*{Rapport annuel, 1991, Banque mondiale} Aperçu des activités de la banque_mondiale durant l'exercice 91. Plus d'un milliard d'êtres_humains - soit environ un tiers de la population totale des pays_en_développement - vivent en état de pauvreté. Malgré un certain progrès, mesuré d'après la consommation globale par habitant, et les améliorations enregistrées (dans certains pays) par les indicateurs sociaux, la pauvreté a gagné du terrain dans beaucoup de pays durant les années 80. Au cours de l'exercice 91, la Banque a adopté une stratégie d'ensemble à long_terme pour faire face au problème durable que représente la lutte contre la pauvreté. Grâce à cette stratégie, qui a été conçue pour faire en sorte que les pauvres contribuent à la croissance et en tirent profit, la Banque pourra s'assurer que tous ses programmes_d'_aide visent clairement à combattre la pauvreté. L'exercice 91 a été également marqué par d'autres épreuves exceptionnelles pour la Banque. L'institution a dû réagir rapidement aux événements qui se sont produits dans le Golfe à partir d'août 1990 et qui compromettaient les perspectives de développement de nombreux pays du monde entier. Il lui a fallu également répondre aux besoins croissants de conseils et de ressources financières des pays de l'Europe centrale et orientale qui sont en train de passer de l'économie dirigée à une économie_de_marché. En même temps, les problèmes plus anciens concernant notamment le développement des pays de l'Afrique subsaharienne; la nécessité de tenir en échec la dégradation de l'environnement aux niveaux national, régional et mondial; l'allégement du fardeau de la dette pesant sur de nombreux pays et l'action en faveur du développement du secteur_privé ont continué à dominer les différents aspects du programme de la Banque. La lutte contre la pauvreté reste le principal axe des travaux de la Banque. La stratégie de lutte contre la pauvreté adoptée au cours de l'année intègre pleinement une approche à deux composantes pour combattre la pauvreté dans les opérations de la Banque. Le premier volet de cette stratégie consiste à promouvoir une croissance_économique générale en mettant à profit ce que les pauvres ont de plus abondant: leur main-d'_oeuvre. Le second exige des investissements dans les services_sociaux - en particulier dans l'enseignement de base et les soins_de_santé primaires, le planning familial et la nutrition -pour améliorer les conditions_de_vie et accroître la capacité de réponse des populations pauvres aux possibilités de gagner des revenus découlant de la croissance_économique. Certaines personnes - par exemple les vieillards et les infirmes - ne pourront pas profiter de ces nouvelles possibilités. D'autres encore, qui pourront en profiter, n'auront cependant pas suffisamment de revenus pour pourvoir à leurs besoins essentiels, ou resteront vulnérables à toute diminution de leurs revenus causée par certaines circonstances telles qu'une sécheresse ou la perte du soutien de famille. Pour aider ces groupes de population, l'approche à deux composantes doit être assortie d'un système de transferts ou de filets de sécurité. L'octroi de prêts pour les services_sociaux - si essentiel à la stratégie de lutte contre la pauvreté - a poursuivi son accroissement spectaculaire au cours de l'exercice. L'exercice 90 avait été le premier où le volume des prêts à l'éducation avait dépassé 1 milliard de dollars. Au cours de l'exercice 91, les engagements de la Banque dans 26 projets d'éducation ont poursuivi leur progression, atteignant 2,252 millions de dollars. Le volume des prêts à des projets de population, de santé et de nutrition (PSN), qui avait été en moyenne de 205 millions de dollars par an au cours des cinq années (exercices 83-87) qui ont précédé l'annonce, par le Président de la Banque, de sa décision de le doubler, s'est élevé à 1,568 millions de dollars répartis entre 28 projets au cours de l'exercice 91. L'éclatement de la crise du Golfe a fait peser sur les programmes de la Banque de graves incertitudes liées aux prix du pétrole, au risque de détournement de ressources financières et aux travaux de reconstruction à la suite des ravages laissés par la guerre. Néanmoins, la réponse de la Banque à la crise ne s'est pas fait attendre: un programme_d'_aide supplémentaire (1 milliard de dollars de la BIRD et 314 millions de droits de tirage spéciaux (DTS) de l'IDA pour l'exercice 91), a été mis en place pendant l'exercice en faveur d'un grand nombre des pays qui, déjà emprunteurs de la Banque, étaient le plus touchés par la crise du fait des pertes enregistrées sur les envois de fonds des travailleurs immigrés, du manque à gagner sur le revenu des services et de la hausse des prix du pétrole. *{p. 11} La Banque a également fait face à l'accroissement des besoins de ses nouveaux pays_membres, en particulier des pays d'europe_de_l'_est et d'Europe centrale. Au cours de l'exercice 91, le volume des prêts aux pays européens ayant entrepris des réformes a augmenté de 1,098 millions de dollars par rapport au total de l'exercice précédent atteignant ainsi le chiffre de 2,937 millions de dollars. La Banque mène aujourd'hui activement un programme de prêts et d'études économiques et sectorielles dans tous les pays d'europe_de_l'_est et d'Europe centrale, à l'exception de l'Albanie. L'Albanie a demandé à adhérer à la Banque et au fonds_monétaire_international en janvier 1991, et une première mission exploratoire a été entreprise (voir Encadré ci-dessus). La continuité de l'aide aux pays à faible revenu d'Afrique subsaharienne ayant entrepris des programmes d'ajustement a été garantie par le lancement de la seconde phase du Programme spécial d'assistance (PSA II). Pour cette seconde phase, qui porte sur les trois années civiles 1991-93, 18 donateurs se sont engagés à fournir 7,4 milliards de dollars de cofinancement et de financement coordonné à l'appui des programmes d'ajustement de ces pays. Pendant cette même période, les engagements de l'IDA devraient atteindre près de 3 milliards de dollars. En février 1991 a été lancée l'Initiative pour le renforcement des capacités en Afrique (IRCA). Coparrainée par la Banque, le Programme des nations_unies pour le développement (PNUD) et la Banque africaine de développement, l'IRCA a pour objectif de renforcer les capacités humaines et institutionnelles locales d'analyse et de gestion économiques. La Banque a continué d'élargir sa participation aux activités susceptibles de profiter aux femmes et de libérer leurs possibilités de contribution au processus de développement. Environ 40% des projets approuvés par la Banque au cours de l'exercice comprenaient des recommandations spécifiques de mesures visant à intégrer les femmes au processus de développement. Au cours des exercices 88, 89 et 90, les pourcentages correspondants étaient respectivement de 11, 22 et 30%. Les activités opérationnelles qui contribuent à améliorer la condition_des_femmes visent non seulement à réduire l'incidence de la pauvreté, mais aussi à favoriser la croissance_économique nationale, car les femmes apportent une importante contribution à la production nationale. En outre, ces programmes permettent de ralentir l'accroissement de la population et d'atténuer ainsi les pressions qui s'exercent sur l'environnement. Les considérations d'environnement sont désormais examinées et prises en compte systématiquement dans les activités de la Banque. Outre 14 projets aux objectifs essentiellement écologiques, près de 40% des projets approuvés au cours de l'exercice 91 avaient d'importantes composantes environnement (sans compter les projets dont les coûts ou avantages pour l'environnement représentent moins de 10% de leurs coûts ou avantages totaux). Cette année, la Banque a mis au point un manuel de 800 pages réunissant en un seul ouvrage toutes les stratégies et directives de la Banque à l'égard de l'environnement. Tous les secteurs pertinents et tous les types de projets pouvant avoir des effets importants sur l'environnement y sont traités, et tout particulièrement les grands projets d'infrastructure. *{p. 12} En novembre 1990 a été créé le Fonds pour la protection de l'environnement, qui doit être administré conjointement par la Banque, le PNUD et le Programme des nations_unies pour l'environnement. Ce programme pilote de trois ans, qui commencera avec un volume d'engagements d'environ 1,5 milliard de dollars, a pour objectif d'apporter une contribution financière au financement de programmes et de projets dans quatre domaines dans les pays_en_développement: la protection de la couche d'ozone, de la biodiversité et des eaux internationales, et la limitation des émissions de gaz entraînant un effet de serre. Ces projets seront conçus de manière à établir une claire distinction entre les opérations de ce fonds et les programmes et projets de développement classiques. A la fin de l'exercice, 21 pays (dont huit pays_en_développement) avaient apporté une contribution totale d'environ 871 millions de dollars aux ressources de base de ce fonds. L'exercice 91 a été également marqué par la poursuite de l'aide de la Banque à un programme de remboursement et d'allégement de la dette. L'octroi d'un prêt de 65 millions de dollars spécialement conçu à cet effet a été approuvé pour aider à rembourser à l'Uruguay a) une partie des coûts de rachat en espèces de sa dette et b) une partie des coûts de rachat de la garantie d'intérêt liée à l'émission d'obligations au pair résultant de la conversion d'une partie de la dette du pays. Le Venezuela a reçu 150 millions de dollars à titre de soutien pour ses paiements d'intérêts, qu'il utilisera pour acheter une partie de la garantie liée à son émission d'obligations au pair. Ce soutien à ses paiements d'intérêts, ainsi que les mesures qui l'accompagnent, aidera le pays à honorer ses engagements, c'est-à-dire à réduire sa dette et le service de celle-ci auprès des banques commerciales. Le Fonds de désendettement des pays exclusivement IDA a été utilisé pour la première fois au cours de l'année pour l'octroi de dons de 10 millions de dollars chacun au Niger et au Mozambique. Avec des contributions de la France et de la Suisse, le don au Niger a permis d'éliminer pratiquement en totalité la dette de ce pays envers les banques commerciales. Le don au Mozambique, ajouté à des contributions, qui pourront atteindre 12,87 millions de dollars de la France, des Pays-bas, de la Suède et de la Suisse, devrait suffire au rachat de l'ensemble de la dette admissible du pays. Le renforcement des interventions de la Banque à l'appui du développement du secteur_privé s'est poursuivi. Durant l'exercice 91, les responsabilités et le rôle de chaque membre du Groupe de la banque_mondiale dans l'exécution du plan d'action pour le développement du secteur_privé qui avait été adopté en 1989 ont été définis plus clairement; des procédures améliorées ont été introduites dans la coopération entre la Banque, la Société financière internationale (SFI) et l'Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI); un programme d'évaluation du secteur_privé par pays, qui servira de base à la stratégie et au programme de travail de la Banque pour le développement du secteur_privé, a été lancé; et dans toute la Banque, des services ont été restructurés et étoffés et ont été dotés du personnel nécessaire pour pouvoir assumer la responsabilité supplémentaire de l'appui au développement du secteur_privé. *{p. 13} Le volume total des engagements de la banque_mondiale au cours de l'exercice 91 s'est élevé à 22,685,5 millions de dollars: 16,392,2 millions de dollars de la BIRD et 6,293,3 millions de dollars de l'IDA (voir Tableau page 13). Malgré les perturbations causées aux activités opérationnelles par la crise du Golfe, les engagements de la BIRD ont augmenté de 1,212,5 millions de dollars par rapport à l'exercice 90. Les engagements de l'IDA ont dépassé de 771,3 millions de dollars le chiffre record de 5,5 milliards de dollars de l'exercice 90. L'aide de la banque_mondiale aux pays les plus pauvres - c'est-à-dire dont le PNB par habitant a été égal ou inférieur à 580 dollars - s'est élevée au total à 9,355 millions de dollars: 4,025 millions de dollars provenant de la BIRD et 5,329 millions de dollars provenant de l'IDA (voir Graphique ci-dessus). Le volume des prêts à l'ajustement s'est élevé à 5,886,4 millions de dollars, soit à 26% du total des engagements. Sur ce montant, 215 millions de dollars ont été alloués à une aide à l'Uruguay et au Venezuela pour la réduction de leur dette et de son service. Les 5,671,4 millions de dollars de prêts à l'ajustement_structurel ou sectoriel représentent un accroissement de 1,703 millions de dollars par rapport à l'exercice 90 (voir Tableau page 15). Cette progression est due principalement à l'accroissement du volume des prêts à l'ajustement aux pays d'europe_de_l'_est et d'Europe centrale. *{p. 14} Les décaissements nets de la BIRD à ses pays_membres sont tombés à 2,1 milliards de dollars, ce qui représente une baisse de 63% par rapport au total de 5,7 milliards de dollars de l'exercice précédent. Cette baisse est le résultat direct de la diminution des décaissements bruts causée en partie par le fléchissement observé pendant l'exercice de l'appui de la Banque aux opérations de réduction de la dette et de son service. En outre, un fort pourcentage du volume des prêts à l'ajustement a été engagé dans le dernier mois de l'exercice; les décaissements relatifs à ces opérations interviendront au début de l'exercice 92. Les décaissements nets de l'IDA ont enregistré une hausse de 646 millions de dollars, atteignant 4,3 milliards de dollars. La BIRD a emprunté l'équivalent de 10,9 milliards de dollars sur les marchés financiers mondiaux. Le revenu net s'est élevé à 1,200 millions de dollars. Le 13 juillet 1990, la République du Yémen est devenue membre de la BI RD et de l'IDA à la suite de la fusion de la République arabe du Yémen et de la République démocratique populaire du Yémen. La Tchécoslovaquie a réintégré la BIRD et est devenue membre de l'IDA le 20 septembre 1990. La Bulgarie et la Namibie ont adhéré à la BIRD le 25 septembre 1990. La Mongolie a adhéré à la BIRD et à FIDA le 14 février 1991. Cela porte le nombre total des membres de la BIRD à 155 et de l'IDA à 139. A la fin de l'exercice, les demandes d'adhésion de l'Albanie et de la Suisse à la BIRD et à FIDA et du Portugal à l'IDA étaient à l'étude. *{p. 16} Encadré: La Banque en train de devenir une véritable institution mondiale. L'idée des fondateurs de la Banque était de créer une institution véritablement mondiale dont toutes les nations seraient à terme membres. Toutefois, peu après les réunions de bretton_woods, ils se sont rendu compte que l'esprit de coopération_internationale avait laissé la place à une scission idéologique qui s'étendait à la structure des systèmes économiques, L'union_soviétique, qui avait pourtant envoyé des délégués à bretton_woods, n'est pas devenue membre fondateur de la Banque. Ceux de ses pays satellites qui en étaient membres à l'origine s'en sont rapidement retirés. Sur les 45 membres fondateurs de 1947, 32 étaient des pays d'Europe ou d'amérique_latine. Au cours des dix années qui ont suivi, ils ont été rejoints par de nombreux pays d'Asie et, en 1967, après l'afflux de nations nouvellement indépendantes d'Afrique, le nombre des membres de l'institution s'élevait à 106. Aujourd'hui, 155 pays sont membres de la Banque, et seuls cinq pays comptant une population de plus de 3 millions d'habitants n'appartiennent pas à l'institution: l'Albanie, Cuba (qui s'en est retiré en 1960), la République populaire démocratique de Corée, la Suisse et l'union_soviétique. Parmi ceux-ci, l'Albanie et la Suisse ont présenté une demande d'adhésion. Les événements de l'année écoulée ont considérablement rapproché la Banque de l'image qu'avaient ses membres fondateurs d'une économie planétaire et d'une institution mondiale, avec l'évolution rapide des pays d'Europe centrale et orientale et des autres économies planifiées vers des régimes d'économie_de_marché. Ces pays, qui ont grand besoin d'assistance financière et technique pour réussir leur transformation, se sont tournés vers la Banque. Toutefois, la persistance des conflits régionaux donne une nouvelle signification à la mission initiale d'institution de reconstruction et de développement qui avait été confiée à la Banque au lendemain de la guerre. La difficulté sera pour l'institution de répondre aux exigences de plus en plus nombreuses et complexes d'une liste de membres qui regroupent à présent presque tous les pays du monde. Fin de l'encadré. *{p. 12} Chapitre deux: La scène économique: vue d'ensemble. A bien des égards, 1990 a été une mauvaise année pour l'économie mondiale. Il semble que le ralentissement très prononcé de l'activité économique dans les principaux pays industriels et l'amorce d'une récession en amérique_du_nord et au Royaume-uni aient marqué, en 1990-91, la fin de la phase d'expansion continue la plus longue enregistrée dans les pays industriels depuis la seconde guerre mondiale. La croissance du volume mondial des échanges, qui s'était déjà ralentie, passant de 9% en 1988 à 7,5% en 1989, a poursuivi sa décélération en 1990, n'atteignant alors que 5%. En outre, la tendance à la baisse du prix du pétrole qui s'était manifestée pendant la majeure partie des années 80 a pris fin brutalement du fait de la crise du Golfe consécutive à l'invasion du Koweït par l'Irak. Parmi les autres traits marquants de l'évolution enregistrée pendant l'année écoulée on peut citer les incertitudes qui continuent d'entourer l'issue des négociations commerciales multilatérales de l'Uruguay Round, menées sous les auspices de l'accord_général sur les tarifs douaniers et le commerce, et l'instabilité provoquée en Asie occidentale par la guerre du Golfe. Cependant, le bilan de 1990 comporte également d'autres aspects; on relève certains signes encourageants: l'action concertée qu'un certain nombre de pays, malgré leurs disparités économiques, ont menée pour régler la crise du Golfe marque leur volonté_commune d'instaurer un ordre politique international stable; la réforme économique s'est accélérée et approfondie dans tous les pays de l'europe_de_l'_est et de l'Europe centrale, y compris en Albanie, pays qui a présenté une demande d'adhésion à la Banque; les niveaux de croissance sont restés élevés dans les pays_en_développement d'Asie; certaines preuves tangibles montrent que le processus de réforme économique commence à porter ses fruits dans les pays à faible revenu de l'Afrique subsaharienne; les élections qui se sont déroulées sans incident de part et d'autre de l'ancienne ligne de partage du pays ont achevé le processus de réunification de l'Allemagne; enfin, il semble qu'en dépit de la crise du Golfe les superpuissances