*{ Discours néo-libéral CSD, 1991 } Vers de nouveaux sommets. Tous ensemble. Ce dixième Congrès de la CSD doit nous permettre d'affirmer avec force notre fierté et notre volonté indéfectible de poursuivre l'édification d'un programme ambitieux à la mesure des membres et de leurs attentes. Nous voici réunis pour affirmer haut et fort nos solidarités et notre désir profond de donner un nouvel élan à cette Centrale syndicale qui offre aux travailleuses et travailleurs du Québec de participer aux décisions et d'y exercer un contrôle réel en tant que véritables propriétaires. Ce Congrès nous introduit dans la vingtième année de notre histoire. Une histoire riche d'engagements, de foi en l'avenir, de défis relevés avec courage et de réalisations concrètes pour changer le syndicalisme traditionnel qu'on imposait aux travailleuses et travailleurs avant que la CSD ne voit le jour. Il est important de se le rappeler, la CSD s'est toujours démarquée du syndicalisme traditionnel en mettant de l'avant un syndicalisme nouveau et moderne axé sur de nouveaux concepts et sur des prises de positions rafraîchissantes comparativement au discours habituel. La CSD, par son originalité et les principes qu'elle défend depuis sa création, influence l'ensemble du mouvement syndical et contribue substantiellement à faire évoluer les mentalités en misant sur l'intelligence des travailleuses et des travailleurs. Même si maintenant d'autres organisations syndicales tentent de s'approprier nos orientations en déployant un discours préconisant une nouvelle approche des milieux de travail axée sur le partenariat, il est facile de se rendre compte qu'elles n'en sont qu'à leurs premiers pas dans la maîtrise de ce virage. Les nombreuses expériences réalisées par les projets développés sur le terrain dans les syndicats que représente la CSD lui confère une expertise incomparable qui doit nous encourager à atteindre de nouveaux objectifs. Celles et ceux qui nous dénonçaient, il y a quelques années, alléguant que nous trahissions les travailleuses et les travailleurs, sont maintenant confondus. Certains spécialistes des relations de travail qui osent analyser nos positions avant-gardistes, admettent maintenant que nous étions des visionnaires et que nous détenons une avance importante par rapport au mouvement syndical en général. Il nous appartient de la maintenir et de l'accentué pour le bénéfice des membres que la CSD représente et pour continuer de jouer un rôle déterminant dans l'évolution du syndicalisme. Le thème de ce dixième Congrès indique très bien où la CSD inscrit sa priorité en ces jours difficiles qui font appel à toute l'imagination dont on peut disposer pour s'assurer que les travailleuses et les travailleurs cessent d'être les victimes de cette crise économique dévastatrice que nous traversons. Nous devons en profiter pour faire une réflexion stimulante sur les moyens qui doivent être déployés pour améliorer notre action et partant, nous propulser vers de nouveaux sommets. C'est toujours dans les périodes de grandes difficultés que le mouvement syndical retrouve toute sa force et sa capacité d'innover pour relever les défis importants. C'est au cours de ces périodes que nous devons nous rappeler le principe qui veut que: «Tout ce qui ne détruit pas, rend plus fort.» Même si cette période difficile nous ébranle, elle ne réussira pas à nous détruire. Cependant, elle nous force à innover, à chercher des réponses nouvelles, à nous redéfinir, bref, elle nous stimule à devenir plus forts. Les priorités. Agir pour l'emploi est l'objectif commun que nous devons partager solidairement pour espérer un retour à une société plus généreuse qui procurera des emplois pour tous, des conditions de travail décentes, une qualité de vie améliorée et un climat propice au progrès. Nous évoluons dans un monde en mutation profonde qui nous interpelle quotidiennement par des ajustements de plus en plus nombreux et rapides. Fusions des entreprises, modernisation, rationalisation, polyvalence, qualité totale, flexibilité, voilà les nouvelles réalités avec lesquelles les milieux de travail sont confrontés de façon beaucoup plus significative qu'au cours des dernières années où le processus était plus graduel et lent. La mondialisation de l'économie remet tout sur le table à dessin et les nouveaux modes de gestion et d'organisation du travail se développent pour tenter d'introduire le changement de culture de plus en plus nécessaire dans les milieux de travail. Les entreprises se mettent à l'heure du commerce international et l'économie se remodèle en fonction des nouveaux besoins qui se précisent. L'économie en mutation: les enjeux. Si la CSD et plusieurs de ses secteurs d'activités importants comme le textile, le vêtement, la chaussure et le meuble ont été appelés à intervenir fréquemment dans le débat de la libéralisation du commerce, nous devons convenir que cette question touche maintenant beaucoup plus de secteurs d'activités et qu'elle a des effets sur l'ensemble de la société. Les règles de la concurrence sont à