*{Rapport annuel, 1987, Banque mondiale} Chapitre deux: La banque_mondiale - Exercice 87. En septembre 1986, M: Barber B: Conable a défini les cinq priorités qui devaient guider la banque_mondiale pendant qu'il en serait Président. Elles consistent à conserver à la Banque, en le renforçant, son rôle: - de force centrale dans le développement et la lutte contre la pauvreté; - d'agent exerçant une influence majeure sur l'ajustement et la croissance économiques, le rééchelonnement de la dette et la libéralisation des échanges; - de source régulière de prêts à des projets -spécialement en vue d'aider l'agriculture à progresser au-delà des niveaux de subsistance; - d'avocat conscient de l'importance à accorder aux questions concernant la population, l'environnement et les femmes dans le monde en développement et dans le processus de développement; et - d'institution dynamique, capable de réagir rapidement face à de nouveaux besoins et d'adapter sa force aux nouveaux défis. La lutte contre la pauvreté. Pendant les années 70, la Banque a pris la tête d'un effort d'ensemble visant à réduire la progression de la pauvreté dans les pays_en_développement: elle a fourni une aide en faveur de l'enseignement primaire, des services de population et de santé, des développements rural et urbain intégrés et de la nutrition. Elle a également pris en compte la pauvreté dans d'autres opérations, en s'efforçant de veiller à ce que les pauvres constituent une forte proportion des bénéficiaires de projets intéressant l'agriculture, l'alimentation en eau et la petite industrie. Pendant les années 80, elle a poursuivi ces efforts. Mais, face à une récession générale et à une détérioration des termes de l'échange, nombre de pays_en_développement, souvent encouragés par la Banque, ont fait passer au premier rang de leurs priorités l'adoption de programmes d'ajustement pouvant rétablir ou maintenir la croissance de leur économie. L'ajustement s'est cependant révélé être un processus de plus longue haleine qu'on ne l'avait initialement envisagé pour certains pays - en particulier les pays d'Afrique subsaharienne et ceux qui sont très endettés. S'ils n'obtiennent pas les ressources nécessaires à des conditions appropriées, ces pays pourront difficilement poursuivre, et encore moins développer, leurs services d'éducation et de santé, leurs programmes nutritionnels et l'amélioration des systèmes d'alimentation en eau et du logement en faveur des pauvres. Devant les préoccupations que suscite à nouveau la pauvreté, la Banque réagit en mettant en pratique les leçons apprises de plus de dix ans d'opérations dans ce domaine, et elles sont nombreuses. Dans le contexte de la lutte contre la pauvreté, elle attache désormais plus de poids aux prix, aux marchés et à la recherche et aux techniques agricoles qu'elle ne le faisait autrefois, par exemple, dans ses activités de développement_rural. Dans les secteurs sociaux, elle donne plus d'importance aux questions pratiques de financement, notamment aux liens entre une situation budgétaire générale saine et l'ouverture de crédits suffisants pour financer les programmes_sociaux, et à la nécessité de faire payer certains services, en particulier ceux qui sont destinés avant tout aux classes aisées. En termes plus généraux, la théorie de la Banque aujourd'hui est qu'il convient d'intégrer l'essentiel des préoccupations que la pauvreté a suscitées au cours des années 70 dans les stratégies axées sur la croissance et le marché qui ont marqué la première moitié des années 80. En conséquence, devenue plus familière avec la conception de programmes d'ajustement, la Banque accorde maintenant une attention plus directe aux moyens d'alléger le coût_social de l'ajustement. Lors de sa réunion d'avril 1987, le Comité du développement s'est félicité des initiatives récentes de la Banque tendant à cibler davantage ses opérations sur la pauvreté et à renforcer son appui aux programmes_d'_aide humanitaire d'organisations_non_gouvernementales. (Voir l'encadré page 16). Parmi ces initiatives, on peut citer en particulier: - l'utilisation accrue du programme tout entier d'aide par pays de la Banque pour alléger les problèmes provoqués par la pauvreté, en particulier aux moyens d'opérations touchant l'agriculture, l'éducation, la santé, la population et le développement urbain. *{p. 15} Encadré sur le Comité du développement. Le Comité du développement. Créé en octobre 1974, le Comité du développement s'appelle officiellement le Comité ministériel conjoint des Conseils des Gouverneurs de la Banque et du Fonds sur le transfert de ressources réelles aux pays_en_développement. Les membres du Comité, qui sont généralement des Ministres des finances, sont désignés à tour de rôle pour une durée de deux ans par l'un des pays ou groupe de pays représentés par un Administrateur à la Banque ou au fonds_monétaire_international. Le Comité a pour tâche de présenter des avis et des rapports aux Conseils des Gouverneurs de la Banque et du Fonds, sur tous les aspects des questions générales de transfert de ressources réelles aux pays_en_développement et de formuler, au sujet de la mise en oeuvre de ses conclusions, des propositions qui seront soumises à l'examen des intéressés. Lors de sa vingt-neuvième session, qui S'est tenue, à Washington, D. C., en septembre 1986, le Comité, sous la présidence de M: Ghulam Ishaq Khan, a examiné les problèmes des pays à revenu intermédiaire très endettés. Il a reconnu qu'il restait nécessaire que toutes les principales parties intéressées - pays endettés comme pays_industrialisés, banques commerciales et institutions_financières et de développement internationales - accroissent fortement leurs efforts. Il s'est félicité des initiatives prises par la Banque et le Fonds pour aider ces pays et a ajouté que l'expansion considérable des prêts accordés par la banque_mondiale pour financer des réformes_structurelles et sectorielles témoignait de l'aptitude de la Banque à apporter un soutien rapide et substantiel aux efforts de réforme. Le Comité a réaffirmé que la Banque devrait avoir les moyens d'augmenter ses prêts de qualité et ne pas être gênée par un manque de capitaux et il a été convenu qu'il faudrait procéder à une augmentation générale du capital substantielle si les prêts de qualité se concrétisaient comme prévus. Pour ce qui est des pays à faible revenu, le Comité s'est inquiété, de la lenteur de la croissance de l'aide_publique_au_développement (APD), a encouragé les pays donateurs à faire un maximum d'efforts pour accroître leur budget d'APD et a préconisé une reconstitution des ressources de l'IDA d'un montant de 12 milliards de dollars ou plus. Lors de sa réunion d'avril 1987, qui s'est tenue également à Washington, D:C:, sous la présidence cette fois de M: B:T:G: Chidzero, le Comité a réaffirmé le rôle central de la Banque et du Fonds dans l'adoption de programmes d'ajustement orientés vers la croissance et dans la mobilisation de ressources publiques et privées et s'est à nouveau déclaré convaincu qu'une augmentation générale du capital substantielle était nécessaire pour que la Banque puisse poursuivre son programme de prêts de qualité si les prévisions continuaient de se concrétiser. Le Comité s'est félicité de l'intention exprimée par les créanciers publics au Club de Paris d'oeuvrer en vue d'un rééchelonnement réaliste de la dette des pays les plus pauvres qui entreprennent des programmes énergiques d'ajustement axés sur la croissance, Il s'est également félicité de l'accord sur une reconstitution des ressources de l'IDA d'un montant de 12,4 milliards de dollars et a souligné que des ressources plus importantes seraient nécessaires pour compléter les programmes financés par l'IDA et te Fonds spécial d'aide à l'Afrique subsaharienne en vue de soutenir les politiques et les programmes destinés à accélérer la croissance dans les pays à faible revenu. Le Comité a souligné l'importance des programmes de lutte contre la pauvreté et s'est félicité des initiatives récentes de la Banque dans ce domaine. Le Comité a affirmé qu'il était important de protéger l'environnement tout en poursuivant des objectifs de croissance et de développement et s'est félicité des initiatives prises actuellement par la Banque pour accorder une importance accrue à la protection de l'environnement. Les membres du Comité ont également pris note du climat actuel des échanges et se sont félicités de l'inclusion des produits agricoles dans les négociations commerciales multilatérales dites d'Uruguay. Le Comité, ajoutant qu'il fallait aussi se préoccuper d'urgence de la libéralisation du commerce des produite industriels, a demandé à la Banque et au Fonds à se préparer un rapport sur les effets de la politique industrielle des pays développés. Rappelant le marasme dies marchés internationaux des produits de base, et constatant que, dans la plupart des cas, une amélioration paraissait peu probable, le Comité a invité les institutions multilatérales à aider à élargir la gamme des exportations des pays tributaires des produits de base et a demandé, en particulier, à la banque_mondiale et au FMI de préparer différentes propositions de solutions pour sa session de septembre 1987. Fin de l'encadré. - La création, en décembre 1986, d'un "groupe d'études sur la pauvreté" spécial, composé de cadres confirmés et chargé de passer en revue le travail consacré par la Banque à la pauvreté et de proposer de nouvelles activités. Ses recommandations détaillées en vue du renforcement des programmes anti-pauvreté de la Banque seront discutées de façon approfondie avec les Administrateur de la Banque au cours de l'exercice 88. - Un renforcement de l'analyse des effets sociaux de l'ajustement à la fois dans les travaux opérationnels et dans les travaux de recherche de la Banque. - Une aide aux gouvernements désireux d'élaborer des programmes d'ajustement_structurel et sectoriel qui, dans la mesure du possible, protègent les pauvres, notamment grâce à une amélioration de l'efficacité et à une définition plus précises des bénéficiaires des dépenses sociales. - Une collaboration accrue avec d'autres organisations, tant publiques que non gouvernementales (ONG), qui contribuent à la lutte contre la pauvreté dans le contexte de l'ajustement en appuyant des programmes de nutrition et d'emploi compensatoires en faveur des pauvres. La Banque renforce en particulier actuellement sa collaboration avec les ONG; celles-ci participent directement à l'heure actuelle à plus de 100 projets de la Banque dans des domaines aussi divers que les réhabilitations urbaines, l'habitat à faible coût, les coopératives agricoles, l'alimentation en eau des villages et les soins_de_santé primaires. *{p. 16} Au cours de l'exercice 87, les prêts de la BIRD et de l'IDA aux pays les plus pauvres - c'est-à-dire dont le revenu par habitant est inférieur à 400 dollars de 1985 - se sont élevés au total à 6.430 millions de dollars (BIRD: 3,253 millions de dollars; IDA: 3,177 millions de dollars), ce qui représente 545 millions de dollars (soit environ 9%) de plus que pendant l'exercice précédent. Ajustement et croissance économiques, rééchelonnement de la dette et libéralisation des échanges. Ajustement et croissance économiques; rééchelonnement de la dette. Deux groupes de pays ont particulièrement souffert du climat économique de ces dernières années: les pays très endettés et les pays à faible revenu de l'Afrique subsaharienne. Pendant l'exercice 87, l'élan des réformes s'est accéléré et de nombreux pays ont approfondi leurs programmes de réforme, malgré de lourdes contraintes politiques et sociales. Mais ces efforts n'ont pas arrêté la détérioration du climat économique international. La Banque a réagi aux besoins des pays en voie d'ajustement en appuyant leurs réformes par des prêts à l'ajustement_structurel et à l'ajustement sectoriel ainsi que par des prêts-projets et des efforts accrus de coordination de l'aide (voir le Tableau 2: 1). En outre, le temps consacré par ses services à aider ces pays a sensiblement augmenté, de même que les déplacements sur le terrain et l'assistance fournie aux pays s'efforçant de mobiliser des fonds extérieurs. Pendant l'exercice écoulé, les engagements de la Banque vis-à-vis des douze pays fortement endettés énumérés dans le Tableau 2,1 se sont élevés au total à 6,5 milliards de dollars, contre 6 milliards pendant l'exercice 86. Les décaissements en faveur de ces pays ont également augmenté rapidement, passant de 4 milliards de dollars pendant l'exercice 86 à 5,9 milliards de dollars durant l'exercice 87. Les engagements vis-à-vis des quinze pays figurant sur la liste des pays très endettés établie aux fins du "Plan Baker", tel qu'il a été présenté par M: James A: Baker, Secrétaire du Trésor des États-unis, à Séoul, en 1985 (les pays figurant au Tableau 2,1 auxquels il convient d'ajouter la Bolivie, le Pérou et le Venezuela) ont dépassé 33 milliards de dollars entre les exercices 81 et 87. Sur ce montant, près de la moitié ont été engagés au cours des seuls trois derniers exercices. Les décaissements, eux aussi, se sont accélérés, les prêts consentis étant en grande partie des prêts à décaissement rapide. La dette est un obstacle majeur, qu'il faut éliminer pour que les pays_en_développement puissent progresser dans les domaines de l'agriculture, de la santé, de l'éducation, des transports, de l'assainissement, de la gestion des ressources, de la démographie, du rôle des femmes et dans bien d'autres secteurs d'une importance vitale. Il reste toutefois encore un long chemin à parcourir avant que les conditions nécessaires à une croissance soutenue soient réunies. Le climat économique mondial défavorable - croissance ralentie dans les pays industriels, montée du protectionnisme, détérioration des termes de l'échange des pays_en_développement, instabilité des taux_de_change, incertitudes au sujet des taux_d'_intérêt - a été l'une des principales causes de la lenteur de la croissance dans la plupart des pays à revenu intermédiaire très endettés. Les programmes d'ajustement imposent des choix difficiles aux gouvernements et ils ne peuvent bénéficier d'un appui politique durable si les fonds extérieurs nécessaires à leur application viennent à manquer. Dans l'ensemble, la situation en matière de flux de capitaux reste décevante: le vigoureux appui financier fourni par la Banque et le FMI aux pays en voie d'ajustement ne s'est pas accompagné de nouveaux apports importants des banques commerciales. En dehors des engagements pris en 1986 vis-à-vis du Mexique et du Nigeria, très peu de nouveaux prêts sont allés aux pays très endettés. En outre, les accords de rééchelonnement pluriannuels n'ont pas pris, contrairement à ce qu'on avait attendu, le caractère d'une base financière sur laquelle appuyer des programmes d'ajustement à moyen terme. Il est donc d'autant plus nécessaire d'intégrer les efforts visant à atténuer le problème de la dette et d'employer tout l'arsenal d'instruments disponibles - c'est-à-dire d'accroître les prêts multilatéraux aux pays en voie d'ajustement, de pratiquer le cofinancement sur une plus grande échelle, de multiplier les efforts de coordination de l'aide et d'inciter les banques commerciales et les pays débiteurs à mettre au point une "carte" offrant le choix entre diverses procédures de négociation et techniques de financement pour que les pays débiteurs bénéficient d'un appui soutenu. La Banque, avec le FMI et d'autres institutions multilatérales, a un rôle central à jouer dans la promotion de programmes d'ajustement orientés vers la croissance et dans la mobilisation de ressources en leur faveur. Elle reste résolue à jouer activement ce rôle. Outre la mise au point de programmes efficaces axés sur la croissance et un Encadré: Mécanisme de conversion de la dette. Mécanismes de conversion de la dette. En 1986, la conversion de la dette, forme d'allégement qui comporte la conversion d'une dette extérieure en une dette intérieure ou en fonds propres, a commencé à gagner beaucoup de terrain. Cette formule est loin de résoudre complètement les problèmes du service_de_la_dette, mais elle peut contribuer à encourager l'investissement étranger, offrir un moyen aux capitaux qui avaient fui de revenir, et réduire le montant des devises nécessaires au service_de_la_dette extérieure. On peut ramener les mécanismes de conversion de la dette à deux types essentiels: l'échange d'une dette en devises contre une dette en monnaie nationale et l'échange d'une dette en devises contre de la monnaie nationale pouvant être utilisée pour l'investissement de capitaux ou l'achat d'actions dans des sociétés locales. Dans les deux cas, l'investisseur étranger emploie des devises à l'achat de la dette d'un pays envers un créancier étranger (généralement une banque commerciale) moyennant une décote. Il négocie ensuite avec l'organisme responsable du système de conversion dans le pays débiteur, le plus souvent la banque_centrale, pour échanger sa créance contre de la monnaie nationale ou une créance libellée en monnaie nationale. Le droit pour un investisseur de rapatrier le capital ainsi investi et de percevoir un intérêt ou une participation aux bénéfices en devises est régi par la législation sur les investissements directs du pays d'accueil, sous réserve de tout amendement spécial qui y est apporté dans le cadre du système de conversion. Certains pays n'autorisent les non-résidents à convertir leurs créances qu'en prises de participation. Plusieurs d'entre eux ont mis au point leurs propres programmes qui permettent aux investisseurs de convertît des créances en devises en avoirs en monnaie nationale. - Le Chili a été parmi les premiers à apporter des modifications fondamentales à sa législation concernant les investissements étrangers pour permettre la conversion de dettes. Le code sur les devises de sa banque_centrale libère complètement l'utilisation du produit en monnaie nationale d'une conversion de créance par les investisseurs résidents. Les investisseurs résidents n'acquièrent aucun droit à l'envoi à l'étranger de fonds ainsi perçus. Toutefois, dans le cas de l'investisseur étranger, le capital peut être rapatrié après dix ans et les dividendes à partir de la quatrième année à raison de 25% l'an au maximum. A la fin du mois de janvier 1987, les conversions de dettes s'élevaient à près de 1,6 milliard de dollars, dont 600 millions environ provenant de transactions réalisées par des investisseurs étrangers au Chili. On prévoit la conversion supplémentaire de 1 milliard de dollars d'ici à la fin de 1987. - Depuis 1982, les conversions de dettes au Mexique ont pris la forme d'échanges de créances contre des participations. Bien que ce système ait été initialement réservé aux banques étrangères, des sociétés étrangères ont récemment été autorisées à acquérir jusqu'à 15% des avoirs de sociétés mexicaines au titre du remboursement d'un montant équivalent de dettes extérieures. Ces accords interdisent le rapatriement du capital et les envois de bénéfices à l'extérieur jusqu'en janvier 1998, conformément à l'accord récent de réorganisation de la dette conclu avec des banques commerciales. A la fin du mois de janvier 1987, le Mexique avait réalisé