continueront probablement de réduire leurs dépenses militaires. Les principaux pays industriels. Durant la majeure partie de la dernière décennie, l'expansion économique des sept principaux pays industriels (pays du Groupe des Sept), s'était faite de façon à peu près synchrone. Cette expansion concertée ayant entraîné un accroissement de la demande de main-d'_oeuvre et de crédit, une tendance à la reprise de l'inflation et à la hausse des taux_d'_intérêt a commencé de se manifester vers le milieu de la décennie. Il est possible cependant que ce synchronisme des cycles de l'activité économique dans les pays du Groupe des Sept ait pris fin: les données préliminaires dont on dispose pour 1990 indiquent en effet que des tendances cycliques divergentes se sont manifestées dans ces pays en 1990 (Tableau 2-1). Au Canada, aux États-unis et au Royaume Uni, l'activité économique, à en juger par la croissance de leur produit_intérieur_brut (PIB) réel, s'est nettement ralentie en 1990: le taux_de_croissance a été inférieur à 1% en valeur réelle dans les trois pays (alors qu'il se situait entre 1,9% et 3% en 1989). Le Royaume-uni et le Canada sont incontestablement entrés dans une phase de récession dès le second semestre, et il semble qu'une récession se soit aussi amorcée aux États-unis vers la fin de l'année. La France et l'Italie ont enregistré en 1990 une croissance modérée, mais les indicateurs de l'activité économique dénotent un certain ralentissement de la croissance dans ces deux pays. En Allemagne et au Japon, en revanche, la croissance est restée soutenue et la demande de produits importés, très forte: la croissance a été supérieure à 4% en Allemagne et à 5% au Japon. La réunification de l'Allemagne, la guerre du Golfe et des politiques monétaires divergentes expliquent peut-être en partie ces différences. Cependant, un facteur, commun à tous les pays du Groupe des Sept, a influé sur leurs résultats économiques: la persistance de taux_d'_intérêt réels relativement élevés (voir Graphiques 2-1 et 2-2). L'accroissement cyclique normal de la demande de crédit s'est trouvé renforcé par le déficit des finances_publiques des États-unis et le fait que le budget_de_l'_état allemand est devenu fortement déficitaire à la suite de la réunification. De nombreux pays du Groupe des Sept ont suivi une politique monétaire visant à contrer ou à prévenir la reprise de l'inflation et à limiter la croissance du crédit. *{p. 25} Au Canada et aux États-unis, la hausse des taux_d'_intérêt réels a alourdi les charges afférentes au service des dettes accumulées pendant la période d'expansion économique, d'où une réduction des marges bénéficiaires, et donc des investissements. La croissance de l'offre de crédit aux États-unis a probablement été freinée par la crise des établissements d'épargne et de crédit et par les difficultés que traversent les banques commerciales du fait de la qualité douteuse de certaines de leurs créances et de leur capitalisation insuffisante. En Allemagne, les fortes ponctions opérées par l'État sur le marché du crédit et une politique de contraction monétaire ont contribué à la hausse des taux_d'_intérêt, hausse qui n'a pas empêché la croissance de s'accélérer dans les Länder de l'ancienne RFA. En revanche, le processus d'ajustement amorcé dans les Länder de l'ancienne Allemagne de l'Est s'avère difficile (voir Encadré 2-1). Le gouvernement japonais a eu recours à la politique monétaire pour freiner la hausse des prix et contrer l'emballement de certains marchés spéculatifs. Il n'empêche que le Japon a obtenu en 1990 des résultats supérieurs à ceux de la majeure partie des années 80, enregistrant un taux_de_croissance supérieur à ceux de tous les autres pays du Groupe des Sept. Cette croissance soutenue a été rendue possible par la poursuite d'une politique d'expansion de la demande intérieure et par une forte progression des investissements. Le fait que la croissance a été plus rapide au Japon et en Allemagne qu'aux États-unis a contribué à atténuer des déséquilibres des paiements courants qui persistaient depuis longtemps (voir Tableau 2-2). Cette évolution s'est trouvée renforcée par l'accent mis au Japon sur l'expansion de la demande intérieure et par la réunification de l'Allemagne; d'autre part, le taux_de_change effectif du dollar a accusé une baisse de 6,5% pendant l'année civile 1990 qui, s'ajoutant aux dépréciations antérieures, a aussi contribué à réduire les déséquilibres en rendant les biens et services des États-unis plus compétitifs sur les marchés d'exportation. La crise du Golfe n'est pas la principale explication du comportement de l'économie des pays du Groupe des Sept en 1990. Il se peut aussi que la flambée du prix du pétrole qui a suivi l'invasion du Koweït ait contribué au ralentissement des investissements dans la plupart des pays du Groupe des Sept en entamant les marges bénéficiaires. Il est possible en outre que la crise ait freiné la consommation en ébranlant la confiance des consommateurs et par ses répercussions sur les revenus réels. *{p. 26} Pays à revenu faible et intermédiaire. Pour les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, le taux_de_croissance globale n'a été en 1990 que de 2,3%, taux très inférieur à ceux, déjà faibles, enregistrés les années précédentes (voir Tableau 2-3). Pour mesurer à quel point ce résultat est décevant, il faut se souvenir que les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire n'avaient pas enregistré un taux_de_croissance aussi faible depuis 1982, et qu'il faut remonter à 1966 et 1967, deux années marquées par une récession en Chine comme en Inde, pour trouver un autre cas où la croissance a été plus faible dans ces pays que dans les pays industriels. La chute des revenus s'est accompagnée d'une forte réduction de la consommation et des investissements en europe_de_l'_est et en Europe centrale; en amérique_latine, en particulier au Brésil, le taux d'investissement a été très faible; en Afrique subsaharienne, la consommation par habitant a régressé par rapport à l'année précédente; en Chine, enfin, un coup de frein a été volontairement donné à l'activité économique. Toutes les régions se sont, à des degrés divers, ressenties de la crise du Golfe (voir Encadré 2-2). *{p. 28-29} Dans les différentes régions, les résultats économiques des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire cadrent pour l'essentiel avec le tableau d'ensemble; la croissance a été plus lente en 1990 que l'année précédente dans toutes les régions, sauf l'Asie de l'Est. A la fin du premier semestre, on pouvait encore espérer que, pour la troisième aimée consécutive, l'Afrique subsaharienne enregistrerait une accélération de sa croissance_économique. Mais la flambée imprévue du prix du pétrole au cours du second semestre a freiné la croissance de la majorité des pays africains importateurs de pétrole. Le Nigeria, en revanche, a nettement profité en 1990 de l'amélioration des termes de l'échange. Selon les estimations préliminaires dont on dispose actuellement, le taux_de_croissance de l'Afrique subsaharienne a été de l'ordre de 1, 1% pour l'ensemble de l'année; si l'on tient compte de l'accroissement démographique, ce taux correspond en fait à une régression de 2,1%. Les taux d'investissement et d'épargne ont été très faibles également en 1990 (15,8% et 12,8% du PIB, respectivement; voir le Tableau 2-4). Ainsi, les chances de voir l'Afrique subsaharienne suivre le scénario à long_terme envisagé par la banque_mondiale (parvenir à un taux_de_croissance d'au moins 5% qui se maintiendrait jusqu'à la fin de la décennie) semblent bien compromises . Néanmoins, les pays bénéficiaires du programme spécial d'assistance à l'Afrique, qui se sont lancés dans des réformes, ont enregistré pour la deuxième année consécutive une croissance réelle de leur revenu par habitant, ce qui montre que le fait d'être acquis à l'ajustement peut stimuler la croissance, même en des temps difficiles. En 1990, les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire d'Asie ont enregistré un taux global de croissance un peu plus élevé que celui de 1989. La Chine a cherché à enrayer la surchauffe de son économie en freinant la demande d'investissements, mais la croissance inférieure à la moyenne enregistrée dans ce pays a été contrebalancée par la forte progression de l'Indonésie, de la Malaisie et de la Thaïlande. Il est probable que ces tendances subsisteront à court_terme. L'Inde a enregistré en 1990 une croissance régulière, et on prévoit qu'il continue d'en être ainsi dans le proche avenir (pourvu que les conditions météorologiques restent favorables); cependant, il faut s'attendre à ce que la croissance de l'économie indienne se ressente de la forte réduction des importations rendue nécessaire par une pénurie de devises. Les difficultés financières de l'Inde ne sont pas dues seulement aux effets passagers de la crise du Golfe; elles tiennent aussi à un très lourd endettement, à des réserves très insuffisantes et à l'accroissement du déficit du budget_de_l'_état. En outre, les incertitudes de la situation politique actuelle sont loin de faciliter l'indispensable réforme des finances_publiques. La croissance a été faible en 1990 dans plusieurs pays d'Asie, dont le Bangladesh, le Pakistan, les Philippines et Sri Lanka. Ces pays se sont ressentis de la crise du Golfe: leurs importations ont renchéri, leurs exportations ont diminué, de même que les rentrées que représentent les envois de fonds des travailleurs émigrés, et ils ont dû faire face au coût de la réinstallation de ceux de ces travailleurs contraints de rentrer. Des problèmes politiques internes, ainsi que des catastrophes naturelles (aux Philippines), ont aussi freiné leur croissance_économique. *{p. 30} Dans la région comprenant l'Europe, le Moyen-orient et l'Afrique du Nord, en 1990, la croissance a été presque nulle. Le taux_de_croissance par habitant a été négatif (-1,3%). Cependant, ce résultat global tient à des facteurs et à des événements très divers. Plusieurs pays du Moyen-orient ont été directement touchés par la crise du Golfe. Outre qu'ils ont subi les conséquences mentionnées plus haut, ils ont enregistré un manque à gagner du fait de la contraction du tourisme et de la réduction des redevances de transit qu'ils perçoivent sur le pétrole acheminé par leur territoire. L'Égypte et la Turquie ont certes enregistré en 1990 une baisse d'activité économique due en partie à la crise du Golfe, mais leurs perspectives de redressement à court_terme sont bonnes: l'Égypte a bénéficié d'un allégement substantiel de sa dette et elle a entrepris un ambitieux programme de réformes_structurelles; la Turquie, pour sa part, recevra selon toute probabilité de très substantiels dédommagements, et elle devrait pouvoir emprunter davantage à des banques commerciales. La Jordanie qui, tout comme l'Égypte et la Turquie, a subi à certains égards les dommages les plus importants, reçoit elle aussi une aide, mais elle aura sans doute besoin d'apports beaucoup plus substantiels. Les pays du Maghreb ont poursuivi leur progression en 1990. La hausse du prix du pétrole a permis à l'Algérie d'améliorer sa situation financière; malgré les effets de la hausse des prix du pétrole, du manque à gagner sur les revenus du tourisme et de la contraction des envois de fonds des travailleurs émigrés causés par la crise du Golfe, les économies marocaine et tunisienne ont obtenu de bons résultats. Le Maroc a même été en mesure de rééchelonner sa dette. Dans les pays européens de la région - surtout en Bulgarie, en Pologne, en Roumanie et en Yougoslavie, mais aussi en Hongrie et en Tchécoslovaquie - , l'activité économique a régressé sous l'effet de plusieurs facteurs, tant internes qu'externes. Les facteurs internes tiennent principalement aux bouleversements caractéristiques de la période transitoire, mais qui pourrait être longue, que traversent ces pays alors qu'ils s'efforcent de restructurer leur système_économique en l'orientant davantage vers un régime d'économie_de_marché. Les facteurs externes, outre les répercussions de la crise du Golfe, sont notamment le déclin du commerce régional, le développement des échanges en monnaies convertibles et le fléchissement de la production et des exportations de pétrole de l'union_soviétique. *{p. 31} La Hongrie, la Pologne et la Yougoslavie ont entrepris de vastes programmes de stabilisation. La Pologne a opté pour un "traitement de choc", qui a provoqué une forte baisse de son PIB. Elle a obtenu de donateurs bilatéraux un allégement substantiel de sa dette et devrait bientôt connaître des jours meilleurs. En Yougoslavie, il faudra attendre, pour que s'opère un véritable redressement économique, que soient résolues les difficultés politiques. Dans tous les pays de ce groupe, on se rend de plus en plus compte que le passage à l'économie_de_marché est lié impérativement à la mise en place d'institutions juridiques et financières efficaces. Le PIB a aussi marqué le pas dans les pays d'amérique_latine et des Caraïbes, et la région a enregistré un taux_de_croissance par habitant fortement négatif. Pourtant, elle a été la seule, en 1990, pour laquelle le flux de ressources a été positif. La situation économique de l'Argentine, du Brésil et du Pérou est restée précaire, l'année ayant été particulièrement désastreuse pour le Brésil et le Pérou du fait d'une détérioration grave et brutale des termes de l'échange. Le cas de ces deux pays illustre la nécessité de réduire l'encours de la dette sans attendre que l'adhésion politique à un programme de réformes_structurelles viable ne soit encore plus gravement compromise. Pour le Chili, en dépit d'une forte décélération de la croissance qui, après avoir atteint un niveau record d'environ 10% en 1989, s'est chiffrée à 1,8% seulement en 1990, on s'attend pour les années à venir à une croissance soutenue au rythme respectable de 4 à 5% par an. Le taux_de_croissance de 3,4% enregistré par le Mexique, dû en partie à la hausse du prix du pétrole, apparaît particulièrement encourageant. La fermeté du prix du pétrole pourrait aussi améliorer les perspectives financières du Venezuela. Le groupe des 20 pays à revenu intermédiaire lourdement endettés a lui aussi enregistré en 1990 un taux_de_croissance négatif du revenu, dû en partie à la forte contraction de l'activité économique au Brésil, et surtout en Pologne. De nombreux pays de ce groupe donnent depuis quelque temps la priorité à la lutte contre l'inflation, et leurs taux_de_croissance très faibles (lorsqu'ils ne sont pas négatifs) tiennent à l'effet déflationniste à court_terme des mesures d'ajustement. La hausse des taux_d'_intérêt et les difficultés politiques et financières internes ont contribué par ailleurs à ralentir le processus d'ajustement. *{p. 32} Dette, investissement et flux financiers. Des données préliminaires indiquent qu'en 1990 le montant total des apports nets à long_terme dont ont bénéficié les pays_en_développement - décaissements nets de prêts à long_terme, investissements_étrangers_directs et dons de source publique -, qui avait atteint son niveau le plus bas en 1987, a poursuivi sa remontée (voir Tableau 2-5). En 1990, cette augmentation a été due essentiellement à celle du montant des prêts nets de source publique; une bonne partie de ces prêts a d'ailleurs servi au financement de garanties dans le cadre d'opérations de réduction de la dette et de son service menées à la suite de l'initiative Brady plutôt qu'au financement d'importations accrues. La hausse des investissements_étrangers_directs enregistrée en 1988 s'est poursuivie. Entre 1986 et 1990, les investissements_étrangers_directs ont fortement augmenté par rapport aux cinq années précédentes: pour les 20 plus gros bénéficiaires, le volume de ces investissements est passé de 40,5 milliards de dollars au cours de la période 1981-85 à 65,5 milliards de dollars pour les cinq années suivantes. En revanche, les prêts nets de sources privées sont restés faibles. Ainsi, la composition des flux nets reflétait encore, en 1990, la transformation qui s'était opérée en 1987: recul du crédit commercial privé au profit des dons de source publique, des décaissements nets de prêts publics et des investissements_étrangers_directs. Note sur les prêts de source privée. Vers la fin de 1990, il s'est produit un fait important en ce qui concerne l'octroi de prêts à titre volontaire par les banques commerciales aux États emprunteurs lourdement endettés d'amérique_latine. Après la réinsertion des entreprises_privées emprunteuses du Mexique et du Venezuela sur les marchés financiers internationaux, le Chili a obtenu d'une banque néerlandaise un prêt de 20 millions de dollars à un taux supérieur d'un point de pourcentage au LIBOR, le premier prêt bancaire accordé à titre volontaire par une banque depuis la fin de 1982 avec garantie de l'État mais sans sûreté. Fin de note. Le solde global des transferts à long_terme entre les pays_en_développement et le reste du monde (total des apports nets de ressources diminué des charges afférentes au service_de_la_dette extérieure et de la rémunération, réinvestie ou rapatriée des investissements étrangers), qui était négatif depuis 1984, est devenu positif en 1990; les transferts nets à long_terme restent cependant très inférieurs à ce qu'ils étaient au début des années 80. Leur déclin résulte principalement de la contraction du crédit de sources privées, comme le montre l'importance, pour la période considérée, des transferts négatifs correspondant au service_de_la_dette à long_terme (voir Tableau 2-6). Si le solde des transferts à long_terme est redevenu positif en 1990 c'est essentiellement du fait de l'augmentation des décaissements nets de prêts de source publique, prêts dont une bonne part du produit, comme on l'a vu plus haut, a servi à financer des garanties. *{p. 34} Les indicateurs de l'endettement affichent pour 1990 une légère amélioration. Cette amélioration s'explique en partie par de vastes opérations d'allégement de la dette, notamment par celles réalisées, pour la dette privée, à la suite de l'initiative Brady, par des remises de dettes envers des organismes d'aide_publique_au_développement, par l'assouplissement des conditions consenties par le Club de Paris pour les réaménagements de dettes publiques, par la poursuite d'autres programmes de réduction de la dette et des charges afférentes au service_de_la_dette, et enfin, malgré les effets de la détérioration des termes de l'échange sur certains pays à revenu intermédiaire lourdement endettés (tels que la côte_d'_ivoire et les Philippines, par exemple), par les très bons résultats obtenus à l'exportation par beaucoup de ces pays (notamment par le costa_rica et le Mexique). Le montant nominal en dollars de l'encours de la dette des pays_en_développement s'est accru en 1990 d'environ 6%. Deux