*{Rapport annuel, 1973, Banque Mondiale} Résumé des activités de la Banque dans le contexte général de l'exercice. Le Groupe de la banque_mondiale a approuvé pendant l'exercice qui a pris fin au 30 juin 1973 une aide au développement s'élevant au total à 3 555 millions de dollars. Ce chiffre dépasse tous ceux enregistrés les années précédentes. L'objectif que le Président avait annoncé il y a cinq ans s'est trouvé ainsi atteint: le Groupe a fourni deux fois plus d'aide en 1969 à 1973 qu'il ne l'a fait pendant les cinq années précédentes. Cet accroissement des activités pendant l'exercice 1973 s'est accompagné d'efforts continus pour que le Groupe apporte une contribution plus effective au développement_économique et social de ses pays_membres. La Banque s'est davantage attachée à améliorer la qualité_de_la_vie en répartissant plus largement les avantages du développement et en particulier chez les plus pauvres parmi les pays et les peuples. Malgré l'augmentation de leurs opérations, la Banque et l'IDA continuent à jouer un rôle marginal, encore que vital, dans l'effort global pour le développement. Elles se rendent bien compte que ce sont les pays_en_voie_de_développement eux-mêmes qui fournissent la plus forte proportion des ressources consacrées au développement. Plus loin, ce Rapport donne un aperçu de la manière dont la Banque et l'IDA ont cherché à modifier leurs activités dans le sens où elles seraient mieux à même d'apporter une aide au progrès social et économique des pays_en_voie_de_développement. Ce changement d'optique a été parfois subtil, parfois plus visible; mais les deux organismes ont toujours eu présent à l'esprit que les problèmes de développement sont trop complexes pour qu'on leur trouve des solutions définitives. C'est pourquoi les auteurs du présent Rapport ne veulent pas donner ici l'impression que ces solutions ont été trouvées mais entendent bien plutôt indiquer les directions dans lesquelles on les cherche. Dans le total pour l'année, 2,051 millions de dollars ont pris la forme de 73 prêts de la Banque à 42 pays. L'Association Internationale de Développement a approuvé 80 crédits s'élevant à 1,357 millions de dollars en faveur de 43 pays. En outre, elle a approuvé 11 crédits en faveur du Bangladesh qui ont été réactivés. La Société Financière Internationale (SFI) a fait 28 investissements dans 18 pays, pour un total de 146,7 millions de dollars (le Rapport annuel de la SFI donne des détails plus amples sur ses activités). Ces chiffres sans précédent atteints pendant l'année se caractérisent par une forte augmentation des crédits de l'IDA qui dépassent de près de 36% le niveau atteint pendant l'exercice 1972. L'accord sur la troisième reconstitution des ressources de l'IDA est entré en vigueur lorsqu'en septembre 1972, les États-unis ont confirmé leur contribution, On pense que les ressources de l'Association seront entièrement engagées au 30 juin 1974. C'est pourquoi, dès décembre 1972, des discussions ont été entamées en vue d'une quatrième reconstitution et elles se poursuivent. Pendant l'exercice, les Administrateurs ont procédé à un examen approfondi de la politique des prêts appliqués par l'IDA. Ils ont noté que près de 70% des ressources de l'IDA ont été acheminées vers les pays les plus pauvres (c'est-à-dire ceux dont le PNB par habitant ne dépasse pas 120 dollars), et que le Groupe avait porté une attention croissante au sort des pays que l'assemblée_générale des nations_unies a classé dans la catégorie des pays "les moins développés". La part accordée aux pays dont le PNB dépasse 250 dollars est inférieure à 10% du total. L'aide de l'IDA s'est concentrée sur les pays pauvres dont les perspectives de pouvoir assurer le service de leur dette restent limitées. *{p. 5} Les Administrateurs ont, en outre, observé que plus de la moitié des crédits de l'IDA étaient allées à l'agriculture et à l'éducation pendant ces dernières années. Ce sont donc aux besoins prioritaires des pays pauvres et aux difficultés auxquelles ils se heurtent que s'adressent de plus en plus les projets que l'IDA détient en portefeuille. Dans le cas de 70% des projets qui ont bénéficié d'une aide de l'IDA ces cinq dernières années et pour lesquels ces calculs ont été possibles, le rendement moyen des capitaux fournis s'est situé entre 15 et 20% pour les économies intéressées. Sur la base de cet examen, les Administrateurs ont conclu que, s'il fallait continuer à appliquer les politiques fondamentales de l'IDA pour l'octroi des crédits, il convient, comme par le passé, de s'intéresser par priorité aux pays très pauvres, notamment aux pays "les moins développés". Les Administrateurs ont ajouté que le Groupe de la Banque, et l'IDA en particulier, devaient augmenter les prêts aux secteurs qui intéressent directement la masse de la population dans les pays_en_voie_de_développement. En conformité avec cette politique, une caractéristique marquante des opérations de l'exercice a été que, pour la première fois dans l'histoire de la Banque et de l'IDA, le volume des prêts pour l'agriculture a dépassé celui de tout autre secteur. Il a atteint 938 millions de dollars, c'est-à-dire qu'il a plus que doublé par rapport à l'exercice 1972 et qu'il dépasse d'environ 35% le volume des prêts pour les transports secteur qui, jusque-là, avait été le plus gros bénéficiaire des fonds accordés par le Groupe de la Banque. Les prêts pour l'éducation ont beaucoup monté, dépassant d'environ 50% le chiffre de l'année précédente. De même, il y a eu une augmentation substantielle de l'aide accordée aux télécommunications et à l'approvisionnement en eau. L'augmentation de l'aide à l'agriculture fournie par la Banque et l'IDA s'est trouvée coïncider avec une période où une aggravation dramatique de la situation alimentaire dans le monde a fait ressortir quels étaient les besoins prioritaires des pays_en_voie_de_développement. De mauvaises conditions atmosphériques sur une grande partie de la planète ont causé de graves pénuries de céréales alimentaires et une diminution catastrophique des réserves de céréales, la concurrence effrénée des consommateurs avides de s'approvisionner ont fait alors monter en flèche les prix des denrées alimentaires sur les marchés du monde; c'est ainsi que les prix du blé sont passés de 60 dollars à plus de 100 dollars la tonne. Cela a valu des recettes à un petit nombre de pays_en_voie_de_développement exportateurs de céréales, alors que les balances_des_paiements extérieurs des importateurs nets devenaient gravement déficitaires. En Afrique de l'Ouest, particulièrement, où des millions de personnes ont manqué de nourriture à la suite d'une grave sécheresse, la Banque a recherché dans quelle mesure elle pouvait compléter par des programmes de développement les opérations de lutte contre la famine organisées sous l'égide de l'Organisation des nations_unies pour l'Alimentation et L'Agriculture (FAO). L'Afrique de l'Ouest a fourni un autre exemple des efforts que déploient la Banque et l'IDA pour donner à leurs activités en matière de développement_économique de nouvelles dimensions marquant leurs préoccupations sociales et humanitaires. Le programme de lutte contre l'onchocercose dans la région a progressé, la Banque s'étant jointe à trois autres institutions des nations_unies pour prendre l'initiative d'une réunion des gouvernements et organisations_internationales visant à mobiliser des ressources à cet effet. Au Nicaragua, l'IDA a approuvé un crédit pour aider à la reconstruction des maisons, écoles et industries ainsi que de l'infrastructure urbaine à la suite d'un tremblement de terre catastrophique qui a frappé Managua en décembre 1972. *{p. 6} La Banque a continué à fournir son aide pour la planification démographique en finançant des projets en Iran et en Malaisie. Le souci de venir en aide aux plus démunis des habitants de certains pays s'est traduit par l'aide qu'elle a apportée à un projet modeste de réinstallation de populations dans le nord-est du Brésil, région la plus pauvre du pays; on pense que ce projet servira de modèle à des opérations du même genre dans les autres régions sous-développées de la contrée. Le Groupe de la Banque a recherché des occasions comparables de développement dans d'autres régions particulièrement sous-développées, notamment le Soudan méridional et le nord-est de la Thaïlande. Dans le secteur de l'éducation, la Banque et l'IDA ont, pour la première fois, financé des projets en Indonésie et au Liban, axés essentiellement sur le développement de l'enseignement primaire. Dans ces deux pays, le but primordial a été de rendre les moyens d'enseignement plus largement accessibles à toutes les couches de la population. Le projet indonésien a ceci de particulier que c'est pour la première fois que la Banque et l'IDA ont