*{ Discours néo-libéral CTC, 1990 } Consoeurs et confrères, distingués invités et invitées, observateurs et observatrices, bienvenue à Montréal à l'occasion de la Dix-huitième Assemblée statutaire du Congrès du Travail du Canada. Au cours des cinq prochains jours, nous participerons à un processus difficile qui nous offrira à la fois défi et satisfaction. Il s'agira d'élaborer des politiques et des stratégies qui auront pour but de créer le genre de société que les syndicalistes désirent pour leur famille et leur collectivité. Une société tout à fait différente de celle envisagée par les idéologues conservateurs, tant au Canada qu'à l'étranger. C'est avec grand intérêt que nos membres, nos amis, nos alliés, et oui, même nos adversaires, tant chez-nous qu'à l'étranger, observeront les progrès que nous réaliserons cette semaine. Notre analyse des questions importantes et les solutions de rechange que nous proposerons quant aux affaires domestiques et internationales seront pondérées. Nous avons tous été choisis pour représenter les deux millions de .travailleurs et travailleuses qui sont membres du CTC. Il s'agit à la fois d'un privilège et d'une grande responsabilité. Donnez-nous la chance de répondre à leurs attentes. «Une Nouvelle Décennie, notre avenir» - voici un thème qui décrit bien le climat actuel et notre but collectif. Toutefois, nos perspectives d'avenir ne doivent pas nous faire oublier le passé, et encore moins les nombreux syndicalistes dévoués qui nous ont quittés depuis notre dernière rencontre à Vancouver, il y a maintenant deux ans: George Burt, Ken Girard, Bob Hale, Maurice Hébert, Bert Hepworth, Morden Lazarus, Roméo Mathieu, Don Secord, Dorothy York et les nombreux autres syndicalistes qui ont grandement contribué au bien-être des travailleurs et des travailleuses. C'est avec un sentiment de fierté que nous pensons à eux. C'est avec tristesse que nous évoquons les 2 000 hommes et femmes qui sont morts à la suite d'accidents en milieu de travail au cours des deux dernières années. Malheureusement, cette statistique tragique ne comprend pas les milliers d'autres qui ont été victimes de maladies reliées au milieu de travail. Ce carnage en milieu de travail est une honte nationale! Nous ne pourrons pas nous reposer avant que les milieux de travail ne soient devenus des endroits sains et sûrs que tous les travailleurs et les travailleuses méritent. Il est coutume et certainement approprié que cette allocution contienne des remarques portant sur le monde extérieur au mouvement syndical. Nous avons rarement connu une période historique qui mérite autant notre attention et notre respect. `Nous vivons dans un monde qui devient de plus en plus interdépendant: un monde où les changements rapides font la règle plutôt que l'exception. Qui aurait pu prédire ces changements incroyables et révolutionnaires qui se sont produits au cours des deux dernières années? Qui aurait pensé, il y a dix ans, qu'un syndicat acharné, Solidarnosc, dirigé par un électricien déterminé dans un chantier naval, aurait été le point de départ de la liberté qui existe maintenant partout en Europe? Je me dois de vous dire que je me suis sentie fière d'être syndicaliste lorsque, au cours de la visite du confrère Lech Walesa au Canada l'automne dernier, celui-ci nous a exprimé sa gratitude pour l'appui qu'il a reçu des travailleurs et travailleuses canadiens, à partir du moment de la savoureuse victoire de Solidarnosc en 1980 jusqu'aux jours sombres de la loi maritale qui a suivi en Pologne. Cet appui a été initié par le président émérite Dennis McDermott et n'a jamais été ébranlé. L'arrivée du confrère Walesa au Canada a coïncidé avec un événement dramatique unique: l'ouverture du mur de Berlin. La suite des événements a été renversante; c'était à en rien comprendre. Ce jour là un puissant message a été envoyé à tous les Canadiens et les Canadiennes, et je dirais même à tous les habitants de la terre. Ce message était le suivant: lorsque