facteurs principaux sont à l'origine de cette augmentation: un accroissement des décaissements nets et un relèvement sensible de la valeur en dollars de l'encours de la dette libellée en d'autres monnaies. Par ailleurs, les bons résultats obtenus à l'exportation par de nombreux pays à revenu intermédiaire lourdement endettés ont contribué à améliorer le ratio de la dette aux exportations. Cette amélioration tient aussi à d'autres facteurs: le fait que les taux_d'_intérêt sur les instruments libellés en dollars ont diminué en 1990, alors que ceux sur les instruments libellés en d'autres monnaies ont augmenté fortement; la poursuite des réaménagements entrepris dans le cadre de l'initiative Brady et l'amélioration des conditions consenties par les membres du Club de Paris pour les rééchelonnements. *{p. 34} Des opérations de réaménagement de la dette s'inscrivant dans le cadre de l'initiative Brady ont été menées à bien, en 1990 au Mexique, aux Philippines, au costa_rica et au Venezuela, ces pays étant cités par ordre chronologique, et, en 1991, en Uruguay. Le Maroc a conclu un accord conditionnel avec le Comité consultatif groupant les banques qui ont des créances sur lui, et des pourparlers sont en cours pour le lancement d'autres opérations dans le cadre de l'initiative Brady. Cette initiative, rappelons-le, prévoit des négociations entre les pays intéressés et les banques qui ont des créances sur eux; ces négociations portent sur une série d'options conformes aux lois du marché, qui doivent permettre de concilier les besoins des pays débiteurs (par exemple, l'amélioration de leur situation de trésorerie, l'allégement du service de leur dette ou la réduction de l'encours de leur dette) et les divers intérêts des banques créancières. Plusieurs types nouveaux d'instruments financiers sont apparus en 1990: par exemple, des obligations au pair garanties à faible taux_d'_intérêt fixe, des obligations à taux_d'_intérêt progressif et des instruments dont l'émission est assortie de clauses de récupération liant le service_de_la_dette à l'évolution d'indicateurs objectifs. Les quatre opérations de réaménagement menées à bien en 1990 ont permis de réduire de 11,5 milliards de dollars la valeur nominale de l'endettement des pays intéressés vis-à-vis de banques commerciales; en termes nets, le principal des dettes contractées envers des banques commerciales a été pratiquement épongé dans le cas du Mexique, et réduit de 62%, 8% et 54%, respectivement, pour le costa_rica, les Philippines et le Venezuela. Certains des nouveaux instruments sont à faible taux_d'_intérêt, et des instruments à taux_d'_intérêt fixe ont été substitués à des instruments à taux variable. La constitution de garanties du principal et les rachats de créances ont été financés par des décaissements sur prêts multilatéraux et bilatéraux (ces derniers accordés principalement par le Japon) d'un montant total de 6,4 milliards de dollars, ainsi que par prélèvements sur les réserves des pays intéressés. En outre, des banques commerciales ont consenti des prêts nouveaux (en particulier au Mexique et au Venezuela) d'un montant total de 3,5 milliards de dollars. Au Mexique, les résultats ont été très positifs: accélération de la croissance et amélioration de la situation financière grâce au retour des capitaux enfuis, à l'accroissement des investissements_étrangers_directs et à l'accès aux capitaux étrangers, encore que les banques aient accru leurs marges. Il convient aussi de noter que la hausse du prix du pétrole ainsi que la mise en oeuvre d'un programme d'ajustement rigoureux ont contribué à l'amélioration de la situation du Mexique. Pour les autres pays, il est encore difficile de déterminer l'impact des opérations menées dans le cadre de l'initiative Brady. De nombreux pays à revenu intermédiaire sont également lourdement endettés envers des créanciers publics. Les rééchelonnements des dettes contractées envers ces créanciers sont habituellement décidés par le Club de Paris ou dans le cadre d'arrangements bilatéraux. En septembre 1990, les membres du Club de Paris ont accepté d'accorder, lors des réaménagements, des échéances et des délais de grâce plus longs, et d'offrir la possibilité d'opérer des swaps de créances. A la fin de janvier 1991, quatre pays se situant en bas du classement des pays à revenu intermédiaire (Congo, El Salvador, Honduras et Maroc) et un pays à faible revenu (Nigeria) avaient déjà bénéficié des nouvelles conditions consenties par le Club de Paris. En outre, des accords réduisant de 50% la valeur nette actualisée des paiements futurs au titre du service_de_la_dette, ont été conclus avec la Pologne et l'Égypte. Dans le cadre d'arrangements bilatéraux, des créanciers publics ont contribué à alléger la dette des pays qui se sont engagés sur la voie d'un ajustement rigoureux en leur accordant de nouveaux prêts, en réduisant l'encours de leur dette concessionnelle et en leur accordant des réductions de taux_d'_intérêt et des remises de dettes. Les principaux bénéficiaires de ces arrangements en 1990 ont été l'Égypte, certains petits pays latino-américains et certains pays d'Afrique de l'Est. *{p. 35} Les pays à faible revenu lourdement endettés sont concentrés en Afrique subsaharienne. Leurs dettes extérieures, qui totalisent 116 milliards de dollars, ont été contractées à raison de près de 70% auprès de créanciers publics, essentiellement dans le cadre d'accords bilatéraux. En 1990 près d'une cinquantaine de ces pays ont bénéficié de remises de dettes portant sur un total estimé à 4 milliards de dollars (environ 600 millions de dollars pour le Sénégal et Madagascar et quelque 500 millions de dollars pour le Zaïre). Le Club de Paris a accordé le rééchelonnement d'environ 2,3 milliards de dollars de dettes bilatérales contractées par sept pays envers des créanciers publics, aux conditions de Toronto, avec options concessionnelles, et des institutions multilatérales ont apporté leur soutien par le biais d'instruments tels que le Programme spécial d'assistance de la banque_mondiale aux pays africains surendettés, la Facilité d'ajustement_structurel et la Facilité d'ajustement_structurel renforcée du fonds_monétaire_international). Dans certains de ces pays, le soutien extérieur, encore que ses effets risquent de ne se manifester qu'à retardement dans les pays importateurs de pétrole, contribuera sans doute au retour à des taux_de_croissance plus vigoureux et au rééquilibrage de la balance_des_paiements . D'autres, en revanche, auraient besoin de mesures d'allégement de leur dette présentant un degré plus marqué de concessionnalité. Deux propositions dont l'adoption marquerait à cet égard un progrès considérable ont été faites, l'une par M: John Major alors qu'il était Chancelier de l'Échiquier du Royaume-uni (clauses dites de la Trinité, et l'autre par M: Jan P: Pronk, Ministre néerlandais de la coopération pour le développement. Par exemple, l'application des clauses de la Trinité porterait la part de l'élément de don à 67%, alors que selon les clauses de Toronto il n'est que d'environ 20%. *{p. 37} L'insuffisance des apports extérieurs dont bénéficient les pays_en_développement reste un problème frustrant. Les flux nets de ressources vers ces pays ont certes augmenté récemment, mais les apports extérieurs ont été absorbés par le service des intérêts, les rapatriements de bénéfices et, plus récemment, le financement de garanties, les rachats de créances et les échanges de créances contre actifs, de sorte qu'il n'est pas resté grand-chose pour financer des importations supplémentaires. En fait, contrairement à ce qui se passait antérieurement aux années 80, la balance des échanges de biens et de services non facteurs entre les pays_en_développement considérés collectivement et les pays industriels à revenu élevé est désormais excédentaire. État des marchés des produits de base. La croissance s'étant sensiblement ralentie dans les pays industriels, l'indice_des_prix en dollars courants des produits de base autres que le pétrole calculé par la banque_mondiale a accusé, en 1990, un recul de 6,4% qui avait été précédé en 1989 d'une baisse de 2% (voir Tableau 2-7). La baisse enregistrée en 1990 a été plus générale que celle de 1989 et, à l'exception des produits énergétiques, tous les principaux groupes de produits ont été touchés (boissons, céréales, huiles et autres matières grasses, métaux). Le dollar s'étant déprécié en 1990 par rapport aux autres monnaies principales, le glissement de l'indice_des_prix des produits de base apparaît beaucoup plus marqué encore en termes réels (l'indice_des_prix réels est calculé en utilisant comme déflateur l'indice VUPM, c'est-à-dire l'indice de valeur unitaire des produits manufacturés exportés vers les pays_en_développement par les pays du Groupe des Cinq, qui sont l'Allemagne, les États-unis, la France, le Japon et le Royaume-uni) qu'en termes nominaux; la même constatation vaut pour l'indice_des_prix exprimé en droits de tirage spéciaux (DTS). L'indice_des_prix en dollars constants (obtenu en corrigeant les prix courants par l'indice VUPM) a accusé par rapport à 1989 une baisse de 11,9%. Les prix du café en dollars courants ont baissé de 17,4% en 1990, première année complète après le démantèlement du système de quotas d'exportation prévu par l'Accord international sur le café. Une forte poussée des exportations, qui tient en partie à l'écoulement de stocks anciens, a contribué à cette baisse. Les cours du cacao et du thé sont restés orientés à la baisse, malgré la sécheresse qui a sévi en Afrique de l'Ouest dans le cas du cacao et les perturbations de la distribution en Inde et au Bangladesh pour le thé. Parmi les céréales, c'est le blé qui a accusé la baisse de prix la plus marquée (22,4%), la production mondiale ayant fortement progressé du fait de récoltes très abondantes aussi bien dans les pays importateurs que dans les pays exportateurs. La baisse du prix du riz et des céréales secondaires, quoique moins accusée, tient aux mêmes raisons. La production mondiale de sucre a aussi fortement augmenté en 1990 (4,3%), ce qui a provoqué une baisse rapide des prix au second semestre. L'accroissement de la production enregistrée pendant la campagne 1989/90 a aussi fait baisser d'une façon générale les prix de la plupart des huiles et autres matières grasses, à l'exception des prix de l'huile d'arachide et de l'huile de soja qui ont légèrement augmenté. Pour ce qui est des produits de base industriels, les prix du coton ont accusé une hausse du fait de la faible production des pays de l'hémisphère sud et d'une demande relativement soutenue. Pour le caoutchouc naturel, les prix n'ont baissé que modérément en dépit du repli de la demande de l'industrie automobile; la production a en effet été compromise en Malaisie par le mauvais temps, et la hausse du prix du pétrole a accru le coût du caoutchouc synthétique. Les cours de la plupart des métaux et minéraux ont accusé un fléchissement très sensible, qui marque sans équivoque la fin d'une phase d'euphorie qui avait duré trois ans. Ce renversement s'explique principalement par le ralentissement de la croissance de la production industrielle dans les pays industriels qui, de 3,7% en 1989, est tombée à 1,8% en 1990, alors que la production minière s'est maintenue à niveau pratiquement constant. Le prix du pétrole brut, après avoir accusé un fléchissement au cours du premier semestre de 1990, dû au relèvement de la production des pays_membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), a fortement augmenté au lendemain de l'invasion du Koweït par l'Irak. L'arrêt de la commercialisation de la production de brut de l'Irak et du Koweït s'est traduit par un déficit journalier représentant environ 4 millions de barils, mais ce déficit a été rapidement comblé par l'accroissement de la production des autres pays; le prix du pétrole n'en est pas moins resté élevé et instable, principalement à cause des craintes de perturbation des approvisionnements en cas de guerre. Il ne semble pas que la faiblesse de la demande de produits pétroliers soit entrée en ligne de compte. Le pétrole reste ainsi le seul produit de base qui échappe à la tendance générale à la baisse des prix. *{p. 37} Tendances du commerce mondial. En 1990, la croissance du volume mondial des échanges de marchandises s'est ralentie, n'atteignant que 5%, contre 7,5% en 1989 (voir Tableau 2-8). La valeur en dollars de ces échanges, gonflée par la dépréciation du dollar par rapport aux monnaies européennes, a quant à elle progressé de 13%, pour atteindre le niveau record de 3,470 milliards de dollars. La valeur des échanges de services commerciaux a aussi fortement progressé (12%), atteignant 770 milliards de dollars. Des chiffres préliminaires indiquent qu'en décembre 1990 les effets de la crise du Golfe sur le commerce des marchandises avaient été faiblement ressentis par la plupart des pays; en revanche, la crise a eu des répercussions sensibles sur les échanges de services commerciaux, en particulier de ceux fournis par les compagnies aériennes. Plusieurs pays (l'Inde, la Jordanie, la Roumanie, la Turquie et la Yougoslavie) ont souffert d'une réduction de leurs exportations de marchandises; la crise a fait subir un manque à gagner à certains pays du fait de la contraction de leurs recettes d'exportation de services (c'est le cas de Djibouti et de l'Égypte) ou de la réduction du montant des envois de fonds de leurs nationaux travaillant au Koweït ou en Irak (c'est le cas du Bangladesh, de l'Égypte, de l'Inde, du Pakistan, des Philippines et de Sri Lanka). Du fait de la désorganisation de leur économie et des mesures d'ajustement qu'ils ont prises, les pays d'Europe centrale et d'europe_de_l'_est ainsi que l'union_soviétique ont vu baisser très fortement leurs exportations, qui ont accusé un recul de 13%. Les exportations des pays_en_développement ont, en 1990, progressé plus rapidement, en volume, que celles des pays industriels. La croissance des exportations des pays_en_développement qui, en Asie, sont les plus importants exportateurs de produits manufacturés a été particulièrement vigoureuse. Parmi les pays industriels, ce sont les pays d'amérique_du_nord qui ont vu le volume de leurs exportations progresser le plus rapidement. Le ralentissement de la croissance du volume mondial des exportations a touché toutes les catégories de marchandises; cependant, la croissance des exportations de produits manufacturés est restée plus rapide que celle des exportations des autres catégories de produits. La décélération de la croissance des exportations s'explique principalement par le ralentissement de la croissance des importations des pays nord-américains (elle-même due à un relâchement de la demande et à la faiblesse du dollar), du Japon, des pays d'Europe occidentale, des pays d'Europe centrale et d'europe_de_l'_est et de l'union_soviétique. Pour ce qui est de la croissance de la valeur des exportations, des résultats supérieurs à la moyenne ont été obtenus par les pays d'Europe occidentale, les pays de l'OPEP et la Chine, avec des accroissements de 19,5%, 25,5% et 18%, respectivement. Dans le cas des pays d'Europe occidentale, dont les exportations représentent 47% du total mondial, la progression de la valeur des exportations s'explique principalement par l'affaiblissement du dollar, alors que, dans le cas des pays de l'OPEP qui ont à leur actif 5% du total mondial des exportations, elle a résulté de la hausse du prix du brut. Parmi les régions en développement, la progression des exportations a été supérieure à la moyenne en Afrique et en Asie, mais inférieure à celle-ci en amérique_latine (à cause principalement de la contraction des exportations du Brésil). Dans de nombreux pays_en_développement, c'est le mouvement des prix des produits de base qui a déterminé lé rythme de croissance des exportations. Dans le domaine du commerce international, c'est principalement dans le cadre des négociations multilatérales d'Uruguay, organisées sous les auspices de l'accord_général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), qu'ont été menées les actions au niveau institutionnel. Ces négociations visent une libéralisation encore accrue des échanges par des abaissements des obstacles_tarifaires et non tarifaires. Elles cherchent également à renforcer la discipline dans les échanges commerciaux; à étendre l'application des règles internationales à certains secteurs, tels que l'agriculture et les textiles et l'habillement, jusque-là exclus des règles normales du GATT, et à de nouveaux domaines, tels que les services, à l'investissement lié aux échanges, et à la propriété intellectuelle; et à renforcer la base institutionnelle du GATT. L'aboutissement de ces efforts façonnera les échanges commerciaux pour de nombreuses années. Pour les pays_en_développement, les enjeux sont considérables. Un rapport récent, établi par les services de la Banque et du FMI, analyse les effets de nombreuses politiques agricoles et industrielles - y compris des programmes nationaux de subvention et de soutien des prix, ainsi que des tarifs douaniers, des contingents et d'autres obstacles non tarifaires au commerce - sur les pays_en_développement. Il est difficile de chiffrer ces effets avec précision, mais plusieurs études ont conclu que, chaque année, les pays_en_développement subissent un manque à gagner qui peut atteindre le double de leurs paiements d'intérêts annuels sur leur dette publique extérieure et deux fois environ le volume annuel d'aide_publique_au_développement qu'ils reçoivent des pays_industrialisés - il est vrai, toutefois, que les avantages escomptés varient considérablement d'un pays à un autre. Lors de la réunion du Comité des négociations commerciales qui s'est tenue à Bruxelles la semaine du 3 décembre 1990, les ministres n'ont pas réussi à conclure un accord. Plusieurs questions sont restées en suspens, dont la plus importante était la libéralisation du secteur agricole. A la suite de la suspension des négociations, en décembre 1990, le directeur général du GATT a engagé une série de pourparlers officieux pour réamorcer les discussions. A l'issue de ces échanges, les participants sont convenus d'entamer un dialogue sur l'agriculture afin de parvenir à la conclusion d'accords spécifiques ayant force exécutoire dans chacun des trois domaines suivants: *{p. 38} appui aux producteurs nationaux, accès aux marchés et subventions à l'exportation. Fort de ce résultat, le Comité s'est à nouveau réuni en février 1991 et a repris les négociations. L'impasse sur le commerce des produits agricoles a freiné les progrès des négociations et les a empêchées d'aboutir à des accords sur d'autres points également concernés par les discussions. Il semble que le règlement de bon nombre de ces questions en suspens soit subordonné à des progrès substantiels sur