaire pour assurer la promotion collective, mais elle est appliquée selon certaines conditions: l'action commune doit se faire dans le respect intégral de chacune des organisations; les revendications communes ne doivent pas être décidées par les chefs ou les bureaucraties syndicales, mais conformément au mandat décidé par nos Congrès. Le Congrès de 1973 a décidé que l'unité d'action exclue toute possibilité de front commun ou d'action conjointe avec les autres centrales existantes ou l'une ou l'autre des centrales existantes. Par la suite, les congrès ont atténué cette position radicale. C'est ainsi qu'au Congrès de 1983, la CSD a décidé de poursuivre sa progression, en clamant plus fortement son identité et sa différence, en approfondissant sa culture syndicale, en menant nos propres luttes, sachant bien que nous devons compter sur nos propres ressources, mais en continuant à tendre la main aux nouveaux mouvements sociaux et autres agents socio-économiques qui veulent collaborer avec la CSD pour contribuer avec fierté à la promotion collective des travailleurs. En 1985, considérant que le gouvernement voulait créer une Commission nationale de l'emploi, la CSD avait proposé aux autres organisations d'aplanir nos divergences et de déterminer des objectifs communs. Mais il n'y a pas eu de suite à cause du changement de gouvernement et de l'abolition de cette Commission par le gouvernement actuel. 5 - Une éthique à mettre en pratique. Étant membre de la Centrale et croyant dans un projet collectif commun, quelle morale syndicale doit guider notre conduite personnelle dans nos rapports entre les dirigeants syndicaux et les membres et les permanents, et entre les dirigeants de syndicats à l'égard des responsables de la Centrale et vice versa. Il faut adhérer à une éthique collective et à des règles minimales qui régissent nos rapports sociaux. Ces valeurs sont nécessaires pour qu'on puisse faire avancer et réaliser notre projet commun. La confiance entre les personnes. Comment peut-on assumer nos responsabilités, à quelques niveaux que ce soit, si on est animé par la suspicion et la méfiance dans nos rapports avec autrui? La confiance d'une part, c'est de croire dans les qualités d'autrui, c'est se fier qu'il veut bien nous représenter et qu'il est honnête, d'autre part, c'est inspirer confiance, ne pas tromper, être crédible, ne pas parler dans le dos de l'autre, dire la vérité. Dès qu'on est porteur de la vérité, la confiance s'établit entre les personnes et les relations avec un groupe. Quand la vérité perd de sa valeur, il n'y a pas de santé syndicale. La confiance doit alimenter nos relations, parce qu'elle n'est pas un sentiment inné, elle s'entretient et se développe par diverses attitudes qui ne peuvent se réaliser sans communication et échange avec les personnes directement concernées. Le partage de l'information. L'information est une clef de progrès. La démocratie syndicale peut difficilement prendre les bonnes décisions si l'information objective n'est pas donnée. La démagogie biaise l'information et fausse les règles du jeu. Sans connaissance des problèmes, on peut difficilement apporter des solutions valables et efficaces. Il faut faire exprimer les membres sur leurs réalités vécues, puis déterminer les objectifs, choisir les moyens, prévoir les étapes, élaborer les solutions. Tout est discuté entre les collaborateurs, avec franchise, on partage ce qu'on sait, on met sur la table toute l'information et proposition pertinente, pour que la démocratie prenne son sens et pour que l'équipe ne perde pas son temps, c'est-à-dire ne tourne pas en rond. Le travail d'équipe. Personne ne peut faire progresser l'action syndicale s'il agit de façon individuelle, isolé de ses confrères, et consoeurs. La base de la solidarité c'est le travail d'équipe. On ne peut limiter le travail d'équipe uniquement entre ses amis. Les personnes ne peuvent inventer la promotion collective à partir de soi et de la bande d'amis, il faut faire l'équipe avec tous ceux et celles qui y travaillent. C'est une fumisterie que de croire à la solidarité sans assurer une base solide dans le travail d'équipe. Il faut avoir le courage de dire ce qu'on pense et d'accepter la critique. Le travail d'équipe est sain quand on accomplit le même effort, qu'on cherche l'unité de vue, qu'on coordonne l'action, qu'on s'intéresse aux autres et qu'on tire égal dans la même direction. Il est malsain de se prendre pour un autre, d'écraser l'autre et de parler dans son dos. Quiconque lie son succès au sort du groupe pour améliorer la vitalité de l'ensemble, il renforce la solidarité syndicale. L'antithèse du travail d'équipe, c'est le repli sur ses intérêts personnels et immédiats, parce qu'on ne veut pas établir de justes rapports entre nous. C'est faire de la morale pour les gens au-dessus et en bas de soi, mais on est impuissant à se regarder entre pairs, parce qu'on se comporte comme chien et chat. Chacun a un rôle à jouer. On doit l'assumer individuellement et en équipe. Dans ce dernier cas, on doit établir des rapports quotidiens d'entraide, de coresponsabilité