*locuteur=jac *{ Jeunesse agricole catholique } *{ date-03-45 # } La vie*socio=us8 se passe à tirer. La vie*socio=us8 du rural*socio=us7, plus que toutes les autres, en est une où il faut tirer juste, tirer franc. Il ne faut pas manquer son coup. Il ne faut pas tirer à peu près. Il faut bien épauler son fusil. Il faut aussi un fusil nettoyé, en ordre, rempli de balles sûres. Chers amis, le jeune*socio=us4 paysan*socio=usx1a pour tirer juste, doit préparer sa vie*socio=us8, son coeur*socio=usx13*meta=oui, sa volonté*socio=uvx27a, ses connaissances*socio=in8 professionnelles*socio=usx10. Ajouter à cela une forte*socio=da dose d'esprit*socio=uvx24 surnaturel*socio=uvx10. Qualités de coeur*socio=usx13*meta=oui qui le rendront dévoué*socio=uvx16, généreux*socio=uvx27a, prêt à tous les services*socio=uvx16, à toutes les luttes*socio=usx11. Pour les acquérir, il faut s'entraîner. La j-a-c*socio=in7a est cette merveilleuse*socio=dh école*socio=inx2a, d'entraînement*socio=gb à la générosité*socio=uvx27a, à l'entraide*socio=uvx27a, à la collaboration*socio=uv4. Tous les jours*socio=us8, chaque semaine*socio=us8, la j-a-c*socio=in7a exige de ses membres*socio=in0a des actes*socio=gb de dévouement*socio=uvx16 qui forgent de grands*socio=uvx21 coeurs*socio=usx13*meta=oui. Qualités de volonté*socio=uvx27a, qui le mèneront droit au but*socio=uvx20 sans fléchir, sans détours, sans compromis*socio=di, mais avec une énergie*socio=da indomptable, avec un entêtement à toutes épreuves. Par des actes*socio=gb répétés chaque minute*socio=us8, chaque jour*socio=us8, à chaque réunion*socio=in0a, la merveilleuse*socio=dh école*socio=inx2a qu'est la j-a-c*socio=in7a est en train de fournir à la classe*socio=usx1a rurale*socio=us7 les vrais*socio=dp chefs*socio=uvx1 qu'elle réclame à grands cris. Qualités professionnelles*socio=usx10 qui feront de lui une compétence*socio=bm hors ligne, un modèle*socio=eh qu'on admire et qu'on s'efforce de suivre, un cultivateur*socio=usx1a sans pareil. Pour atteindre ce but*socio=uvx20, la j-a-c*socio=in7a pousse aux écoles*socio=inx2 d'agricultures*socio=ecx1, aux cours*socio=inx2 de coopération*socio=ecx11, aux écoles*socio=inx2 de chefs*socio=uvx1 de l'u-c-c*socio=in5, ses meilleurs*socio=bo éléments*socio=uvx24. Mais ce qu'il y a de plus important*socio=ba, ce qu'il y a de plus urgent*socio=us8 dans la campagne*socio=us7, c'est que tout cela soit comme imbibé d'esprit chrétien*socio=uvx10, de sens surnaturel*socio=uvx10. De grands*socio=uvx21 coeurs*socio=usx13*meta=oui chrétiens*socio=uvx10, de grands*socio=uvx21 volontaires*socio=uvx24 à l'esprit surnaturel*socio=uvx10, des compétences*socio=bm professionnelles*socio=usx10 qui suintent la charité*socio=uvx18 du christ*socio=uvx10. C'est ça qu'il nous faut, d'un bloc, d'un coup. Pas de séparation, entre la vie*socio=us8 quotidienne et la vie*socio=us8 du dimanche*socio=us8. Pas de cloisons entre le cultivateur*socio=usx1a compétent*socio=bm et le cultivateur*socio=usx1a chrétien*socio=uvx10. Pas de barrière entre l'homme*socio=uvx24a de coeur*socio=usx13*meta=oui et le chrétien*socio=uvx10. Mais tout cela uni*socio=uvx17b, l'esprit chrétien*socio=uvx10 animant tous les autres, leur donnant une forme, une âme*socio=uvx10, la vie*socio=us8. C'es pourquoi aussi malgré la vie*socio=us8 de famille*socio=in6, fréquentations, visites, affaires municipales*socio=etx10c, scolaires*socio=inx2, tout doit être animé, vivifié par une seule source: l'esprit du christ*socio=uvx10 donnera la balle. Tout ceci réuni, qualités de coeur*socio=usx13*meta=oui, de volonté*socio=uvx27a, qualités