*{Rapport annuel, 1975, Banque mondiale} Résumé des activités de la Banque dans le contexte général de l'exercice. Pendant l'exercice 1975, le volume des capitaux prêtés par le Groupe de la banque_mondiale aux nations membres en développement a beaucoup augmenté. Les engagements de prêts et d'investissements ont totalisé 6,108 millions de dollars, soit 1,591 millions de plus que pendant l'exercice 1974, où l'on avait pourtant enregistré des résultats sans précédent. Pendant l'exercice 1975, les prêts accordés par la Banque se sont montés à 4,319,7 millions de dollars contre 3,218 millions de dollars pendant l'exercice 1974. En termes absolus l'augmentation a été de 34% - en termes réels (dollars 1974), la hausse a atteint 25%. Les engagements de l'Association Internationale de Développement (IDA) se sont établis à 1,576,2 millions de dollars contre 1,095 millions de dollars l'année d'avant, une augmentation de 44%; en termes réels ces engagements se sont accrus de 34% par rapport à l'exercice 1974. Les engagements de la Société Financière Internationale (SFI) ont atteint 211,7 millions de dollars (le Rapport annuel de la SFI donne de plus amples détails sur ses activités). De plus, la Banque a accordé à la SFI un prêt de 50 millions de dollars. Le revenu net de la Banque (275 millions de dollars), ses emprunts (3,510 millions de dollars) et ses décaissements (3,021 millions de dollars, si l'on inclut ceux de 1'IDA) ont aussi dépassé tous ceux des années précédentes. (On trouvera de plus amples détails au chapitre "Emprunts et finances", page 96). Les engagements de l'IDA ont augmenté grâce à l'apport de fonds qu'a représenté la Quatrième reconstitution des ressources. Ils atteignent approximativement 4,500 millions de dollars pour la période triennale 1975-77. Cette Quatrième reconstitution a pris effet en janvier 1975, lorsque le Gouvernement des États-unis a officiellement notifié sa participation à l'Association. En effet, aux termes de l'accord conclu par 24 nations membres à Nairobi, en septembre 1973, la Quatrième reconstitution ne devait entrer en vigueur qu'après que 12 membres donateurs de l'IDA (ou pays de la Première partie) auraient officiellement donné notification de leurs contributions, et lorsque le montant des contributions notifiées aurait atteint 3,500 millions de dollars, soit environ 80% du total. La Banque a continué à renforcer son assistance en faveur des pays les moins avancés, conformément à une politique tendant à accorder plus d'assistance aux pays et aux peuples les plus pauvres. En effet, pour ces derniers, il y avait péril en la demeure, leurs problèmes ayant été aggravés par des événements économiques sur lesquels ils n'avaient aucun pouvoir. Les pays les plus pauvres ont bénéficié de 38% des engagements de prêts de la Banque et de l'IDA, contre 31% pendant l'exercice 1974. Leur part atteint 84% si l'on ne prend en compte que les engagements de l'IDA. L'agriculture a reçu des montants atteignant 32% (chiffre sans précédent jusqu'ici) du total des engagements (sa part était de 22% pendant l'exercice 1974); en revanche, dans les secteurs "traditionnels" pour la Banque, - énergie, transports, télécommunications - les capitaux prêtés ont continué à décroître en proportion du total (29% du total pendant l'exercice 1975, contre 43% pendant l'exercice précédent). *{p. 5} Plus de la moitié des opérations de prêt et de crédit de la Banque et de l'IDA en faveur de l'agriculture - correspondant à des engagements de près de 1 milliard de dollars - ont consisté en projets de développement_rural spécifiquement conçus pour augmenter la productivité des paysans pauvres. En outre, environ 80 millions de dollars ont été engagés en faveur de neuf projets d'éducation visant au premier chef à permettre aux habitants des campagnes d'acquérir des qualifications professionnelles. Par ailleurs, quelque 130 millions de dollars ont été engagés en faveur de la construction de routes rurales. Ainsi, pendant l'exercice 1975, la Banque et l'IDA ont engagés plus d'un milliard de dollars spécifiquement destinés aux paysans pauvres, soit plus du double de ce qui leur avait été consacré pendant l'exercice 1974 (moins de 500 millions de dollars). Un monde plongé dans l'incertitude. Pendant la période de 12 mois couverte par le présent Rapport annuel, l'incertitude qui, l'année précédente, caractérisait les relations économiques mondiales a continué à assombrir les perspectives des pays_en_développement. Pendant l'exercice 1974, le bouleversement de l'ensemble des relations économiques a été caractérisé par l'inflation accélérée des prix des biens d'équipement comme de ceux des produits de base, par la hausse soudaine et substantielle des cours du pétrole, et par la pénurie des denrées alimentaires et d'engrais, enfin par le début d'une récession dans les pays industriels. Pendant l'exercice 1975, les difficultés de l'année précédente ne se sont guère atténuées. La scène internationale a été hantée par le spectre d'une récession qui allait s'aggravant dans les pays_industrialisés et s'accompagnait d'une rapide inflation (un tel phénomène ne s'était pas produit à pareille échelle depuis un quart de siècle); en même temps, les prix des produits pétroliers demeuraient stables (pendant l'année civile 1974, les dépenses totales correspondant à l'achat de ces produits se sont élevées à 12% des importations totales des pays_en_développement qui ne sont pas membres de l'OPEP) et les prix de nombre de produits de base traditionnellement exportés par les pays_en_développement diminuaient brusquement. Aucun pays n'a pu échapper complètement aux effets de ces forces. Ceux mêmes qui disposaient des ressources nécessaires pour maintenir leur taux_de_croissance, ou étaient en mesure de se les procurer, ont passablement souffert du ralentissement économique mondial. Pour le milliard d'individus qui vivent dans les pays à revenus faibles, ce que signifient les événements économiques de l'année passée, c'est que leur revenu moyen, en termes réels, n'a pas augmenté du tout. Selon les projections dont on dispose actuellement, il se peut que leur revenu réel augmente de moins de 1% par an d'ici à la fin de la décennie. Il n'est pas étonnant que pour ces pays, plus encore que pour d'autres, les perspectives immédiates dépendent de facteurs sur lesquels ils ne peuvent guère avoir d'action: les conditions météorologiques, la possibilité d'obtenir une aide extérieure, les cours internationaux des produits qu'ils exportent et importent. *{p. 6} Dans d'autres pays_en_développement, le taux_de_croissance en termes réels est resté à 4% environ par personne. En effet, de nombreux pays à revenus relativement élevés ont réussi à contracter des emprunts substantiels auprès de sources commerciales extérieures, fût-ce à des conditions relativement rigoureuses, et c'est en grande partie grâce à cela que leur croissance s'est maintenue. La récession enregistrée dans les pays_industrialisés en 1974 et 1975 a eu de graves incidences sur le monde en développement. Ainsi, l'une des conséquences importantes du ralentissement industriel ainsi que des mesures adoptées pour freiner l'inflation a été le déclin général des prix des principaux produits de base (à l'exclusion du pétrole) fournis par les pays_en_développement. Cet affaiblissement des cours, par vagues successives, s'est poursuivi tout au long de l'année 1974 - le mouvement à la baisse des prix s'est rapidement accéléré au début de l'année 1975, et n'a pas cessé depuis, D'autre part, les prix des articles manufacturés - auxquels correspondent plus des deux tiers des dépenses totales engagées pour leurs importations par les pays_en_développement - ont continué à augmenter. Cette double évolution s'est soldée, pour la plupart des pays_en_développement, par une dégradation des termes de l'échange. On s'attend que le pouvoir_d'_achat des exportations de produits de base baissera d'environ 13% en 1975. Les pays dans lesquels le revenu annuel moyen par habitant dépasse 200 dollars souffrent tout particulièrement du ralentissement de la croissance_économique dans les pays développés. La demande de nombre des biens et services qui leur procurent des devises - tourisme, articles manufacturés, métaux non ferreux, et quelques matières_premières comme le caoutchouc, le bois d'oeuvre et les fibres - est très sensible aux conditions_économiques qui règnent dans les nations industrialisées. Ainsi, lorsque le monde industrialisé ne parvient pas à résoudre ses problèmes économiques, les recettes d'exportation de ces pays s'en ressentent directement. L'amérique_latine a particulièrement souffert du ralentissement de l'activité dans les pays industriels. On estime que la diminution des recettes que cette région retirait des exportations d'articles manufacturés aura peut-être atteint le milliard de dollars en 1975. La récente évolution de la situation internationale a aussi joué contre les pays à faibles revenus, en particulier ceux qui sont tributaires d'importations de denrées alimentaires et d'engrais, ainsi que d'exportations de textiles. En outre, les pays exportateurs de métaux non ferreux et de minerais ont aussi souffert de la situation internationale. Face aux crises qui secouent l'économie mondiale depuis deux ans, la principale réaction de la plupart des pays_en_développement a été d'adopter des politiques permettant d'aborder les difficultés de front. Ils ont pris des mesures extrêmement énergiques et, parfois, extrêmement dures - et politiquement très coûteuses - pour atténuer les effets défavorables du climat économique international. Dans les pays du Sahel, par exemple, où les résultats économiques se sont beaucoup ressentis des récentes sécheresses, la principale mesure a été d'organiser des programmes de secours alimentaire d'urgence, auxquels a contribué l'aide extérieure. Dans la plupart des pays du Sahel, l'exiguïté de la base de ressources n'a guère laissé aux économies qu'une très petite marge de manoeuvre. Les pays les plus touchés par la récession qui sévissait dans le monde industrialisé ont aussi agi très rapidement pour en atténuer les conséquences. La République de Corée, lourdement tributaire des marchés américain et japonais pour ses exportations, a adopté un programme spécial de crédit qui prévoit l'octroi aux industriels d'un important volume de prêts à court_terme pour les aider à conserver des stocks plus importants - des taux préférentiels sont accordés aux petites et moyennes entreprises. Une "banque des terres" a été créée, dont la fonction est d'acheter des terrains à des entreprises_privées qui ont besoin de liquidités pour renforcer leur situation financière. Pour créer des emplois, on a lancé des programmes d'investissements publics dans des secteurs exigeant une nombreuse main-d'_oeuvre. En même temps qu'un certain nombre de pays, la République de Corée a dévalué sa monnaie afin de renforcer à long_terme la position de sa balance_des_paiements . La plupart des pays particulièrement touchés par l'inflation ont mis en oeuvre toute une gamme d'instruments monétaires et financiers pour atténuer les pressions inflationnistes. Les taux_d'_intérêt ont été relevés, le montant des réserves obligatoires majoré, et l'octroi de crédit par le secteur bancaire a été soumis à de strictes limitations. Pendant un temps, de nombreux gouvernements