et de solidarité. Pourquoi prendre la place de l'autre quand l'autre a justement cette responsabilité? Pourquoi reproduire en petit et entre nous ce qu'on reproche à la société: ses inégalités, ses égoïsmes, sa structure de pouvoir. On est pavé de bonnes intentions et de grandes inquiétudes, mais si on ne se donne pas un coup de main à ce niveau, on réduit ainsi l'efficacité de notre action et on s'enlise dans une voie d'évitement. Si ces règles d'éthique ne conduisent pas à créer et à maintenir l'unité nécessaire entre les personnes, la CSD a défini deux modes autoritaires de règlement des différends: a) le premier concerne les syndicats et les regroupements professionnels et régionaux, et voici ce que stipule la constitution: «Les plaintes sont portées par écrit et discutées si nécessaire dans le but de pourvoir à leur correction, s'il y a lieu.» b) le deuxième concerne les permanents entre eux: on doit aviser responsable du personnel et le Comité exécutif pour qu'il trouve un règlement au différend. 6 - Notre conception rejoint un courant syndical mondial: le non alignement politique. Pour l'ensemble de ses orientations, la CSD rejoint le courant syndical mondial de non-alignement politique. On sait qu'il existe aussi deux autres courants syndicaux mondiaux: socialisme et socio-démocrate et américain. Le courant syndical socialiste s'exprime manifestement par la Fédération syndicale mondiale (FSM) qui annonce 190 millions de membres. L'URSS qui a affilié 113,500 millions de membres et les pays socialistes de l'Est européen, représentent au moins 75 % des adhérents de la FSM. «De ce fait, et compte tenu de l'absence d'autonomie des syndicats par rapport au Parti et à l'État qui caractérise ces pays, la FSM constitue un instrument au service de la politique étrangère de l'Union soviétique (extrait: «Les syndicats dans le monde» publié par la CFDT).» Le courant syndical social-démocrate et américain est assumé par la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) qui compte 56 millions d'adhérents. Cette centrale est nettement animée par deux tendances politiques: l'une, sociale-démocrate qui entretient des liens organiques comme le CTC et le NPD au Canada ou comme le TUC et le parti travailliste en Angleterre, l'autre américaine qui est franchement anti-communiste et qui promouvoit la politique étrangère des USA, entre autres en Amérique latine. Le courant syndical du non-alignement politique est devenu la caractéristique de la Confédération mondiale du travail (CMT) qui regroupe plus de 13 millions d'adhérents. C'est lors de son Congrès de 1977, qu'elle a repoussé largement une proposition de la CFDT dont l'objectif était de mener une action syndicale dans la perspective de la construction d'une société socialiste. La CSN appuyait la proposition de la CFDT Ces deux centrales syndicales se sont désaffiliées de la CMT depuis ce congrès et elles agissent de concert internationalement pour développer des liens avec d'autres organisations syndicales qui adhèrent à leur vision syndicale axée sur un socialisme différent de la Fédération syndicale mondiale (FSM). La conception syndicale de la CSD n'est pas régionaliste, elle se situe dans une ligne de pensée syndicale mondialement reconnue. Depuis sa fondation, la CSD n'a pas voulu s'isoler, ni se replier sur elle-même, elle s'est jointe avec d'autres organisations syndicales de la même conception syndicale. C'est pourquoi, dès 1973, elle a établi des liens avec le syndicalisme européen, comme la France, la Hollande, l'Autriche, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Belgique, le Luxembourg. Un Centre international de liaison syndicale a été créé. Grâce à cette reconnaissance internationale, on a développé des rapports avec le Bureau International du Travail, même si le règlement de l'OIT accorde la prépondérance de représentation au CTC à titre d'organisation syndicale majoritaire au Canada. Sur l'échiquier syndical, mondial ou canadien ou québécois, la CSD a une place unique et originale. Aucune autre organisation syndicale ne peut jouer notre rôle syndical, on ne vole pas la place d'aucune autre organisation syndicale, on occupe tout simplement notre espace syndical. Et depuis que la CSD existe, nous n'avons jamais copié le modèle syndical des autres, nous avons plutôt pendant ces 15 années de vie intense, plaidé et réalisé un syndicalisme nouveau et moderne au Québec. Le cahier des propositions. 