professionnelles*socio=usx10 vivifiées par l'esprit chrétien*socio=uvx10, fourniront au jeune*socio=us4 rural*socio=us7 la balle supérieure*socio=bo, la meilleure*socio=bo, celle qui porte, qui atteint l'objectif*socio=uvx20, le but*socio=uvx20 visé. Tout cela est magnifique*socio=dh. Mais ce qu'il faut, ce qu'on ne doit pas oublier, c'est de tirer juste. Tirer pour que la balle atteigne le but*socio=uvx20: détruire l'égoisme*socio=uvx27a, la routine, l'esprit*socio=et9 de parti*socio=inx1, la mésentente*socio=usx11. Å la place, nous les ruraux*socio=us7, nous reconstruirons un immense*socio=uvx21 pays*socio=us7, de grandes*socio=uvx21 paroisses*socio=in7a, ou les habitants*socio=us5 se regarderont dans les yeux*socio=usx13, auront des qualités de coeur*socio=usx13*meta=oui, de volonté*socio=uvx16, des qualités professionnelles*socio=usx10, dignes*socio=uvx21 du chef*socio=uvx1. C'est cette balle là que nous, les gars*socio=us3 de la campagne*socio=us7 nous nous efforçons de façonner, afin de ne pas tirer ni trop haut ni trop bas, mais tirer juste. *{ date-04-45 # } Neuf heures*socio=us8. L'église*socio=in7b est déserte encore. Seules, deux religieuses*socio=inx11 s'affairent autour du maître-autel*socio=in7b. Avec leurs larges manches, leur voile léger et leur démarche souple, elles ont l'air de deux oiseaux*socio=usx12 sombres parmi les fleurs du sanctuaire*socio=in7b. Å l'ombre des piliers, une silhouette jeune*socio=us4 se faufile. Quelques planches du parquet craquent sous les fins souliers, troublant l'auguste paix*socio=fa du lieu. Irène*socio=us9, à pas feutrés, avance sans hâte vers le vieux banc de famille*socio=in6. Elle s'agenouille, retire ses gants de chevreau, secoue le col soyeux. De son manteau, esquisse un large signe de croix*socio=in7d. Puis, son regard clair cherche, au fond du choeur illuminé et fleuri, la porte d'or du tabernacle*socio=in7b. Et c'est l'affaissement soudain de toute son âme*socio=uvx10, la détente bienheureuse de son être, l'attendrissement de son coeur*socio=usx13*meta=oui en face de l'hôte divin*socio=uvx10 dont l'oeil*socio=usx13*meta=oui clairvoyant sonde les reins*socio=usx13*meta=oui et les coeurs*socio=usx13*meta=oui. Fils*socio=in6 de david*socio=us9, ayez pitié*socio=uvx10 de moi. O dieu*socio=uvx10! Pourquoi votre main*socio=usx13*meta=oui toute-puissante*socio=da a-t-elle lâché ma main*socio=usx13? Un rayon de soleil filtrant par les verrières*socio=in7b, caresse les cheveux*socio=usx13 blonds de la jeune*socio=us4 fille*socio=us3, glissant jusqu'à ses mains*socio=usx13 aux ongles*socio=usx13 polis. Les grains de cristal du chapelet*socio=in7b d'irène*socio=us9 brillent comme des larmes. Et c'est un tableau touchant qu'offre la présence de cette femme*socio=us3, élégante*socio=dh et recueillie*socio=uvx10, livrant le mystère d'une telle angoisse*socio=ee par le bleu clair de son regard*socio=usx13. Pour irène*socio=us9, ce doux matin*socio=us8 de pâques*socio=in7d n'est pareil à aucun de ceux vécus jadis. Une dure souffrance*socio=ej lui meurtrit l'âme*socio=uvx10 de ne pouvoir retrouver, au fond d'elle-même, l'ardeur*socio=da enthousiaste et la flambée généreuse*socio=uvx18 des ans*socio=us8 passés. Comme elle frémissait alors devant la moisson*socio=ecx1 grandissante*socio=cc, qui toujours, depuis vingt siècles*socio=us8, attend les ouvriers*socio=usx1b! Comme elle savait être vaillante*socio=dk, lutter, sourire, se renoncer pour conquérir! En vérité*socio=dp, elle portait en son âme*socio=uvx10 chacune des âmes*socio=uvx10 qu'elle voulait sauver. Le front*socio=usx13 