*{Rapport annuel, 1983, Banque mondiale} Chapitre deux. La scène économique: vue d'ensemble. La persistance de la récession dans les pays industriels a fortement limité la croissance des pays_en_développement en 1982. La baisse de la demande dans les pays industriels a entraîné un fléchissement à la fois des prix et des volumes des produits de base exportés par les pays_en_développement. Les politiques monétaires restrictives appliquées dans un certain nombre de pays industriels pour maîtriser l'inflation ont eu pour effet de maintenir des taux_d'_intérêt très élevés, ce qui a fortement accru les paiements au titre du service_de_la_dette à taux flottant des pays_en_développement. Les pays_en_développement exportateurs de pétrole ont connu des difficultés en raison de la tendance à la baisse des prix du pétrole. Le fléchissement des recettes d'exportation combiné avec l'augmentation des intérêts à verser a créé de graves problèmes de balance_des_paiements . Certains pays n'ont pas été en mesure de s'acquitter de leurs obligations au titre du service_de_la_dette extérieure et un grand nombre de pays ont dû appliquer des politiques d'austérité rigoureuses pour limiter le déficit de leurs transactions courantes. Le bilan économique des pays_en_développement a été extrêmement variable, mais la plupart des pays ont enregistré des taux_de_croissance plus faibles que ceux des années 70, alors que dans certains autres, le produit_intérieur_brut (PIB) a diminué en valeur absolue. Il semble que dans les grands pays_industrialisés, la croissance redeviendra positive en 1983 (alors qu'elle avait reculé de 0,2% en 1982), ce qui devrait avoir pour effet d'accroître la demande des produits d'exportation des pays_en_développement. Les taux_d'_intérêt ont diminué depuis le milieu de 1982, bien qu'ils restent exceptionnellement élevés par rapport aux taux d'inflation. La diminution des prix du pétrole sera préjudiciable aux pays_en_développement qui sont fortement tributaires des exportations de pétrole, bien que la baisse des taux_d'_intérêt doive avantager certains des plus gros emprunteurs de ce groupe. Les pays importateurs de pétrole bénéficieront de la baisse des prix du pétrole et des taux_d'_intérêt, au moment même où apparaissent les signes d'un redressement des prix de certains des produits de base qu'ils exportent. Tous ces facteurs devraient quelque peu atténuer les contraintes extérieures pesant sur les pays_en_développement en 1983; cependant, la plupart d'entre eux (en particulier ceux dont la dette commerciale est élevée) devront continuer de mettre en oeuvre des programmes d'ajustement douloureux. Il est probable qu'en 1983, la croissance des pays_en_développement sera encore beaucoup moins élevée que la moyenne des années 70 et peut-être inférieure à l'accroissement de la population. Évolution dans les pays_industrialisés. Les grands pays_industrialisés ont continué d'appliquer des politiques monétaires restrictives pour lutter contre l'inflation en 1982, ce qui s'est traduit dans la plupart d'entre eux soit par une baisse du PIB, soit par des taux_de_croissance extrêmement faibles. Le PIB a fléchi aux États-unis, en Allemagne et au Canada et a stagné dans la plupart des pays européens. L'augmentation de la production a été inférieure à la croissance de la population dans la plupart des pays et la production industrielle a sensiblement baissé. Le Japon a été le seul grand pays développé où le taux_de_croissance du PIB a dépassé 2%, mais même dans ce pays, il est resté bien inférieur à la moyenne des années 70. Le coût de la récession a été très lourd. Le taux de chômage moyen a atteint 9% au cours du second semestre de 1982, avec plus de 32 millions de personnes à la recherche d'un emploi, chiffre jamais atteint depuis la grande dépression des années 30. Le nombre de faillites d'entreprises a fortement augmenté à la fois en Europe et aux États-unis, alors que le taux d'utilisation de la capacité de production a baissé de plus de 11% dans l'industrie manufacturière des États-unis. Par ailleurs, des progrès non négligeables ont été enregistrés dans la lutte contre l'inflation dont le taux (mesuré par le coefficient de déflation du PIB en monnaies nationales) est tombé à 7,2% en 1982. Au Royaume-uni et aux États-unis, la hausse des prix s'est considérablement ralentie en 1982 et dans les pays à faible taux d'inflation (comme le Japon et l'Allemagne), la situation est restée pratiquement inchangée. Les politiques monétaires restrictives ont réduit l'inflation et la récession a contribué à modérer les revendications salariales. La réduction de la demande explique dans une très large mesure la forte baisse des prix des produits de base autres que le pétrole et le fléchissement du prix du pétrole, qui ont aussi contribué au ralentissement de la hausse des prix. *{p. 23} Les estimations préliminaires pour 1983 laissent prévoir une augmentation sensible de la croissance aux États-unis. L'Europe verra également le taux d'accroissement de son PIB augmenter, bien que probablement moins que celui des États-unis. On prévoit que dans le groupe des pays_industrialisés, la croissance sera d'environ 2%, ce qui correspond à un rythme beaucoup plus rapide qu'au cours des trois années précédentes, mais reste bien inférieur à la moyenne des périodes suivant habituellement une récession (par exemple, dans les pays_industrialisés, la croissance a été de 5% en 1976 après la récession de 1974-75). On prévoit également une légère baisse du taux de chômage dans un certain nombre de pays. Les fluctuations des taux_de_change en 1982 ont rendu plus difficile la gestion économique des pays_industrialisés. Le dollar a continué de monter fortement par rapport aux autres monnaies; l'indice pondéré en fonction des échanges_internationaux du taux_de_change du dollar, corrigé pour tenir compte des différences de taux d'inflation, a augmenté de près de 20% par rapport à la moyenne de 1981. La baisse des prix à l'importation des États-unis qui en a résulté a contribué à ralentir l'inflation dans ce pays, mais la hausse des prix dans d'autres monnaies de leurs exportations a diminué la compétitivité des produits des États-unis sur les marchés internationaux et a contribué à aggraver la récession dans ce pays. D'autres pays ont peut-être été contraints d'appliquer des politiques d'austérité plus rigoureuses qu'ils ne l'auraient fait autrement, en raison des effets inflationnistes de la dépréciation de leur monnaie. Les avantages pour l'Europe et le Japon d'un accroissement de la compétitivité de leurs exportations ont été limités dans une certaine mesure par le niveau extrêmement bas de l'activité économique aux États-unis et les pressions en faveur de l'application de restrictions à l'importation. pays_en_développement. La poursuite de la récession a eu des effets particulièrement préjudiciables aux pays_en_développement, car les principaux éléments de leur environnement extérieur ont continué à se dégrader en 1982. La faiblesse de la croissance dans les pays_industrialisés a réduit la demande de produits d'exportation en provenance des pays_en_développement, alors que les politiques monétaires restrictives s'accompagnaient de taux_d'_intérêt bien au-dessus des taux d'inflation. De ce fait, les prix et le volume des exportations des pays_en_développement ont fléchi et leurs paiements au titre du service_de_la_dette ont augmenté. En raison du coût élevé des emprunts, ces pays ont dû réduire leur demande de fonds privés, alors que les banques commerciales limitaient les flux de capitaux privés à destination de la plupart des pays_en_développement, dont les conditions de haut risque les inquiétaient et dont les perspectives de croissance leur paraissaient douteuses. De nombreux pays_en_développement ont été contraints d'adopter des politiques d'austérité rigoureuses pour diminuer leurs importations et limiter l'accroissement du déficit de leurs transactions courantes. La croissance a stagné ou fléchi, tout au moins par habitant, dans beaucoup d'entre eux. La croissance dans les pays_en_développement importateurs de pétrole a légèrement diminué par rapport à celle, déjà faible, enregistrée en 1981. Le PIB par habitant des pays d'amérique_latine importateurs de pétrole a diminué de 3,3%, alors qu'il avait déjà baissé de 4,5% en 1981. Dans la plupart des autres pays importateurs de pétrole, le revenu par habitant n'a que très légèrement progressé ou a même fléchi. Les principaux pays qui ont fait exception à cette évolution sont ceux de la région de l'Asie de l'Est qui, comparés à la plupart des autres pays, ont enregistré des taux_de_croissance élevés. La souplesse de leur économie leur a permis de mieux faire face à un environnement international défavorable, en dépit de leur dépendance à l'égard du commerce extérieur. Toutefois, même dans ces pays, le taux_de_croissance a été bien inférieur en 1982 à ceux enregistrés habituellement dans le passé, en raison de problèmes d'endettement et de la réduction de la demande de leurs produits manufacturés d'exportation. Un petit nombre d'autres pays (comme la Jordanie et la Turquie), qui ont adopté des politiques_économiques souples, ont enregistré des taux_de_croissance bien supérieurs à ceux de la moyenne des pays_en_développement. Les pays à faible revenu d'Asie ont maintenu des taux_de_croissance assez satisfaisants, et leur vaste marché intérieur a permis à l'Inde et à la Chine de rester relativement à l'abri de la récession. Toutefois, en Inde, une mauvaise mousson a réduit la production agricole et la croissance des exportations. La persistance de la stagnation économique dans les pays d'Afrique à faible revenu, où le PIB par habitant n'a cessé de diminuer depuis le début des années 70, est particulièrement inquiétante. De nombreux pays exportateurs de pétrole ont également enregistré un fort ralentissement de leur taux_de_croissance en 1982, en raison de la baisse des prix du pétrole et de la stagnation de leurs exportations. Beaucoup d'entre eux ont eu recours à des restrictions à l'importation pour limiter le déficit de leur balance_des_paiements . Certains pays exportateurs de pétrole, ayant contracté des emprunts importants lorsque les prix du pétrole étaient en hausse pour financer des plans de développement ambitieux, étaient fortement endettés. La baisse des revenus pétroliers en 1982 a créé de graves problèmes économiques et, dans certains cas, sociaux. *{p. 25} Des statistiques précises sont difficiles à obtenir, mais le ralentissement de la croissance dans les pays_en_développement s'est, de toute évidence, traduit par un accroissement des taux de chômage et du sous-emploi et une aggravation de la pauvreté. Dans certains pays, en particulier dans les régions les plus développés d'amérique_latine, la récession a interrompu brusquement les progrès accomplis au cours des années 70. Dans d'autres pays, en particulier dans les pays d'Afrique au sud du Sahara, elle a accéléré la baisse des niveaux_de_vie amorcée dans les années 70. La présente analyse doit inévitablement être présentée sous forme de statistiques assez austères mais, pour de nombreuses communautés, le renversement actuel de la conjoncture représente, dans la réalité, une véritable tragédie. Ces pays durement touchés ne pourront sortir que très lentement de leur pénible situation. Prix des produits de base autres que le pétrole. Les prix en dollars de la plupart des produits de base autres que le pétrole ont à nouveau fléchi en 1982, après leur forte baisse de 1981. La production industrielle dans les pays développés a diminué de 4%, ce qui a réduit la demande de matières_premières exportées par de nombreux pays_en_développement. En même temps, la hausse des taux_d'_intérêt a accru le coût du stockage, alors que le ralentissement de l'inflation a diminué l'intérêt que présentait l'acquisition de produits de base pour se protéger de l'inflation, ce qui a encore réduit la demande. De ce fait, les cours des minéraux, des métaux, des fibres, du bois et du caoutchouc ont été sensiblement inférieurs à ceux de 1981. En ce qui concerne les métaux, la demande de cuivre, de minerai de fer, d'aluminium et de plomb a considérablement baissé. Le cours du cuivre a diminué de 15% en 1982, en dépit de fortes réductions de la production aux États-unis. La baisse de la demande dans les secteurs des biens d'équipement, des biens de consommation et de la construction a réduit le prix de l'aluminium, alors que la diminution des achats de plomb était le résultat d'un fléchissement de la production automobile (on utilise du plomb pour la fabrication des batteries). En dépit de la réduction de la demande, le prix du minerai de fer a en fait augmenté, car il est lié à des contrats à long_terme qui avaient été négociés au début de l'année. A cette époque, comme une reprise sensible de la production industrielle était prévue pour 1982, les prix ont légèrement augmenté par rapport à 1981. Les prix des matières_premières d'origine agricole, comme le jute et le coton, ont également baissé, à la suite du fléchissement de la demande et de bonnes récoltes. Les prix du coton ont été particulièrement bas depuis la récolte record de la fin de 1981. *{p. 27} Les prix des produits alimentaires ont fortement baissé en 1982, d'excellentes conditions climatiques ayant permis d'enregistrer des récoltes records ou très supérieures à la moyenne dans plusieurs régions du monde. Les stocks de cacao sont restés élevés, l'offre ayant été excédentaire pendant cinq années consécutives. Les contingents d'exportations de café, adoptés en septembre dans le cadre de l'Accord international sur le café en ont contribué à limiter la baisse des prix, bien que les stocks soient restés à des niveaux élevés. La production de blé a légèrement augmenté en 1982 par rapport au niveau déjà élevé atteint en 1981 et les prix ont baissé en dépit d'une récolte médiocre en union_soviétique. L'accroissement de la production de riz enregistré l'année dernière s'est traduit par une baisse des prix d'environ 38%. L'accroissement de la production au cours de ces deux dernières années a contribué à améliorer notablement la situation alimentaire dans le monde et à atténuer la menace de la famine dans un certain nombre de régions, mais les baisses de prix qui en ont résulté ont fortement réduit les revenus des agriculteurs. Les recettes en devises d'un certain nombre des pays_en_développement parmi les plus pauvres ont sensiblement baissé, ce qui a sérieusement compromis leurs perspectives de