le problème agricole. En outre, les pays_en_développement - qui ont participé plus activement que jamais auparavant à ces négociations commerciales multilatérales - répugnent à accorder des concessions dans plusieurs domaines tant qu'aucun progrès tangible n'a été enregistré sur les questions qui leur importent, notamment dans le domaine des textiles. Les grandes lignes d'un consensus sur les modalités d'élimination progressive des restrictions du commerce des textiles instituées par l'Accord multifibres semblaient se dégager à la fin de 1990, mais il faudra attendre, pour le règlement définitif de cette question, que d'autres problèmes importants aient été résolus. En juillet 1990, cependant, la Commission des Communautés européennes a approuvé une proposition, sur laquelle doivent encore se prononcer les membres de la Communauté européenne (CE), visant à réorganiser le programme agricole de la CE en réduisant la production et en diminuant les subventions aux agriculteurs. Cette proposition représente le plus profond remaniement qui serait apporté à la politique agricole commune de la CE depuis sa mise en place il y a 30 ans. Il subsiste tant de problèmes cruciaux que les négociations pourraient se poursuivre jusqu'en 1992, bien que de nombreux pays aient exprimé le désir de les voir s'achever à la fin de 1991. Environnement. Les questions intéressant l'environnement sont restées au premier plan des préoccupations, cependant que les pays s'interrogeaient sur les moyens de parvenir à une croissance_économique durable. Si l'objectif de la durabilité de la croissance n'est guère contesté, on est loin d'être d'accord, en revanche, sur la manière d'évaluer la viabilité à long_terme des différentes stratégies de développement. Un intérêt croissant se manifeste pour les questions touchant l'environnement à l'approche de la Conférence des nations_unies sur l'environnement et le développement, qui doit avoir lieu au Brésil en 1992. Les gouvernements et les organisations_internationales se sont lancés dans des travaux préparatoires, s'attachant à définir la hiérarchie des urgences et à élaborer des principes d'action en vue de la rédaction d'une Charte mondiale de l'environnement et d'un programme d'action pour la défense de l'environnement au Xxie siècle. Des comités préparatoires se réunissent actuellement pour assigner diverses missions à des chercheurs et pour examiner et organiser la documentation en prévision de la conférence. La banque_mondiale a choisi de faire des relations entre le développement et l'environnement le thème du Rapport sur le développement dans le monde 1992. La question du réchauffement général de la planète continue d'être débattue dans diverses instances internationales. Selon certains indices, l'utilisation des combustibles fossiles, le déboisement, certaines pratiques agricoles et diverses autres activités humaines ont provoqué un "effet de serre" qui entraînera le relèvement des températures à l'échelle mondiale. Cependant, des incertitudes considérables subsistent quant à l'ampleur et aux conséquences du phénomène. Le partage des charges qu'entraînera la préservation de l'environnement est aussi une question cruciale: en effet, les pays industriels ont été jusqu'à présent les principaux responsables de l'accumulation de gaz qui provoquent l'effet de serre, mais l'accroissement futur des émissions sera sans doute de plus en plus le fait de pays_en_développement. La première réunion visant à définir les grandes lignes d'une convention_internationale sur le réchauffement de la planète a eu lieu à Chantilly (Virginie) en février 1991. En dépit des incertitudes qui persistent quant au phénomène, les participants se sont accordés à reconnaître la nécessité de poursuivre les recherches et d'accroître les rendements énergétiques afin de réduire les émissions de carbone. Les pays de la Communauté européenne, ainsi que quelques autres, se sont engagés à stabiliser le volume de leurs émissions de gaz carbonique d'ici à l'an 2000 et à le réduire par la suite. Le Fonds pour la protection de l'environnement a été mis sur pied conjointement en 1990 par la banque_mondiale, le Programme des nations_unies pour le développement et le Programme des nations_unies pour l'environnement. Il s'agit d'un programme pilote de trois ans prévoyant le financement, à des conditions concessionnelles, de projets visant à aider les pays_en_développement à faire face aux problèmes écologiques d'envergure internationale. Par exemple, les pays_en_développement qui supportent des coûts supplémentaires parce qu'ils respectent les objectifs de réduction des émissions de chlorofluorocarbones énoncés dans le Protocole de Montréal pourront obtenir du fonds le remboursement de ces coûts. Les ressources de ce fonds sont destinées au financement de projets portant sur les gaz responsables de l'effet de serre, la détérioration de la couche d'ozone, les eaux internationales et la préservation de la diversité biologique. Ces ressources, d'un montant total de 1,5 milliard de dollars, proviendront des contributions versées par un certain nombre de donateurs, contributions dont le paiement sera échelonné sur trois ans. Au 30 juin 1991, 20 pays, dont huit en développement, avaient versé des contributions à ce fonds. On prévoit que les résultats des activités de ce fonds seront incorporés aux programmes de prêts en cours de la banque_mondiale et des banques régionales de développement. *{p. 39} Un projet d'accord régissant l'exploitation de l'Antarctique a été rédigé à Madrid en avril 1991. Les membres du Traité de l'Antarctique vieux de 30 ans se sont engagés à ne pas entreprendre l'exploitation minière du fond de l'Antarctique avant 50 ans. La conclusion de cet accord est un exemple remarquable de ce que des pays, en dépit de leurs divergences d'intérêts, sont capables de faire pour défendre le patrimoine commun de l'humanité. *{p. 40} Encadré 2-1: La réunification de l'Allemagne. La réunification a amené le gouvernement allemand à adopter une politique budgétaire expansionniste qui a stimulé la croissance dans les Länder de l'ancienne allemagne_de_l'_ouest. En 1990, les transferts au profit des Länder de l'ancienne Allemagne de l'Est ont provoqué un déficit du budget_de_l'_état_fédéral d'environ 45 milliards de deutsche mark. Ces transferts ont revêtu principalement la forme de subventions au régime de sécurité_sociale et aux collectivités_locales de l'ancienne RDA. La majeure partie de ces fonds semble d'ailleurs avoir profité aux Länder de l'ancienne RFA, où ils sont revenus sous forme de demande de biens de consommation. Un nouvel afflux de population provenant des Länder de l'ancienne RDA, et aussi une nouvelle vague de travailleurs non originaires d'Allemagne, ont par ailleurs stimulé la croissance dans la partie ouest. Le revenu nominal des Länder de l'ancienne Allemagne de l'Est a accusé un recul d'environ 20% en 1990. Cette régression tient à de multiples raisons: par exemple, les investissements étrangers ont probablement été découragés par la difficulté d'établir les droits_de_propriété, l'endettement excessif des entreprises de l'est en deutsche mark et la perspective de devoir réparer les dommages causés dans le passé par la pollution. Cependant, c'est par le manque de compétitivité des entreprises de l'est sur les marchés internationaux que s'explique avant tout ce recul. A la suite de la libération des prix, chaque entreprise a dû s'efforcer de ramener ses prix au niveau du marché mondial, Les salaires ont aussi été libérés; les salaires nominaux ont augmenté dans l'ancienne Allemagne de l'Est à la suite de la conclusion d'accords salariaux à l'échelle nationale, et aussi du fait du départ d'une partie de la main-d'_oeuvre qualifiée. Cependant, la productivité du travail est restée relativement faible, en partie à cause de l'existence de sureffectifs importants dans de nombreuses entreprises. Ainsi, la baisse des prix à la production et l'augmentation des charges salariales ont fortement réduit les marges bénéficiaires, De plus, des problèmes techniques et des problèmes de qualité ont empêché certaines entreprises de l'ancienne Allemagne de, l'Est de trouver des débouchés dans des pays à économie_de_marché, à un moment où le démantèlement du COMECON et la régression économique des pays d'europe_de_l'_est limitaient leurs possibilités de vendre à leur clientèle traditionnelle, Il en est résulté une réduction des bénéfices qui a contraint certaines entreprises à fermer, ce qui a aggravé le chômage. Fin de l'encadré. *{p. 28} Encadré 2-2: Les effets de la crise du Golfe sur les pays_en_développement. La crise du Golfe a eu sur l'économie et les finances mondiales des répercussions profondes et durables. Elle a infligé en particulier de lourdes pertes à de nombreux pays_en_développement. Ce sont les "États de première ligne" - Égypte, Jordanie et Turquie - qui ont subi le gros de ces pertes. Plusieurs autres pays, lourdement tributaires des envois de fonds de leurs travailleurs expatriés, ainsi que de leurs échanges avec le Koweït et l'Irak, ont aussi été immédiatement touchés. En outre, la crise a eu des conséquences graves pour les nombreux pays qui, en particulier en europe_de_l'_est, en Europe centrale et en Afrique subsaharienne, demeurent tributaires de leurs importations de pétrole pour la couverture de leurs besoins énergétiques. Le premier effet de la crise sur l'économie mondiale a pris la forme d'un choc pétrolier. Après l'invasion du Koweït par l'Irak au mois d'août, suivie de l'imposition par l'Organisation des nations_unies d'un embargo sur les exportations de pétrole du Koweït et de l'Irak, le prix du pétrole a fortement augmenté, passant de 18 dollars le baril en juillet à près de 40 dollars le baril. Une baisse s'est amorcée vers la fin de l'année (du fait de l'accroissement de la production des autres pays producteurs), mais le prix du pétrole est resté instable à cause de la nervosité des marchés face aux incertitudes entourant l'issue de la crise. Lorsque les hostilités ont pris fin, le prix du pétrole était revenu à environ 20 dollars le baril. Les trois États de première ligne, qui avaient d'étroites relations économiques avec le Koweït et l'Irak, ont été le plus pénalisés par les effets des événements du Golfe. Ils ont notamment subi un manque à gagner du fait de la réduction des envois de fonds de leurs nationaux travaillant en Irak et au Koweït (cas de l'Égypte et de la Jordanie), de leurs recettes touristiques, des recettes que leur procurent les services de transport (droits de transit par le canal de Suez et fret aérien dans le cas de l'Égypte, recettes provenant des transports routiers dans le cas de la Jordanie, redevances d'utilisation des oléoducs dans le cas de la Turquie) et de leurs exportations vers le Koweït et l'Irak. En outre, la suspension par l'Irak du service de sa dette a touché principalement la Turquie, mais la Jordanie, qui avait consenti des crédits commerciaux à l'Irak, s'en est aussi ressentie quoiqu'à un moindre degré. Si les pertes de l'Égypte ont pu être quelque peu compensées par la hausse du prix du pétrole, cette hausse ne fera qu'alourdir la note des importations de la Jordanie et de la Turquie. La plupart des autres pays touchés immédiatement par la crise du Golfe ont été lourdement pénalisés par la forte réduction des envois de fonds de leurs nationaux qui travaillaient en Irak ou au Koweït, et aussi par le renchérissement de leurs importations de pétrole. Pour le Maroc, la réduction des recettes touristiques a été importante. Les pays d'Asie compris dans ce groupe (le Pakistan notamment) ont payé le pétrole raffiné plus cher qu'avant la crise, du fait de la réduction de la capacité de raffinage des pays du Golfe. La crise a créé des difficultés particulières pour de nombreux pays d'europe_de_l'_est et d'Europe centrale, parce que, depuis le début de 1990, ces pays ne peuvent plus payer leurs importations de pétrole d'union_soviétique en monnaies non convertibles. En outre, ceux de ces pays qui importaient du pétrole du Koweït ou de l'Irak en vertu d'arrangements commerciaux spéciaux qui ne pouvaient plus être honorés ont dû trouver des solutions de rechange. La balance_des_paiements de la plupart des pays d'Afrique subsaharienne s'est ressentie de la hausse du prix du pétrole et du ralentissement de la croissance du commerce mondial; en outre, le Soudan a souffert particulièrement de la perte des envois de fonds de ses travailleurs émigrés. Parmi les autres pays qui ont vu aussi leur balance_des_paiements se détériorer sensiblement figurent le Guyana, Haïti, le Honduras, la Jamaïque, le Nicaragua, la Papouasie - Nouvelle Guinée, la République dominicaine et l'Uruguay. Certaines des perturbations qui ont provoqué les manques à gagner exceptionnels signalés plus haut ont persisté après la fin de la guerre du Golfe, et ont donc annulé les effets de l'amélioration des termes de l'échange résultant de la baisse du prix du pétrole. En outre, la reconstruction du Koweït, et surtout de l'Irak, a créé des besoins de financement qui renforceront la demande de crédits d'équipement à long_terme, ce qui aggravera la pénurie de capitaux sur les marchés financiers internationaux. Cependant, il est encourageant de noter que 1a communauté internationale a été prompte à venir en aide aux pays touchés par la crise. Par exemple, la banque_mondiale leur a offert une aide_financière supplémentaire s'élevant, pour l'exercice 91, à près d'un milliard de dollars de la BIRD et à 314 millions de DTS de l'IDA. Le Groupe de coordination de l'aide_financière aux pays victimes de la crise du Golfe, qui comprend la plupart des membres de l'OCDE, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Qatar, la République de Corée et la Commission des Communautés européennes, a joué un rôle essentiel dans la mobilisation de ressources en faveur des pays qui ont souffert le plus directement de la crise. Ce groupe a reçu de la Banque et du fonds_monétaire_international des conseils techniques et un appui pour ses travaux analytiques. Fin de l'encadré. *{p. 29} Chapitre trois: La banque_mondiale - exercice 91. La crise du Golfe et la réaction de la Banque. Face à la crise du Golfe, qui a frappé de nombreux pays_en_développement membres de la Banque tant au Moyen-orient que dans d'autres régions, la Banque a réagi rapidement pour venir en aide à ceux dont les perspectives à court_terme étaient compromises. A la mi-septembre 1990, une analyse des effets de la crise, réalisée par les services de la Banque, a montré que beaucoup de pays_en_développement seraient gravement touchés, du moins à court_terme, surtout à cause de la hausse des prix du pétrole (pays les plus gravement touchés). En outre, une dizaine de pays (pays les plus immédiatement frappés) ont souffert immédiatement du manque à gagner occasionné par la perte des recettes provenant du tourisme, des envois de fonds des travailleurs émigrés, du commerce et des services connexes et de l'arrêt du service de sa dette par l'Irak, ainsi que du retour massif des travailleurs émigrés, qu'il allait falloir réinstaller. La Banque a aussitôt donné la priorité, dans son dialogue avec les pays_membres emprunteurs, à la conception et à la mise en oeuvre des politiques appropriées, tenant compte des incertitudes à venir. Les premiers résultats ont été encourageants. Plusieurs pays_en_développement exportateurs de pétrole (Indonésie, Mexique, Nigeria et Venezuela, par exemple) ont agi comme si l'accroissement de leurs recettes pétrolières devait être temporaire et se sont gardés d'augmenter leurs dépenses intérieures, et de nombreux pays_en_développement importateurs ont prudemment considéré que la hausse des prix allait durer et ont ajusté les prix du pétrole sur le marché intérieur. Tout en intensifiant son dialogue de politique générale, la Banque a préparé une réponse sur le plan des opérations qui, en raison de l'incertitude de la situation, devait être à la fois échelonnée et graduelle. Elle a concentré son attention sur les problèmes les plus immédiats des pays_membres, tout en développant les moyens de répondre efficacement à leurs besoins. Ainsi, pendant l'exercice 91, elle a mis l'accent sur des actions susceptibles d'aider les pays à faire face aux effets de la crise, qui étaient particulièrement graves par leur ampleur ou qui venaient aggraver une situation déjà précaire due aux programmes d'ajustement ou à des difficultés financières. La Banque a pris notamment les mesures suivantes: - Quand cela était nécessaire, elle a mis sur pied des opérations d'assistance d'urgence pour aider les pays à réinstaller et réintégrer les travailleurs rapatriés et à améliorer l'infrastructure et les services_sociaux. - Des plans ont été établis pour relever le plafond de partage des coûts, afin de permettre à la Banque de financer une part plus importante du coût des projets en cours et des projets nouveaux. - Quand cela était faisable et justifié, la Banque a prévu d'accélérer les décaissements, d'anticiper les opérations de prêt, d'étoffer les opérations en cours et d'augmenter le volume des prêts à l'ajustement_structurel et à l'ajustement sectoriel. - Sur la base d'une étude de cas approfondie, elle a conseillé aux pays de nouvelles mesures d'ajustement économique pour faire face à la crise et poursuivre leurs efforts de lutte contre la pauvreté. - Elle a utilisé les mécanismes existants, tels que les groupes consultatifs et le programme spécial d'assistance en faveur de l'Afrique, pour aider, en cas de besoin, à mobiliser et coordonner l'aide aux pays touchés. Le programme d'assistance aux pays touchés par la crise du Golfe a entraîné, pendant l'exercice 91, une augmentation de 1 milliard de dollars des prêts de la BIRD et de 314 millions de DTS des crédits de l'IDA par rapport aux engagements initialement prévus. Les fonds nécessaires pour financer les crédits supplémentaires de FIDA ont été obtenus grâce aux mécanismes existants: report de fonds, s'élevant à un montant total de 190 millions de DTS, provenant de la huitième reconstitution des ressources de l'IDA, ou IDA-8, qui n'avaient pas été engagés au cours de l'exercice 90; réaffectation de ressources disponibles au titre de la neuvième reconstitution, ou IDA-9, pour un montant total de 80 millions de DTS; et engagements supplémentaires, d'un montant total de 130 millions de DTS, au titre des fonds remboursés à l'IDA. *{p. 41} En outre, 200 millions de DTS, prélevés sur le revenu net de la BIRD pour l'exercice 90, ont été transférés à l'IDA, et le Koweït a décidé en principe de porter à 50 millions de dollars sa contribution à la neuvième reconstitution des ressources de l'IDA. L'IDA disposait ainsi d'un pouvoir d'engagement additionnel suffisant pour couvrir presque intégralement son programme d'opérations dans les pays_en_développement