fourni une aide pour la production de livres scolaires dans le pays même. L'objectif général du Groupe de la Banque est toujours de répartir plus largement les avantages du développement et c'est en ce sens que l'IDA a lancé pour la première fois une opération d'aide à la petite industrie en Inde. La Banque, soucieuse de renforcer ses activités dans le secteur industriel, a conclu à cet effet un accord avec l'Organisation des nations_unies pour le Développement Industriel sur les conditions dans lesquelles un programme en coopération pourrait être organisé. On pense que cet accord prendra effet en janvier 1974, une fois que les approbations nécessaires auront été obtenues. Les opérations de la Banque ont pu se faire grâce à un niveau presque sans précédent d'emprunts bruts qui a atteint un total de 1,723 millions de dollars pendant l'exercice. Le pays qui a apporté le plus gros volume de fonds est le Japon, dont la contribution entre pour 35% du total. Vient ensuite l'Allemagne avec 22%. La Banque a continué à rechercher de nouvelles sources de capitaux pour le développement, et au Liban, elle a lancé sa première émission d'obligations de 75 millions de livres libanaises. Le revenu net de la Banque pendant l'exercice 1973 a été de 186 millions de dollars, dépassant ainsi de 3 millions de dollars, celui enregistré pendant l'exercice précédent. Tendances du développement, flux de capitaux et problème de la dette. L'accroissement des activités du Groupe de la Banque pendant l'exercice s'est fait dans un contexte de progrès économique des pays_en_voie_de_développement qui, bien qu'inégal, n'en a pas moins été encourageant, surtout si l'on tient compte de la situation économique dans le monde. Les indications préliminaires que l'on a sur les résultats de l'année civile 1972 donnent à penser que la production et le revenu dans l'ensemble du monde en voie de développement se sont une fois de plus accrus à des taux qui sont proches de ceux qui avaient été obtenus vers la fin des années 60. L'année précédente, l'expansion avait souffert de ce que l'activité économique des pays_industrialisés s'était ralentie en 1970 et 1971. Pour l'ensemble des pays_en_voie_de_développement, la croissance semble avoir été de 6% en 1972, ce qui est un succès impressionnant et qui s'approche de l'objectif qui avait été fixé pour la Deuxième décennie du développement dans la Stratégie internationale du développement des nations_unies. Mais la croissance démographique a dépassé le taux annuel de 2,5% fixé comme objectif pour cette décennie dans la Stratégie du développement_international, ce qui fait que le PNB par habitant n'a augmenté que de 3%. Ces chiffres globaux d'ailleurs cachent de larges écarts entre les pays, ainsi qu'il ressort du Tableau 1, ci-contre. Le taux_de_croissance des 25 pays que l'ONU a classés dans la catégorie des pays "les moins développés" est tombé en dessous du niveau déjà bien faible de l'année précédente et le calcul par habitant fait apparaître que la croissance de ces pays a été nulle. Par contre, la croissance du PNB des pays_en_voie_de_développement qui exportent des articles manufacturés s'est accélérée dans des proportions relativement importantes. Dans le cas des pays exportateurs de pétrole, si le taux_de_croissance s'est légèrement ralenti, il reste élevé. Un taux_de_croissance global nous donne une idée tout à fait approximative des problèmes de développement auxquels chaque pays et sa population ont à faire face. *{p. 8} La misère, même dans les pays_en_voie_de_développement qui ont la chance d'être dotés de ressources relativement bonnes, caractérise les vies de millions d'individus, en particulier dans les zones rurales. Ces hommes et ces femmes souffrent d'un chômage ou d'un sous-emploi généralisé, d'une sous-alimentation et de maladies débilitantes; de ce fait, leur productivité est généralement faible. Il est probable que près d'un milliard d'habitants des pays_en_voie_de_développement ont des revenus annuels de moins de 100 dollars au taux_de_change officiel et, sur ce nombre, 300 millions ont des revenus inférieurs de moitié à ce montant. Dans la seule Inde, environ 130 millions sont rangés dans cette dernière catégorie. Les résultats économiques des pays_en_voie_de_développement sont, dans une large mesure, fonction des tendances de l'économie internationale. Les économies développées sont les principaux marchés des produits primaires. Le niveau de l'activité économique, les réajustements de monnaies et les taux d'inflation dans les pays développés influent donc, quoi que l'on fasse, sur les prix et la demande des produits du monde en voie de développement. Pendant l'année civile 1972, la situation, sur le plan international, a continué d'être marquée par de nombreuses incertitudes. Si l'activité économique des pays_industrialisés s'est redressée, après les années de marasme de 1970 et 1971, les pressions inflationnistes se sont accentuées et tout porte à croire qu'elles persisteront. Leurs répercussions sur les pays_en_voie_de_développement ont été à certains moments aggravées par l'instabilité des marchés des changes et en général par l'incertitude sur la forme que prendront, à l'avenir, les arrangements monétaires internationaux. Les flux de capitaux. Il est difficile de tirer des conclusions précises des différents moyens que l'on a de mesurer le volume des transferts de ressources vers les pays_en_voie_de_développement, surtout à cause des modifications des parités pendant l'année. En 1972, selon des estimations préliminaires dont a fait état le Comité d'Aide au Développement (CAD) de l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), les apports de ressources financières extérieures aux pays_en_voie_de_développement ont légèrement monté par rapport à 1971. Bien qu'il semble que les engagements pris par les pays_membres du CAD aient augmenté en 1972, le total des fonds effectivement décaissés a baissé en proportion du PNB des pays donateurs et il faut noter que, dans les engagements pris par ces mêmes pays_membres du CAD en 1972, les subventions ont augmenté plus rapidement que les prêts. De ce fait, les conditions globales de l'aide_publique_au_développement ont été plus favorables et l'élément de don est passé de 82,6% en 1971 à 84,5%. Mais les données dont on dispose sur les décaissements nets de capitaux en faveur des pays_en_voie_de_développement par les pays_membres du CAD, telles qu'elles apparaissent au Tableau 2, à la page 10, donnent une idée différente de la situation. Les décaissements au titre de l'aide_publique_au_développement représentaient, en 1972, 0,34% du PNB des pays donateurs, alors que cette proportion était de 0,35% en 1971. La part des flux totaux de capitaux dans le PNB des pays donateurs est tombée de 0,78% en 1971, à 0,73% en 1972. Les apports totaux, publics et privés se sont accrus d'environ 1,2 milliard de dollars, soit légèrement plus de 7%; mais si on les mesure en monnaies nationales, l'augmentation des flux n'a été que d'à peu près 2%. Si les décaissements au titre de l'aide_publique_au_développement ont monté de 884 millions de dollars, soit de 11,5%, on constate que, lorsque les flux de 1972 sont convertis en dollars E:U: aux taux_de_change de mars 1973, leur augmentation est restée inférieure à l'accroissement du PNB dans les pays donateurs. Les apports publics divers ont monté d'à peu près 22%, soit d'environ 280 millions de dollars. *{p. 9} Les principales causes de cette baisse de la proportion des flux d'aide par rapport au PNB dans ces pays, se trouvent dans les diverses catégories des flux privés. En 1972, comme le CAD l'avait enregistré, les apports privés totaux étaient à peu près au même niveau qu'en 1971. Le CAD signale que trois éléments des flux privés ont en fait baissé, bien que la légère diminution d'un élément - l'investissement direct - s'explique peut-être simplement par la complexité des statistiques. Les investissements_privés de portefeuille dans les institutions multilatérales ont baissé de près de 20%, la chute très sensible de 47,3% des crédits privés à l'exportation peut marquer un retournement de la forte tendance à la hausse qui avait été observée dans leur cas ces dernières années. Par contre, le quatrième élément des flux privés provenant des pays_membres du CAD - l'investissement_privé de portefeuille a augmenté de plus de 200% en 1972. Cette augmentation qui, en elle-même compense presque la baisse des autres éléments des flux privés des pays_membres du CAD, est probablement en dessous de la vérité. Il n'existe actuellement aucun système international de compilation de statistiques, que ce soit au CAD, au FMI, à la Banque ou ailleurs qui donne un compte exact des dettes contractées sur le marché des euromonnaies en rapide essor, bien que des efforts aient