se renouveler. Les négociations du GATT qui reprendront à l'automne, les accords devant mener à une nouvelle Europe 1997, ainsi que la négociation d'un accord Canada-États-Unis-Mexique qui pourrait modifier la dynamique de l'accord de libre-échange Canada-États-Unis, témoignent des profonds changements qui s'opèrent à l'échelle mondiale. Il est important de comprendre l'essentiel des mutations qui se produisent et nous nous y attarderons au cours de travaux prévus à l'atelier 1 du Congrès qui porteront sur «l'économie en mutation: les enjeux». Il est parfois difficile de saisir les raisons qui expliquent qu'on accepte de s'imposer de tels bouleversements. Il en résulte néanmoins, et c'est évident, que les frontières tombent, que de nouveaux blocs voient le jour et que la concurrence s'accroît. Nous aurons donc l'occasion, au cours de nos délibérations, de voir comment la toile de fond est à se tisser. Quelles revendications nous devrons formuler pour que le bilan de cette libéralisation ne soit pas négatif pour l'emploi et les conditions de vie des membres de notre société, particulièrement les travailleuses et les travailleurs. La fiscalité et la politique monétaire du Gouvernement devront s'adapter à cette nouvelle réalité et cesser d'être utilisées à la seule fin de stabiliser l'économie. Ce faisant, au cours des deux dernières années, le Gouvernement est responsable de la destruction de milliers d'emplois et d'entreprises. Nous devons revenir à la charge et presser celui-ci de subordonner la politique monétaire à une politique de plein emploi qui est sine qua non de toute entente visant à libéraliser le commerce. Il est inacceptable qu'il continue d'entretenir une telle contradiction entre le discours sur la libéralisation et celui de l'économie. Des milieux de travail en mutation. Les milieux de travail vivent également à leur niveau des bouleversements considérables. Même si la CSD oeuvre depuis près de vingt ans à faire en sorte que les travailleuses et les travailleurs soient des acteurs du changement plutôt que de simples spectateurs, nous devons constater que la majorité des employeurs ont systématiquement nié leur intelligence et leur savoir-faire. Pourtant, les nombreuses expériences menées sur le terrain où les employeurs ont manifesté une certaine ouverture, ont démontré que les travailleuses et les travailleurs sont pleinement capables et surtout prêts à jouer un rôle important dans la vie de leur entreprise. Elles et ils sont désireux d'agir pour l'emploi en s'impliquant pour rencontrer les nouvelles exigences. L'atelier 2 portant sur: "Des milieux de travail en mutation" nous permettra de mesurer l'importance de changer un état de fragilité et de vulnérabilité en prenant les mesures pour assurer la compétitivité des entreprises qui procurent des emplois. L'époque est révolue où les syndicats se limitaient à jouer un rôle très restreint à négocier et appliquer une convention collective comme responsabilité syndicale. Nous devons provoquer les événements, ne pas attendre qu'on nous offre le partenariat sur un plateau d'argent, il faut le réclamer, l'exiger, car nos emplois en dépendent. L'époque où les travailleuses et les travailleurs pouvaient laisser à d'autres la responsabilité de leur emploi est également révolue. Nous devons exiger d'être des acteurs dans le plan d'affaire ou le plan d'organisation qui annoncera les changements nécessaires pour passer à travers les mutations en milieux de travail. Il s'agit de l'implantation d'une nouvelle culture basée sur l'établissement du partenariat efficace et le respect des partenaires pour créer des milieux de travail valorisant qui prendront en charge la productivité, la sauvegarde et la création d'emplois. En somme, il s'agit de changer des mentalités et des traditions souvent très solidement implantées. La polyvalence et la flexibilité pour répondre aux nouvelles exigences, modifieront de manière importante l'organisation du travail, les tâches à accomplir, etc. Les conventions subiront des transformations considérables pour consacrer ces objectifs, ce qui perturbera les habitudes de travail et modifiera les exigences des tâches ainsi que les conditions s'y rapportant. Nous devons accorder une attention spéciale à ce dossier pour éviter que ces changements se fassent au détriment des acquis des travailleuses et travailleurs. Les travaux de cet atelier permettront sûrement de modeler une nouvelle stratégie et de tracer notre programme d'action pour les prochains mois. Il s'agit d'actualiser nos positions quant à la démocratisation de milieux de travail, la formation comme outil essentiel de succès, la santé et sécurité face aux nouvelles exigences et enfin le partage qui doit prévoir les bénéfices que retireront les travailleuses et les travailleurs des résultats et des efforts consentis. Les conditions du nouveau contrat social. Le contrat social est à l'ordre du jour et sur toutes les tribunes récentes, nous avons entendu des appels répétés nous invitant à revoir les conditions de celui-ci. Il est évident