croissance_économique. Dans l'ensemble, le prix en dollars des produits de base autres que le pétrole exportés par les pays_en_développement a baissé de 13,2% en 1982, les réductions les plus fortes touchant principalement le sucre, le riz et l'arachide, dont la valeur unitaire, dans chaque cas, a baissé d'au moins 35%. Les prix moyens des produits de base exportés par les pays_industrialisés, comme le blé, le maïs et le sorgho, n'ont pas diminué au cours de la récession actuelle aussi fortement que les prix des produits de base exportés par les pays_en_développement. Les prix à l'exportation des produits de base des pays_en_développement ont baissé de 25% au cours de la période 1980-82, alors que les prix des produits de base exportés par les pays_industrialisés n'ont diminué que d'environ 12,5%. Les données les plus récentes montrent que les prix des produits de base ont commencé à augmenter légèrement au début de 1983, à la suite de la réduction des stocks de certains produits et de la baisse des taux_d'_intérêt (qui rend le stockage plus intéressant) et parce que l'on prévoyait une reprise de l'activité économique aux États-unis, reprise qui devrait contribuer à accroître la demande. *{p. 28} Accords internationaux de produits. Les accords internationaux de produits prévoyant des interventions sur le marché sont actuellement en vigueur pour cinq produits de base (cacao, café, caoutchouc naturel, sucre et étain). Ils ont eu des effets variables sur les cours en 1982. L'Accord international sur le café, qui impose les contrôles les plus restrictifs sur les activités commerciales de ses membres, semble avoir le mieux réussi à empêcher les baisses de prix. Les prix du café ont augmenté en moyenne en 1982. Cependant, dans le cas des accords qui font essentiellement appel à un système de stock régulateur pour stabiliser les cours (cacao, caoutchouc et étain), il a été difficile de trouver des fonds pour acheter les excédents nécessaires étant donné la tendance à la baisse des prix. Toutefois, le Conseil international de l'étain a été en mesure d'imposer des restrictions à l'exportation aux producteurs pour soutenir les activités du stock régulateur et les prix de l'étain n'ont baissé que d'environ 8%. En revanche, les prix du cacao et du caoutchouc ont diminué de 16 et 19% respectivement. Prix du pétrole. Le marché du pétrole a été caractérisé par une très grande incertitude au cours de l'exercice écoulé. Le prix moyen du pétrole, ayant fait l'objet de transactions internationales, a baissé de 4% en 1982 en raison d'un accroissement de l'offre et d'une réduction de la demande, dus à la hausse du prix relatif du pétrole depuis 1973 et à des facteurs conjoncturels à court_terme. De 1973 à 1981, le prix en dollars du pétrole a augmenté beaucoup plus que les prix moyens des produits manufacturés et d'autres produits de base. En raison de cet accroissement du prix relatif du pétrole, on s'est efforcé de réduire la consommation des produits pétroliers et de rechercher des sources d'énergie de substitution. Un des effets de ce processus a été la diminution de la consommation de pétrole dans les pays_membres de l'Organisation de coopération et de développement_économique (OCDE) au cours de la dernière décennie. De 1973 à 1981, la consommation de pétrole est passée de 39,2 millions de barils par jour à 35,5 millions de barils par jour. Cette tendance s'est, semble-t-il, accélérée en 1982. Toutefois, une partie du fléchissement récent peut être imputée à la récession, qui a fortement touché certaines des industries manufacturières grandes consommatrices de pétrole. En revanche, la consommation de pétrole dans les pays_en_développement n'a que très légèrement diminué au cours de la même période. Les pays_industrialisés ont été en mesure de réaliser des économies plus importantes, à la fois du fait qu'ils ont moins eu recours à des contrôles des prix de l'énergie que les pays_en_développement (en particulier les pays exportateurs de pétrole) et de leurs possibilités de réduire leur consommation de pétrole en adoptant des politiques de conservation cohérentes, alors que les pays_en_développement avaient une marge de manoeuvre plus étroite. La part de la consommation totale d'énergie dans le PIB a également diminué entre 1973 et 1980 dans les pays_industrialisés, ce qui montre que la hausse du prix du pétrole avait entraîné à la fois une réduction de l'utilisation de l'énergie et une substitution des sources d'énergie. On peut prévoir que les efforts tendant à réaliser des économies d'énergie et à utiliser des sources de substitution vont se poursuivre, les équipements étant lentement modifiés et remplacés pour tenir compte de l'évolution du prix relatif du pétrole, mais il faudra sans doute attendre de nombreuses années avant que ce processus puisse être mené à terme. A la suite de la hausse des prix, la recherche de nouveaux gisements pétrolifères a été intensifiée et l'exploitation de gisements dont le coût était relativement élevé (comme ceux de la mer du Nord et de l'Alaska) est devenue rentable. Un certain nombre de pays sont devenus de gros exportateurs de pétrole depuis la hausse du prix du pétrole de 1973-74, comme il ressort du fait que la part des pays_membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) dans la production totale de pétrole qui atteignait plus de 67% en 1973 est tombé à environ 47% au troisième trimestre de 1982. Cette baisse traduit à la fois une diminution de 42% de la production des pays_membres de l'OPEP et une augmentation de 40% de la production pétrolière des pays non membres de l'OPEP, en particulier le Mexique et le Royaume-uni. La récession a accentué la tendance à long_terme à une baisse de la demande de pétrole. L'utilisation du pétrole comme produit intermédiaire dans l'industrie a sensiblement fléchi. Les stocks de pétrole dans les pays_de_l'_ocde ont été considérablement réduits, en partie à cause de la hausse des taux_d'_intérêt, qui a accru le coût d'opportunité des fonds consacrés au stockage, et en partie parce que l'on prévoyait une baisse des prix. L'hiver clément de 1982 a contribué également à une diminution de la demande de pétrole par rapport à celle des années précédentes. La reprise de la production en Iran a également eu un effet dépressif sur les prix officiels. Ces facteurs à long_terme et de caractère cyclique ont provoqué un fléchissement des prix du pétrole en 1982. Si le prix de référence officiel de 34 dollars le baril pour le brut léger d'Arabie saoudite n'a pas varié au cours de l'année, le prix sur le marché libre est resté inférieur au prix de référence, tombant au-dessous de 30 dollars le baril au début de 1982 avant de se redresser en cours d'année. La hausse du dollar en 1982 a peut-être compensé la perte subie par certains pays exportateurs de pétrole du fait de la baisse des prix, en accroissant le pouvoir_d'_achat de leurs recettes en dollars sur les marchés autres que celui des États-unis. Inversement, les pays importateurs de pétrole dont les prix à l'exportation ne sont pas liés au dollar ont peut-être dû faire face à un accroissement du coût du pétrole par rapport à leurs recettes d'exportation. *{p. 29} Au cours du premier trimestre de 1982, l'OPEP a mis en place un système de répartition de la production fixant pour chaque pays des contingents de production calculés sur la base de sa part dans la production de l'OPEP au cours du quatrième trimestre de 1981. Cet accord n'a pas permis de ralentir la baisse des prix, mais certains des membres de l'OPEP se sont opposés à l'établissement de plafonds de production. Quelques pays ont essayé d'accroître le total de leurs recettes en abaissant leurs prix par rapport au prix de référence de l'Arabie saoudite pour augmenter leur part dans les exportations de l'OPEP. A la fin de 1982, plusieurs pays_membres de l'OPEP n'ayant pas respecté les plafonds de production, l'érosion des prix s'est poursuivie. Les prix au jour le jour ont baissé pendant le deuxième semestre de 1982 et au début de 1983, ainsi que les prix fixés dans les contrats d'exportation de pétrole de l'union_soviétique à destination de l'Europe et dans les contrats de vente des raffineurs des États-unis. En mars 1983, les producteurs du Golfe sont convenus de réduire de 5 dollars par baril le prix de référence, qui a ainsi été ramené à 29 dollars. Termes de l'échange. Les principaux facteurs qui ont contribué à dégrader les termes de l'échange des pays_en_développement ont été le fléchissement des prix du pétrole, les fortes baisses des prix des produits de base autres que le pétrole et la stabilité des prix des produits manufacturés. En raison de la faiblesse des prix du pétrole, les termes de l'échange des pays exportateurs de pétrole se sont détériorés en 1982, bien que cette évolution ait été atténuée par une certaine diminution des prix de leurs importations exprimés en dollars. L'avantage pour les pays importateurs de pétrole de la baisse du pétrole a été plus qu'annulé par la perte due à la chute des prix de leurs propres produits de base, qui a entraîné une dégradation sensible de leurs termes de l'échange par rapport au niveau de 1980. La dégradation en 1982 des termes de l'échange des pays importateurs de pétrole, qui se sont détériorés de plus d'un cinquième depuis 1970, était due en grande partie à des facteurs conjoncturels, mais aussi à une tendance continue sous-jacente. Les pays à faible revenu de l'Afrique au sud du Sahara ont subi particulièrement le contrecoup de cette évolution, car leurs exportations se composent en très grande partie de produits de base autres que le pétrole, dont les prix ont baissé fortement dans les années 70 par rapport à ceux des produits manufacturés et du pétrole. Les termes de l'échange de ces pays se sont dégradés d'environ 30% depuis 1970. Selon les données préliminaires dont on dispose, les termes de l'échange des pays importateurs de pétrole ont peut-être commencé à s'améliorer, sous l'effet de la hausse des prix des produits de base qui s'est amorcée vers la fin de 1982 et de la baisse des prix du pétrole. Les termes de l'échange des pays exportateurs de pétrole se sont incontestablement dégradés. *{p. 30} Échanges mondiaux. Les exportations de marchandises des pays_en_développement ont augmenté de moins de 2% en 1982, soit à un rythme bien inférieur à ceux enregistrés avant 1980. Les exportations de pétrole des pays_en_développement ont augmenté de plus de 3%, les pays exportateurs de pétrole à revenu élevé supportant l'essentiel de la baisse de la demande de pétrole. Cependant, le volume des exportations d'un certain nombre de pays_en_développement exportateurs de pétrole - le Nigeria, l'Indonésie et le Venezuela en particulier - a également baissé. L'accroissement global des exportations de pétrole est en grande partie le résultat de la reprise de la production en Iran après la forte baisse de 1981. L'accroissement du volume des exportations n'a pas été suffisant pour compenser la baisse du prix du pétrole et les recettes d'exportation des pays exportateurs de pétrole ont légèrement diminué. Quelques pays ont souffert beaucoup plus que les autres de cette évolution; par exemple, les exportations du Mexique ont baissé en valeur nominale de près de 12% et celles de l'Indonésie de plus de 20%. Le volume des exportations des pays importateurs de pétrole à revenu intermédiaire n'a augmenté que très légèrement en 1982, leurs exportations de produits de base n'ayant pratiquement pas varié en volume, et leurs exportations de produits manufacturés ayant augmenté de moins de 2%. La baisse de la demande dans les pays_industrialisés a donc réduit les taux_de_croissance des exportations de ces pays qui sont passés d'une moyenne de 8j% en 1973-80 à environ 2% en 1980-82. En raison de la faible croissance du volume des exportations et du fléchissement des prix des produits de base, les exportations en dollars courants ont baissé de plus de 8% en 1980-82. Les recettes d'exportation de nombreux pays qui avaient accéléré la croissance de leur PIB par un accroissement de leurs exportations ont sensiblement diminué. Par exemple, celle des Philippines ont baissé de plus de 13% en 1982. Le volume des exportations des pays d'Asie à faible revenu a notablement augmenté en 1982. Les exportations de l'Inde se sont accrues d'environ 5% et la Chine a, semble-t-il, maintenu son programme d'expansion des exportations, quoique à un rythme réduit. Toutefois, les diminutions des prix des produits de base ont eu pour conséquence que la valeur en dollars des exportations en provenance des pays d'Asie à faible revenu a été de plus de 3% inférieure à celle de 1981. La croissance du volume des exportations en provenance des pays d'Afrique à faible revenu a été pratiquement nulle, alors qu'en raison des baisses de prix, les exportations en prix courants ont été de plus de 14% inférieures à leur niveau de 1980. La réduction de la demande due à la récession explique probablement pour une très large part la diminution récente du volume des exportations des pays_en_développement, mais les différents types de restrictions aux importations ont également joué un rôle dans cette évolution. Depuis la conclusion des Négociations commerciales multilatérales en 1979, les efforts déployés en vue de la libération des échanges se sont considérablement ralentis. Les pays_industrialisés ont adopté dans un certain nombre de secteurs, en particulier l'automobile, l'acier, les textiles et l'agriculture, des mesures protectionnistes qui ont consisté notamment à imposer à certains pays une "autolimitation" des exportations de certains de leurs produits, à conclure des accords tels que l'Arrangement multifibres, destinés à limiter la pénétration des importations sur les marchés des pays_industrialisés et à retarder par des procédures administratives l'octroi de licences d'importation. Les effets d'un grand nombre de ces mesures (à l'exception importante de l'Arrangement multifibres) ont été plus préjudiciables aux autres pays_industrialisés qu'aux pays_en_développement. Par ailleurs, les obstacles non tarifaires et les droits de douane dont l'application avait été décidée dans le cadre des Négociations commerciales multilatérales de 1979 ont relativement pesé plus lourdement sur les produits exportés par les pays_en_développement. On craint vivement à l'heure actuelle que la montée du protectionnisme ne fasse obstacle aux exportations des pays_en_développement, au moment où une augmentation des recettes d'exportations est indispensable à ces pays