ont même amorti l'incidence de la hausse des prix mondiaux pour le consommateur final en augmentant les subventions à la consommation versées au titre des produits de première nécessité. Il en est résulté certaines réductions des programmes d'investissement. *{p. 7} Toutefois, pour éviter une aggravation ultérieure des problèmes économiques, les gouvernements ont commencé à réduire les subventions: ils ont répercuté les hausses de prix sur le consommateur, et sont revenus aux programmes d'investissement antérieurs, en particulier dans les secteurs sociaux dont le développement peut contribuer à supprimer les désavantages dont souffrent les éléments les plus pauvres de la société. Au Kenya et en Tanzanie, on a essayé diverses méthodes pour amortir l'incidence de l'inflation sur les classes les plus pauvres. En Tanzanie, de modiques augmentations de salaire ont été réservées aux employés les moins payés, au Kenya, il a été décidé que seuls les salariés les moins payés recevraient une augmentation correspondant à la totalité de l'augmentation du coût_de_la_vie. De nombreux pays_en_développement touchés par la dégradation des termes de l'échange ont pris des mesures de réorientation de la production et de l'investissement. L'Égypte et l'Inde sont parmi les pays qui, plutôt que de mettre en place de nouvelles capacités de production, se sont efforcés de mieux utiliser les capacités installées. Quelques pays ont réduit leurs dépenses d'infrastructure pour faire porter leurs efforts sur les secteurs productifs de denrées de base. De nombreux gouvernements ont investi davantage dans les secteurs de production de denrées alimentaires, afin d'éviter une forme particulièrement regrettable de dépendance, et d'écarter toute menace de famine. Un certain nombre de pays - notamment l'Équateur, la Bolivie, la Côte-d'Ivoire, le Pakistan, l'Inde et Sri Lanka - ont beaucoup renforcé les programmes d'investissement qui ont pour objet de localiser, de développer et d'exploiter les sources intérieures d'énergie. Les perspectives s'offrant à chaque pays_en_développement dépendent au premier chef de leurs richesses_naturelles. La plupart ne peuvent procéder seuls aux ajustements qui leur permettraient non seulement de surmonter les incertitudes économiques actuelles mais aussi d'accélérer leur rythme de croissance. Les besoins d'assistance extérieure sont devenus plus importants; la nécessité d'étudier les moyens par lesquels les pays_en_développement peuvent se procurer davantage de recettes en augmentant leurs exportations est aussi devenue plus évidente. Flux de capitaux. Pour que les pays_en_développement dans leur ensemble atteignent un taux_de_croissance annuel de 6% d'ici à 1980 - taux qui leur est nécessaire pour parvenir à un degré raisonnable de développement_économique et social - et cela par le seul moyen d'une augmentation des entrées de capitaux, il faudrait que ces entrées soient massives. De fait, les sommes qui seraient nécessaires devraient dépasser de loin toutes les estimations vraisemblables - même dans l'hypothèse d'une croissance_économique rapide dans les pays_industrialisés. Or, on ne peut espérer que des entrées de capitaux supplémentaires aussi importantes se produiront, et cela pour un certain nombre de raisons. Ces dernières années, les pays_membres de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) ont augmenté dans des proportions notables l'aide_financière qu'ils accordent aux pays_en_développement et aux institutions de développement, que l'on prenne pour mesure les engagements ou les décaissements. En ce qui concerne ces pays, leurs politiques d'aide au développement, en particulier à moyen et à long_termes, sont en cours d'évaluation. Ces pays ont décidé, en effet, de donner une haute priorité à leur développement intérieur, aussi longtemps que les revenus par habitant seront plus faibles chez eux que dans les nations industrialisées. Les engagements et décaissements de l'OPEP seront probablement fonction de leur balance_des_paiements . Or l'excédent de leur compte courant, qui a fortement augmenté en 1974, pour atteindre le niveau de 65 milliards de dollars environ, n'augmentera sans doute pas dans des proportions notables pendant le reste de la décennie. Même dans l'hypothèse d'un redressement rapide dans les pays_de_l'_ocde (Organisation de Coopération et de Développement Économiques), un certain nombre de pays_membres de l'OPEP capables d'entreprendre de vastes programmes de développement intérieur risquent d'avoir un compte courant déficitaire en 1980. *{p. 8} Une autre source importante d'aide_publique_au_développement est constituée par les membres du CAD (Comité d'Aide au Développement de l'OCDE). Or l'aide assortie de conditions de faveur, mesurée en pourcentage du produit_national_brut (PNB) combiné des pays du CAD, a baissé de 0,51% en 1963 à 0,33% (estimation) en 1974. Pour que les pays_en_développement parviennent à un taux_de_croissance de 6% par le seul moyen d'une augmentation des flux d'APD (aide_publique_au_développement) en provenance des pays_membres du CAD, il faudrait que l'aide assortie de conditions de faveur augmente jusqu'à représenter 0,81% du PNB de ces derniers pays. Or les projections dont on dispose actuellement montrent qu'en dépit d'une augmentation en 1974 et bien que certains pays aient fait savoir qu'ils maintiendront l'APD à un niveau élevé, soit même qu'ils en augmenteront le volume, les flux d'aide assortis de conditions de faveur risquent de n'être plus que de 0,24% du PNB en 1980. Flux de capitaux, OPEP et CAD. Bien que les statistiques concernant ces flux d'aide en provenance des pays de l'OPEP soient beaucoup moins sûres que celles que fournissent les pays du CAD/OCDE, les rapports dont on dispose indiquent que le total des engagements pris par les membres de l'OPEP est passé de 3 milliards de dollars en 1973 à 16 milliards de dollars en 1974. L'augmentation des décaissements a aussi été rapide: ils sont passés d'environ 1 milliard de dollars à 5 milliards de dollars. Ces chiffres comprennent à la fois les ressources accordées à des conditions de faveur et les autres apports de capitaux. En 1974, près de 40% des décaissements correspondaient à une aide assortie de conditions de faveur. Les autres décaissements de capitaux comportaient des prêts à la Banque (1,460 millions de dollars) et au mécanisme pétrolier du fonds_monétaire_international (1,220 millions de dollars, soit la part des ressources attribuée aux pays_en_développement). Selon les données préliminaires fournies par le CAD, l'APD en provenance de ses membres a augmenté pendant l'exercice 1975 de 21% si on l'exprime en dollars et de très peu si on l'exprime en termes réels. L'APD s'est montée à un total de 11,300 millions de dollars (soit 0,33% du PNB combiné des pays_membres du CAD) - c'était la première fois que l'on assistait à un retournement de la tendance à la baisse observée depuis le début des années soixante-dix. Pendant cette année, en effet, tous les 17 pays du CAD ont augmenté l'aide qu'ils accordent au titre de l'APD, exprimée en dollars, et 13 pays l'ont aussi augmentée en proportion de leur PNB. Pendant l'exercice 1975, la Suède est devenue le premier pays du CAD à atteindre l'objectif admis par la majorité des pays_membres du CAD, à savoir que l'APD représente 0,7% du PNB de chaque pays. Le total des flux de capitaux destinés au développement par les pays_membres du CAD, qui comprennent les crédits à l'exportation accordés par les secteurs_public et privé ainsi que les investissements directs et les investissements en portefeuille, a augmenté de 10% pendant l'exercice, pour atteindre 26,7 milliards de dollars. *{p. 9} En termes réels, selon les estimations du CAD, ce chiffre équivalait à 0,78% du PNB des pays_membres du CAD, soit la même proportion qu'en 1973. Des institutions multilatérales comme la banque_mondiale ont augmenté leurs engagements de prêts à la suite du malaise économique mondial. Pour encourager l'assistance en provenance d'autres sources, la Banque a aussi augmenté la portée de ses activités de cofinancement avec d'autres institutions bilatérales et multilatérales. On trouvera les détails de cette coopération dans les chapitres consacrés aux différentes régions ainsi que dans la section "Coordination de l'aide" du présent Rapport annuel. Mais les flux d'aide à des conditions de faveur constituent seulement un appoint. Les pays_en_développement doivent réunir eux-mêmes les fonds nécessaires pour financer les moyens qui leur permettront d'atteindre leurs objectifs en matière de développement. Il faut donc trouver d'autres mesures si l'on veut que les pays_en_développement parviennent à un taux_de_croissance de 6%. politiques_commerciales. Dans ces conditions, il devient essentiel d'examiner les politiques_commerciales qui peuvent s'ajouter aux recettes d'exportation des pays_en_développement, et favoriser leur croissance. La Banque n'a jamais cessé de soutenir les accords internationaux sur les produits, notamment en fournissant une assistance technique. Cet appui va même se renforçant. Dans le passé, elle a conclu des arrangements consultatifs avec des organismes spécialisés, pour faire en sorte d'adopter à l'égard de tel ou tel produit une ligne politique compatible avec celle de l'organisme intéressé. Consciente de l'importance du stockage des produits de base dans le processus de production, la Banque a aussi contribué à la construction d'installations de stockage des céréales alimentaires dans plusieurs pays. Pendant l'exercice 1975, la direction de la Banque a réaffirmé que celle-ci était prête à étudier toute demande de financement de stocks régulateurs et à examiner chaque proposition selon ses mérites. Il a également été indiqué que l'une des principales questions qui pourraient se poser tenait au fait que, de par ses statuts, la Banque est tenue d'exiger que le remboursement des prêts qu'elle accorde soit garanti par le gouvernement du pays intéressé et que, les stocks régulateurs internationaux étant nécessairement détenus par une autorité autre qu'un gouvernement, il faudrait déterminer la nature et la forme des garanties qui seraient données à la Banque. Si l'ensemble des questions relatives à l'exportation des produits de base, notamment l'assistance au titre du financement des stocks régulateurs, a occupé le devant de la scène lors de discussions internationales, peu de pays ont pris des mesures propres à abaisser les obstacles qui entravent l'importation de produits de base en provenance de pays_en_développement. La Banque estime que si ces obstacles disparaissaient, les pays_en_développement pourraient voir très vite leurs recettes d'exportation enregistrer des hausses impressionnantes. D'ici à 1980, ces recettes supplémentaires pourraient se monter à la moitié du volume supplémentaire de devises nécessaire pour porter le taux_de_croissance des pays_en_développement à 6%. Les efforts tendant à améliorer les possibilités d'exportation ont dans certains cas abouti, comme le montre le récent accord conclu à Lomé, définissant les relations commerciales entre 46 nations appartenant à l'Afrique, aux Caraïbes et au Pacifique, d'une part, et la communauté_économique_européenne d'autre part. Cet accord comporte, en particulier, un mécanisme de stabilisation des recettes procurées par l'exportation de 12 