penché sur ses mains*socio=usx13 jointes, irène*socio=us9 se souvient de l'ardeur*socio=da de sa prière*socio=in7d, de la pureté*socio=uvx10 de son coeur*socio=usx13*meta=oui, du désintéressement*socio=bf de ses moindres actes*socio=gb, du bonheur*socio=uvx19 de sa vie*socio=us8, en ce temps-là! Sans indulgence*socio=uvx10, elle compare, hélas! Comment en un plomb*socio=ec4*meta=oui vil*socio=dn, l'or*socio=ec4*meta=oui pur s'est-il changé! Ce matin*socio=us8, elle a voulu être seule devant lui. Par les chemins odorants de parfums printaniers*socio=us8, elle est venue, traînant son âme*socio=uvx10 lasse et son espoir*socio=uvx23 de résurrection*socio=uvx10. Seigneur*socio=uvx10, je crois, mais augmentez ma foi*socio=uvx10! Humble*socio=uvx29 et triste, sa prière*socio=in7d exhale le tourment de sa vie*socio=us8. O maître*socio=uvx1, comme je suis coupable! Moi que vous avez comblée, et qui n'ai pas souvenance de vous avoir jamais supplié en vain! Et pourtant, je vous aime, ô mon frère*socio=in6. Vous qui savez tout, vous connaissez que je vous aime. Mais je ne peux plus, non, je ne peux plus vous suivre, descendre vers les foules*socio=us5, leur donner à manger, leur parler, les aimer. Moi qui, hier encore, marchais, avec vous, au hasard de vos courses apostoliques*socio=uvx10! Mais depuis, vous le savez bien, il est arrivé cette dure chose qui m'a brisée, pareille à un pauvre*socio=df oiseau*socio=usx12 auquel on envoie du plomb dans l'aile: ceux que j'aimais m'ont marché sur le coeur*socio=usx13*meta=oui! Mon regard*socio=usx13 candide encore a plongé au tréfonds de l'insondable misère*socio=df humaine*socio=uvx26. Et j'ai vu l'homme*socio=uvx26 hair l'homme*socio=uvx26, j'ai vu des âmes*socio=uvx10 rachetées par ton sang*socio=usx13, souiller d'autres âmes*socio=uvx10; j'ai vu des pauvres*socio=usx1f maudissant la pauvreté*socio=df, des riches*socio=usx1e accrochés au néant de leurs possessions*socio=uv9; j'ai vu, hélas! Ö scandale! Les fils*socio=in6 du royaume*socio=uvx10 se disputer dans la bergerie*socio=ecx1*meta=oui. Et voilà pourquoi, malgré la lumière de ce matin*socio=us8 de pâques*socio=in7d, malgré les cierges*socio=in7b, les fleurs, le soleil, le printemps*socio=us8 et malgré ta présence, en moi, c'est la nuit*socio=us8! Un accord d'orgue, imprévu, puissant*socio=da, tire irène*socio=us9 de sa mélancolie. Cette fois*socio=us8 encore, le charme est rompu. Très artiste*socio=in8, la jeune*socio=us4 fille*socio=us3 écoute le chant*socio=in8 profond et grave*socio=bb. Et voici qu'en elle reparaît la mondaine un peu frivole, l'enfant*socio=us4 gâtée, la femme*socio=us3 élégante*socio=dh, l'intellectuelle*socio=in8 éprise d'art*socio=in8. Malgré de réels*socio=db efforts*socio=uvx16 pour discipliner son imagination, la silhouette bleue d'un officier*socio=et3 aviateur*socio=usx10, les yeux*socio=usx13 bruns d'un jeune*socio=us4 étudiant*socio=inx2, d'autres visages amis se mêlent à sa prière*socio=in7d. Un peu lasse, elle s'assied. Les notes de velours s'égrènent là-haut. Irène*socio=us9 ne veut plus penser; de toute son âme*socio=uvx10, elle écoute. Mais voilà que, distraitement, sa main*socio=usx13 effleure un livre*socio=in8 recouvert de toile brune. D'un geste irréfléchi, elle l'ouvre au hasard. Le hasard? Ayant dit cela, elle, madeleine*socio=us9, se retourne et elle voit jésus*socio=us9 debout, mais elle ne savait pas que c'était jésus*socio=us9. Jésus*socio=us9 lui dit: Insensiblement, irène*socio=us9 glisse à genoux*socio=usx13, les yeux*socio=usx13 rivés à la mystérieuse porte d'or. Et il arrive cette chose