pour faire face à leurs obligations au titre du service_de_la_dette et retrouver une croissance raisonnable. *{p. 31} Dans les années 70, le commerce entre pays_en_développement s'est accru plus rapidement que les échanges mondiaux. De ce fait, certains observateurs ont estimé que la croissance de ce commerce pourrait partiellement compenser la réduction de la demande provenant des pays_industrialisés au cours de la période de récession actuelle. Les premières indications dont on dispose ne paraissent pas confirmer ces prévisions. En 1981, les exportations des pays_en_développement vers d'autres pays_en_développement ont diminué à peu près au même rythme que leurs exportations à destination de l'ensemble du monde. En 1982, un plus grand nombre de pays_en_développement ont institué des contrôles à l'importation et limité leur demande intérieure, et certains faits donnent à penser que le commerce entre pays_en_développement s'est peut-être contracté davantage que l'ensemble des exportations. Par exemple, les exportations du Brésil vers les pays_industrialisés ont baissé, en valeur nominale, de plus de 3% en 19823, alors que ses exportations vers les pays_en_développement importateurs de pétrole ont diminué d'environ 19%. Les soldes des transactions courantes et leur financement. Les changements survenus en 1982 dans les comptes des transactions extérieures des pays_en_développement traduisent la baisse déjà évoquée des recettes d'exportation, la hausse des taux_d'_intérêt et la réduction des emprunts. La conjugaison de ces facteurs a obligé les pays_en_développement à diminuer leurs importations et par conséquent leurs taux_de_croissance. Comme il est indiqué au début du présent chapitre, les taux_d'_intérêt sont demeurés élevés tant en valeur nominale qu'en valeur réelle en 1982, bien qu'ils aient baissé depuis le début du second semestre. Ces taux_d'_intérêt élevés ont amené de nombreux pays_en_développement à réduire leurs emprunts sur les marchés financiers privés. Cependant, en 1982, les paiements des intérêts au titre des prêts à moyen et à long_terme de sources privées accordés aux pays_en_développement ont augmenté de 7,6 milliards de dollars, ce qui représente près de 65% de la baisse totale de leurs recettes d'exportation (11,5 milliards de dollars). Une contraction de l'offre a également contribué à la diminution des prêts à moyen et à long_terme en 1982. Les banques commerciales ont réduit leurs prêts car les perspectives économiques des pays_en_développement et les risques déjà élevés courus par nombre d'entre elles dans ces pays leur paraissaient préoccupants. Au cours du troisième trimestre de 1982, les décaissements effectués par les banques commerciales en faveur des pays_en_développement ont été inférieurs aux montants des remboursements du principal. Les créances sur les pays_en_développement des banques faisant rapport à la Banque des règlements internationaux (BRI) ont diminué de plus de 1 milliard de dollars. Cette réduction des prêts aurait pu être encore plus importante, si le FMI, la BRI et différents pays_industrialisés n'étaient pas intervenus pour maintenir un climat de confiance. Bien que les prêts de sources privées aient diminué et que les prêts de sources publiques aient peu varié, le déficit des transactions courantes de l'ensemble des pays_en_développement est resté aussi élevé qu'en 1981. Les investissements_étrangers_directs sont également restés à peu près au même niveau qu'en 1981, en dépit des efforts déployés par certains pays_en_développement pour encourager les investissements en vue d'éviter un accroissement de leur endettement. L'aide_publique_au_développement n'ayant guère évolué, le déficit a été financé par des retraits sur les réserves et des emprunts à court_terme. Pour de nombreux pays, ces possibilités de financement à court_terme sont maintenant épuisées et, si la stagnation de l'économie mondiale se poursuit, des réductions encore plus importantes des importations seront nécessaires, ce qui compromettra encore davantage les perspectives de croissance. A l'inverse de la situation de 1981, année où le déficit des transactions courantes des pays importateurs et exportateurs de pétrole avait augmenté, les pays importateurs de pétrole ont, en 1982, réduit leur déficit de 11 milliards de dollars, alors que celui des pays exportateurs de pétrole a augmenté de 11 milliards de dollars par rapport à 1981. Toutefois, les effets dépressifs du secteur extérieur sur les pays_en_développement ont été plus importants que ne l'indiquent les variations du déficit des transactions courantes. Pour l'ensemble des pays_en_développement, à un déficit qui a peu changé en 1982 s'est ajouté un accroissement de leurs paiements d'intérêts, alors que leurs recettes extérieures provenant de services n'ont pratiquement pas varié. De nombreux pays_en_développement ont donc dû réduire le déficit de leur balance commerciale d'un montant supérieur à la diminution de leur déficit des transactions courantes. Comme les recettes d'exportations ont diminué en 1982, il a fallu réduire encore davantage les importations. Le tableau 6 indique les différents éléments des comptes extérieurs des pays_en_développement. Les pays importateurs de pétrole ont consenti un effort d'ajustement important en 1982: ils ont en effet réduit le déficit de leurs transactions courantes de plus de 11 milliards de dollars. Les paiements d'intérêts au titre des prêts à moyen et à long_terme ont augmenté de 6 milliards de dollars, principalement à cause de la hausse des taux_d'_intérêt. Le solde des ressources a été d'environ 15 milliards de dollars inférieur à celui de 1981. *{p. 33} Les recettes d'exportation ayant diminué d'environ 10 milliards de dollars, les importations ont baissé de près de 25 milliards de dollars. Les pays exportateurs de pétrole n'ont pas été contraints à un ajustement aussi important. Le déficit de leurs transactions courantes et leur déficit commercial net ayant quelque peu augmenté en 1982 et leurs recettes d'exportation n'ayant que très peu diminué, ces pays ont été en mesure d'accroître légèrement leurs importations, mais à un rythme plus lent qu'au cours de ces dernières années. Un certain nombre de pays ont été contraints d'appliquer des politiques d'austérité particulièrement rigoureuses, y compris des contrôles à l'importation, pour réduire le déficit de leurs transactions courantes. Au Nigeria, par exemple, pour faire face à la diminution des revenus pétroliers et des ressources budgétaires, le gouvernement a appliqué de nouvelles restrictions à l'importation, dévalué le naira et imposé des plafonds aux emprunts des différents états du pays. Les importations ont été réduites de plus de 30% au cours des neuf derniers mois de 1982 et le PNB a baissé de près de 2%. Le Brésil a pris des mesures particulièrement énergiques pour limiter les importations et l'accroissement de l'encours de sa dette. Les mesures restrictives adoptées comprenaient notamment une forte augmentation des réserves obligatoires des banques pour limiter l'accroissement du crédit intérieur, une diminution des allocations en dollars pour les voyages à l'étranger, un gel des investissements du secteur_public (ce qui correspond à une diminution en termes réels) et des restrictions à l'importation. Au début de 1983, le cruzeiro a été dévalué de 30%. Grâce à ces mesures, la balance commerciale a été excédentaire de quelque 2 milliards de dollars en 1982 en dépit d'une baisse de 13% des recettes d'exportation, alors que la croissance du PNB est restée nulle après avoir diminué de 3,5% l'année précédente. Le Mexique a annoncé une série de mesures de politique générale visant à limiter le déficit de ses transactions courantes, et notamment une forte dévaluation du peso, des contrôles des changes pour ralentir la fuite des capitaux, une majoration de la taxe à la valeur_ajoutée et une diminution notable du déficit du secteur_public. Le PIB n'a progressé que de 1% en 1982 et le chômage a sensiblement augmenté. Les politiques restrictives et la baisse des importations qui en a résulté ont fortement ralenti la croissance des pays_en_développement. Cependant, si le FMI n'était pas intervenu, la réduction des importations aurait pu être encore plus importante. Cette diminution des importations des pays_en_développement a aussi contribué à réduire les exportations des pays_industrialisés. L'accord_général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) a estimé que la diminution en volume de ces exportations était en grande partie le résultat d'une réduction de la demande des pays_en_développement et, selon l'OCDE, la baisse des importations des pays n'appartenant pas à l'OCDE a peut-être réduit la croissance du PNB de ses membres d'environ un demi pour cent. Le monde a affronté la récession la plus grave enregistrée depuis la deuxième guerre mondiale en réduisant collectivement la demande. aide_publique_au_développement. On estime qu'en 1982, les décaissements nets au titre de l'aide_publique_au_développement (APD) fournie par les pays_membres du Comité d'aide au développement (CAD) aux pays_en_développement ont atteint 28 milliards de dollars, soit 2,4 milliards de dollars de plus qu'en 1981. Les conséquences sur les différents pays ont varié en fonction de la source de l'aide et des monnaies dans lesquelles ils paient leurs importations. Les décaissements nets au titre de l'APD des pays_membres du CAD ont représenté 0,39% de leur PNB, soit une légère augmentation par rapport à 1980 (0,38% du PNB). Seuls cinq pays (le Danemark, la France, la Norvège, les Pays-bas et la Suède) ont fourni une aide représentant plus de 0,7% de leur PNB, qui est l'objectif fixé par l'Organisation des nations_unies pour les deuxième et troisième décennies du développement. Les données pour 1982 concernant l'APD consentie par les pays_membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) n'étaient pas disponibles à la date du 30 juin 1983. En 1981, l'APD fournie par les pays_membres de l'OPEP aux pays_en_développement s'est élevée à 7,8 milliards de dollars, soit un montant légèrement inférieur à celui de l'année précédente, et représentait 1,46% de leur PNB. Les contributions les plus importantes ont été versées par l'Arabie saoudite, le Koweït et les Émirats arabes unis dont l'APD a représenté respectivement 4,77, 1,98% et 2,88% du PNB en 1981. Dette extérieure. La récession de 1980-82, qui s'est caractérisée par des taux_d'_intérêt extrêmement élevés, une stagnation des échanges mondiaux et une forte baisse des prix des produits de base, a rendu beaucoup plus difficile la gestion de leur dette extérieure par les pays_en_développement. En raison de la baisse de leurs recettes d'exportation et de l'augmentation des intérêts qu'ils devaient payer, il a été très difficile à un certain nombre de pays de continuer d'assurer le service de leur dette. Le pourcentage des recettes d'exportation (y compris celles provenant de services) que l'ensemble des pays_en_développement a dû consacrer au service_de_la_dette est passé de 13,6% en 1980 à 20,7% en 1982. *{p. 34} L'encours de la dette à moyen et à long_terme est passé d'un montant représentant 76,1% des exportations en 1980 à 103,8% en 1982. Ces données globales peuvent induire en erreur, car l'excédent dont un pays dispose, une fois assuré le service de sa dette, ne peut être utilisé pour amortir les engagements d'un autre pays et les effets d'un niveau donné du ratio du service_de_la_dette varient en fonction de la souplesse de l'économie de chaque pays. Toutefois, il est incontestable que la situation des paiements extérieurs de nombreux pays s'est considérablement dégradée au cours de l'année écoulée. Certains pays_en_développement ont contracté des emprunts importants auprès des banques commerciales au cours des années 70. Dans la plupart des cas, les emprunts de ces pays n'étaient pas excessifs par rapport à la croissance de leurs exportations et de leurs revenus au cours de cette période et compte tenu du fait qu'on prévoyait que le taux_de_croissance resterait élevé. Les taux_d'_intérêt réels étaient bas ou même négatifs, ce qui contribuait à un accroissement des emprunts. L'affectation des capitaux extérieurs à des investissement productifs a permis à un certain nombre de gros emprunteurs d'atteindre des taux_de_croissance dépassant de beaucoup ceux des pays_industrialisés ou de la moyenne de tous les pays_en_développement. Toutefois, l'interruption de la croissance des exportations et la baisse des prix des produits de base, combinées avec la hausse des taux_d'_intérêt, ont créé de graves problèmes de liquidités pour un certain nombre de gros emprunteurs. Ces problèmes ont été accentués par la crainte ressentie par certaines banques que d'autres établissements cessent leurs opérations de prêts internationaux en faveur des pays_en_développement. Le volume des apports nets, en particulier pendant le troisième trimestre de 1982, a sensiblement diminué. Cette diminution a gravement compliqué la situation de trésorerie déjà difficile de nombreux pays_en_développement. En outre, la forte hausse du dollar a contribué à accroître la charge des paiements au titre du service_de_la_dette, environ 70% de la dette des pays_en_développement étant libellés en dollars. Quatre des plus gros emprunteurs (Argentine, Brésil, Chili et Mexique) ont récemment conclu avec leurs créanciers des accords les autorisant à différer le remboursement du principal de leur dette. Par ailleurs, de nombreux petits emprunteurs, principalement les pays les plus pauvres de l'Afrique au sud du Sahara, ont négocié un rééchelonnement de leur dette extérieure contractée vis-à-vis de créanciers publics par l'intermédiaire du "Club de Paris" en 1981 et 1982. La dette de ces pays a été contractée en grande partie auprès de sources publiques et à des conditions assez libérales. Toutefois, ces pays les plus pauvres tendent à être tributaires des exportations de produits de base et n'ont guère la possibilité de modifier la composition de leurs exportations. A la suite de la forte baisse des prix à l'exportation, il leur a été très difficile de continuer à assurer le service de leur dette. Dans l'ensemble, le nombre de pays_en_développement qui ont dû rééchelonner les paiements au titre de leur dette a été presque aussi élevé au cours de ces deux dernières années que durant les vingt-cinq années précédentes. A ce processus de rééchelonnement s'est ajoutée une augmentation des commissions. Un pays qui a rééchelonné sa dette doit