touchés par la crise. Le Conseil a décidé en outre de porter à 35% maximum, au lieu des 30% convenus auparavant, la part des crédits à décaissement rapide pendant l'exercice 91. Il ne s'agissait pas d'accroître le volume des prêts à l'ajustement au cours de chacune des trois années couvertes par IDA-9, mais plutôt d'éviter de décider maintenant qu'aux augmentations accordées au cours de l'exercice 91 devront correspondre des diminutions au cours des deux exercices suivants afin de rester dans la limite convenue de 30% pour la période d'IDA-9, quelles que soient les circonstances. Pendant l'exercice 91, le Conseil des administrateurs a approuvé des crédits supplémentaires de l'IDA d'un montant total de 314 millions de DTS; un volume de crédits, d'un montant total d'environ 310 millions de DTS, devrait lui être soumis au début de l'exercice 92. Sur le montant total du programme de l'IDA prévu pour l'exercice 91 en réponse à la crise du Golfe, quelque 475 millions de DTS, soit 76% environ, ont été alloués à certains des pays les plus immédiatement frappés, comme le Bangladesh, l'Inde, le Pakistan, les Philippines et Sri Lanka. Des opérations d'urgence en Égypte et au Yémen ont été approuvées, pour aider ces pays à mettre en place l'infrastructure, les services_sociaux et les programmes de création_d'_emplois nécessaires pour accueillir les travailleurs rapatriés. Le reste du programme (environ 150 millions de DTS) est directement orienté vers plusieurs pays à faible revenu d'Afrique et un petit nombre d'États d'amérique_centrale, tous figurant parmi les pays les plus gravement touchés. La BIRD, quant à elle, a augmenté ses engagements de prêt de 1 milliard de dollars pendant l'exercice 91. Son programme consistait en grande partie en suppléments aux opérations d'ajustement en europe_de_l'_est et en Europe centrale, mais il faisait aussi une large place à des opérations d'investissement dans les pays appartenant à la région Europe, Moyen-orient et Afrique du Nord immédiatement frappés par la crise du Golfe, y compris à une petite opération d'urgence en Jordanie destinée à financer une partie des coûts en devises et en monnaie nationale du programme global d'intervention d'urgence dans ce pays - le coût total de ce programme étant estimé à 235 millions de dollars. Compte tenu des accords particuliers conclus avec plusieurs emprunteurs, les décaissements supplémentaires de la BIRD et de l'IDA liés au relèvement du plafond de partage des coûts sont estimés à 500 millions de dollars pour l'exercice 91. Malgré les lourdes pertes subies par un certain nombre de pays d'Afrique subsaharienne et d'amérique_latine importateurs de pétrole, les effets néfastes de la crise sur les pays les plus gravement touchés ont été plus limités, en portée et en durée, qu'on ne le craignait au départ. Grâce à plusieurs facteurs, notamment à l'augmentation des livraisons de pétrole de l'Arabie saoudite pour compenser la baisse de la production d'autres pays, la stabilité des marchés pétroliers a été rétablie, et le risque de voir les prix du pétrole rester à un niveau élevé a beaucoup diminué. En outre, le fait que les pays les plus gravement touchés ont aussitôt majoré les prix intérieurs de l'énergie et pris des mesures de nature à accroître leurs recettes a contribué à amortir l'incidence budgétaire du choc pétrolier. Il subsiste cependant de nombreuses incertitudes quant au rythme de la reprise, en particulier en europe_de_l'_est et en Europe centrale, où le renchérissement du pétrole a alourdi les charges financières de pays déjà confrontés à une grave détérioration des termes et du volume de leurs échanges, consécutive à la rupture des accords entre les membres du Conseil d'assistance économique mutuelle (COMECON), et à leur difficile transition vers l'économie_de_marché. Les pays les plus immédiatement frappés, en particulier les États de première ligne - Égypte, Jordanie et Turquie - ont beaucoup souffert de la crise, malgré l'aide_financière d'urgence de la communauté internationale. Plusieurs pays très dépendants des envois de fonds des travailleurs émigrés et/ou du commerce - Bangladesh, Inde, Liban, Maroc, Pakistan, Philippines, Sri Lanka et Yémen par exemple - ont eux aussi subi de lourdes pertes. En outre, la crise a eu un effet très préjudiciable sur le tourisme dans des pays comme l'Égypte, le Maroc et la Turquie. De façon générale, cependant, la crise du Golfe ne devrait pas avoir des effets aussi négatifs qu'on le craignait à la fin de 1990, malgré ses lourdes conséquences pour de nombreux pays_en_développement membres de la banque_mondiale. Les principaux éléments de la réaction opérationnelle initiale de la Banque restent cependant valides, et la Banque a l'intention de poursuivre activement la plupart des opérations de prêt et des autres formes d'aide conçues au départ en liaison avec la crise du Golfe. *{p. 42} La Banque entend aussi participer activement à la conception et à l'administration des programmes de reconstruction et de développement, et elle est prête à fournir une assistance technique et des crédits supplémentaires et à élaborer, avec d'autres institutions multilatérales, des mécanismes appropriés pour la coordination des ressources financières. Conjointement avec le fonds_monétaire_international (FMI), la Banque a eu des consultations étroites avec les membres du Groupe de coordination de l'aide_financière aux pays victimes de la crise du Golfe , pour étudier comment elle pourrait apporter son concours. L'objectif est de mobiliser des ressources pour les travaux de redressement et de reconstruction économique d'urgence des pays touchés par la guerre du Golfe et de répondre aux besoins de développement à plus long_terme des pays du Moyen-orient . A cet égard, la Banque se félicite de pouvoir reprendre ses activités au Liban, dévasté par 15 années de guerre civile et où les difficultés ont été aggravées par la crise du Golfe. L'action de la Banque face à la crise du Golfe a été débattue à plusieurs reprises avec les administrateurs. Outre l'approbation des recommandations particulières concernant l'assouplissement des mesures tendant à limiter l'octroi de crédits à décaissement rapide de l'IDA et l'avancement des tirages sur la BIRD, un large soutien a été apporté à l'approche générale en deux temps de la Banque, qui combine une action immédiate pour aider les pays les plus gravement touchés à un suivi attentif de la situation à court_terme. En avril 1991, le Comité du développement, réuni à Washington, s'est félicité de la réaction rapide et des efforts soutenus de la Banque et du fonds_monétaire_international pour venir en aide aux pays gravement touchés par la crise au Moyen-orient. Le Comité a aussi demandé instamment aux deux institutions de continuer d'analyser les besoins financiers de tous les pays_en_développement directement touchés par la crise et il les a invitées à aider à la mobilisation de ressources pour ces pays. Les membres du Comité ont souligné que l'aide_financière à ces pays devait avoir pour but non pas de remplacer des politiques_économiques et des programmes d'ajustement bien fondés, mais d'en faciliter l'application soutenue. Le Comité a souligné l'importance d'un mécanisme de coordination approprie et efficace pour assurer la reconstruction des pays de la région et pour répondre à leurs besoins d'ajustement et de développement à plus long_terme. europe_de_l'_est et Europe centrale. Après l'euphorie qui régnait en europe_de_l'_est et en Europe centrale il y a un an, les événements du deuxième semestre de 1990 et du début de 1991 ont conduit à une douloureuse prise de conscience des difficultés de la transition et du coût à court_terme des réformes. Ces difficultés ont été considérablement amplifiées par des bouleversements extérieurs qui étaient, dans une certaine mesure, imprévus. La plupart des pays de la région ont opté pour le passage rapide à l'économie_de_marché et se sont heurtés à des difficultés, du fait de la baisse de la production et de la montée du chômage. (Voir Encadré 3-1 pour plus de détails sur une étude analysant les efforts de réforme en union_soviétique.) Ces problèmes, particulièrement aigus en Pologne, ont été accentués dans tous ces pays par plusieurs chocs extérieurs - rupture des accords commerciaux du Conseil d'assistance économique mutuelle (COMECON), hausse des cours mondiaux du pétrole après l'invasion du Koweït par l'Irak et changement de situation du marché est-allemand. La dissolution du COMECON s'est faite en deux temps. Dans un premier temps, il a été décidé que les prix des produits échangés seraient alignés sur les prix mondiaux et que les paiements seraient effectués en monnaies convertibles à compter du le' janvier 1991. Cette décision s'est traduite par une forte détérioration des termes de l'échange des pays d'europe_de_l'_est et d'Europe centrale vis-à-vis de l'union_soviétique qui jusque-là leur fournissait de l'énergie à bas prix. Dans un deuxième temps, l'évolution de la situation politique en union_soviétique a mis fin aux accords commerciaux bilatéraux négociés à l'échelon central. Leur décentralisation au niveau de l'entreprise a suscité une grande incertitude quant à l'avantage compétitif de nombreuses exportations traditionnelles des pays d'europe_de_l'_est et d'Europe centrale et à la capacité des entreprises soviétiques d'obtenir des devises convertibles pour effectuer leurs paiements. Du point de vue des importations, la perturbation de la production pétrolière en union_soviétique et le détournement d'une part des exportations de brut vers des marchés extérieurs à l'europe_de_l'_est et à l'Europe centrale ont provoqué des difficultés d'approvisionnement, ainsi qu'un choc au niveau des prix, les pays de la sous-région ayant dû se tourner vers d'autres fournisseurs. *{p. 43} La poursuite, quoique temporaire, de la hausse du prix du brut, conséquence des événements au Moyen-orient, a porté un rude coup aux pays de l'europe_de_l'_est et de l'Europe centrale qui consomment beaucoup d'énergie. Le renchérissement de l'énergie au deuxième semestre de 1990 a alourdi de 1,5 milliard de dollars environ la facture d'importations des six principaux pays de cette région. Plusieurs ont perdu des marchés d'exportation, ainsi que les envois de fonds des travailleurs émigrés et/ou des contrats de travaux_publics dans la région du Golfe. En 1990, l'Irak devait à ces pays (sauf la Yougoslavie) 4,5 milliards de dollars au total. En 1989, leurs importations en provenance de l'Irak dépassaient d'environ 70% leurs exportations vers ce pays. En outre, les pays d'europe_de_l'_est et d'Europe centrale comptaient sur des livraisons accrues de brut, à titre de remboursement, ce qui aurait compensé en partie le coût de la dissolution du COMECON. L'union économique et monétaire de l'Allemagne, après la réunification, a aussi eu des conséquences défavorables pour ces pays. L'ancienne République démocratique allemande était au sein du COMECON le principal fournisseur de produits de haute technologie et de produits chimiques, et elle achetait beaucoup de biens de consommation aux pays d'europe_de_l'_est et d'Europe centrale. A court_terme - en attendant qu'un plus large éventail de produits d'exportation des pays d'europe_de_l'_est et d'Europe centrale deviennent compétitifs - du fait de l'unification de l'Allemagne, la partie orientale du pays cessera sans doute d'être un débouché important pour ces produits. A ces divers chocs économiques s'ajoute le fait que la démocratisation des pays d'europe_de_l'_est et d'Europe centrale a inévitablement compliqué le processus de décision. L'élaboration des programmes de réformes et l'action des pouvoirs_publics ont été retardées en Hongrie par des grèves; en Pologne, par les élections présidentielles; en Tchécoslovaquie, par des divergences de vues sur les réformes prioritaires; et, en Bulgarie, où l'opposition politique a insisté pour qu'un gouvernement de coalition soit chargé de mettre en oeuvre un programme de réformes défini d'un commun accord. (Mais c'est dans un pays d'Europe méridionale, la Yougoslavie, que la situation a été le plus chaotique: les déclarations de souveraineté des deux républiques du nord ont été récusées par la République de Serbie, qui est la plus peuplée et militairement la plus forte, et qui veut le maintien de l'état_fédéral.) Les réformes politiques et économiques se sont cependant poursuivies dans toute la région et, au cours de l'année écoulée, la Roumanie et l'Albanie ont fait des efforts considérables et soutenus pour améliorer leurs systèmes politiques et économiques. Pendant l'exercice, la Banque et le fonds_monétaire_international (FMI) ont entrepris des programmes avec le gouvernement roumain et, le 30 janvier 1991, le Groupe des 24 pays_industrialisés a décidé d'inclure la Roumanie dans le programme_d'_aide économique mis sur pied plus d'un an auparavant pour soutenir les démocraties naissantes d'europe_de_l'_est. En janvier 1991, l'Albanie a demandé à adhérer à la Banque et au FMI, et une première mission d'enquête a été envoyée dans le pays. La Banque a maintenant un programme actif de prêts et d'études économiques et sectorielles dans tous les pays d'europe_de_l'_est et d'Europe centrale, sauf l'Albanie. Les études déjà réalisées consistent en rapports préliminaires détaillés sur les deux nouveaux emprunteurs de la Banque, la Bulgarie et la Tchécoslovaquie. Dans les autres pays, l'analyse a porté principalement sur le secteur industriel, l'environnement, la protection_sociale et les ressources_humaines. Le dialogue économique a été renforcé par l'étroite collaboration entre la Banque et le FMI qui ont régulièrement participé conjointement à des missions et à des échanges de vues sur les programmes d'assistance financière et technique. Pour assurer la cohérence des principaux éléments de leurs programmes de réformes, les Gouvernements polonais et hongrois ont préparé de courts documents de politique générale à moyen terme avec le concours des services de la Banque et du Fonds. Une coordination efficace des plans d'assistance a été mise en place avec la Commission des Communautés européennes, l'Organisation de coopération et de développement économiques, la Banque européenne d'investissement et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. La stratégie de prêt de la Banque en europe_de_l'_est et en Europe centrale vise à soutenir les mesures structurelles et institutionnelles indispensables à la réussite des programmes de réformes, au moyen de prêts à l'ajustement_structurel et de prêts d'assistance technique, destinés à financer l'apport de compétences extérieures pour les secteurs prioritaires et à soutenir le développement institutionnel nécessaire. Le montant des engagements de la Banque envers les pays d'europe_de_l'_est et d'Europe centrale a augmenté rapidement pendant l'exercice, atteignant 2,9 milliards de dollars, soit une augmentation de 1,098 millions de dollars par rapport à l'exercice précédent. Au cours de l'exercice, 809 millions de dollars environ ont été décaissés. Le programme spécial d'assistance à l'Afrique subsaharienne. La deuxième phase du programme spécial d'assistance (PSA 11) a officiellement démarré à la fin d'octobre 1990, lorsque 18 donateurs ont annoncé des contributions de 7,4 milliards de dollars sous la forme de cofinancement et de financement coordonné pour soutenir des programmes d'ajustement dans les pays à faible revenu lourdement endettés d'Afrique subsaharienne. *{p. 45} Le cofinancement est l'une des cinq sources de financement prévues dans le cadre du PSA. Les autres sont les prêts à l'ajustement consentis dans le cadre de la neuvième reconstitution des ressources de l'IDA; les crédits d'ajustement supplémentaires de l'IDA, financés par une partie du revenu des placements de l'IDA et des remboursements reçus par l'IDA; les ressources provenant de la Facilité d'ajustement_structurel (FAS) et de la Facilité d'ajustement_structurel renforcée (FASR) du fonds_monétaire_international; et enfin l'allégement de la dette, notamment l'annulation de prêts concessionnels et le rééchelonnement, à des conditions plus libérales, de la dette non concessionnelle. La contribution importante des donateurs à la deuxième phase du PSA tient à ce que, pendant la première phase, des années civiles 1988 à 1990, les faits ont prouvé que des réformes intérieures associées à une aide_financière suffisante des donateurs bilatéraux et des organismes_internationaux pouvaient contribuer à l'amélioration sensible des résultats économiques, comme en témoignent les chiffres suivants: - augmentation de 4% en moyenne du produit_intérieur_brut (PIB) au cours des trois dernières années - contre 1% pendant la période 1980-84 -, ce qui représente presque le double du taux_de_croissance récent des autres pays africains (voir Tableau 3-1); - augmentation du volume des exportations de 50% par rapport au taux_de_croissance du PIB (voir Tableau 3-2); et - croissance du volume des investissements trois ou quatre fois plus rapide que celle du PIB. Ces bonnes performances économiques contrastent vivement avec celles des pays africains qui ne bénéficiaient pas du PSA. Pendant la première phase du programme (PSA 1), les pays bénéficiaires ont obtenu une aide à l'ajustement d'un montant total de 17,5 milliards de dollars, répartis comme suit: près de 7,5 milliards de dollars consistaient en décaissements bruts d'aide à l'ajustement consentie par les donateurs au titre du PSA, par l'IDA et par le FMI, et 10 milliards environ provenaient de l'allégement de la dette publique consenti par tous les créanciers, plus de la moitié résultant du rééchelonnement de dettes non concessionnelles par les créanciers du Club de Paris aux conditions plus libérales convenues au Sommet de Toronto. Au 31 décembre 1990, 81% des fonds engagés par les donateurs au titre du PSA avaient été décaissés pendant la première phase du programme, soit environ 4,3 milliards de dollars. Ces fonds ont été versés au titre du cofinancement ou du financement coordonné d'opérations d'ajustement de l'IDA, pour lesquelles FIDA a également décaissé 1,8 milliard de dollars. *{p. 46} Entre 1988 et 1990, les décaissements bruts du FMI dans le cadre de sa Facilité d'ajustement_structurel et de sa Facilité d'ajustement_structurel renforcée - créées respectivement en 1986 et 1987 - ont totalisé 1,5 milliard de dollars, ce qui équivaut à peu près au dixième du montant total brut de l'aide versée au titre du PSA. Pendant la première phase du PSA, les créanciers du Club de Paris ont officiellement rééchelonné plus de 5,6 milliards de dollars de dettes contractées par 17 pays bénéficiaires, presque toujours aux conditions du Sommet de Toronto. Pendant la période 1988-90, les donateurs ont aussi annulé des dettes au titre de l'aide_publique_au_développement (APD), pour