1 - Des recommandations du Conseil de direction sur le développement des services aux membres. Depuis sa fondation, le progrès de la CSD a été réussi par l'équilibre de ses services donnés aux membres. Administrativement, la CSD a toujours ajusté les services qu'elle rendait aux membres à ses ressources monétaires. Syndicalement, la CSD a pu prendre des responsabilités plus grandes à cause de l'engagement de ses militants et permanents. Pour l'avenir, c'est une valeur syndicale à maintenir et à intensifier. Mais cela ne doit pas nous empêcher de prévoir et de quantifier les ressources et les moyens dont on doit disposer pour progresser tant du point de vue des membres que d'accroître notre capacité qualitative des services. L'état du développement de la CSD. 15 ans après sa fondation, est-ce que la CSD a connu un développement normal, c'est-à-dire comparable aux autres centrales syndicales? Numériquement, la CSD s'est développée plus rapidement que la CTCC-CSN si l'on compare dans le temps le nombre de membres des deux organisations syndicales. Fondée en 1921, la CTCC-CSN ne comptait que 55 000 membres en 1958, après 37 ans d'existence. La CSD a recruté plus de 60 000 membres au cours de ses 15 ans de vie syndicale. Le développement de la CSD a été affecté par les fluctuations de l'économie qui ont causé des fermetures d'usines et des mises à pied. C'est ce fait économique qui a empêché la CSD de garder 60 000 cotisants nécessaires qui l'auraient assurée d'une force plus grande pour accélérer notre progrès. L'acquisition de cette force est d'autant plus nécessaire que les possibilités d'expansion ne sont pas aussi ouvertes qu'elles existaient après la deuxième guerre mondiale en 1945 et lors de la révolution tranquille vers les années 1960. La FTQ-CTC a bénéficié du statut des unions américaines membres, pour se développer au Québec auprès des grandes entreprises américaines, compte tenu de la place qu'elles occupent dans l'économie québécoise. La CTCC-CSN a plutôt été favorisée dans la syndicalisation des employés publics et parapublics, à cause de son caractère syndical québécois. Même si la CSD n'a pas été avantagée par une adhésion massive comme la FTQ et la CSN, elle a par ailleurs fait des choix d'expansion correspondant à la vocation économique du Québec: la PME. Lors du Congrès de 1973, la CSD a décidé de consacrer une partie de son budget d'organisation aux petits salariés: ceux et celles sans pouvoir à l'emploi de ce genre d'entreprises, qui avaient été négligés par les autres centrales. Ce fut un débouché important certes, mais il a accru nos coûts de services comparativement à certaines unions américaines de la FTQ. Augmentation des coûts proportionnellement aux services. Nos coûts se sont accrus aussi parce que nos membres étaient généralement dans le secteur manufacturier. Ces travailleuses et travailleurs sont beaucoup plus touchés par les fluctuations économiques que les employés du public et parapublic. Pour répondre à leurs besoins, la Centrale a créé depuis plusieurs années le service de main-d'oeuvre, de relance économique et d'analyse financière des entreprises qui n'existent dans aucune autre centrale, même si depuis peu la FTQ s'en occupe relativement par le fonds de solidarité de même que la CSN par suite d'une subvention du gouvernement fédéral. Le choix de développement de la CSD et de ses services a été guidé par un critère simple, de répondre aux besoins de nos membres. Ainsi, la CSD a depuis 15 ans investi: a) 7 millions de dollars pour soutenir les travailleuses et les travailleurs en conflit de travail; b) 2 millions de dollars pour aider, en soutien juridique, les travailleuses et les travailleurs, à obtenir leur accréditation syndicale; c) 1 million et demi pour représenter les travailleuses et les travailleurs accidentés à recouvrer les droits et indemnités reconnus; d) 1 million pour la formation des membres. Il importe de savoir et de prendre conscience que la CSD donne des services aux membres que la FTQ et CEQ ne réalisent pas, entre autres, le fonds de grève, la représentation pour les accréditations et pour les accidentés du travail. Une préoccupation des Congrès. Depuis que la CSD existe, les procès-verbaux témoignent que les choix de développement des services ont occupé une place importante dans les préoccupations des congrès, particulièrement de 1975 à 1981. La fiscalité en 1979 a déterminé, en particulier, que: tout ajouté de personnel doit être fait en fonction directe de l'augmentation de l'effectif; tout ajouté de nouveaux services doit faire l'objet d'une étude de son coût en per capita et voté par le congrès. En 1977, la politique de présence a intégré, dans sa deuxième phase de mise en place, la participation de 150 militants associés aux services, comme l'expansion, etc. Et c'est en 1983, que la régionalisation des services a été adoptée et se vit dans la formule que l'on connaît aujourd'hui. C'est en 1979-1981, qu'un étude exhaustive a été faite par la Centrale sur le développement et l'efficacité de la CSD. Depuis, la carte syndicale a été complétée, les priorités d'expansion déterminées, les outils de marketing disponibles. La réforme de la formation est en train de se compléter. Le service des lois sociales est en pleine ébullition. Le maintien syndical est une réalité. Près de trois cents militantes et militants sont engagés dans la régionalisation. Les secteurs réunis ont rôdé la formule de regroupements professionnels pour les syndicats non-fédérés. Les défis à relever. Les rapports d'activité qui sont déposés à ce Congrès, témoignent que la vie syndicale est intense, tant dans les regroupements professionnels que régionaux, de même que d'une vitalité extraordinaire des services généraux. Le taux de grève