continuer à payer les intérêts afférents au montant global de l'encours de sa dette, qui comprend la partie rééchelonnée. Ses intérêts à verser sont donc supérieurs à ceux qui auraient dû l'être si le pays avait été en mesure d'assurer les remboursements du principal de sa dette. Dans certains cas, il est imposé sur la portion de la dette rééchelonnée un taux_d'_intérêt plus élevé que sur les prêts antérieurs, en raison des risques plus grands encourus sur les nouveaux prêts. Les rééchelonnements ont été indispensables pour éviter que des pays ne soient déclarés officiellement en état de défaut de paiement, ce qui aurait pu les empêcher d'avoir par la suite accès à des capitaux extérieurs. Toutefois, le rééchelonnement ne fait que différer la charge des remboursements et accroît le montant global des intérêts à verser. En dépit des difficultés auxquelles se heurtent actuellement un certain nombre de pays, les données disponibles montrent que, dans un environnement international favorable, les pays_en_développement pourraient atteindre des taux_de_croissance élevés. Les succès qu'ils ont obtenus au cours des années 60 et 70 sont peut-être un indicateur plus fiable de leurs perspectives à long_terme que leurs problèmes actuels. Les pays_en_développement ont atteint au cours de la période 1973-80 un taux moyen de croissance de 4,8% qui est bien supérieur au taux_de_croissance de 2,5% des pays_industrialisés. L'augmentation des investissements a contribué dans une très large mesure à la croissance. La part des investissements dans le PIB est passée de 22,2% en 1970 à 27,2% en 1980, et la majeure partie de ces investissements ont été financés par l'épargne intérieure. Dans les pays à revenu intermédiaire, qui, parmi les pays_en_développement, sont généralement ceux qui ont reçu la grande partie des prêts commerciaux, le taux d'accroissement des investissement a atteint 8% dans les années 70, alors qu'il n'a été que de 1,5% par an dans les pays_industrialisés. Les exportations de produits autres que le pétrole des pays_en_développement ont augmenté en volume de 9,2% par an entre 1973 et 1980, alors que les exportations de produits manufacturés ont progressé à un taux annuel moyen de 12,4%. Un certain nombre de gros emprunteurs qui se heurtent actuellement à des difficultés ont prouvé qu'ils étaient capables d'accroître rapidement leurs exportations et leurs revenus. *{p. 35} Les niveaux d'endettement de ces pays n'auraient peut-être pas semblé excessifs au cours de la seconde partie des années 70, lorsque les taux_d'_intérêt réels étaient bas et que le volume et les prix des exportations augmentaient. Toutefois, il est aujourd'hui moins facile à un certain nombre de pays_en_développement de gérer leur dette en raison du niveau record des taux_d'_intérêt réels, de la baisse des prix des produits de base et d'une réduction de la demande de leurs produits d'exportation. Si l'on parvenait à trouver une solution judicieuse aux problèmes actuels, il est probable que la crise pourrait être surmontée sans provoquer une grave désorganisation du système financier international. Malheureusement les mesures prises par de nombreux pays_en_développement pour limiter leurs emprunts ont été et continueront d'être extrêmement pénibles. Les programmes d'austérité adoptées par ces pays et les efforts qu'ils déploient pour obtenir des excédents commerciaux leur imposent un lourd tribut. Dans certains pays, ce qui est tout aussi grave, des compressions budgétaires ont provoqué une réduction des investissements, ce qui pourrait avoir des conséquences défavorables sur l'évolution des niveaux_de_vie. Les investissements_privés ont aussi sensiblement baissé à la suite de la réduction de la demande, des perspectives incertaines et des taux_d'_intérêt élevés. Comme une réduction des investissements diminue la croissance potentielle de l'économie, il faudra de nombreuse années à certains pays, notamment en amérique_latine, pour se remettre de leurs problèmes actuels. A court_terme, les difficultés pourraient être atténuées dans une certaine mesure par une utilisation plus efficace des ressources_humaines et matérielles. Pourtant, comme il est indiqué ailleurs dans le présent rapport (voir page 108), ces pays, en particulier ceux d'amérique_latine, sont à long_terme bien placés pour reprendre le chemin d'une forte croissance. En raison de la situation difficile de nombreux pays_en_développement emprunteurs, les banques commerciales ont été, comme on peut le comprendre, très réticentes à accroître leurs engagements. De fait, l'un des principaux dangers pour le système financier en 1982 a été que les banques commerciales réduisent leurs nouveaux prêts aux pays_en_développement au moment même où ils étaient les plus nécessaires. Toutefois, une action concertée des institutions_internationales (en particulier du FMI et de la BRI) et d'un certain nombre de gouvernements de pays_industrialisés a facilité un accroissement des engagements des grandes banques. Dans le cadre de ce processus, une nouvelle méthode de rééchelonnement des dettes est apparue, consistant en une "consolidation globale" par le FMI, la BRI et différents gouvernements. L'emploi de cette formule a été subordonné à l'octroi de nouveaux prêts par les grandes banques; dans les accords de rééchelonnement antérieurs, celles-ci privaient souvent l'emprunteur de toute possibilité d'obtenir de nouveaux prêts à moyen terme. A la suite de la conclusion d'accords de ce type, les engagements des banques commerciales vis-à-vis du Mexique et du Brésil ont en fait augmenté l'année dernière à un rythme supérieur à celui de l'inflation, bien que moins rapidement que pendant les années 70. En dépit des perspectives favorables à long_terme des pays_en_développement et du niveau élevé de la coopération_internationale, des changements du climat économique mondial sont indispensables si l'on veut résoudre les problèmes actuels de l'endettement. Tout d'abord et avant tout, une reprise plus forte dans les pays_industrialisés contribuerait à accroître les exportations des pays_en_développement. Cependant, un taux élevé de croissance des pays_industrialisés ne se traduira par une croissance des exportations des pays_en_développement que si l'on parvient à éviter que le protectionnisme gagne du terrain. Plus difficile à réaliser, la réduction des barrières protectionnistes actuellement en vigueur faciliterait bien sûr aussi la progression des exportations des pays_en_développement. Il faudrait également une baisse des taux_d'_intérêt et un accroissement de l'APD pour aider les pays_en_développement à revivre après la grave récession actuelle. Telles sont les conclusions auxquelles ont abouti les dirigeants de sept pays_industrialisés qui se sont réunis à Williamsburg, en Virginie, en mai 1983. Les données les plus récentes confirment que la croissance des pays_industrialisés reprend et que, de ce fait, les pressions en faveur de l'adoption de mesures protectionnistes pourraient s'atténuer. En outre, les taux_d'_intérêt ont baissé sensiblement par rapport au niveau qu'ils avaient atteint au milieu de 1982. Après une récession plus grave et plus prolongée que prévu, la conjoncture économique internationale pourrait, en fait, s'améliorer, ce qui est indispensable pour que les pays_en_développement puissent espérer se relever. Toutefois, la crise n'est nullement, résolue. Pour optimiste que l'on soit au sujet de l'évolution économique à court_terme, il est certain que les prochaines années seront difficiles et pénibles. *{p. 36} Le dialogue international. Les difficultés économiques mondiales ont fait ressortir l'urgence du dialogue international. De plus en plus conscients qu'ils avaient à faire face à une crise économique mondiale, les pays ont été incités à se concerter sur les problèmes économiques internationaux au sein d'un certain nombre d'instances. Les réunions tenues entre pays développés et pays_en_développement, d'une part, et entre pays_en_développement, d'autre part, au cours de l'exercice écoulé, ont surtout été consacrées aux problèmes des flux financiers, de la dette extérieure, des échanges mondiaux et des produits de base. Négociations globales. Aucune décision n'a été adoptée jusqu'à présent quant à l'organisation de négociations globales dans le cadre des nations_unies. Des consultations se sont poursuivies au cours de la Trente-septième session de l'assemblée_générale des nations_unies, mais n'ont encore abouti à aucun résultat. Des propositions ont été faites lors de la réunion au sommet des pays_occidentaux qui s'est tenue à Versailles en juin 1982 en vue d'ouvrir des négociations avec le Groupe des 77 mais, pour le moment, aucune décision n'a été prise. Réunion ministérielle du GATT. En novembre 1982, 88 pays étaient représentés à la réunion à l'échelon ministériel de l'accord_général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) à Genève. Dans une déclaration commune publiée à l'issue de la réunion, les ministres ont réaffirmé leur volonté de résister au protectionnisme et leur attachement au système du GATT. En établissant leurs priorités pour les années 80, les parties contractantes se sont notamment engagées à faire en sorte que les politiques et les mesures commerciales adoptées soient conformes aux principes du GATT. La déclaration cite des domaines précis, notamment le secteur de l'agriculture, et les négociations ont porté, entre autres, sur l'intégration du commerce des produits agricoles dans le système multilatéral des échanges du GATT. Les participants ont également souligné que la clause de sauvegarde devrait être appliquée efficacement et systématiquement tant aux pays importateurs qu'aux pays exportateurs. Réunions du Comité du développement. Le Comité du développement s'est réuni à Toronto, au Canada, en septembre 1982 sous la présidence de M: Manuel Ulloa Elias, premier_ministre et Ministre des finances et du commerce du Pérou. Le Comité a étudié les progrès du développement dans le monde et quelles étaient les perspectives pour les pays_en_développement, et il a conclu notamment que les pays plus pauvres, clients de l'IDA, continueraient d'avoir désespérément besoin d'une aide. Il a pris note en particulier de l'importance que les donateurs de l'IDA attachent à un accroissement du pouvoir d'engagement de l'Association au cours de l'exercice 84. Il a invité le Conseil des Administrateurs de la BIRD et les organes directeurs des autres banques multilatérales de développement à continuer d'étudier la possibilité d'accroître, en valeur réelle, les prêts aux pays_en_développement. Le Comité a souscrit aux efforts déployés par la banque_mondiale et les banques régionales pour procurer aux pays_en_développement, par voie de cofinancement, des flux de ressources additionnelles à des conditions adaptées à la situation des pays emprunteurs. En ce qui concerne les prêts pour la mise en valeur des ressources énergétiques, le Comité a noté que les fonds dont la Banque disposait pour ce secteur étaient limités et il a demandé au Conseil des Administrateurs de s'efforcer de trouver de nouvelles approches ou de nouveaux mécanismes de financement susceptibles de recueillir un large appui auprès des pays_membres qui seraient appelés à verser des contributions en capital. A la réunion qu'il a tenue, en avril 1983, à Washington, D: C:, sous la présidence de M: Ghulam Ishaq Khan, Ministre des finances, du commerce et de la coordination économique du Pakistan, le Comité a noté avec inquiétude que la situation économique était restée difficile depuis sa dernière réunion de septembre 1982. Les participants à la réunion, étudiant ce qui pouvait être fait pour faciliter une reprise de l'économie mondiale, ont examiné les points suivants: les flux financiers et le niveau des prêts provenant des institutions multilatérales et le capital dont il convenait de doter celles-ci; la situation et le financement de l'IDA; les problèmes de la dette extérieure des pays_en_développement et les relations entre le commerce extérieur et la promotion du développement. En ce qui concerne les programmes de prêts des institutions multilatérales, la banque_mondiale a été invitée à présenter des propositions qui, compte dûment tenu des considérations de prudence financière, permettraient d'accroître son programme de prêts. La direction de la Banque a également été priée de soumettre aux Administrateurs d'ici à la prochaine réunion du Comité, en septembre 1983, une proposition spécifique d'augmentation sélective du capital fondée sur la Huitième révision générale des quotes-parts au Fonds. Le Comité a rappelé l'importance cruciale qu'il attache au financement par l'IDA des programmes de développement des pays à faible revenu. Il a pris note de la situation critique de la Sixième reconstitution des ressources de l'IDA, qui a dû être étalée sur quatre ans, et de la diminution des engagements annuels projetés par l'IDA qui en est résultée. *{p. 37} En ce qui concerne la Septième reconstitution de l'IDA, il a signalé quelles étaient les raisons particulières d'accroître les ressources de l'Association. S'agissant des problèmes de la dette extérieure, le Comité a mis l'accent sur la nécessité de maintenir et d'accroître les flux financiers en provenance de sources publiques à destination des pays_en_développement. Il a étudié les relations entre le commerce et le développement et, en particulier, a exhorté les gouvernements à résister aux pressions protectionnistes. La Banque et le Fonds ont été invités à collaborer avec le GATT pour suivre attentivement les progrès réalisés dans la libéralisation du commerce international. Sommet du mouvement des pays non alignés. La Septième Conférence des chefs d'État ou de gouvernement des pays non alignés s'est tenue à new_delhi, en Inde, en mars 1983, sous la présidence de Mme Indira Gandhi, premier_ministre de l'Inde. Plus de 100 pays étaient représentés à cette réunion. Dans leur Déclaration économique, les participants à la conférence ont réaffirmé qu'il fallait engager le plus tôt possible des négociations globales. Ils ont demandé que soit mis en oeuvre un programme de mesures immédiates à prendre dans les domaines présentant une importance primordiale pour les pays_en_développement: alimentation, mise en valeur des ressources énergétiques, flux financiers, aide de la banque_mondiale, soutien du FMI pour l'équilibre de leurs balances_des_paiements , commerce international et matières_premières. En ce qui concerne les questions monétaires et financières et le