été entrepris pour remédier à cette situation. Les effets de l'inflation. L'inflation dans les pays_industrialisés a eu de nombreuses répercussions sur le monde en voie de développement. D'une manière générale, l'inflation réduit le coût réel du remboursement de la dette en cours, mais, par contre, les dettes nouvelles ne peuvent être contractées qu'à des coûts plus élevés. Dans une situation inflationniste, les prix des exportations de produits manufacturés en provenance des pays_industrialisés ont continué à monter. L'inflation a donc relevé le coût des produits manufacturés importés par tous les pays_en_voie_de_développement. En même temps, l'inflation a également contribué à une forte augmentation de la demande de biens manufacturés dans les pays développés, d'où une augmentation plus rapide à la fois des exportations et du PNB dans un certain nombre de pays_en_voie_de_développement, notamment le Brésil, Israël, le Mexique et la République de Corée. La forte augmentation, ces derniers temps, des prix de nombreux produits de base (lorsqu'ils sont mesurés en dollars, ce qui n'est pas nécessairement vrai lorsqu'ils sont mesurés en d'autres monnaies), s'expliquent sans doute par l'accélération de l'inflation dans le monde entier mais il faut toujours tenir compte du fait que les prix des produits primaires sont périodiquement soumis à de violentes fluctuations. Les termes de l'échange, dans certains pays_en_voie_de_développement, ont pu empirer parce que les prix et la demande de plusieurs de leurs exportations principales n'ont pas augmenté dans la même mesure que leurs importations. L'inflation semble aussi avoir provoqué une abondance de ressources financières dans le secteur_privé, ce qui, là encore, a favorisé la croissance de marchés comme le marché des euromonnaies. Les emprunts qui ont été contractés par les pays_en_voie_de_développement sur ces marchés, selon les estimations approximatives dont on dispose, ont plus que doublé entre 1971 et 1972 et ils peuvent s'être élevés à quelque 8 milliards de dollars en 1972. *{p. 10} On ne sait pas encore quelles répercussions ces emprunts peuvent avoir. S'ils ont aidé à financer le déficit de la balance_des_paiements du pays emprunteur, ils peuvent avoir augmenté à l'excès le fardeau du service_de_la_dette. En moyenne, ces ressources ont été prêtées à des conditions relativement rigoureuses, c'est-à-dire aux taux_d'_intérêt du marché ou proches du marché, qui ont eux-mêmes été relevés par l'inflation et l'incertitude monétaire sur les marchés internationaux. Réajustements des taux_de_change. Il y a eu, une fois de plus, un certain nombre de réajustements monétaires importants pendant l'année passée. La livre sterling a continué à flotter. En février 1973, les États-unis ont déclaré leur intention de chercher l'approbation législative de la dévaluation du dollar pour la seconde fois en moins de deux ans, ce qui a provoqué des réajustements d'autres monnaies, particulièrement le yen et le deutsche mark. Si jusqu'à présent aucun indice certain n'a été relevé, il est cependant probable que l'instabilité et l'incertitude sur les marchés des changes, pendant l'hiver 1972-73, ont eu des effets néfastes sur le commerce mondial. Certains indices donnent à penser que les prix de certains produits se modifient en fonction des variations des taux_de_change. Mais il est probable qu'il faudra longtemps pour faire le bilan de tous ces changements, et leurs effets se confondront avec les effets d'événements ultérieurs. Avec le FMI, avec la Conférence des nations_unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) et d'autres organisations_internationales, la Banque s'efforce d'analyser les effets que les réajustements des taux_de_change et l'inflation dans les pays_industrialisés peuvent avoir sur ses pays_membres en voie de développement, c'est-à-dire sur leurs recettes d'exportation, leurs réserves, leur capacité d'importation, leur dette et le service de leur dette. Tout changement dans le coût réel pour chaque pays_en_voie_de_développement du service de sa dette extérieure provoqué par les modifications des prix dans le monde entier, est un problème qui présente une importance majeure pour la Banque. Le réajustement des taux_de_change modifie la valeur nominale de la dette extérieure. C'est seulement à titre purement comptable (au sens étroit du terme) que l'ensemble de la dette peut être libellée en dollars E:U: en fait, la dette est libellée dans près de quarante monnaies différentes. Il faut donc procéder à une analyse minutieuse et détaillée, pays par pays, pour découvrir dans quelle mesure le coût réel du service_de_la_dette a pu changer à la suite des réajustements des taux_de_change. Cette analyse doit aller au-delà des changements nominaux des taux_de_change et doit tenir compte de nombreux facteurs, tels que les courants commerciaux et les effets probables des changements de prix des marchandises mises sur le marché, qui influent non seulement sur les flux commerciaux mais aussi sur l'économie intérieure des pays. Ces analyses font partie de l'effort continu de la Banque pour évaluer les problèmes et conseiller ses pays_membres. Des statistiques sont régulièrement réunies par la Banque sur la valeur de la dette extérieure en cours de ses pays_membres emprunteurs. Ces données ont été révisées et converties en dollars E:U: aux taux_de_change en vigueur le 31 mars 1973 au lieu des taux appliqués au 31 décembre 1971. A la fin de 1971, la valeur en dollars de la dette extérieure de 81 pays_en_voie_de_développement s'élevait à 81 705,2 millions de dollars, aux taux_de_change de mars 1973, soit 3,1% de plus que la même dette évaluée aux taux_de_change de décembre 1971. Le Tableau 3, à la page 14, compare sous une forme résumée, la dette en cours convertie à chacun des réajustements des taux_de_change. Les nouveaux chiffres sont simplement le résultat de la multiplication par les nouveaux taux_de_change, de la dette en cours enregistrée. Toutes les conclusions que l'on peut tirer de ce tableau ne peuvent que donner une idée de ce qui peut arriver. Les taux_de_change eux-mêmes peuvent encore changer. Les taux_de_change de mars 1973 n'ont pas été fixés par un accord formel conclu dans le cadre du système monétaire international, comme ce fut le cas des parités fixées par les accords de bretton_woods ou des taux-pivots adoptés en décembre 1971. De plus, ces changements peuvent, dans une certaine mesure, être nominaux et n'entraîner ni pertes ni gains réels. C'est donc une tâche très complexe que de tirer des conclusions économiques significatives de ces chiffres. La hausse nominale de 3,1% de la valeur en dollars E:U: de toute la dette extérieure, à la suite du réajustement de mars 1973, est un peu inférieure à l'augmentation de 3,6% causée par le réajustement de décembre 1971. *{p. 11} La raison en est que la part la plus forte de la dette en cours, environ 50%, continue à être libellée en dollars E:U:, qui ont été dévalués alors que des parts relativement petites sont libellées dans des monnaies qui ont été réévaluées; quelque 4% sont libellées en yen japonais et moins de 10% en deutsche mark. Les régions où la dette en cours a le plus subi les effets du réajustement de mars 1973 sont l'Europe méridionale, l'Asie de l'Est et l'Afrique, et cela traduit bien l'importance relative dans ces pays des prêts remboursables en yen, en deutsche mark ou en autres monnaies qui ont été réévaluées. Par contre, le réajustement des taux_de_change n'a provoqué que des modifications nominales relativement faibles de la valeur de la dette des pays en Asie du Sud et au Moyen-orient où la plupart des fonds empruntés sont libellés en dollars E:U. Si l'on en vient aux sources des prêts, il semble que ce soient les institutions multilatérales qui aient le plus subi les effets nominaux du réajustement des taux_de_change, le contraire étant vrai dans le cas des prêteurs privés. Les prêts d'institutions multilatérales à des pays d'Asie de l'Est et de l'Europe méridionale ont augmenté et en même temps, les emprunts de ces institutions ont été concentrés dans les pays où les monnaies avaient été réévaluées. Les pays aux monnaies relativement fortes ont été à même de laisser la Banque emprunter sur leurs marchés financiers, et cela à des conditions qui lui permettaient de maintenir sans changement son propre taux_d'_intérêt. Comme les institutions multilatérales accordent des prêts libellés dans les monnaies dans lesquelles elles-mêmes empruntent, la valeur nominale de ces prêts exprimés en dollars E:U: de mars 1973 a augmenté. La dette extérieure. Le réajustement des taux_de_change a modifié la valeur nominale des dettes extérieures des pays_en_voie_de_développement, ce qui est la cause, nous l'avons déjà dit, d'une partie de leur