merveilleuse, inouie, qu'elle sent, autour d'elle, la grande présence et les yeux*socio=usx13 de son dieu*socio=uvx10 arrêtés sur ses yeux*socio=usx13. Qui cherches tu? Je suis celui qui es. Ton coeur*socio=usx13 maladroit s'attarde aux créatures, je suis le créateur*socio=uvx10. Ton âme*socio=uvx10 a soif de pureté*socio=uvx10? Je suis la pureté*socio=uvx10. Et quand ton regard*socio=usx13 candide aura plongé quelque jour*socio=us8 dans l'insondable misère*socio=df humaine*socio=uvx26, élève le jusqu'à moi; j'ai vaincu le monde et je t'aime. Tu ne peux plus descendre avec moi vers les foules*socio=us5? Prends ma main*socio=usx13 et viens! Je la connais la foule*socio=us5, là-bas, en palestine*socio=us7, elle m'a tour à tour acclamé, hué, béni, traqué, un jour*socio=us8 voulant me faire roi*socio=etx1, le lendemain*socio=us8 réclamant le sang*socio=usx13 du juste*socio=uvx13. Et ceux que j'aimais m'ont marché sur le coeur*socio=usx13*meta=oui! Le disciple*socio=uvx10 est-il plus grand*socio=uvx21 que le maître*socio=uvx1? Entre moi et la foule*socio=us5, il me faut toi, ton dévouement*socio=uvx16, ton humilité*socio=uvx29, ton sourire. Ne crains plus. Prends ma main*socio=usx13 viens! L'église*socio=in7b peu à peu s'est remplie. Irène*socio=us9 voit le prêtre*socio=inx11 en drap d'or préludant au sacrifice*socio=uvx10, entouré d'enfants*socio=us4 de choeur*socio=in7b aux éclatantes tuniques*socio=in7b rouges. Avec calme, la jeune*socio=us4 fille*socio=us3 ouvre son missel*socio=in7c, heureuse*socio=uvx19 de retrouver, au fonds de son âme*socio=uvx10 assouvie, l'ardeur*socio=da enthousiaste et la flambée généreuse des ans*socio=us8 passés, couronnées par la richesse*socio=dm de plus d'expérience. Pour irène*socio=us9, ce doux matin*socio=us8 de pâques*socio=in7d est maintenant plus beau*socio=dh que tous les matins*socio=us8 de pâques*socio=in7d vécus jadis! *{ date-07-45 # } J'ai vu l'autre jour*socio=us8 un spectacle bien ordinaire et qui pourtant m'a fait réfléchir. La rivière*socio=us7, tout près, mirait dans ses eaux claires, le paysage d'alentour: le clocher*socio=in7b de l'église*socio=in7b, les arbres aux feuilles immobiles, jusqu'au firmament où de gros nuages blancs semblaient arrêtés dans leur marche. Et j'ai lu quelque part que ce spectacle se reproduit souvent dans les pays*socio=us7 chauds alors que, par un phénomène d'optique, les objets éloignés produisent une image renversée comme s'ils se reflétaient, comme ce soir*socio=us8, dans une nappe d'eau. Et je pensais que bien souvent nous sommes attirés par de beaux mirages qui nous font perdre de vue*socio=usx13 la réalité*socio=db. Que d'êtres*socio=uvx24a ont été pris par ce faux*socio=dq reflet qui montre les choses à l'envers. Å plusieurs reprises, n'est il pas vrai*socio=dp, durant les longues journées*socio=us8 de travail*socio=ecx14, ou bien durant les heures*socio=us8 grises d'ennui et d'inquiétude*socio=ee, nous avons regardé vers la ville*socio=us7. Nous n'avons vu que le mirage*socio=dq: l'argent*socio=ecx13 qui se gagne, les amusements*socio=in8 plus nombreux, distractions*socio=in8 de toutes sortes, la liberté*socio=uvx11, cette liberté*socio=uvx11 si mal comprise aujourd-hui. Et devant ce mirage*socio=dq, voilà que notre vie*socio=us8 de terrien*socio=ecx1 a pris comme une couleur de grisaille. Nous n'avons vu que le travail*socio=uv6 pénible*socio=uvx16, l'isolement*socio=us7, la terre*socio=ecx1 attachée à nos souliers et à nos mains*socio=usx13. Et nous nous sommes mis à rêver. Dans notre imagination, il nous semblait que le bonheur*socio=uvx19 