transfert de ressources, les participants ont déclaré qu'il fallait que, d'ici à 1985, l'aide_publique_au_développement (APD) atteigne 0,7% du PNB, objectif fixé par l'Organisation des nations_unies, et que 0,15% du PNB soit consacré à l'APD en faveur des pays les moins avancés. Ils ont demandé un élargissement substantiel du programme actuel de prêts de la banque_mondiale, ainsi qu'une augmentation des ressources accordées à l'IDA à l'occasion de la Septième reconstitution. Au sujet de la dette extérieure, les chefs d'État ont demandé instamment que soit élaboré un cadre multilatéral pour la restructuration de la charge de la dette des pays_en_développement. Ils ont demandé également une refonte du système monétaire international et l'organisation d'une conférence internationale sur les moyens monétaires et financiers à mettre au service du développement. Groupe des 77: Réunion de Buenos Aires. La cinquième réunion ministérielle du Groupe des 77 s'est tenue à Buenos Aires, en Argentine, en mars 1983. Cette réunion avait pour objet de préparer des positions communes sur certaines questions en vue de les soumettre au Conseil du commerce et du développement et à la Vie session de la CNUCED de juin 1983 à Belgrade, en Yougoslavie. Dans la Déclaration qu'ils ont adoptée à l'issue de la réunion, les ministres ont demandé l'adoption de solutions globales pour assurer la reprise de l'économie mondiale et accélérer la croissance dans les pays_en_développement. Les ministres se sont réaffirmés favorables au lancement immédiat de négociations globales, appuyant ainsi la décision des participants au sommet des pays non alignés de new_delhi. Dans les domaines interdépendants des produits de base, du commerce international, de la monnaie, des finances et du développement, ils ont préconisé l'adoption d'un programme de mesures immédiates, notamment la création du Fonds commun, une accélération des prêts de la banque_mondiale, un accroissement sensible de l'aide libérale, la restructuration de la dette extérieure des pays_en_développement, une allocation immédiate et substantielle de droits de tirage spéciaux (DTS) et une augmentation des quotes-parts au FMI. Réunions des pays du Commonwealth. Les Ministres des finances des pays du Commonwealth se sont réunis à Londres, au Royaume-uni, sous la présidence de Sir Geoffrey Howe, Chancelier de l'Échiquier du Royaume-uni. Dans le communiqué publié à l'issue de la réunion, il était indiqué que de très larges échanges de vues avaient eu lieu sur l'état de l'économie mondiale et sur les tensions croissantes du système financier international. Il a été préconisé d'adopter des mesures particulières pour accroître les opérations de prêt de la banque_mondiale en vue de répondre aux besoins croissants de ses pays_membres. En ce qui concerne les pays les plus pauvres, les ministres des finances des pays du Commonwealth se sont déclarés fermement en faveur d'un accroissement sensible en termes réels des contributions à la reconstitution des ressources de l'IDA. Les participants ont particulièrement appuyé la proposition tendant à ce que les pays donateurs fournissent des contributions relais pour 1984 afin d'éviter une diminution des activités de prêt de l'IDA au cours de cette année. Les ministres des finances des pays du Commonwealth ont aussi estimé que pour empêcher une nouvelle détérioration de l'économie mondiale et pour lancer un processus de reprise soutenue, il conviendrait de réformer l'ensemble du mécanisme de coopération_internationale. Le Secrétariat des pays du Commonwealth a donc été chargé d'entreprendre une étude sur les échanges et le système des paiements internationaux et, en particulier, sur le rôle des institutions_internationales. Un groupe d'experts élabore actuellement un rapport pour la réunion de septembre 1983 des ministres des Finances des pays du Commonwealth. *{p. 38} A la veille de la réunion ministérielle du GATT, les ministres du Commerce des pays du Commonwealth se sont réunis à Genève, en Suisse. Ils ont estimé qu'il fallait enrayer la montée du protectionnisme. Les ministres ont suivi une étude approfondie du Commonwealth accompagnée du rapport d'un groupe d'experts sur le protectionnisme, qui a été présenté par le Secrétariat des pays du Commonwealth en vue de la préparation de la réunion ministérielle du GATT. Vie session de la CNUCED. La Sixième Conférence des nations_unies sur le commerce et le développement s'est tenue à Belgrade, en Yougoslavie, en juin 1983. Les participants ont mis l'accent sur la détérioration de la situation économique mondiale et sur ses conséquences pour le développement, y compris les facteurs qui lui sont associés (commerce international, produits de base, facteurs financiers et monétaires). Le Sommet de Williamsburg. A la fin du mois de mai 1983, les dirigeants de sept pays_industrialisés - Canada, États-unis, France, Italie, Japon, République fédérale d'Allemagne et Royaume-uni ainsi que le Président de la Commission des communautés européennes - se sont réunis à Williamsburg, en Virginie, aux États-unis, pour examiner la situation économique mondiale. Cette réunion au sommet qui a duré deux jours s'est achevée par un accord sur un ensemble de politiques générales destinées à favoriser la reprise économique mondiale au cours des prochaines années. Les participants à cette réunion sont convenus qu'il fallait poursuivre les politiques visant à lutter contre l'inflation et revenir sur les mesures protectionnistes récemment adoptées. Dans la Déclaration qu'ils ont publiée à l'issue de leur réunion, les dirigeants des sept pays ont reconnu que le "fardeau de la récession frappe très durement les pays_en_développement" et "qu'il convient de veiller tout particulièrement au maintien d'un flux de ressource notamment d'aide_publique_au_développement, vers les pays les plus pauvres". Ils ont aussi réaffirmé qu'ils étaient résolus à "fournir les niveaux de financement convenus à l'Association internationale de développement". *{p. 39} Chapitre trois: Politiques, activités et finances de la banque. Politiques de la Banque. Cofinancement. De nouveaux instruments de cofinancement, grâce auxquels la banque_mondiale peut pour la première fois participer directement à des prêts commerciaux, ont été adoptés au cours de l'exercice. Approuvés par le Conseil des Administrateurs en janvier 1983, il visent à accroître la participation des banques commerciales aux projets bénéficiant d'une aide de la Banque dans les pays_en_développement. Ils complètent les techniques actuelles de cofinancement avec le secteur_privé et offrent une gamme plus large de possibilités pour structurer les opérations cofinancées. Il est d'autant plus nécessaire que la Banque cherche à mobiliser davantage de capitaux auprès d'autres sources que la demande de financements extérieurs pour les projets de développement augmente à un moment où cette institution se trouve elle-même limitée par le volume de ses propres ressources en capital. Dans les opérations de cofinancement, qui sont l'une des méthodes les plus valables pour accroître ces flux de capitaux, les fonds de la banque_mondiale sont directement associés à ceux fournis par d'autres sources pour financer des projets ou des programmes spécifiques dans des pays_en_développement. Les partenaires de la Banque se classent en trois grandes catégorie: a) les sources d'aide publique, à savoir les gouvernements, leurs organismes officiels et diverses institutions_financières multilatérales; b) les institutions de crédit à l'exportation, qui participent directement au financement des achats de certains biens et services en provenance de pays donnés; et c) les institutions_financières privées, essentiellement les banques commerciales. Les emprunteurs de la banque_mondiale qui peuvent obtenir au moins une partie des fonds dont ils ont besoin à des conditions commerciales se procurent la majeure partie du financement extérieur complémentaire qui leur est nécessaire auprès des banques commerciales. Mais, aujourd'hui, la conjoncture est telle que les banques commerciales sont de moins en moins disposées à accroître, ou même à maintenir, le niveau de leurs prêts à de nombreux pays_en_développement. Et pourtant, ceux-ci continuent d'avoir besoin d'emprunter des sommes considérables à l'extérieur, et ce aux meilleures conditions possibles. Il ressort d'entretiens approfondis qui ont eu lieu pendant l'exercice avec les emprunteurs de la Banque et divers prêteurs commerciaux que les méthodes appliquées jusqu'ici pour attirer des coprêteurs présentaient deux graves défauts: étant donné le climat financier, elles ne permettaient pas d'accroître vraiment les flux de capitaux privés et elles n'offraient pas aux emprunteurs plus d'avantages que les prêts aux conditions commerciales normales. Le cofinancement traditionnel avec les banques commerciales fonctionne de la façon suivante: la Banque et les banques commerciales concluent des accords de prêt distincts avec un pays emprunteur. Les prêts des banques commerciales sont accordés aux conditions du marché et négociés directement avec le pays. Ils sont liés au prêt de la Banque par une clause facultative de manquement réciproque, et la Banque et le représentant des banques commerciales signent un protocole d'accord. Au système traditionnel des prêts directs sont toutefois venues s'ajouter en janvier 1983 trois nouvelles techniques qui permettent à la Banque de participer à des prêts commerciaux. Ces techniques seront mises à l'essai pendant un ou deux ans et l'on pourra ainsi déterminer si elles sont attrayantes pour les coprêteurs et avantageuses pour les emprunteurs. Ces trois techniques visent toutes à offrir aux pays_en_développement emprunteurs des échéances plus intéressantes que celles qu'ils obtiendraient en s'adressant directement au marché. Ces nouvelles techniques sont les suivantes: - Financement direct par la banque_mondiale des dernières échéances d'un prêt commercial. Pour compléter les fonds qu'elle accorde directement à un pays emprunteur, la Banque peut prendre une part initiale de 10 à 25% dans un prêt consortial accordé aux mêmes fins par des banques commerciales, ce qui rallongera sensiblement la durée du prêt par rapport à l'échéance normale offerte sur le marché. L'emprunteur commencera par rembourser le principal aux banques commerciales jusqu'à ce que leur part du prêt soit intégralement amortie, puis il remboursera la banque_mondiale. Prenons un exemple: *{p. 40} aux conditions normales du marché, une banque commerciale accorde un prêt remboursable en huit ans: l'objectif est ici de persuader les banques commerciales de prolonger cette échéance à neuf ou dix ans en échange d'une participation de la banque_mondiale au prêt et, dans ce cas, la Banque ne sera pas remboursée avant les onzième et douzième années. A mesure que le prêt est amorti, la Banque pourra vendre sa part aux prêteurs commerciaux. - Garantie, par la banque_mondiale, des dernières échéances d'un prêt privé, sans participation directe. Dans ce cas, la Banque garantit le remboursement des dernières échéances d'un prêt consortial accordé par des banques commerciales sans y participer directement. Cette méthode vise également à rallonger la durée du prêt. A mesure que le prêt est amorti, la période restant à courir jusqu'à l'échéance finale se rapproche de la durée d'un prêt contracté aux conditions de marché et il est alors possible de réduire la part garantie du prêt. - - Financement conditionnel par la banque_mondiale des dernières échéances d'un prêt commercial qui serait au départ entièrement financé par des banques commerciales. Dans ce cas, le service annuel du prêt accordé par les banques commerciales à l'emprunteur est fixe bien que le taux_d'_intérêt soit variable. Si le taux_d'_intérêt augmente par rapport au taux initial, l'amortissement se prolongera après la date prévue. La banque_mondiale s'engage alors à financer le solde du principal qui pourrait rester à rembourser lorsque le prêt initial arrive à échéance. Les banques commerciales auraient la possibilité d'acquérir pour leur compte le solde non remboursé du prêt. Cette méthode présente deux avantages: d'une part, elle prolonge la durée du prêt et, d'autre part, les emprunteurs ont un calendrier d'amortissement fixe pour le service de leur dette, ce qui facilite la planification. - Pendant la phase pilote du nouveau programme de cofinancement, la banque_mondiale est autorisée à participer à des prêts commerciaux à concurrence de 500 millions de dollars. Ces trois nouvelles méthodes devraient être appliquées pour 15 à 20 opérations de prêt. Si l'on estime à environ 20% la part de la Banque dans chacune des transactions commerciales, le montant total des cofinancements obtenus grâce au programme expérimental pourrait se chiffrer à 2,5 milliards de dollars. Ces fonds seraient utilisés pour financer des projets d'investissement sains remplissant les conditions voulues pour bénéficier d'un prêt direct de la Banque. En donnant aux banques commerciales la possibilité de s'associer plus étroitement à la banque_mondiale on espère les amener à mieux se rendre compte que les opérations cofinancées sont intéressantes et sûres. On espère également que les nouveaux instruments rendront les investisseurs plus confiants, contribueront à un accroissement des flux nets de capitaux à destination des pays_en_développement et permettront d'allonger les échéances des prêts. *{p. 41} Programme d'assistance spéciale. Un Programme d'assistance spéciale, qui doit permettre aux pays_en_développement de poursuivre leurs efforts de développement malgré une conjoncture défavorable, a été approuvé par les Administrateurs en février 1983. Ce programme consiste en mesures financières et en conseils de politique générale destinés à aider les pays qui appliquent eux-mêmes des politiques appropriées. Ce programme n'est pas conçu pour résoudre les problèmes des pays en difficulté. La Banque ne peut ni ne doit tenter de financer les déficits de balance_des_paiements de ses pays_membres, mais elle se doit d'aider ces pays en leur conseillant des politiques et en leur fournissant une assistance financière spéciale qui leur permette de maintenir les activités de développement au plus haut niveau possible et de minimiser les effets de la crise sur leurs perspectives de croissance. Les objectifs de ce programme sont les suivants: - mettre l'accent sur des opérations hautement prioritaires nécessaires pour appuyer des changements d'orientation; - accroître les prêts