plus de 70 opérations de conversion de dettes en fonds propres, pour un montant total de 1 milliard de dollars. Un autre milliard est prévu d'ici à la fin de 1987. - Vers la fin des années 70, le Brésil a encouragé la conversion de dettes en fonds propres en fournissant des avantages fiscaux aux investisseurs, et il a obtenu des résultats tangibles. En 1983, le Gouvernement brésilien a promulgué un système de paiements en espèces, allant de 5 à 10% de la valeur nominale de la dette, aux investisseurs participant à une conversion en fonds propres du principal ou des intérêts afférent à des prêts d'équipement ou au financement d'importations à long_terme. A la fin de 1986, ces swaps avaient atteint 2,1 milliards de dollars. En 1986, leur montant avait été de 300 millions de dollars, et on pense que 300 autres millions de dollars seront convertis en 1987. En dehors de ces pays, deux autres pays d'amérique_latine, l'Équateur et le Venezuela, ont promulgué une législation qui autorise la conversion de dettes extérieures en dettes locales ou en fonds propres. A ce jour, les montants convertis sont négligeables. L'accord de réorganisation de la dette récemment conclu entre l'Argentine et ses créanciers bancaires prévoit également une conversion de la dette. En vertu de cet accord, les nouveaux fonds investis doivent équivaloir exactement en dollars au montant nominal de la créance échangée, et être investis dans des secteurs non financiers. - En 1980, la Turquie a promulgué une législation en vue du règlement de 2,5 milliards de dollars d'arriérés sur des crédits fournisseurs non garantis dans le pays créancier. Les créanciers pouvaient opter soit pour un paiement en devises retardé conformément à un certain plan, soit pour un paiement à vue en monnaie nationale. La monnaie nationale ainsi obtenue pouvait être employée à de nouveaux investissements dans des entreprises à risques partagés ou servir à l'acquisition de nouvelles parts d'entreprises dans divers secteurs, dont le tourisme et l'industrie, Plus de 2 milliards de dollars d'arriérés ont été convertis en avoirs en monnaie nationale. - Plusieurs autres pays autorisent également la conversion de dettes ou sont sur le point de promulguer une législation l'autorisant. Les Philippines permettent le remboursement anticipé, en monnaie nationale, d'obligations du secteur_public et du secteur_privé en vertu d'un accord récent de réorganisation de la dette vis-à-vis des banques commerciales. Au total, 78 millions de dollars avaient été convertis en mars 1987. Outre les conversions de dettes en fonds propres, la banque_centrale offre des bons d'équipement des Philippines (PINO). Ces bons, qui ne portent pas intérêt, et qui sont librement cessibles et libellés en monnaies étrangères, sont à six ans d'échéance. Ils peuvent toutefois être rachetés à tout moment avant la date de l'échéance en monnaie locale, et le produit de leur vente peut être employé au financement d'investissements participatifs dans le cadre du programme de conversion de la dette en fonds propres. - Le Nigeria a récemment émis des billets à ordre remboursables en monnaie locale en échange d'arriérés sut des crédits liés à des transactions commerciales non garanties dans le pays créancier. Ces billets peuvent être rachetés à vue par voie de négociation et le produit de leur vente être placé dans des sociétés locales, Si l'investissement est réalisé dans un secteur que le gouvernement considère comme nationalement prioritaire, il bénéficiera du même traitement, du point de vue du rapatriement du capital et des dividendes, que l'investissement_étranger_direct. Quelque 70 millions de dollars ont été convertis en avoirs en monnaie nationale. Fin de l'encadré. *{p. 18} fort accroissement des flux de ressources à destination des pays très endettés, la Banque, avec la SFI, a continué d'aider les emprunteurs intéressés à obtenir la conversion d'emprunts en fonds propres et à conclure tous autres accords chaque fois qu'elle peut être utile. (Voir l'encadré page 18). Cette approche a toutefois des limites. En 1986, par exemple, les échanges portant sur la dette de pays d'amérique_latine et les autres dettes restructurées n'ont probablement représenté que 1 à 2% de l'encours de la dette des principaux pays_en_développement débiteurs. La Banque est prête à jouer un rôle de premier plan dans la recherche de nouveaux moyens de promouvoir l'investissement_privé direct dans les pays_en_développement par l'intermédiaire de la SFI et de l'Agence multilatérale de garantie des investissements. La Banque continue d'encourager l'emploi accru des accords de rééchelonnement pluriannuels, l'augmentation des prêts concédés par, des organismes de crédits à l'exportation les transferts ne créant pas une dette et toutes autres mesures visant à atteindre ces objectifs. Mais, comme les ministres des pays développés et des pays_en_développement l'ont souligné lors de la réunion du Comité du développement en avril 1987, toutes les parties doivent accepter de jouer leur rôle. La situation en Afrique subsaharienne reste elle aussi décevante. Vingt-cinq pays de la région, - comptant pour environ trois quarts de sa population et de son produit_intérieur_brut (PIB) -, appliquent déjà ou sont sur le point d'entreprendre de grands programmes de réformes_structurelles. L'ampleur des réformes effectuées et le courage avec lequel les gouvernements africains les poursuivent sont dignes d'éloges. Toutefois, les contraintes institutionnelles et politiques, les coûts_sociaux et les besoins financiers qu'implique la mise en oeuvre de ces réformes ont continué d'augmenter au cours de l'année écoulée. La résistance à la poursuite de ces réformes se durcit dans certains pays, en particulier à cause de la stagnation ou du déclin de la consommation par habitant. *{p. 20} Pour qu'un pays puisse persévérer assez longtemps dans ses efforts d'ajustement, il faut qu'il obtienne des résultats tangibles sur le plan du taux_de_croissance et de la consommation. Malheureusement, il ressort d'une étude de la Banque sur les perspectives à moyen terme des pays à faible revenu de l'Afrique subsaharienne qui appliquent des programmes d'ajustement que plusieurs d'entre eux enregistreront des taux_de_croissance de leur PIB inférieurs au niveau d'accroissement de leur population entre 1987 et 1990 et que, dans un grand nombre d'entre eux, la consommation par habitant restera stationnaire ou diminuera. Ceux d'entre eux qui connaissent une crise de la dette, mais d'autres aussi, ont besoin de toute urgence de ressources additionnelles considérables. La gravité du problème de la dette dans la région devient d'autant plus manifeste si l'on considère que dans les pays à faible revenu de l'Afrique subsaharienne le ratio du service_de_la_dette a augmenté de près de moitié entre 1980 et 1985 et serait encore beaucoup plus élevé s'il n'y avait eu un grand nombre de rééchelonnements et, dans certains cas, une accumulation d'arriérés. Il n'y a guère d'amélioration à attendre et seuls de nouveaux flux d'aide et/ou des mesures novatrices d'allégement, quelle que soit leur nature, permettront de faire face aux problèmes du service_de_la_dette. La Banque est prête à participer à des réunions de groupes consultatifs qui font se rencontrer créanciers et emprunteurs et permettent d'élaborer des programmes d'ajustement économique et de parvenir à des accords sur les ressources nécessaires à leur exécution. La Banque a aidé plus de vingt pays africains à ajuster leur économie. Elle continuera à les conseiller quand ils envisageront les réformes économiques appropriées de leur choix et à leur procurer des ressources pour les mettre en oeuvre de façon efficace. Dans le communiqué qu'ils ont publié à l'issue du sommet_économique de Venise en juin 1987, les dirigeants de sept pays industriels, comme le Président de la Commission des communautés européennes, ont déclaré qu'il faudrait envisager la possibilité de demander des taux_d'_intérêt moindres sur la dette actuelle des pays subsahariens qui entreprennent des programmes d'ajustement et parvenir à un accord, spécialement au Club de Paris, sur une prolongation des délais de remboursement et des différés d'amortissement pour alléger le fardeau du service de leur dette. En prolongeant formellement ses rééchelonnements, le Club de Paris prendrait une initiative importante et utile, même si les effets ne devaient s'en faire sentir qu'après 1992. Dans leur communiqué, les participants à la réunion au sommet se sont également félicités de la proposition du Directeur général du FMI tendant à accroître sensiblement les ressources de la Facilité d'ajustement_structurel du Fonds pendant la période de trois ans commençant le ler janvier 1988. Tard dans l'exercice 87, le Président de la Banque a annoncé que lui-même et le Directeur général du Fonds inviteraient des représentants des pays industriels (Groupe des 10) à se réunir à Paris au début du mois de juillet pour entamer des entretiens préliminaires et informels au sujet de la situation économique et des besoins des pays très endettés de l'Afrique subsaharienne. Il est également envisagé d'étudier au cours de cette réunion les mesures qui devraient être prises pour fournir aux pays de ce groupe les plus gravement touchés l'allégement du fardeau de leur dette et l'aide_financière dont ils ont besoin. Pendant l'exercice 87, l'IDA a approuvé des engagements d'un montant de 914 millions de dollars en faveur des vingt pays à faible revenu de l'Afrique subsaharienne qui avaient emprunté des fonds au Fonds spécial d'aide à l'Afrique subsaharienne au cours des exercices 1986 et 1987. Ce Fonds a pris également des engagements pour 421 millions de dollars. La BIRD a approuvé elle aussi des engagements qui s'élèvent à 789 millions de dollars à l'appui d'opérations au Nigeria et en côte_d'_ivoire. Des engagements de la BIRD ont également été approuvés pour des opérations au Cameroun, en République populaire du Congo et à Maurice. Toutefois, les fonds pouvant être affectés aux pays à faible revenu de l'Afrique subsaharienne sur la huitième reconstitution des ressources de l'IDA, qui couvrira la période allant de l'exercice 88 à l'exercice 90, permettront à peine de maintenir, en valeur réelle, le niveau des prêts combinés de l'IDA et du Fonds spécial. Il est donc essentiel que les donateurs accroissent considérablement l'aide qu'ils fournissent à ces pays à l'appui de leur programme d'ajustement. Libéralisation des échanges. A la mi-septembre 1986, les parties contractantes à l'accord_général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) se sont réunies, au niveau ministériel, à Punta del Este (Uruguay), pour s'entretenir du lancement d'une nouvelle série de négociations commerciales multilatérales. Cette réunion a eu lieu dans un contexte économique sombre de stagnation des échanges et de montée des pressions protectionnistes. Cependant, ou peut-être pour cela même, les ministres ont réussi à éliminer leurs divergences de vues sur les principaux points en litige et se sont mis d'accord sur l'ordre du jour de la nouvelle série de négociations, qui seront plus larges que toutes celles qui les ont précédées, puisqu'elles porteront non seulement sur les tarifs et les barrières non tarifaires mais également sur des questions essentielles telles que l'agriculture et de "nouveaux thèmes" comme la propriété intellectuelle et l'investissement. Un accord sur des négociations concernant les services a fait l'objet d'une décision ministérielle distincte. *{p. 21} La banque_mondiale attache une grande importance à la nouvelle série de négociations, la libéralisation des échanges étant un élément crucial des stratégies des pays_en_développement axées sur la croissance. Une expansion des exportations est nécessaire pour que ces pays, en particulier ceux qui sont très endettés, puissent se procurer les devises dont ils ont besoin pour financer des importations essentielles à leur croissance et réduire le ratio du service de leur dette. La Banque soutient activement la libéralisation des échanges par ses prêts à l'ajustement. Dans les trois quarts de ses opérations d'ajustement, la Banque a aidé ses emprunteurs à entreprendre des réformes comportant l'élimination de tous les types d'obstacles aux échanges. Mais, comme le Président de la Banque, M: Conable, l'a dit aux délégués à la réunion ministérielle du GATT, les encouragements de la Banque à l'expansion des échanges et à l'ouverture des marchés dans le monde en développement ne produiront de résultats que si les pays développés se rendent compte des avantages que les deux parties tirent de l'équation des échanges et favorisent la libéralisation pour tous. Lors de cette réunion, la Banque a annoncé qu'elle prévoyait des études et des séminaires concernant le GATT de façon que les pays_en_développement participant aux négociations disposent d'une base de renseignements et de moyens d'analyses aussi solides que possible pour servir leurs propres intérêts en multipliant les échanges multilatéraux. Une source de prêts-projets. Bien que les prêts à l'ajustement sectoriel et à l'ajustement_structurel aient augmenté de façon spectaculaire au cours des dernières années -passant de moins de 10% du total des prêts pendant la période des exercices 81-82 à 23% pendant l'exercice 87 - la Banque reste une institution de développement qui engage la plus grande partie de ses fonds pour appuyer des projets d'investissement spécifiques. Elle continuera de le faire parce que les investissements de base sont le fondement d'une croissance soutenue. Le processus de réforme et d'ajustement s'est révélé une oeuvre de plus longue haleine qu'on ne l'avait escompté initialement et la reprise de l'économie mondiale n'a pas été aussi vigoureuse qu'on l'avait au départ espéré - quand elle a commencé, puis s'est accélérée, en 1983 et 1984, respectivement. Si la reprise mondiale peut être renforcée et durer, les problèmes immédiats de stabilisation pourront perdre de leur acuité et le rôle d'aide de la Banque aux réformes et à l'ajustement évoluera vraisemblablement vers un accroissement de l'appui à de nouveaux investissements. Mais pour que la Banque puisse non seulement accroître cet appui mais également, comme il est envisagé dans le Plan Baker, ses prêts en faveur de programmes d'ajustement à moyen terme, il faut qu'elle dispose du pouvoir de prêt et des ressources financières nécessaires. Augmentation générale du capital, marge de décaissements. Les pays développés comme les pays_en_développement, par l'intermédiaire du Comité du développement, ont déclaré souhaiter un accroissement des prêts de la banque_mondiale pendant la période allant jusqu'en 1990 et sont convenus que si les prévisions d'une augmentation du volume de prêts de qualité se concrétisaient, il faudrait procéder à une augmentation générale substantielle du capital de la BIRD. Au cours de l'exercice 87, les Administrateurs de la Banque ont poursuivi leurs entretiens au sujet de l'augmentation générale du capital et étudié comment il serait possible de parvenir à un accord sur une proposition qui garantirait que le programme de prêt de la Banque ne sera pas gêné par l'insuffisance du capital. Ces débats continueront pendant l'exercice 88, durant lequel les prêts de la Banque pourraient temporairement dépasser leur niveau soutenable. Dans la pratique, le niveau de prêts soutenable n'est pas considéré comme un plafond rigide des engagements mais plutôt comme un indicateur approximatif du moment où il est nécessaire de prendre des décisions au sujet d'une augmentation du capital. Le niveau de prêts soutenable n'est toutefois pas le meilleur critère pour mesurer les variations à court_terme de l'adéquation du capital, car son calcul est fondé essentiellement sur deux projections à long_terme, sur lesquelles les modifications récentes des taux_de_change ont eu peu d'effet. *{p. 22} Pour ce qui est du court_terme, il faut également tenir compte de la marge de décaissements disponible. Cette marge se définit comme la différence entre la limite statutaire des prêts et l'encours des prêts décaissés, et décrit une situation ponctuelle. Elle augmente avec le capital, les réserves et les excédents et diminue lorsque le solde des prêts s'élève. Au cours de la période de dix-huit mois se terminant le 30 juin l987, la marge de décaissements de la BIRD est tombée de 18,8 milliards de dollars à 14,1 milliards, près de 75% de cette diminution s'expliquent par un accroissement des soldes des prêts dû au renforcement des principales monnaies autres que le dollar. Si ces monnaies s'appréciaient encore sensiblement, la marge de décaissements dont la BIRD dispose diminuerait, ce qui, à défaut de mesures correctives, pourrait limiter le niveau prévu des décaissements nets de la Banque. Les deux critères - niveau de prêts soutenable et marge de décaissements - doivent être pris en compte pour évaluer l'adéquation du capital de la BIRD. Ils joueront tous deux un rôle primordial dans les débats consacrés pendant l'exercice 88 aux moyens de supprimer tous les obstacles susceptibles d'empêcher que le futur programme de prêt de la Banque ne puisse être exécuté. La population, l'environnement et les femmes dans le développement. Les questions concernant la population, l'environnement et les femmes dans le développement occupent toutes trois une place hautement prioritaire dans l'ordre du jour actuel et futur de la Banque. Des taux élevés d'accroissement de la population épuisent les ressources_naturelles et financières; la dégradation de l'environnement menace la durabilité du développement, spécialement dans les pays pauvres qui sont lourdement tributaires d'une base de ressources_naturelles en diminution; et les femmes, en tant que groupe, sont parmi les plus pauvres des pauvres de ce monde - bien qu'elles fassent les deux tiers du travail. La Banque a intensifié son action dans ces trois domaines au cours de l'exercice 87; on trouvera à la page 33 un rapport sur les initiatives qu'elle a prises sur le plan de l'environnement et une description détaillée de ses activités concernant les femmes à la page 31 et dans l'encadré de la page 84. La réorganisation de la Banque. La force de la Banque réside dans le large appui des gouvernements qui sont ses actionnaires et dans le dévouement et la compétence de son personnel. Face aux occasions et aux défis du monde actuel, il est indispensable que la Banque continue de jouir du ferme appui des pays développés et des pays_en_développement et que son personnel soit organisé de façon à pouvoir répondre à l'évolution des besoins de ses pays_membres emprunteurs. La Banque et ses emprunteurs doivent relever plusieurs défis redoutables: - Dans un monde toujours plus interdépendant, une bonne gestion macroéconomique et une saine politique sont plus importantes que jamais pour les pays_en_développement. La Banque doit être en mesure, de par son organisation, de répondre à l'évolution des besoins de ses emprunteurs qui lui demandent de leur fournir des conseils, de coordonner l'aide dont ils bénéficient et de leur procurer une assistance financière. - Les possibilités de croissance_soutenable reposent plus sur les hommes que