se maintient toujours au plus haut de la courbe de la capacité des membres à revendiquer justice. Mais cette action soulève également des problèmes qu'il faut régler. On ne peut pas boucher les trous, c'est-à-dire investir dans un secteur d'action et négliger les autres. Le progrès à venir commande que nos choix de développement assurent toujours cet équilibre nécessaire pour les services à donner aux membres. C'est pourquoi le Conseil de direction recommande au Congrès de décider globalement des mesures qui constituent les principaux facteurs de développement de la Centrale en matière de services aux membres: 1 - que le Conseil de direction soit mandaté pour corriger les lacunes du Service des lois sociales lorsqu'il aura en mains toutes les données requises pour agir; 2 - qu'une étude soit faite pour évaluer la régionalisation tant dans ses coûts que dans son efficacité et qu'un rapport soit soumis à la prochaine Assemblée plénière pour décision; 3 - que le Congrès prenne acte d'une proposition qui lui sera présentée concernant les secteurs réunis; 4 - que l'on procède à une étude exhaustive des fonctions exécutives du comité exécutif et des services généraux et que des recommandations soient soumises à la prochaine Assemblée plénière. 2 - Le libre-échange nord-américain. Le commerce international occupe une place importante dans l'activité économique canadienne. Les négociations qui sont conduites et conclues dans le cadre du GATT, représentent toujours, depuis la deuxième guerre mondiale, pour les travailleuses et les travailleurs du Textile-Vêtement une source de préoccupations constantes par rapport à l'emploi. La négociation entre les gouvernements canadien et américain pour établir une zone de libre-échange nord-américain soulèvera plus de débat passionné au fur et à mesure que l'échéance d'un accord prévu pour l'automne 87 deviendra imminente. La CSD a fait connaître publiquement sa position et suit de très près l'évolution de ces négociations en participant à un comité consultatif. Comme on le sait, la position de la CSD n'est pas définitive: elle a proposé des orientations et des revendications qui ont constitué les bases sur lesquelles elle s'appuiera pour porter un jugement final sur les conclusions d'un accord. Notre position est articulée sur les points suivants: - La CSD rejette catégoriquement le libre-échange absolu, parce qu'il néglige les enjeux industriels et de l'emploi pour s'occuper principalement de l'aspect juridique de la liberté de commerce, c'est-à-dire sur un programme d'abolition graduelle des barrières tarifaires, des quotas et contingentements. - La CSD a proposé de négocier un libre-échange contrôlé qui stipule des clauses de sauvegarde et de protection des intérêts vitaux des canadiens. Pour répondre à cet objectif, la CSD propose que: - la négociation d'une zone de libre-échange nord-américain soit subordonnée à une politique de plein emploi; - l'information soit accessible à tous les partenaires socio-économiques; - un régime de transition de 10 ans soit consenti; - la stratégie économique du Canada établisse des filières naturelles de production dans les secteurs Textile-Vêtement, Bois-Meuble, Tannerie-Chaussure; - révise et adopte la formation professionnelle aux besoins des travailleuses et des travailleurs; - reconnaisse le droit à la préretraite dès l'âge de 54 ans; -des mesures de protection d'emploi soient négociées dans les secteurs industriels contrôlés par les firmes américaines, en particulier dans l'industrie du caoutchouc, l'électro-ménager, produits pharmaceutiques, selon les critères qui ont guidé le pacte de l'automobile; - le secteur de l'agro-alimentaire soit exclu des négociations et que l'on reconnaisse le droit à l'autosuffisance dans les biens essentiels; - soit reconnu le droit de lever des plaintes quand les intérêts nationaux sont menacés et que toute mésentente soit tranchée par un tribunal indépendant; - outre l'aspect économique et commercial, il a d'autres questions majeures comme la protection de la souveraineté canadienne, la sauvegarde de la culture canadienne, la propriété intellectuelle des inventions et du design qui nécessitent des garanties et une défense claire et non équivoque de l'identité canadienne. Coopération syndicale internationale. Comme on le sait, la CSD a toujours eu une ouverture à l'égard du syndicalisme mondial. Elle a des liens avec le Centre international de liaison syndicale qui regroupe des confédérations syndicales européennes. Mais, depuis deux ans, elle a eu des rapports fraternels avec la CLAT. Cette centrale a même accueilli, l'automne dernier, une délégation de 5 membres de la CSD à son siège social à Caracas, Venezuela. Puis des représentants de la CLAT nous ont rendu cette politesse fraternelle. Par la suite, la CSD a négocié un protocole de coopération avec la Centrale latino-américaine des travailleurs (CLAT), le 21 octobre 1988. Ce protocole est le suivant: La CSD et la CLAT partagent des objectifs communs qui sont: - l'amélioration des conditions de vie et de travail; - la promotion et la défense des libertés