les travailleurs et les travailleuses décident qu'ils en ont assez; lorsque les travailleurs et les travailleuses décident qu'ils veulent un changement; lorsque les travailleurs et les travailleuses décident de rejeter les systèmes économique et politique qui ne rencontrent pas leurs besoins fondamentaux; lorsque les travailleurs et les travailleuses décident de respecter les principes associés à la quête pour le pain, la paix et la liberté; lorsque les travailleurs et les travailleuses décident de s'unir et de faire les sacrifices nécessaires pour réaliser un objectif commun; lorsque ces conditions existent, quelque soit le pays, il n'y a pas de pouvoir plus grand que celui de ces travailleurs et travailleuses. Rien ne résiste à cette force collective . Nous pouvons obtenir la paix, la prospérité et la justice, un environnement sain et une véritable démocratie tant économique que politique. Ce sont les travailleurs, des hommes et des femmes ordinaires, qui font tourner le monde et qui parfois l'amène à un arrêt complet dans le but de rétablir les valeurs et la dignité humaines. Le pouvoir de la main d'oeuvre, le pouvoir du peuple, voilà la force directrice actuelle. Ne la prenez pas à la légère Monsieur Mulroney, c'est bien cette force qui vous écrasera, vous et votre bande d'incompétents obsédés par la TPS, et vous mènera à la défaite. Bien que les événements en Europe aient été dominants, nous ne devons pas leur accorder toute notre attention. Par exemple, les pays tels que le Brésil et le Chili ont tenu leurs premières élections présidentielles démocratiques depuis des décennies. Encore une fois, ce sont des syndicalistes, avec l'appui de militantes et de militants syndicaux d'autres pays, qui ont initié des mouvements dans ces deux pays afin d'abolir la dictature militaire. Il existe aussi des situations où la répression et les interventions étrangères ont nuit aux actions des mouvements populaires. Nous avons été horrifiés de voir les moyens utilisés pour anéantir les tentatives de liberté et de démocratie en Chine. Nous condamnons l'intervention américaine en Amérique centrale. Nous avons demandé que l'administration Bush garde ses fusils dans son pays au lieu de les utiliser pour militariser le El Salvador et le Guatemala, au dépens de la vie de syndicalistes, de religieux et de religieuses engagés et de personnes qui oeuvrent dans des mouvements favorisant le respect des droits de la personne. Nous espérons vivement que la pression pour l'auto-détermination exercée par les peuples de la région Balte sera reçue par Moscou avec tolérance, compréhension et un désir de négocier plutôt qu'avec des actes de violence et de force brutale. Les ravages des conflits au Moyen-Orient doivent cesser. Même une journée de plus dans les méprisables camps de la Bande de Gaza est de trop pour les enfants qui y sont nés, pour leurs parents qui y sont aussi nés et pour leurs grand-parents qui sont arrivés dans cette région à un âge trop jeune pour se souvenir de ce qu'est la liberté. Nous demandons qu'un accord soit négocié et nous demandons à Israël d'accepter, comme voisin, un état palestinien. Nous demandons aussi à l'OLP et aux nations arabes de garantir la sécurité et la paix à l'Israël à l'intérieur de ses frontières. Et bien sûr, il y a l'Afrique du Sud. Le Canada, tout comme plusieurs autres pays, a exercé un certain leadership dans cette affaire. Cependant, ce n'est pas suffisant. C'est loin d'être suffisant. Ce ne sera pas suffisant avant que l'apartheid soit éliminé et relégué aux oubliettes. Ce ne sera pas assez tant que l'égalité ne sera pas reconnue au travail, dans les déplacements, dans l'éducation, dans les soins de santé, et dans le processus électoral. Voilà pourquoi nous avons demandé que les sanctions soient maintenues jusqu'à ce que nos confrères et consoeurs de l'Afrique du Sud nous disent que nous pouvons les lever, et pas une minute avant. J'ai été très honorée de participer, en votre nom, aux festivités