sur de simples transferts de technologie. La Banque doit être organisée de façon à pouvoir au mieux aider ses pays_membres à valoriser leurs ressources_humaines aussi bien que leurs ressources matérielles. - Les emprunteurs de la Banque opèrent dans un environnement politique et intellectuel plus exigeant que jamais. La Banque doit trouver les moyens de combler les lacunes actuelles dans les connaissances nécessaires à une compréhension globale des stratégies de développement. - Le processus de développement dépendra de plus en plus de la capacité de la Banque et de ses emprunteurs à saisir l'interdépendance des problèmes de développement et à intégrer les problèmes macroéconomiques et sectoriels. La Banque doit donc être structurée en fonction de cette évolution qui fait désormais une place plus grande aux prêts à l'ajustement par rapport à ceux destinés à des investissements spécifiques dans la capacité de production. - Dans un environnement où les apports de capitaux privés à destination des pays à revenu intermédiaire ont considérablement diminué et où l'aide_publique_au_développement en provenance des pays industriels stagne, la Banque doit assumer, comme elle y est invitée, un rôle de chef_de_file dans la coordination de l'aide, le cofinancement et la mobilisation des ressources. La mission fondamentale de la Banque - à savoir mobiliser la volonté et les ressources des riches comme des pauvres dans la lutte mondiale contre la pauvreté - n'a jamais varié et la Banque a constamment bénéficié de l'appui de ses actionnaires, qu'il s'agisse des pays développés ou des pays_en_développement parce qu'elle a su faire face aux défis posés à cette mission par un environnement économique en constante évolution depuis une quarantaine d'années. Elle a adapté sa politique et ses stratégies aux nouveaux problèmes de la présente décennie et des années qui suivront. Au cours de l'exercice 87, elle s'est de même réorganisée pour pouvoir réaliser tout son potentiel face à ces problèmes. *{p. 23} Renforcer considérablement les possibilités que sa structure offre à la Banque de fournir une aide au développement à ses emprunteurs a été l'objectif premier de la réorganisation et c'est celui que la nouvelle structure permettra d'atteindre. En même temps, la nouvelle organisation a également été conçue expressément en vue d'améliorer les relations_de_travail, les méthodes de gestion, les motivations professionnelles et l'esprit de l'institution de façon que tous se sentent des participants à une expérience productive, enrichissante et créative dans le domaine du développement. La nouvelle organisation de la Banque vise à accroître sa capacité de réponse grâce à une intégration efficace du travail, à une simplification et à une rationalisation des activités de l'institution, à une définition claire des responsabilités dans la prise des décisions et à une réduction du nombre des étapes concernant la prise des décisions, les autorisations et les approbations, et à une délégation maximum de pouvoirs et de responsabilités au personnel d'encadrement. En octobre 1986, le Président de la Banque a annoncé que celle-ci allait procéder à un examen de sa structure effectué par son propre personnel avec le concours de consultants spécialisés en gestion. La conclusion de cet examen ayant été qu'une certaine réorganisation était nécessaire, on a constitué en janvier 1987 trois groupes d'études, dont les activités devaient être coordonnées par un comité directeur, qui devaient travailler dans trois domaines fonctionnels, et dont le mandat était d'étudier la structure de la Banque et de recommander d'éventuelles modifications. Ces groupes d'études étaient composés de membres du personnel de la Banque d'un niveau inférieur à celui de vice-président; sur les neuf membres du comité directeur, trois venaient de l'extérieur. En mars, les groupes d'études ont soumis leurs conclusions au comité directeur, et, en avril, celui-ci a remis son rapport final au Président qui, après avoir consulté les cadres supérieurs, les Administrateurs et l'association du personnel de la Banque, a annoncé qu'il souscrivait d'une façon générale à ces conclusions et aux propositions de modifications. La mise en oeuvre de la réorganisation de la Banque a alors commencé. On a constitué quatre premières vice-présidences: elles couvrent respectivement les opérations; les politiques, la planification et la recherche; les finances; l'administration. - Pour le domaine couvert par les opérations, les deux principaux objectifs sont de s'adapter à l'évolution des priorités des pays_en_développement et d'individualiser davantage l'action de la Banque par pays membre emprunteur. Une plus grande capacité d'adaptation signifie que la Banque est maintenant organisée d'une façon qui pourra aider et encourager ses emprunteurs à mieux intégrer leurs stratégies macroéconomiques et sectorielles, les variables réelles et financières et l'économie nationale dans le cadre des conditions_économiques extérieures. Une plus grande individualisation par pays signifie que l'intégration structurelle de la stratégie et de la politique en cours pourra être mise au point au niveau de chaque pays. Les six régions de la Banque ont donc été regroupées en quatre (Afrique; Asie; Europe, Moyen-orient et Afrique du Nord; et amérique_latine et Caraïbes); dans chaque région, on a créé des départements par pays qui combinent les fonctions autrefois partagées entre les départements des programmes et ceux des projets; des départements régionaux techniques ont été créés et on a renforcé les activités-clés d'aide_financière en créant une nouvelle vice-présidence pour les services d'intermédiation financière à côté de la vice-présidence pour le cofinancement, qui aura également un rôle plus étendu. Cette nouvelle structure a pour but une approche plus individualisée par pays grâce à la création d'équipes de gestion intégrées couvrant des groupes relativement petits de pays ou, dans certains cas, un seul pays. Ces équipes, sous forme de départements par pays, seront pleinement responsables de la formulation d'une stratégie, du dialogue avec le pays, des travaux économiques et sectoriels, des prêts, de l'assistance technique et de tous les autres services que la Banque rend à ses pays_membres emprunteurs. Une grande majorité du personnel technique reste affectée aux groupes régionaux. Les départements techniques régionaux doivent être des centres de haut niveau professionnel. Conçus afin de garder la force des anciennes divisions de projets, ils seront dotés d'effectifs suffisants pour permettre la sous-spécialisation et une intégration des activités de la Banque au niveau des pays. En même temps, les méthodes de gestion opérationnelles vont être également simplifiées et rationalisées grâce à une unification de l'autorité du personnel d'encadrement et à une réduction du nombre de degrés hiérarchiques. Il n'existe plus que deux niveaux entre le cadre responsable d'une tâche et son vice-président régional. - La nouvelle première vice-présidence couvrant les politiques, la planification et la recherche consolide les travaux de la Banque concernant les politiques et la recherche, travaux dont la responsabilité était précédemment dispersée dans toute l'institution. Plutôt que de créer de nouvelles fonctions, on a préféré intégrer des activités existantes interdépendantes ou complémentaires. Cette vice-présidence a été organisée en fonction de deux objectifs principaux: - mettre la Banque mieux à même de jouer le rôle d'autorité intellectuelle dans le domaine du développement et de concrétiser les résultats de la recherche et d'autres travaux d'analyse par des avantages tangibles pour les pays qui sont ses clients. *{p. 24} - renforcer l'aptitude de la Banque à résoudre les questions stratégiques en liant les fonctions touchant aux politiques et à la recherche aux activités stratégiques de planification et de budgétisation. La clef du succès de cette vice-présidence est l'établissement de relations_de_travail efficaces avec celle des opérations. Cela permettra de satisfaire les besoins d'aide analytique et technique du personnel opérationnel et de l'informer pleinement et rapidement des nouvelles stratégies et des nouvelles approches mises au point par les services de la vice-présidence politiques, planification et recherche. - Le domaine couvert par la vice-présidence finances de la Banque reste à peu près inchangé. Les principales modifications ont consisté uniquement à renforcer des fonctions financières clés (toutes les activités de gestion des risques ayant été regroupées, de même que celles liées au capital et aux ressources dont la BIRD et l'IDA, respectivement, ont besoin) et à préciser les responsabilités encourues et les contrôles à exercer. - Le domaine couvert par la vice-présidence administration se caractérise par une forte décentralisation des fonctions et un plus large recours aux critères du marché pour juger de l'efficacité. Cette évolution devrait se traduire par une plus grande délégation des pouvoirs, une plus large acceptation des responsabilités, une prise en compte plus claire des responsabilités mesurées en terme de résultats, enfin une distinction précise entre les attributions de l'encadrement et celles de leurs subordonnés. Ces modifications profondes de son organisation devraient: a permettre à la Banque de mettre au premier plan de ses activités ses connaissances en matière de développement et leur diffusion; - mettre la Banque mieux à même de formuler des stratégies institutionnelles claires, conçues à bon escient grâce à une analyse rigoureuse des risques et des avantages possibles; - permettre à la Banque de s'adapter aux nouvelles priorités des pays_en_développement, grâce à une meilleure intégration des stratégies macroéconomiques et sectorielles, des variables réelles et financières et de l'économie nationale dans le cadre des conditions_économiques extérieures; - permettre à la Banque d'individualiser davantage son action en fonction de la situation particulière de chaque client, ce qui suppose dans tous ses types de prêt un accroissement sensible de leur orientation vers une politique donnée; - harmoniser la stratégie et la politique générale par pays avec les principes en vigueur; - donner une plus grande place dans l'organisation aux aspects financiers du développement et au rôle accru que la Banque doit jouer pour aider ses emprunteurs à utiliser efficacement les capitaux et de se doter de secteurs financiers nationaux plus larges et plus efficaces; et - renforcer l'efficacité des opérations de la Banque sous tous leurs aspects ainsi que l'exigent la mission fondamentale de cette institution et son rôle dans la promotion du développement et comme le réclament fréquemment ses activités de conseil menées, en matière d'efficacité administrative, auprès de ses emprunteurs. En outre, le rôle du Président de la Banque a été à la fois clarifié par rapport aux responsabilités de ses proches collaborateurs et renforcé de façon à lui permettre d'assumer pleinement la direction de cette institution. Pour l'aider à faire de la Banque un tout intégré, un petit comité consultatif, qu'il doit présider, a été institué. Ce comité lui permettra de confronter et d'harmoniser ses vues avec celles de ses collaborateurs immédiats au sujet des questions générales, des objectifs, plans et programmes institutionnels et des autres problèmes clés sur lesquels sa responsabilité de la conduite des affaires de l'institution l'amène à prendre une décision. La mise en oeuvre de la réorganisation a commencé au début du mois de mai par le choix des quatre premiers vice-présidents. A la fin de l'exercice, la plupart des membres du personnel supérieurs avaient été sélectionnés et le choix du reste du personnel de la Banque avait commencé. La réorganisation devrait être achevée le 30 septembre 1987 au plus tard. En mai 1987, les Administrateurs ont autorisé un crédit de 101,3 millions de dollars pour couvrir le coût direct de la réorganisation, le nombre d'agents déclarés en surnombre ne devant normalement pas dépasser 390. Le budget supplémentaire autorisé comprend des rubriques spécifiques pour les changements de bureaux liés à la réorganisation, pour la formation, pour les indemnités de licenciement et autres avantages prévus en faveur du personnel quittant la Banque, et pour d'autres coûts directs découlant du licenciement d'agents qu'il faudra par exemple aider à trouver un emploi à l'extérieur et conseiller et qui devront se déplacer pour chercher un emploi. Le Président de la Banque soumettra aux Administrateurs un rapport complet sur les effets de la réorganisation, indiquant le nombre de membres du personnel effectivement déclarés en surnombre et le total des coûts liés à l'opération, le plus tôt possible, mais, dans tous les cas, le 31 octobre 1987 au plus tard. *{p. 25} Prêts à l'ajustement. Au cours de l'exercice 87, les prêts à décaissement rapide octroyés pour faciliter la mise en oeuvre des programmes d'ajustement se sont élevés à 4,117,5 millions de dollars environ, soit 23% du programme global de prêt de la banque_mondiale (voir le Tableau 2-3). Ce montant est supérieur de 1,018 millions de dollars à celui de l'exercice 86, durant lequel la part des prêts à l'ajustement était de 19%. Cette augmentation tient au fait qu'un nombre de plus en plus important de pays ont mis au point des programmes d'ajustement efficaces, généralement avec un appui très important de la banque_mondiale au plan de l'analyse économique. *{p. 26} Il y a lieu de se féliciter de cette évolution, non seulement parce que le lancement des réformes_structurelles constitue un élément essentiel pour la reprise d'une croissance autonome, mais aussi parce que la Banque est en mesure de répondre rapidement et efficacement aux priorités de ses emprunteurs. *{p. 27} Le rôle des femmes dans le développement. Durant la Décennie des nations_unies pour la femme, un nombre important d'études de base ont été effectuées afin d'évaluer la condition_de_la_femme et de commencer à élaborer des programmes, au moins à titre expérimental. Les pays_en_développement ont mis en oeuvre des politiques destinées à élargir les possibilités offertes aux femmes, et des "stratégies axées sur l'avenir" ont été adoptées lors de la Conférence des nations_unies de Nairobi, qui a clos la Décennie pour la femme. Dans le cadre de l'aide bilatérale, un certain nombre de bailleurs de fonds, et notamment les États-unis, les pays nordiques, les Pays-bas et le Canada, ont pris des dispositions en vue d'encourager les femmes à participer au développement. Dans cette optique, ils ont financé un certain nombre de programmes, qui étaient en général d'une ampleur assez limitée. Certaines institutions des nations_unies ont fait de même. La banque_mondiale a financé des activités internes de formation dans des domaines liés au rôle des femmes dans le développement et elle a lancé un certain nombre de projets destinés à aider les femmes. La Banque prend actuellement l'initiative d'une série de programmes plus ambitieux en faveur des femmes, notamment dans les secteurs de l'agriculture, de l'emploi, de l'éducation, de la santé et du planning familial. L'accent est mis sur quatre éléments: les programmes d'action à l'échelle d'un pays dans le but d'accroître le rôle des femmes dans le développement, les programmes de vulgarisation agricole à l'intention des paysannes et les programmes d'éducation des futures mères en vue de réduire les risques associés à la maternité, et la sélection de projets dans divers secteurs afin de promouvoir au maximum la participation des femmes au développement. 0 Les programmes d'action nationaux. Ces programmes ont pour objectif d'étudier la situation des femmes dans des pays déterminés, ainsi que leur rôle dans la stratégie de développement nationale. Ils ont également pour objectif de déterminer quels sont les meilleurs moyens d'aider les femmes à accroître la productivité et de formuler des recommandations sur les mesures qu'il conviendrait de prendre dans les principaux secteurs. Ces programmes sont fondés sur les analyses par pays de la Banque, les propres programmes de développement des pays concernés et l'expérience de la Banque en matière de réalisation de projets. Durant l'exercice 86, une étude de base a été effectuée en vue d'élaborer un programme d'action pour le Kenya (voir encadré, page 84). Depuis lors, des études ont été entreprises pour le Bangladesh, l'Éthiopie, la Bolivie et la Gambie. *{p. 31} Les consultations avec les services intéressés de la Banque ont permis de formuler des suggestions sur divers autres pays; la Banque étudie ces suggestions avec les gouvernements concernés. - Vulgarisation agricole. L'encadré de la page 86 donne des détails sur l'action de la Banque dans ce domaine. En dehors du Kenya qui fait l'objet de cet encadré, la Banque s'efforce également de mener une action plus efficace auprès des paysannes de divers pays: Nigeria, Burkina Faso, Zambie, République arabe du Yémen et Mexique notamment. - Programme pour une maternité sans danger. Dans les pays_en_développement, le risque de décès de la mère concerne presque toutes les familles. En Afrique, par exemple, on compte à peu près 600 décès pour 100 000 accouchées contre moins de dix dans les pays_industrialisés. Durant l'exercice 87, la Banque a organisé, de concert avec l'Organisation mondiale de la santé et le Fonds des nations_unies pour les activités en matière de population, une Conférence sur la maternité sans danger, qui s'est tenue à Nairobi. Des mesures précises ont été adoptées pour améliorer la santé maternelle et le Président de la Banque a annoncé que le volume des prêts octroyés en faveur des activités de population, de santé et de nutrition serait doublé au cours des prochaines années. La Banque s'efforce déjà d'introduire dans ses projets des éléments destinées à réduire les risques inhérents à la maternité, notamment en Afrique. - Projets d'"effort maximum". Tirant parti de son expérience, la Banque est en train de sélectionner 10 à 15 projets ordinaires (par opposition aux projets centrés sur les femmes) pour montrer ce qu'il est possible de faire lorsqu'on fait un effort maximum pour promouvoir la participation des femmes. Certains de ces projets sont en cours de réalisation, d'autres encore au stade de la planification. La division de la Banque chargée d'étudier et de promouvoir le rôle de la femme dans le développement participe à l'élaboration des projets et, dans certains cas, à l'évaluation de leur impact et de leurs coûts au fur et à mesure de l'avancement des dossiers. *{p. 32} L'environnement. Depuis 1970, la Banque a porté son attention d'une façon constamment accrue, sur les possibilités qu'implique pour l'environnement le processus de développement mais aussi sur les risques qu'il présente pour celui-ci (la Banque a été la première institution_internationale à adopter une politique visant expressément à limiter les conséquences néfastes du point de vue écologique des projets de développement qu'elle finançait). Et, depuis une douzaine d'années, la Banque s'est efforcée d'identifier et de mettre au point des projets visant à restaurer