*{ Discours néo-libéral FTQ, 1987 } Trois jours après notre dernier congrès et tel que nous l'avions appréhendé, les Québécois et Québécoises votaient massivement contre le PQ et réélisaient un gouvernement libéral à Québec. Ce changement de gouvernement, bien que prévisible, nous inquiétait quand même au plus haut point. En effet, nous avions tous en mémoire les années sombres du premier gouvernement Bourassa, de 1970 à 1976, années marquées par de nombreuses arrestations abusives sous la Loi des mesures de guerre, les affrontements dans le secteur public, la construction, les emprisonnements de syndicalistes, les conflits syndicaux très durs: La Presse, United Aircraft, et les événements à la Baie-James, qui allaient justifier la formation de la Commission Cliche et la passation des lois matraques, etc. Toutes ces péripéties nous faisaient qualifier cette période d'années de répression. La menace néo-conservatrice. Allions-nous connaître à nouveau ce genre de situation? Le programme du Parti libéral, ses intentions avouées et les textes qu'on a appelés ironiquement «rapports des sages, déposés à l'été '86, nous faisaient craindre le pire. On nous annonçait qu'on allait privatiser pratiquement toutes les sociétés d'État, qu'on allait déréglementer radicalement sur le plan économique et social, qu'on allait enfin réduire de façon draconienne la taille de l'État et la quantité de ses interventions. En d'autres mots, dans la foulée des Reagan et Thatcher, le gouvernement allait mettre le Québec à l'heure du démantèlement de l'État, de la loi du marché et de l'initiative privée: c'est ce que l'on a appelé le néo-conservatisme et qu'on peut qualifier plus crûment de loi de la jungle. Au plus fort la poche ! Que les plus forts écrasent les plus petits et, miraculeusement, l'économie prendra du mieux. Nous avons tout de suite combattu ce courant de pensées. Mais, pour mieux le comprendre, nous avons tenu un important colloque sur les privatisations, la déréglementation et la sous-traitance en septembre 1986. Quelque 750 délégués y ont participé et ont exprimé leurs profondes préoccupations quant à ces approches rétrogrades qu'on retrouve aussi bien à Ottawa qu'à Québec. Nous avons entrepris de former une coalition avec la CSN, la CEQ et, fait plus inusité, avec l'UPA. Avec ces organisations syndicales, nous avons tenu des conférences de presse, des assemblées publiques et une grande manifestation le 14 décembre '86. Nous avons évidemment donné toute notre attention et notre appui à nos affiliés qui faisaient face à des projets de privatisation ou qui risquaient d'être affectés par les projets de déréglementation, tant au niveau fédéral que provincial. Comme pour confirmer nos craintes, dès les premières semaines de pouvoir, le gouvernement procédait à la privatisation du Manoir Richelieu, de la Raffinerie de sucre de St-Bruno et annonçait celle de Québecair. Il vendait aussi une partie des actifs de la compagnie de prospection et d'exploitation minière SOQEM. Dans tous les cas, il y avait dilapidation de biens publics, on ne se préoccupait nullement des emplois, pas plus que des intérêts des populations directement touchées par les opérations de ces entreprises d'État. La gaffe de Québecair. Le cas de Québecair, dont les employés au sol et les agents de bord sont membres de l'Association internationale des machinistes et affiliés à la FTQ, est intéressant à examiner à plus d'un égard. Un dur conflit de travail y sévit encore depuis plus de quatre mois et les gaffes y ont été particulièrement grossières. C'est peut-être en réalisant l'ampleur des dégâts que le gouvernement Bourassa a mis la pédale douce sur son programme de privatisation ou, qu'à tout le moins, il a commencé à faire les choses de façon plus responsable. Québecair a été vendu à des intérêts reliés à CP-Air en juillet 1986. Quelques semaines auparavant, constatant que le processus de privatisation était irréversible, les employés de la compagnie, supportés par le Fonds de solidarité, ont fait une offre d'achat au gouvernement. Cette offre sérieuse et raisonnable n'a pas été considérée à sa juste valeur. Elle s'est pourtant avérée par la suite beaucoup plus avantageuse que celle des acquéreurs. Nous en avons maintenant la preuve: ces derniers ont obtenu la compagnie gratuitement. Avec les profits réalisés lors de la vente d'appareils, ils ont porté à 21,8 millions de dollars l'avoir des actionnaires, qui se situait à près de 3 millions en valeur négative au moment de la vente. Mais le pire ne réside pas seulement au niveau de cette dilapidation de fonds publics. On a éliminé plus de la moitié des emplois, on a démantelé le seul transporteur régional important au Québec et on a laissé le service aux régions éloignées se détériorer de façon dramatique. Le gouvernement a été obligé d'admettre que cette privatisation n'était pas son meilleur coup. La façon même dont la transaction a été faite, indépendamment de son prix, est inacceptable, elle constituait déjà un démantèlement. Les meilleurs actifs de la compagnie et les activités les plus lucratives étaient transférés à des compagnies appartenant à l'un