et des droits humains. De plus, les deux parties s'engagent à oeuvrer mutuellement pour assurer la démocratie, la justice sociale et la libération intégrale de la travailleuse et du travailleur. En conséquence, la CSD compte développer un processus d'information et de conscientisation au sein de la classe ouvrière canadienne et québécoise dans le but de mieux connaître les enjeux et la situation des travailleurs de l'Amérique latins. D'autre part, la CLAT va fournir toute l'information à partir de la situation vécue par les travailleuses et les travailleurs et les organisations syndicales de chaque pays de l'Amérique latine. La CSD, prend la résolution de soumettre des projets de coopération à l'ACDI pour la promotion et le développement des organisations des travailleurs latino-américains. D'autre part, la CLAT assistera la CSD pour l'obtention des informations pertinentes et assurer le suivi entre autres par une vérification et la préparation d'un rapport final de chaque projet. Cet accord s'inspire d'une conception profonde de la solidarité pour partager les angoisses et les espoirs des travailleurs canadiens et latino-américains oeuvrant à l'amélioration d'un monde meilleur. Luis Enrique Marius, Secrétaire général-adjoint de la CLAT, Jean-Paul Hétu Président de la CSD. Pour donner suite à ce protocole, la CSD a soumis à l'ACDI trois projets dont l'objectif est d'aider financièrement trois groupements syndicaux membres de la CLAT. 1 - Au Pérou: création d'un centre de formation pour la formation des dirigeants pour réorganiser des villages et des quartiers populaires: 35 667,00$ dollars américains; 2 - En Argentine: aider l'Institut de formation syndicale à tenir des sessions d'étude pour les dirigeants: 36 150,00 $ dollars américains; 3 - En Haïti: aider la CATH-CLAT à former les dirigeants syndicaux: 30 000,00 $ en dollars américains; 4 - Une requête est faite à l'ACDI pour que la CSD réalise un projet d'éducation et d'information auprès de ses membres sur la situation des travailleuses et des travailleurs latino-américains: 60 000,00 $. Démarche auprès de la CMT. Est-il temps pour la CSD de s'affilier à une centrale syndicale mondiale? Tout d'abord, ne serait-il pas opportun d'amorcer une réflexion sur cette possibilité? Pour enrichir cette réflexion, que le Comité exécutif soit autorisé à faire des démarches auprès de la Confédération mondiale du travail pour s'enquérir des conditions d'affiliation et des avantages d'une telle affiliation. Qu'un rapport soit soumis au prochain Congrès pour étude et décision. 4 - La fête des travailleurs: le premier mai. Depuis quelques années, des syndicats affiliés se sont intéressés à la fête des travailleurs qui a lieu le premier mai. C'est pourquoi les régions de Montréal et de l'Estrie ont organisé pour leurs syndicats cette fête de solidarité. La Vallée du Richelieu s'est jointe aux activités de la région de Montréal. La Centrale doit avoir une position à cet égard. Quelle est l'origine de cette fête? son évolution? et quel objectif la CSD doit lui donner? Les origines de la fête du premier mai sont tragiques. Il y a 100 ans, en effet, l'American Federation of Labor a décidé de retenir le premier mai 1886 comme date symbolique pour diffuser les revendications ouvrières. Elle a de plus convenu d'organiser des arrêts de travail et des manifestations à travers les États-Unis pour revendiquer la journée de 8 heures. A Chicago, il y avait une grève qui durait depuis plusieurs mois à l'usine McCormick. La compagnie a voulu briser cette grève. La Garde nationale et l'agence Pinkerton ont chargé sur les milliers de manifestants sur la place du marché à foin. Puis, une bombe a éclaté. Il y eut 7 morts et 60 blessés. On a arrêté les leaders et grévistes. 4 ont été pendus. Un s'est suicidé. 3 ont été condamnés à la prison perpétuelle, le dernier a eu 15 ans de prison. C'est en 1887 que le procès a été révisé et qu'on a ordonné la liberté, sans condition, des travailleurs emprisonnés et que les 5 autres victimes ont été réhabilitées parce qu'elles étaient innocentes. C'est en 1889 que le premier mai est devenu synonyme de la fête des travailleurs dans le monde, lors d'un congrès international qui a eu lieu à Paris. En effet, le bordelais Raymond Lavigne a soumis la proposition suivante qui a été adoptée. «Il sera organisé une grande manifestation internationale à date fixe, de manière que dans tous les pays et toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire à huit heures la journée de travail et d'appliquer les autres résolutions du congrès international de Paris». Le premier mai est une fête qui a été retenue par les partis et gouvernements socialistes et par les organisations syndicales du monde. La CSD peut reconnaître le premier mai pour des objectifs qui lui sont propres: a) faire valoir ses revendications syndicales; b) exprimer les solidarités vécues par les syndicats affiliés (conflits, etc); c) exprimer notre solidarité internationale en priorisant les travailleurs latino-américains dans le cadre du protocole convenu avec la CLAT. Que les régions soient autorisées