ou réhabiliter l'environnement naturel et l'habitat humain et à en améliorer la gestion. A la pollution industrielle des pays développés, qui constituait la principale préoccupation écologique il y a une génération, sont depuis lors venus s'ajouter des problèmes tels que l'appauvrissement génétique, la pollution atmosphérique généralisée, la dégradation des sols et des forêts et la détérioration des conditions_de_vie des populations tribales. A long_terme, la promotion de la croissance, le soulagement de la misère et la protection de l'environnement sont indissociables. À court_terme, toutefois, ces trois objectifs ne sont pas toujours compatibles et les responsables concernés sont souvent confrontés à des choix difficiles lorsqu'ils cherchent à les concilier. Il est donc important d'étudier les répercussions d'exigences contradictoires et de déterminer quelles sont les solutions qui débouchent sur le compromis le plus acceptable. *{p. 33} Les problèmes de la dégradation de l'environnement sont bien connus, mais il est souvent difficile d'y remédier à la fois parce qu'on n'en connaît pas la solution technique, parce que la volonté_politique fait défaut et, surtout dans les pays_en_développement à faible revenu, parce que les ressources financières, institutionnelles et humaines sont insuffisantes. La solution des problèmes urgents qui se posent aujourd'hui exige un consensus et une action concertée des pays_industrialisés et des pays_en_développement, des organisations_non_gouvernementales et des institutions_financières internationales telles que la banque_mondiale. L'exercice 87 a vu émerger ce consensus. Le souci de l'environnement n'est plus considéré comme un problème théorique ou une question ésotérique. Il est au contraire de plus en plus lié aux problèmes humains et aux problèmes de la pauvreté, car ce sont les couches les plus défavorisées de la société qui souffrent généralement le plus de la dégradation de l'environnement. Ainsi, sans accès à l'eau potable, les pauvres des villes vivent dans des conditions insalubres; ce sont eux qui souffrent le plus des nuisances causées par le bruit, les inondations et la pollution de l'eau. Ils n'ont pas les moyens d'obtenir de meilleurs services ou de se protéger contre les dommages. De même, en milieu rural, ce sont les pauvres qui exploitent les vallées sujettes aux inondations ou les coteaux rapidement gagnés par l'érosion. Ils n'ont pas les moyens d'assurer la conservation des sols ou de se consacrer à des cultures à cycle végétatif long. Ils n'ont pas la possibilité non plus de s'installer sur des terres plus productives. La pauvreté - celle des populations et celle des pays - est donc un facteur important de dégradation de l'environnement. Pour que les dommages causés à l'environnement ne deviennent pas irrémédiables, il est donc indispensable d'adopter des politiques de croissance_économique essentiellement axées sur l'augmentation du revenu des pauvres. La banque_mondiale s'est engagée à redoubler d'efforts pour protéger l'environnement dans le cadre de son programme de lutte contre la pauvreté. De façon générale, la Banque a déclaré qu'elle tiendra compte désormais plus systématiquement des leçons de l'expérience dans la conception des nouveaux projets; que cela l'aidera à placer la question de la gestion des ressources_naturelles au premier plan de ses discussions avec les gouvernements des États membres emprunteurs, enfin qu'elle établira des liens plus étroits avec d'autres organismes, privés et publics, dont l'expérience peut lui être très profitable. En mai 1987, dans l'allocution qu'il a prononcée devant l'Institut mondial des ressources_naturelles, le Président de la banque_mondiale, M: Conable, a donné des précisions sur les programmes qui concrétisent les engagements précédemment formulés de façon générale devant le Comité du développement, lors de sa réunion d'avril 1987 à Washington. - Il avait annoncé la création, au sein de la Banque réorganisée, d'un département chargé d'aider à définir les grandes orientations de la Banque en matière de politique, de planification et de recherche dans le domaine de l'environnement et d'initier l'élaboration des stratégies visant à intégrer l'écologie dans l'ensemble des activités de prêts et des programmes d'action de la Banque. Ce département existe aujourd'hui. De plus, les départements techniques régionaux ont tous été dotés de nouveaux services chargés à la fois de veiller à l'aspect écologique des projets financés par la Banque, et de prospecter et de promouvoir les moyens permettant d'améliorer la gestion des ressources. - En collaboration avec ses États membres et la communauté du développement, la Banque mobilisera des ressources pour effectuer, au cours des cinq prochaines années, une étude des problèmes écologiques dans une trentaine de pays_en_développement. Dans le cadre de ces études, on s'attachera à dresser le bilan des ressources_naturelles et des dommages causés à ce patrimoine, ainsi qu'une analyse des causes immédiates et fondamentales de ces dommages. Cette étude et cette analyse serviront à élaborer des mesures permettant de résoudre les différents problèmes qui entravent la gestion efficace des ressources_naturelles. - En Afrique, où les déserts gagnent du terrain et les forêts en perdent et où les sols sont emportés par l'érosion, il a été demandé aux services de la Banque d'élaborer un programme spécial d'études techniques afin de recenser et d'évaluer des projets régionaux prometteurs de protection de l'environnement que pourraient réaliser les bailleurs de fonds, les pays bénéficiaires et les organisations_non_gouvernementales travaillant à l'échelon des communautés. - La Banque, qui est déjà à elle seule la source la plus importante de financement des opérations de protection et d'aménagement des forêts tropicales, prévoit de multiplier par plus de deux le volume annuel des prêts octroyés pour la réalisation de projets rationnels de foresterie. De 152 millions de dollars en 1987, l'aide de la Banque dans ce domaine passera à 350 millions de dollars durant l'exercice 89. Mais, comme il ne suffit pas d'accroître les crédits alloués à la foresterie pour enrayer le recul des forêts tropicales, la Banque veillera à ce que son effort d'investissement s'accompagne de mesures précises dans les pays_en_développement en vue d'assurer la permanence de l'action entreprise. *{p. 34} - La possibilité de mettre au point un vaste projet international à long_terme pour assainir et protéger l'environnement du bassin méditerranéen, où vivent 400 millions de personnes appartenant à dix-huit pays, sera explorée. Le projet envisagé est une entreprise ambitieuse tant sur le plan politique que sur le plan technique, à laquelle coopéreront un grand nombre de pays et d'organismes techniques. *{p. 35} Chapitre trois: La scène économique: vue d'ensemble. La conjoncture économique internationale en 1986 est restée caractérisée par une croissance lente et par le marasme des prix des produits de base. Le rythme d'expansion de la production mondiale a fléchi, tombant de 3,1% en 1985 à 2,9%. La faiblesse des prix des produits de base a entraîné une détérioration des termes de l'échange comparable à celle des années 30 et réduit l'efficacité des programmes d'ajustement mis en oeuvre par de nombreux pays_en_développement; dans les pays industriels, les excédents et déficits des transactions courantes déjà élevés ont encore augmenté; et peu de progrès ont été réalisés pour obtenir les fonds nécessaires au succès des programmes d'ajustement lancés dans les pays très endettés. Les fluctuations marquées, et largement imprévues, des prix relatifs et des taux_de_change ont contribué à une baisse générale du taux_de_croissance de la production. Les pays soumis à des chocs défavorables ont beaucoup réduit leur demande et ceux qui ont profité des variations des prix relatifs n'ont connu qu'une faible expansion. Face à la baisse des prix des produits de base, en particulier du pétrole, un grand nombre de pays de production primaire ont dû imposer une politique d'austérité, alors que, dans un grand nombre de pays importateurs nets de produits de base, les contraintes, entre autres financières, ont freiné la croissance de la demande. Dans les pays ayant des excédents extérieurs courants, l'appréciation de la monnaie a réduit l'offre de biens échangeables et ralenti la croissance de l'investissement; l'augmentation correspondante de l'offre dans les pays dont la monnaie s'est dépréciée a mis du temps à se matérialiser. Cette réaction asymétrique aux variations des prix relatifs peut être imputée en partie à l'incertitude croissante qui entoure les mouvements futurs de ces prix ainsi que l'évolution des mesures prises par les pouvoirs_publics pour lutter contre des déséquilibres financiers insoutenables. Les événements survenus en 1986 ont démontré le haut degré d'interdépendance de l'économie internationale. Nombre de pays_en_développement ont réussi, non sans sacrifices, à mettre en oeuvre des réformes de politique générale pour s'adapter à la détérioration de leurs termes de l'échange et au faible volume des apports de financement extérieur. Leurs efforts d'ajustement ont été rendus plus ardus par la lenteur de la croissance de la demande des pays industriels. Par ailleurs, la rigueur des ajustements opérés dans les pays_en_développement a ralenti le taux_de_croissance des exportations et de la production des pays industriels et il leur a été plus difficile de réduire leurs déséquilibres financiers tout en réalisant des taux_de_croissance acceptables. Les tensions accrues dans le domaine des échanges agricoles et les pressions croissantes en faveur d'un renforcement des mesures protectionnistes ont également entravé les efforts d'ajustement. La contraction de la demande a contribué, cette année encore, à la lenteur de la croissance des échanges mondiaux. Le volume du commerce mondial de marchandises a augmenté d'environ 3,5% en 1986, rythme inchangé par rapport à 1985, mais très inférieur à la moyenne enregistrée avant 1980. Le commerce mondial de produits manufacturés n'a progressé que de 3% en 1986, contre 5,5% en 1985, ce qui est dû à la faiblesse de la demande et au ralentissement de la croissance des exportations des pays dont la monnaie s'est appréciée. Les exportations de pétrole ont connu une expansion de 9% en 1986, la consommation et le stockage ayant augmenté sous l'effet de la baisse des prix qui a été enregistrée lorsque certains pays_membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ont décidé d'accroître leur production vers la fin de 1985. Des progrès importants ont cependant été accomplis pour résoudre les problèmes économiques mondiaux. La dépréciation du dollar qui a été enregistrée devrait contribuer, à moyen terme, à une répartition plus tolérable des soldes du commerce extérieur et des paiements courants entre les pays industriels, et la baisse du prix du pétrole devrait ralentir les efforts consacrés à l'extraction d'énergies coûteuses. Dans les pays industriels, les taux d'inflation et d'intérêt ont fléchi; les pays réunis en Uruguay ont décidé d'amorcer la prochaine série de négociations sous les auspices de l'accord_général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT); un assouplissement de la politique monétaire et une amélioration des termes de l'échange ont eu pour effet d'accélérer la croissance de la demande intérieure en Europe et au Japon; les pays_en_développement ont poursuivi leurs efforts pour lutter contre l'inflation et réduire leurs déséquilibres macroéconomiques; enfin, un grand nombre de pays ont lancé des réformes pour accroître l'efficacité de leur secteur_public, libéraliser les échanges, corriger des taux_de_change surévalués et réduire l'ampleur et la rigueur des contrôles administratifs. *{p. 43} Le taux_de_croissance du produit_intérieur_brut (PIB) des pays_en_développement a été en moyenne de 4,2%, soit 0,6 point de moins qu'en 1985. La baisse des prix des produits de base, due à la faiblesse de la demande dans les pays industriels et à un excès de l'offre, a entraîné une dégradation grave des termes de l'échange des pays_en_développement. La chute des prix du pétrole a amputé de 34% en dollars les recettes d'exportation des pays exportateurs de pétrole et la dépréciation du dollar a continué d'éroder le pouvoir_d'_achat de leurs exportations. Un grand nombre de pays parmi les plus pauvres d'Afrique subsaharienne ont beaucoup souffert de la baisse continue des prix des produits de base non pétroliers par rapport aux prix des biens manufacturés qu'ils importent. Dans les pays très endettés, les mesures de restriction de la demande qui ont dû être adoptées pour juguler l'inflation, réduire les déficits de l'État et faire face au faible niveau des apports de financement extérieur ont continué de peser sur la production. Par contre, la baisse des prix des produits de base et l'amélioration de leur compétitivité par rapport à l'Europe et au Japon ont permis aux pays_en_développement exportateurs de produits manufacturés de réaliser des taux_de_croissance élevés du PIB, tout en réduisant leur dépendance à l'égard des emprunts à l'étranger. Dans les pays industriels, la croissance de la consommation résultant de la baisse des prix des produits de base a été neutralisée par la contraction de la demande des pays exportateurs de pétrole, le fléchissement de l'investissement en général, le repli des investissements dans l'énergie et l'affaiblissement des mesures de relance budgétaire. La baisse des prix des produits de base a contribué à réduire encore les taux d'inflation. Le déflateur du PIB des pays industriels n'a augmenté que de 3,4% en 1986, taux moyen le plus faible enregistré depuis 1965. Ce taux reste cependant élevé si l'on considère la décélération générale des prix à la consommation et le recul des prix à l'importation survenus pendant l'année. Peu de progrès ont été réalisés dans les négociations que les pays très endettés ont menées avec les banques commerciales pour obtenir les ressources accrues envisagées dans le cadre du Plan Baker. Cette initiative, lancée en 1985 par le Secrétaire au Trésor des États-unis, M: James A: Baker 111, prévoyait tout un ensemble de mesures dont un renforcement de l'aide publique, l'adoption par les pays_en_développement de programmes d'ajustement visant à améliorer leur efficacité économique et un accroissement des prêts consentis par les banques commerciales. L'accord passé avec le Mexique constitue une exception majeure, mais il n'avait pas encore abouti à la fin de l'année. Huit autres pays_en_développement ont conclu des accords de rééchelonnement avec les banques commerciales, mais ils n'ont obtenu qu'un montant modeste d'argent frais. Au début de 1987, la conclusion de l'accord avec le Mexique et la signature de plusieurs nouveaux accords importants avec l'Argentine, les Philippines et le Venezuela ont donné de nouveaux signes encourageants. Cependant, le volume des nouveaux financements disponibles pour les pays_en_développement reste une source de grave préoccupation et on ne peut qu'être déçu par l'absence de progrès tangibles réalisés en 1986 par les pays débiteurs pour regagner un accès normal aux marchés des capitaux. Les pays industriels. La croissance du PIB des pays industriels a fléchi, tombant de 2,8% en 1985 à 2,5% en 1986 (voir le Tableau 3-1). Aux États-unis, le produit_intérieur_brut (PIB) a progressé de 2,6%. Les plus-values réalisées sur des marchés boursiers en plein essor et la chute des taux d'inflation et d'intérêt, résultant de la baisse des prix des produits de base et d'un certain assouplissement de la politique monétaire, ont stimulé la consommation. Toutefois, cet accroissement a été limité par le fait que les particuliers ne pouvaient guère réduire davantage leur épargne, puisqu'elle était déjà faible par rapport aux niveaux enregistrés dans le passé. En outre, l'accélération de la croissance de la consommation a été annulée par le ralentissement des autres éléments de la demande. La forte réduction des ressources consacrées à la prospection et à la mise en valeur des sources d'énergie, les faibles taux d'utilisation de la capacité de production dans l'industrie et les modifications apportées au code des impôts sont autant de facteurs qui ont comprimé l'investissement en dehors du secteur du logement. On estime que la contribution à la croissance des mesures de stimulation budgétaire est tombée de 0,8% du PNB en 1985 à 0,3% en 1986, des mesures initiales ayant été prises pour contenir le déficit budgétaire. La chute des exportations nettes a réduit d'un point la croissance du PIB. *{p. 44} Le volume des échanges a réagi lentement à la dépréciation du dollar des États-unis. L'accroissement des exportations en volume a été, aux États-unis, inférieur à 2,5%, alors que les importations ont augmenté de plus de 10%. Ce rapport sera peut-être inversé en 1987, mais le principal effet, jusqu'ici, de la chute du dollar a été d'accroître la valeur nominale du déficit commercial. Le manque de dynamisme des exportations américaines montre en partie à quel point il est difficile de rétablir les débouchés extérieurs lorsqu'une monnaie est restée longtemps surévaluée. La dépréciation du dollar a pesé sur la production des pays excédentaires, alors que, dans ces pays et dans les pays déficitaires, le déséquilibre commercial s'est creusé en monnaie nationale. La balance des États-unis devrait commencer à se redresser à mesure que le volume des échanges réagira aux nouveaux rapports de prix. Ce réajustement serait grandement facilité si les pays excédentaires d'Europe et le Japon prenaient des mesures pour stimuler leur demande interne et si les États-unis réduisaient leur déficit budgétaire. Au Japon, le taux_de_croissance du PIB a reculé de 4,5% en 1985 à 2,2% en 1986, soit le plus mauvais résultat depuis la récession de 1974. L'accroissement de la consommation s'est en fait légèrement accéléré, comparé à 1985, du fait que l'inflation a faibli, les taux_d'_intérêt ont fléchi et la politique budgétaire est devenue moins restrictive. De plus, l'investissement a connu une grande expansion, en dehors du secteur manufacturier. Néanmoins, l'appréciation du yen a entraîné une stagnation de l'investissement dans l'industrie manufacturière, une chute en volume des exportations et un redressement du volume des importations. En 1986, le secteur extérieur a réduit le taux_de_croissance du PNB d'environ 1,5 point, alors qu'il avait permis d'accroître le PNB de 1% en 1985. En Europe, les taux_de_croissance du PIB sont restés en moyenne à peu près inchangés par rapport à 1985. Le taux_de_croissance de la production a quelque peu augmenté en France, mais ce résultat a été contrebalancé par une baisse au Royaume-uni (par suite de la chute des prix du pétrole). En République fédérale d'Allemagne, le PIB a augmenté à peu près au même rythme qu'en 1985. L'appréciation des monnaies, la détente monétaire et l'amélioration des termes de l'échange ont accéléré la progression de la consommation. Cependant, cette progression a été neutralisée par le ralentissement de la croissance de l'investissement et des exportations dû à