croissance. C'est pourquoi, afin de concentrer l'analyse sur les modifications réelles plutôt que nominales de ces obligations, les données de 1971, examinées ici, sont exprimées en dollars E:U: de la fin de 1971. Durant l'année 1971, la dette publique extérieure non encore amortie de 81 pays_en_voie_de_développement avait augmenté de plus de 14%, au taux_de_change de décembre 1971 (voir le Tableau 4) ci-contre 1. Il est significatif que les tendances qui avaient été notées ces dernières années se soient accentuées: la part des prêts publics bilatéraux a encore diminué et les institutions multilatérales ont pris encore plus d'importance en tant que sources de prêts publics. La part combinée des institutions_publiques bilatérales et multilatérales dans l'augmentation totale a baissé en 1971, alors que, en même temps, s'accélérait la croissance déjà rapide des prêts d'origine privée. Les petits éléments - comme les banques d'affaires et autres prêteurs privés - ont augmenté leur part d'une façon spectaculaire, près de la moitié de l'augmentation de ces dernières années se faisant pendant la seule année 1971. *{p. 14} Comme les décaissements ne suivent normalement les engagements qu'après des intervalles de durées variables, et que les engagements eux-mêmes peuvent être modifiés ou annulés, leurs fluctuations ne concordent pas toujours dans le temps. Les modifications des engagements de prêts d'année en année sont passées d'une augmentation de plus de 24% en 1967 à une baisse de 0,2% en 1968. Les modifications des décaissements de prêts, d'une année sur l'autre, ont été moins inattendues. Les engagements de prêts ont augmenté de 22% en 1970 et sont restés à peu près au même niveau en 1971. A mesure que les engagements donnent lieu à des décaissements et que les paiements du service_de_la_dette commencent, il n'y a guère raison d'espérer une augmentation sensible du flux net des ressources financières vers les pays_en_voie_de_développement. L'augmentation du service_de_la_dette que doivent les pays_en_voie_de_développement et qui avait été notée dans le Rapport de l'année dernière, pourrait encore être accentuée par la hausse des taux_d'_intérêt et par le fait que les prêts privés augmentent plus que les prêts publics, tant bilatéraux que multilatéraux, dont les conditions sont en général plus favorables. Les changements dans les paiements du service_de_la_dette ont tendance à varier beaucoup d'une année sur l'autre. Si l'on considère la totalité des 81 pays, les paiements du service_de_la_dette ont augmenté de 18,2% en 1968, mais seulement de 11,8% en 1969. En 1970, ils sont à nouveau montés plus rapidement, de 16,3%, tandis que l'augmentation de 1971 est tombée à 12,6%. Mais, derrière ces chiffres globaux, il y a de grandes différences entre régions et pays. Les pays_en_voie_de_développement pour la plupart ne devraient pas avoir de peine à s'acquitter de leur dette; d'autres risquent de se heurter à des difficultés temporaires de temps à autre; sont relativement rares ceux qui ont besoin sur la longue période d'un allégement de leur dette. Mais, l'augmentation récente des engagements offerts à des conditions plus rigoureuses est peut-être l'avant-coureur de difficultés du service_de_la_dette plus généralisées. Pour les éviter, il faudrait, ou bien que les recettes d'exportation de ces pays augmentent plus rapidement, ou bien que l'aide soit accrue et assortie d'échéances plus lointaines et de taux_d'_intérêt plus faibles ou, mieux encore, que ces deux conditions soient réunies. *{p. 15} Les cinq dernières années. Le 1er avril 1973, M: Robert S: Mcnamara a commencé son deuxième mandat quinquennal de Président de la Banque, de l'IDA et de la SFI, et cela conformément à une résolution adoptée à l'unanimité en janvier 1972 par les Administrateurs. Il a été noté dans cette résolution, que le premier mandat de M: Mcnamara s'était caractérisé par une rapide augmentation des opérations du Groupe de la Banque dans le monde entier. La preuve en est d'ailleurs le succès du programme quinquennal 1969-73 dont le Président avait indiqué les objectifs dans son discours au Conseil des gouverneurs en septembre 1968. Les résultats montrent que tous les objectifs du programme ont été atteints et que certains ont été largement dépassés. Il convient de rappeler que ces objectifs consistaient à: - doubler le total des prêts de la Banque et de l'IDA dans le monde entier; ce total a augmenté de 128%; - tripler les prêts à l'Afrique; ils ont augmenté de 214%; - doubler les prêts en amérique_latine; leur volume a monté de 128%; - quadrupler les prêts à l'agriculture; ils se sont accrus de 317%; - tripler les prêts à l'éducation; ils ont augmenté de 362%. Une comparaison des deux périodes quinquennales fait apparaître que les prêts consentis aux pays_en_voie_de_développement d'Asie ont augmenté de 123%. La hausse comparable dans le cas des pays_en_voie_de_développement d'Europe et du Moyen-orient est de 225%. Le diagramme de la page 18 fait ressortir l'effort spécial que la Banque et l'IDA ont fait pour venir en aide à leurs pays_membres les plus pauvres et "les moins développés". Il montre que le volume des prêts à ces pays a augmenté plus vite que le total et le nombre des opérations de prêts a monté encore plus rapidement. L'augmentation des opérations dans les pays les plus pauvres et "les moins développés" a été rendue possible dans une large mesure par la croissance des ressources de l'IDA. Mais la Banque, elle aussi, a changé l'orientation de ses prêts, non pas vers les pays les plus pauvres, mais vers les pays à revenu moyen et aux plus pauvres parmi ces derniers. Le tableau ci-contre en montre bien la tendance, les pays emprunteurs ayant été groupés en catégories correspondant à leur PNB par habitant. Les modifications qualitatives des activités de la Banque ne présentent pas moins d'importance que les augmentations du volume de l'aide. Pour la Banque, le processus de développement se présente maintenant sous une optique beaucoup plus globale. Le développement_économique reste la préoccupation majeure de la Banque, mais elle estime qu'il est nécessaire en même temps de favoriser le développement social qui est indispensable pour stimuler la croissance_économique. Elle accorde beaucoup plus d'attention aux aspects sociaux de la croissance_économique, c'est-à-dire à la population, à l'emploi, à la répartition des revenus, à la santé, aux carences nutritives et à l'effet sur l'environnement. De plus en plus, l'aide est fournie en fonction d'une étude globale de l'économie d'un pays ou de secteurs particuliers de l'économie et ceci en vue de garantir que les pays qui ont le plus besoin d'aide en bénéficieront le plus. Cette optique plus globale a entraîné une diversification marquée des activités de la Banque. Elle se manifeste dans le soutien donné à des projets dans des secteurs nouveaux tels que la planification démographique et l'urbanisation. Dans le même ordre d'idée, de nouveaux types de projets sont exécutés dans des secteurs traditionnels tels que l'agriculture, les transports ou l'industrie. Dans chaque cas, on cherche à innover et à faire preuve de souplesse dans la manière dont on entend satisfaire les besoins particuliers du pays ou de la population intéressés. *{p. 16} Une approche intégrée. Cette manière plus générale d'envisager les choses a fait que la Banque apporte de plus en plus son aide à des projets qui, ne se limitant plus à un objectif particulier, englobent des activités très diverses auxquelles participent souvent plusieurs secteurs. L'approche intégrée vise à rassembler dans une même action des efforts s'étayant les uns les autres, ce qui garantira que l'aide apportée aura les effets les plus bénéfiques pour le pays, la région ou le secteur. On a attaché plus d'importance à des types de projets qui peuvent contribuer à répartir plus largement les avantages du développement, surtout parmi les couches pauvres de la société. Cette nouvelle orientation est fondée sur la conviction que le développement n'est pas fait pour des projets mais pour des personnes. Le développement ne saurait avoir de sens s'il n'apporte pas une vie meilleure et plus productive à la masse des classes démunies des pays pauvres. C'est dans l'agriculture que le volume des prêts a augmenté le plus rapidement et ce fort accroissement s'est accompagné d'un changement très net dans la répartition des prêts. Pendant les premières années d'existence de la Banque, l'accent était mis sur l'infrastructure de l'irrigation, construction de barrages et de canaux par exemple, mais, au fil des ans, on s'est attaché davantage à financer les activités agricoles par la fourniture de crédit et de services techniques. Ces cinq dernières années, cette optique nouvelle s'est accentuée. La Banque s'est