des travailleurs et travailleuses de la Namibie pour célébrer l'indépendance et la nouvelle frontière. Lors de mon séjour, j'ai eu l'occasion de visiter brièvement l'Afrique du Sud et de transmettre vos salutations chaleureuses et fraternelles à notre ami, Nelson Mandela. Il m'a fait grandement plaisir de rencontrer cette personne, image de force et de gentillesse, et de lui faire part de notre appui continu pour l'obtention de la liberté, de la démocratie et de la justice dans son pays - un appui qui, grâce à votre engagement, sera atteint facilement - un appui qui est demeuré ferme depuis qu'il a été mis de l'avant par un autre président émérite du CTC, Joe Morris. Comme par le passé, Nelson Mandela, Jay Naidoo et Moses Mayekiso, ainsi que ceux et celles qui mettent quotidiennement leur vie en danger en Afrique du Sud, se retrouvent encore avec une tâche très difficile à accomplir. Toutefois, ils en sortiront gagnants! Des photos-éclairs de notre planète, des photos qui révèlent une gamme complète d'images démontrant à la fois l'espoir et le désespoir, le triomphe et la lutte. Malgré tout, ce mouvement syndical sera toujours là pour offrir aide et réconfort, pour renforcer les liens entre les syndicats internationaux et pour promouvoir la réalité mondiale qui correspond aux rêves que nous avons en commun. Bien que modeste par ses normes internationales, l'évolution du Canada au cours des deux dernières années a naturellement eu un impact direct et immédiat sur toutes nos vies. Se rappeler cette évolution c'est, dans plusieurs cas, décrire les préoccupations sociales et économiques du mouvement syndical. Plus précisément, le programme du gouvernement fédéral a continué d'écraser les intérêts des travailleurs et travailleuses canadiens par les moyens suivants: en leur imposant un Accord de libre-échange avec les États-Unis qui, en commençant par Gillette et Northern Telecom, a coûté plus de 100 000 emplois par suite de mises à pied et de fermetures d'usine; en les menaçant de coupures dans notre système d'assurance-chômage à un moment où les taux de chômage demeurent à des niveaux élevés; en anéantissant le principe de l'universalité des avantages sociaux par des récupérations d'allocations familiales et de sécurité de la vieillesse; en effectuant des coupures sévères dans les programmes de développement régional et dans les subventions, dans le seul et unique but d'uniformiser les règles du jeu à la suite de l'Accord de libre-échange; en attaquant les secteurs ruraux du Canada par le démembrement de VIA Rail et des coupures dans les services postaux; en minant notre système de santé et notre système d'éducation par la réduction des paiements des transferts aux provinces; en gérant maladroitement l'industrie de la pêche qui est le principal gagne-pain des provinces de l'Atlantique; en commercialisant les sociétés d'État et les services publics; en imposant une augmentation de taxe après une autre aux personnes qui sont le moins en mesure de les payer; en sabotant la croissance économique par l'établissement délibéré de taux d'intérêts élevés. Ces mesures, entre autres, ont créé un climat généralisé d'insécurité économique qui, jumelé à l'impasse constitutionnelle actuelle, a jeté des éléments d'instabilité dans la force morale du Canada. L'intolérance accrue dont témoignent les manifestations décourageantes et alarmantes de racisme, de sexisme, de tensions régionales et de contrecoups linguistiques, a causé un malaise national qui provoque des divisions troublantes. Ce n'est pas la première fois que la force de notre peuple est mise à l'épreuve. Ce ne sera sûrement pas la dernière. Dans cette période difficile, il est important de réitérer que nous, en tant que travailleurs et travailleuses, avons toujours compris que nous avons beaucoup plus de raisons de nous unir que de nous diviser. Pensons aux travailleuses et aux travailleurs de la forêt de la Colombie-Britannique, du grain dans les Prairies, des services