ou l'autre des actionnaires. Aucune garantie réelle quant au maintien des emplois n'était prévue. Tout au plus, les acquéreurs et les bénéficiaires indirects de la vente faisaient ce qui s'est avéré n'être par la suite que des déclarations d'intention. Présentement, les grévistes de Québecair font face à des demandes de réduction radicale de leurs conditions de travail. Ils jugent ces concessions injustifiées et ils ont tout notre appui. Ils réclament des garanties sur leurs emplois. La compagnie n'a pas bougé là-dessus. Pourtant, le ministre du Transport, Marc-Yvan Côté, affirmait devant les grévistes et répétait encore il y a quelques jours à l'Assemblée nationale qu'il y aurait plus d'expansion que prévu. Il disait: «il y a eu des engagements fermes et on est allé au-delà des engagements que nous avions réussi à obtenir le 31 juillet 1986 dans la signature de l'entente... Ce que nous avons obtenu de Québecair au niveau des emplois et des possibilités d'expansion, c'est pas mal mieux que ce qui nous avait été offert par les autres qui voulaient l'avoir. «Le ministre nous avait aussi affirmé que, lors de la conclusion de la transaction l'été dernier, le gouvernement s'était donné des moyens juridiques pour faire respecter ses engagements à Québecair. On attend qu'il passe à l'action ! Il se doit de le faire maintenant, parce que ça pourrait nous conduire à une entente pour régler la grève de Québecair. Les dégâts minimisés. Quoi qu'il en soit, le dossier de Québecair fut le dernier à être traité de façon aussi inacceptable. Il y eut d'autres privatisations auxquelles nous nous sommes d'ailleurs opposés. Mais leur rythme a été nettement ralenti et plus de précautions ont été prises pour protéger les emplois et la poursuite des opérations. Ce fut par exemple le cas de Madelipêche. Nous croyons que le prix de vente a été trop bas et que le gouvernement aurait dû rester présent dans cette industrie essentielle. Mais, en vendant à un groupe d'intérêts locaux qui s'est engagé à conserver le maximum d'emplois et à respecter les conventions collectives en vigueur, le gouvernement a minimisé les dégâts. Au niveau fédéral également, le gouvernement s'est retiré des secteurs clés où sa présence nous paraît essentielle: les télécommunications (Téléglobe Canada), les Arsenaux Canadiens, l'aéronautique (Canadair). Le processus a sans aucun doute été plus habile que lors de la première vague de privatisation québécoise. La privatisation de Téléglobe s'est faite de façon beaucoup plus civilisée en impliquant, dès le début, notre syndicat en place, le STCC, qui a réussi à préserver les emplois et à maintenir ses acquis et de même, l'AFPC a réussi à maintenir tous ses acquis et à combler son fonds de pension lors de la privatisation des Arsenaux Canadiens. A Canadair particulièrement, la Loge 712 de l'AIM a fait un travail important pour obtenir des protections et des garanties pouvant inspirer nos affiliés gui feront face ultérieurement à des privatisations. Évidemment, nous continuerons de les combattre aux côtés de nos affiliés mais, au pis aller, nous tenterons au moins d'éviter qu'ils n'en souffrent, comme c'est le cas des employés de Québecair aujourd'hui. Le dossier des privatisations n'est pas le seul sur lequel le gouvernement semble avoir révisé son tir. Ses projets de déréglementation tout azimut ont aussi été quelque peu mis en veilleuse. Le gouvernement a aboli le règlement de placement dans l'industrie de la construction, mais il a prévu qu'un certain contrôle des effectifs sera opéré par un comité patronal-syndical, en fonction des besoins de l'industrie. Nous souhaitions une telle concertation et une telle planification depuis des années. Évidemment, restent toujours les plaies du travail au noir et de la multiplication des artisans pour affecter la sécurité d'emploi des travailleurs de la construction. Mais, présentement, l'activité intense dans l'industrie du bâtiment réduit l'impact de ces phénomènes. Tant que le nombre de mises en chantier restera à un niveau aussi élevé, il sera difficile également de mesurer les conséquences de la disparition du règlement de placement. Les autres projets de déréglementation que nous craignions le plus, soit l'abolition des décrets, le démantèlement de la CSST, l'élimination des dispositions anti-briseurs de grève et de celles qui assurent la protection des accréditations et des conventions collectives lorsqu'il y a cession d'entreprise (articles 45 et 46 du Code du travail québécois), n'ont pas vu le jour. D'ailleurs, le responsable du dossier de la déréglementation n'a pas été remplacé lorsqu'il fut nommé délégué du Québec à Londres. Il n'en demeure pas moins que nous devons rester vigilants. Par exemple, si la loi des décrets est toujours en vigueur, aucun nouveau secteur d'activité n'a été couvert par un décret et le processus de renouvellement des décrets existants est lent et pénible. Il ne faudrait pas qu'on nous gruge à la pièce des droits maintenus sur papier seulement... Protéger la langue. Le gouvernement a aussi reculé sur le dossier linguistique. Il avait annoncé la fusion des organismes chargés d'appliquer