à organiser cette fête pour et avec nos membres. L'action régionale. Conjointement à ce plan d'action provincial, une priorité sera accordée au développement du caractère régional de Montréal dans nos interventions auprès des médias. Cette distinction, par rapport au caractère national de la métropole, impliquera une plus grande participation de toutes les composantes de la région de Montréal: personnel, équipe régionale, syndicats et membres. Une stratégie régionale devra être mise en place. Pour l'ensemble des régions, une évaluation périodique de notre positionnement, vis-à-vis les médias, devra être effectuée et l'approche régionale devra être modifiée en fonction de notre visibilité auprès du public. Les équipes régionales devront développer au maximum leurs contacts avec les journalistes et avec les responsables des médias électroniques. Des moyens devront être mis en place pour faire connaître nos actions régionales et nos personnes ressources. Enfin le personnel de la CSD devra développer une attitude positive vis-à-vis les journalistes et ne pas hésiter à les contacter. 5 - Un mandat aux régions sur la formation professionnelle. Un mandat est confié aux régions de la CSD de procéder aux nominations des représentantes et représentants de la CSD qui auront à siéger dans les centres de formation professionnelle. Ces nominations devront être faites après consultations avec les secteurs réunis et les fédérations. 6 - L'expansion syndicale. Les priorités provinciales porteront sur la construction, les affaires sociales, les concessionnaires d'automobile. De plus, les priorités régionales seront définies de concert avec les regroupements professionnels. 7 - Les communications. L'image de la Centrale. Améliorer l'image de la Centrale, ça veut dire concrètement, investir davantage au niveau des relations publiques par l'embauche de personnel supplémentaire et par le développement de nos moyens de communications. Cette question sera envisagée dans le cadre de l'étude des fonctions exécutives et des services généraux. Ça veut dire consolider régionalement nos liens avec les médias, particulièrement à Montréal et localement, sensibiliser les syndicats et les membres à la nécessité de s'impliquer et d'intervenir davantage à ce niveau. D'autre part, au niveau des communications à l'intérieur du mouvement, la CSD entend renforcer et améliorer les outils dont nous disposons afin d'accroître l'efficacité des communications entre les différentes instances de la Centrale et les membres. Communication externe. Provincialement, au cours de l'année qui s'amorce, les campagnes de maraudage qui débuteront à l'automne dans le secteur de la construction, et au printemps, dans celui des affaires sociales, seront étroitement liées à des campagnes de presse qui nécessiteront l'intervention de la Centrale dans les médias. De plus, les actions menées dans les autres secteurs prioritaires sur lesquels se penchera la CSD cette année, feront l'objet de plusieurs déclarations publiques. Ces événements spécifiques, de même que le cours normal de l'actualité dans les domaines politique, économique et des relations de travail, assureront une couverture constante des activités de la Centrale par les médias. L'action régionale. Conjointement à ce plan d'action provincial, une priorité sera accordée au développement du caractère régional de Montréal dans nos interventions auprès des médias. Cette distinction, par rapport au caractère national de la métropole, impliquera une plus grande participation de toutes les composantes de la région de Montréal: personnel, équipe régionale, syndicats et membres. Une stratégie régionale devra être mise en place. Pour l'ensemble des régions, une évaluation périodique de notre positionnement, vis-à-vis les médias, devra être effectuée et l'approche régionale devra être modifiée en fonction de notre visibilité auprès du public. Les équipes régionales devront développer au maximum leurs contacts avec les journalistes et avec les responsables des médias électroniques. Des moyens devront être mis en place pour faire connaître nos actions régionales et nos personnes ressources. Enfin le personnel de la CSD devra développer une attitude positive vis-à-vis les journalistes et ne pas hésiter à les contacter. Le rôle des syndicats et des membres. Localement, les syndicats et les membres ont aussi un rôle à jouer auprès des médias. L'image de la Centrale, c'est par eux aussi qu'elle doit être véhiculée et ils en ont la responsabilité. Une formation en ce sens pourra être donnée dans le cadre du CFOR dans toutes les régions qui en feront la demande. Pour ce qui est des représentations effectuées par des personnes déléguées soit par la CSD, les régions ou les secteurs, pour siéger sur différents types de comité, d'organisme ou d'association, on doit sentir la présence de la CSD. Il importe donc que celles-ci soient bien formées et préparées à intervenir à l'intérieur de ces comités et aussi auprès des médias pour énoncer clairement les positions de la CSD. Pour répondre à ces attentes, la Centrale verra à resserrer