était là-bas, à la ville*socio=us7 où nous pourrions vivre une vie*socio=us8 plus agréable*socio=uvx28 et plus facile*socio=ck. Nous sommes devenus songeurs et notre travail*socio=ecx14 nous est apparu comme une corvée*socio=uvx16 sans espoir*socio=uvx23. Le mirage*socio=dq a fait effet sur nous. Et pourtant il y a la réalité*socio=db. Å bien réfléchir, notre vie*socio=us8 malgré tout est elle si malheureuse*socio=uvx19? Ici nous travaillons dur, mais nous travaillons en pleine nature*socio=uvx26, dans l'immense usine*socio=ec3*meta=oui de la nature*socio=uvx26, dans de la beauté*socio=dh. Nous travaillons sur de la vie*socio=us8, et pour donner la vie*socio=us8. Le cultivateur*socio=usx1a est son mâitre*socio=uvx1, il commence quand il veut, il termine quand il veut. Il garde toute son initiative*socio=uvx24. C'est son champ*socio=ecx1 à lui qu'il laboure et qu'il sème, ce sont ses bêtes*socio=usx12 qu'il conduit, c'est sa maison*socio=inx10 qu'il revoit le soir*socio=us8 au retour de sa journée*socio=us8 de travail*socio=ecx14. Il peut s'y reposer en paix*socio=fa parce qu'autour de lui, il y a de l'espace*socio=uvx26, de l'air*socio=uvx26, et de la beauté*socio=dh. Y a-t-il un spectacle plus reposant que de contempler le soir*socio=us8 tomber sur nos campagnes*socio=us7? Les nuits*socio=us8 sont reposantes et les matins*socio=us8 splendides*socio=dh. Que peut être, à côté de cette réalité*socio=db, le mirage*socio=dq de la ville*socio=us7? Passer dans une ville*socio=us7 comme montréal*socio=us7, c'est agréable. On est attiré par les magasins*socio=ec5 aux vitrines alléchantes, les annonces*socio=ec5 de théâtre*socio=in8 aux lumières flamboyantes, le spectacle de cette foule*socio=us5 qui semble toute heureuse*socio=uvx19 et qui s'amuse. Mais la réalité*socio=db? La réalité*socio=db, c'est souvent tout le contraire. La preuve c'est que les citadins*socio=us5, aux premiers jours*socio=us8 de l'été*socio=us8, courent vers la campagne*socio=us7. Ils ont la tête*socio=usx13 brisée par le bruit, les nerfs*socio=usx13 tendus par cette vie*socio=us8 trépidante, la santé*socio=in9 affaiblie par cet entassement inhumain*socio=uvx26. Avez vous déjà passé par certaines rues*socio=us7 qui coupent les grandes artères*socio=us7 de la ville*socio=us7, rues*socio=us7 étroites et sales, remplies de petites maisons*socio=inx10 où jamais le soleil ne pénètre, situées dans des fonds de cours sombres, où il n'y a pas d'espace*socio=us7 ni d'air. Il n'y a pas de cour et les enfants*socio=us4 jouent sur le trottoir*socio=us7 brûlant non loin des déchets qui empestent. Ça c'est la réalité*socio=db, et j'ai vu des spectacles qui font mal au coeur*socio=usx13. Vous me direz: . Sans doute, mais où l'espace*socio=us7 est peut-être encore plus limité. Il y a de belles*socio=dh maisons*socio=inx10 collées les unes sur les autres, avec fenêtres en avant et en arrière. C'est tout. De l'air? Cherchez en. De l'espace*socio=us7? Un petit balcon au-dessus de l'asphalte brûlant. Å la ville*socio=us7, on oublie qu'une famille*socio=in6 c'est fait pour les enfants*socio=us4. On ne bâtit trop souvent des maisons*socio=inx10 que pour loger le mari*socio=in6, la femme*socio=in6 et le petit chien*socio=usx12. Bien des propriétaires*socio=uv9 sont les ennemis*socio=usx11 des familles*socio=in6 nombreuses.! Les enfants*socio=us4, ça fait du bruit et ça détériore. Alors on construit des boîtes, où il n'y a pas d'espace*socio=us7 pour les enfants*socio=us4 et le tour est joué. On vit entassé dans dans ces boîtes sans vie*socio=us8 et sans soleil. Je ne parle pas du