la loi 101 et manifesté l'intention de permettre l'affichage bilingue. Dans les deux cas, on a jugé sagement, qu'il valait mieux pour la paix sociale de ne pas affaiblir davantage une loi passablement amochée par des amendements antérieurs. D'autant plus que, dans la rue, dans les milieux de travail, dans les services, un nombre grandissant de citoyens et de citoyennes constatent un retour en force d'un certain unilinguisme anglais arrogant. Nous avions déjà beaucoup de difficulté à mettre en place et à faire respecter les programmes de francisation en milieu de travail. Le climat général engendré par l'élection d'un Parti libéral quasi unanimement supporté par les financiers anglophones, a fait croire à certains qu'on pouvait revenir en arrière. Dans le même temps, d'autres ont cru que le problème linguistique était réglé. Or, nous savons très bien que, dans l'environnement nord-américain, l'avenir du français ne sera jamais définitivement assuré. Il faudra continuer à protéger la langue par des lois et la défendre quotidiennement dans chacun de nos milieux de travail. Pas d'offensive en règle. Il reste que, depuis l'arrivée des Libéraux au pouvoir, quelques dossiers plus sombres mis à part, l'offensive en règle que nous anticipions n'a pas eu lieu. On n'a pas sabré dans nos droits comme le rêvaient les Chambres de commerce ou le Conseil du patronat. Cela est dû, entre autres, à la capacité de mobiliser dont nous avons fait preuve, par exemple le 14 décembre dernier, alors qu'avec moins de deux semaines de préparation, quelque 15 000 travailleurs et travailleuses ont pris la rue pour dire «non» au démantèlement de l'État et manifester leur intention de défendre la langue et ce qui reste de la Loi 101. Notre vigilance nous l'avons exercée de diverses façons: la FTQ a affiché une présence intense dans de nombreux milieux au cours les deux dernières années. Il serait téméraire de recenser ici toutes les interventions de vos officiers, de nos conseils de travail et permanents régionaux, nos responsables de services, nos prises de positions publiques dans les médias, sur diverses tribunes, au sein de coalitions, partout où les intérêts des travailleurs et travailleuses étaient en jeu. Nous avons présenté des mémoires sur des sujets aussi divers que l'assurance-chômage, les services sociaux et de santé, la forêt, les tribunaux administratifs, l'Accord du lac Meech, les infrastructures du transport en commun de la région de Montréal, les négociations du libre-échange, etc. Chacune de ces prises de position a été élaborée par nos services ou conjointement avec nos affiliés. Dans le cas des services sociaux et de santé, nous avons entrepris une vaste consultation provinciale auprès des affiliés, conjointement avec le SCFP et la section locale 298 de l'Union des employés(es) de service. Des dossiers d'une importance capitale demeurent d'actualité. Celui sur le libre-échange aura un impact considérable sur l'économie. On a dénoncé maintes fois au cours des derniers mois que ces négociations soient menées en l'absence de tout débat public, que l'information sur les études commandées par les gouvernements ne soient pas disponibles. Les études que nous avons faites pour notre part au sein de la coalition nous font croire que plusieurs dizaines de milliers d'emplois seraient éliminés, des secteurs entiers de notre économie risqueraient de disparaître ou de devenir marginaux. En contrepartie, rien ne nous assure qu'un nombre équivalent d'emplois serait créé. D'ailleurs, même s'ils l'étaient, on sait très bien que tous ces hommes et ces femmes, qui seraient rejetés du marché du travail par des mises à pied massives dans des secteurs mous, ne pourraient occuper ces nouvelles fonctions. D'ailleurs, il est à craindre que les nouveaux emplois soient en bonne partie précaires ou à temps partiel. Ce que nous connaissons maintenant de l'accord, toutes les ambiguïtés, voire les contradictions quant à son interprétation, nous font craindre le pire. Des secteurs importants que le gouvernement canadien s'était engagé à ne pas toucher l'ont été, et, fait plus important encore, nous ne voyons pas dans cet accord de véritable protection pour nos politiques de développement économique et nos régimes sociaux. C'est notre qualité de vie qui, à la limite, serait attaquée et modifiée à la baisse, même si par miracle nous enregistrions un bilan positif de création d'emplois. Vous aurez d'ailleurs à vous prononcer sur une déclaration de politique qui condamne l'accord de libre-échange. Si nous n'avons pas trop reculé sur le plan législatif, il est évident que nous n'avons pas fait de gains appréciables. La réforme du Code du travail proposée par le rapport Beaudry, par exemple, risque de rester lettre morte. En effet, de toutes ses recommandations, le gouvernement n'avait retenu que la création de la Commission des relations du travail. Théoriquement, nous étions d'accord. La FTQ a revendiqué très fortement le remplacement des structures administratives actuelles du ministère du Travail par une telle commission. Nous voulions un organisme indépendant, doté de pouvoirs d'ordonnance, grâce