davantage engagée dans des projets tels que l'emmagasinage des céréales, la commercialisation, la multiplication des semences, l'exploitation des forêts et les pêches. L'importance attachée à la recherche agricole s'est traduite par l'exécution de projets dans ce domaine et par l'aide apportée aux institutions_internationales de recherche. Un grand nombre de projets agricoles qui ont bénéficié de l'aide de la Banque ces dernières années offrent un exemple de cette approche plus globale. Certes, cette orientation vers des projets intégrés qui comportent des éléments non agricoles n'est pas tout à fait nouvelle, mais le nombre et la portée des projets de cette sorte a augmenté. Les projets de développement_rural ou de développement intégré des petites exploitations récemment exécutés, sont de plus en plus axés sur le développement d'une région géographique à fort potentiel de développement et dont la superficie est raisonnable. Il s'agit non pas simplement d'augmenter la production agricole en fournissant des facteurs de production tels que le crédit, des semences ou des engrais ou par la mise en place d'une infrastructure sous forme de construction de routes, et de marchés, et par des mesures de conservation des sols; il s'agit aussi de contribuer à l'amélioration de la qualité_de_la_vie des populations de cette région en fournissant aussi des moyens d'enseignement, l'eau courante à domicile, des services_de_santé ou autres services_sociaux. *{p. 17} A mesure que l'ampleur des projets dans l'agriculture s'accroissait, d'autres activités ont été lancées en faveur du développement des zones rurales. De nombreux projets éducatifs ont été conçus pour venir en aide aux populations des campagnes; on a créé des collèges d'agriculture, des écoles secondaires, des centres de formation ou des unités mobiles d'enseignement. Dans le secteur des transports on a accru, le nombre des projets de voies de desserte des zones rurales. De même, mais à un moindre degré, les prêts pour l'énergie sont destinés au développement_rural. Bien que la Banque n'ait pas apporté une aide massive à l'électrification des villages en tant que telle, des projets énergétiques comportent maintenant certains éléments d'électrification expérimentale des villages pour vérifier s'il est justifié de s'engager davantage dans l'exécution de projets de ce genre. *{p. 18} *{fin de section} L'aide à l'industrie. Les prêts de la Banque pour l'industrie ces dernières années ont présenté un certain nombre de caractéristiques nouvelles. Tout d'abord, le niveau des prêts directs à l'industrie a beaucoup augmenté et notamment l'aide aux entreprises industrielles appartenant à l'État qui a débuté en 1967. En réalité, quatre seulement des 21 projets industriels financés en 1969-73 appartenaient au secteur_privé. C'est là un changement de politique approuvé il y a quelques années par les Administrateurs qui ont décidé que la Banque accepterait d'envisager de fournir des capitaux aux entreprises industrielles publiques si elle avait l'assurance que la gestion était faite par des directeurs expérimentés et efficaces. Deuxièmement, de nouvelles dimensions ont été introduites dans les travaux de la Banque pour ce qui est des industries "lourdes" traditionnelles. *{p. 22} Les projets dans des secteurs tels que les mines, la sidérurgie, les engrais, la pâte et le papier sont évalués en fonction de l'organisation optimale du développement national et international. La Banque tend à s'engager plus tôt qu'elle ne l'avait fait jusqu'ici dans la préparation des projets et elle veille en même temps à ce que les effets de ces industries sur l'environnement soient des industries sur l'environnement soient évalués régulièrement afin que les clauses de sauvegarde appropriées soient incorporées dans les projets. Troisièmement, afin de renforcer son aide au développement de l'agriculture, la Banque apporte beaucoup d'attention aux projets de production d'engrais en Inde, en Indonésie, au Pakistan et en Turquie. Elle prend en considération un nombre croissant de projets dans ce domaine et dans d'autres du même ordre. La Banque augmente aussi le financement des petites industries ergatiques et d'autres industries qui sont essentiellement axées sur. les exportations. Enfin, elle se préoccupe de plus en plus des répercussions que le développement des entreprises industrielles peut avoir sur l'emploi et les objectifs sociaux. Mais ce qu'il y a de plus marquant est que l'aide de la Banque aux sociétés financières de développement (SFD) a beaucoup augmenté. Dans de nombreux pays les SFD jouent un rôle qui va au-delà d'une simple fourniture de capitaux; elles peuvent contribuer à créer des marchés de capitaux dans les pays et aussi à stimuler chez les ressortissants de ces pays l'esprit d'entreprise et l'acquisition des techniques appropriées. C'est l'ensemble d'un pays qui profite des avantages qu'offrent leurs activités, concentrées sur les entreprises beaucoup trop petites pour pouvoir justifier de prêts directs de la Banque. Ces dernières années, la Banque a aidé les SFD à mettre au point des politiques et des procédures leur permettant de faire face à la demande croissante dans les pays_en_voie_de_développement de capitaux pour l'industrie et le tourisme. On a cherché à créer plusieurs types nouveaux de SFD et on s'attache davantage à parvenir à l'équilibre voulu entre les objectifs de développement et les objectifs financiers de ces établissements. Les SFD publiques. Jusqu'à 1968, seules les SFD du secteur_privé avaient droit de recevoir une aide du Groupe de la Banque. C'est cette année-là que la politique a été modifiée afin de permettre à la Banque et à l'IDA d'apporter leur aide aux SFD publiques. De ce fait, sur les 47 SFD qui bénéficient actuellement de cette aide du Groupe de la Banque, l'État est majoritaire dans 16 d'entre elles. Une autre caractéristique qui a marqué les activités des cinq dernières années est que le Groupe de la Banque vient en aide à des institutions régionales de développement, notamment la SIFIDA (pour l'Afrique), l'ADELA (pour l'amérique_latine) et la Banque de Développement d'Afrique orientale, D'autres propositions d'aide à des SFD régionales sont à l'examen. La Banque a commencé à aider les activités des SFD dont la raison_d'_être est spécifiquement de contribuer au développement des secteurs autres que l'industrie manufacturière ou d'aider certains types de projets dans le secteur manufacturier. Un exemple du premier cas que nous venons de citer est le Crédit immobilier et hôtelier (CIH) au Maroc, société qui a été créée spécialement pour développer le tourisme et la construction de logements. Au Mexique, la Banque est venue en aide au FMI pour l'équipement industriel qui a été constitué en 1971 par le gouvernement essentiellement pour faciliter le financement des entreprises industrielles moyennes produisant pour l'exportation. *{p. 23} C'est aussi par l'intermédiaire des SFD que l'on a commencé à fournir une aide aux petites industries; c'est à cela que servent par exemple, les State Financial Corporations en Inde. Ces industries peuvent beaucoup contribuer à développer l'emploi et à faire naître l'esprit d'entreprise. Leur production et leurs techniques sont souvent particulièrement adaptées aux circonstances des pays_en_voie_de_développement et l'on s'attend donc que l'on augmente l'aide qui leur est donnée. Les efforts faits pour accroître la contribution que les SFD apportent au développement ne se sont pas bornés toutefois à des innovations institutionnelles. La Banque a encouragé les SFD à utiliser les critères économiques du coût/bénéfice non pas en tant que remplacement de l'évaluation financière et technique mais plutôt en tant que complément nécessaire des autres formes d'évaluation des projets. Un autre objectif a été d'amener les SFD à augmenter leurs activités promotionnelles, en particulier en cherchant les possibilités d'investissements justifiés dans les parties moins développées du pays qu'elles desservent. En Turquie par exemple, la proportion des prêts approuvés par la Turkiye Sinai Kalkinma Bankasi qui bénéficient de l'aide de la Banque pour les entreprises dans des régions moins développées du pays est passée de moins de 20% pendant les trois années 1968 à 1970 à environ 45% depuis cette dernière année. Les critères de base qu'applique le Groupe de la Banque à l'égard des SFD découlent toujours de l'idée qu'il faut constituer des institutions qui puissent appliquer des techniques rationnelles dans le choix des projets. faire preuve d'innovation dans l'aide qu'elles apportent aux secteurs et appliquer des normes financières qui garantissent que leurs activités continueront à être rentables. Comme les SFD s'engagent dans des travaux plus complexes, la Banque a l'intention