que c'est en période de crise qu'habituellement on remet en cause les règles du jeu pour tenter de relancer l'économie. Il s'agit en fait d'un appel pour revoir la convention, expresse ou tacite, qui contient l'ensemble des règles, accords et ententes régissant les rapports entre l'État, les employeurs et les syndicats. Déjà, le Ministre de l'industrie et du commerce, conjointement avec ses collègues, le Ministre du travail et le Ministre de la main-d'oeuvre, de la sécurité du revenu et de la formation professionnelle ont convié les présidents des centrales syndicales CSD-CEQ-FTQ-CSN à une réflexion sur les moyens de relancer l'économie du Québec. Deux rencontres ont eu lieu et sa position est simple: "La relance de l'économie passe par la productivité, la qualité totale, la formation et l'établissement d'un nouveau contrat social". Pour les employeurs, et probablement le Gouvernement, il s'agit de revoir ce qui peut s'avérer contraignant, ce qui empêche la flexibilité, ce qui désavantage sur le plan concurrentiel, ce qui ne permet pas d'entrevoir des périodes de stabilité et de paix sociale assez longues, etc. Déjà une entente conclue par la CSN nous laisse entrevoir certains objectifs recherchés par le Gouvernement qui nous présente cet accord comme exemple de mesures à mettre de l'avant. On peut parier dès maintenant que l'exercice vise à modifier des traditions de relations de travail et des acquis sur lesquels reposent les rapports entre les partenaires des milieux de travail sans élargissement des droits des travailleuses et des travailleurs. Si nous devons revoir le contrat social, il est clair que l'ensemble des lois et règlements doivent être incluses dans l'analyse de ce qu'il faut modifier. Le Code du travail, la Loi sur le régime de négociation dans les secteurs public et parapublic et la Loi sur les relations de travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction, ont besoin d'une réforme en profondeur. La loi sur les normes du travail et la Loi des décrets de convention collective doivent également subir des transformations importantes pour répondre aux nouveaux enjeux. La Loi de la santé et de la sécurité du travail et la Loi les accidents de travail et les maladies professionnelles ainsi que la Loi sur la formation et la qualification professionnelle, doivent subir des rénovations pour les adapter, car elles sont loin d'avoir atteint les objectifs recherchés lors de leur promulgation. L'atelier 3 portant sur "Les conditions d'un nouveau contrat social" abordera les revendications de la CSD pour l'élaboration d'un contrat social qui reconnaît sans équivoque les droits des travailleuses et travailleurs pour l'établissement d'un véritable partenariat. L'égalité des chances en emploi. L'atelier 4, pour sa part, se voit confier la tâche importante de définir les orientations qui seront proposées pour tenter de résoudre l'important dossier de "l'égalité des chances en emploi". En effet, il est généralement admis que certains groupes de travailleuses et travailleurs ont plus de difficultés à se trouver un emploi ou à obtenir des conditions de travail comparables ou équivalentes. Nous aurons l'occasion de nous arrêter à la situation de trois de ces groupes, les personnes handicapées, la main-d'oeuvre vieillissante et les femmes. Il est important de bien comprendre la problématique de chacun de ces groupes, afin de préconiser les mesures qui pourront leur permettre d'aspirer à l'égalité des chances. Des solutions sont possibles, il s'agit pour nous d'en convenir et surtout de prendre la résolution ferme de les mettre de l'avant dans notre programme d'action à tous les niveaux: dans les revendications de la Centrale, dans les politiques professionnelles et dans les négociations de conventions collectives. Les conditions particulières qui affectent ces groupes exigent que nous adoptions des solutions particulières si nous désirons qu'ils cessent un jour d'être traités différemment. Toutes ces questions représentent autant de priorités auxquelles nous devons apporter des réponses syndicales. Les membres n'attendent rien de moins que la CSD soit au premier rang de l'action pour répondre aux nombreux défis de l'heure. Il nous appartient à toutes et tous de ne pas les décevoir et j'anticipe déjà que nous saurons nous démarquer par notre capacité d'assumer le rôle général de la Centrale qui consiste: "à surveiller et promouvoir les droits et les intérêts de ses membres en étant à l'affût des prises de position par les différents pouvoirs constituant la société parce qu'ils détiennent le mandat des décisions qui affectent les droits des travailleuses et des travailleurs." C'est en vertu de cette responsabilité qu'il lui appartient de revendiquer et représenter les membres pour réaliser leur promotion collective. Bilan de nos revendications. Vous me permettrez de souligner brièvement les nombreuses représentations que la CSD a formulé au cours des derniers mois pour exprimer ses revendications. L'avenir politique et constitutionnel du Québec. Un mémoire substantiel