auxquels les relations de travail seraient déjudiciarisées. Le projet de loi 30, concocté par le ministre Pierre Paradis, ne donne pas à la Commission les pouvoirs requis, ne lui reconnaît pas d'autonomie et élimine le Tribunal du travail, ce qui signifie que tout recours sera exercé devant les tribunaux civils dont nous connaissons l'incompétence en matière de relations de travail. Bien sûr, nous souhaitons toujours une réforme profonde des structures administratives, mais pas n'importe comment. D'autant plus que, depuis plus d'un an, nous avons assisté à une amélioration sensible de l'efficacité des structures actuelles. Il y a deux ans, à pareille date, au seul service d'accréditation, quelque 1 200 requêtes touchant près de 48 000 travailleurs et travailleuses s'étaient accumulées. C'était carrément inacceptable et c'est pourquoi nous avons dénoncé cette situation avec véhémence. Nos dénonciations, et probablement l'imminence d'une réforme, ont eu pour effet de dégripper la machine. De nouveaux commissaires ont été affectés aux dossiers et on a réglé des problèmes administratifs. Si bien que les rapports mensuels du Bureau du Commissaire général du travail nous indiquent que le nombre de dossiers non traités a chuté, pour se situer à 177 à la fin du mois d'août dernier. Le Ministère reçoit en moyenne 85 requêtes par mois et environ 75 % sont accordées. Devant cette amélioration très sensible de la situation, nous n'avons pas cru bon de supporter tout le chambardement proposé par le projet de loi 30 en échange d'une Commission des relations du travail peu autonome, sans juridiction complète et exclusive sur tout ce qui découle du Code du travail, comme les mesures anti-briseurs de grève, l'arbitrabilité d'une première convention collective, le refus d'embaucher, etc, et la disparition du Tribunal du travail. Journée de deuil national. En santé-sécurité, grâce au travail constant des militants et militantes dans chaque milieu de travail, la FTQ continue de jouer un rôle prépondérant. Nous avons innové cette année en décrétant une journée de deuil national en solidarité avec les victimes d'accidents du travail. Cette journée, comme le reste de la semaine de la santé et de la sécurité, a donné lieu à une sensibilisation intense sur la prévention et sur les droits des travailleurs et travailleuses à des conditions de travail sécuritaires. Ces droits doivent être défendus chaque jour. Nous le faisons dans les milieux de travail, mais aussi à tous les échelons de l'administration de la Loi. Récemment, par exemple, nous avons dû nous opposer fermement à ce que la CSST récupère les prestations versées à un accidenté, lorsque, un médecin de compagnie conteste la durée d'une période de réhabilitation et qu'un arbitre médical décide un an après que ce médecin avait raison. C'était un non-sens et nous avons déclaré que jamais nous n'accepterions pareil harcèlement des bénéficiaires de prestation et nous savions pouvoir compter sur votre support. Devant la détermination de la FTQ et le sérieux de ses arguments, la CSST a décidé d'annuler la directive de récupération dans ces cas-là. L'accès à l'égalité et à l'équité: Autre grand thème de réflexion et d'action de la FTQ: la condition des femmes. Notre centrale a innové sur ce plan. Bon an, mal an, nous avons joué un rôle de chef de file avec nos affiliés. Présentement, nous travaillons très fort dans la mise en place de programmes d'accès à l'égalité, qui sont négociés avec le gouvernement et certains de nos affiliés. Des PAE sont en voie d'être implantés dans le secteur public, parapublic, dans le privé, notamment dans le Mouvement Desjardins. Ils commencent maintenant à s'étendre dans d'autres secteurs, dont l'avionnerie, le commerce, l'automobile, l'alimentation, etc. La principale difficulté que nous rencontrons partout et, plus particulièrement dans le secteur privé, c'est d'associer le syndicat dès le début de la négociation et de la mise en place de ces programmes. La loi fédérale prévoit une consultation auprès des syndicats. Mais la loi québécoise est muette là-dessus. Nous réclamons que les employeurs soient tenus de mettre le syndicat dans le coup dès le début du processus. Tout de même, le gouvernement québécois reconnaît à la FTQ le rôle prépondérant parmi les autres organisations syndicales dans l'application de ces programmes. Cela nous permet de les suivre de plus près et de faire entendre nos revendications. A l'intérieur des PAE, nous nous préoccupons aussi d'équité salariale. Présentement, seul l'article 19 de la Charte des droits et libertés reconnaît ce droit. Nous croyons que ce n'est pas suffisant. Des États américains de même que l'Ontario et la Saskatchewan ont des lois spécifiques sur le sujet. Le Québec devra suivre. A la FTQ, nous avons aussi fait une réflexion interne. Au dernier congrès, nous changions le nom de la centrale pour y nommer spécifiquement les travailleuses. Cette fois-ci, nous vous invitons à appuyer un amendement aux statuts qui aura pour effet de réserver trois postes de vice-présidentes à des femmes. Ce geste est plus que symbolique. Il doit inspirer une réflexion sur la