de les aider à mettre au point de nouveaux moyens de renforcer l'effet de leurs activités sur le développement sans que cela nuise à leurs responsabilités financières. Dans le secteur des transports, comme dans d'autres, la Banque applique une méthode intégrée dans sa recherche de solutions à leurs problèmes. Cela l'a amenée à apporter davantage d'aide à des sous-secteurs tels que les transports urbains, l'aviation, les transports maritimes, les oléoducs et les voies de desserte. C'est aussi sous cet angle qu'elle aborde les projets et c'est pourquoi ces dernières portent sur des problèmes de politique_économique, notamment la fixation des prix, les impôts, la réglementation, la réforme administrative, la coordination et la rationalisation des transports, tout autant que sur les moyens matériels. En même temps, des recherches sont en cours d'exécution pour trouver comment les projets de transport peuvent stimuler de nouvelles activités économiques et en même temps améliorer la distribution des revenus et non plus se borner simplement à satisfaire la demande. Ces travaux en sont encore au stade embryonnaire mais ils vont comporter un certain nombre d'études, qui porteront, par exemple, sur la contribution des voies de desserte au développement_rural, sur la mesure dans laquelle le tracé des routes et le remplacement du matériel par de la main-d'_oeuvre dans les travaux de génie civil peuvent créer des emplois et accroître les rendements et comment il peut être possible de lancer et de développer une industrie de la construction civile dans le pays. Un prêt routier qui vient d'être accordé au Liberia comporte l'octroi de fonds destinés à aider les petits entrepreneurs libériens à participer à ce projet. *{p. 24} *{fin de section} Assistance technique et autres activités. Assistance technique. Fournir une assistance technique à ses pays_membres fait partie intégrante des activités de la Banque. Son importance et la diversité de ses formes ne cessent d'augmenter. Dans le vocabulaire de la Banque "l'assistance technique" est un concept global. Elle peut porter sur le préinvestissement, c'est-à-dire, par exemple, qu'elle aide à déterminer ou à préparer un projet ou encore à en évaluer les possibilités de réalisation - elle peut aussi consister à analyser un secteur particulier de l'économie et à déterminer, à l'intérieur de ce secteur, quels sont les projets qui méritent d'être exécutés en priorité. L'assistance technique peut aussi être fournie au stade de l'investissement. Dans ce cas elle peut être facilement chiffrée, lorsqu'il s'agit par exemple du coût des services de consultants ou de la formation de personnel local - il se peut aussi qu'aucune notion comptable ne puisse lui être appliquée, ce qui est le cas lorsque la Banque suggère les améliorations à apporter à la conception d'un projet pour le rendre plus efficace. Enfin, l'assistance technique peut n'avoir aucun lien direct ou immédiat avec un projet ou programme spécifique - un exemple en est les conseils que la Banque fournit à la demande d'un pays sur l'organisation de ses services et procédures de planification. Pendant l'exercice 1973, sur le total de 2,218 millions de dollars de prêts et de crédits qui comportaient un élément d'assistance technique de 87,3 millions de dollars, 25,3 millions ont été consacrés aux études de justification économique, 48,8 millions aux services d'experts et de consultants et 13,2 millions à la formation à l'étranger. La Banque fournit aussi de l'assistance technique en sa qualité d'organe d'exécution d'un grand nombre de projets financés par le Programme des nations_unies pour le Développement (PNUD). Au niveau tant du siège des deux institutions que des opérations sur le terrain, la réorganisation de la Banque dans le sens d'une structure par bureaux régionaux a resserré les contacts qu'elle a avec le PNUD qui lui aussi a remanié son organisation en 1971. Pendant l'exercice 1973, la Banque a servi d'organe d'exécution de neuf projets nouveaux pour lesquels le PNUD a alloué un montant total de 3,1 millions de dollars. Comme ce fut le cas dans d'autres années, la moitié environ des nouveaux projets pour lesquels la Banque a servi d'agent d'exécution ont porté sur les transports. Mais les projets d'aide à la planification globale se sont accrus - l'un de ces projets a été mis en train en Jordanie et la préparation se poursuit pour les deux autres qui devraient être mis en route dans les quelques mois à venir en Afghanistan et au Soudan. L'aide fournie pour améliorer la gestion des sociétés financières de développement (SFD) a pris aussi plus d'importance: des projets en Afghanistan, au Nigeria et au Kenya ont été approuvés pendant l'exercice ou le seront probablement peu après sa clôture. Lors de l'exécution de projets du PNUD nécessitant une assistance en matière de gestion et de planification, la Banque a davantage recours à des experts recrutés ou nommés à titre individuel et fait moins appel aux équipes fournies sous contrat par des bureaux d'experts-conseil. L'Institut de développement_économique. L'Institut de développement_économique (IDE) continue à accroître et diversifier les cours qu'il dispense pour la formation des fonctionnaires de niveaux moyen et supérieur qui sont chargés des programmes et projets de développement. Depuis sa création en 1955, plus de 1 750 fonctionnaires ont obtenu le diplôme de l'Institut. *{p. 82} La plupart ont suivi les cours donnés par l'Institut à Washington, mais pendant l'exercice 1973 une nouvelle catégorie de diplômés d'outre-mer a été créée pour tenir compte de l'importance croissante des cours que l'IDE offre aux pays_membres, Pendant l'exercice, dix cours ont été donnés à Washington et 250 participants ont obtenu le diplôme, tandis que dans d'autres pays, l'Institut organisait sous son égide ou soutenait neuf cours que plus de 200 fonctionnaires ont suivis. La demande de cours d'organisation de projets s'est très rapidement accrue et ils représentent la majeure partie des activités de l'Institut. La plupart des cours d'organisation de projets pendant l'exercice 1973 ont porté sur l'industrie, l'agriculture, l'enseignement et les transports, tous sujets qui avaient déjà été traités à l'Institut. Mais trois cours étaient nouveaux: un cours sur l'aménagement rationnel de l'urbanisation, un autre sur l'approvisionnement en eau et l'évacuation des eaux usées et un cycle d'étude sur les techniques économétriques d'analyse dans le secteur de l'agriculture. Un cours général sur les projets a été donné en français et un cours sur L'éducation et deux sur l'agriculture ont été dispensés en espagnol. Les activités dans les autres pays ont été des cours régionaux (ouverts aux participants de plusieurs pays) et des cours nationaux (ouverts aux participants d'un seul pays). Un cours régional sur la participation des banques au développement à l'intention de participants venus d'Afrique et d'Asie a été organisé à Bombay de concert avec le Collège de formation des banquiers de la Reserve Bank of India. L'IDE a apporté son aide à un autre cours sur la participation des banques au développement donné par l'Institut asiatique de développement et de planification économique à Bangkok. Un cours régional portant sur les projets agricoles a été organisé à l'intention de participants d'amérique_latine en association avec le gouvernement du Paraguay. L'Institut a également apporté son appui à un cours d'agriculture organisé à l'intention de participants iraniens et afghans par le Fonds iranien pour le développement de l'agriculture. Pour ce qui est des cours nationaux, un cours général sur les projets, organisé sous la double égide de l'Agence nationale pour la planification du développement et de l'Université d'Indonésie, a été donné à l'intention des professeurs des universités indonésiennes. En coopération avec la Fondation allemande d'aide aux pays_en_voie_de_développement, un cours sur les projets agricoles a été organisé pour les agents détachés sur le terrain par le Ministère fédéral de la coopération économique. L'IDE a aussi apporté son aide à deux cours sur les projets industriels donnés au Centre des Études Internationales de l'Université de Belgrade et à un cours général sur le développement organisé au Centre du développement_international du Japon. Les cours donnés en Allemagne et au Japon ont été suivis par des fonctionnaires et des techniciens qui participent aux programmes_d'_aide aux pays étrangers. L'Institut, soucieux de l'avenir, essaie de faire face à une demande de formation qui croît rapidement en s'associant avec les institutions et les gouvernements de pays_membres. De cette façon, l'IDE et d'autres institutions travaillant dans les mêmes domaines, peuvent mettre en commun leurs ressources pédagogiques, administratives