a été déposé à la Commission sur l'avenir politique et constitutionnel du Québec. Nous y avons contesté la légitimité de la Commission et nous lui avons signifié que c'est la population qui est le seul expert qui doit se prononcer à l'occasion d'un référendum que nous avons réclamé avec force suite au mandat de la dernière plénière. Quant au projet de société dans laquelle les membres de la CSD veulent vivre, nous avons refusé d'en discuter avec la Commission pour plutôt soumettre nos revendications aux élus, qui doivent dans notre régime démocratique, répondre à la population de leurs gestes et choix. Nous aurons au cours du présent Congrès à décider si nous devons tenir un référendum interne auprès des membres des syndicats pour connaître leur intention sur l'avenir constitutionnel du Québec et obtenir l'autorisation d'en communiquer les résultats. Le Conseil de direction recommande qu'un tel référendum se tienne pour permettre à la CSD de clairement signifier le choix de ses membres quant à l'avenir politique et constitutionnel du Québec, décision qui pourrait d'ici quelques mois faire partie des mutations auxquelles nous serons confrontés. La Loi sur les normes du travail. A la suite des consultations sur son avant-projet de loi sur les normes du travail, le Gouvernement a procédé à l'adoption de plusieurs amendements à celle-ci. Nous avons réclamé d'être entendu à nouveau en Commission parlementaire pour soumettre nos revendications sur tous les points importants qui n'avaient pas été retenus à la suite de nos représentations. Le Gouvernement a finalement décidé de procéder à l'adoption des modifications qu'il proposait sans Commission parlementaire publique. Réforme des services de santé et des services sociaux. A la suite des nombreux exercices de consultation auxquels nous avons participé (Commission Rochon, tournée de la ministre Mme Thérèse Lavoie-Roux, Commission parlementaire sur l'avant-projet de loi) le ministre Côté a également déposé le projet de réforme qu'il entend mettre de l'avant. Nous avons réagi à ce projet en réclamant d'être à nouveau entendus sur des omissions importantes du projet. Cependant, le ministre a clairement indiqué que la consultation était terminée, qu'il avait fait ses choix et qu'ils étaient contenus dans son projet. A l'instar de la CSD, la Corporation des infirmières auxiliaires, les quatre fédérations de médecins et d'autres groupes, tentent encore d'obtenir des modifications à ce projet. Même si le ministre semble inflexible, c'est un débat à suivre. Cependant, il est nécessaire de préciser que nos revendications et demandes ne vont pas dans le sens de celles des médecins. Les surplus actuariels des régimes de retraite. Dans le cadre de l'intention du Gouvernement de lever le moratoire imposé sur les surplus actuariels des régimes de retraite, la CSD a déposé un mémoire substantiel traitant des modalités à prévoir pour la disposition de ces actifs. Nous avons réclamé qu'ils soient considérés comme du salaire différé et qu'à ce titre, ils soient la propriété des travailleuses et des travailleurs concernés. Le document de consultation du ministre, proposait des modalités de partage fort différentes basées sur le prorata de la participation des employeurs et des salariés. Bien entendu, les employeurs ont réclamé la propriété de ces actifs. A la suite de sa Commission parlementaire, le ministre a décidé de retirer sa proposition de partage et indiqué qu'il souhaitait une entente entre les partenaires employeur et syndicats en précisant qu'il privilégiait l'approche que ces actifs servent à la retraite. Il a remis le dossier dans les mains des membres de la Conférence permanente sur l'adaptation de la main-d'oeuvre qui est à la recherche d'une solution globale. Le ministre maintient son moratoire et avisera de ses intentions si aucune entente ne lui est proposée dans les prochains mois. La formation. Nous avons également déposé un important mémoire devant un comité du Conseil des collèges chargé de réviser la formation dispensée par ces institutions. Nous avons profité de l'occasion pour soumettre le volumineux dossier d revendications de la CSD pour une formation adaptée et conforme aux besoins des milieux de travail. Nous avons particulièrement insisté sur l'inaccessibilité aux programmes de formation pour les travailleuses et les travailleurs en emploi. Le ministère de l'Éducation, pour sa part, procède à une consultation à laquelle nous avons participé dans plusieurs secteurs d'activités afin d'évaluer les besoins en matière de formation professionnelle. Une deuxième étape, portant sur les changements qu'il entend apporter, doit suivre avant que ce ministère procède à une réforme en profondeur de ses programmes et de son fonctionnement. La Conférence permanente de la main-d'oeuvre à laquelle la CSD participe activement depuis sa création, est à préciser les éléments d'une importante révision de la Loi sur la formation et la qualification professionnelle de la main-d'oeuvre. Cette réforme entend toucher tout le mandat de