place et l'apport des femmes dans nos structures. J'invite tous les affiliés à poursuivre cette réflexion dans chacune de leurs instances. COMCOR en péril? Ceux qui prétendent que le syndicalisme est en perte de vitesse et que les travailleurs et travailleuses ne ressentent plus le besoin de se syndiquer devraient jeter un coup d'oeil sur les statistiques que j'ai données plus haut. Bien sûr, les entreprises qui se créent sont souvent de petite taille et la syndicalisation y est difficile. Mais nous recevons continuellement des appels au COMCOR et la plupart de nos affiliés continuent à grossir leur membership. Je constate cependant chez certains affiliés une certaine désaffection à l'égard du COMCOR. On a tendance à lui refiler les cas difficiles et à garder pour soi les groupes plus faciles à syndiquer. Ceci risque de mettre en péril l'existence même de cet organisme de coordination qui doit s'autofinancer. Je vous invite à ce sujet à lire le passage que le secrétaire général consacre au COMCOR dans son rapport. Pourtant, je suis profondément convaincu que dans le contexte actuel et au cours des années à venir, nous devrons faire preuve de beaucoup d'imagination pour contrer les nouvelles façons des employeurs de faire obstacle à la syndicalisation. Si le besoin de se syndiquer n'a pas diminué, l'attitude patronale rend souvent la chose difficile. J'ai parlé de la création de petites entreprises. C'est un facteur important dont on conçoit facilement les conséquences. Mais il y a aussi ces nouvelles grandes entreprises, comme Hyundai et Pechiney, Alcan à la Baie, qui ont mis en place un processus de sélection de leurs employés digne de la Gestapo. Pour ces nouveaux employeurs, à la fine pointe des nouvelles stratégies patronales, le portrait robot du parfait candidat est celui d'un travailleur ou d'une travailleuse débrouillard, ambitieux, individualiste et surtout, antisyndical. Heureusement, il y a des gens différents qui réussissent à passer à travers les mailles de leurs filets et d'autres qui, tout en correspondant à leurs attentes, changeront une fois qu'ils auront été au travail un certain temps. Mais, leur recrutement n'ira sûrement pas de soi. Renforcer l'unité interne. C'est pourquoi il est essentiel de coordonner nos efforts. Trop souvent, des affiliés de la FTQ se retrouvent nez à nez dans une campagne de recrutement et se livrent à une concurrence dommageable pour tout le monde. Le problème a été soulevé lors d'un récent Conseil général. On y a aussi parlé du maraudage interne qui sévit entre affiliés de la FTQ. Pour moi, ces situations sont d'une gravité extrême. Je l'ai dit à maintes reprises, mais je me dois de le répéter: ces luttes fratricides entre affiliés sont les événements qui me sont les plus difficiles à supporter; elles me détruisent moralement et physiquement. Je ne veux pas dramatiser, mais je répéterai ce que j'ai dit à ceux et celles qui s'affrontent dans ces maraudages: vous ne voulez certainement pas détruire la FTQ, et moi, je ne veux pas assister au massacre; alors, vous devez cesser ces tactiques égoïstes. Je suis heureux de reconnaître, toutefois, que j'ai repris espoir, à la suite de rencontres que j'ai eues avec le comité restreint représentant les syndicats de la construction, du secteur industriel et de la fonction publique, mais surtout lors de la dernière réunion du Bureau de la FTQ, à la mi-novembre. Nous avons alors discuté franchement d'un mode d'intervention de la centrale pour favoriser le développement harmonieux de nos affiliés. Unanimement, les vice-présidents et vice-présidentes présents ont appuyé un projet qui mettrait en présence toutes les directions syndicales. Lors d'une rencontre que nous aurons vraisemblablement au tout début de l'année, nous demanderons à chaque responsable de syndicat de s'engager formellement à respecter un code d'éthique que nous leur soumettrons. Ce code prévoira la condamnation du maraudage et une façon syndicalement acceptable de procéder lorsqu'il doit y avoir changement d'allégeance syndicale. On prévoirait aussi un mécanisme d'arbitrage permettant de trancher les conflits entre affiliés. Le même mécanisme auquel nous inviterons les directions à se soumettre, pourrait être aussi chargé de décider lequel des affiliés impliqués dans une campagne de recrutement doit y demeurer lorsque plus d'un s'y est engagé. J'ose croire que nous aurons collectivement la volonté de renforcer l'unité entre tous nos affiliés. Je le répète, la santé et la crédibilité de la FTQ en dépendent. J'ose aussi espérer que les affiliés voudront se concerter pour maintenir l'outil essentiel que constitue le COMCOR. Cet organisme n'a pas pour but de concurrencer les affiliés ou de réduire de quelque façon que ce soit leur autonomie; il sert, comme le reste des services à la FTQ, à mettre en commun des énergies, à faire progresser notre mouvement, grâce à la solidarité. Un succès formidable. Nous ne pouvons parler des activités de la FTQ sans souligner le succès formidable que remporte le Fonds de solidarité. Encore récemment, nous avons bénéficié de l'intervention d'un analyste financier du Fonds dans le