visant à aider les pays à entretenir l'infrastructure indispensable et à mieux utiliser les moyens existants, en particulier dans le cas des activités à vocation exportatrice; - développer les services consultatifs fournis par la Banque pour la conception et l'application de politiques appropriées, y compris le réaménagement de l'ordre de priorité des investissements; - conserver leur élan aux projets en accroissant la part du financement de la Banque; - accélérer le rythme des décaissements au titre des prêts et des crédits déjà accordés chaque fois que cela est possible; et - inviter les autres prêteurs à faire des efforts analogues. Ce programme a été conçu pour deux ans dans la perspective d'une reprise économique mondiale avant la fin de cette période. Une étude portant sur la première année du programme aura lieu au début de 1984. Si la reprise se fait attendre, on pourrait envisager de le prolonger. Le Programme d'assistance spéciale devrait permettre d'accroître les décaissements de la BIRD de 2 milliards de dollars pendant les exercices 83 à 85 - soit de 8% par rapport au total des décaissements initialement prévus pour cette période. Et les transferts nets (c'est-à-dire les décaissements déduction faite des paiements d'intérêt et des remboursements du principal) devraient progresser de près de 25% dans le même temps. Le Programme d'assistance spéciale porte essentiellement sur les prêts de la BIRD et ne peut être appliqué aisément aux crédits de l'IDA car celle-ci prend déjà en charge une part importante du coût des projets. En outre, il serait difficile à l'IDA de financer le volume pourtant relativement modeste, des décaissements accélérés que suppose le programme d'action. L'IDA finance en effet ses décaissements en faisant des appels de fonds auprès de ses donateurs, et ceux-ci ont déjà des difficultés à faire face aux obligations existantes en raison de leurs contraintes budgétaires. Du point de vue de la situation financière de la Banque, c'est sur le programme d'emprunt de la BIRD que le programme aura les incidences les plus marquées. On estime que pour répondre aux besoins de ce programme, la BIRD devra emprunter quelque 1,6 milliard de dollars de plus, soit une légère augmentation par rapport aux 30,2 milliards de dollars initialement prévus pour la période couvrant les exercices 83 à 85. Le Programme d'assistance spéciale comprend cinq grandes composantes: 1: Une expansion du programme de prêt à l'ajustement_structurel. La Banque est disposée à renoncer provisoirement à sa politique antérieure consistant à limiter le volume des prêts à l'ajustement_structurel à 30% du programme total de prêt par pays. S'il apparaissait que le total des prêts à l'ajustement_structurel et des autres prêts hors projet dépassait 10% du programme de prêts de la Banque - pourcentage qui constitue le plafond actuellement en vigueur - la question serait soumise au Conseil. 2: Aide aux ajustements sectoriels. Parfois, un changement de politique dans certains secteurs déterminés convient mieux qu'un programme d'ajustement_structurel global. Les prêts aux ajustements sectoriels pourraient contribuer à développer les exportations, à remettre en état et à moderniser les installations existantes, et à fournir des facteurs de production agricole dans le cadre de programmes visant à modifier les incitations à la production. 3: Financement d'une part accrue du coût des projets. La Banque finance généralement le coût en devises des projets. Dans les pays à revenu intermédiaire et à revenu élevé, il peut être fait exception à cette règle pour des projets dont l'élément en devises est très réduit; la Banque finance alors parfois 35% du coût total. Dans les pays à faible revenu, elle prend fréquemment en charge une partie des coûts en monnaie nationale et, dans les pays les plus pauvres, elle finance jusqu'à 95% du coût des projets. Pour permettre que des projets et des programmes hautement prioritaires puissent être achevés aussi rapidement que possible, il a été décidé que la Banque modifiera ses critères de partage des coûts dans le cas de certains pays et de certains projets: a) en réduisant l'envergure des projets en cours tout en maintenant le montant total de son financement; b) en consentant des prêts supplémentaires, et notamment un financement rétroactif; et c) en modifiant les prêts pour réduire la période couverte par les projets. *{p. 42} En ce qui concerne les nouveaux engagements, la Banque envisage de financer une plus grande partie des dépenses renouvelables au début de la vie d'un projet ainsi que les fonds de roulement dont ont besoin les institutions_financières de développement ou d'autres intermédiaires financiers. La Banque pense également avoir davantage recours à des fonds renouvelables. 4: Le renforcement du dialogue. La Banque aidera les gouvernements qui le demanderont à réexaminer leurs programmes d'investissement, leur politique macroéconomique, leur politique_commerciale et leur politique des prix et elle prendra des mesures supplémentaires pour les aider à gérer leur dette et à modifier l'ordre de priorité de leurs objectifs de développement. 5: Coordination avec d'autres bailleurs de fonds. La Banque utilisera au maximum les divers mécanismes de consultation avec les autres institutions_internationales de financement et les donateurs d'aide bilatérale pour les convaincre d'étudier des mesures semblables. Énergie. Une ère nouvelle a commencé il y a près de dix ans avec la hausse des prix de l'énergie. La transition a été brutale et la plupart des pays_en_développement n'ont pas encore complètement ajusté la structure de leur production et de leur consommation à cette hausse. Malgré le fléchissement récent du cours mondial du pétrole, ces ajustements n'ont rien perdu de leur caractère impératif: d'abord parce que la baisse des prix pétroliers est probablement temporaire et ensuite parce que les pays_en_développement en sont encore à mettre au point des stratégies énergétiques adaptées au niveau actuel de ces prix. *{p. 44} Dans le rapport intitulé "L'énergie dans les pays_en_développement: une transition" qu'ils ont présenté aux Administrateurs, les services de la Banque indiquaient que trois mesures s'imposaient pour faciliter le processus d'ajustement, ces mesures consistant à: - adopter une politique des prix rationnelle et améliorer la régulation de la demande en vue d'accroître l'efficacité de l'utilisation de l'énergie; - réorienter les stratégies de développement de l'industrie, de l'agriculture et des transports pour tenir compte du renchérissement de l'énergie; - accroître les investissements pour mettre en valeur les ressources énergétiques nationales lorsque celles-ci sont meilleur marché que le pétrole importé. Selon le rapport, il faudrait pour mettre en valeur le potentiel énergétique des pays_en_développement investir au cours des dix prochaines années 130 milliards de dollars par an (en dollars 1982), dont 64 milliards de dollars en devises (voir le tableau 1). La Banque estime que, même si le cours mondial du pétrole tombait à 25 dollars le baril (en dollars 1982), la grosse majorité de ces investissements - dont la moitié irait au secteur de l'électricité - resterait avantageuse. Si l'on étudie le potentiel des pays_en_développement, on voit qu'ils pourraient augmenter leur production d'énergie commerciale, qui passerait de 1,7 milliard de tonnes équivalent pétrole (tep) en 1980 à 3,1 milliards de tep en 1995. S'ils réalisaient ce potentiel, ils pourraient réduire considérablement leurs importations d'énergie. Le rapport note également l'importance cruciale des mesures d'économie d'énergie pour les pays_en_développement. De nombreux Administrateurs ont souligné que le rôle de la Banque dans le secteur de l'énergie devait être de favoriser les flux de capitaux et les transferts de technologies à destination des pays_en_développement. Ils sont convenus, lors de la discussion de ce rapport, qu'en raison de l'importance de l'énergie dans le développement, la Banque devait fournir des ressources et une assistance à ses pays_membres pour les aider à résoudre les problèmes complexes qui se posent dans ce secteur. Ils ont aussi constaté que les pays devaient redoubler d'efforts pour formuler des stratégies énergétiques et mobiliser des ressources afin d'accroître notablement leur taux d'investissement dans ce secteur. Ils ont décidé que la Banque poursuivrait ses diverses activités dans le secteur de l'énergie, dans les limites a) des contraintes qu'impose le total des ressources disponibles et b) du plafond fixé par les directives sur la répartition des ressources entre secteurs adoptées précédemment: les prêts de la Banque à l'énergie ne doivent pas dépasser 25% du total des prêts. Elle affectera également des ressources aux projets auxquels elle apporte une contribution non financière importante sous forme, par exemple, d'analyse de la politique sectorielle, d'aide au transfert de technologies et à la conception des projets, de renforcement des institutions et de mobilisation de ressources. Depuis l'exercice 78, au cours duquel les Administrateurs ont décidé pour la première fois d'accroître l'aide au développement de l'énergie, les concours de la Banque au secteur augmentent rapidement; à la fin de l'exercice 83, ils atteignaient 14,036 millions de dollars, soit 20,1% du total des engagements de l'exercice. Comme on peut le voir d'après le tableau 2, l'électricité occupe la première place dans le programme énergie de la Banque; elle devait conserver cette place pendant encore une quinzaine d'années, même si les prêts de la Banque représentent maintenant moins de 5% des programmes d'investissement qu'ils appuient - contre 30% pendant les années 60. C'est cependant dans les secteurs du gaz et du pétrole que les engagements ont le plus fortement augmenté. Depuis l'exercice 78, 2,723 millions de dollars ont été engagés dans des projets concernant le pétrole et le gaz identifiés dans plus de 50 pays. *{p. 45} Les projets de promotion des activités d'exploration, conçus pour aider les sociétés pétrolières internationales à rassembler des données et les inciter à explorer les ressources pétrolières, ont été les plus nombreux; en valeur, ce sont les prêts à la mise en valeur des hydrocarbures qui viennent en tête. Outre les projets traditionnels de mise en valeur des ressources pétrolières, hydroélectriques, houillères et forestières, la Banque finance des projets moins classiques visant à exploiter d'autres sources d'énergie. Un prêt de 250 millions de dollars a été accordé au Brésil pour l'aider à exécuter un programme national de carburant alcoolisé. Le Kenya, les Philippines et la Yougoslavie ont reçu une aide pour explorer et exploiter l'énergie géothermique. Grâce à un prêt de 20 millions de dollars, le Maroc expérimente d'autres techniques pour l'exploitation de ses énormes réserves de schistes bitumineux. Les autres projets de type non classique financés par la Banque ou pour lesquels elle a fourni une assistance technique ou financière portent sur les domaines suivants: utilisation de la tourbe, mise en place d'installation de biogaz et mise en valeur de l'énergie solaire, éolienne et de la biomasse. Le volume du cofinancement des projets appuyés par la Banque assuré notamment par des institutions d'aide, des organismes de crédit à l'exportation et des banques commerciales a progressé parallèlement à celui des prêts consentis par la Banque au secteur de l'énergie. Pendant les exercices 79 à 82, 11,200 millions de dollars de cofinancement sont venus s'ajouter aux 9,900 millions de dollars fournis par la Banque. C'est pour les projets concernant le pétrole et le gaz que le cofinancement est le plus élevé; leurs plans de financement prévoient que pour chaque dollar prêté par la Banque, 1,78 dollar sera fourni par des cofinanciers. Les Administrateurs ont reconnu que la Banque était limitée dans ses contributions financières par sa base de capital et l'ont encouragée à mobiliser des capitaux à investir dans le secteur de l'énergie auprès de toutes les sources de financement possibles, en particulier sous la forme de prises de participation. Toutes les options offertes doivent faire l'objet d'une analyse en profondeur; les mesures proposées par les Administrateurs sont notamment les suivantes: création d'une filiale énergie, mise en place d'un fonds d'affectation spéciale, emprunts aux pays_membres pour des projets spécifiques, prise d'engagements de financement des projets dès la phase initiale par des organismes de crédit à l'exportation, participation de la Société financière internationale et examen des possibilités d'assurance multilatérale des investissements. Pour l'ensemble des Administrateurs, il était justifié que la Banque continue de jouer un rôle actif dans le secteur de l'énergie, étant donné la place prioritaire que celui-ci occupe dans le processus d'ajustement global de nombreux pays_en_développement, les ajustements difficiles qu'il est urgent d'y apporter (par exemple, remplacement de la principale source d'énergie et rééquipement industriel) et les investissements considérables qu'il demandera dans les années à venir. *{p. 46} Activités de la Banque. Institut de développement_économique. Depuis plus de vingt-sept ans l'Institut de développement_économique (IDE) offre une formation aux hauts_fonctionnaires des pays_en_développement membres de la Banque pour aider ces derniers à améliorer la gestion de leur économie et à accroître l'efficacité de leurs programmes d'investissements. Ces fonctionnaires viennent des ministères des Finances et du Plan, d'organismes spécialisés dans divers secteurs du développement, et de banques_centrales et d'institutions_financières de développement. L'IDE est particulièrement bien placé pour organiser des séminaires intensifs à leur intention car il peut tirer parti de l'expérience pratique, de l'analyse des politiques, des études comparatives du développement et autres recherches empiriques de la Banque, et aussi des connaissances et de l'expérience acquises à l'extérieur. Au cours de l'exercice 83, la dernière année d'exécution de son programme quinquennal actuel, l'IDE a organisé 17 séminaires à Washington et 52 activités à l'étranger qui ont réuni environ 1 500 participants. Les séminaires font l'objet d'un tableau distinct. L'IDE a également contribué à 21 opérations menées par d'autres établissements de formation. Pendant l'exercice écoulé, l'IDE a commencé à modifier l'orientation de son programme: il a multiplié les