l'organisation de la formation au Québec ainsi que la gestion de l'ensemble des programmes de main-d'oeuvre. Le ministre se propose de déposer à l'automne son projet de réforme et en prévoit l'adoption dans le cadre du processus législatif en mai 1992. Il s'agit d'un débat important pour l'avenir du Québec et qui sera déterminant pour nous doter des mesures appropriées afin de répondre adéquatement aux besoins d'une société en mutation. Nous nous proposons d'y jouer un rôle très actif. Le libre-échange. Le dossier du libre-échange, tant pour les négociations du GATT que pour un éventuel accord Canada-États-Unis-Mexique, a également retenu notre attention et exigé plusieurs représentations. Nous avons rencontré, à quelques reprises, des représentants du Gouvernement du Québec pour leur soumettre nos représentations sur les risques de la libéralisation et les moyens à mettre de l'avant pour éviter la destruction des emplois. Nous avons également abordé les mesures à prévoir pour l'adaptation des travailleuses et travailleurs qui seraient affectés. Une proposition a également été élaborée pour l'éventuelle négociation avec le Mexique. Le présent Congrès traitera des grandes orientations de la position que nous entendons défendre dans ce dossier. Une entente avec le Mexique exige que nous soyons très attentifs aux conséquences d'un tel accord car il est évident que nous sommes dans un cadre très différent de celui qui prévalait pour la négociation avec les États-Unis. Les négociations du GATT qui ont avorté en décembre sans qu'une entente ne puisse intervenir doivent reprendre à l'automne. On nous indique qu'on s'apprête à prolonger les accords actuels pour une période de plusieurs mois s'étendant sur plus d'une année afin de permettre aux discussions de se poursuivre avec des chances de succès. Une rencontre avec le Gouvernement fédéral dans ce dossier est prévue pour le début de juillet. Comme il avait déjà été convenu que les recommandations du Tribunal canadien du commerce extérieur (TCCE) visant la libéralisation accélérée de certains produits, soient reportées après la conclusion d'un nouvel accord du GATT, nous devrions bénéficier d'un répit dans les secteurs du textile et du vêtement. Nous avons d'ailleurs élaboré une position commune des deux secteurs que nous revendiquons dans le cadre des négociations sur le démantèlement de l'accord multi-fibres. CSST - IRSST. La CSD a également poursuivi ses représentations au Conseil d'administration de la CSST, de l'IRSST ainsi que sur plusieurs comités ad hoc afin de contribuer à l'amélioration des conditions de prévention et de réparation. C'est un dossier important et très exigeant qui nous permet cependant d'être impliqués étroitement dans des décisions pour améliorer les services et le fonctionnement qui, trop souvent ne correspondent pas aux objectifs des lois que ces conseils administrent. Nos représentations apportent des résultats et parmi les plus importants, j'aimerais en citer quelques-uns. La confection d'un nouveau manuel de politiques de réparation pour le traitement des réclamations plus conforme aux droits des travailleuses et travailleurs. Des cours de formation aux agents d'indemnisation pour assurer une meilleure qualité des décisions de première instance. L'établissement d'une procédure de révision du projet de décision des agents d'indemnisation pour assurer une plus grande rigueur. Le dépôt d'un projet de loi assurant aux travailleuses et travailleurs l'indexation des indemnités versées dans le cadre des programmes de stabilisations sociale et économique. Une révision du fonctionnement des BRP pour diminuer à trois mois les délais d'attente pour la tenue d'audition. Cependant, le dossier de la prévention demeure très problématique et exige que nous proposions des mesures énergiques afin qu'une véritable conscience de la prévention existe et que la volonté d'en faire un projet de société soit acquise. C'est la stagnation la plus totale actuellement, aucune nouvelle mesure n'est proposée et une minorité de travailleuses et travailleurs bénéficient de l'application de la loi. La Loi 130. La CSD a également participé à la consultation menée par un comité présidé par Norbert Rodrigue sur les effets de la Loi 130 et l'opportunité d'y apporter des modifications. Nous avons exigé le retrait de cette loi inique et démobilisante qui a créé des injustices inacceptables pour plusieurs travailleuses et travailleurs du secteur de la santé. Même si les membres de la CSD n'ont pas été touchés par les mesures que comporte la loi, il est inacceptable que l'État-employeur utilise des moyens aussi pernicieux pour empêcher l'expression démocratique et déséquilibrer le rapport de force nécessaire pour mener des négociations justes. Le ministre a poursuivi ses consultations au cours des derniers mois, après avoir laissé entendre qu'il serait disposé à revoir la loi, moyennant certaines conditions dont, bien sûr, faisait partie le résultat des négociations pour la prolongation des conventions collectives. D'autres forums où nous avons