un montant de 5,5 milliards de dollars environ. Les fonds destinés à la deuxième phase du PSA seront engagés au cours des trois années civiles 1991, 1992 et 1993. Si elles se concrétisent, les contributions annoncées en octobre 1990 seront supérieures de 15 à 20% (en valeur réelle) à celles qui avaient été accordées pendant la première phase du PSA. Avec les contributions annoncées pendant la première phase du PSA au titre du cofinancement et du financement coordonné, les décaissements qui seront effectués à ces deux mêmes titres pour aider des pays pouvant bénéficier du PSA pendant la période 1991-93 pourraient s'élever au total à plus de 7 milliards de dollars, soit près du double des décaissements effectués pendant la première phase. Les engagements de l'IDA prévus pendant les exercices 91 à 93 en faveur des 21 pays bénéficiant du PSA pourraient ajouter 2,9 milliards de dollars au total des contributions et, d'après les estimations, le fonds_monétaire_international pourrait fournir de 1 à 2 milliards de dollars. *{p. 47} Outre les contributions qu'ils ont annoncées au titre du PSA, les créanciers participant au PSA procéderont selon toute probabilité à un allégement substantiel de la dette en poursuivant l'annulation de la dette correspondant à l'APD et le rééchelonnement, aux conditions fixées à Toronto, des obligations au titre du service_de_la_dette publique bilatérale non concessionnelle. Néanmoins, actuellement, les rééchelonnements aux conditions convenues à Toronto, qui comportent globalement un élément de don de seulement 20%, restent moins favorables que l'aide nouvelle. En outre, même après ces rééchelonnements, le service_de_la_dette des pays à faible revenu bénéficiaires continuera d'absorber des ressources considérables qui, sans cela, pourraient servir à financer des investissements et des importations, et contribuer à la croissance et au développement. (De 1991 à 1993, il devrait représenter environ 25% de leurs recettes d'exportation, après allégement de la dette aux conditions actuelles.) La proposition la plus ambitieuse faite à ce jour à l'intention des créanciers du Club de Paris pour alléger davantage la dette est celle que le Royaume-uni a présentée à la Trinité . Les créanciers du Club de Paris tentent actuellement de parvenir à un consensus sur, les mesures qui pourraient être prises pour atteindre les objectifs proposés sans compromettre les flux d'aide ultérieurs. Le financement extérieur total fourni dans le cadre de la deuxième phase du PSA devrait suffire pour combler le déficit de ressources des pays qui bénéficient actuellement du programme comme des trois autres pays admis à en bénéficier en juin 1991. Il s'agit donc d'engager, de gérer et de décaisser les fonds du PSA II de manière à faciliter leur utilisation efficace. D'après les estimations, jusqu'à 85% de l'aide au titre du PSA sera sans doute largement non liée. Pendant la première phase du programme, des progrès considérables ont été accomplis dans l'harmonisation et la simplification des procédures de passation_des_marchés et de décaissement, de sorte qu'il sera plus aisé, pendant la deuxième phase, de fournir une aide à l'ajustement au lieu et au moment voulus. Pendant la première phase du programme, des missions d'évaluation, composées de représentants de plusieurs organismes donateurs et de la Banque, se sont rendues dans six pays bénéficiaires et ont fait plusieurs recommandations pour améliorer encore l'aide à l'ajustement fournie dans le cadre du PSA. Elles ont notamment recommandé: - la suppression progressive, par tous les pays bénéficiaires, d'ici à la fin de 1993, des mesures de restriction des importations et de contrôle des changes et, afin de contribuer au renforcement des réformes orientées vers le marché, l'abolition par les donateurs du strict contrôle administratif de leurs importations; - le déliement complet par les donateurs de leurs programmes de soutien des importations; - l'extension par les gouvernements bénéficiaires de l'inspection avant embarquement à la quasi-totalité des importations et, le cas échéant, l'inclusion dans cette inspection d'une estimation des droits de douane à payer; - la tenue de consultations régulières, dans chaque pays bénéficiaire, sur l'utilisation et la gestion des programmes d'importation des donateurs, complétées par des évaluations périodiques conjointes dans ces pays; et - la fourniture d'une assistance technique spécifique aux pays bénéficiaires afin d'améliorer les procédures de passation_des_marchés publics, les pratiques bancaires, l'administration douanière et les opérations de change. Le programme spécial d'assistance a prouvé qu'une action commune peut renforcer l'efficacité des efforts de développement. Les donateurs ont d'ailleurs été nombreux à demander que l'éventail des activités dans le PSA soit élargi. Bien que les ressources restent destinées essentiellement au soutien des efforts d'ajustement, les réunions du PSA sont désormais l'occasion de débats sur des questions plus générales concernant l'ajustement, comme celles du lien entre l'aide à l'ajustement et la lutte contre la pauvreté et de la qualité des programmes de dépenses_publiques des pays bénéficiaires. A cet égard, les donateurs ont approuvé des directives visant à améliorer la gestion des fonds de contrepartie afin de soutenir les programmes de dépenses_publiques budgétisées et de limiter l'affectation de ces fonds à mesure que les pays bénéficiaires améliorent la planification de leurs dépenses_publiques et l'exécution de leur budget. Stratégies de lutte contre la pauvreté. Citation. "L'objectif prioritaire de tous ceux qui, dans le monde, oeuvrent au développement est de faire reculer sensiblement la pauvreté." Communiqué du Comité du développement, 24 septembre 1990 "La réduction de la pauvreté est un thème qui relie les multiples aspects du travail de la banque_mondiale, et c'est elle qui sous-tend nos grandes orientations." Barber Conable, Discours prononcé devant le Conseil des gouverneurs du Groupe de la banque_mondiale le 25 septembre 1990. Fin de citation. L'éradication de la pauvreté reste la priorité absolue de la banque_mondiale. L'expérience de la Banque dans ce domaine a permis la publication, pendant l'exercice 91, d'une importante étude sur la pauvreté présentée dans le Rapport sur le développement dans le monde 1990, puis l'adoption de stratégies d'aide pour réduire la pauvreté. *{p. 48} Pendant l'exercice 87, un groupe d'étude spécial composé de hauts_fonctionnaires de la Banque a été chargé d'examiner l'action de la Banque contre la pauvreté et de proposer de nouvelles activités. Ce groupe d'étude a défini un programme d'action dont l'objectif était d'aider à éliminer d'ici à l'an 2000 les pires manifestations de la pauvreté dans les pays_membres en développement. Ce programme partait du principe selon lequel si, à long_terme, la croissance_économique était le facteur principal dans la lutte pour arracher les masses à la pauvreté, elle n'était pas suffisante à elle seule pour faire reculer la pauvreté absolue au rythme souhaité. Aux politiques de croissance, il fallait donc ajouter des actions clairement définies pour combattre la pauvreté. Dès l'exercice 89, la sécurité alimentaire avait été intégrée aux mesures de lutte contre la pauvreté; des efforts supplémentaires ont été faits pour aider les emprunteurs à assurer la protection des pauvres pendant les périodes d'ajustement; et les organisations_non_gouvernementales ont été associées plus étroitement aux projets soutenus par la Banque. Pendant l'exercice 90, chaque région de la Banque a défini un ensemble d'activités ("un programme prioritaire") visant à réduire directement la pauvreté, et des mesures ont été prises pour en surveiller l'exécution. Pour que les efforts de lutte contre la pauvreté soient aussi efficaces que possible, le Rapport sur le développement dans le monde 1990 recommande l'adoption par les pays_en_développement d'une stratégie à deux volets. Le premier consiste à encourager une croissance_économique reposant sur une large base. Les politiques qui mettent à profit ce que les pauvres ont de plus abondant, à savoir leur main-d'_oeuvre, contribuent à une croissance rapide et à la réduction de la pauvreté. Le second volet de la stratégie consiste à assurer aux pauvres l'accès aux services_sociaux, en particulier, à l'enseignement primaire, aux soins_de_santé de base et aux services de planning familial et de nutrition, pour améliorer leurs conditions_de_vie et pour qu'ils soient mieux à même de profiter de toutes les possibilités de gain qui peuvent être engendrées par la croissance_économique. Pour appliquer le premier volet de la stratégie, le Rapport sur le développement dans le monde 1990 recommande aux pays de mettre en place des structures d'incitation utilisant au mieux les ressources dont ils disposent, notamment celles des pauvres. En maintenant des taux_de_change compétitifs et en évitant une protection excessive de leur secteur manufacturier, des pays comme l'Indonésie et la Thaïlande ont pu encourager l'agriculture, qui est le secteur économique qui compte la plus haute intensité de main-d'_oeuvre, et développer une industrie manufacturière dynamique, ayant un coefficient de main-d'_oeuvre relativement élevé. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi veiller à ce que les programmes de dépenses_publiques encouragent les secteurs d'activité qui emploient les pauvres, et à ce que ceux-ci ne soient pas lésés dans la prestation des services - routes, irrigation, vulgarisation agricole. Même si la croissance crée des activités génératrices de revenus pour les pauvres, nombre d'entre eux ne seront pas en mesure d'en profiter pleinement, et ce, à cause d'un mauvais état de santé, du manque de compétences, de l'analphabétisme ou de la malnutrition. L'accès des pauvres aux services_sociaux de base est donc doublement important: il permet, d'une part, d'atténuer les conséquences immédiates de la pauvreté et, d'autre part, de s'attaquer à l'une de ses causes profondes. Cette stratégie à deux volets vise à permettre aux pauvres de profiter de la croissance tout en y contribuant. Néanmoins, certains d'entre eux -les personnes_âgées et les infirmes - ne pourront jamais tirer parti des nouvelles possibilités, et d'autres, même s'ils en profitent, seront toujours incapables de subvenir à leurs besoins essentiels ou demeureront vulnérables aux pertes de revenu causées par des événements, tels que les sécheresses ou la disparition du soutien de famille. Pour venir en aide à ces groupes, le Rapport sur le développement dans le monde 1990 préconise l'instauration d'un système de transferts ciblés et de filets de protection_sociale en tant qu'élément essentiel de la stratégie de base. A la lumière des conclusions du Rapport sur le développement dans le monde 1990, des mesures ont été prises, pendant l'exercice 91, pour intégrer pleinement dans les opérations de la Banque la double stratégie de lutte contre la pauvreté. Les deux principaux aspects de ces mesures sont: - l'analyse des politiques, des programmes et des institutions de chaque pays pour déterminer s'ils contribuent à la lutte contre la pauvreté; - des recommandations concernant la politique de la Banque à l'égard des pays et la conception de son programme_d'_aide destiné à soutenir et compléter les efforts nationaux de lutte contre la pauvreté. Ces deux éléments sont liés. L'analyse de la pertinence de la politique suivie par les pouvoirs_publics, en particulier pour déterminer si la gestion économique contribue à une croissance bénéficiant à une large partie de la population et si les services_sociaux de base correspondent bien aux besoins, influera à la fois sur le dialogue de politique générale que la Banque entretient avec ses pays_membres et sur son programme_d'_aide. Les stratégies d'aide de la Banque seront fondées sur une analyse des facteurs déterminant la pauvreté. *{p. 49} Analyse des politiques nationales. Les services de la Banque sont déjà équipés pour analyser les politiques à mettre en oeuvre pour stimuler la croissance. Néanmoins, le lien entre la croissance et la pauvreté n'est pas automatique, et le profil de croissance a une grande influence sur l'incidence de la pauvreté. Le principal changement par rapport à la pratique actuelle résidera donc dans l'examen et l'analyse périodiques des liens entre croissance et pauvreté. Deux mémorandums économiques récents, l'un sur l'Inde et l'autre sur le Malawi, illustrent bien le genre d'analyse nécessaire. L'un et l'autre commencent par une analyse classique des faits économiques récents et par une évaluation macroéconomique. Puis ils examinent les tendances de la pauvreté et les caractéristiques des pauvres, notamment leur implantation, leurs caractéristiques démographiques, leurs sources de revenu, la structure de leurs dépenses, leur accès aux services_sociaux, etc. Le "profil de pauvreté" qui en résulte pour ces deux pays sert de base à l'analyse de l'interaction des politiques macroéconomiques et sectorielles, d'une part, et de l'incidence de la pauvreté, de l'autre. A partir de là, l'analyse tente d'identifier les facteurs qui sont à l'origine des phénomènes observés et d'en tirer des conclusions pour la politique générale. La première étape consiste à confronter l'analyse de la politique macroéconomique et le profil de pauvreté et la seconde, à déterminer les liens entre les deux. Le Rapport sur le développement dans le monde 1990 confirme l'importance cruciale d'un ajustement authentique pour la réduction à long_terme de la pauvreté et montre qu'en général les programmes d'ajustement impriment aux économies une direction compatible avec la stratégie à deux composantes décrite précédemment. Toutefois, les efforts de restructuration et de stabilisation économiques peuvent avoir des effets négatifs à court_terme. Bien que ceux-ci soient parfois inévitables, il est bon d'analyser à l'avance les conséquences probables des programmes d'ajustement pour en améliorer la conception et pour être mieux à même de juger s'il est nécessaire de prendre des mesures compensatoires. Que l'attention porte sur la croissance à long_terme ou sur la gestion économique à court_terme, l'examen des programmes de dépenses_publiques est indispensable pour faire une évaluation globale des efforts de lutte contre la pauvreté. Une fois encore, la Banque a acquis une expérience considérable dans ce domaine. Néanmoins, peu d'études de pays ont examiné la répartition des dépenses entre les pauvres et les non-pauvres. Si une analyse détaillée par groupes de revenus est impossible dans la plupart des pays, on peut toujours effectuer une analyse en fonction du lieu et du type de service. La capacité des services_sociaux à répondre aux besoins est le deuxième élément à prendre en considération pour déterminer si les politiques d'un pays sont compatibles avec l'objectif de réduction de la pauvreté. Là aussi, la Banque est en train d'acquérir une expérience considérable de l'analyse des services_sociaux, en particulier du point de vue du lien entre la prestation de services par le secteur_public et les indicateurs relatifs à la santé et à l'éducation. Cette analyse a été effectuée pour de nombreux pays et sera étendue. Pour être efficace, l'analyse par pays du genre décrit doit être revue régulièrement. L'examen périodique des politiques de chaque pays et de leur effet sur les pauvres constitue la base du dialogue de politique générale de la Banque et de l'élaboration de ses stratégies d'aide. Grâce à une analyse minutieuse, la Banque est mieux à même de proposer des politiques appropriées aux gouvernements et de concevoir des programmes_d'_aide soutenant leurs efforts aussi efficacement que possible. Elaboration des stratégies d'aide. Le but de cette deuxième étape est de faire en sorte que, par son volume et sa composition, l'aide de la Banque soutienne et complète les efforts entrepris par chaque pays pour lutter contre la pauvreté. Les stratégies d'aide de la Banque sont fonction des conditions particulières de chaque pays et doivent leur être adaptées. De nombreux facteurs - politiques, institutionnels et économiques -influent sur leur conception. Elles obéissent cependant à quelques principes généraux. Par exemple: - Le volume des prêts de la Banque sera subordonné, entre autres, aux efforts déployés par le pays pour réduire la pauvreté. Si les politiques, les programmes et les institutions d'un pays sont largement compatibles avec la stratégie à deux volets recommandée par la Banque, il y a lieu, à première vue, de lui accorder une aide substantielle, car il est prouvé que c'est en pareil cas que l'aide extérieure est le plus efficace. L'inverse est vrai aussi: dans les cas intermédiaires, le volume de l'aide doit être moyens. Note sur la compatibilité des politiques des pays avec la stratégie de la Banque. Le Rapport sur le développement dans le monde 1990 souligne également qu'il est essentiel au succès de la stratégie proposée pour combattre la pauvreté que le pays soit résolument acquis au principe de politiques visant un développement_durable axé sur la lutte contre la pauvreté. Fin de note. - La composition des prêts de la Banque doit soutenir les efforts de lutte contre la pauvreté. Si les revenus des pauvres augmentent rapidement mais que leur accès aux services_sociaux stagne, la Banque collaborera avec le gouvernement pour rétablir l'équilibre en mettant l'accent sur la fourniture de services_sociaux. Et, dans chaque secteur, les prêts de la Banque peuvent influer sur la structure des dépenses et des investissements publics, en privilégiant les programmes ayant le plus de chances de profiter aux pauvres. *{p. 50} Établissement d'une base de données. L'analyse de la pauvreté dans plusieurs pays a révélé l'importance d'une bonne base de données. L'analyste, qu'il soit du pays concerné ou de la Banque, continuera et doit continuer d'exploiter au maximum les sources actuelles; cependant, la qualité de l'analyse dépend, en fin de compte, de la qualité des données de base. D'après le Rapport sur le développement dans le monde 1990, moins de deux douzaines de pays_en_développement effectuent des enquêtes nationales sur les ménages - importante source d'informations - ayant un degré de fiabilité raisonnable. L'étude pour la mesure des niveaux_de_vie et le projet relatif aux dimensions sociales de l'ajustement aident les pays à réaliser ces enquêtes. Ces efforts se poursuivront. Dans l'intervalle, il peut être plus rentable d'appliquer des méthodes plus simples. Plusieurs variables indiquant l'évolution des conditions_de_vie des pauvres sont relativement faciles à recueillir. Le choix de ces variables dépend des besoins spécifiques du pays et de ses capacités d'administration mais, conformément à la stratégie à deux volets, ces