activités de formation à l'intention de formateurs d'autres institutions, développé et amélioré la production de matériels de formation destinés à ses agents et à ceux d'autres établissements, et organisé davantage de séminaires de politique générale à l'intention de hauts_fonctionnaires. Comme exemples de ce dernier volet du programme, citons une série de quatre séminaires sur les politiques agricoles à l'intention de hauts_fonctionnaires africains; un séminaire sur les soins_de_santé ruraux organisé à Washington en collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS); et un séminaire sur la gestion de la croissance des villes organisé à rio_de_janeiro conjointement avec le Centre des nations_unies pour les établissements humains. Six séminaires portant sur divers sujets se sont tenus en Chine; deux d'entre eux ont été organisés dans le cadre du programme élargi de formation à l'intention de ce pays financé par le Programme des nations_unies pour le développement (PNUD), pour lequel la Banque joue le rôle d'agent d'exécution. L'IDE a continué d'apporter son concours aux pays arabes, directement par des séminaires et, indirectement, en aidant l'Organisation arabe de développement agricole à organiser une série de séminaires régionaux sur la planification et l'exécution de projets agricoles à l'intention de ces pays. Au cours de l'exercice, l'Institut a publié trois ouvrages résultant de ses programmes de formation: Aspects of Development Bank Management, de William Diamond et V: S: Raghavan; Economic Analysis of Agricultural Projects (édition révisée), de J: Price Gittinger; et Pricing Policy for Development Bank Management, de Gerald M: Meier. Cinq autres ouvrages sont en cours de rédaction. L'Institut a continué d'accroître la diffusion dans le monde entier de ses matériels pédagogiques, qu'il a distribués aux établissements de formation, universités, bibliothèques, organisations_internationales, banques de développement et autres. Ces matériels didactiques sont actuellement reclassifiés selon un nouveau système de référence. L'IDE a continué de collaborer avec les institutions spécialisées de l'organisation des nations_unies. A Washington, il a organisé, conjointement avec l'Institut des nations_unies pour la formation et la recherche, le sixième séminaire annuel sur le développement_international à l'intention des membres des délégations nationales auprès de l'Organisation des nations_unies à new_york. (Il a organisé un séminaire analogue à l'intention du personnel supérieur des ambassades de Washington.) Il a également organisé à Washington les quatrième et cinquième séminaires sur les méthodes de préinvestissement, destinés aux Représentants résidents du PNUD et à leurs adjoints, et intégralement financés par cette organisation. Il a par ailleurs coparrainé des séminaires en Afrique, en Asie et en amérique_latine avec le Centre des nations_unies pour les établissements humains (Habitat), l'OMS, la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique, l'Organisation des nations_unies pour le développement industriel, et le PNUD. *{p. 47} Parmi les activités novatrices de l'Institut pendant l'exercice 83, on note des séminaires portant sur les domaines suivants: les coûts, l'efficacité et la politique dans le secteur de l'éducation; le développement industriel dans les économies de petite taille; les projets forestiers; la gestion du cycle des projets; et les télécommunications. En amérique_latine et aux Caraïbes, l'IDE a pour la première fois copatronné des séminaires avec l'Association de crédit agricole des Caraïbes et l'Institut interaméricain de coopération agricole. L'exercice marque un tournant dans l'histoire de l'IDE, car les Administrateurs ont approuvé une réorientation de sa politique; cette décision a été prise à la suite de la parution du rapport intitulé "L'avenir de l'Institut de développement_économique", rédigé par un groupe de travail de haut niveau dirigé par le Vice-président, Politique opérationnelle, de la Banque. De l'avis général des Administrateurs, les objectifs et les programmes futurs de l'IDE doivent s'articuler autour de trois grandes priorités: a) exécuter un programme visant à renforcer sur le plan institutionnel un certain nombre d'établissements de formation sélectionnés dans les pays_en_développement. Ce programme comprendra une assistance technique, des activités de formation à l'intention de formateurs et la mise au point de matériels didactiques appropriés; b) développer les activités de formation directe, en mettant l'accent sur la formation de fonctionnaires des pays de l'Afrique au sud du Sahara et d'autres pays qui n'ont pas d'établissements de formation appropriés; et c) prévoir un programme de séminaires sur les politiques nationales et sectorielles, qui regrouperaient des responsables de pays_en_développement, des cadres supérieurs de la Banque et des universitaires. Selon le rapport sur l'avenir de FIDE, étant donné l'évolution de la situation depuis 1955, date de la création de l'Institut, il est justifié d'accorder la priorité au renforcement des institutions. Tout d'abord, il est maintenant admis que des institutions solides et des gestionnaires capables d'élaborer et d'appliquer des politiques rationnelles ont au moins autant d'importance - sinon plus -que les moyens financiers disponibles. Ensuite, des établissements de formation (nationaux, régionaux et internationaux) ont été créés dans de nombreuses parties du monde. Bien qu'ils contribuent dans une large mesure à répondre aux besoins de formation des pays_en_développement, il est nécessaire, étant donné l'ampleur de ces besoins, de les développer et de les renforcer. Le principe fondamental qui sous-tend cette nouvelle politique de soutien institutionnel est le suivant: en contribuant au renforcement des établissements de formation, les activités de FIDE peuvent avoir un effet multiplicateur: les fonctionnaires des pays_en_développement seront ainsi bien plus nombreux à profiter de l'expérience de la Banque que si l'Institut se contentait d'organiser des séminaires et des conférences. Dans le cadre de ce programme, l'IDE formera des formateurs, fournira des matériels d'enseignement, aidera à concevoir et à organiser des stages et donnera des conseils en matière d'organisation et de gestion. *{p. 50} Si le nombre annuel des activités globales de formation de l'IDE doit augmenter pendant la période couvrant les exercices 85 à 89, la place désormais faite à la formation des formateurs exigera une diminution progressive du nombre des activités de formation directe à l'intention des praticiens du développement. On pense que, d'ici à l'exercice 89, la moitié environ des activités de formation de l'Institut seront consacrées aux formateurs, l'autre moitié aux praticiens du développement. Les chiffres correspondants pour l'exercice écoulé sont de 10% et de 90%, respectivement. L'IDE continuera toutefois d'accroître ses activités de formation directe à l'intention des praticiens du développement des pays de l'Afrique au Sud du Sahara. La réduction de la formation directe touchera principalement l'Asie et l'amérique_latine, où les établissements de formation se sont développés le plus rapidement. L'IDE a néanmoins l'intention d'accroître, là où cela est possible, son aide à ces établissements. Il poursuivra également ses activités de formation directe dans les pays d'autres régions qui sont les moins bien pourvus en établissements de formation et dans les petits pays ayant des besoins de formation spéciaux. Il prévoit aussi d'augmenter le nombre des séminaires de politique générale de haut niveau comme ceux qui ont été organisés l'année dernière. Par ailleurs, l'IDE réexamine et évalue actuellement ses matériels de formation, et il consacrera des ressources supplémentaires à la production de matériels de formation (notamment études de cas et exercices) pouvant aussi être utilisés par d'autres établissements de formation. Les nouvelles orientations commenceront d'être adoptées au cours de l'exercice 84. Mais, étant donné le temps nécessaire pour apporter au programme des changements aussi fondamentaux que ceux qui sont envisagés, ce n'est qu'à partir de l'exercice 85 que la nouvelle politique sera pleinement appliquée. Assistance technique. Par suite de la détérioration de la situation économique dans de nombreux pays_membres en développement et de ses conséquences défavorables sur le développement, le rôle joué par la Banque dans le domaine de l'assistance technique a pris une dimension particulière. On a enregistré au cours de l'exercice une nouvelle expansion du volume de l'assistance technique; celle-ci a, par ailleurs, continué de se diversifier, qu'il s'agisse des domaines sur lesquels elle a porté ou des mécanismes utilisés. Comme toujours, l'élément d'assistance technique le plus important a été financé dans le cadre du programme de prêt et, en particulier, dans le cadre de prêts destinés à d'autres fins. Plus de 90% des prêts et crédits comprennent maintenant un élément d'assistance technique et, au cours de l'exercice 83, ceux-ci ont atteint au total 1,275,3 millions de dollars (219 opérations), contre 1,151 millions de dollars (212 interventions) l'année précédente. En outre, sept prêts et crédits exclusivement destinés à l'assistance technique ont été approuvés, pour un total de 52,7 millions de dollars. En 1982, 11 prêts et crédits, se chiffrant au total à 72,8 millions de dollars, avaient été approuvés. Parmi les montants les plus élevés fournis par la Banque au titre de l'assistance technique, on peut citer les suivants: 74 millions de dollars dans le cadre du troisième projet de transmigration en Indonésie; 30 millions de dollars au titre d'un prêt à l'électricité au Zimbabwe; 24,9 millions de dollars au titre d'un prêt au secteur de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement au Brésil 22,7 millions de dollars dans le cadre d'un projet de formation et de recherche agricole en Chine 14,6 millions de dollars dans le cadre d'un projet de modernisation d'une raffinerie au Bangladesh; et 12,1 millions de dollars dans le cadre d'un projet de mine de fer au Brésil. Les éléments formation des projets, qui font partie de l'assistance technique, se sont montés au total à 230,4 millions de dollars, répartis entre 176 opérations, contre 185,1 millions de dollars répartis entre 160 projets pendant l'exercice 82. Les prêts et crédits exclusivement destinés à l'assistance technique qui ont été approuvés au cours de l'exercice sont allés au Congo (11 millions de dollars), au Kenya (6 millions de dollars), au Mali (10,4 millions de dollars), à la Mauritanie (4,6 millions de dollars), au Népal (6 millions de dollars), au Pérou (10,2 millions de dollars) et à la Tunisie (4,5 millions de dollars). En 1975, la Banque a créé le Mécanisme de financement de la préparation des projets pour aider les emprunteurs à achever la préparation de leurs projets et à soutenir les organismes chargés de préparer ou d'exécuter ces projets. Elle peut ainsi avancer des fonds aux emprunteurs éventuels pour les aider à mener à bien la préparation de projets et à renforcer leurs institutions. Au cours de l'exercice, les avances à ce titre se sont chiffrées à 33,9 millions de dollars. En fin d'exercice les engagements, nets des avances refinancées au titre de prêts et de crédits ultérieurs, ont totalisé 64,1 millions de dollars, alors que le pouvoir d'engagement net autorisé par les Administrateurs en août 1981 était de 99,5 millions de dollars. *{p. 51} Si les opérations de prêt, y compris le financement de la préparation des projets, sont les principaux instruments par lesquels la Banque fournit une assistance technique à ses pays_membres, elle a également recours à un certain nombre d'autres mécanismes importants. Parmi eux, le programme annoncé au cours de l'exercice 82, dans le cadre duquel la Banque a décidé de financer juqu'à 20 postes de conseillers dans des pays admis à bénéficier des crédits de l'IDA. Trois conseillers ont rejoint leur poste (au Bangladesh, au Sénégal et au Népal) pendant l'exercice 83. Des engagements ont été pris en ce qui concerne neuf autres conseillers - deux respectivement pour le Bénin et le Togo, et un pour chacun des pays suivants: Gambie, Guinée équatoriale, République centrafricaine, Sierra Leone et Tchad. La Banque a continué de servir d'agent d'exécution pour des projets financés par le Programme des nations_unies pour le développement (PNUD); à la fin de l'exercice, on comptait 127 projets de ce type en cours contre 132 un an auparavant. L'assistance technique fournie à ce titre dépasse 160 millions de dollars. Quelque 33 nouveaux projets, représentant des engagements de 33,1 millions de dollars, ont été approuvés pendant l'exercice; au cours de l'exercice précédent, 41,8 millions de dollars avaient été engagés pour 37 projets. Si le nombre des projets du PNUD diminue, c'est que certains donateurs n'ont toujours pas versé toute leur contribution à cette organisation, qui est la principale source mondiale d'assistance technique non remboursable. Malgré ses difficultés de financement, le PNUD a continué au cours de l'exercice 83 de financer un certain nombre de vastes projets novateurs et de faire appel à la Banque pour les exécuter. L'un d'eux, un projet d'élaboration d'un plan directeur pour le secteur de l'alimentation en eau au Bangladesh, recevra l'un des dons les plus importants (6,6 millions de dollars) jamais consenti par le PNUD. Parmi les autres grands projets du PNUD approuvés pendant l'exercice, on compte un projet de planification au Gabon (3,5 millions de dollars) et un projet d'assistance à la Banque ougandaise de développement (2 millions de dollars). Dans ces deux cas, les coûts ont été partagés et plus de 85% des fonds nécessaires ont été fournis par d'autres sources (un crédit de l'IDA en Ouganda et des fonds d'origine publique au Gabon). Pour environ un tiers des projets du PNUD exécutés par la Banque, il y a maintenant "partage des coûts"; le plus souvent, l'État prend en charge une partie des dépenses, qu'il finance sur un prêt de la BIRD ou un crédit de l'IDA. La Banque est intervenue pour la première fois à Saint-vincent et Grenadines, où elle a réalisé une étude de réseau hydroélectrique financée sur un don de 500,000 dollars du PNUD. Pour améliorer la gestion économique et aider à la préparation et à l'exécution de projets d'investissement dans les petites îles des Caraïbes, la Banque a accepté de servir d'agent d'exécution pour un programme