transmis nos revendications. Rencontre avec l'OLF (Office de la langue française) pour faire le point sur la francisation des milieux de travail et livrer le résultat de notre enquête dans le secteur du vêtement. Participation à une coalition avec l'ICEA (Institut canadien d'éducation des adultes) et d'autres groupes pour contester les coupures budgétaires dans la formation des adultes et réclamer la nécessité d'accroître les ressources de formation. Rencontre avec le ministère Emploi Immigration pour discuter des programmes fédéraux de la main-d'oeuvre. Poursuite de notre participation au Forum pour l'emploi. Prolongement de l'accord pour le CAMO sectoriel du meuble . Participation au Comité canadien d'adaptation de la main-d'oeuvre dans l'industrie du textile. Projet de CAMO sectoriel dans le secteur des fonderies. Projet de CAMO sectoriel dans le secteur de la chaussure. Participation à l'intersyndicale des femmes, etc. Le bilan du dossier de nos revendications est important et nous avons profité de toutes les occasions que se sont présentées pour en faire la diffusion, notamment à l'occasion d'un colloque du Conseil du patronat, du Congrès des relations industrielles de l'Université Laval et de celui de l'Université de Montréal. L'état interne de la CSD. L'ensemble des services. Qu'il me soit permis, à ce moment-ci, de souligner l'engagement loyal et sincère des militantes et des militants, du personnel à tous les niveaux de responsabilités et des dirigeants qui nous permettent quotidiennement de bien représenter nos membres et de s'assurer qu'ils reçoivent en toute circonstance des services de qualité. Le personnel de bureau apporte une contribution appréciée qui supporte constamment l'action des conseillers syndicaux à l'organisation, à la négociation et aux services généraux. Dans une période comme celle que nous traversons, il est évident que les problèmes se multiplient, que les besoins de service suivent la même courbe, alors que souvent les résultats sont décevants par rapport aux efforts déployés. Cependant, il est heureux de constater que malgré un climat de morosité, le personnel garde un haut niveau de confiance et de dynamisme pour fournir l'effort soutenu nécessaire. Un coup de barre à donner. A la lecture des rapports des services généraux de la Centrale que vous avez en main, vous pourrez constater l'importance de la tache accomplie et je vous invite à les consulter pour bien mesurer la contribution de cette équipe formidable. Les conseillers syndicaux à la négociation, qu'ils soient des Fédérations ou de la CSD, sont confrontés à des dossiers difficiles qui exigent plus d'efforts qu'en période de prospérité pour tenter de satisfaire les attentes légitimes des membres. Le personnel à l'organisation et au maintien syndical est plus impliqué dans la survie des entreprises, les problèmes de fonctionnement de toutes sortes. L'appétit de se syndiquer n'est pas à son paroxysme et ils doivent redoubler d'effort pour convaincre les travailleuses et travailleurs qu'il n'y a pas de temps plus favorable pour se doter d'une structure syndicale et se solidariser pour améliorer sa condition. Nous devons cependant admettre que cette période nous affecte et commande que nous agissions rapidement au cours des prochains mois pour trouver des solutions à la diminution des effectifs. L'ensemble des fédérations et plusieurs secteurs réunis sont perturbés par des pertes importantes de membres. Même si ce n'est pas unique à la CSD, les autres centrales syndicales étant aussi affectées, ce simple fait ne règle pas nos problèmes et il est évident que la solution repose sur un programme énergique en deux volets. Le premier, c'est une action soutenue auprès de toutes les entreprises en difficulté pour s'assurer de leur survie et éviter la disparition des emplois qui en dépendent. Nous devons également mettre de l'avant un programme axé sur l'importance de maintenir un haut degré de satisfaction des membres malgré des négociations difficiles et des résultats mitigés. Ce n'est pas une mince tâche, mais il est possible d'y arriver. Le deuxième volet repose sur la décision ferme de développer un programme d'organisation ambitieux et en proposant des actions concrètes pour arriver à des résultats importants. Afin de le réaliser, le Comité exécutif de la CSD a déjà rencontré le personnel à l'organisation pour revoir notre fonctionnement et prendre les décisions qui s'imposent. Dans un premier temps, il a été convenu, qu'à compter de maintenant, dans toutes les régions où il y a plus d'un conseiller syndical à l'organisation, on devra faire en sorte d'en libérer un exclusivement pour l'organisation. Ceux qui ne seront pas affectés exclusivement à l'organisation continueront de s'en préoccuper mais devront aussi assurer une plus grande part des services de maintien syndical et de direction de conflits. Le personnel à la négociation sera également invité à soutenir cet effort collectif. Chaque région devra soumettre un plan précis d'organisation au Comité exécutif qui verra à