données doivent rendre compte du revenu des pauvres (indicateurs du revenu) et de leur accès aux services_sociaux (indicateurs sociaux). Application de la stratégie. L'application des stratégies de la Banque en matière de lutte contre la pauvreté commence par la réalisation des analyses nécessaires. La première série d'évaluations périodiques devra, à toutes fins utiles, être achevée pour tous les pays dans les trois ans qui viennent. Dans l'intervalle, les stratégies d'aide de la Banque devront s'appuyer sur une analyse des principales causes de la pauvreté. Les évaluations par pays seront largement diffusées afin de faciliter la coordination des efforts de lutte contre la pauvreté au sein de la communauté internationale des donateurs - dans le cadre des réunions des groupes consultatifs et par l'intermédiaire du Comité d'aide au développement de l'Organisation de coopération et de développement économiques. Le travail de suivi se poursuit sur deux fronts: préparation d'un guide des meilleures méthodes de lutte contre la pauvreté à l'usage du personnel opérationnel et élaboration d'une directive opérationnelle résumant les principes directeurs de la Banque en ce qui concerne les questions opérationnelles. Le guide a pour but de donner au personnel de la Banque un accès direct à des exemples pertinents d'approches fructueuses de la lutte contre la pauvreté. Il analysera les problèmes qui se posent pendant la conception et l'exécution des projets touchant les pauvres et fournira des exemples de solutions novatrices et efficaces à ces problèmes. La directive opérationnelle, dont la version finale doit être mise au point pendant l'exercice 92, fera la synthèse, entre autres, des résultats relatifs à la pauvreté d'un examen en cours des méthodes d'analyse économique des projets. Elle présentera aussi les conclusions de groupes de travail sur le financement des coûts en monnaie nationale dans les programmes et projets soutenus par la Banque. Ce point est important, car les coûts en monnaie nationale représentent généralement une plus large part du coût des projets dans le domaine social et des projets liés à la lutte contre la pauvreté. En examinant les stratégies adoptées par la Banque pour aider les pays à combattre la pauvreté, le Conseil des administrateurs a réaffirmé l'attachement de la Banque à cet effort, qui est le dénominateur commun de toutes ses activités. Lors de cet examen, le Conseil a approuvé plusieurs points importants: - Il a confirmé que la Banque devait appuyer, dans ses propres stratégies d'aide, la stratégie à deux volets de lutte contre la pauvreté énoncée dans le Rapport sur le développement dans le monde 1990. - Il a largement admis que la Banque devait intégrer cette stratégie à ses programmes_d'_aide aux pays. - Il est convenu que l'application de cette stratégie devrait être plus transparente et plus cohérente. - En ce qui concerne le lien entre la stratégie et les opérations de prêt, les efforts engagés par les emprunteurs pour faire reculer la pauvreté devront être un critère majeur pour déterminer le volume des prêts et devront également se refléter dans la composition du portefeuille de prêts. - Les administrateurs ont généralement exprimé leur préoccupation devant le manque de données fiables sur la pauvreté. Ils sont convenus que la Banque devait être prête à aider à organiser une assistance financière et technique appropriée, de concert avec les autres donateurs et les autres organisations du système des nations_unies, pour mettre en oeuvre les mesures proposées en vue d'améliorer la collecte de données sur la pauvreté. - Le Conseil a noté avec un grand intérêt les mesures que la Banque est en train de prendre pour appliquer cette stratégie. Il a approuvé l'intention de la Banque d'étayer ces mesures par la préparation d'un guide des meilleures méthodes de lutte contre la pauvreté et d'une directive opérationnelle. Il a été convenu, en outre, qu'un rapport d'activité sur l'application des stratégies de lutte contre la pauvreté adoptées par la Banque serait établi pour être soumis à l'examen du Conseil à la fin de 1992. Lors de sa réunion d'avril 1991, le Comité du développement a également accueilli avec intérêt les conclusions du Rapport sur le développement dans le monde 1990, et s'est félicité de l'intention de la Banque de mettre en oeuvre un plan d'action traduisant les conclusions du rapport dans les pratiques opérationnelles et les priorités budgétaires de la Banque. Les membres ont demandé qu'un rapport sur l'état d'avancement du plan d'action leur soit soumis dans un an. *{p. 51} Pendant l'exercice 91, un montant total de 1,885,8 millions de dollars a été engagé pour 22 projets ayant pour principal objectif de réduire la pauvreté (voir Tableau 3-3). Quatre-vingt-quinze autres projets, représentant des engagements d'un montant de 7,9 milliards de dollars, contenaient des éléments de lutte contre la pauvreté. Une récente étude interne sur les projets de lutte contre la pauvreté financés par la Banque au cours des cinq exercices 85 à 89 montre qu'un fort pourcentage des prêts ciblés destinés à ces projets (plus de 90%) était concentré dans cinq secteurs: agriculture et développement_rural; population, santé et nutrition; éducation; urbanisme; alimentation en eau et assainissement; l'essentiel allant à celui de la population, de la santé et de la nutrition. D'après cette étude, c'est l'Asie qui a reçu la plus grosse part en valeur absolue des prêts destinés prioritairement à la lutte contre la pauvreté, suivie par l'amérique_latine et les Caraïbes, l'Europe, le Moyen-orient et l'Afrique du Nord, puis l'Afrique. Si l'on compare la part des prêts de ce type à chaque région et sa part du total des prêts de la Banque, le tableau est légèrement différent. En Afrique et en Asie, le pourcentage de prêts ciblés destinés à réduire la pauvreté dans le volume total des prêts consentis à la région était égal à la moyenne observée dans l'ensemble de la Banque pour ce type de prêt. En revanche, en amérique_latine et aux Caraïbes, leur part dans le total des prêts accordés à la région était à peu près le double de la moyenne. A l'échelon local, les projets ciblés de lutte contre la pauvreté sont caractérisés par la participation relativement plus importante des organisations_non_gouvernementales (ONG) ou des bénéficiaires eux-mêmes (organisés ou non en groupes structurés). Pendant les cinq années considérées, le tiers de ces projets prévoyait la participation des ONG ou des bénéficiaires, contre 10% de l'ensemble des projets de la Banque. Cela tient à ce que l'expérience a prouvé que les projets s'adressant à des groupes spécifiques donnent des résultats plus satisfaisants et plus durables quand les bénéficiaires sont associés à leur exécution et contribuent activement à leur réussite. Les données sur les prêts de la Banque pour des projets dont le principal objectif est de réduire la pauvreté sous-estiment considérablement l'incidence réelle de ces prêts sur la pauvreté, car elles ne tiennent pas compte des effets indirects des autres prêts. Or, ces effets, quoique difficiles à cerner, sont souvent plus importants que ceux des programmes ciblés. Toutes les opérations de prêt de la Banque témoignent de l'attention croissante accordée au problème de la pauvreté. Ainsi: - Les activités opérationnelles concernant la valorisation des ressources_humaines, dont le but est d'assurer la prestation de services réellement efficaces, mettent l'accent sur les groupes vulnérables, comme les femmes et les enfants, et portent sur des thèmes différents selon la région: croissance démographique (Afrique), emploi des femmes et filets de protection_sociale (Europe, Moyen-orient et Afrique du Nord), ciblage plus précis des systèmes de prestation de services et réaffectation des fonds_publics (amérique_latine et Caraïbes). - Les prêts destinés à des projets d'environnement et de foresterie insistent sur les liens entre environnement, énergie et pauvreté (en particulier en Afrique). - Les opérations d'ajustement restent un moyen pour la Banque d'encourager les réformes permettant de stimuler la croissance_économique et de faire reculer la pauvreté, tout en préservant les dépenses_publiques prioritaires. - Dans le domaine du développement du secteur_privé et de la gestion du secteur_public, plusieurs initiatives visent à développer les activités susceptibles de procurer un revenu aux pauvres, principalement en supprimant les rigidités qui poussent les petites entreprises vers le secteur non structuré et en encourageant la mise en place de systèmes financiers fonctionnant bien. Dans les régions où la restructuration de l'industrie risque d'avoir un coût_social élevé (europe_de_l'_est, par exemple), la Banque aide à mettre en place des filets de protection_sociale pour en atténuer les effets. - Dans le domaine de l'infrastructure de base, un vaste effort a été entrepris pour améliorer la gestion de la productivité en milieu urbain, notamment de la productivité du secteur urbain non structuré (voir Encadré 3-2). L'accent reste mis sur l'aménagement d'une infrastructure sociale et productive et sur la mise en place de filets de protection_sociale à l'intention des pauvres des villes. Valorisation des ressources_humaines. Il est de plus en plus largement admis que les investissements dans le capital_humain sont d'une importance cruciale pour parvenir à un développement_durable. L'éducation, la population, la santé, la nutrition et le rôle des femmes dans le développement sont maintenant intégrés à presque tous les aspects des activités de développement et des opérations de la Banque. *{p. 53} Les pays_en_développement et la communauté internationale des donateurs sont de plus en plus conscients du fait qu'un développement_durable n'est pas possible sans des investissements dans les ressources_humaines. Cette prise de conscience se traduit par un engagement politique au plus haut niveau et elle a trouvé son expression dans plusieurs initiatives mondiales prises au cours des 13 dernières années dans les domaines de la santé et de l'éducation. La Conférence d'Alma Ata sur les soins_de_santé primaires (1978) a affirmé que la promotion de la santé devait faire partie intégrante du processus de développement et du processus politique global, et que le but devrait être d'amener tous les individus, d'ici à l'an 2000, à un niveau de santé leur permettant de mener une vie socialement et économiquement productive. A la suite de cette conférence, un ensemble très large composé d'organismes_internationaux et de professionnels de la santé ont créé un Groupe de travail sur la survie de l'enfant. Le but était de vacciner tous les enfants du monde et de promouvoir d'autres mesures sanitaires efficaces allant de la réhydratation orale au planning familial. L'initiative en faveur d'une maternité sans risque, annoncée lors d'une conférence à Nairobi en 1987, prévoyait l'intégration des soins_de_santé maternelle et infantile et mettait l'accent sur le rôle des femmes, qui supportent une part excessive du fardeau de la pauvreté. Les participants à cette conférence ont estimé qu'en améliorant la santé, la nutrition et l'éducation des femmes et en diffusant des informations et des services de planning familial, il serait possible de réduire la mortalité liée à la grossesse, qui représente chaque année 500 000 décès dans les pays_en_développement. Etant donné que la lutte contre la pauvreté exige non seulement des soins_de_santé primaires pour assurer le bien-être physique, mais aussi le développement des connaissances et des savoir-faire par l'éducation et la formation, la Conférence mondiale sur l'éducation pour tous, qui s'est tenue à Jomtien (Thaïlande) en mars 1990, était la suite logique de ces initiatives. Cette conférence, qui a réuni 1 500 participants, dont les délégués de 155 gouvernements, a réaffirmé non seulement que l'éducation était un "droit fondamental de tout être_humain", mais aussi qu'elle pouvait contribuer à l'édification d'un monde plus sûr, plus sain, plus prospère et qui respecte l'environnement. La conférence a demandé que l'accès universel à l'éducation de base soit assuré d'ici à l'an 2000. *{p. 55} Ces initiatives internationales en faveur du développement humain ont été clairement formulées au plus haut niveau politique lors du Sommet mondial pour l'enfance, qui s'est tenu à new_york en septembre 1990. En présence de 65 chefs d'État, le sommet a réitéré toutes les préoccupations antérieures concernant le développement humain. Considérant que la survie, la protection et le développement de l'enfant constituent la mission essentielle de la communauté internationale, le sommet a mis en relief le rôle important de l'éducation, de la nutrition, de la santé, du planning familial et de l'habilitation des femmes et des jeunes filles dans l'établissement des fondements de la société future. Education. Lors de la conférence de Jomtien, le président de la banque_mondiale s'est engagé à porter à plus de 1,5 milliard de dollars par an au cours des trois années suivantes le montant des prêts de la Banque en faveur de l'éducation (voir Encadré 3-3). Pendant l'exercice 90, ces prêts ont dépassé pour la première fois la barre de 1 milliard de dollars. Cette même année, 21 projets d'éducation représentant une aide d'un montant de 1,487 millions de dollars de la Banque ont été approuvés. Pendant l'exercice 91, les engagements de la Banque pour des projets d'éducation ont de nouveau augmenté, passant à 2,252 millions de dollars pour 26 projets. La plupart des projets d'éducation avaient pour but soit d'accroître l'efficacité de l'enseignement de base, soit d'améliorer la qualité de l'enseignement professionnel et scientifique de niveau secondaire et supérieur. Ainsi, la Banque aide le gouvernement des Philippines à élargir l'accès à un enseignement et une formation de qualité avec un prêt de 200 millions de dollars pour un projet de développement de l'enseignement primaire, qui vise à accroître les taux de scolarisation et de réussite dans l'enseignement primaire et à réduire les taux d'abandon. Le gouvernement met aussi l'accent sur la généralisation de l'enseignement secondaire gratuit, sur l'alphabétisation fonctionnelle et sur l'acquisition, en dehors du cadre scolaire, des compétences nécessaires pour gagner sa vie. Pour rendre le système_éducatif plus équitable, et contribuer ainsi à long_terme à la réduction de la pauvreté, les dépenses d'investissement sont orientées vers les régions les plus défavorisées. Par ailleurs, un système d'évaluation des résultats scolaires sera mis en place pour permettre un meilleur suivi et une meilleure évaluation de l'ensemble du secteur. La conception du projet suit de près les conclusions d'une étude sur l'enseignement primaire réalisée pendant l'exercice 90. D'après cette étude, des améliorations sont indispensables dans trois domaines: les conditions d'apprentissage, la préparation et la motivation des enseignants, et la capacité institutionnelle du système_éducatif. Des projets visant à améliorer l'enseignement de base ont également été approuvés pour le Brésil, le Burkina Faso, Haïti, le Maroc, le Mozambique, le Nigeria, la République dominicaine, le Rwanda et le Zaïre. S'il est important pour les pays de généraliser l'accès à l'éducation de base, il est tout aussi important pour eux de favoriser l'acquisition de connaissances et de compétences aux niveaux intermédiaire et supérieur. Les pays doivent poursuivre simultanément les deux stratégies afin d'accélérer le développement de leur économie et de pouvoir utiliser les technologies nouvelles pour participer pleinement à l'économie mondiale. Pour créer les bases technologiques du développement, la plupart des pays doivent mettre l'accent sur le transfert de technologie, dont l'efficacité dépend en grande partie de la capacité du pays de recevoir, adapter et appliquer les techniques nouvelles. Pour développer cette capacité, il faut investir dans l'éducation et la formation scientifique et technique; il faut créer des centres nationaux de science et de recherche et développement, et il faut attirer les investissements étrangers qui induisent les transferts de technologie. Au Brésil, la Banque contribue actuellement au financement d'un programme d'appui au développement scientifique et technologique (PADCT), avec un prêt de 150 millions de dollars approuvé pendant l'exercice 91. Ce programme encourage, au moyen de bourses octroyées sur concours, la recherche fondamentale et la formation de troisième cycle dans les domaines de la chimie et du génie chimique, de la biotechnologie, des sciences de la terre et de la technologie minérale. Ces domaines ont été choisis en raison de l'importance qu'ils revêteront, comme on s'en doute pour le développement_économique futur et du nombre relativement insuffisant des spécialistes déjà formés. D'autres projets visant à renforcer la formation_professionnelle ou scientifique ont été approuvés pendant l'exercice, notamment pour l'Algérie, la Chine, la Corée, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique, le Togo et Trinité et Tobago. Pour être mieux à même de fournir à la fois des conseils et une assistance de haute qualité, la Banque a entrepris deux programmes de travail connexes. Le premier concerne l'enseignement_supérieur et la formation spécialisée, tandis que le second est centré sur la science et la technologie. Ces deux programmes ont pour but d'étudier des stratégies pour améliorer l'efficacité de l'enseignement_supérieur afin de faire face à la crise à laquelle de nombreux pays sont confrontés dans ce sous-secteur et de promouvoir le développement des ressources_humaines nécessaires pour adapter les technologies nouvelles et participer à l'économie mondiale. *{p. 56} Pour développer une capacité de formation adéquate, il est essentiel de veiller à ce que les résultats correspondent aussi étroitement que possible aux besoins du marché_du_travail. A la suite des travaux récemment achevés sur l'enseignement professionnel et technique (voir Encadré 3-4), la Banque a entrepris une étude sur l'emploi et les marchés du travail, qui cherche en particulier à déterminer comment les politiques gouvernementales entravent ou favorisent le fonctionnement concurrentiel des marchés du travail et de quelle façon elles encouragent les investissements publics et privés dans la valorisation des ressources_humaines. *{p. 58} Répondant au voeu de la Conférence mondiale sur l'éducation pour tous que soient améliorés les systèmes existants d'évaluation des résultats scolaires ou que de nouveaux systèmes de ce genre soient mis en place, la Banque a lancé un programme de travail pendant l'exercice pour élaborer des mécanismes d'évaluation efficaces pour les pays_en_développement. Un guide des méthodes d'évaluation sectorielle sur