de garde de l'Ontario, de la métallurgie du Québec, des poissonneries de Terre-Neuve et du secteur public fédéral. Nous ne permettrons pas de division. Il s'agit là de la simple réalité qui existe avant l'Accord du Lac Meech et qui demeurera, quoi qu'il advienne de cet accord. Pendant ces temps difficiles, il est important de se rappeler le principe de base de la solidarité entre les travailleurs et les travailleuses. Rappelons-nous que la division fondée sur la race, le sexe, les régions ou la langue est une division que nous, en tant que travailleurs et travailleuses, ne pouvons ni ne devons accepter. Il s'agit là d'un ennemi. De fait, la lutte contre la division nous unit. Dans d'autres domaines, les Conservateurs ont redoublé d'efforts pour aliéner certains groupes de la société souvent dans le but d'étouffer le désaccord. Ils ont proposé de commercialiser et de privatiser le Centre canadien d'hygiène et de sécurité au travail. Ils ont tenté avec maladresse de couper les fonds absolument nécessaires accordés aux centres pour les femmes dans l'ensemble du Canada. Ils ont réduit l'appui financier accordé aux programmes des autochtones. Ils ont introduit des plans visant à imposer des tests de dépistage de drogue aux travailleuses et aux travailleurs du secteur des transports. Ils ont totalement négligé de mettre en place un programme de services de garde d'enfants. Ils tentent de recriminaliser l'avortement. L'été dernier, lorsque Chantal Daigle a subi l'humiliation publique, le CTC a épaulé les femmes partout au Canada et a proclamé «nous en avons assez de ces stupidités». Nous continuerons à combattre toute mesure qui ferait une criminelle d'une femme qui exercerait son droit fondamental de prendre des décisions relativement à son propre corps. Le Premier ministre aime bien dire, par bravade, que les politiques de son gouvernement ne sont peut-être pas populaires, mais qu'elles sont dans l'intérêt du Canada. Comme d'habitude, il a un peu raison, mais il a surtout tort. Monsieur le Premier ministre, ne vous leurrez pas, votre gouvernement est impopulaire pour une très bonne raison: de plus en plus de Canadiens et de Canadiennes comprennent que le genre de Canada que les Conservateurs façonnent ne répond pas à leurs besoins. Leur passé est trahi et leur avenir en danger. Ayant atteint le point culminant de l'arrogance et du manque d'égard pour les désirs du peuple canadien, les Conservateurs se dirigent laborieusement vers l'introduction de la taxe sur les produits et services. Il s'agit d'une taxe qui, à l'encontre de leur engagement, est cachée, ne s'applique pas aux revenus d'une façon neutre, n'est ni simple ni juste; une taxe qui ira piger 1 000 $ dans les poches des contribuables célibataires et encore plus dans celles des contribuables qui ont des familles; une taxe qui freinera notre économie déjà très lente. A maintes reprises, les Canadiens et les Canadiennes ont déclaré leur opposition à la TPS et ont plaidé en faveur d'un système fiscal équitable. Malheureusement, leurs demandes sont tombées dans l'oreille de sourds: Brian Mulroney et Michael Wilson. Récemment, le CTC a mené un blitz de trois jours sur la TPS au cours duquel quelque 2,2 millions de Canadiens et de Canadiennes se sont prononcés catégoriquement contre la TPS. La bataille est loin d'être terminée. Permettez-moi de répéter ce que certaines personnes et moi-même avons déclaré au sujet de la TPS. Les travailleurs et les travailleuses ne se croiseront pas les bras et ne seront ni les boucs émissaires ni les victimes de cette malencontreuse TPS. Monsieur Mulroney, Monsieur Wilson, soyez assurés que par les temps qui courent, tous les comités de négociation du Canada se rendent à la table de négociation, les initiales TPS gravées à l'esprit, et à juste titre. Monsieur Mulroney, Monsieur Wilson, c'est vous qui avez crée le monstre qu'est la TPS. C'est à vous de le détruire. Le rapport du Conseil exécutif présenté à cette assemblée décrit de