produits, qui paraît porter en lui la promesse d'une amélioration des perspectives commerciales de nombreux pays_en_développement. A mesure que s'étend l'importance du commerce, moyen qui peut aider les pays_en_développement à satisfaire les besoins de leurs peuples, les négociations commerciales qui se déroulent au sein de diverses instances internationales acquièrent, elles aussi, une importance majeure. Des négociations liées au commerce, organisées entre pays développés et pays_en_développement sous les auspices de la CNUCED (Conférence des nations_unies sur le commerce et le développement) et du GATT (accord_général sur les tarifs douaniers et le commerce), sont actuellement en cours. L'augmentation des recettes des pays_en_développement producteurs de denrées de base ne se heurte pas seulement aux restrictions au commerce imposées parles pays industriels. Une autre contrainte tient à la capacité de production des pays_en_développement eux-mêmes. Selon une étude réalisée par les services de la Banque, pour que les pays_en_développement puissent tirer pleinement parti de la suppression des restrictions au commerce, il faudrait qu'ils investissent, d'ici à 1980, 18 milliards de dollars environ (en dollars de 1974) pour développer leur production de ces produits. *{p. 10} La libéralisation des importations des produits de base, si importante soit-elle en termes globaux, se révélerait probablement d'une valeur limitée à long_terme, pour le monde en développement. En effet, les débouchés qui s'offrent pour ces produits n'augmenteront que lentement, l'élasticité en fonction des revenus étant faible dans la plupart des cas. Si l'on veut améliorer à long_terme les perspectives d'exportation, c'est donc surtout le commerce des articles manufacturés qu'il faut avoir en vue. Les articles manufacturés représentent actuellement 25% des exportations totales des pays_en_développement; mais leur part dans le commerce mondial des articles manufacturés n'est encore que de 6% environ. De plus, de 1960 à 1972, les exportations d'articles manufacturés en provenance des pays_en_développement n'ont progressé que légèrement plus vite, en valeur, que l'ensemble du commerce mondial de biens de cette catégorie. Les articles manufacturés en provenance des pays_en_développement se heurtent souvent à une série d'obstacles_tarifaires et non-tarifaires (droits compensateurs, restrictions quantitatives, limitations volontaires mais négociées des exportations, par exemple). Ces dernières années, plusieurs pays industriels ont entrepris d'éliminer progressivement celles de leurs industries nationales qui ne peuvent supporter la concurrence des articles manufacturés en provenance des pays_en_développement. Ce sont là des réformes de structure qui demandent du temps. La Banque estime néanmoins que c'est de l'adoption, par les pays développés, de politiques plus libérales à l'égard de l'importation d'articles manufacturés que dépendent les perspectives de croissance à long_terme des pays_en_développement. Toutefois, à court_terme, l'augmentation des exportations d'articles manufacturés en provenance des pays_en_développement sera surtout fonction, après une période de récession, de la reprise de l'activité économique dans les pays_industrialisés. Selon une étude réalisée par les services de la Banque, les exportations d'articles manufacturés en provenance des pays_en_développement pendant la période 1976-80 pourraient augmenter de plus de 15% par an à condition que la croissance dans les pays_de_l'_ocde atteigne 6% en moyenne pendant cette même période. Même si dans le monde industrialisé la croissance est lente, il se peut que les pays exportateurs de pétrole constituent un important marché pour de nombreux pays_en_développement. Les projections disponibles font apparaître que les importations de marchandises par les pays_membres de l'OPEP, dont l'ordre de grandeur est estimé à 43,500 millions de dollars pour 1974 (chiffre presque double de celui de 1973) augmenteront de 25% par an, tout au long des années 1980, ce qui est considérable. Dans le passé, la part des exportations des pays_en_développement, à destination des pays exportateurs de pétrole n'était que de 14%; si ce pourcentage se maintient, les pays_en_développement seront beaucoup plus à même de se procurer les biens d'importation dont ils ont besoin. Besoins à long_terme en matière de développement. Une augmentation des exportations de produits de base et d'articles manufacturés en provenance des pays_en_développement donnerait de l'élan à leurs économies stagnantes. On ne peut cependant pas espérer qu'une augmentation des recettes procurées par l'exportation résoudrait les problèmes et les contraintes économiques accumulés dans les pays_en_développement. De fait, les pays_en_développement où le revenu annuel moyen par personne dépasse 200 dollars seraient les principaux bénéficiaires d'une expansion des exportations et d'une libéralisation du commerce. Ils sont en effet, à l'heure actuelle, bien plus dépendants à l'égard du commerce mondial que les pays à revenus faibles. Depuis 1974, à mesure que les termes de l'échange se sont détériorés, les ressources financières extérieures ont progressivement perdu leur caractère d'élément d'appoint venant compléter l'épargne intérieure. Il se peut que l'augmentation des exportations contribue à faire revenir à des niveaux plus normaux les taux d'épargne intérieure et, par le fait même, les ressources intérieures disponibles pour les programmes de développement. Mais si l'on veut voir se concrétiser le développement à long_terme, en particulier pour le milliard de personnes qui vivent dans les pays_en_développement à revenus faibles, il faudra que le volume des capitaux accordés à des conditions de faveur augmente beaucoup. *{p. 14} Il n'y a guère qu'un petit nombre de pays_en_développement, à économie hautement diversifiée, qui puisse espérer parvenir à des taux_de_croissance suffisants par le seul moyen de la progression des exportations. Pour les autres, des mesures nombreuses et diverses seront nécessaires pour qu'ils puissent payer les importations qu'exige un développement soutenu. A cet effet, il faudra assurer la coopération entre pays_industrialisés, pays exportateurs de pétrole et pays_en_développement. Sans doute, un développement des exportations à destination des pays_membres de l'OCDE et de l'OPEP, ainsi qu'un apport accru de capital en provenance de ces pays peuvent-ils aider les pays_en_développement à surmonter l'actuelle période transitoire de déséquilibre économique. Mais ensuite, il faudra financer le développement à long_terme au moyen de capitaux assortis de conditions de faveur. Il s'agit en effet de fournir aux pays_en_développement, en particulier aux pays à revenus faibles, dont la dépendance à l'égard du commerce extérieur est limitée, les capitaux dont ils ont besoin pour financer leurs programmes de développement, dont les objectifs premiers comportent, de plus en plus fréquemment, l'élévation de la productivité des plus pauvres d'entre eux. Face à l'aggravation des conditions_économiques, on s'est efforcé, pendant l'exercice écoulé, d'apporter une solution globale à deux des problèmes les plus redoutables qui se posent au monde: la dégradation de la situation économique des pays_en_développement, et la menace permanente d'un déséquilibre catastrophique entre la production de denrées alimentaires et les besoins de la population. Le Comité du développement. En octobre 1974, le Comité du développement a été créé, en exécution de résolutions parallèles approuvées par les Conseils des Gouverneurs de la Banque et du FMI; officiellement il est appelé Comité ministériel conjoint des Conseils des Gouverneurs de la banque_mondiale et du FMI sur le transfert de ressources réelles aux pays_en_développement. Le Comité du développement se compose de 20 membres, généralement ministres des finances, chacun étant nommé pour les deux premières années par l'un des 20 pays ou groupes de pays qui désignent un membre du Conseil des Administrateurs de la Banque. Le Comité est chargé de présenter aux Conseils des Gouverneurs de la Banque et du FMI des avis et rapports sur les multiples aspects des questions que pose le transfert de ressources réelles aux pays_en_développement et de soumettre aux intéressés des suggestions concernant la mise en oeuvre de ses conclusions. Initialement, le Comité a fait porter le plus gros de ses travaux sur la situation des pays_en_développement les plus démunis et les plus gravement touchés, ainsi que sur les mesures qui permettraient de faire face à leurs besoins immédiats. A sa réunion de janvier 1975, le Comité a demandé que les Administrateurs de la Banque et du FMI envisagent la possibilité de créer un "Fonds fiduciaire spécial", qui accorderait des ressources complémentaires à des conditions extrêmement favorables. Les Administrateurs de la Banque ont recherché quels moyens permettraient de mettre à la disposition des pays_en_développement, en particulier ceux à revenus faibles, une assistance à leur balance_des_paiements susceptible d'être rapidement décaissée, puisque c'est de ce type d'aide que les pays en question auraient besoin. Cette recherche acquit un caractère d'urgence supplémentaire lorsqu'on apprit que les engagements d'assistance pris par quelques membres de l'OPEP, dont beaucoup peuvent être décaissés assez rapidement, risquaient à l'avenir de ne pas être maintenus au même niveau, et que l'on prévoyait de supprimer progressivement le mécanisme pétrolier instauré par le FMI. Les deux Conseils sont convenus que compte tenu de la nature de l'assistance indispensable dont les pays ont besoin pour faire face à leurs difficultés de balance_des_paiements , le Fonds fiduciaire qui serait éventuellement créé (si l'on pouvait disposer de ressources supplémentaires), devrait être administré par le FMI, étant entendu que l'assistance accordée au titre de ce Fonds fiduciaire serait assortie de délais plus longs et de conditions plus favorables que celles octroyées dans le cadre des mécanismes actuels du FMI. *{p. 16} Le Troisième guichet. A la même réunion de janvier, le Comité du développement a aussi demandé à la Banque d'étudier la possibilité de créer un "Troisième guichet", qui fournirait une aide complémentaire au développement à des conditions intermédiaires entre es conditions applicables aux prêts de la Banque et celles dont sont assortis les crédits de l'IDA. De fait, même avant cette réunion, la Banque avait commencé à étudier la possibilité de créer un tel mécanisme. La Banque a répondu affirmativement à cette proposition, estimant que le Troisième guichet pourrait être une excellente source de capitaux supplémentaires pour les pays_en_développement. A sa réunion de juin, qui S'est tenue à Paris, le Comité du développement s'est à l'unanimité déclaré favorable à la mise en place pour un an, au sein de la Banque, du nouveau mécanisme intermédiaire de prêt. Le Comité a recommandé que la Banque procède à cette mise en place pendant l'exercice commençant le 1er juillet 1975, de façon à pouvoir, pendant cet exercice, prêter aux pays_en_développement jusqu'à un milliard de dollars, sous la forme d'une assistance distincte des autres opérations de la Banque. Le Troisième guichet est essentiellement un moyen de prêt intermédiaire dont les