dossier de Québecair. Voilà un type de service essentiel que le Fonds sera de plus en plus appelé à dispenser. Ce Fonds doit son essor extraordinaire à chacun et chacune de ses adhérents, aux quelque 1 200 responsables locaux, dont plusieurs sont délégués au présent congrès et qui, tous les jours, font bénévolement la promotion du Fonds dans leurs lieux de travail, aux travailleurs et travailleuses du Fonds qui en assument le fonctionnement quotidien, à notre équipe technique et à tous les officiers du Fonds qui voient aux placements et aux investissements qui assurent la très bonne performance du Fonds. Faut-il rappeler que l'actif du Fonds dépasse maintenant les 100 millions de dollars, qu'il compte 45 000 adhérents et qu'il a contribué jusqu'ici à créer ou maintenir quelque 7 000 emplois dans des entreprises québécoises. Selon les prévisions réalistes de Claude Blanchet et Denis Dionne, le Fonds doublera son actif au cours des prochains mois et son nombre d'adhérents atteindra les 80 000. Il y a deux semaines, nous étions en mesure d'annoncer que, malgré la crise boursière, les actions du Fonds allaient être à nouveau réévaluées à la hausse. Les séquelles de la crise. Bien d'autres défis nous restent à relever. Nous avons assisté sans contredit à une reprise économique au Québec. Il est évident que l'on mettra du temps à panser les plaies laissées par la récession qui a éliminé brutalement des dizaines de milliers d'emplois bien rémunérés. Il faut aussi constater qu'ici, comme dans le reste du Canada et aux USA, ce sont souvent des emplois précaires qui sont créés et très souvent dans des PME où la syndicalisation est très difficile. Il n'en demeure pas moins que l'activité économique intense qu'a connue le Québec ces deux dernières années, dans le secteur du bâtiment, entre autres, a soulagé quelque peu le dramatique problème du chômage en général, et du chômage des jeunes en particulier. Autre séquelle de la crise que nous avons connue: l'attitude d'une portion du patronat continue d'être extrêmement intransigeante. On réclame encore des concessions tant salariales que normatives. Comme au plus fort de la crise, certains employeurs qui font pourtant maintenant des profits, continuent d'exiger la polyvalence absolue des fonctions, des gels de salaires, des réductions de garanties d'emploi, des réductions d'avantages sociaux. Un phénomène dont nous mesurons mal l'ampleur, mais qui semble apparaître dans bien des secteurs, est celui des systèmes de rémunération à double palier. Les employeurs obtiennent ainsi l'autorisation de traiter différemment les nouveaux employés. Il s'agit là d'une mesure condamnable en principe, même si certains affiliés ont dû y consentir à cause du contexte particulier de leur négociation. Certains ont tout de même réussi à minimiser les dégâts en prévoyant le rattrapage progressif des conditions générales par les salariés désavantagés. Autre phénomène qui affecte notre rapport de force: la multiplication des emplois à temps partiel. Le ministère du Travail notait par exemple qu'en 1986, le quart de toutes les conventions collectives négociées comportaient des modifications aux clauses sur le travail à temps partiel. Heureusement, si la moitié d'entre elles l'autorisait, l'autre moitié visait à le restreindre ou prévoyait un renforcement des conditions de travail des employés à temps partiel. Ce fut par exemple le cas des travailleurs et travailleuses de l'alimentation qui négocièrent les mêmes taux horaires au pro rata des heures travaillées et les mêmes bénéfices marginaux pour ces employés. Voilà, sans aucun doute, la meilleure façon de dissuader les employeurs de remplacer leur personnel régulier par du personnel «occasionnel ». Des conflits durs. Nous avons connu, au cours des deux dernières années, des conflits très durs. Leur nombre demeure relativement bas: plus de 90 % des conventions collectives des secteurs privé et péri-public se signent sans arrêt de travail. Mais, comme je l'ai dit plus tôt, bien des employeurs se comportent comme s'ils avaient encore à surnager dans la crise. Certains, comme Electrolux, Simmons, Coleco, ont préféré fermer leurs portes, malgré des opérations rentables, plutôt que de négocier de bonne foi. Quelque 250 travailleurs et travailleuses, victimes de ces fermetures, ont occupé les bureaux du ministre de l'Industrie et du Commerce, pour dénoncer la passivité du gouvernement dans ces dossiers. Ils ont rappelé les revendications de la FTQ en faveur d'une politique sur les fermetures et les licenciements collectifs. Il y a aussi l'action des regroupements comme ceux des travailleurs et travailleuses de l'est de l'Ile de Montréal et du sud-ouest qui, par leurs manifestations et leurs interventions publiques, rappellent constamment aux gouvernements fédéral et provincial leurs responsabilités socio-économiques. Sans ces pressions répétées, de vastes régions continueront de péricliter au profit de centres industriels situés hors de nos frontières. Les scabs. D'autres conflits comme Agropur, en 1986, la Croix Bleue cette année, de même que The Gazette et quelques autres, ont permis de constater