façon détaillée les activités que le Congrès a entrepris pour contrer ces initiatives répressives. Qu'il suffise de dire que face à un gouvernement entêté, nous avons combattu agressivement et activement plusieurs mesures telles que le libre-échange, l'assurance-chômage, VIA Rail et la TPS. Nous avons aussi adopté une attitude pro-active et avons élaboré des projets sur des questions telles que le racisme, l'alphabétisation et le revenu annuel garanti. Nous avons continué à porter une attention particulière aux questions d'intérêt spécial pour les femmes telles que les bénéfices de congés parentaux contenu dans le système d'assurance-chômage, le harcèlement sexuel, l'équité salariale, et l'action positive. Ces questions seront sans aucun doute traitées par les participantes et les participants à la Conférence de la femme du CTC qui aura lieu en novembre prochain et au cours de la Conférence de la femme de la CISL qui se tiendra au printemps 1991. Nos efforts pour combattre la vague de la droite ne passent pas inaperçus. A la suite de l'immense succès de la campagne contre le libre-échange, qui s'est avérée fructueuse malgré les résultats des élections, le mouvement syndical a formé des alliances avec d'autres groupes progressifs pour traiter de questions particulières, qu'il s'agisse d'assurance-chômage, de VIA ou de la TPS. Je désire profiter de cette occasion pour louer et remercier les coalitions telles que le Réseau pro-Canada pour avoir réuni le mouvement syndical, les églises, les femmes, les autochtones, les fermiers, les retraités et retraitées, les étudiantes et étudiants et les divers groupes qui partagent une cause commune. La création de telles coalitions aux niveaux fédéral, provincial et local est devenue une partie intégrante de notre scène politique. Soyez assurés que le mouvement syndical participera activement à ces coalitions tant et aussi longtemps qu'il le faudra afin de maximiser la portée et l'efficacité de l'opposition envers des politiques totalement inadéquates. Dans la même veine, j'aimerais mentionner et faire des éloges au Centre canadien de recherche en politique de rechange pour l'excellent travail qu'il effectue en produisant des études qui aident grandement les militants et les militantes. Naturellement, pour nous, la politique dans le contexte parlementaire traditionnel continue de tourner autour de notre allié politique, le Nouveau Parti démocratique sous la direction de Audrey McLaughlin. Nous avons reconnu depuis longtemps que nos batailles pour réformer les lois, nos batailles à la table de négociations et nos campagnes auprès du grand public doivent être complétées par un appui soutenu au Parti politique qui partage nos valeurs et nos priorités. Ce Parti a toujours été et sera toujours le Nouveau Parti démocratique. Plusieurs d'entre vous étaient déléguées et délégués à la dernière convention fédérale du NPD et vous avez ressenti l'exaltation de l'élection de la première femme comme chef d'un Parti politique national canadien. Audrey se joindra à nous demain et partagera avec nous ses vues sur le Canada d'aujourd'hui et de demain. En février, pour la première fois dans son histoire, le NPD a fait élire un candidat dans la province de Québec. Phil Edmonston a remporté la victoire dans la circonscription de Chambly et s'est retrouvé à la Chambre des communes. Une victoire très attendue. C'est l'ancien chef du NPD, Ed Broadbent, qui a dû être ravi de cette première, lui qui a tant travaillé pour que le NPD soit représenté au Québec. Pour ces efforts et pour tout ce qu'il a fait pour nous et tous les Canadiennes et Canadiens au cours des quatorze dernières années, Ed mérite bien notre profonde appréciation et nos meilleurs voeux. Une décennie d'attaques continuelles par les forces, venant du Canada et de l'étranger, a laissé le mouvement syndical quelque peu meurtri mais quand même solide. Cette succession d'attaques a été ressentie et a causé des pressions internes ou empiré celles