conditions sont moins rigoureuses du fait qu'il dispose de fonds de bonification d'intérêts. Pour se procurer les ressources nécessaires aux opérations du Troisième guichet, dont les prêts seraient consentis au cours d'une période d'un an, la Banque recourrait à l'emprunt. Le montant des ressources assorties de conditions de faveur qui serait nécessaire pour financer la bonification d'intérêts de tels prêts dépend, d'une part, du volume des opérations qui seront entreprises, d'autre part, des conditions afférentes à chaque prêt. Si l'on suppose un taux_d'_intérêt intermédiaire de 4,5% (soit 4% de moins que le taux de prêt actuel de la Banque), il faudrait disposer, pour chaque milliard de dollars à prêter, d'une somme d'environ 225 millions de dollars en fonds de bonification d'intérêts. Les contributions sous forme de dons auraient un caractère facultatif. Les principaux bénéficiaires des opérations du Troisième guichet seraient les pays dont le PNB par habitant est inférieur à 375 dollars, et notamment les pays à revenus faibles. S'il est vrai que beaucoup de ces derniers n'auraient pas les moyens d'accepter les conditions intermédiaires applicables aux prêts du Troisième guichet (ou, en tout cas, de recevoir toute l'aide du Groupe de la Banque par l'intermédiaire de ce Troisième guichet), ils en bénéficieraient indirectement dans la mesure où l'on pourrait réaffecter en leur faveur des -fonds de l'IDA précédemment prêtés à quelques pays_en_développement pour lesquels les conditions intermédiaires constitueraient une charge supportable. Compte tenu des effets directs et indirects des opérations du Troisième guichet, les pays à revenus faibles pourraient bénéficier d'une augmentation nette de l'assistance du Groupe de la Banque d'environ 20%, en même temps que d'un adoucissement appréciable des conditions moyennes dont cette aide est assortie. La Banque estime toutefois que le Troisième guichet ne devrait pas être tout à fait fermé aux pays dont le revenu par habitant est supérieur à 375 dollars. Conférence mondiale de l'alimentation. Au début de novembre, les représentants de 130 Etats, et d'un grand nombre d'organismes_non_gouvernementaux et inter-gouvernementaux se sont réunis à Rome, à la suite de l'aggravation de la situation mondiale de l'alimentation. Toutefois, la Conférence ne s'est pas attachée à résoudre sur le fond les problèmes immédiats de pénurie de denrées alimentaires et d'engrais; elle entendait prévoir à plus long_terme, c'est-à-dire approximativement dix ans, les moyens d'améliorer les tendances défavorables persistantes de la production alimentaire dans les pays_en_développement, et de mettre en place des dispositifs de secours d'urgence, prêts à fonctionner en cas de récoltes particulièrement catastrophiques, comme il s'en est produit en 1972 et 1974. La Conférence a fait preuve d'une remarquable unanimité, reprenant à son compte le principe fondamental selon lequel les problèmes alimentaires mondiaux ne peuvent être résolus que par une croissance rapide et soutenue de la production alimentaire dans les régions où vivent les grandes masses d'hommes sous-alimentées et vulnérables, à savoir les pays_en_développement d'Asie, d'Afrique et d'amérique_latine. Les délégués ont décidé que des consultations seraient ultérieurement consacrées à quatre questions principales: la création d'un Fonds international de développement agricole ("Fonds mondial de l'alimentation"); *{p. 17} - la création d'un système mondial d'information et d'alerte rapide (en cas de risque de récoltes exceptionnellement mauvaises); - le remaniement de l'actuel Comité intergouvernemental du Programme alimentaire mondial, qui deviendrait un organisme de coordination de l'aide alimentaire, et; - la création, à l'échelon ministériel, d'un Conseil mondial de l'alimentation composé d'environ 25 membres qui seraient chargés de coordonner les activités du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, comité permanent du Conseil de la FAO (Organisation des nations_unies pour l'alimentation et l'agriculture), qui s'occupe de tout ce qui a trait à la constitution de stocks de produits alimentaires de base, avec celle du Comité inter-gouvernemental du Programme alimentaire mondial, et enfin celle d'un nouvel organisme, le Groupe consultatif de la production alimentaire et de l'investissement (GCPAI). Plusieurs des mesures décidées par la Conférence ont des incidences sur les activités de la Banque. Ainsi, la Résolution XIII, qui était parrainée par nombre des pays_membres de l'OPEP, et recommandait la création du "Fonds alimentaire mondial", envisage que les débours du Fonds se feraient par le truchement d'"institutions_internationales", expression qui englobe notamment la Banque. Le Conseil mondial de l'alimentation, chargé par la Conférence de coordonner les actions des "Institutions du système des Nations-unies", de leur présenter des recommandations et de recevoir leurs rapports, travaillerait en étroite collaboration avec la Banque, principale source mondiale de capitaux extérieurs destinés à l'investissement direct dans le secteur agricole. Les activités que l'on confierait au GCPAI ainsi que les relations qu'il entretiendrait avec la Banque sont examinées à la section "Coopération entre institutions" du présent Rapport annuel. La Conférence mondiale de l'alimentation a souligné combien il importe de prendre des mesures pour réduire l'écart projeté entre l'offre et la demande mondiales de produits alimentaires, et la Banque a commencé à prendre des mesures pour aider ses membres à formuler et mettre en oeuvre des plans d'augmentation de la production de ces denrées. Dans de nombreux cas, ces plans entraîneront sans doute des transformations profondes des différentes politiques_économiques, politique des prix notamment, et la suppression, en particulier, des contraintes d'ordre sociopolitique, institutionnel ou autre. Si la Banque met l'accent sur les activités qui donnent de rapides résultats, elle ne néglige pas pour autant celles qui peuvent comporter d'importants effets à long_terme. Ainsi, la Banque aide certains de ses membres - Bangladesh, Inde, Indonésie, Iran, Kenya, Népal, Zaïre et les pays du Sahel, pour n'en nommer que quelques-uns - à utiliser la détection à distance de l'image par satellite pour dresser un inventaire de leurs ressources et procéder à des travaux d'évaluation ainsi qu'à la planification de projets sous tous ses aspects. Pendant l'exercice 1975, grâce à une étude exhaustive des problèmes de la pauvreté en milieu rural, la Banque a pu se faire une idée générale plus juste de la pauvreté absolue et de la pauvreté relative, des régions où se trouvent les paysans pauvres, et aussi de leur potentiel de production. La connaissance des contraintes qui entravent la réalisation de ce potentiel a aussi progressé. développement_rural. On estime que près de 650 millions d'habitants du monde en développement vivent dans une pauvreté absolue, survivant à l'aide d'un revenu annuel qui ne dépasse pas 50 dollars par personne. Pour près de 100 millions d'autres il s'agit d'une pauvreté relative: leurs revenus, pour être supérieurs à 50 dollars par an, n'en sont pas moins inférieurs à un tiers de la moyenne nationale. Cela fait un total de 750 millions de personnes, dont 600 millions, soit 80%, vivent dans des régions rurales. Leur nombre augmente d'environ 2% par an. La pauvreté dans les campagnes se manifeste par une mauvaise nutrition, un logement insuffisant et des normes de santé très basses. L'enseignement dispensé à la campagne est souvent à la fois insuffisant et peu adapté aux conditions et aux besoins du milieu. Comparées aux régions urbaines, les régions rurales bénéficient d'une moindre part de l'infrastructure économique: adduction d'eau, électricité et élimination des déchets par exemple. Et même lorsque ces services existent, il arrive fréquemment que les pauvres n'y aient pas accès, en raison d'une mauvaise organisation ou de coûts élevés. Si l'on veut remédier aux problèmes de la production alimentaire, il faut que les pauvres des régions rurales participent à leur résolution. A cause de leur complexité même, les problèmes appellent des solutions complexes, qui ne soient pas enfermées dans les limites rigides de tel ou tel secteur, mais aident les paysans pauvres à contribuer plus pleinement à l'augmentation de la production. *{p. 18} La Banque estime que le développement_rural, s'il est correctement conçu et mené à bien, n'entre pas nécessairement en conflit avec les objectifs d'augmentation de la production alimentaire. De fait, les études montrent que les petits paysans font souvent une utilisation plus efficace des facteurs de production agricole que les gros exploitants. S'il est vrai qu'il faut peut-être plus de temps pour augmenter la production alimentaire dans les petites exploitations que dans des exploitations plus grandes (il est en effet plus difficile, par exemple, de concevoir des programmes d'utilisation de matériel agricole en fonction d'un grand nombre de petits exploitants, que d'un petit nombre de gros exploitants) la Banque n'en est pas moins parvenue à la conclusion qu'à long_terme, l'augmentation de la production alimentaire dans les proportions nécessaires pour satisfaire la demande mondiale exige que l'on aide les petits paysans à augmenter leur productivité et leur production. La Banque sait par expérience qu'en de nombreux cas, la pénurie de ressources financières n'est pas, pour les petits producteurs, le seul facteur limitant la production. Souvent des contraintes tenant aux techniques, aux méthodes et à la main-d'_oeuvre compromettent l'efficacité de tout investissement supplémentaire. Un facteur, cependant, l'emporte sur tous les autres: il faut que l'administration centrale s'engage sans réserve à pratiquer une politique de développement_rural. C'est seulement à ce prix que l'on pourra donner l'assise et l'efficacité voulues aux programmes de lutte contre la pauvreté en milieu rural. La Banque n'a ni la possibilité ni le désir d'imposer la conception générale de ces programmes, car les moyens à retenir pour résoudre les problèmes et l'ordre dans lequel ils doivent être utilisés, sont nécessairement fonction des conditions locales et de certaines considérations techniques plus étroites. *{p. 19} Dans certains cas, une modification des politiques présentes s'impose si l'on veut que les programmes de développement_rural soient efficaces. Selon les analyses faites par les services de la Banque, il arrive trop souvent que les politiques gouvernementales aboutissent à une discrimination qui favorise les industries manufacturières ou de transformation aux dépens de la production agricole - en outre, par souci de maintenir à bas prix les denrées alimentaires pour les consommateurs des vastes agglomérations urbaines, on a souvent adopté des politiques qui désavantageaient le petit exploitant. Dans d'autres cas, ce sont les politiques fiscales nationales qu'il faut adapter à l'objectif du développement_rural - par exemple, lorsque les impôts indirects sont élevés, et que l'impôt sur le revenu et l'impôt immobilier, en revanche, sont faibles, il arrive souvent que les classes les moins avantagées paient en impôts une part beaucoup plus importante de leur revenu que les classes aisées. Dans d'autres pays, il convient de formuler