la valorisation des monnaies et à la faiblesse de la demande extérieure provenant des principaux partenaires commerciaux. Le secteur extérieur a réduit les taux_de_croissance du PNB de 1,1% en Allemagne, de 1,8% en France, de 0,8% au Royaume-uni et de 0,5% en Italie. Les exportations nettes ont donc fléchi en valeur réelle dans tous les grands pays industriels. Dans ce groupe de pays, on estime que la baisse des exportations nettes a représenté environ 1% du PIB. En effet, la demande de produits d'exportation des pays industriels émanant des pays exportateurs de pétrole s'est contractée du fait de la baisse des prix du pétrole; les programmes d'ajustement des pays_en_développement lourdement endettés ont réduit leur capacité d'importation; et la dépréciation de leurs monnaies a permis aux pays_en_développement exportateurs de produits manufacturés d'accroître leur part du marché des pays industriels. *{p. 45} Les taux de chômage sont demeurés élevés dans les pays industriels. En Europe, près de 11% de la population_active était en chômage, soit à peu près le même taux qu'en 1985 et, au début de 1987, aucune amélioration générale n'était en vue. Les gouvernements ont réussi quelque peu à réduire le chômage parmi les jeunes en adaptant leurs programmes de formation_professionnelle et de création_d'_emplois aux besoins de ce groupe cible, mais aucun consensus ne s'est encore dégagé sur les moyens qui permettraient de réduire le taux global de chômage. Ce taux n'a fléchi que légèrement aux États-unis. Au Japon, le taux de chômage avait atteint environ 3% à la fin de 1986, taux qui est encore très inférieur à celui des autres pays industriels mais qui reste élevé par rapport aux taux récents du Japon. Des taux de chômage qui auraient été considérés il y a quelques années comme inacceptables deviennent maintenant de plus en plus la norme. Si, dans l'ensemble, les résultats économiques de 1986 n'ont pas été meilleurs qu'en 1985, l'amorce d'une évolution constructive est apparue pendant l'année et s'est poursuivie en 1987. Au début de 1986, la situation économique des pays industriels était caractérisée par une faible croissance, des taux de chômage élevés et de larges déséquilibres financiers, ce qui menaçait la durabilité de la reprise et exacerbait les tensions commerciales entre les pays. En ce début d'année, on s'inquiétait surtout de savoir si l'augmentation persistante du déficit extérieur courant des États-unis pourrait être financée sans un relèvement des taux_d'_intérêt. Certains craignaient que l'anticipation d'une chute importante et imminente de la valeur du dollar ne réduise le volume des prêts extérieurs accordés aux États-unis, les obligeant à relever les taux_d'_intérêt pour continuer d'attirer les capitaux extérieurs nécessaires. Cependant, les changements importants apportés par les pays industriels à leur politique_économique ont constitué l'ébauche d'une solution à ces difficultés. Aux États-unis, la Loi sur l'équilibre budgétaire votée en 1985, premier pas vers une réduction du déficit extérieur, a été le symbole d'une réorientation vers l'austérité budgétaire. L'Accord du Plaza de septembre 1985, par lequel les gouvernements ont approuvé la baisse du dollar, a augmenté les chances d'une réduction ordonnée du lourd déficit des États-unis et des excédents du Japon et de l'Europe. De nouveaux progrès ont été réalisés en 1986. Le dollar n'a pas cessé de se déprécier et l'accroissement du déficit des États-unis a été financé dans le contexte d'une baisse générale des taux_d'_intérêt et d'une réduction des écarts entre ces taux. Grâce aux efforts concertés des principaux pays industriels, la valeur du dollar qui avait atteint un niveau insoutenable a pu ainsi être abaissée sans heurt, et sans répercussions fâcheuses sur les taux_d'_intérêt et autres paramètres financiers. La décision des parties contractantes du GATT d'ouvrir une nouvelle série de négociations commerciales multilatérales (les Négociations d'Uruguay) augure bien d'une nouvelle libéralisation des barrières commerciales. Il reste néanmoins de gros dangers. En l'absence d'une nouvelle impulsion provenant du Japon et d'Europe, une réduction du déficit budgétaire des États-unis de l'ordre envisagé dans la Loi sur l'équilibre budgétaire de 1985 pourrait aboutir à une contraction excessive de la demande globale, voire à une récession. Par ailleurs, le spectre du protectionnisme, encouragé par l'insuffisance de la croissance, ne s'est pas non plus estompé. Certes, les conditions qui règnent actuellement risquent de compromettre le règlement harmonieux des différends commerciaux. Aux États-unis, le déficit (nominal) croissant des transactions courantes et le manque de vigueur de la demande tendent à perpétuer les pressions en faveur de restrictions commerciales, malgré la dépréciation du dollar. Dans les pays excédentaires, l'appréciation des monnaies a commencé à retentir sur les secteurs des biens échangeables et l'affaiblissement de la demande d'exportations freine sensiblement la croissance de la production et du revenu. Ces pays ont donc plus de mal à accepter une libéralisation accrue de leurs marchés. Ces tensions se relâcheront peut-être à l'avenir à mesure que les déséquilibres financiers se réduiront sous l'effet de la dépréciation passée du dollar. Cet espoir pourrait se matérialiser si l'on pouvait maintenir des rapports à peu près constants entre les taux_de_change des principales monnaies. Pendant les premiers mois de 1987, les principaux dirigeants sont parvenus à un consensus remarquable sur la nécessité de stabiliser les taux_de_change (pas nécessairement pour les fixer, mais pour permettre uniquement de légers mouvements, en harmonie, de préférence, avec les tendances sous-jacentes). Ils savent maintenant que l'investissement, la confiance des entreprises, la croissance_économique et la stabilité des taux_de_change sont étroitement liés. Et ils reconnaissent que cette stabilité des changes ne peut être obtenue par la seule intervention des banques_centrales; elle repose sur des rapports sains et équilibrés entre les forces économiques. Bien plus, il est maintenant largement admis que l'ajustement_structurel en est un aspect indispensable, et notamment la recherche d'une plus grande souplesse des marchés du travail, la résistance au protectionnisme, la libéralisation des politiques_commerciales et financières, y compris un plus grand recours aux forces du marché dans le domaine de la politique agricole. Tant que ces améliorations ne se seront pas matérialisées, on court cependant le risque qu'une politique agressive ou une série d'actes de représailles dans le domaine commercial n'entraînent un renforcement des barrières protectionnistes. De telles actions auraient des effets déstabilisateurs sur le plan financier et des conséquences déflationnistes. En outre, une fois imposées, ces barrières sont difficiles à démanteler par la suite. *{p. 46} En bref, les gouvernements ne peuvent se permettre de rester sur leur acquis de l'an passé. Il leur faudra absolument aller de l'avant lors des prochaines négociations commerciales s'ils veulent préserver la confiance dans un climat d'échanges ouvert. Il faut aussi que les réformes opérées dans le secteur agricole conservent la nouvelle direction prise et portent leurs fruits. Dans la mesure où il subsiste des déséquilibres fondamentaux, un effort concerté est nécessaire pour corriger les déséquilibres budgétaires et monétaires et prévenir toute recrudescence de l'inflation globale à moyen terme. Les déséquilibres financiers actuels peuvent être réduits par le jeu des forces du marché. Par exemple, un recul des apports de capitaux privés vers les pays déficitaires ferait monter les taux_d'_intérêt réels et réduirait donc l'investissement, d'où une amélioration du compte courant. Toutefois, le recours aux seules forces du marché pour corriger des déséquilibres résultant de politiques macroéconomiques insoutenables et contradictoires risque fort d'entraîner des pertes graves et soudaines de revenus réels, ainsi qu'une perte de contrôle sur le plan financier et monétaire. Par conséquent, les mesures prises par les États-unis pour réduire leur dépendance à l'égard de l'épargne extérieure devront être progressives et ce processus devra être facilité par une croissance plus rapide de la demande dans les autres pays. Une certaine expansion budgétaire dans les pays fortement excédentaires semble être l'un des éléments nécessaires à cet accroissement de la demande si l'on veut que la production mondiale continue de croître à un rythme acceptable et que les déficits budgétaires et commerciaux des États-unis diminuent. Même en partant des hypothèses les plus optimistes, il est cependant peu probable que les taux_de_croissance du PIB des pays industriels s'accélèrent sensiblement en 1987. L'impulsion donnée par la politique budgétaire s'atténuera probablement, d'autant que les dépenses_publiques réelles aux États-unis semblent maintenant plafonner. La politique de stabilisation menée au Japon et en Europe arrive trop tard pour empêcher, cette année encore, une faiblesse de la croissance dans ces pays, encore que les mesures récentes adoptées au Japon pour accroître les dépenses marquent bien la volonté des autorités de pratiquer une politique plus expansionniste. La politique monétaire suivie par les principaux pays industriels n'aura sans doute pas des effets aussi stimulants qu'en 1986. L'amélioration des termes de l'échange enregistrée cette année-là a peu de chances de se reproduire étant donné que les prix du pétrole et des autres produits de base utilisés par l'industrie seront sans doute beaucoup plus élevés que l'an passé. Par conséquent, même si les mesures prises présentement pour améliorer le climat économique ont pour effet d'accélérer la croissance à moyen terme, l'ampleur et la gravité des problèmes d'ajustement actuels laissent prévoir, pendant au moins un an encore, une croissance lente de l'économie mondiale. Les pays_en_développement. Dans les pays_en_développement, la scène économique a été dominée en 1986 par la baisse des prix des produits de base, la lenteur de la croissance de la demande des pays industriels et la poursuite des efforts d'ajustement. Le PIB des pays_en_développement a augmenté de 4,2%, ce qui représente 0,6 point de moins que le taux_de_croissance enregistré en 1985 et plus de 2 points de moins que la moyenne annuelle enregistrée de 1960 à 1980 (voir le Tableau 3-2). En outre, ce taux de 4,2% s'explique par la croissance rapide de quelques grands pays. Pour l'ensemble des pays_en_développement, la production par habitant a augmenté de 2,2%; mais, si l'on exclut le Brésil et la Chine, elle n'a progressé que de 0,4%. Le revenu national brut des pays_en_développement ou RNB (c'est-à-dire le PNB corrigé des variations des termes de l'échange) n'a augmenté que de 3%, soit 1% par habitant. Les pays exportateurs de pétrole, en particulier, ont subi une grave détérioration de leurs termes de l'échange et leur RNB par habitant a régressé de 12%. Par contre, le RNB des pays gros exportateurs de produits manufacturés s'est accru de 7% par habitant, car les prix de leurs exportations de produits manufacturés ont fortement augmenté par rapport à ceux des produits de base qu'ils importent. La faible croissance de la production et la baisse du revenu réel des pays exportateurs de produits de base ont suivi la détérioration cumulative des termes de l'échange qu'ils avaient enregistrée pendant la première moitié des années 80. Les difficultés fondamentales des pays producteurs primaires. Depuis 1980, les prix en dollars des produits de base ont connu une baisse spectaculaire - en 1986, le prix moyen en dollars des exportations hors combustibles des pays_en_développement avait baissé de 26% (de 35% par rapport au prix de leurs importations de produits manufacturés); celui du pétrole était tombé de 61%. La faiblesse des prix des produits de base enregistrée pendant cette période tient à la fois à l'insuffisance de la demande extérieure et à un accroissement de l'offre. Les faibles taux_de_croissance des pays industriels (qui constituent les principaux débouchés des exportations de produits de base des pays_en_développement) et une utilisation moins intensive des produits de base (qui sont remplacés par des produits de synthèse) ont ralenti la croissance de la demande. L'accroissement de l'offre a été le résultat de récoltes exceptionnelles (favorisées en partie par des subventions et par un relèvement des prix aux producteurs), d'une expansion de la capacité de production des métaux et d'un déstockage, le niveau élevé des taux_d'_intérêt ayant augmenté le coût de détention des stocks. *{p. 47} Comme un grand nombre de pays_en_développement restent étroitement tributaires des recettes qu'ils tirent de leur production primaire, la chute des prix des produits de base enregistrée pendant la première moitié des années 80 a dégradé leurs termes de l'échange, réduit le volume des ressources disponibles pour l'investissement et contribué à réduire les taux_de_croissance de la production et du revenu par habitant (voir le Tableau 3-3). Il est, on le sait, très difficile d'isoler le poids relatif des facteurs externes sur les performances économiques d'un pays donné; ce poids dépend des structures économiques sous-jacentes, qui dépendent elles-mêmes pour une grande part des orientations adoptées dans le passé. Il est clair cependant que l'effondrement des prix des produits de base pendant les années 80 a aggravé les problèmes d'ajustement déjà graves auxquels étaient confrontés beaucoup de pays_en_développement et a eu des répercussions très défavorables sur les performances de leur économie. *{p. 48} Cette détérioration des termes de l'échange des producteurs primaires s'est poursuivie et, à certains égards, accélérée en 1986. Le prix en dollars du pétrole a diminué de moitié et les prix des produits de base non pétroliers ont à peine augmenté malgré la dépréciation rapide du dollar. Déjà affaiblies par plusieurs années successives d'érosion des termes de l'échange et des revenus par habitant, les économies des pays de production primaire ont été de nouveau touchées par une grave détérioration de l'environnement extérieur. Prix, recettes et croissance. Les pays exportateurs de pétrole ont subi une grave détérioration de leurs termes de l'échange en 1986. Le cours du pétrole sur le marché libre s'est effondré, tombant d'une moyenne de 27 dollars le baril en 1985 à 14 dollars en 1986. Au cours de ces dernières années, la croissance lente de l'économie mondiale et le maintien de prix élevés par le biais des accords sur la production avaient abouti à une contraction générale de la demande de pétrole et à un recul de la part des pays_membres de l'OPEP sur le marché. Par suite, les recettes pétrolières des pays de l'OPEP ont fléchi, alors même que certains de ses membres avaient encore plus besoin de devises pour faire face à la réduction des apports de financement extérieurs et aux taux_d'_intérêt élevés. Les désaccords au sein de l'OPEP ont été exacerbés par les rabais offerts par certains de ses membres soucieux d'accroître leur part du marché. La chute des prix du pétrole a été précipitée par le changement de politique opéré par certains pays de l'OPEP en faveur d'un accroissement de la production de pétrole et de leur part du marché. La production de pétrole brut de l'OPEP est passée de 14,9 millions de barils par jour au troisième trimestre de 1985 à 19,3 millions au troisième trimestre de 1986, l'Arabie saoudite intervenant pour plus de la moitié dans cet accroissement de la production. Le prix a dégringolé à près de 10 dollars le baril vers le milieu de l'année, avant de remonter à environ 17 dollars le baril au premier trimestre de 1987. Cet effondrement des prix du pétrole a fortement réduit les revenus des pays_en_développement exportateurs de pétrole et limité les envois de fonds des travailleurs ainsi que leur demande de produits exportés par d'autres pays. Face à la dégradation de 42% de leurs termes de l'échange, ils ont amputé le volume de leurs importations de 22% en 1986. Leur PIB a diminué de 1j% et leur revenu national brut a régressé de 10%, soit de 12% par habitant. Pour éviter une contraction encore plus importante de la consommation, il leur a fallu diminuer les investissements. La réduction des importations et des investissements aurait pu être deux fois plus prononcée si le volume des apports de capitaux extérieurs n'avait pas légèrement augmenté. Les pays exportateurs de pétrole, dont le déficit extérieur courant (non compris les transferts publics) est passé de 2 milliards de dollars en 1985 à 19 milliards en 1986, se sont donc retrouvés avec une capacité de production encore plus réduite et un niveau d'endettement encore plus élevé par rapport à la taille de leur économie. *{p. 49} Pour les pays_en_développement qui exportent essentiellement des produits de base non pétroliers, les avantages procurés par la baisse des prix du pétrole ont été annulés par la stagnation des prix à l'exportation, ainsi que par la forte hausse des prix en dollars des biens manufacturés importés. Le prix moyen en dollars des exportations de produits de base non pétroliers de ces pays n'a augmenté que de 1% en 1986, malgré la dépréciation rapide du dollar. Les prix en dollars de ces produits ont en fait énormément baissé tout au long de l'année; le niveau moyen plus élevé qu'ils ont atteint en 1986 par rapport à l'année précédente s'explique donc uniquement par la hausse des prix enregistrée dans les derniers mois de 1985. Comparé aux prix des exportations de produits manufacturés, le prix des produits de base non pétroliers a reculé de 16% entre 1985 et 1986. Ce recul est imputable à la croissance soutenue de l'offre d'un certain nombre de produits de base et à la lenteur de la croissance de la demande. Les prix moyens du café ont été beaucoup plus élevés en 1986 que l'année précédente, la sécheresse ayant réduit la récolte du Brésil de près de la moitié; le redressement de la production dans ce pays a fait tomber les prix vers la fin de l'année. Aux États-unis, une production record de céréales, des stocks élevés et les modifications apportées à la politique agricole ont beaucoup pesé sur les prix et le niveau général des prix des céréales a diminué de 12% en dollars. Ces modifications expliquent également pour une grande part la réduction de 20% des prix du coton. L'essor de la production de jute au Bangladesh et en Inde a abouti à une chute des prix de plus de 50%. En même temps, la lenteur de la croissance de la production industrielle (surtout aux États-unis et au Japon) a été essentiellement à l'origine d'une baisse de 8% du prix moyen en dollars des métaux et des minéraux exportés par les pays_en_développement. L'effondrement des activités de soutien des prix menées dans le cadre de l'Accord international sur l'étain a été directement responsable de la réduction de près de 50% des prix de ce produit. Le manque de vigueur de la croissance de la demande observé ces dernières années rend très difficile l'application des accords de soutien des prix. Par conséquent, malgré la forte