travail*socio=ecx14 de ces ouvriers*socio=usx1b et de ces ouvrières*socio=usx1b enfermés dans des usines*socio=ec3 où les machines*socio=ecx12 font un bruit d'enfer*socio=uvx10. Je ne parle pas de ces ouvriers*socio=usx1b, et de ces ouvrières*socio=usx1b qui sont devenus des numéros quelconques et qui conduisent une machine*socio=ecx12, ou plutôt sont conduits par une machine*socio=ecx12. Ce sont des choses quelconques, sans aucune initiative*socio=uvx24. Rien de plus abrutissant*socio=bh. Le soir*socio=us8 on se rend au cinéma*socio=in8 pour oublier un peu la fatigue du jour*socio=us8. Et la vie*socio=us8 de famille*socio=in6 est presque nulle. C'est la vie*socio=us8 de milliers de gens*socio=us5. Ça, c'est la ràlité*socio=db. Allons-nous, nous les hommes*socio=uvx24a vraiment libres*socio=uvx11, nous les maîtres*socio=uvx1 chez nous, allons-nous laisser notre coin de ciel*socio=us7 bleu, nos espaces*socio=us7 immenses, nos grandes maisons*socio=inx10 accueillantes pour aller nous enchaîner à ces besognes*socio=uvx16 qui rapetissent et nous enfermer dans des maisons*socio=inx10 qui nous étouffent? Allons donc! Il suffit de réfléchir un peu pour réaliser que ce serait une désertion*socio=et3*meta=oui et une décadence*socio=uvx22. Défions-nous du mirage*socio=dq. Regardons notre vie*socio=us8 bien en face. Elle est dure et pénible, mais c'est la vraie*socio=dp vie*socio=us8, la grande*socio=uvx21 vie*socio=us8, celle qui n'a pas d'entrave*socio=ce, celle qui nous approche davantage du créateur*socio=uvx10 dont nous sommes les plus intimes*socio=uv7 collaborateurs*socio=uv4. *{ date-09-45 # } Ce sont nos mains*socio=usx13 et nos peines qui font vivre l'humanité*socio=uvx26. Le temps*socio=us8 est peut-être mal choisi de venir parler à un cultivateur*socio=usx1a de sa mission*socio=uvx10 providentielle*socio=uvx10 quand les durs travaux*socio=ecx14 vous pressent, que le soleil vous brûle le visage*socio=usx13, que la poussière vous aveugle et que vous trimez du matin*socio=us8 au soir*socio=us8. Pourtant je tiens à mon idée parce que c'est une vérité*socio=dp qui devrait être une lumière et un encouragement dans nos vies*socio=us8 de terriens*socio=ecx1. C'est la pensée qui me trottait dans la tête*socio=usx13 un soir*socio=us8 doux et calme à ce moment*socio=us8 précis où le soleil comme une grosse bille de feu descend derrière les sapins de la montagne, donnant cette impression d'un immense incendie qui s'allume. Et du haut de la colline, je voyais les gens*socio=us5 et les voitures rentrer tranquillement à la maison*socio=us7 pendant que montait des cheminées une petite fumée bleue annonçant le souper. Et bientôt une charette pleine de foin*socio=ecx1 traînée par un tracteur*socio=ecx1 passe près de moi. Deux jeunes*socio=us4 sont sur le voyage de foin*socio=ecx1, et en dépit d'une journée*socio=us8 rude ils trouvent encore la vie*socio=us8 belle*socio=dh. Cheveux*socio=usx13 au vent, du haut de leur point d'observation, ils examinent le paysage d'une beauté*socio=dh exceptionnelle. Ils chantent une vieille*socio=us4 chanson*socio=in8 de chez nous et je crois entendre ces paroles: les gens*socio=us5 de la campagne*socio=us7 ignorent leur bonheur*socio=uvx19, la plaine*socio=us7 et la montagne*socio=us7, est-il rien de meilleur*socio=bo? Et quand l'écho de cette chanson*socio=in8 se fut éloigné dans l'ombre qui descend sur les champs*socio=us7 tranquilles, j'ai cru encore davantage en cette mission*socio=uvx10 providentielle*socio=uvx10 de cultivateur*socio=usx1a. Mission*socio=uvx10 de durs labeurs*socio=uv6, qui nous prend d'un soleil