des politiques foncières, axées par exemple sur une réforme agraire ou sur des programmes de colonisation, afin d'aider les paysans pauvres. Il faut aussi mettre à la disposition des petits exploitants des techniques leur convenant et adaptées à leurs moyens, et les encourager à utiliser ces techniques. Dans les pays où l'amélioration de la productivité des paysans pauvres constitue un objectif national primordial, la Banque est déjà une source majeure de capitaux extérieurs pouvant être investis directement dans le secteur agricole. La Banque estime que le taux_de_croissance de la production des petits agriculteurs peut dépasser 5% d'ici à 1985 à la condition qu'ils reçoivent une assistance bien conçue et que les objectifs soient choisis avec discernement. La Banque se rend bien compte; toutefois, que certains programmes innovateurs de développement_rural se traduiront par un échec. (On peut réduire les risques en mettant en place des dispositifs de surveillance et d'évaluation, de façon à tirer les enseignements de l'expérience.) Elle se rend bien compte aussi que, pour ambitieux qu'il soit, son programme de développement_rural, applicable aux cinq années à venir, réussira tout juste à suivre l'évolution démographique: pendant la même période, on estime à 70 millions l'accroissement démographique dans les régions rurales pauvres. Selon des projections quinquennales de prêt (concernant les exercices 1975 à 1979), établies par les services de la Banque, le montant des engagements en faveur de projets de développement agricole et rural pourrait atteindre 7 milliards de dollars. Ces prêts toucheraient environ 100 millions de bénéficiaires, dont 60 millions vivent actuellement dans une condition de pauvreté soit absolue soit relative. La Banque a estimé que, pendant les dix années à venir, il faudra une somme pouvant atteindre 100 milliards de dollars pour donner l'élan nécessaire à une progression soutenue de la productivité et du revenu réel dans le secteur rural pauvre. La contribution financière fournie par la Banque ou par l'IDA ne représentant en moyenne que la moitié des coûts des projets, ces projections de prêt, si elles se réalisent, viendraient à l'appui d'un programme total d'investissement annuel d'environ 2 milliards de dollars, d'ici à l'exercice 1979. A lui seul, ce montant représenterait 20% des sommes qui seront nécessaires annuellement pour qu'en 1985, l'objectif d'une augmentation de la production de 5% soit atteint. Les principaux éléments des projets de développement_rural de la Banque demeureront en grande partie les mêmes. Ces projets seront conçus de manière à bénéficier à une importante fraction de la population rurale pauvre, mais devront néanmoins avoir un taux de rentabilité économique au moins égal au coût de substitution du capital; la manière dont seront envisagés les problèmes de la petite exploitation sera globale et un équilibre sera ainsi réalisé entre les éléments directement productifs et les autres (si l'inclusion de ces derniers est opportune); enfin, le coût par bénéficiaire sera assez faible pour que le projet puisse être étendu à d'autres régions, pour autant que des ressources supplémentaires soient disponibles. En même temps, toutefois, la Banque est consciente de la nécessité d'aborder selon une méthode neuve les nombreuses contraintes et difficultés d'ordre technique ou institutionnel qui s'opposent à la concrétisation du potentiel productif des habitants des zones rurales déshéritées, qu'il s'agisse d'activités agricoles ou autres. Par ailleurs, comme il faut beaucoup de temps pour augmenter la production de denrées alimentaires des petites exploitations, la Banque continuera, lorsque les conditions s'y prêteront, à contribuer au financement de projets visant à augmenter la production alimentaire et à développer l'exportation dans des exploitations de dimensions moyennes et grandes. *{p. 20} Éducation. La Banque et l'IDA n'accordent de prêts et de crédits pour le développement de l'éducation que depuis 12 ans; pendant cette période, la conception des objectifs de l'éducation et des liens qu'elle a avec le développement a changé dans beaucoup de pays_en_développement. De son côté, la Banque a plusieurs fois examiné le rôle qui lui incombait en matière de développement de l'éducation. Jusqu'à une époque récente, les stratégies d'ensemble, notamment dans le domaine de l'éducation, ont été conçues en fonction des activités du secteur moderne, et ont visé à préparer les jeunes à jouer un rôle dans une société extrêmement moderne. De ce fait on s'est souvent intéressé davantage aux populations urbaines et aux éléments de la population_active les plus qualifiés, ce qui a joué au détriment des habitants des campagnes et d'autres éléments pauvres de la population, dont le genre de vie est traditionnel ou commence à évoluer. La Banque estime que les stratégies en matière d'éducation doivent s'adapter aux objectifs généraux du développement et non aller à leur encontre; or ce que l'on recherche de plus en plus, ce sont les moyens de faire progresser la productivité des éléments les plus pauvres de la population. Plus de 750 millions d'êtres_humains vivent, aujourd'hui, dans la pauvreté. Ce sont, la plupart du temps ceux-là même pour qui dans le passé l'enseignement était soit inaccessible soit foncièrement étranger à leurs préoccupations et à leurs besoins. Les stratégies de développement axées sur l'augmentation de la productivité et des revenus de ces éléments de la population concernent de nombreux secteurs à la fois, notamment l'agriculture, la santé et la population, tout autant que l'éducation. Si la Banque essaie d'encourager un développement équilibré de l'éducation, c'est qu'elle estime nécessaire d'offrir à tous les citoyens un minimum indispensable d'éducation, et cela aussitôt et aussi pleinement que les ressources le permettent; au-delà de ce minimum, seules seraient assurées, sur une base sélective, l'éducation et la formation nécessaires pour améliorer les connaissances et les compétences qu'exige le développement dans tous ses aspects, économique et social notamment. La Banque se rend bien compte toutefois, que les nouvelles stratégies de l'éducation, par lesquelles on s'efforcerait de fournir à la masse de la population la formation dont elle a besoin, ne peuvent être complètement isolées des différents milieux politiques dans lesquels sont prises les décisions dont ces stratégies nouvelles dépendent. En outre, elle n'ignore pas les risques que courent les nations en développement lorsqu'elles adoptent des politiques d'innovations hardies dans un domaine aussi sensible que celui de l'éducation. *{p. 21} Certains pays, peu satisfaits des résultats obtenus par les politiques du passé veulent remédier aux déséquilibres et aux erreurs qu'ils constatent - la Banque est prête à partager les risques inhérents à la formulation de nouvelles politiques et de nouveaux programmes en matière d'éducation. D'autres pays n'ont pas encore déterminé la direction dans laquelle ils entendent axer leurs nouvelles stratégies d'éducation: la Banque a fait connaître qu'elle était disposée à contribuer à financer les études sectorielles qui permettraient de savoir dans quelle mesure le système_d'_éducation d'un pays correspond à ses objectifs et à ses besoins en matière de développement. La Banque est fermement convaincue, toutefois, que pour porter tous leurs fruits et aboutir à des résultats durables, de telles études doivent être entreprises à l'initiative des pays intéressés eux-mêmes et menées à bien par leurs soins. Près de 750 millions d'individus âgés de plus de 15 ans sont aujourd'hui analphabètes; il faut prendre rapidement des mesures de redressement si l'on veut empêcher que ce nombre n'augmente de plus de 100 millions en 10 ans. C'est dire l'ordre de grandeur et la redoutable difficulté du problème. La Banque est consciente que sa contribution au développement de l'éducation, exprimée en dollars, est faible (quoiqu'elle aura augmenté et dépassé le milliard de dollars pour la période 1974-1978 pendant laquelle 80 projets d'éducation auront été financés). Mais à son programme de prêt s'ajoutent les avis qu'elle donne aux pays_en_développement intéressés grâce à un dialogue continu, et qui portent sur la meilleure manière de satisfaire leurs besoins. La Banque estime qu'elle peut ainsi jouer un rôle de catalyseur important, et aider les pays_en_développement à atteindre leurs objectifs. Santé. De même, dans les programmes sanitaires appliqués dans les pays_en_développement, les masses rurales pauvres ont toujours été négligées. La Banque a constaté que cette distorsion résulte de deux caractéristiques des programmes de santé. D'abord, une importante proportion des dépenses_publiques de santé, dans les pays_en_développement, a été affectée à la construction d'installations hospitalières modernes impressionnantes mais coûteuses, et à la formation d'un personnel médical hautement qualifié. *{p. 22} Les uns comme les autres se trouvent naturellement dans les centres urbains. Les habitants des villes sont ainsi doublement favorisés: les services sanitaires et l'approvisionnement en eau sont plus développés en ville qu'à la campagne, le taux de scolarisation y est plus élevé, et les services sanitaires, qu'ils soient axés sur l'environnement ou sur l'individu, y sont de qualité supérieure. (Il faut reconnaître toutefois que les habitants des taudis urbains ne bénéficient guère de la médecine moderne). La Banque estime qu'il faut remédier aux défauts des politiques sanitaires et en faire disparaître les injustices. Ce n'est pas là seulement une question d'équité, c'est aussi une question d'économie, car un mauvais état de santé comporte des coûts économiques, dans la mesure où il constitue un obstacle à la productivité des travailleurs et du capital et réduit la main-d'_oeuvre disponible. Si l'on veut promouvoir le développement_économique, il faut que les éléments les plus pauvres des sociétés en développement aient la possibilité de devenir aussi productifs que les ressources le permettent et y soient encouragés. L'état de santé d'un pays et le développement_économique étant fondamentalement liés, il n'est pas possible de refuser à la majorité de la population l'accès à une meilleure protection sanitaire sans porter atteinte aux perspectives nationales de développement. Il est à peu près certain que si l'on ne peut consacrer que des ressources limitées aux services sanitaires (dans de nombreux pays_en_développement, les dépenses_publiques de santé représentent au total moins d'un dollar par personne), il est possible d'en augmenter l'efficacité et d'assurer un accès plus équitable à la protection sanitaire. Il faut pour cela que les gouvernements restreignent les dépenses considérables inscrites aux chapitres de la construction d'hôpitaux et de la formation de personnel hautement qualifié, pour consacrer plus de ressources à fournir du personnel à des services sanitaires moins ambitieux, dans des régions qui n'en possèdent que très peu ou n'en possèdent pas du tout. Plutôt que la médecine curative, c'est la médecine préventive qu'il faudrait favoriser, une médecine qui s'attacherait surtout à l'amélioration de l'environnement et de la santé publique, de l'hygiène personnelle et de la nutrition. Sans avoir financé directement les