et financières afin de dispenser à davantage d'étudiants un meilleur enseignement à des coûts unitaires plus bas. Pendant l'exercice 1974, l'IDE se joindra à la Banque Africaine de Développement, à la Commission Économique pour l'Afrique et à l'Institut africain pour le développement et la planification économiques pour organiser à Abidjan deux cours régionaux sur les projets. L'Université d'Ibadan, dans le cadre de son programme_d'_études de la planification, organisera six cours à l'intention de fonctionnaires du gouvernement nigérian chargés de la planification; l'IDE y contribuera par l'enseignement des techniques d'analyse des projets et de programmation. En Asie, l'Institut a commencé à travailler en collaboration avec l'Institut de l'économie du développement du Bangladesh et continuera d'apporter son soutien aux programmes organises en Indonésie, au Japon et à l'Institut asiatique de développement et de planification économiques. En Europe et au Moyen-orient, l'IDE donnera un cours sur les projets agricoles en coopération avec le Gouvernement irakien et continuera à apporter son aide au programme de formation organisé au Centre d'Études Internationales de l'Université de Belgrade. En amérique_latine, le premier cours régional sur les transports dispensé en langue espagnole sera donné en coopération avec le Centre de formation pour le développement_économique du Ministère brésilien de la Planification et de la Coordination générale. *{p. 83} Dix cours seront organisés à Washington. Il y aura notamment trois nouveaux cours - des cours sur les projets industriels donnés en français et en espagnol, et un groupe d'études sur la politique des transports. Les cours seront de plus en plus dispensés dans des langues autres que l'anglais: on prévoit que deux cours seront donnés en français et trois en espagnol. Coordination de l'aide. Depuis de nombreuses années la Banque participe à des arrangements conclus pour coordonner l'aide au développement que diverses sources fournissent à des pays ou à des institutions d'une communauté économique. Chacun de ces arrangements fournit le cadre d'une évaluation du potentiel de développement d'un pays_en_voie_de_développement, des résultats qu'il a obtenus et de l'aide dont il a besoin; on peut alors déterminer ses besoins prioritaires et tenir compte de la nature et des conditions de l'aide convenant aux circonstances particulières du pays. La Banque a servi d'organisateur et de président de la plupart des groupes de coordination de l'aide, mais elle participe aussi, en fournissant éventuellement du personnel de secrétariat, à certains organismes de coordination créés et présidés par une autre institution_internationale ou par un gouvernement. Dans un cas, elle a succédé à la présidence d'un groupe créé initialement sous l'égide d'une autre organisation. La procédure typique d'une réunion d'un tel groupe est que les membres sont saisis d'un rapport préparé par la Banque sur la situation économique, la dette extérieure et les besoins d'assistance du pays en cause. Ils examinent les progrès et les perspectives de l'économie du pays. La délégation du pays rend compte des résultats obtenus ces dernières années et de la politique que son gouvernement entend appliquer pour stimuler le développement de l'économie. Dans la mesure où ils le peuvent, les membres du groupe indiquent le genre, le montant et les conditions de l'aide qu'ils pensent pouvoir apporter. Pendant l'exercice, dix des groupes de coordination présidés par la Banque ont tenu des réunions officielles. Ce furent les groupes d'aide à l'Afrique de l'Est (Tanzanie), à la Colombie, à l'Inde, au Pakistan, au Pérou, aux Philippines, à la République de Corée, au Sri Lanka, à la Thaïlande et à la Tunisie. De plus, la Banque a fourni du personnel pour deux réunions du Groupe intergouvernemental d'aide à l'Indonésie, présidé par le gouvernement des Pays-bas et pour le Consortium d'aide à la Turquie, qui se réunit sous les auspices de l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE). La Banque a été représentée à une réunion de gouvernements qui ont marqué leur intention de fournir une aide pour le développement du Bangladesh; la réunion avait été convoquée par le gouvernement du Bangladesh. Pendant l'exercice, on s'est préoccupé, grâce surtout à l'intervention du Comité d'Aide au Développement (CAD) de l'OCDE, de la coordination de l'aide aux 25 pays désignés comme étant "les moins développés" par l'assemblée_générale des nations_unies. Pour quatre des 21 pays de cette catégorie qui sont membres du Groupe de la Banque (Éthiopie, Ouganda, Soudan et Tanzanie), la Banque dirige des groupes consultatifs. Dans le cas de huit autres (Burundi, Dahomey, Haute-volta, Mali, Niger, Rwanda, Somalie et Tchad), la coordination se fait au moyen de fréquentes consultations avec le Fonds Européen de Développement, le Représentant Résident du PNUD et la Banque Africaine de Développement. La Banque, en contact étroit avec le Fonds du Koweït pour le développement_économique des pays arabes, cherche des solutions aux problèmes de développement de la République arabe du Yémen. Pendant l'exercice, la Banque a participé à un effort expérimental de coordination de l'aide à la suite d'une démarche du Conseil directeur du PNUD qui demande que des propositions d'action en faveur des pays "les moins développés" lui soient soumises en janvier 1973. L'expérience a porté sur six pays: Afghanistan, Haïti, Haute-volta, Lesotho, République arabe du Yémen et Rwanda. Le PNUD a décidé de compléter les fonds de ses programmes réguliers pour les pays "les moins développés" par l'apport de ressources additionnelles d'un montant total de 35 millions de dollars entre 1973 et 1976. La Banque a travaillé avec le PNUD à la mise au point de projets qui pourraient bénéficier de ces fonds. *{p. 84} *{fin de section} Le problème des produits de base. Pour la plupart des pays_en_voie_de_développement membres de la Banque, les perspectives de croissance de leur économie sont essentiellement fonction des tendances de la production et de la commercialisation des produits primaires, agricoles et minéraux. La Banque étudie donc constamment la situation actuelle et les perspectives pour l'avenir d'une quarantaine de produits primaires qui composent en majeure partie les exportations des pays_en_voie_de_développement; cette étude constante la guide dans le choix de ses politiques de prêts et dans l'évaluation des problèmes, des perspectives et de la solvabilité des pays emprunteurs. Pendant l'exercice, les Administrateurs ont été saisis d'un document intitulé: "Politique de développement à l'égard des pays fortement tributaires de leur exportations de produits de base". Deux besoins fondamentaux se sont dégagés de l'analyse. La première conclusion est que beaucoup de ces pays doivent diversifier leurs activités, les orientant vers les productions où les perspectives de la demande sont plus favorables. En second lieu, il est nécessaire que les produits agricoles, les produits primaires transformés et les articles de fabrication simple qu'exportent les pays_en_voie_de_développement aient davantage accès aux grands marchés mondiaux. Les Administrateurs ont été d'avis que la Banque pouvait jouer un rôle important en aidant les pays_en_voie_de_développement à diversifier leurs économies et à tirer parti des possibilités économiques plus favorables qui leur étaient offertes. Les petits pays pauvres au marché intérieur exigu se trouvent dans une situation particulièrement difficile du fait que leur économie repose essentiellement sur l'exportation de produits primaires qui ne trouvent guère de débouchés à l'extérieur. Les Administrateurs ont donc approuvé la recommandation du Président selon laquelle la Banque, dans ses programmes de prêts et d'assistance technique, devrait en règle générale: - ne financer une production accrue de produits primaires se heurtant à une demande inélastique qu'en faveur des pays dont la gamme des produits exportables est étroite afin de réduire au minimum les répercussions défavorables sur les prix dans d'autres pays exportateurs; - aider davantage les pays "les moins développés" à évaluer les avantages_comparatifs et à formuler leur politique d'industrialisation; - accroître l'aide à la recherche sur la production, la commercialisation et les utilisations finales des produits agricoles; - contribuer davantage à stimuler l'intégration économique des pays_en_voie_de_développement et leurs échanges réciproques; - consacrer plus d'attention dans ses enquêtes économiques par pays, aux politiques d'exportation; de même elle devrait étudier de plus près dans son analyse des projets les possibilités d'exportation qu'ont ces pays. Les études analytiques des produits que fait la Banque consistent