chute des prix du pétrole, les termes de l'échange des pays qui exportent des produits de base non pétroliers ne se sont guère améliorés (voir le Tableau 3-4). Le PIB de ces pays a augmenté, d'après les estimations, de 3,4% (ce qui représente un progrès remarquable comparé aux cinq années précédentes), mais ce résultat reste bien inférieur aux taux enregistrés dans le passé par les pays_en_développement. Les pays d'Afrique subsaharienne ont été particulièrement touchés par la faiblesse des prix des produits de base. Dans bien des cas, ils tirent la majeure partie de leurs recettes d'exportation de quelques produits primaires et n'ont pas assez de latitude pour diversifier rapidement leurs exportations lorsque les prix diminuent. Certains pays subsahariens ont réussi à accroître assez sensiblement le volume de leurs exportations pour voir leurs recettes tomber lorsqu'une offre excédentaire a réduit les prix. D'autres ont connu une baisse à la fois des prix et des volumes par suite de la lenteur de la croissance de la demande. Le volume des importations des pays d'Afrique subsaharienne qui n'exportent pas de pétrole a probablement augmenté de moins de 3%, restant donc inférieur de plus de 20% au niveau atteint en 1980. Dans cette région, la croissance du PIB par habitant a été, selon les estimations, inférieure à l%. Contrairement aux prix des produits de base, qui ont diminué ou stagné, le prix moyen en dollars des importations de produits manufacturés des pays_en_développement a augmenté de 17%, malgré la baisse des prix à l'exportation en monnaie nationale due à la dépréciation du dollar. Le prix moyen en monnaie nationale des produits manufacturés exportés par les principaux pays industriels a diminué d'environ 5%, les producteurs des pays dont la monnaie s'est appréciée ayant réduit leurs marges bénéficiaires pour maintenir leur part du marché. La faiblesse des prix des combustibles et autres produits primaires s'est traduite par un abaissement général des prix de gros à la production, aussi bien dans les pays du bloc dollar qu'ailleurs. Malgré cela, les prix en dollars des biens manufacturés faisant l'objet d'échanges_internationaux sont montés en flèche. Les pays_en_développement exportateurs de produits manufacturés ont donc beaucoup profité des effets conjugués de la chute des prix du pétrole, de la faiblesse des prix des produits de base non pétroliers et de l'emballement des prix des produits manufacturés. En outre, la dépréciation du dollar a amélioré la compétitivité relative des exportations de plusieurs de ces pays, notamment en Asie, qui avaient maintenu le taux_de_change de leur monnaie par rapport au dollar à un niveau relativement constant. En 1986, grâce à l'augmentation de 6% du volume de leurs exportations, ajoutée à l'amélioration de 10% de leurs termes de l'échange, les pays exportateurs de produits manufacturés ont pu accroître leurs importations de 10% et réduire leurs emprunts extérieurs. Le solde global des paiements courants de ces pays s'est renversé, passant d'un déficit de 9 milliards de dollars en 1985 à un excédent de 6 milliards de dollars. Leur PIB a augmenté de 7% - soit un ralentissement par rapport à 1985, mais qui est dû uniquement à une croissance plus modérée de la Chine dont le taux avait été d'environ 12% en 1985. *{p. 50} L'ampleur des excédents commerciaux dégagés par certains pays_en_développement, dans la mesure notamment où ils réduisent la demande pour les produits des pays industriels, suscite chez ces derniers des inquiétudes depuis quelque temps. Pour un certain nombre de pays_en_développement dont le secteur manufacturier est déjà bien établi, le gonflement des excédents commerciaux enregistré ces dernières années est le résultat d'une compétitivité accrue due à la surévaluation du dollar. Dans le climat d'incertitude qui règne actuellement, un niveau d'endettement préoccupant a également encouragé certains pays à accroître leurs excédents. Les pays lourdement endettés doivent dégager de gros excédents commerciaux pour pouvoir assurer le service de leur dette. En fait, les bailleurs de fonds privés pressent instamment un grand nombre de ces pays d'accroître encore leurs excédents commerciaux pour diminuer le volume d'argent frais dont ils ont besoin pour financer leurs paiements d'intérêts et même pour réduire, en fin de compte, le volume de leur dette par rapport à la taille de leur économie. Dette et financement. Au cours de l'année passée, les problèmes de financement des pays à revenu intermédiaire très endettés ne se sont guère atténués. A certains égards, les difficultés qu'ils ont rencontrées pour gérer leur économie, alors qu'ils étaient excessivement endettés, se sont exacerbées. La chute des prix du pétrole et la stagnation des prix en dollars des produits de base non pétroliers ont beaucoup compliqué les efforts d'ajustement. Leurs importations en volume n'ont augmenté que d'environ 3% à cause de la détérioration des termes de l'échange et de la stagnation du volume des exportations. Elles auraient en fait diminué si ces pays n'avaient pas bénéficié d'apports accrus en ressources extérieures; leur déficit global au titre des transactions courantes, qui était à peu près nul en 1985, s'est chiffré à 12 milliards de dollars en 1986 (voir le Tableau 3-5). Le PIB des pays très endettés n'a augmenté que de 2,5%. Si la détérioration de l'environnement extérieur a été quelque peu atténuée par la baisse des taux_d'_intérêt en dollars, pour certains la chute du dollar a alourdi le fardeau de la dette par rapport à la taille de leur économie. Avec la baisse de leurs recettes d'exportation, le ratio moyen du service_de_la_dette des pays très endettés est passé de 34% en 1985 à 37% en 1986. Certains pays, dont les revenus réels ont été renforcés par les effets directs d'un pétrole meilleur marché, ont raté l'occasion d'accroître l'investissement et d'améliorer la position de leur balance_des_paiements . Les fluctuations marquées des prix relatifs ont eu tendance à compliquer et à retarder la mise en oeuvre de politiques de stabilisation et ont perturbé les plans visant à accroître le financement extérieur. Dans ces conditions, la communauté financière internationale a eu tendance à concentrer ses efforts sur les cas les plus notoirement difficiles. *{p. 51} La grave situation dans laquelle se trouvent les pays débiteurs à faible revenu d'Afrique subsaharienne a également été un fait saillant de l'année 1986. Les ratios du service_de_la_dette et de la dette par rapport au PNB pour cette région ont sensiblement augmenté, ce qui s'explique par la diminution des recettes d'exportation, le faible rythme de croissance de la production, ainsi que par la reconduction d'emprunts existants et le refinancement des intérêts exigibles. Au cours de ces deux dernières années, vingt pays africains ont engagé des négociations avec le Club de Paris pour obtenir sous une forme ou une autre un allégement de leur dette. Pour certains, la renégociation de la dette est devenue un processus quasi annuel, ce qui témoigne de graves problèmes à long_terme. Certains pays ont rééchelonné les paiements dus au titre de dettes déjà réaménagées et il n'est pas rare que les paiements d'intérêts soient capitalisés. Il est évident que plusieurs pays ne pourront pas retrouver des taux_de_croissance acceptables à moins d'obtenir quelque réduction de leurs obligations envers l'étranger. Il reste à savoir comment on peut réduire ces obligations sans compromettre l'accès à long_terme de ces pays au financement extérieur et sans établir un précédent pour des pays moins défavorisés. Le manque d'accès d'un grand nombre de pays_en_développement aux marchés de capitaux extérieurs témoigne des graves difficultés auxquelles ils sont confrontés. Leur déficit global au titre des transactions courantes a atteint 36 milliards de dollars, soit à peu près le même niveau qu'en 1985. Ce déficit a été largement comblé par des formes de financements exceptionnels, c'est-à-dire des prêts concertés consentis dans le cadre d'accords négociés entre les pays_en_développement et leurs créanciers, plus des ajustements d'arriérés. A part ces financements exceptionnels, les pays_en_développement, dans l'ensemble, ont probablement enregistré de faibles sorties nettes de capitaux en 1986. *{p. 52} Pour aggraver les choses, les quelques capitaux extérieurs qui étaient disponibles (y compris les financements exceptionnels) ont dû être utilisés pour financer des paiements d'intérêts, plutôt que l'investissement. Le taux moyen du dollar à six mois offert sur le marché interbancaire à Londres (LIBOR), qui est utilisé comme taux de base pour la plupart des emprunts à taux flottant contractés auprès de sources privées par les pays_en_développement, est tombé de 8,6% en 1985 à 6,8%. Malheureusement, cette baisse n'a pas réduit sensiblement les sorties nettes de ressources financières à long_terme provenant des pays_en_développement, car les décaissements nets en faveur de ces pays ont également diminué en 1986. Les montants versés par les pays_en_développement au titre des intérêts sur la dette à long_terme ont été supérieurs de 30 milliards de dollars environ aux montants qu'ils ont reçus sous forme de décaissements nets de prêts à long_terme de sources privées et publiques, soit à peu près le même montant qu'en 1985. Ce "transfert net de ressources" n'inclut pas dans les décaissements la part de l'aide_publique_au_développement qui est fournie à titre de don. Il n'inclut pas non plus les entrées au titre d'investissements directs, qui se sont élevées à 12 milliards de dollars en 1986 (voir le Tableau 3-6). Néanmoins, même si l'on inclut la totalité des transferts publics nets dans les décaissements, on constate que les pays_en_développement ont payé 15 milliards de dollars de plus au titre du service_de_la_dette qu'ils n'ont reçu sous forme de financements à long_terme. En renégociant officiellement les conditions du service_de_la_dette, certains pays_en_développement ont pu continuer d'encourir un déficit courant élevé en 1986; une réduction encore plus drastique de leurs importations, et des exportations des pays industriels, a pu être ainsi évitée. Dans le cadre d'un accord important conclu par le Mexique avec ses créanciers privés, ceux-ci ont approuvé la restructuration de dettes déjà rééchelonnées d'un montant de 43,7 milliards de dollars, engagé 6 milliards de dollars d'argent frais, prévu des fonds supplémentaires au cas où les termes de l'échange du pays continueraient de se détériorer ou sa croissance serait plus faible que prévu, et réduit leurs marges sur les prêts existants. Des accords de rééchelonnement pluriannuels ont été conclus avec le Congo, la côte_d'_ivoire et l'Uruguay, ces deux derniers pays recevant de nouveaux prêts à long_terme au titre d'accords de cofinancement avec la banque_mondiale. Le Brésil, le Nigeria, la Pologne, l'Uruguay et le Zaïre ont également négocié des accords d'allégement de la dette avec les banques commerciales. En 1986, les pays_en_développement ont restructuré pour 71 milliards de dollars de dette et reçu 2,6 milliards de dollars d'argent frais (sans compter les prêts consentis dans le cadre de l'accord concernant le Mexique, qui ont été décaissés au début de 1987); en outre, ils ont obtenu un certain rétrécissement des marges ainsi que des facilités de crédit à court_terme pour atténuer leurs problèmes de trésorerie. *{p. 53} Cependant, abstraction faite de ces quelques accords, les négociations de la dette ont donné des résultats décevants en 1986. Les banques commerciales ont été réticentes à conclure des accords de rééchelonnement pluriannuels avec la plupart des gros débiteurs et, à part les engagements envers le Mexique et l'accord de moindre portée conclu avec le Nigeria, le volume d'argent frais consenti aux pays très endettés a été minime. Un grand nombre de petites banques ont été particulièrement hésitantes à participer aux accords de rééchelonnement ou à fournir de nouveaux prêts aux pays_en_développement. Au cours de ces quatre dernières années, les banques commerciales ont beaucoup réduit le volume de leurs engagements dans les pays_en_développement par rapport à leur valeur nette et à leur actif total; cette tendance est devenue plus prononcée en 1986. Ayant réduit leurs engagements, elles sont évidemment moins disposées à rechercher ou à accepter des arrangements concertés avec les bailleurs de fonds_publics. L'augmentation récente des provisions pour pertes sur prêts des grandes banques annonce peut-être un durcissement de leurs positions lors des négociations de rééchelonnement futures. En même temps, les indicateurs de solvabilité ont continué de se détériorer pour la plupart des pays très endettés. En outre, certains ont accumulé de gros arriérés au titre des intérêts et du principal, qui n'ont pas été régularisés dans le cadre des accords de rééchelonnement. La réticence croissante des banques à accroître le volume de leurs engagements, la baisse de crédit qu'entraîne la dégradation des termes de l'échange et l'accumulation d'arriérés dans certains pays augurent mal des négociations à venir. Néanmoins, ces négociations risquent de durer encore un grand nombre d'années. Politiques d'ajustement et aide_internationale. Dans un environnement extérieur aussi difficile, les pays_en_développement ont bien progressé, en 1986, dans l'exécution de réformes visant à améliorer le fonctionnement de leur économie. Certains pays lourdement endettés ont brusquement changé de cap pour juguler l'inflation afin de rétablir un cadre macroéconomique plus stable. Des premiers succès ont été remportés, encore que la bataille contre l'inflation ne soit jamais facilement gagnée, et les réactions que suscitent les programmes de choc obligent souvent les autorités à adopter de nouvelles mesures. Oui plus est, un certain nombre de pays ont institué des réformes pour améliorer l'efficacité de leurs entreprises_publiques, accroître le rôle du marché dans l'affectation des ressources, libéraliser leurs régimes commerciaux et promouvoir l'épargne privée. Il est réconfortant de constater qu'en dépit de grosses difficultés politiques et sociales, ces pays ont marqué à nouveau leur volonté d'adopter des politiques macroéconomiques et microéconomiques saines. Pendant l'exercice 87, la banque_mondiale a continué d'engager des ressources considérables pour appuyer les ajustements opérés dans les pays très endettés. C'est ainsi qu'elle a augmenté le temps passé par son personnel à aider ces pays à résoudre leurs problèmes, et qu'elle a contribué à mobiliser des financements extérieurs tout en augmentant le volume de ses prêts. Pendant l'exercice 87, les montants décaissés par la banque_mondiale en faveur des pays très endettés ont augmenté de plus de 50% par rapport à l'exercice précédent. Un grand nombre de pays d'Afrique subsaharienne ont réussi à réduire leurs déficits publics, à corriger des taux_de_change surévalués et à atténuer les distorsions au niveau des prix. Il est essentiel qu'ils poursuivent et renforcent leurs efforts s'ils veulent pouvoir surmonter leurs problèmes; des apports soutenus de fonds extérieurs sont également indispensables. Le fonds_monétaire_international et la Banque ont récemment augmenté le volume de leurs engagements en faveur des pays à faible revenu, le Fonds dans le cadre de sa nouvelle facilité d'ajustement_structurel, la Banque par un accroissement de l'aide fournie par l'IDA et le Fonds spécial d'aide à l'Afrique subsaharienne. L'aide bilatérale ayant peu augmenté, le montant total de l'aide_publique_au_développement reçue par l'Afrique subsaharienne est cependant restée en 1986 pratiquement au même niveau, en dollars nominaux, qu'en 1980. Ainsi, malgré les efforts vigoureux déployés par les créanciers multilatéraux publics et les progrès considérables enregistrés dans les programmes d'ajustement des pays_en_développement, les pays lourdement endettés n'ont pas reçu des ressources extérieures suffisantes. Non seulement les banques commerciales ont hésité à accroître leurs engagements dans les pays à revenu intermédiaire, mais l'aide publique destinée aux pays à faible revenu a stagné. Les pays exportateurs de produits manufacturés d'Asie de l'Est, plus performants, sont pratiquement les seuls pays_en_développement qui peuvent emprunter facilement à l'étranger et, du moins à court_terme, ils n'ont guère besoin de capitaux extérieurs et sont peu intéressés par de nouveaux emprunts nets. Les pays industriels et les pays_en_développement ont tous fortement intérêt à éviter une rupture plus grave de confiance entre les débiteurs et les créanciers et une nouvelle détérioration du niveau_de_vie des pays les plus pauvres. Reste à savoir si les créanciers auront assez de fermeté politique et assez conscience de leur propre intérêt pour assurer des flux suffisants de ressources financières aux pays_en_développement pendant la longue période de restructuration macroéconomique à venir. *{p. 54} aide_publique_au_développement. Les décaissements nets au titre de l'aide_publique_au_développement (APD) fournie aux pays_en_développement par les pays_membres du Comité d'aide au développement (CAD) de l'Organisation de coopération et de développement économiques se sont chiffrés, d'après les estimations, à 37 milliards de dollars en 1986, soit une augmentation en volume de 2,5% par rapport à 1985. Ces décaissements nets d'APD des pays du CAD ont représenté 0,36% du PNB de ces pays. Cinq pays seulement (le Danemark, la France, la Norvège, les Pays-bas et la Suède) ont fourni une aide au développement supérieure à 0,7% de leur PNB ce qui correspond à l'objectif fixé par l'Organisation des nations_unies pour les deuxième et troisième Décennies pour le développement. D'après des données provisoires pour 1986, les décaissements nets d'APD fournie par les pays de l'OPEP aux pays_en_développement ont atteint 4,5 milliards de dollars, soit une augmentation - malgré la chute des revenus provenant du pétrole - de 0,9 milliard de dollars par rapport à 1985. Les décaissements nets d'APD de ces pays ont représenté 0,9% de leur PNB, la majeure partie sous forme d'aide non liée. L'Arabie saoudite et le Koweït, en particulier, ont continué de fournir une part substantielle de leur PNB -4,5% et 3% respectivement - sous forme d'APD. *{p. 55} Chapitre quatre Politiques et activités de la Banque; finances de la BIRD. Politiques de la Banque. Les aspects financiers des garanties. La banque_mondiale, alors que ses fondateurs pensaient que les garanties joueraient un rôle éminent dans ses opérations, y a peu eu recours. Bien que leur montant global reste modeste, elle a commencé à les utiliser davantage ces dernières années en tant qu'instrument du programme de cofinancement par des prêts B et comme catalyseur pour le montage d'enveloppes de prêts concertés qui n'auraient peut-être jamais vu le jour autrement. Dans le cadre du programme de cofinancement, la Banque garantit les dernières échéances d'un prêt consenti par des banques commerciales et encourage ainsi les coprêteurs à financer des échéances plus reculées qu'ils n'accepteraient de le faire normalement. Ce type de garantie est très rarement