les faiblesses de plus en plus évidentes des dispositions anti-briseurs de grève. Au niveau fédéral, où ces mesures n'existent pas, des groupes comme les facteurs et les postiers et, présentement Québecair, sont systématiquement remplacés par des scabs. Cela est immoral et dégueulasse. Dans le cas des groupes sous juridiction québécoise, c'est surprenant! On savait que les dispositions québécoises comportaient des trous au niveau du travail des cadres et de la sous-traitance; mais ce sont les insuffisances du mode d'application qui ont été plus spécifiquement éprouvées au cours de conflits récents: ce sont les syndicats qui doivent intenter des plaintes pénales, les délais sont longs, le rapport de l'enquêteur nommé par le ministre ne peut être mis en preuve, généralement les juges de la Cour supérieure refusent de faire sortir les «scabs» par voie d'injonction et, avant qu'un jugement condamne l'employeur, le conflit risque d'être terminé et les plaintes retirées par le protocole de retour au travail. Le cas de la Croix Bleue est exemplaire. Un rapport d'enquêteur identifiant 35 «scabs» effectuant le travail des grévistes depuis le début de la grève; deux sous-traitants effectuaient aussi du «scabbisme électronique»; cela donnait lieu à la présentation de 1 400 plaintes pénales par le syndicat à la mi-juillet. Une comparution était fixée à la fin août et le procès devant le Tribunal du travail à la mi-octobre. Comme par miracle, entre la présentation de la preuve et le prononcé de la sentence, le conflit a été réglé à l'entière satisfaction du syndicat. Il faut dire qu'entre temps, un deuxième rapport d'enquêteur identifiait 64 «scabs», ce qui aurait donné lieu à la présentation de 5 500 plaintes pénales additionnelles. On peut prétendre, sans grand risque de se tromper, que ce conflit n'aurait pas duré une semaine si la loi était appliquée correctement. Il faudrait qu'un commissaire saisi du dossier ait des pouvoirs d'ordonnance qui lui permettent de faire sortir les scabs sur-le-champ. En ce moment, seule la Cour supérieure, qui répondrait affirmativement à une requête en injonction, aurait de tels pouvoirs. Dans les faits nos syndicats sont déboutés dans l'immense majorité des cas. Une étude sommaire effectuée à notre demande et à celle de la section locale 57 du SEPB et de la section 41-M du SICG nous apprend qu'au cours des quatre dernières années, près de 70 % des requêtes patronales en injonction étaient accordées lors de conflits, alors que plus de 80 % des requêtes syndicales étaient déboutées. Nos grandes revendications. Nous devrons donc revenir à la charge et réactualiser nos grandes revendications. Face aux difficultés grandissantes de la syndicalisation, nous rappellerons au gouvernement qu'il doit permettre la syndicalisation multipatronale. Face aux fermetures et aux licenciements collectifs, nous continuerons d'exiger une législation qui civilise les mises à pied massives, favorise le recyclage et pénalise davantage les employeurs qui ne respectent pas la loi. Face aux difficultés d'application des mesures anti-briseurs de grève, il faudra exiger qu'une instance administrative soit dotée de pouvoirs d'ordonnance suffisants pour mettre fin aux activités des scabs, plutôt que de les punir, eux et l'employeur, quelques mois plus tard. Nous devrons aussi continuer à promouvoir le français comme langue de travail et défendre les lois qui protègent son statut. Évidemment, de telles revendications ne susciteront pas beaucoup de sympathie de la part d'un gouvernement qui s'est fait élire sur un programme conservateur, sinon réactionnaire. Nous devrons nous mobiliser, sortir de la défensive où nous a confinés la crise. Il faut surtout entreprendre ensemble une réflexion politique et formuler les balises d'un projet de société. Nos dernières prises de positions un peu globales sur le sujet datent de 1977. Lors du congrès tenu cette année-là, nous adoptions un document intitulé «Un programme pour maintenant». C'était au début du pouvoir péquiste, avant la crise et la réélection des Conservateurs à Ottawa et des Libéraux à Québec. Un projet de société. Où en sommes-nous aujourd'hui? Vous aurez l'occasion tout au long du présent congrès, de commencer d'en débattre. A l'issue de vos discussions, nous adopterons ce qui pourrait devenir l'ossature du projet de société de la FTQ. Un document qui a donné son nom au présent congrès, «Pour une société à notre mesure», décrit la conjoncture sociale, économique et politique actuelle; il rappelle ce que furent et ce que sont encore les grands principes sociaux-démocrates sur lesquels nous devons fonder notre projet de société et il fait le point sur nos rapports avec les partis politiques. Rappelons que nous avons supporté le Parti québécois au cours de deux élections et lors du référendum. En 1985, vous avez décidé en congrès spécial de ne pas renouveler cet appui. Avant et après sa défaite, ce parti a connu plusieurs crises. A l'heure où j'écris ces lignes, nous ne savons pas trop ce qui adviendra du Parti québécois. Le départ de Pierre-Marc Johnson et le retour probable de ceux qui souhaitent revenir aux