l'encadrement de ces représentants par une formation adéquate et à l'aide de personnes ressources compétentes. Communication interne. L'envoi à tous les membres du journal «La Base» s'est avéré un moyen d'information efficace et fort apprécié. Les journaux régionaux sont venus compléter l'information générale émanant de la Centrale. D'autres moyens devront toutefois être développés afin d'accroître l'efficacité des communications à l'intérieur de la Centrale. A court terme, le développement de notre système informatique permettra une communication élargie et plus rapide entre la Centrale, les différentes instances et les régions. Nous utiliserons entre temps des moyens dont nous disposons pour accroître, dans la mesure de nos possibilités, l'efficacité de la diffusion des informations. Concernant les positions publiques énoncées par la CSD, nous verrons à transmettre aux directeurs professionnels et aux membres du Conseil de direction, toute information diffusée par communiqué. Jusqu'à présent l'information destinée aux médias était transmise par la poste aux coordonnateurs régionaux. D'autres moyens seront utilisés pour avoir une diffusion plus immédiate de nos informations. Par ailleurs cette année, plusieurs outils complémentaires à la formation en santé sécurité ont été réalisés. Pour l'année qui vient, un document d'information aux nouveaux membres sera mis à la disposition des responsables au maintien. 8 - La condition féminine. A l'occasion de la journée internationale des femmes, la CSD a présenté un document de travail sur la condition des femmes au travail qui a été bâti à partir des résultats de certaines enquêtes menées à la CSD. Ce document est divisé en trois sections: le profil social, le profil économique et les priorités au travail et vous est remis pour information. L'enquête révèle que le salaire des femmes correspond à 86% de celui des hommes. Cette situation s'explique, en partie, parce que les femmes sont concentrées dans des secteurs d'activités et dans des départements distincts par rapport aux hommes et qu'à l'intérieur des établissements, elles occupent, pour la plupart, les fonctions les moins rémunérées. Dans une même entreprise, particulièrement dans les secteurs manufacturiers, le travail effectué par les femmes vaut moins cher que celui qui est fait par les hommes. D'autre part, les emplois les mieux payés sont aussi ceux qui sont placés sur des voies de promotion, alors que les emplois mal payés débouchent rarement sur de meilleurs emplois. Selon notre enquête, les femmes considèrent les possibilités de promotion moins intéressantes. On constate que les femmes font beaucoup moins de temps supplémentaire que les hommes. Plusieurs explications sont possibles. Tout d'abord leur travail les fatigue beaucoup physiquement, ce qui les empêche de prolonger leur journée. De plus, les possibilités de faire du temps supplémentaire, dans leur département, sont rares. Il y a aussi la double tâche; les travaux ménagers ne les rendent pas disponibles pour faire du temps supplémentaire. La situation économique des travailleuses reste encore très précaire et contrairement à la pensée populaire, le revenu de travail des femmes n'est pas un revenu d'appoint. En effet, près de la moitié des femmes couvertes dans l'enquête doivent subvenir à leurs besoins. 1 - Priorités de la Centrale. Les syndicats devront apporter une priorité dans leur négociation collective. Des changements sont nécessaires pour promouvoir un juste équilibre entre les hommes et les femmes dans leur milieu de travail. La réflexion à ce niveau devra d'abord être effectuée à l'intérieur de chaque syndicat qui verra à introduire ou améliorer les clauses touchant les conditions spécifiques des travailleuses et visant l'élimination de toute forme de discrimination à leur endroit. Pour faciliter les discussions, la CSD mettra à la disposition des syndicats certains documents d'information touchant les problèmes des femmes en milieu de travail et comprenant un ensemble de clauses types visant l'amélioration des conditions des travailleuses. 2 - Les regroupements professionnels. Les regroupements professionnels devront définir des politiques de négociation qui répondent aux besoins et à la réalité de chaque secteur. 3 - Programmes d'accès à l'égalité. Le gouvernement du Québec a annoncé un projet pilote qui sera réalisé avec des entreprises pour mettre en oeuvre des programmes d'accès à l'égalité. La CSD dénonce le gouvernement qui a refusé de faire participer les syndicats à ces projets pilotes sur une base égalitaire et coopérative pour mettre en oeuvre lesdits programmes. Pour l'avenir, la CSD revendique que ces programmes d'accès à l'égalité soient réalisés avec la participation des syndicats à toutes les étapes de leurs mises en place. 