utilisé et n'a été autorisé qu'à trois reprises jusqu'à présent. La Banque a également, de façon sélective et dans le cadre d'enveloppes de prêts concertés, fourni sa garantie pour le Chili, le Mexique et l'Uruguay. Dans chacun de ces cas, la garantie de la Banque ne couvrait qu'une fraction du financement total, mais elle a été l'un des principaux facteurs qui ont convaincu les banques commerciales de consentir des prêts à ces trois pays et d'accepter des réaménagements de leur dette. Malgré l'utilisation modérée et sélective qui en est faite, le recours plus fréquent aux garanties a amené la Banque, durant l'exercice 87, à formuler certains principes régissant plusieurs aspects de leur gestion financière. Comment fallait-il compter les garanties en calculant la limite statutaire de prêt de la Banque et son niveau de prêts soutenable Quelle hypothèse fallait-il utiliser, quant à la probabilité que les garanties soient mises en jeu, en planifiant et gérant les emprunts et liquidités de la Banque? Eu égard à la limite d'engagement par pays, comment fallait-il compter les engagements découlant de garanties? A quel point la Banque devait-elle utiliser son pouvoir de garantie dans les cas de prêts concertés? Les garanties et le calcul de la limite statutaire de prêt et du niveau de prêts soutenable. Aux fins d'application des Statuts, la Banque a, dans la pratique, adopté des principes de gestion de ses engagements de prêt visant à ce que le montant total de ses prêts décaissés et non amortis - et non pas de ses engagements - ne dépasse pas le montant de son capital souscrit et de ses réserves. Bien que les garanties fassent elles aussi partie des engagements de la Banque, elles ne constituent que des obligations conditionnelles et le risque est donc différent. Ainsi, une garantie peut ne jamais être mise en jeu. Mais si elle l'est, elle implique une obligation irrévocable de décaissement. Par conséquent une recommandation a été reçue et ensuite approuvée par le Conseil des Administrateurs selon laquelle la Banque couvre intégralement avec son capital l'encours des garanties sur la base de leur valeur actuelle (leur valeur nominale moins les montants remboursés au créancier) au jour où elles peuvent théoriquement être exigibles, indépendamment des faibles probabilités qu'elles le soient. Cela signifie que la gestion de tous les nouveaux engagements de la Banque sera organisée de telle sorte que, même si toutes les garanties sont mises en jeu à la première date possible, la Banque disposera encore d'un capital et de réserves suffisants pour couvrir le montant total des prêts décaissés (moins les remboursements) et de toutes ces garanties. La même recommandation a été adoptée pour le calcul du niveau de prêts soutenable de la Banque. La Banque intégrera ainsi les garanties dans sa politique du niveau de prêts soutenable en les traitant comme des "prêts" intégralement décaissés à partir de la première date à laquelle on peut les invoquer. Les garanties et la planification des opérations d'emprunt et de la politique de liquidités de la Banque. Le niveau des liquidités de la Banque a subi, ces dernières années, des fluctuations inhabituelles dues au rythme incertain des décaissements au titre des engagements de prêt. Dans la mesure où elles ne représentent qu'une petite partie des activités de la Banque, les garanties ne modifient pas de façon notable le tableau d'ensemble. Néanmoins, par souci de prudence dans sa gestion financière, la Banque a proposé que sa planification financière repose sur le principe qu'au moins certaines garanties puissent être mises en jeu le moment venu, et les Administrateurs ont approuvé cette proposition. Mais comme les conséquences d'une sous-estimation des probabilités que les garanties soient invoquées sont relativement moins importantes, pour la gestion financière de la Banque, qu'un dépassement de sa limite statutaire de prêt, on a décidé de partir de l'hypothèse que 50% des garanties seraient invoquées. Ce taux serait susceptible d'être réexaminé et, selon les circonstances, modifié par la direction de la Banque avec l'accord du Conseil des Administrateurs. Les garanties et la limite d'engagement par pays. L'un des traits particuliers des garanties est qu'elles sont sans équivoque en ce qui concerne l'obligation de décaissement si elles sont mises en jeu. Du fait de cet aspect inconditionnel, tous les engagements de garantie devraient donc être pris intégralement en compte dès la date à laquelle ils peuvent être invoqués, eu égard à la limite d'engagement par pays. Mais dans la mesure où les garanties sont et continueront d'être accordées de façon très sélective, notamment dans le cas de prêts concertés, et où elles sont maintenues à un niveau relativement faible par rapport à l'ensemble des besoins financiers d'un pays, elles n'ont pas eu d'effet concret sur le programme de prêt de la Banque. Bilan des opérations d'ajustement_structurel. En 1980, devant la dégradation rapide de la situation internationale et les difficultés qu'elle a entraînées pour de nombreux pays_en_développement, la banque_mondiale a institué un nouvel instrument de prêt: les prêts à l'ajustement_structurel (PAS). En résumé, les PAS étaient et demeurent des prêts hors projet à l'appui de programmes, de politiques et de réformes institutionnelles nécessaires si l'on veut modifier la structure d'une économie pour lui permettre de rétablir et de maintenir sa croissance ainsi que la viabilité de sa balance_des_paiements à moyen terme. Durant les sept années qui ont suivi, le Conseil des Administrateurs a examiné à de nombreuses reprises le programme de PAS de la Banque (voir notamment le Rapport annuel de la banque_mondiale pour les exercices 80, 81, 82 et 85). Au cours de l'exercice 87, le Département de l'évaluation rétrospective des opérations, organe indépendant de la Banque, a dressé le premier bilan des résultats de ce programme. Après avoir étudié les rapports d'évaluation rétrospective de quinze PAS accordés à dix pays, le Département a conclu que ces prêts avaient donné des résultats inégaux, et il a fait des observations - approuvées dans l'ensemble par les Administrateurs - en vue de la préparation et de l'exécution des opérations de PAS futures. Selon l'étude du Département de l'évaluation rétrospective des opérations, aucun des dix pays étudiés n'a réussi à réaliser pleinement ses réformes selon le calendrier fixé. Quatre d'entre eux -côte d'ivoire, Jamaïque, Thaïlande et Turquie -ont néanmoins fait de grands et nets progrès. Quatre autres - Kenya, Pakistan, Philippines et Sénégal - ont obtenu des résultats satisfaisants dans certains domaines et moins bons dans d'autres. Deux pays - Bolivie et Guyana - ont éprouvé des difficultés à exécuter les principaux éléments de leur programme dans les délais convenus. L'exécution des programmes a varié énormément selon les composantes. La plupart des pays ont eu du mal à assurer un juste équilibre entre la gestion de la demande et des politiques de taux_de_change nominal nécessaires pour stimuler les exportations. De même, les programmes de libéralisation des importations se sont heurtés à de sérieux obstacles, bien qu'on ait enregistré des réductions des restrictions quantitatives et, dans certains cas, du taux moyen de protection nominale. Note sur les programmes d'ajustement. Au symposium Banque-fonds sur les programmes d'ajustement orientés vers la croissance (voir page 66), des participants ont estimé que, dans certains pays le processus de libéralisation était trop rapide, qu'il n'était pas assez tenu compte de ses effets défavorables sur les industries locales et qu'il fallait d'abord parvenir à une stabilisation. Fin de note. *{p. 57} Si les progrès ont été lents au départ, la plupart des pays ont toutefois fini par améliorer leur situation budgétaire et les politiques des prix ont, dans l'ensemble, donné des résultats positifs. La rationalisation des dépenses_publiques était un élément important et, en dépit de structures administratives et institutionnelles toujours fragiles, les programmes d'investissement public de la plupart des pays étudiés se sont améliorés, tant en qualité que dans leur composition. La gestion des entreprises_publiques s'est également améliorée, mais le processus de réforme des institutions s'est révélé plus long que celui de réforme de la politique générale. Le Département de l'évaluation rétrospective des opérations a fait toutefois une mise en garde, soulignant qu'il fallait considérer comme préliminaires les conclusions de cette première étude. Il était en effet difficile de faire la part entre les effets des mesures de politique générale appuyées par les PAS et ceux des autres mesures prises par les gouvernements, ou encore ceux résultant de l'évolution de la situation économique mondiale et d'événements imprévus importants survenant dans un pays, tels qu'une sécheresse prolongée ou un changement subit de gouvernement. L'étude a conclu que les PAS avaient jeté les bases d'une aide à la restructuration à long_terme des pays et, dans le même temps, renforcé le "dialogue sur le développement" entre les gouvernements et la Banque. D'un côté comme de l'autre, on a appris par l'expérience et, si la Banque a fait des erreurs dans certains domaines, elle a renforcé ses compétences dans d'autres. En outre, comme l'a indiqué l'étude, la Banque a pu tirer la leçon des erreurs des PAS antérieurs lorsqu'il s'est agi de concevoir des prêts "répliques" dans les mêmes pays (voir l'encadré ci-dessus). Concernant les insuffisances qui caractérisaient les premiers PAS on peut dire notamment que: - Les services de la Banque étaient excessivement optimistes dans leur estimation des délais nécessaires à l'exécution des réformes_structurelles et de l'impact que celles-ci auraient sur l'économie du pays emprunteur. - Les premiers PAS étaient trop complexes, et les conditions posées pour les décaissements ultérieurs (les "tranches" du prêt) trop générales. Dans de nombreux cas, on a demandé aux gouvernements d'adopter de vastes réformes à un rythme qu'ils ne pouvaient soutenir. L'exécution des projets a connu le même problème. - Dans plusieurs cas, les PAS ont trop anticipé sur la volonté de réforme des gouvernements, et les décaissements ont été faits contre des promesses de mesures à venir et non pas à l'appui d'actions en cours, C'est dans les deux cas où le gouvernement a mis en place les réformes essentielles avant même l'approbation du prêt par le Conseil des Administrateurs que les programmes ont été le mieux exécutés. Sur le plan positif: - Les PAS se sont révélés être un instrument efficace pour le décaissement rapide de fonds. Dans les dix pays, ils ont financé en moyenne 10% du déficit de la balance_des_paiements . - Les PAS ont joué un rôle essentiel pour attirer l'attention des gouvernements sur les problèmes structurels et les liens entre les divers instruments de politique générale. - Les PAS ont fourni à la Banque un instrument de prêt capable de répondre au besoin de réforme à l'échelle de toute une économie d'une manière que ne permettaient pas les prêts-projets conventionnels. *{p. 58} - Grâce aux PAS, l'efficacité et la portée opérationnelle du travail sectoriel et économique par pays de la Banque se sont trouvées accrues. - Et même si l'on peut faire mieux encore, notamment dans la coordination des politiques de change, la coopération entre la Banque et le fonds_monétaire_international s'est renforcée, ce qui a amélioré la qualité et la cohérence des conseils de politique générale. L'étude du Département de l'évaluation rétrospective des opérations a fait un certain nombre de recommandations destinées aux opérations futures. Beaucoup de ces recommandations ont déjà été prises en compte dans les PAS qui ont été approuvés depuis la dernière des quinze opérations étudiées (exercice 83). Quatre d'entre elles ressortaient particulièrement: Dans la mesure du possible, la Banque devrait s'efforcer d'aider les pays à "intérioriser" le processus de formulation des réformes - c'est-à-dire à concevoir eux-mêmes ces réformes et à les intégrer dans des plans de développement à plus long_terme. En pratique, a souligné l'étude dans une volonté de mise en garde, cet idéal ne se réalisera qu'à des degrés divers, en fonction des capacités du pays concerné. Les PAS ne constituent pas une panacée et ne sont pas le seul instrument permettant à la Banque d'aider les pays_en_développement à entreprendre un programme de réformes. On peut parfois obtenir un résultat similaire grâce aux prêts à l'ajustement sectoriel et aux projets "conventionnels" (d'investissement) appuyés par une assistance technique indépendante. L'idéal serait de choisir, pour chacune des réformes nécessaires, les instruments opérationnels appropriés. Il faut que les PAS soient plus focalisés. Avec une optique plus étroite, ils seraient mieux adaptés à la capacité d'exécution de beaucoup de pays, ce qui permettrait d'éviter la tentation de leur adjoindre des conditions complexes que l'on ne peut raisonnablement s'attendre à réaliser complètement. Moyennant un meilleur travail sectoriel et économique par pays, conçu et entrepris avec la participation des responsables des pays_en_développement, la Banque serait mieux à même de comprendre les raisons pour lesquelles l'activité économique des pays bénéficiant des PAS n'a pas, dans l'ensemble, atteint les niveaux escomptés, de concevoir des programmes plus réalistes et de contrôler plus efficacement l'exécution des prêts à l'ajustement. *{p. 59} Activités de la Banque. Institut de développement_économique. L'exercice 87 se situe à mi-parcours du plan quinquennal de l'Institut de développement_économique (IDE) pour les exercices 85-89. Ce plan prévoyait une forte expansion des activités de formation et d'aide institutionnelle. Il mettait l'accent sur la nécessité de centrer davantage les activités de formation sur l'organisation de séminaires largement consacrés aux politiques de développement en réduisant la part des cours consacrés à l'analyse des projets; il soulignait aussi la nécessité d'appuyer les institutions de formation des pays_en_développement. Une attention spéciale devait également être portée aux besoins de l 'Afrique subsaharienne. L'évaluation à mi-parcours des résultats globaux de l'application du plan quinquennal a montré que l'expansion des programmes de l'IDE a dépassé le niveau envisagé, du fait principalement d'une coopération accrue avec les instituts des pays_en_développement et d'une forte augmentation de l'appui reçu d'autres organisations_internationales et bilatérales. Le Tableau 4-1 récapitule les activités de formation et d'aide institutionnelle organisées par l'IDE pendant les exercices 83-87. S'agissant des activités de formation, c'est dans le domaine des politiques générales, et en particulier de la gestion macroéconomique et sectorielle, que l'expansion a été la plus forte. L'IDE a organisé quinze séminaires de haut niveau sur les politiques générales au cours de l'exercice 87. D'une durée de un à cinq jours, ces séminaires s'adressent aux décideurs et autres responsables de l'effort de développement du pays. Centrés sur les questions liées à la politique de développement, ils donnent aux praticiens qui y sont invités, aux agents de la Banque et aux experts extérieurs qui y participent la possibilité de mettre en commun de façon structurée leur expérience respective. Pendant l'exercice 87, l'IDE a organisé 40 séminaires de gestion économique et sectorielle, total plus de deux fois supérieur à celui de 1984. D'une durée de une à six semaines, ces séminaires s'adressent aux cadres supérieurs des ministères économiques et sectoriels; ils reprennent plus en détail les thèmes des séminaires de haut niveau sur les politiques générales, en y ajoutant d'autres questions comme la gestion de la dette et, depuis quelque temps, la gestion des ressources_naturelles. L'IDE a également doublé le nombre de séminaires visant la formation des formateurs - de onze en 1984, celui-ci est passé à une vingtaine par an au cours de la période 1985-87. D'une durée de une à cinq semaines, ces séminaires visent à renforcer les compétences des formateurs et traitent des questions relatives à la gestion des programmes et des instituts de formation des pays_en_développement. Pendant l'exercice 87, la Banque a créé, avec l'aide d'un don du Gouvernement japonais, un programme de bourses dont elle a confié l'administration à l'IDE. Ce programme vise l'octroi d'une aide_financière à des diplômés de l'enseignement_supérieur, originaires de pays_membres de la Banque et en particulier de pays_en_développement, ayant récemment travaillé, pendant au moins deux ans, dans un organisme_public ou de service_public dont les activités contribuent au développement et ayant l'intention de continuer à travailler dans le secteur du développement. Cette aide doit leur permettre de préparer un diplôme d'un niveau plus élevé dans une discipline sociale liée au développement. Les candidats doivent justifier d'excellentes études universitaires sanctionnées par une licence ou un diplôme équivalent délivré par une université reconnue. Ils doivent en outre avoir été admis à préparer un diplôme d'un niveau supérieur par un centre universitaire reconnu et renommé pour la qualité de son enseignement et de ses recherches dans le domaine du développement. Les bourses financent la totalité des frais de scolarité et couvrent également les frais de subsistance et de déplacement et d'autres dépenses annexes. Grâce à un financement initial de 1 million de dollars, 35 bourses ont été attribuées pour l'année universitaire 1987-88. Vu l'importance particulière attachée à l'Afrique subsaharienne, l'IDE est maintenant associé à plus de vingt instituts de formation de la région, contre cinq pendant l'exercice 84. Les activités destinées à l'Afrique subsaharienne ont représenté presque la moitié de son budget de l'exercice 87, contre 38% pendant les exercices 83 et 84. *{p. 60} Le plan quinquennal de l'IDE prévoyait une expansion des activités destinées à renforcer les instituts de formation des pays_en_développement. A l'heure actuelle, neuf sur dix des cours et séminaires se déroulent à l'étranger, dans la plupart des cas en coopération avec des instituts de formation nationaux et régionaux. L'IDE appuie également ces instituts en participant à l'organisation de leurs propres cours et, de façon plus générale, en contribuant à la mise au point de leurs programmes et au perfectionnement de leur personnel. Depuis l'exercice 84, PIDE a approximativement doublé le nombre des établissements de formation des pays_en_développement avec lesquels il collabore et ses partenaires sont maintenant au nombre de 85. Ceux-ci comprennent des instituts de formation et des universités, mais il peut s'agir aussi d'organismes de recherche ou des services de formation d'organismes d'exécution. Pendant l'exercice 87, l'IDE a substantiellement élargi l'appui apporté à ses partenaires en collaborant avec 50 d'entre eux à l'organisation de cours communs et en fournissant une aide sous d'autre formes à 52 établissements. L'IDE a continué à accroître sa production de matériels didactiques, cette