dépenses d'infrastructure de santé de type classique, la Banque a commencé à financer des projets dans un certain nombre de domaines qui ont une incidence directe sur la santé, soit qu'elle ait fourni certains éléments de projets, soit qu'elle ait contribué à financer le projet lui-même dans son ensemble. Au nombre de ces domaines figurent la population, la nutrition, l'éducation, le développement_rural, l'irrigation et le drainage, les "trames d'accueil" et en particulier l'approvisionnement en eau et l'assainissement. Cet effort sera poursuivi. En outre, la Banque a décidé, dans le cadre de son programme annuel de prêt, d'analyser systématiquement les conséquences sur la santé des projets qu'elle contribue à financer, et de rechercher toutes les possibilités d'améliorer la condition sanitaire dans le monde en développement. L'exécution de cette politique a été confiée à son bureau de l'écologie et de la santé, dont les fonctions ont été étendues. Ce bureau sera chargé: - d'examiner toutes les opérations de prêt du Groupe de la Banque pour éviter qu'elles n'aient une incidence préjudiciable sur la santé, et assurer qu'elles permettent au contraire d'en améliorer le niveau général; - coordonner les activités de la Banque, lorsqu'elle participe à divers projets de lutte contre telle ou telle maladie,- - entreprendre, dans un certain nombre de pays, des analyses du secteur de la santé, l'objet de ces analyses étant choisi, au début, selon des critères extrêmement rigoureux; - planifier et superviser les activités de recherche auxquelles participe la Banque dans ce secteur, et - organiser et surveiller des expérimentations sur le terrain pour éprouver les systèmes sanitaires les plus efficaces. La Banque étend aussi sa collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en particulier pour améliorer la répartition des ressources nationales consacrées à des dépenses de santé. De fait, les deux organisations sont complémentaires, l'OMS possédant un grand nombre d'experts, tandis que la Banque est bien équipée pour la conduite d'analyses économiques -il existe de vastes domaines où la Banque pourrait collaborer avec l'OMS et d'autres organisations, comme elle l'a déjà fait dans le cas du projet de lutte contre l'onchocercose en Afrique de l'Ouest. *{p. 23} Plus important peut-être est le fait que la Banque et l'OMS, se faisant au départ une idée différente du rôle que chacune avait à jouer pour aider les pays_membres des deux organisations, sont arrivées, pour l'essentiel, à la même conception des priorités à attribuer et des méthodes qui conviennent pour s'attaquer aux problèmes de santé des pauvres. Logement et transports urbains. Pendant l'année écoulée, tout en s'efforçant de définir les solutions qui permettraient de remédier à la pauvreté dont souffre une grande partie du tiers_monde - le développement_rural, l'éducation, l'amélioration de la protection sanitaire sont parmi les moyens mis en oeuvre à cet effet la Banque n'a pas perdu de vue, au contraire, que la pauvreté n'est nullement limitée aux régions rurales. Il ressort d'estimations faites par les services de l'ONU qu'en 1975, 819 millions d'êtres_humains, soit 30% de la population des pays_en_développement, vivent dans des villes et agglomérations de plus de 20 000 habitants; à la fin du siècle, cette proportion aura atteint environ 42% et le nombre des habitants des villes sera de 2,2 milliards. La moitié d'entre eux seront venus de la campagne, attirés par de meilleures possibilités d'emploi. La plupart trouveront dans leur nouvel environnement des conditions_de_vie défectueuses, mais pour déplorables qu'elles soient - elles sont surtout plus visibles lorsqu'il s'agit de citadins que de paysans pauvres - la plupart des migrants jugeront que leur installation en ville est une nette amélioration. Un fait est certain: les services fournis aux éléments pauvres de la population, qu'ils vivent en ville ou à la campagne, sont très inférieurs à ceux dont bénéficient les classes_moyennes et aisées. En ce qui concerne le logement, par exemple, les groupes les plus riches sont très fortement privilégiés - c'est à eux que vont la plus grande partie des terrains disponibles et des services_publics assurés par la collectivité - eau, égouts, électricité - les groupes les plus pauvres ne bénéficiant guère, dans la meilleure des hypothèses, que de services minimaux. L'exemple type est celui des normes choisies pour les services_publics qui sont toujours trop coûteux pour les groupes les plus pauvres. Les logements destinés aux classes titulaires de revenus moyens sont insuffisants et souvent, des logements ostensiblement construits pour des familles défavorisées sont usurpés par des familles à revenus assez élevés. Du côté des transports urbains, les pouvoirs_publics, contrairement à ce qu'ils cherchaient, ont appliqué des politiques qui ont souvent joué à l'encontre des plus démunis. Pour beaucoup, surtout dans les villes pauvres, toute forme de transport motorisé est un luxe qu'ils ne peuvent s'offrir régulièrement. Dix cents par jour de travail - le prix d'un trajet aller-retour, sur une distance de 3 à 5 km, est en général de cet ordre - cela représente environ 10% d'un revenu annuel de 300 dollars, et beaucoup des salariés les plus pauvres gagnent moins que cela. Or les chemins pour piétons et routes cyclables sont notoirement insuffisants dans les villes de la plupart des pays_en_développement, et perdent même du terrain face à la priorité accordée à la voiture privée. L'étalement urbain, la faible densité des villes rendent souvent difficiles la marche ou l'utilisation d'une bicyclette. Périodiquement, on démolit des bidonvilles mais leurs habitants, ne pouvant construire, acheter ou louer un logement près de leur lieu de travail, sont repoussés vers la périphérie des villes, souvent dépourvues de moyens de transport ou dotées de transports coûteux. Pour favoriser le développement_économique et le bien-être_social, on gagnerait beaucoup à réorienter les programmes actuels de construction de logements. Un petit nombre de pays_en_développement ont adopté des programmes novateurs, orientés vers les besoins de leurs populations urbaines toujours plus nombreuses, mais dans les autres pays (et c'est la majorité), les conditions de logement demeurent très mauvaises, alors qu'il ne serait pas impossible de les améliorer. Les raisons de cet état de chose sont complexes, mais tiennent surtout à une mauvaise compréhension des problèmes fondamentaux et à un manque de ressources qui se traduisent en fin de compte par l'adoption de politiques peu judicieuses. La Banque estime que de nombreux pays ont souvent choisi, pour satisfaire les besoins des habitants des villes, de construire des logements répondant à des normes si élevées que la forte demande de logements ne peut être satisfaite. De plus, par leur prix, de tels logements sont souvent hors de portée des populations urbaines pauvres. Le même type d'analyse s'applique qu'au domaine de la santé.- on a construit des hôpitaux modernes, alors qu'il aurait fallu prendre des mesures permettant à la masse de la population de mieux se porter. *{p. 24} Si les pays_en_développement avaient à la fois la volonté et la possibilité d'abaisser le coût des logements en abaissant les normes, en encourageant les projets castor, en encourageant ou en assurant une plus forte densité de construction, en utilisant des matériaux locaux, en donnant la préférence aux installations de plomberie et installations sanitaires communales, et non aux installations privées, enfin en renforçant l'efficacité des institutions de financement des logements, les conditions de logement pourraient être grandement améliorées pour la majorité pauvre des populations urbaines. Dans les très grandes villes, où les revenus sont très bas, c'est probablement en dotant les zones de bidonvilles d'un minimum de services que l'on peut espérer améliorer les conditions_de_vie inacceptables qui sont celles des populations les plus démunies. On peut aussi, par un zonage et par des politiques d'utilisation judicieuse des sols, chercher à rapprocher, à l'intérieur des villes, les lieux de résidence des lieux d'emploi: les besoins de transport en seraient réduits, et un plus grand nombre de possibilités seraient offertes aux travailleurs pauvres. Comme dans le cas du logement, la Banque s'intéressera surtout aux transports urbains dans les villes où les autorités auront prouvé qu'elles sont disposées à envisager et à appliquer des mesures hardies afin d'adapter leurs politiques aux pressions toujours plus vives d'une croissance urbaine rapide. La priorité sera accordée aux projets de création d'un réseau de base de transport, correspondant surtout aux besoins de la majorité des citadins qui n'ont pas les moyens de posséder une voiture, ainsi qu'aux projets de transport-marchandises. En conséquence, sans négliger l'importance donnée aux réseaux d'autobus et de chemins de fer urbains, qui comportent l'achat de véhicules, la construction d'ateliers, de gares terminus et l'amélioration des routes et voies nécessaire à un fonctionnement efficace, la Banque accordera une attention particulière aux projets axés sur les besoins des nombreux cyclistes et piétons qui n'ont pas les moyens d'emprunter des transports publics, ces derniers fussent-ils à bas prix. Mais l'expansion et le financement des programmes de transport urbain est un domaine dans lequel la progression des activités de la Banque sera inévitablement limitée par le long délai qu'exige la préparation de projets ainsi que par la pénurie générale d'experts en ce domaine. La Banque est cependant convaincue qu'elle ne peut cesser d'y participer de plus en plus, car les transports urbains exercent, à de nombreux égards, une influence décisive sur la configuration physique et sociale des villes. Or on ne dispose pas actuellement d'une méthodologie satisfaisante pour analyser les problèmes de transport urbain et leur trouver des solutions. La Banque s'efforcera donc aussi d'encourager la mise au point d'un ensemble de méthodes spécifiquement adaptées aux conditions urbaines générales qui règnent dans les pays_en_développement. Toutefois, l'assistance de la Banque n'aura le maximum d'efficacité que si elle se situe dans la perspective d'un programme global d'aménagement urbain. La Banque estime qu'un programme d'ensemble pourrait comporter, notamment, un effort d'amélioration des politiques de gestion des sols et la formulation de politiques propres à freiner la multiplication du nombre des voitures utilisées aux heures de pointe, mais aussi une attitude positive de la part des autorités intéressées, qui doivent à la fois comprendre les imperfections du marché et être disposées à les réduire progressivement. C'est seulement dans ces conditions que l'aide de la Banque pourra porter le maximum de fruits dans des domaines aussi divers que le financement des transports urbains, l'aménagement de "trames d'accueil", l'amélioration des bidonvilles, ainsi que le renforcement progressif des moyens dont disposent les institutions locales de financement de la construction de logements auxquels auront contribué notamment l'octroi d'une assistance technique et la fourniture d'un capital initial aux institutions de prêt sur hypothèques. Pendant l'exercice, la Banque a prêté une attention toujours