4 - Comités régionaux de condition féminine. Que les comités régionaux soient mandatés pour: a) identifier les problèmes spécifiques des femmes en milieu de travail; b) évaluer les programmes d'accès a l'égalité; c) élaborer les voies de solutions qui nécessitent des changements législatifs; d) soumettre ces propositions aux instances démocratiques de décision: l'Assemblée plénière et le Congrès; e) participer à la réalisation de la journée internationale des femmes. Que pour réaliser ce mandat, les membres soient compensées selon le barème reconnu dans la politique de remboursement des frais de participation à la régionalisation. 5 - Que la CSD participe à l'intersyndicale des femmes. 9 - Le rôle des travailleurs dans l'entreprise. A - Gestion participative. Au cours des trois prochaines années, la CSD mettra en oeuvre un programme d'intervention syndicale en gestion participative, par suite de l'approbation du gouvernement fédéral. Le ministère fédéral de l'Emploi fournit 612 830,00 $ comme contribution. Ce programme se réalisera avec une dizaine d'entreprises et autant de syndicats affiliés qui ont signé un accord. Cinq objectifs sont visés par ce programme: - Démocratiser le savoir faire des salariés et des entreprises en matière de gestion participative. En favorisant la mise en oeuvre de divers moyens pour adapter la main-d'oeuvre, tant aux niveaux de l'introduction et de l'implantation des changements vécus dans leur milieu de travail, conditions pour que la productivité ne soit pas perturbée et que les conditions de travail ne soient pas détériorées. - Enclencher un processus de changement visible et palpable dans le milieu de travail, en améliorant la productivité par la gestion participative. - Réaliser une activité de recherche-formation axée sur l'action des milieux de travail, encadrée par une équipe d'animateurs-formateurs et des experts-conseils. - Évaluer les résultats et ajuster l'action en cours de route. - Implanter des modalités permanentes de gestion participative. B - La coopération syndicale-patronale dans les changement technologiques. Ce projet est actuellement en cours depuis le premier mars 1987 et se terminera en février 1988. Deux objectifs principaux sont visés par ce projet: - la coopération patronale-syndicale doit réduire les résistances et frustrations qui risquent d'apparaître lors des changements technologiques car les entreprises doivent répondre aux défis du marché de manière à protéger et développer l'emploi; - la coopération patronale-syndicale doit faciliter l'amélioration de la productivité en favorisant la mise en oeuvre de divers moyens d'adaptation de la main-d'oeuvre qui permettront la protection et l'amélioration des conditions de travail. Ce projet se déroule actuellement au sein de trois milieux de travail désireux de tenter l'expérience de la coopération. 10 - La langue de travail. Depuis quelque temps, la CSD a obtenu une subvention de l'Office de la langue française pour un accroissement des travailleuses et des travailleurs au processus de francisation au travail. L'objectif principal est de fournir aux représentants syndicaux la capacité de s'approprier de la langue française comme un élément dynamique dans la culture ouvrière. La méthode de réalisation qui sera mise en oeuvre comporte cinq volets: - intervention directe composée d'une vingtaine de syndicats qui travaillent dans des entreprises américaines ou canadiennes; - campagne d'information auprès de l'ensemble des syndicats affiliés, particulièrement par le journal La Base; - inventaire de tout ce que possède l'Office en termes d'appui à la francisation; - création d'une banque d'informations et d'outils d'appui à la francisation pour les fédérations, les secteurs réunis et les conseillers syndicaux; - un débat interne sera organisé dans chacune de nos régions et un rapport sera soumis aux instances démocratiques pour actualiser la position de la CSD que le Congrès de 1977 avait adoptée. Avant de terminer, il ajoute que la CSD a été amenée à intervenir à propos de ce qui s'est passé sur l'échiquier syndical du Québec, soit l'intervention de la Sûreté du Québec dans les locaux de la CSN. Il fait part à l'assemblée d'une déclaration synthèse qui, si l'assemblée est d'accord, constituerait la position officielle de la CSD et serait envoyée à tous les médias. Elle se lit comme suit: «La CSD considère inacceptables les perquisitions effectuées dans les locaux de la CSN. Il ne faut pas se méprendre sur la gravité des événements des derniers jours. Ce n'est pas une opération policière ordinaire. En effet, l'ampleur et le côté spectaculaire de cette intervention discréditent tous les travailleurs et travailleuses syndiqués et faussent l'image du mouvement syndical dans son ensemble. A cet égard, la CSD déplore le silence du Gouvernement du Québec et lui demande de compenser le tort fait par la Sûreté du Québec en reconnaissant publiquement la place indispensable d'organisations syndicales dans une société démocratique. La CSD, qui fête ses 15 ans d'existence cette année, a toujours été opposée à la violence sous toutes ses formes et réaffirme, aujourd'hui plus que jamais, sa foi dans le processus et les structures démocratiques. C'est pourquoi, la CSD est convaincue que les travailleurs sauront faire la part des choses et ne perdront pas de vue la mission du syndicalisme qui est de défendre et promouvoir leurs droits».