de plus en plus à examiner les problèmes des politiques d'investissement. Les Administrateurs ont été saisis de trois documents: "Market Prospects for Rice: Framework for Commodity Lending in 1973-74", "The International Tea Market: Review and Outlook for Bank Lending in 1973-74" et "Sugar: A Reappraisal of Investment Policies for Developing Countries". Ces documents analysaient la situation et les perspectives du marché sous l'angle des principes que la Banque devrait appliquer à l'avenir lors de l'octroi de prêts pour ces productions. Les documents traitant du riz et du sucre concluaient à la nécessité d'accroître la production dans les pays_en_voie_de_développement, alors que celui consacré au thé préconisait l'adoption d'une politique très sélective à l'égard des nouveaux investissements. Dans leur analyse du document sur le sucre, les Administrateurs ont été en général d'accord pour penser que la Banque devrait financer la production de sucre lorsqu'un avantage_comparatif du pays le justifiait. *{p. 88} Ils ont noté qu'il était difficile de prédire quelles seraient l'offre et la demande à moyen et long_terme et que les marchés du sucre avaient toujours été caractérisés par de brusques fluctuations des prix. Ils ont donc été d'avis que la Banque devrait continuer à surveiller de près les perspectives du marché. La Banque attache davantage d'attention aux nouvelles possibilités de stimuler les exportations des pays_en_voie_de_développement. Par exemple, un document de travail préparé par les services de la Banque sur le "Tropical Hardvvood Trade in the Asia-pacific Region" conclut que l'exportation systématique des ressources en feuillus tropicaux devrait beaucoup contribuer au développement_économique de l'Indonésie, de la Malaisie et des Philippines. Le travail du bois offre à ces pays d'autres avantages en ce qu'il s'agit d'une activité ergatique qui permettrait une industrialisation de régions éloignées utilisant des ressources disponibles sur place. Une étude analogue sur l'Afrique de l'Ouest est en cours de préparation, que l'on se propose de suivre par une analyse des possibilités de mise en valeur des ressources forestières considérables de l'amérique_latine et de la région des Caraïbes. La Banque a engagé des consultations avec d'autres institutions_internationales en vue de déterminer et d'étudier les perspectives du marché pour de nouveaux produits susceptibles de développer les exportations. Les études approfondies que l'on envisage porteront probablement sur la viande et les légumes. *{fin de section} Recherche et études économiques. Le programme de recherche économique du Groupe de la Banque fait apparaître la grande diversité des problèmes_sociaux et économiques auxquels il entend trouver des solutions. Ce programme apporte une contribution non négligeable aux analyses générales de l'économie d'un pays et aux analyses plus limitées d'un secteur ou d'un projet en fournissant les données de fait, la base conceptuelle et les techniques analytiques indispensables. Ce programme vise aussi à donner systématiquement une meilleure compréhension des problèmes et des processus de base du développement. La recherche est menée de plus en plus en collaboration avec les instituts nationaux de recherche dans les pays_membres afin de développer les échanges d'idées et de données d'expérience et de concentrer les efforts sur les problèmes les plus importants. *{p. 89} Le programme comporte actuellement plus de 50 études sur des sujets très divers: planification économique, distribution des revenus, agriculture et développement_des_régions rurales, commerce, finances internationales, industrie, éducation, main-d'_oeuvre et chômage, urbanisation, développement_régional, transports, services_publics et institutions_financières. Le programme vise à satisfaire les besoins prioritaires en matière de recherche dans chacun de ces domaines, l'accent étant mis spécialement sur la distribution des revenus, l'emploi, le développement_des_régions rurales, l'urbanisation et le développement_régional. Sur ces sujets plusieurs études viennent d'être entreprises et d'autres sont en cours de préparation. Elles sont conçues pour aider de diverses manières à la formulation de politiques et à l'exécution d'opérations. Elles rassemblent et interprètent des données de base, analysent l'effet des instruments de ces politiques dans des situations d'équilibre général et partiel, évaluent les programmes et les projets de pays_membres et suggèrent les moyens d'incorporer des objectifs autres que la croissance_économique lors de la conception des opérations du Groupe. Parmi les études actuellement en cours, l'une constitue une analyse approfondie des résultats de 13 projets de développement_rural, dont certains sont en partie financés par le Groupe de la Banque, au Cameroun, en Éthiopie, au Kenya, au Malawi, au Mali, au Nigeria et en Tanzanie. Ces projets portent sur des aspects tels que les petites exploitations agricoles, les zones de parcours du bétail, l'industrie rurale et les systèmes de crédit. D'autres études ont trait au développement du secteur rural et ont pour but d'évaluer les effets de projets de construction de voies de desserte en République arabe du Yémen et en Éthiopie, de l'électrification de villages en El Salvador et de travaux_publics ruraux dans plusieurs pays_membres. Le programme comporte de nombreuses activités de recherche sur les politiques_commerciales et industrielles et sur la planification économique dans les pays_en_voie_de_développement. On étudie notamment les choix à faire entre divers systèmes de, stimulants économiques (tels que tarifs douaniers, contingentements et octroi préférentiel de crédits), les pourcentages d'utilisation de la capacité de production industrielle et la planification industrielle. Un volume intitulé "Multi-level Planning: Case Studies in Mexico" (La planification à plusieurs niveaux, études de cas au Mexique), préparé par Alan Manne et Louis Goreux, vient d'être publié. Une autre étude vise à évaluer, sur la base de l'expérience acquise, l'utilité de modèles de planification de l'économie dans son ensemble. Elle consistera en une série de documents analytiques composés selon un même plan, portant sur des problèmes de planification particuliers, dans des domaines tels que l'emploi, le commerce, la régionalisation et une approche uniforme des problèmes des divers secteurs. Cette enquête aidera la Banque et ses pays_membres à mettre au point des méthodes et techniques nouvelles d'analyse économique de pays. Plusieurs études des politiques en matière d'enseignement sont actuellement en préparation. Les sujets traités sont l'interaction des politiques d'enseignement et des marchés du travail, les méthodes de financement de l'éducation et la conception des projets d'enseignement dans les campagnes. Une étude des diverses techniques d'acquisition des connaissances dans la formation_professionnelle recherche les circonstances dans lesquelles les programmes de formation parascolaires organisés par l'industrie dans les pays_en_voie_de_développement peuvent être préférables aux programmes de formation dans les établissements d'enseignement. Les études se poursuivent sur les normes de construction des routes et la possibilité de remplacement de la main-d'_oeuvre par l'équipement (ou vice versa) dans la construction de routes et les travaux_publics. Ces études ont pour objet de fournir les données indispensables à la planification des réseaux routiers et des travaux_publics; de nombreux pays_membres y portent grand intérêt. La Banque envisage de développer encore ces études. Les études entreprises dans le cadre de ce programme sont décrites dans un rapport intitulé "World Bank Group Research Program", qui a paru pour la première fois en septembre 1972 et sera publié chaque année. Un grand nombre des études de la Banque sont publiées sous la forme de "Documents de travail". Quelques monographies sont publiées par la Johns Hopkins University Press dans la série "World Bank Staff Occasional Papers". La liste des études et publications de la Banque paraît annuellement dans le "World Bank Catalog". Le Groupe de la Banque s'est beaucoup préoccupé de diffuser plus largement les résultats de ses recherches. Une réunion internationale des Directeurs d'Instituts de recherche et de formation pour le développement a été organisée sous les auspices de la Banque et de l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques -elle a eu lieu en septembre 1972 à Belgrade et avait pour objet de créer des contacts entre ces instituts et de faciliter leur collaboration. A la suite de cette réunion, il a été décidé d'organiser un programme d'échanges systématiques de documents sur la recherche avec les centres de recherche pour le développement.