plus grande à des projets venant à l'appui de programmes généraux d'urbanisme ou d'aménagement du territoire. *{p. 25} Assistance technique et autres activités. Assistance technique. La Banque fournit la majeure partie de son assistance technique dans le cadre de ses projets ou de ses activités sectorielles ou économiques, aussi n'est-il pas facile d'en isoler le coût. Toutefois, il arrive de plus en plus souvent que les prêts et les crédits comportent un élément déterminé d'assistance technique, par exemple, des services de consultant. Pendant l'exercice financier 1975, 139 opérations de prêt ont comporté un élément identifiable d'assistance technique, contre 112 l'exercice précédent. Pour la première fois le montant disponible, soit 160 millions de dollars, a dépassé 100 millions de dollars. L'assistance technique dispensée aux régions et aux pays à l'intérieur des régions est étudiée plus en détail dans les sections par région du Rapport annuel. Quelques pays exportateurs de pétrole qui ne sont pas des emprunteurs de la Banque reçoivent aussi une assistance technique et cette assistance continuera à leur être fournie, mais à l'avenir il est prévu que la quasi totalité de l'aide qui sera apportée aux pays qui ont les moyens de la payer, devra être payée sur la base d'un remboursement en espèces et selon des modalités qui devront être fixées avec chaque pays bénéficiaire. Il est rare que la Banque accorde des dons pour l'assistance technique. Les États membres qui cherchent à obtenir des dons sont incités à s'adresser à d'autres organismes. Toutefois, la Banque fait souvent office d'Agent d'exécution pour les projets de préinvestissement financés par le Programme des nations_unies pour le développement (PNUD) qui, à l'intérieur du système des nations_unies, constitue la principale source de dons. Pendant l'exercice 1975 la Banque a accepté de servir d'Agent d'exécution pour 15 projets nouveaux auxquels le PNUD a affecté 5,4 millions de dollars. L'assistance à la planification du développement gagne en importance dans le cadre de ces arrangements. Lorsqu'elle intervient en qualité d'Agent d'exécution pour les projets de ce genre, la Banque aide à déterminer les compétences techniques auxquelles il y a lieu de faire appel, elle met sur pied une équipe responsable de la planification et en contrôle les travaux. Pendant l'exercice la Banque a eu des projets de planification en cours de réalisation en Éthiopie, en Indonésie, en Jordanie, au Liberia, au Soudan et au Zaïre et elle a entrepris trois nouveaux projets aux Philippines, dans la République de Corée et au Lesotho. Il y a des projets en perspective pour la Somalie et le Souaziland. D'autres projets nouveaux pour lesquels la Banque a accepté de servir d'Agent d'exécution au cours de l'exercice portent notamment sur les institutions de financement du développement au Chili, en Indonésie et en République de Corée, sur l'agriculture au Paraguay et en Uruguay, et sur le tourisme aux Philippines et au Sénégal. La Banque a entrepris un projet novateur, financé par le PNUD, où pendant trois ans, elle fera des recherches au Brésil, pour un coût de 2 millions de dollars sur l'interdépendance de la construction, de l'entretien et de l'utilisation du réseau routier. On s'attend que les résultats de cette étude seront également applicables à d'autres pays. Un autre projet financera le programme dans le cadre duquel la Banque aidera le gouvernement de la Birmanie à élaborer et à réaliser des projets d'investissement qui concernent l'agriculture, l'énergie, les transports, l'industrie (engrais et sidérurgie) et le tourisme. On estime que les montant affectés par la Banque et l'IDA aux études, terminées ou en cours, qui ont été entreprises dans le cadre de ces projets s'élevaient à 356,8 millions de dollars au 31 décembre 1974. *{p. 86} Institut de développement_économique. Après que les Administrateurs de l'Institut en eurent réexaminé les politiques au cours de l'exercice précédent, l'Institut de développement_économique (IDE) a continué d'élargir la portée de son programme de formation des fonctionnaires supérieurs qui sont chargés des programmes et des projets de développement dans les pays_en_voie_de_développement. Il a continué de faire une très large place aux cours hors siège pendant l'exercice financier 1975, puisqu'il a organisé 17 cours (452 participants) dans les pays_membres, contre 11 (265 participants au total), à Washington. La prépondérance accordée aux cours hors siège s'explique par le fait que l'Institut ne peut à lui seul dispenser cette formation pour laquelle il reçoit des demandes toujours plus nombreuses,- il tient donc à maximiser ses maigres ressources, en formant dans les pays_membres, des enseignants susceptibles d'assurer eux-mêmes la formation d'autre personnel et ce, en opérant soit de concert, soit par l'intermédiaire d'institutions existantes, ou en organisant des cours qui peuvent servir de base à des programmes de formation indigène. C'est à cet effet, qu'il a également adopté la politique de "formation de formateurs", et inscrit donc dans ses cours de plus en plus de fonctionnaires exerçant certaines activités de formation dans leur propre pays, lesquels après avoir participé aux cours de l'IDE, seront eux-mêmes en mesure d'organiser des programmes de formation, Les cours hors du siège permettent aussi de réduire les frais de voyage et, de surcroît, ils sont dispensés dans le milieu même - le pays ou la région - où les participants sont appelés à exercer leurs fonctions. Depuis la création de l'IDE en 1955, quelque 4.000 participants ont suivi les cours organisés à Washington et hors siège, et bien que le nombre des candidats n'ait cessé d'augmenter régulièrement, leurs titres et diplômes restent toujours impressionnants. Ces dernières années, le nombre des cours a nettement augmenté tout comme celui des matières enseignées. La demande de cours d'analyse des projets concernant certains secteurs particuliers (par opposition aux cours généraux sur les projets ou aux cours de gestion de l'économie nationale), s'est poursuivie pendant l'exercice 1975; sur les 28 cours donnés, il y en a eu 21 du premier type et 7 seulement du second. Les cours d'analyse de projets ont porté sur les secteurs les plus divers: agriculture et développement_rural, agro-industrie, banques de développement, enseignement, industrie, transport, urbanisation, approvisionnement en eau et évacuation des eaux usées. La plupart de ces sujets avaient été traités au cours des exercices précédents, mais il y a eu deux cours nouveaux, tous les deux donnés en anglais, qui ont porté sur les projets de développement_rural et sur les projets agro-industriels. De plus, un cours de gestion de l'économie nationale a été organisé à Washington à l'intention des pays arabes. Sur les 17 cours organisés hors siège, il y a eu 7 cours régionaux ouverts aux ressortissants d'un certain nombre de pays. De même que pendant les exercices précédents, l'IDE s'est associé à la Banque Africaine de Développement (Bafd), à la Commission économique pour l'Afrique (CEA) et à l'Institut africain pour le développement et la planification économique (IDPE) pour organiser en Côte-d'Ivoire des cours régionaux à l'intention de participants africains francophones. Il y a eu deux cours, l'un sur les projets agricoles, et l'autre sur les projets routiers. Le programme de cours régionaux en espagnol, réalisé actuellement au Brésil sous les auspices conjoints de l'IDE et du Centre de Planification du développement du ministère brésilien de la Planification (CENDEC) s'est poursuivi; les cours ont porté sur des projets concernant l'enseignement, la gestion des projets d'enseignement et les projets agricoles. Les deux autres cours régionaux ont été donnés au Japon et au Koweït respectivement. Le premier, consacré à l'économie du développement, a été donné sous les auspices du Centre de développement industriel du Japon (CDIJ); et le deuxième, un cours général sur les projets, a été organisé de concert par l'IDE et l'Institut arabe de planification. Les 10 autres cours hors siège, organisés pendant l'exercice financier 1975, ont été des cours nationaux auxquels seuls ont participé les ressortissants d'un même pays. Un cours général sur les projets a été organisé en Iran, avec la collaboration de l'Industrial Mining and Development Bank of Iran et la Banque iranienne du développement de l'agriculture. Le Gouvernement algérien s'est joint à l'IDE pour organiser un cours sur les projets industriels à l'intention des ressortissants algériens. A l'occasion du cours régional sur l'agriculture donné en Côte-d'Ivoire, l'institut a organisé à Abidjan un séminaire sur les projets agricoles en association avec la banque_nationale du développement agricole. L'IDE a donné son premier cours en Arabie Saoudite, un cours général sur les projets, qu'il avait organisé en collaboration avec l'Institut d'administration_publique de l'Arabie Saoudite. *{p. 87} En Inde, l'IDE a aidé le Collège de formation des banquiers de la Réserve Bank of India à mettre sur pied un cours sur les banques de développement. Deux cours ont été organisés en Indonésie, tous deux en association avec l'Institut national de planification - un cours général sur les projets et un cours sur les projets de développement_rural. L'Institut d'étude du développement du Bangladesh a collaboré à nouveau avec l'IDE en vue de l'organisation d'un cours sur les projets agricoles. Le premier cours donné par l'IDE en Roumanie, qui a porté sur les projets industriels, a été organisé sous les auspices du Centre de formation des cadres dirigeants de la Roumanie. Deux cours, portant l'un sur les projets concernant les transports et l'autre sur les projets de développement agricole et rural, ont été organisés au Soudan dans le cadre des programmes spéciaux réalisés sous les auspices du Programme des nations_unies pour le développement (PNUD). L'IDE a continué d'organiser des cours en français et en espagnol pendant l'exercice 1975. Quatre cours ont été donnés en espagnol (trois au Brésil et un à Washington) et trois en français (deux en Côte-d'Ivoire et un à Washington). Coordination de l'aide. A la demande des gouvernements des pays qui accordent l'aide comme de ceux qui la reçoivent, la Banque a depuis de nombreuses années été (et reste) la principale organisatrice des mécanismes de coordination de l'aide dans un certain nombre de pays_en_voie_de_développement recevant une assistance de plusieurs sources bilatérales et multilatérales. Pendant l'exercice, 10 des groupes de coordination présidés par la Banque ont tenu des réunions officielles. *{p. 88} Ce furent les groupes d'aide au Bangladesh, à la Colombie, à l'Inde, au Pakistan, au Pérou, aux Philippines, au Sri Lanka, à la Tanzanie, à la Tunisie et au Zaïre. De plus, la Banque s'est jointe à la Banque Asiatique de Développement (BAD) pour organiser une réunion sur le Laos et a fourni du personnel pour une réunion du Groupe intergouvernemental d'aide à l'Indonésie, que préside le gouvernement des Pays-bas. En amérique_latine, la Banque a continué de participer activement aux études de portée nationale entreprises à l'initiative du Comité exécutif permanent du conseil_économique_et_social inter-américain (CEPCIES - ancien CIAP). Le grand nombre de projets que la Banque et l'IDA