qui existaient déjà. Plus précisément, je suis très préoccupée par un problème qui ne se règle pas, un problème qui désunit le mouvement syndical. Il s'agit du maraudage. La meilleure arme pour relever les défis qui nous sont lancés, et il y en a beaucoup, c'est un mouvement syndical fort et uni. Comme les présidents qui m'ont précédée l'ont fait, je vous implore à mon tour de régler ces conflits qui minent nos énergies et qui réconfortent nos ennemis. Comme on l'a déjà déclaré, nous devons redoubler de détermination afin que nous puissions faire de cette centrale syndicale notre foyer - un foyer pour tous les syndicalistes qui sont membres de notre grande famille. Sur une note plus positive, il me fait plaisir d'annoncer qu'un ancien partenaire réintègre à nouveau les rangs de notre grande famille. La Fraternité unie des charpentiers et menuisiers d'Amérique a formulé une demande de ré-affiliation au CTC et votre Conseil exécutif appuie la demande. Je me dois de vous lire un passage d'une lettre qui m'était adressée par le président général de la fraternité, Sigurd Lucassen. Ce passage se lisait comme suit: «Les récents événements en Europe nous ont encore une fois rappelé que c'est en joignant nos forces et nos ressources que nous pourrons arriver à atteindre nos objectifs. Si nous voulons réussir à protéger les droits et la dignité des travailleurs et des travailleuses partout en Amérique du Nord, nous ne pouvons pas et ne devons pas, permettre que notre centrale syndicale soit divisée. La ré-affiliation de la fraternité au CTC est une expression de notre engagement à atteindre des objectifs communs et à conserver notre solidarité qui est la base du mouvement syndicale.» La structure de notre centrale subit présentement d'énormes changements. Au CTC même, nous avons effectué des ajustements afin de corriger les inefficacités et mieux répondre aux besoins de nos membres. Je désire payer hommage au personnel du CTC, tant à Ottawa que dans les régions, qui a fait preuve de patience au cours de cette période d'ajustement. Aussi, au cours de cette assemblée statutaire, nous discuterons du Rapport du groupe de travail sur les conseils du travail. Ce groupe a été mandaté par l'Assemblée de 1988 pour étudier les moyens à utiliser pour améliorer l'efficacité des conseils du travail à travers le Canada. Dans la même ligne de pensée, nous vous demanderons d'adopter une résolution visant à établir un groupe de travail qui sera composé du Comité exécutif du CTC et qui aura pour but d'étudier en profondeur la structure actuelle complète du mouvement syndical, afin de déterminer si notre structure actuelle est apte à faire face à l'avenir ou si elle a besoin d'être modifiée. Nous entendons soumettre les conclusions de cette étude pour discussion et approbation lors de l'Assemblée statutaire de 1992. Les travaux réguliers de l'assemblée statutaire nous tiendrons bien occupés cette semaine. Nous tenterons de discuter du plus grand nombre possible des quelque 600 résolutions qui nous sont parvenues en plus des énoncés de politiques. L'énoncé intitulé «Lutter contre le programme politique des Conservateurs et des grandes entreprises pour assurer notre avenir» est un plan d'action politique échelonné sur les deux prochaines années et qui réaffirme essentiellement notre détermination à poursuivre notre bataille contre l'influence, l'avidité et la globalisation des sociétés et notre bataille pour la justice sociale, la compassion et la distribution équitable des richesses. «Une nouvelle décennie, notre avenir», est un énoncé qui traite d'un large éventail de sujets tels que la politique économique, le marché du travail, les changements sociaux et l'environnement. Il a pour but d'élaborer des options et des solutions à long-terme, à des questions telles que la croissance du secteur privé des services, du vieillissement de la population et du besoin de faire de nos retraités et retraitées une force politique. Le commerce et les