l'apprécier, coordonner l'ensemble de l'action et en faire l'évaluation. Nous examinerons également la possibilité de déclencher dans certains secteurs des programmes spéciaux qui seront évalués en fonction d'objectifs précis dans le cadre des sommes prévues au budget d'organisation provincial. Notre objectif est de réussir à augmenter, de manière significative, le nombre de membres qui adhèrent à la CSD en profitant de la bonne santé financière de la Centrale que nous devons préserver pour continuer d'assurer des services de qualité à un coût raisonnable. Afin de réaliser ce programme ambitieux, nous devrons développer une grande complicité entre les membres, les conseillers syndicaux, le personnel de bureau et les dirigeants, tant de la Centrale, des Fédérations et des syndicats. La confiance doit alimenter nos relations et la communication être soutenue. Il faut savoir partager l'information objective pour que les bonnes décisions soient prises. Personne ne peut faire progresser l'action syndicale s'il agit de façon individuelle, isolée des autres. La base de la solidarité et de la réussite, c'est le travail d'équipe. Il faut résolument établir des rapports d'entraide, de coresponsabilité et de solidarité. On ne doit pas seulement être pavé de bonnes intentions, il faut se donner un coup de main, remplacer l'autre quand il assume sa responsabilité, en un mot, développer une véritable complicité. C'est au prix de cet engagement que nous aurons du succès et je suis convaincu que vous avez le goût de le prendre afin que nous puissions dire dans les mois qui viennent "Mission accomplie", nous progressons pour nous doter d'une structure syndicale en pleine croissance et permettant tous les espoirs. Le programme de gestion participative. Au cours de l'année qui se termine, nous avons déposé le rapport d'une expérience de trois années d'engagement et d'innovation pour de nouveaux milieux de travail. Le programme de gestion participative, mis sur pied par la CSD en collaboration avec à l'origine dix milieux de travail, s'est terminé après avoir atteint ses objectifs. Je veux remercier tous ceux et celles qui y ont contribué, les dirigeants des syndicats impliqués, les employeurs, les dynamiques professeurs de l'Université Laval, les conseillers syndicaux concernés, l'équipe de la main-d'oeuvre et la compagne Agnès Picard qui en ont fait une expérience très enrichissante pour l'expertise de la Centrale et nos membres concernés. ABC-INFO. Le projet ABC-INFO, pour sa part, est démarré et sur la bonne voie. Après avoir réussi à régler plusieurs problèmes de départ et l'ensemble des engagements des partenaires, le projet commence à prendre forme. Le personnel requis a été recruté et embauché, les aménagements physiques réglés, les équipements mis en place et les partenaires rencontrés. Déjà, une partie du matériel réalisé pourra être validée auprès des travailleuses et des travailleurs qui ont accepté de collaborer à l'expérience. C'est un dossier à suivre qui sera, j'en suis confiant, un sujet de fierté pour la CSD qui est la seule Centrale impliquée dans une démarche semblable pour soutenir les travailleuses et des travailleurs analphabètes. Centre de liaison sur l'alcoolisme et autres toxicomanies. Le projet a été finalisé au cours de l'année et validé auprès de certaines ressources internes de notre organisation. Il est présenté en vertu du programme innovation et une première rencontre pour introduire le projet s'est tenue récemment. La présentation officielle sera complétée au cours des deux prochains mois et nous espérons une réponse favorable à l'automne afin d'enclencher sa mise en oeuvre. La francisation des milieux de travail. La CSD a convenu de faire porter sa priorité sur la relance des comités de francisation pour l'année 1991-1992. La stagnation de ceux-ci et la démobilisation constatée exigent que nous apportions un soutien particulier à tous les dirigeants syndicaux désireux de réactiver le comité de francisation dans leur milieu. Nous avons également soumis à l'Office un rapport exprimant notre profonde inquiétude sur le rôle qu'elle joue et dénonçant son incapacité de développer une stratégie qui assure la permanence de la francisation des milieux de travail. Nous réaliserons également un projet spécial "La boîte à outils lexicologiques" dans le secteur du vêtement. C'est un projet important qui collaborera sûrement à favoriser l'acquisition d'une connaissance plus large de la terminologie utilisée dans leur milieu de travail. Il s'agit de développer un outil simple et accessible qui aidera à déparcelliser l'organisation du travail basée sur le taylorisme. Réforme du secteur de la construction. La CSD a été impliquée étroitement dans une réforme très importante du secteur de la construction qui avait besoin de faire le point sur sa situation, revoir ses structures et son fonctionnement. Les Règlements ont été entièrement réaménagés pour répondre aux besoins des membres et à une meilleure démocratisation de son fonctionnement. Un nouveau conseil syndical a été élu ainsi