activité ayant représenté environ 18% de son budget des exercices 86 et 87, contre 14% pendant les exercices 83 et 84. Ces matériels ont permis de mettre au point une douzaine de nouveaux programmes_d'_études par an. Ces ressources sont allées à raison d'environ 70% à l'élaboration de matériels concernant des questions macroéconomiques ou sectorielles. La préparation d'études de cas a beaucoup bénéficié de l'association de chercheurs respectivement originaires de pays_en_développement et de pays industriels. Neuf chercheurs africains ont ainsi collaboré à des études de cas illustrant diverses approches efficaces pour résoudre certains problèmes de développement spécifiques à l'Afrique. Pendant l'exercice 87, l'IDE a ajouté environ 32 titres à son catalogue et 25 autres sont en cours de préparation. Au cours de l'exercice 87, les activités de PIDE ont bénéficié de cofinancements représentant 4,6 millions de dollars. Les collaborateurs les plus importants sont restés le Programme des nations_unies pour le développement et le Fonds international de développement agricole. Tout en conservant des liens étroits avec d'autres organisations_internationales, notamment le Centre des nations_unies pour les établissements humains et l'Organisation mondiale de la santé, l'IDE a reçu une aide considérablement accrue d'organismes bilatéraux, dont ceux de la République fédérale d'Allemagne, de l'Australie, du Canada, de la France, de l'Irlande, du Japon, de la Norvège, des Pays-bas et du Royaume-uni. Pour évaluer à mi-parcours l'efficacité des nouvelles activités entreprises dans le cadre de son plan quinquennal, l'IDE a organisé en 1986 une série d'études sur le terrain et d'autres travaux d'évaluation. Les études sur le terrain, réalisées avec l'aide du Département de l'évaluation rétrospective des opérations de la Banque, ont comporté des échanges de vues avec plus de 700 personnes, principalement d'Afrique et de Chine, ayant antérieurement participé à des activités de l'IDE. L'Institut a soumis un rapport d'évaluation au Conseil des Administrateurs de la Banque en avril 1987. La principale conclusion en était que les activités préconisées par le plan quinquennal - formation dans le domaine des politiques générales et renforcement des institutions, surtout en Afrique subsaharienne - produisent de bons résultats. En outre, il en ressortait clairement que les échanges d'expérience auxquels donnent lieu les séminaires de politique générale ont été utiles pour les participants, les organismes et les pays, et aussi pour la Banque. *{p. 61} Les Administrateurs ont accueilli favorablement cette évaluation à mi-parcours et souhaité qu'elle guide les opérations de l'IDE jusqu'à la fin du plan et au-delà. Sans préconiser de réorientations majeures, l'évaluation suggérait pour l'IDE la possibilité d'accroître l'impact de ses activités de formation et de renforcement des institutions par divers moyens: en collaborant plus étroitement avec ses partenaires; en adaptant le contenu de ses cours et séminaires de façon à mieux répondre aux besoins spécifiques; en invitant plus souvent à ses cours non pas des individus, mais des équipes de représentants de divers pays et organismes; en établissant des liens plus étroits entre les activités organisées à divers niveaux, dans la mesure où l'efficacité de la formation offerte aux cadres moyens dépend fortement de l'intérêt des cadres supérieurs; en renforçant le suivi des activités, tant en vue d'évaluer les résultats de ses propres actions que pour épauler les participants, en particulier s'il s'agit de formateurs, lorsque, de retour dans leur pays, ils commencent à appliquer leurs nouvelles connaissances; et en appuyant l'organisation de réseaux d'instituts de formation, plutôt qu'en aidant directement des institutions particulières, afin d'amplifier l'impact des activités de l'IDE sur les capacités de formation. *{p. 62} Le programme de recherche. La banque_mondiale établit son programme de recherche en fonction de ses besoins en tant qu'institution de prêt et source de conseils de politique générale pour les pays_membres. Ses principaux objectifs sont d'approfondir la connaissance du processus du développement, de fournir de nouveaux instruments d'analyse pour l'étude des pays, des secteurs et des projets, d'établir les bases analytiques nécessaires à la définition des politiques générales et à la prise de décisions, et d'aider les pays_membres à renforcer leurs propres capacités de recherche. Conformément aux directives du Conseil de la politique de recherche, une plus grande place a été faite aux recherches axées sur les politiques générales et à l'étude de certaines questions prioritaires considérées comme très importantes pour aider la Banque dans la conduite de ses opérations et optimiser sa connaissance de l'économie des pays_en_développement. Ces thèmes prioritaires sont les suivants: les coûts et avantages des interventions de l'État; l'interaction entre incitations et institutions; l'environnement économique international; la relation entre les politiques à court_terme et le développement à long_terme; et le rôle de la planification économique et institutionnelle. L'un des principaux facteurs dont dépendent l'orientation et la qualité des recherches de la Banque est la répartition des fonds attribués par le budget central de soutien de la recherche. Pendant l'exercice 87, la Banque a approuvé l'inscription à ce budget d'environ 22 nouveaux projets. La moitié d'entre eux portent sur des questions touchant l'économie et l'État, comme le rôle et l'impact des interventions gouvernementales et les effets du cadre institutionnel sur diverses mesures prises par les pouvoirs_publics. Parmi ces projets figurent notamment les suivants: Une étude visant à analyser les effets de la réglementation du marché_du_travail sur les coûts de main-d'_oeuvre et son impact sur les résultats des exportations du secteur manufacturier des pays_en_développement; une étude des effets que les modifications récemment apportées à la législation sur la sécurité_de_l'_emploi ont exercés sur l'emploi et sur la production des secteurs manufacturiers de l'Inde et du Zimbabwe; à partir d'études de cas portant sur les mesures de privatisation récemment prises par des pays_en_développement, un projet visant à identifier les principaux obstacles à la privatisation dans les pays_en_développement comme les facteurs-clés dont dépend le succès de telles mesures; un projet visant à déterminer si la compression des dépenses_publiques aura un effet négatif sur la production et l'investissement du secteur_privé - l'objectif étant de définir une méthodologie permettant de réduire la taille des pouvoirs_publics avec le moins de répercussions négatives sur le secteur_privé; un projet visant à la fois à définir une méthodologie permettant d'évaluer les effets d'un relèvement du prix des produits alimentaires subventionnés sur divers groupes socio-économiques et à appliquer les résultats obtenus au cas du Maroc; une étude de cas entreprise au Brésil pour examiner les arbitrages qu'implique l'application de mesures de réforme des prix agricoles dans un climat d'incertitude et dans le contexte de marchés multiples; et une étude visant à examiner et à vérifier les preuves qu'une libéralisation du régime commercial entraîne des gains soit d'efficacité soit de productivité. S'agissant de l'environnement économique international, on a choisi comme modèle le secteur de la chaussure pour étudier l'ajustement d'une branche d'activité particulière aux obstacles non tarifaires. Une deuxième étude examine comment les pays_en_développement peuvent tirer parti du commerce international des services pour stimuler leur développement en exploitant leur avantage_comparatif. Un troisième projet, sous la forme d'une conférence, étudie l'évolution de la théorie de l'économie politique au cours des dix dernières années et ses répercussions sur les questions commerciales internationales. Une troisième catégorie regroupe des projets visant à étudier les relations entre les mesures macroéconomiques et la croissance. On s'accorde de plus en plus à reconnaître que, dans les pays où l'inflation est élevée, celle-ci doit d'abord être stabilisée pour assurer le succès de programmes d'ajustement_structurel. Un projet vise à examiner les problèmes liés à la lutte contre l'inflation, sur la base de l'expérience de l'Argentine, de la Bolivie, du Brésil et d'Israël. Une attention spéciale sera portée aux mécanismes par lesquels les déficits budgétaires publics, les programmes d'indexation des salaires et les politiques de taux_de_change influencent le processus inflationniste. Un autre projet analyse les interactions entre l'accroissement des apports de capitaux étrangers, l'épargne intérieure, l'investissement et la croissance, afin de déterminer les effets sur la croissance des mesures structurelles actuellement préconisées par la Banque. Un troisième projet concerne les effets des chocs macroéconomiques sur le marché_du_travail et sur la survie des entreprises du secteur moderne de la côte_d'_ivoire. Les conclusions tirées de ces recherches devraient contribuer à l'examen des programmes d'ajustement et à l'évaluation de leurs coûts. *{p. 63} Malgré les ajustements qui lui ont été apportés pour répondre à l'évolution des besoins et des préoccupations, le programme de recherche de la Banque reste axé sur la réduction de la pauvreté et nombre des projets de recherche entrepris à cet effet visent en particulier à déterminer comment intervenir efficacement pour accroître le potentiel et le revenu des pauvres, notamment en Afrique subsaharienne. En outre, deux études majeures du programme_d'_études comparatives portent directement ou indirectement sur la réduction de la pauvreté. La première concerne l'économie politique de la pauvreté, de l'équité et de la croissance et porte explicitement sur les principales questions restées sans réponse au cours des débats antérieurs sur les moyens utilisables afin d'alléger la pauvreté, à savoir: est-il possible de lutter efficacement contre la pauvreté par des mesures administratives directes visant à satisfaire les besoins essentiels de la population, ou est-il préférable que les pouvoirs_publics cherchent plutôt à accélérer la croissance à long_terme pour réduire la pauvreté? Cette étude ne préjuge pas de la faisabilité de diverses politiques distributives, mais cherche plutôt à comprendre pourquoi elles ont été adoptées, dans quels cas et avec quels résultats. Un objectif important de la deuxième étude comparative - qui porte sur les politiques macroéconomiques, les crises et la croissance à long_terme - sera de déterminer dans quelle mesure et pour quelles raisons les ajustements opérés par les gouvernements en réponse aux crises périodiques consistent à réduire les dépenses propres à améliorer la productivité des pauvres. A l'achèvement des projets de recherche, leurs résultats sont diffusés sous diverses formes: parution d'articles dans des revues spécialisées et publication de livres, par la banque_mondiale elle-même ou par des éditeurs indépendants (comme dans le cas, respectivement, des Documents de synthèse de la banque_mondiale et du Rapport sur le développement dans le monde). La Banque publie deux revues spécialisées qui constituent le principal moyen de diffusion de ses recherches: The World Bank Economic Review (trois numéros par an) et The World Bank Research Observer (deux numéros par an). Un bulletin trimestriel, Research News, donne des renseignements sur les nouvelles initiatives en matière de recherche et sur les principales conclusions des projets. De plus, tous les projets de recherche en cours sont mis à jour annuellement dans une publication intitulée Abstracts of Current Studies. *{p. 64} Assistance technique. Face à la détérioration persistante de la situation économique d'un grand nombre de pays_membres et en réponse aux préoccupations accrues suscitées par le coût et l'efficacité de ce type d'aide, la Banque a continué pendant l'année civile 1986 à privilégier l'assistance technique destinée au renforcement des institutions et à la fourniture de conseils sur les politiques macroéconomiques. De plus, afin de contenir les coûts, elle a mis au point une nouvelle politique de rémunération qui permet de réduire, d'un pourcentage allant jusqu'à 10%, le coût du personnel détaché. Elle s'est également efforcée d'encourager le recours à de nouvelles formes d'assistance technique d'un coût moins élevé, comme l'emploi de volontaires, d'organisations_non_gouvernementales, de cadres retraités, et d'accords de jumelage. Malgré la diminution enregistrée par rapport à 1985, les services d'assistance technique financés par la Banque à titre de composantes de prêts ou de crédits accordés à d'autres fins sont restés le principal élément de l'assistance technique financée par la Banque. En 1986, les composantes assistance technique incorporées à de plus vastes projets ont totalisé 1,051,7 millions de dollars, répartis entre 183 opérations, contre 1,345,2 millions de dollars répartis entre 229 opérations en 1985. En pourcentage du total, certains secteurs ont bénéficié d'une augmentation par rapport à 1985: l'agriculture et le développement_rural, l'alimentation en eau et l'assainissement, le développement et le financement de l'industrie, l'électricité, l'aide hors-projet, les télécommunications, les transports, et l'urbanisme tandis que d'autres ont vu leur part diminuer: l'éducation, l'énergie et le secteur population, santé et nutrition. *{p. 68} } L'année 1986 a été marquée par une augmentation sensible des sommes affectées par la Banque au financement de prêts et de crédits exclusivement destinés à la fourniture d'assistance technique et à l'octroi d'avances au titre du mécanisme de financement de la préparation des projets. Le nombre des projets exécutés par la Banque avec un financement du Programme des nations_unies pour le développement (PNUD) a de même augmenté. Onze prêts et crédits exclusivement destinés au financement de services d'assistance technique ont été approuvés, pour un total de 136,9 millions de dollars, contre dix prêts et crédits totalisant 69,7 millions de dollars en 1985. Les bénéficiaires de ces opérations ont été l'Argentine (18,5 millions de dollars), le Botswana (7,6 millions de dollars), le Brésil (29 millions de dollars), la Chine (20 millions de dollars), la République populaire du Congo (4 millions de dollars), le Kenya (11,5 millions de dollars et 6 millions de dollars), Madagascar (10 millions de dollars et 10,3 millions de dollars), la République arabe du Yémen (12 millions de dollars) et la Zambie (8 millions de dollars). Le mécanisme de financement de la préparation des projets avance les fonds nécessaires à l'achèvement de la mise au point d'un projet et au démarrage de son exécution avant l'entrée en vigueur du prêt ou du crédit devant le financer. Au cours de l'exercice, 71 avances (d'un montant global de 49,2 millions de dollars) ont été accordées, contre 45 avances représentant 26,8 millions de dollars en 1985. Environ 20% des avances octroyées en 1986 sont allées à des projets d'assistance technique. En 1985, la Banque a créé un mécanisme spécial de financement de la préparation des projets pour aider les pays_membres d'Afrique subsaharienne ayant droit à des crédits de FIDA à financer certaines activités de préparation (y compris l'élaboration de propositions dont le financement sera demandé à d'autres donateurs) qui ne peuvent être financées par d'autres ressources. Les avances consenties au titre de ce mécanisme spécial constituent un don et le remboursement n'est demandé que si les activités ainsi financées débouchent, dans les cinq ans suivant l'approbation de l'avance, sur la mise au point d'un projet appuyé par la Banque. En 1986, dix-neuf avances (d'un montant global de 5 millions de dollars) ont été approuvées contre treize avances représentant 3,1 millions de dollars en 1985. La Banque continue à assurer l'exécution de projets financés par le PNUD. Celui-ci ayant entamé son quatrième cycle de programmation quinquennale, le nombre des projets approuvés par le PNUD et devant être exécutés par la Banque est passé à 68, pour un montant total de 51 millions de dollars, contre 40 projets représentant 15,5 millions de dollars en 1985. Les opérations approuvées en 1986 sont allées principalement au secteur de l'agriculture et du développement_rural et à celui de l'énergie (environ 30% chacun) et à la planification (environ 20%). A la fin de 1986, le nombre des projets en cours était de 150, totalisant 218,5 millions de dollars, contre 117 projets représentant 170,6 millions de dollars le 31 décembre 1985. Parmi les nouveaux projets financés par le PNUD pour lesquels la Banque a été choisie comme agent d'exécution, les principaux concernent notamment: la gestion et la planification de l'investissement dans le secteur de l'alimentation en eau et de l'assainissement en Éthiopie; des études sur la réforme des entreprises_publiques au Zaïre; l'apport d'une aide au Tchad dans le domaine de la planification; des études en vue de la planification de la mise en valeur de cours d'eau au Sénégal; la gestion économique en Chine, et un projet global (regroupant de nombreux sous-projets) pour ce même pays; le soutien de consultants pour un projet de gaz, au Bangladesh, auquel contribue la Banque; le renforcement de la capacité de planification et de conception du secteur de l'irrigation au Népal; l'amélioration des systèmes de distribution d'eau en Égypte; et des projets interrégionaux et mondiaux en vue de l'évaluation de pompes éoliennes et d'appareils de gazéification de la biomasse. Assistance technique remboursable. La coopération technique que la Banque fournit aux pays arabes producteurs de pétrole à excédent de capitaux est remboursable lorsque le programme annuel dépasse une année de services (comme dans le cas de l'Arabie saoudite, du Koweït et d'Oman); elle ne l'est pas lorsqu'il s'agit d'une aide spéciale pour des programmes ne représentant pas plus d'une année de travail comme dans le cas de Bahreïn et des Émirats arabes unis. Pendant l'exercice 87, la Banque a fourni environ 23 hommes-années d'assistance technique remboursable. L'assistance technique remboursable fournie à l'Arabie saoudite a représenté environ 19 hommes-années, soit environ 82% des services remboursables fournis pendant l'exercice 87. L'assistance technique remboursable fournie au Koweït a représenté environ deux hommes-années et servi à la préparation d'un plan pour la mise en place d'un système de contrôle et de suivi et pour la planification du développement des ressources_humaines. L'aide reçue par Oman a correspondu à environ deux hommes-années, y compris les services d'experts envoyés sur place, principalement en vue de la création d'un département de planification de la main-d'_oeuvre au Ministère des affaires_sociales et du travail et de l'élaboration d'un modèle de projection de la main-d'_oeuvre. La Banque a fourni une assistance technique non remboursable à Bahreïn pour la réalisation d'une enquête sur le secteur du logement et aux Émirats arabes unis pour une étude du développement_économique.