investissements, la conciliation des objectifs du plein emploi, et du développement continu et d'un environnement sain font aussi partie des questions élaborées. Nous avons toutefois placé l'emphase sur les valeurs et les priorités qui, à long-terme, nous aiderons à fermer le fossé de plus en plus vaste entre l'énorme potentiel du Canada et sa décevante réalité. Nous avons abordé cet énoncé de politique d'une façon assez nouvelle pour nous. Notre objectif premier, c'est qu'il fasse l'objet d'examens minutieux, non seulement ici à Montréal, mais partout au pays au cours des deux prochaines années. Pour cette raison, nous proposerons l'adoption en principe de cet énoncé avant de faire l'objet de discussions intensives au sein du mouvement syndical. Nous espérons qu'il s'en dégagera non seulement un consensus mais un sérieux engagement à prendre des mesures concrètes. Au nom de mes collègues dirigeants et dirigeantes, je désire souligner qu'au cours des deux dernières années, beau temps, mauvais temps, le Conseil exécutif et les premiers dirigeants et dirigeantes des syndicats affiliés nous ont fait part d'idées et de critiques constructives tout en nous accordant l'appui que nous anticipions. Il est parfois difficile de travailler en équipe, mais cet aspect est toutefois essentiel pour que nous puissions assumer nos responsabilités de syndicalistes. Le travail d'équipe est nécessaire pour entreprendre une grève lorsqu'un employeur ne nous laisse aucun choix. Au cours des deux dernières années, nous avons connu de longues grèves dont quelques-unes durent toujours - Bell Canada, Zeidler's et la Canadian Legion de Swift Current pour en nommer que quelques-unes. Vous êtes une partie absolument essentielle de notre équipe. Les militants, les militantes, les dirigeants et les dirigeantes locaux, les gens de la base, c'est vous qui méritez un hommage spécial. Vos efforts, votre ingéniosité, votre refus de plier bagage devant les situations difficiles, voila ce dont se compose un mouvement syndical actif et effervescent. Ensemble, avec les centaines de milliers que nous représentons, nous formons une équipe solidaire. Nous oeuvrons ensemble aujourd'hui et demain comme nous l'avons fait dans le passé. Notre équipe est imbattable. Aujourd'hui, consoeurs et confrères, c'est le 14 mai. Le printemps est là. Il y a cinq mois, le chiffre 14 fut marqué d'un événement affreux et cruel. Quatorze femmes dans les meilleures années de leur vie ont été abattues lors d'un massacre qui a plongé la nation entière dans un désarroi total. La plupart de ces femmes étaient de jeunes étudiantes. Une d'entre elles, Maryse Laganière, était membre de la section locale 1604 du SCFP. En hommage à ces consoeurs et en priant que la violence, particulièrement celle envers les femmes, disparaisse de notre société, je vous demande de vous joindre à moi pour observer une minute de silence. Nous n'oublierons jamais ce massacre. Consoeurs et confrères, nous vivons dans une société où les actes de violence ne font que refléter les problèmes sociaux actuels. Ces problèmes sont aussi un appel à l'aide qui nous est lancé en tant que syndicalistes afin que nous puissions rebâtir notre société et nos institutions avec moins d'agressivité et plus de compassion et de sensibilité pour créer un monde où tous les hommes, les femmes et les enfants pourraient vivre ensemble et s'aimer sans crainte - un monde basé sur une coopération chaleureuse et un respect mutuel. Il ne fait aucun doute que les années quatre-vingt-dix offriront au mouvement syndical des défis, tout aussi grands que ceux que nous venons de relever au cours de la dernière décennie. Encore une fois, le mouvement syndical sera prêt à faire face à ces défis et leur trouver des solutions. Nous serons fidèles à nos traditions, fidèles à nos principes et fidèles à la préservation de nos intérêts en tant que travailleurs et travailleuses du Canada. Une nouvelle décennie, notre avenir - mettons-nous à la tache! Merci.