ont aidé à financer conjointement ou parallèlement avec d'autres organismes bilatéraux ou multilatéraux illustrent l'intensification de la coopération entre les diverses institutions d'aide au développement. Des règles bien établies ont présidé aux opérations de cofinancement réalisées avec le Programme des nations_unies pour le développement (PNUD), le Fonds des nations_unies pour les activités en matière de population (FNUD) et diverses institutions régionales de financement, ainsi qu'avec les organismes d'aide de l'Allemagne, de la Belgique, du Canada, des États-unis, de la France, du Japon, du Koweït, de la Norvège, du Royaume-uni, de la Suède et de la communauté_économique_européenne. En outre, des projets ont été financés en collaboration avec plusieurs sources bilatérales et multilatérales, par exemple, l'Arabie Saoudite, l'Iran, le Qatar, le Fonds d'Abou Dhabi, le Fonds arabe de développement_économique et social (FADES), le Fonds du Koweït pour le développement_économique des pays arabes (FKDEA) et la Banque arabe étrangère libyenne. Et, pour la première fois, le Fonds d'équipement des nations_unies a contribué au financement d'un projet. Sur le plan régional, la Banque a participé au programme de lutte contre l'onchocercose (cécité des rivières) en Afrique occidentale. (Pour des indications plus détaillées, voir la section "Afrique de l'Ouest" du présent Rapport annuel.) De plus, à l'aide de fonds fournis par le PNUD (Projet régional 253) avec l'assistance des gouvernements des États-unis, du Japon, des Pays-bas et du Royaume-uni, la préparation de 11 projets dans le cadre du Programme de projets agricoles pilotes du Comité du Mékong furent menés à terme. La banque_mondiale sert d'Agent d'exécution pour le projet du PN U D en association avec la Basd et l'Organisation des nations_unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Pendant l'exercice, la Banque et l'IDA ont conclu, avec le gouvernement de la République fédérale d'Allemagne, un accord qui définit la portée générale et les termes et conditions des futures opérations de cofinancement. Des consultations ont eu lieu pendant l'exercice sur les programmes de prêts respectifs de certains organismes japonais (Fonds de coopération économique d'Outre-mer et Banque Export-import du Japon) - avec le Fonds d'Abou Dhabi, le FADES et le FKDEA, a l'effet de déterminer les possibilités de coopération en ce qui concerne certains projets précis; avec la Commonwealth Development Corporation sur des questions d'intérêt_commun et des problèmes relatifs à divers pays et projets; avec la Banque Africaine de Développement, le Fonds Européen de Développement et la Banque Européenne d'Investissement (là encore, pour déterminer la possibilité de coopérer à l'exécution de certains projets précis); et avec la Banque Inter-américaine de Développement. *{Coopération entre institutions; Recherche agricole internationale; Vérifica** ** tion de la gestion et évaluation des opérations; Comité mixte de vérification de la gestion} *{fin de section} *{p. 89} Recherches et études économiques. Les Administrateurs ont effectué leur deuxième étude annuelle du Programme de recherche de la Banque. S'ils ont approuvé l'orientation générale du programme, ils sont convenus qu'il faudrait veiller sans cesse à ce que le programme garde son caractère opérationnel, à améliorer la diffusion des résultats de la recherche, tant à l'intérieur de la Banque que dans les pays_en_voie_de_développement, à poursuivre la collaboration avec les institutions des pays_en_voie_de_développement, à favoriser les recherches pour lesquelles la Banque est relativement mieux armée et à éviter les doubles emplois avec d'autres organismes. *{p. 93} A toutes fins utiles, on peut considérer que le programme actuel a démarré pendant l'exercice 1972: il comporte actuellement plus de 100 projets, dont l'état d'avancement est le suivant: Projets terminés: 29; Projets touchant à leur terme: 12; Projets reportés de l'exercice 1974: 40; Projets commencés pendant l'exercice 1975: 24. *{total:}105 Le programme de recherche continue de faire une large place à des questions comme la répartition du revenu et l'emploi, la population, le développement_rural et urbain, qu'il étudie plus particulièrement dans leurs rapports avec les groupes_sociaux déshérités. Pendant le dernier exercice, les recherches en question ont absorbé plus de la moitié des dépenses totales au titre du programme. Pour le reste, les ressources ont été consacrées à des études qui ont porté sur certains secteurs précis, tels l'enseignement, les services_publics, l'industrie et les transports, y compris, dans ce dernier cas, une importante étude sur la substitution des méthodes ergatiques aux méthodes capitalistiques dans les travaux de génie civil en général, et d'autre part, à des études plus générales comme celles qui mettent l'accent sur l'analyse comparative internationale, par exemple, sur la comparaison des agrégats économiques compte non tenu des taux_de_change, et l'analyse des changements de structure de la production industrielle, du commerce et de l'emploi. Certaines des études sectorielles spéciales, par exemple l'étude de l'électrification rurale, portent sur des problèmes du développement_rural et urbain. L'absence de données de base -fiables fait sérieusement obstacle à toute étude de la répartition du revenu. Aussi, plusieurs projets de recherche portent-ils sur l'amélioration de la base de données nécessaires pour identifier de façon plus précise les caractéristiques des groupes déshérités. Ces études ont été entreprises en collaboration avec deux organismes des nations_unies, la CEPAL (Commission économique pour l'amérique_latine) et la CESAP (Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique), ainsi qu'avec l'ECIEL (Estudios Conjuntos Sobre Integracion Econômica Latino americana), qui regroupe des institutions de recherche d'amérique_latine. Un autre groupe de projets tendent à mieux faire comprendre la relation existant entre la croissance et l'équité. Ces projets, dont on peut considérer qu'ils en sont encore au stade expérimental, se caractérisent par la diversité des démarches suivies. Il serait prématuré de prédire dès maintenant laquelle sera la plus efficace. Un autre projet connexe porte sur l'effet de redistribution des dépenses_publiques, et vise à identifier les bénéficiaires effectifs des principaux services_publics et à en étudier le mode de répartition. Les projets concernant l'emploi touchent de très près aux projets portant sur la répartition du revenu. Dans ce cas, également, les éléments d'information relatifs au fonctionnement du marché urbain du travail ne sont pas réellement satisfaisants,- aussi différents projets ont-ils été entrepris en vue d'examiner de manière plus approfondie les caractéristiques des travailleurs employés dans le secteur moderne et les secteurs non organisés. De même que dans le cas de la répartition du revenu, certaines études portent également sur l'incidence des diverses politiques sur la croissance future de l'emploi. Pour l'une de ces études, la Banque collabore avec le Conseil des études de la main-d'_oeuvre asienne (CAMS). Un autre projet passe en revue les caractéristiques des programmes de travaux_publics réalisés dans 15 pays en vue de dégager de cette expérience les conclusions sur les systèmes d'organisation des programmes de travaux_publics qui semblent devoir donner les meilleurs résultats. Les aspects techniques et économiques de la substitution de la main-d'_oeuvre aux équipements dans la construction de routes, et autres travaux de génie civil ont été l'objet d'une autre étude. Les premières phases de cette étude ont conclu que pour la plupart des séries de prix des facteurs qui sont concevables, les méthodes ergatiques, telles qu'elles sont appliquées traditionnellement, ne peuvent concurrencer les méthodes capitalistiques modernes. Au stade actuel, on s'emploie à déterminer quelles sont les technologies intermédiaires les plus satisfaisantes du point de vue économique. Un certain nombre d'études connexes étudient l'influence de la santé et de la nutrition sur la productivité de la main-d'_oeuvre. Un certain nombre de projets de recherche ont spécialement pour objet d'aider à améliorer la conception des projets futurs de développement_rural. Les conclusions de l'étude sur les projets de développement_rural réalisés en Afrique dont il a été question dans le dernier Rapport annuel sont en voie de publication. Un projet plus récent, qui a déjà fourni de précieuses informations, est en cours de réalisation dans le nord-est du Brésil. *{p. 94} La première phase du projet a consisté à rassembler des données détaillées sur la taille des exploitations agricoles, l'organisation des exploitations, les régimes fonciers, la technologie et les coûts - ces données seront analysées au cours de la seconde phase. Un autre projet, aux objectifs analogues, repose sur des études anthropologiques comparatives menées dans huit villages de quatre pays différents. Un projet entrepris dans le courant de l'année vise à rassembler des informations sur les communautés rurales à partir de sources très différentes et comporte notamment une enquête menée dans le cadre d'un projet soutenu par la Banque visant à analyser les effets de différentes politiques sur les communautés rurales. Une étude plus spécifique a également été entreprise en collaboration avec l'Organisation des nations_unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) - elle porte sur l'accroissement potentiel de la productivité des petits exploitants agricoles de la Tanzanie. Il s'agit là d'une étude pilote qui, si les résultats en sont satisfaisants, sera répétée dans d'autres pays. Un projet antérieur concernant le secteur agricole, qui a donné lieu à une collaboration soutenue et étroite entre la Banque et le gouvernement du Mexique, a abouti, entre autres résultats, à la publication d'un livre intitulé Multi-level Planning: Case Studies in Mexico, publié sous la direction de Louis Goreux et Alain Manne, qui a obtenu en 1973 le prix Lanchester de la société_américaine de recherche opérationnelle. De façon générale, les recherches relatives aux services_publics ont porté surtout sur l'analyse des politiques de tarification et d'investissements, et les conclusions en ont été utilisées dans des opérations récentes. Plusieurs projets de recherche en cours devraient permettre à la Banque de mieux comprendre l'utilité des services_publics et définir des critères adéquats pour l'investissement dans les zones rurales. En vue de définir des critères plus adéquats pour les projets de la Banque, on étudie par ailleurs le niveau de la qualité des services_publics dans les zones urbaines, qui souvent est fixé en fonction des exigences qui ont cours dans les pays développés. Une étude analogue porte sur les normes à appliquer aux projets de "trames d'accueil". Pour être mieux connus, les résultats des recherches de la Banque sont souvent publiés sous la forme de "Staff Working Papers", et parfois sous la forme de monographies et de livres. La liste complète de ces publications paraît chaque année dans le "World Bank Catalog". On trouvera des informations plus détaillées sur le programme de recherche en cours dans les "Abstracts of Current Studies" qui paraissent également chaque année.