à l'autre, qui nous expose aux caprices de tous les temps*socio=uvx26, qui nous tient courbés sur la terre*socio=ecx1 humide du printemps*socio=us8, dans la lourde chaleur de l'été*socio=us8 comme dans le frimas glacé des automnes*socio=us8. Et pourtant c'est une mission*socio=uvx10 nécessaire*socio=ba. Dans l'économie*socio=ec0 du monde*socio=us0, pour que les nations*socio=usx2b montent et progressent il faut des cultivateurs*socio=usx1a dont la mission*socio=uvx20 est de nourrir les hommes*socio=uvx24a afin que tous puissent accomplir leur vocation*socio=uvx10 particulière*socio=cl. Å la source de toutes les professions*socio=usx10 il y a celle du cultivateur*socio=usx1a qui les soutient toutes et qui leur permet d'exister. C'est le rouage essentiel*socio=ba sans lequel toute la machine*socio=ecx12*meta=oui viendrait à se briser dans une effroyable famine*socio=fd. Nous pouvons donc affirmer que nous sommes des êtres*socio=uvx24a essentiels*socio=ba aujourd-hui et que nous le serons toujours. Malgré les progrès*socio=uvx2 et l'évolution*socio=uvx2 de la machine*socio=ecx12*meta=oui, il faudra toujours quelqu'un qui dans les champs*socio=us7 immenses, veille à préparer les semences*socio=ecx1 et les moissons*socio=ecx1 de vie*socio=us8. Cet homme*socio=uvx24a duquel tous les peuples*socio=usx2a attendent la subsistance*socio=uvx26 c'est le cultivateur*socio=usx1a. Et comme notre mission*socio=uvx10 est grande*socio=uvx21 et belle*socio=dh, elle demande plus de sacrifices*socio=uvx16 que les autres. L'ouvrier*socio=usx1b, le professionnel*socio=usx10 peuvent travailler parce que nous, nous sommes au poste*socio=uv6 et que nous peinons sur nos sillons*socio=ecx1 alignés. La population*socio=us5 urbaine*socio=us7 mange trois repas par jour*socio=us8, parce que nous, nous sommes au champ*socio=us7 du matin*socio=us8 au soir*socio=us8. Dans les maisons*socio=inx10 on peut jouir d'une chaleur bienfaisante au cours*socio=us8 de la rude saison*socio=us8 parce que dans les forêts*socio=ec4 encore enneignées retentit la cognée des rudes*socio=da bûcherons*socio=usx1a qui dans le froid qui pince, préparent la chaleur pour les foyers*socio=in6. C'est notre mission*socio=uvx10 à nous, les gens*socio=us5 de la terre*socio=ecx1. La providence*socio=uvx10 qui a tout organisé le monde nous a placés à un endroit*socio=us7 stratégique*socio=ba et elle nous demande de tenir en dépit de toutes les difficultés*socio=ce. Sans nous, que deviendrait le monde*socio=us0? Je m'adresse à toi, jeune*socio=us4 de la campagne*socio=us7, toi qui trouves les journées*socio=us8 écrasantes*socio=ce et la paye*socio=ecx14 légère. Toi qui rêves de tout lâcher, toi qui t'imagines que tu es à la queue*socio=usx12*meta=oui des autres. Non, mon vieux*socio=us4*meta=oui, tu les soutiens tous. Tu n'es peut-être pas la frise de l'édifice, mais tu en es la base*socio=ba sans laquelle l'ornementation ne pourrait tenir. C'est ça qui compte. Reste à ton poste*socio=uvx16 mon vieux*socio=us4*meta=oui. C'est un poste*socio=uvx16 qui demande de l'endurance*socio=uvx27a et des sacrifices*socio=uvx16. Mais c'est un poste*socio=uvx16 d'honneur*socio=uvx21, un poste*socio=uvx16 de confiance*socio=dc. Et dis toi bien ceci: si notre pays*socio=us7, à ses origines, a été façonné par des mains*socio=usx13 de terriens*socio=usx1a, c'est encore grâce aux rudes mains*socio=usx13 de nos cultivateurs*socio=usx1a, c'est grâce à leur coeur*socio=usx13*meta=oui grand*socio=uvx21 comme le monde*socio=us0 qu'il restera fidèle*socio=uvx17a à sa mission*socio=uvx16 providentielle*socio=uvx10.