positions d'origine sur la question nationale peuvent modifier totalement le portrait politique de ce parti. On sait qu'au cours de son dernier mandat, après le référendum et «la nuit des longs couteaux», empêtré de plus dans la crise économique, le PQ a mis en veilleuse aussi bien ses objectifs indépendantistes que ses projets de réformes sociales-démocrates. Assisterons-nous à un retour de ces idées? Depuis quelques mois, par ailleurs, les sondages font apparaître un NPD regaillardi au niveau fédéral, mais aussi au niveau québécois, où il n'a pourtant jamais fait élire un député. Ce parti a des affinités certaines avec nous, à cause de sa tradition et de son programme social-démocrate. Nous l'avons plusieurs fois supporté, sans grand succès, sur la scène fédérale. Au Québec, des lacunes majeures nous ont empêchés de l'appuyer. Ce parti est organiquement lié au grand frère fédéral; malgré ce qu'en disent ses chefs, il n'a pas de véritable autonomie. Or, la vision centralisatrice du fédéralisme du NPD canadien va à l'encontre de nos revendications sur la question nationale. La question nationale. La FTQ n'a jamais pris nettement position en faveur de l'indépendance du Québec, se limitant à reconnaître le droit du Québec à l'autodétermination. Cependant, comme nous le remarquions dans notre mémoire sur l'Accord du lac Meech: «Notre lutte pour le respect de la dignité des travailleurs et des travailleuses du Québec commandait qu'on revendique la reconnaissance du français comme langue de travail. Partant, nous avons compris que cette revendication ne pouvait être satisfaite sans s'insérer dans la réalité plus globale du statut de la langue. C'est pourquoi nous avons réclamé que le français soit la langue officielle et nous avons réclamé l'adoption de la Charte de la langue française. Il en va de même pour les pouvoirs essentiels que nous souhaitons voir assumer par le gouvernement du Québec. C'est parce que les hommes et les femmes que nous représentons sont plus souvent qu'à leur tour victimes du chômage, souvent rejetés du marché du travail lors de licenciements collectifs, de transferts de productions vers l'Ontario, de changements technologiques sauvages, que nous en sommes venus à réclamer que le Québec rapatrie la totalité des pouvoirs nécessaires à la définition d'une politique de main-d'oeuvre. Nous ne pouvons pas nous fier au pouvoir fédéral pour empêcher des transferts de production d'une province à l'autre. Nous voulons que le Québec se dote également de moyens d'une plus grande planification économique, qu'il soit maître d'oeuvre du développement régional, qu'il assume l'ensemble des responsabilités en matière de sécurité sociale.» Préserver notre autonomie. C'est en tenant compte de toutes nos prises de position passées et la mise à jour de notre projet de société que nous en viendrons tout naturellement à prendre une orientation politique qui nous permettra de continuer à travailler pour bâtir une société à notre mesure. Quant à l'appui à un parti, je crois que nous devons nous donner, comme par le passé, la plus grande liberté de mouvement. Nous devons, avant tout, préserver notre autonomie complète. Notre appui ne devrait pas être autre que tactique, conjoncturel. Il nous faudra, avant une prochaine élection, examiner les forces en présence, leur programme sur le plan social, économique et sur la question nationale. Nous devrons aussi nous interroger sur leur crédibilité et leur capacité réelle d'exercer le pouvoir. Pour maintenir une présence forte, partout où vous souhaitez à juste titre que la FTQ intervienne, rassemble des énergies, exprime vos revendications, il faudra que vous mettiez un peu plus de moyens à notre disposition. A la lumière de la situation financière qui vous est décrite par le secrétaire général dans son rapport, vous constaterez que nous risquons, à court terme, de devoir réduire nos dépenses, ce qui ne peut que se traduire par une réduction de nos services actuels, qui déjà ne peuvent répondre toutes les demandes de nos affiliés. Le Bureau de la FTQ a donc soumis au Conseil général un projet de hausse de taxe per capita, que ce dernier a entériné. La dernière hausse datait du congrès de 1985. Évidemment, les besoins actuels de la centrale, le développement souhaitable de ses services, justifieraient facilement une augmentation plus importante. Mais, les difficultés financières qu'ont connues au cours des dernières années nos affiliés et dont ils se ressentent encore, nous forcent à restreindre nos demandes. Nous vous proposons donc des augmentations de 10 ø per capita pour chacune des deux prochaines années. Je vous invite au cours de ce congrès à examiner toutes ces questions avec le plus grand soin. Je crois que la FTQ est à un moment important de son histoire. Nous devons tout mettre en oeuvre pour nous renforcer, pour raffermir l'unité entre nos affiliés et pour mieux coordonner nos efforts. Nous nous devons aussi de continuer notre bataille de tous les instants afin de nous mériter une place de plus en plus importante dans la société québécoise. C'est la seule façon de bâtir à long terme aune société à notre mesure ».