qu'un comité exécutif comprenant un président libéré pour jouer pleinement son rôle. Le fonctionnement a été revu pour prévoir que dorénavant, sauf pour des périodes limitées, les services aux membres seraient assurés par une seule catégorie de personnel relevant d'une entente de service avec la Centrale. Le secteur se prépare fébrilement pour la prochaine campagne de recrutement qu'il réclame énergiquement. Une rencontre avec le Ministre du travail doit avoir lieu sous peu pour le saisir du dossier des revendications du secteur, particulièrement pour exiger l'application de la liberté et du pluralisme syndical. Quelques nouveaux départs annoncés et qui s'annoncent. C'est avec regret que chaque année nous devons nous résoudre à accepter le départ de personnes appréciées, qui ont apporté une contribution inestimable à l'organisation et surtout aux membres que nous représentons. Pourtant, c'est le cas encore cette année. Même si ces départs sont à l'origine de nouveaux arrivants qu'on accueille avec enthousiasme, c'est toujours avec beaucoup d'émotion qu'on réalise ce dont nous privent ces fiers collaborateurs lors de leur départ. C'est une réaction un peu égoïste mais combien humaine. Cela a été le cas du confrère Jos Caron de la Mauricie, pionnier de la première heure, qui a pris une retraite bien méritée il y a quelques mois, décision que plus de 200 personnes de la région ont souligné avec chaleur lors d'un banquet à son intention. Ce sera également le cas de la compagne Françoise Nadeau, secrétaire de direction au bureau de Québec depuis la fondation, qui s'est toujours fait remarquer pour sa loyauté, son dévouement exemplaire et son engagement ressenti aux objectifs de la Centrale. Le confrère Raymond Lortie, conseiller syndical au service du Syndicat de la construction, nous a également annoncé sa décision de prendre sa retraite au cours de l'été. Le confrère Lortie est également un des pionniers de la CSD qui a participé à sa fondation et joué un rôle important pendant plusieurs années au service des travailleurs de la construction. Il s'est fait remarquer pour son grand sentiment d'appartenance et sa grande ténacité. Enfin, et c'est non le moindre, il y a notre trésorier, le confrère Jeannot Picard, qui a mis son coeur, sa grande détermination et sa volonté inébranlable au service de la CSD pour lui assurer des bases solides. Si j'ai parlé de ténacité dans le cas du confrère Lortie, que faut-il dire du confrère Picard. Jeannot ne laisse personne indifférent et personnellement, je crois que son engagement sincère nous a sûrement permis de franchir des étapes cruciales de notre existence avec confiance. A Françoise, Raymond et Jeannot, je veux dire un merci sincère pour cette magnifique contribution que nous pourrons souligner de diverses façons dans les prochains jours. Je veux leur souhaiter toute la satisfaction recherchée au cours de cette période de leur vie qui débute et qui leur permettra de s'occuper un peu plus de leurs besoins après s'être tant occupé des autres. Je veux leur dire qu'elle et ils seront toujours chez eux à la CSD qui a été édifiée avec une partie d'eux-mêmes. Conclusion. En conclusion, chers délégués, donnons généreusement ce nouvel élan à notre engagement pour continuer d'oeuvrer avec sincérité à poursuivre le développement de la CSD tant dans son originalité que son expansion et son rayonnement. Nous devons commencer à l'intérieur même de notre organisation à nous demander ce que nous pourrions faire de plus pour la CSD, plutôt que de seulement se préoccuper de ce que la CSD peut apporter pour la satisfaction de nos attentes respectives. Le temps est à la solidarité pour que toutes et tous nous puissions compter sur une Centrale forte, en mesure de répondre efficacement aux besoins de ses membres et continuer son oeuvre dédiée entièrement à l'amélioration de leur condition. Nous prendrons ensemble des décisions importantes qui traceront l'action des prochains mois et permettront d'affirmer sans équivoque notre détermination de faire face à l'avenir avec optimisme et enthousiasme. Malgré notre différence et nos pratiques syndicales uniques, la CSD doit prendre plus de place dans le monde syndical en dépit des manoeuvres tentant de l'écarter. Il y a beaucoup de chemins parcourus, mais beaucoup à parcourir, pour enfin atteindre les objectifs recherchés et la place qui nous revient. Nous allons également revenir à la charge pour réclamer la mise sur pied de la Table nationale de l'emploi et de la concertation en remplacement du vieillot et dépassé Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Nous devrons exiger que le plein emploi, un contrat social plus respectueux des travailleuses et des travailleurs notamment quant au droit à la syndicalisation, la démocratisation des milieux de travail, l'évolution technologique et la formation, soient prioritairement à l'ordre du jour. Je vous convie "vers de nouveaux sommets tous ensemble", dans un programme d'action à notre mesure en ayant bien présent à l'esprit qu'il faut "agir pour l'emploi".