de 2,4 millions de dollars visant à créer une Mission résidente inter-organisations dans la région; les coûts de ce programme seront financés non seulement par la Banque et le PNUD mais aussi par le fonds_monétaire_international, les États-unis et le Canada. Ces dernières années, la Banque a travaillé en étroite collaboration avec le PNUD à un certain nombre de projets novateurs entrant dans la catégorie projets mondiaux et interrégionnaux de cette organisation. Dans nombre de cas, leur collaboration s'est poursuivie et, au cours de l'exercice écoulé, le PNUD a fourni des ressources pour une étude des options et des priorités d'investissement dans le secteur de l'irrigation; pour une série d'études concernant la réduction des pertes sur les réseaux électriques; et pour un projet de formation en matière d'énergie et d'électricité organisé par l'IDE (le stage, qui a regroupé des participants de toute la région méditerranéenne, a eu lieu en Turquie, en février/mars). La Banque et le PNUD se sont également mis d'accord au cours de l'exercice sur un programme quadriennal de gestion des ressources énergétiques qui devrait coûter 47 millions de dollars; cette intervention, la plus importante de leurs opérations mondiales/interrégionales, complète le programme de bilans énergétiques portant sur 60 pays que les deux organisations ont lancé conjointement en novembre 1980. Le nouveau programme a été lancé en mars 1983 avec les ressources alors disponibles; il reste à trouver auprès d'autres donateurs la plus grande partie des fonds nécessaires. Assistance technique remboursable. L'assistance technique accordée par la Banque au pays_en_développement à excédent de capitaux d'Europe, du Moyen-orient et d'Afrique du Nord est remboursable lorsque le programme annuel dépasse un homme/année de travail de la Banque, comme cela a été le cas pour l'Arabie saoudite, Oman et les Émirats arabes unis; elle n'est pas remboursable lorsqu'elle est fournie en réponse à des demandes ad hoc pour des programmes ne dépassant pas une année de travail. Au cours de l'exercice 83, la Banque a accordé environ 29 hommes/années d'assistance technique remboursable. L'assistance technique fournie à l'Arabie saoudite a dépassé 25 hommes/années, ce qui représente environ 86% du programme d'assistance remboursable de 1983. Plusieurs ministères et organismes ont bénéficié de cette aide qui a porté sur divers secteurs et sous-secteurs (notamment ressources_humaines, analyse fonctionnelle et informatique, infrastructure et ingénierie). Oman a reçu plus de deux hommes/années d'assistance technique, dont 1,5 homme/année de services de spécialistes sur le terrain, qui ont aidé principalement à créer un bureau de planification de la main-d'_oeuvre au sein du ministère des affaires_sociales et du Travail. *{p. 52} Deux nouveaux programmes d'assistance technique remboursable ont été lancés au cours de l'exercice 83, l'un dans les Émirats arabes unis pour la mise en place d'un système d'information sur le marché_du_travail au ministère du Travail et des affaires_sociales, et l'autre en Libye pour une étude économique spéciale et un séminaire de l'IDE sur l'évaluation des projets. La Banque a également fourni une assistance technique non remboursable aux Émirats arabes unis, pour une étude économique générale et une étude préalable à la signature de l'accord de coopération technique concernant le système d'information sur le marché_du_travail; à Bahreïn, elle a réalisé une étude sur la politique énergétique. *{p. 53} Recherche et études économiques. En 1983, la banque_mondiale a consacré environ 3,3% de son budget administratif, soit en gros 17,3 millions de dollars, à la recherche économique et sociale. Depuis que le programme de recherche a été officiellement lancé, il y a onze ans, 159 projets de recherche ont été menés à bien, dont 22 au cours du dernier exercice, Environ 150 projets approuvés et financés à l'échelon central sont en cours et 65 autres petits projets sont exécutés par les services de recherche des départements de la Banque. Les recherches sont effectuées par les services spécialisés de la Banque, généralement en collaboration avec d'autres chercheurs. Sauf dans le cas des projets qu'elle exécute conjointement avec d'autres organismes, la Banque ne finance pas les recherches économiques et sociales menées par d'autres institutions ou par des particuliers. Elle élabore son programme de recherche en fonction à la fois de ses besoins propres, en tant qu'institution de prêt et source de conseils de politique générale pour les gouvernements, et des besoins des pays_membres. Ses principaux objectifs sont d'approfondir l'étude du processus de développement et des politiques qui influent sur lui, de contribuer à l'adoption de nouvelles techniques ou méthodes pour les analyses portant sur des pays, des secteurs et des projets, de fournir la matière_première pour les principaux documents élaborés par la Banque, notamment le Rapport sur le développement dans le monde, et d'aider les pays_membres en développement à renforcer leur capacité de recherche. Au cours de l'exercice 83, 33 nouvelles recherches ont été lancées; en particulier, 19 dons ont été accordés pour la préparation de projets de recherche. Ce mécanisme préparatoire, qui est relativement récent, permet aux chercheurs d'explorer des domaines inconnus; il permet également de renforcer la capacité de recherche de services faisant partie du complexe opérationnel de la Banque, de réaliser quelques études pilotes et d'envoyer des missions dans certains pays_membres pour négocier des accords de coopération dans le domaine de la recherche. Au cours de l'exercice 83, on a par ailleurs, dans le cadre d'une vingtaine de projets de recherche nouveaux ou en cours, cherché à appliquer les résultats obtenus précédemment dans de nouveaux contextes afin de déterminer s'ils étaient utilisables à plus large échelle ou d'accélérer leur diffusion, Si les résultats de recherche sont appliqués avec succès, ils sont généralement adoptés par les analystes de la Banque qui ne les considèrent plus comme appartenant à la recherche niais comme faisant partie intégrante des procédures opérationnelles. Au cours de l'exercice écoulé, les services de recherche ont été totalement réorganisés. Un département de la recherche a été créé au sein des services Économie et Recherche, et un département des Politiques nationales de développement a été intégré aux services de Politique opérationnelle; des sections de recherche ont également été créées ou renforcées dans divers départements de ces services et des services Énergie et Industrie. Pendant cette période également, un nouveau Vice-président, Économie et Recherche, a été chargé de mettre au point et de guider le programme de recherche de la Banque. *{p. 56} La raison_d'_être de cette réorganisation était de donner plus d'importance aux activités de recherche ayant un effet direct et immédiat sur les opérations quotidiennes de la Banque. A la fin de l'exercice 83, la recherche économique et sociale au sein de la Banque était presque également répartie entre les services Économie et Recherche et les services de la Politique opérationnelle et il devrait en être de même pendant l'exercice 84. Auparavant, les deux tiers environ des opérations de recherche étaient confiés aux services de la Politique du développement, qui ont été remplacés par les services ï1conorme et Recherche. La restructuration vise deux objectifs: améliorer les services chargés de donner des conseils de politique générale aux pays_membres et aider ceux-ci à se doter de moyens de recherche. A l'appui de ce dernier objectif, la Banque a modifié les critères de sélection des projets de recherche afin d'encourager l'exécution d'un plus grand nombre de projets en association, faisant intervenir dans toute la mesure du possible des chercheurs et des institutions de pays_en_développement. Il semble que ceux-ci seront de plus en plus mis à contribution pour concevoir, exécuter et évaluer une part plus importante des projets de recherche de la Banque. Par exemple, le financement de projets de recherche sur les déterminants de la fécondité au Bangladesh, sur les systèmes fiscaux du Mexique et du Pakistan et sur les entreprises_publiques chinoises, qui ont été approuvés récemment, était subordonné à la participation de chercheurs ou d'organismes locaux. Les principaux thèmes de recherche de la Banque sont restés les mêmes, mais l'ordre des priorités a été modifié. A l'occasion de la réorganisation, on réévalue les objectifs prioritaires du programme de recherche car, de plus en plus, on se rend compte qu'il faut faire plus de place à la recherche appliquée, à la recherche sur l'économie internationale en tant que contexte de la politique_économique des divers pays, et aux études comparatives des différentes politiques nationales de développement. Jusqu'à présent, le programme portait principalement sur des questions relevant des secteurs auxquels la Banque accorde généralement ses prêts. Or, de nombreuses questions de politique générale s'appliquent à l'ensemble des secteurs et il est parfois impossible de dissocier ceux-ci dans l'analyse économique. C'est pourquoi on a réorienté le programme pour l'axer de plus en plus sur les finances et les échanges_internationaux, l'économie du secteur_public, l'économie des ménages et la technologie. Ces questions sont importantes pour tous les pays du monde. Néanmoins, étant donné la place particulière que la Banque fait à l'Afrique, le programme vise principalement à traiter ces questions dans le contexte africain. La recherche sur les problèmes liés à l'énergie et à l'ajustement_structurel restent également prioritaires. Étant donné les problèmes budgétaires auxquels ils se heurtent du fait de la récession mondiale, et en particulier de la stagnation des échanges et des difficultés à obtenir des prêts à des conditions commerciales, les pays_membres demandent à la Banque de les aider à déterminer les effets d'autres politiques sur la croissance et le bien-être. Le programme de recherche comprend donc maintenant une importante composante visant à analyser les avantages et les inconvénients des diverses options offertes. Au cours de ces trois dernières années, la part du programme de recherche consacré à la politique et à la planification du développement est passée de 14% à 23% du budget. Dans le cadre de ces activités, des modèles d'équilibre général mis au point pour la côte_d'_ivoire, la Turquie et la Yougoslavie sont actuellement mis à la disposition de ces pays, où ils pourront être utilisés en permanence par des chercheurs formés sur place par des agents de la Banque. Pour élaborer des politiques qui permettent aux pays_en_développement de mieux faire face aux fluctuations et aux tendances défavorables de la conjoncture mondiale, la Banque a dû élargir le champs de ses recherches sur le commerce international, et étudier en particulier les obstacles aux échanges de services et les migrations de main-d'_oeuvre. L'examen des effets des mouvements de main-d'_oeuvre sur l'économie des pays d'origine et d'accueil se poursuit. Une grande partie des travaux analytiques et des activités de recherche de la Banque porte sur le rôle et les effets des interventions de l'État sur le développement_économique. La plupart des recherches ont été effectuées dans des pays à économie_de_marché mais quelques études ont été réalisées récemment sur la façon d'affecter plus rationnellement les ressources dans les pays à économie planifiée. Les recherches menées en collaboration avec l'Académie chinoise des sciences sociales ont pour thème principal les entreprises_publiques. Dans les secteurs sociaux, la recherche a porté essentiellement sur la tarification des services_publics et sur les problèmes rencontrés quand on veut récupérer les coûts de fonctionnement sans pour autant faire payer un prix tel que les familles pauvres n'auraient plus accès à ces services. De nouvelles études ont été lancées dans les domaines suivants: tarification de l'eau d'irrigation, déréglementation des transports, suppression des blocages (coûts et méthodes) et mise au point de mécanismes efficaces de gestion et de contrôle des réseaux d'alimentation en eau et d'évacuation des déchets. *{p. 57} Aux fins de l'analyse économique, on considère maintenant le ménage comme une unité intégrée et on a perfectionné les instruments d'enquête; de ce fait, les recherches sont de plus en plus axées sur le comportement des ménages, en particulier lorsqu'ils s'agit d'estimer la demande de services_publics - éducation, santé, alimentation en eau et assainissement, et déplacements individuels. On a constaté que les transferts d'argent et de biens au sein des ménages constituaient une importante source d'épargne et d'investissement pour les familles à faible revenu, et en particulier celles dont le chef est une femme; cette question mérite d'être approfondie. La Banque étudie également de plus en plus à fond s'il convient d'utiliser des techniques de pointe pour stimuler la croissance et améliorer l'efficacité grâce à une augmentation de la production, et pour diffuser l'information et les matériels didactiques dans les pays_en_développement. En règle générale, ces projets de recherche coûtent relativement cher et il est probable que d'autres organismes d'aide au développement y participeront à un stade ou à un autre. Tous les projets de recherche en cours financés à l'échelon central sont décrits dans une publication annuelle intitulée "Abstracts of Current Studies: The World Bank Research Program". Les résultats obtenus sont diffusés sous de nombreuses formes: dans des articles de revues spécialisées, dans des ouvrages publiés sous les auspices de la banque_mondiale ou par des maisons d'édition indépendantes et aussi dans des Documents de travail des services de la banque_mondiale. Le Catalogue des publications de la banque_mondiale contient des renseignements sur les publications diffusées par la Banque ou pour son compte. Le bulletin "World Bank Research News", qui paraît trois fois par an depuis quatre ans, décrit brièvement les projets de recherche qui viennent d'être lancés, résume les conclusions des études achevées et comprend en général un article de fond sur un aspect particulier des travaux de recherche menés par la Banque. Ce bulletin est distribué à plus de 12.000 personnes travaillant dans la fonction_publique, dans des instituts de recherche et d'autres organisations spécialisées dans les questions de développement.