la base des résultats scolaires devrait être publié à la fin du programme triennal. Il permettra aux pays qui souhaitent utiliser des tests de connaissances pour planifier la croissance et les investissements futurs dans le secteur d'évaluer convenablement ce dont ils ont besoin pour y parvenir. Au cours des dernières années, les prêts de la Banque dans le secteur de l'éducation ont été davantage orientés vers le soutien de réformes sectorielles. Soucieuse de la qualité de son aide, la Banque a mis sur pied un programme de perfectionnement multidimensionnel à l'intention de son personnel chargé du secteur de l'éducation. Ce programme prévoit des activités de formation allant de séminaires internes d'une demi-journée, destinés à diffuser les "meilleures méthodes" de conception des projets, à des séminaires plus longs axés sur le développement des compétences techniques. Le plus vaste programme de ce dernier type a été exécuté sur une période de deux ans, de juin 1989 à juin 1991. Chaque année, deux ateliers de 15 jours ont été organisés en coopération avec la Faculté de pédagogie de l'Université de Stanford aux États-unis. En tout, quatre ateliers, réunissant environ 25 participants chacun, ont eu lieu, ce qui signifie qu'une centaine de fonctionnaires de la Banque ont bénéficié de ces huit semaines de formation. Le principal objectif était de mettre le personnel au courant des tout derniers résultats de la recherche dans les domaines normalement abordés dans le cadre des prêts de la Banque pour l'éducation. Le rôle des femmes dans le développement. Pendant l'exercice 91, l'intégration dans les opérations de la Banque d'activités en faveur du rôle des femmes dans le développement a encore progressé. Environ 40% des opérations approuvées pendant l'exercice contenaient des recommandations particulières pour l'intégration des femmes dans le processus de développement. Pendant les exercices 88, 89 et 90, les proportions étaient respectivement de 11%, 22% et 30%. Il ressort d'un examen détaillé de tous les rapports économiques et sectoriels rédigés au cours de cet exercice que 62% d'entre eux contenaient une analyse approfondie ou des recommandations sur les questions relatives au rôle des femmes dans le développement, contre 41% au cours de l'exercice 90 et 25% au cours de l'exercice 89. Sur l'ensemble des rapports macroéconomiques par pays de l'exercice 91, 72% accordaient une grande importance à ces questions, contre 50% pour ceux de l'exercice 90. Dans ses activités en faveur du rôle des femmes dans le développement, la Banque cherche principalement à améliorer la productivité économique de manière à combattre la pauvreté et l'inefficacité économique et à surmonter d'autres obstacles au développement. Pour améliorer la productivité économique des femmes, la Banque se concentre sur cinq domaines: l'éducation, les soins_de_santé gynécologiques et obstétriques, les services agricoles, le crédit et d'autres formes d'appui aux femmes chefs d'entreprise, enfin l'entrée sur le marché_du_travail. Le cas échéant, la Banque examine également la productivité des femmes dans la foresterie, l'alimentation en eau et d'autres secteurs, ainsi que les questions juridiques correspondantes. Le choix des secteurs est fonction des priorités de la Banque en ce qui concerne le rôle des femmes dans le développement: au cours de l'exercice 91, tous les projets de population, santé et nutrition, ainsi que la plupart des projets du secteur des petites entreprises, tenaient compte des préoccupations des femmes, de même que plus de la moitié des projets agricoles et des projets de développement_rural et, le plus souvent, les opérations d'ajustement_structurel. Environ un tiers des projets d'éducation approuvés pendant l'exercice traitaient de la différenciation des besoins d'éducation selon le sexe. A mesure que leur activité opérationnelle se développe, les services de la Banque réclament davantage de directives sur les méthodes à employer pour aider efficacement les femmes. Des directives sectorielles sur ce qui "donne de bons résultats" avec des exemples de bonnes méthodes, ont été publiées cette année en ce qui concerne la vulgarisation agricole et l'enseignement primaire et secondaire (voir Encadré 3-5), et les travaux se poursuivent en vue de la préparation de directives pour d'autres secteurs, en même temps que se développe la recherche sur les moyens d'améliorer les possibilités offertes aux femmes. Pendant l'exercice 91, des unités chargées de coordonner les activités traitant du rôle des femmes dans le développement ont été créées dans les quatre régions opérationnelles de la Banque. Ces unités ont pour mission d'effectuer des analyses théoriques de fond, de donner des conseils de politique générale et de fournir un appui opérationnel afin d'améliorer la qualité et la portée des études économiques et sectorielles et des opérations de prêt visant à promouvoir le rôle des femmes. A la clôture de l'exercice, la région Afrique avait réalisé une évaluation portant sur le rôle des femmes dans le développement pour 14 pays et, au cours des trois à cinq prochaines années, elle procédera à d'autres évaluations de ce genre (ou à des études plus étroitement ciblées) pour tous les pays de la région. Un projet pilote de 2,2 millions de dollars, exclusivement consacré au rôle des femmes dans le développement, a été également approuvé pour la côte_d'_ivoire. L'attention accrue accordée au rôle des femmes apparaît dans les projets population, agriculture et environnement exécutés dans plusieurs pays, et elle est attestée par le nombre croissant d'opérations définissant explicitement des objectifs dans ce domaine. *{p. 59} En Asie, la promotion du rôle des femmes dans le développement est intégrée à d'autres projets, en fonction des possibilités d'action intersectorielle. Mais quelques projets autonomes sont envisagés. Pour suivre de plus près les activités relatives au rôle des femmes dans le développement, des responsables de programme à plein_temps sont actuellement recrutés localement au Bangladesh, en Inde et en Indonésie. Pendant l'exercice 91, tous les projets de population, santé et nutrition, ainsi que les projets d'urbanisme et de réhabilitation, ont traité du rôle des femmes dans le développement. Dans la région de l'Europe, du Moyen-orient et de l'Afrique du Nord, les actions menées en vue de tenir compte des préoccupations des femmes dans le programme de prêts au secteur de la population, de la santé et de la nutrition, ainsi qu'au secteur de l'éducation, ont donné d'aussi bons résultats que dans les autres régions de la Banque. Pour cette région, la difficulté est en particulier d'incorporer ces considérations dans les opérations intéressant les autres secteurs. Des travaux sont en cours afin de tenir compte des initiatives en faveur des femmes dans les projets de fonds sociaux, dans les prêts pour des opérations de secours d'urgence et dans les projets agricoles. Ainsi, en Égypte, le projet de fonds social de 140 millions de dollars accorde la priorité aux activités rémunératrices et aux programmes de micro-crédits prévoyant une participation des femmes, et s'efforce d'encourager les organisations volontaires privées bénéficiaires de son aide à accepter une représentation féminine au sein de leur conseil_d'_administration. En amérique_latine, pour comprendre les femmes et les facteurs influençant leurs conditions_de_vie, les données dont on dispose sont en général anciennes et peu fiables, surtout en ce qui concerne les revenus. En outre, dans de nombreux pays, les statistiques sur la population_active ne font que depuis peu la distinction entre les hommes et les femmes. De ce fait, la Banque a été privée de renseignements fiables sur la part des femmes dans le marché de la main_d'_oeuvre, sur leurs revenus par rapport à ceux des hommes ou sur les ménages dont le chef est une femme. Par conséquent, à mesure que l'information s'est améliorée en quantité comme en qualité, plusieurs projets entrepris dans la région ont commencé à comprendre des éléments qui profiteront aux femmes; le portefeuille de prêts actuel contient assez peu de projets exclusivement axés sur le rôle des femmes dans le développement. Pendant l'exercice, les besoins des femmes ont été traités spécifiquement en Colombie (deux projets), au Salvador, au Honduras, au Mexique et au Venezuela. Plusieurs opérations de la Banque traitant des besoins de femmes ont atteint un stade où l'on peut en discerner les résultats. Par exemple, au Nigeria, dans le cadre d'une action nationale destinée à améliorer la vulgarisation, le gouvernement avait, il y a plusieurs années, demandé à la Banque de l'aider à lancer un programme de services de vulgarisation agricole à l'intention des femmes agriculteurs. Par la suite, un projet combinant la recherche et l'appui opérationnel - conçu par la Banque et financé par le Programme des nations_unies pour le développement - a été lancé pour mettre au point et expérimenter des moyens d'aider les femmes agriculteurs en utilisant les structures en place. Ce projet a débouché sur un programme relatif au rôle des femmes dans l'agriculture. Les conclusions de ce projet pilote ont servi de base à l'extension du programme à trois États participants du Nigeria. La Banque a fourni un appui supplémentaire en aidant à l'exécution de plusieurs projets de développement agricole à l'échelon d'un État et en affectant à plein_temps un membre du personnel de la mission résidente au programme relatif au rôle des femmes dans l'agriculture. Des indicateurs de suivi, permettant de comparer les résultats entre les différents États, ont été mis au point et utilisés pour des échanges de vues périodiques entre États, ce qui a permis d'étendre cette expérience à un plus grand nombre d'États. Au Nigeria, le programme relatif au rôle des femmes dans l'agriculture a fait des progrès sensibles. Le nombre d'agents est passé de 425 en 1989 à plus de 800. La priorité a été donnée à l'amélioration de leur mobilité et de leur champ d'action et, pour cela, des mobilettes leur ont été fournies. Le nombre de femmes agriculteurs servant de contact a plus que triplé, en particulier dans les États du nord. Quand ils commencent à fonctionner efficacement, les groupes_de_femmes sont encouragés à se constituer en coopératives dûment enregistrées pour pouvoir bénéficier de crédits bancaires. Plusieurs initiatives en faveur des femmes dans l'agriculture ont soutenu la plantation de bois communaux, afin de permettre aux femmes de passer moins de temps à ramasser du bois de feu. Les enseignements tirés de ce programme, qui a permis d'évaluer les besoins des femmes, d'entreprendre des activités pilotes pour adapter les services de vulgarisation à ces besoins et de mobiliser l'appui du gouvernement nigérian grâce au brassage fécond des idées et approches entre les États, peuvent être utiles à d'autres pays, en Afrique et ailleurs. Au cours des prochaines années, la Banque espère que d'autres projets parviendront à des résultats aussi aboutis, à mesure que ses travaux d'analyse et de recherche sur le rôle des femmes dans le développement prendront de l'expansion. *{p. 60} Population, santé et nutrition. Le volume des prêts dans ce secteur a encore augmenté pendant l'exercice 91. Vingt-huit projets, représentant des engagements d'un montant total de 1,568 millions de dollars, ont été approuvés. Par rapport à l'exercice précédent, le nombre d'opérations a augmenté de 56% et le montant des prêts et des crédits de 68%. (Pendant l'exercice 90, le nombre de projets approuvés avait augmenté de 64% par rapport à l'exercice 89, et le volume des prêts de 70%.) Au cours des cinq exercices (83-87), qui ont précédé l'annonce par le président de la Banque que le volume des prêts à ce secteur doublerait au cours des années suivantes, les engagements se sont élevés en moyenne à 205 millions de dollars. Environ deux sur cinq des projets approuvés pendant l'exercice 91 concernaient la région de l'Afrique, et six projets ont été approuvés pour des pays du Moyen-orient et d'Afrique du Nord. Sur les 28 projets approuvés, 23 peuvent être considérés comme des projets classiques de population, de santé et de nutrition (d'un montant de 1,332,9 millions de dollars) et cinq sont des projets de développement social, d'un montant de 234,7 millions de dollars. Des projets de ce type ont été approuvés pour l'Égypte, Haïti, le Honduras, le Yémen et le Zaïre. Le projet de 140 millions de dollars approuvé pour l'Égypte, qui prévoit l'octroi de fonds pour la formation, la création de microentreprises et des travaux_publics à forte intensité de main-d'_oeuvre, profitera, entre autres, aux travailleurs qui ont été contraints de rentrer dans le pays pendant la crise du Golfe. L'accroissement actuel et prévu des prêts destinés au secteur de la population, de la santé et de la nutrition a plusieurs raisons. Premièrement, bien qu'elle donne aux problèmes de population un rang de priorité élevé depuis de nombreuses années, la Banque est en train d'intensifier ses efforts dans ce domaine pour stimuler la demande d'opérations et pour accroître celles-ci en conséquence. Deuxièmement, la demande en matière de planning familial et dans d'autres domaines relatifs à la population devrait continuer de croître dans la mesure où les gouvernements, en particulier en Afrique, sont de plus en plus nombreux à mesurer pleinement l'effet négatif de la croissance démographique sur les perspectives de développement et les avantages que le planning familial procure dans le domaine de la santé. Troisièmement, les responsables nationaux et la Banque considèrent le développement humain comme une priorité majeure dans l'optique d'une réforme économique globale et des objectifs de développement. Le développement humain fait l'objet de diverses interventions de la Banque, notamment de projets de population, de santé et de nutrition, et d'activités dans ces domaines incluses dans des projets de développement social, d'ajustement_structurel et d'ajustement sectoriel. Quatrièmement, à la lumière de l'analyse des questions relatives à la pauvreté présentée dans le Rapport sur le développement dans le monde 1990, la Banque donne la priorité absolue aux activités visant à réduire la pauvreté, dont un élément important est la fourniture de services_sociaux de base aux pauvres. Cinquièmement, dans de nombreux pays, le secteur de la santé est actuellement mal organisé et mal financé, et il doit faire face à la hausse rapide du coût des services et à l'accroissement de la demande. Enfin, le développement des activités de nutrition s'accélère et devrait se poursuivre tant dans le cadre des prêts aux secteurs de la population, de la santé et de la nutrition que dans celui d'opérations multisectorielles et de prêts à l'ajustement_structurel. Comme en témoignent ses prêts, la Banque a récemment modifié sa façon d'identifier les investissements potentiels dans ces secteurs. L'importance accrue que la Banque et les gouvernements accordent, à l'échelon macroéconomique, au développement des ressources_humaines et aux réformes sociales a ouvert la voie à des interventions plus vastes et plus prometteuses de la Banque dans les secteurs de la population, de la santé et de la nutrition. Un nombre croissant de discussions sur les opérations d'ajustement_structurel ont abouti au lancement de programmes de développement humain soutenus directement par des prêts de la Banque. Les investissements récents de la Banque témoignent aussi de la reconnaissance croissante du fait que, pour atteindre les objectifs fixés dans les secteurs de la population, de la santé et de la nutrition, il est absolument indispensable de disposer d'une solide capacité institutionnelle comme de compétences et de méthodes éprouvées en matière de gestion. Presque tous les projets approuvés dans ce secteur pendant les exercices 90 et 91 prévoyaient d'une façon ou d'une autre d'améliorer l'efficacité des programmes et des services par des interventions destinées à renforcer la gestion. En général, les investissements de la Banque dans ce secteur servent à financer une part des dépenses renouvelables plus importante que dans le passé. La Banque a cherché avant tout à améliorer l'efficacité des activités et des services prioritaires, en ne les développant que prudemment, lorsque leur viabilité financière pouvait être raisonnablement garantie. *{p. 61} L'environnement. En ce qui concerne l'environnement, les stratégies de la Banque ont trois dimensions inséparables: les rapports entre la dégradation de l'environnement et la pauvreté; les effets des modes actuels d'utilisation des ressources sur les possibilités de développement des générations futures; et l'interdépendance des problèmes environnementaux à l'échelle internationale. Les effets néfastes de la dégradation de l'environnement se font sentir immédiatement sur les pauvres, urbains et ruraux, de bien des manières: par les conséquences de la pollution de l'atmosphère et de l'eau sur la santé; par les pertes agricoles dues à l'érosion croissante causée par le déboisement; par l'appauvrissement de la récolte de produits forestiers secondaires consommables dû à la disparition du couvert; par l'augmentation du travail nécessaire pour aller chercher l'eau et ramasser le bois de feu; et par les récoltes perdues ou les dégâts causés aux réseaux d'irrigation par suite de la déstabilisation des régimes hydrologiques. A son tour, la persistance de la pauvreté, combinée à une expansion démographique rapide, augmente la pression imposée à l'environnement: elle force les pauvres à abuser des ressources_naturelles en épuisant des pâturages communs de plus en plus réduits, en déboisant pour repousser les limites des terres cultivées ou pour avoir du bois de feu, en polluant l'environnement par les moyens employés pour l'évacuation des déchets et dans l'utilisation de l'énergie. En outre, la dégradation de l'environnement force à opérer des choix quasi impossibles entre les besoins des populations actuelles et ceux des générations futures. Bien qu'à l'échelle de notre planète les risques qu'entraînent les niveaux et les schémas actuels de la production et de la consommation donnent toujours lieu à des discussions techniques considérables, il n'y a guère de doute que les techniques, les politiques et les institutions nécessitent des ajustements substantiels pour pouvoir assurer la préservation de notre environnement. Les problèmes d'environnement transcendent les frontières nationales, et le monde en est de plus en plus conscient. On estime à 100 le nombre des espèces qui disparaissent chaque jour. Les concentrations de chlorofluorocarbone dans l'atmosphère, dont on pense qu'elles augmentent d'environ 5% par an, entraînent un amenuisement de la couche d'ozone et une exposition accrue aux rayons ultraviolets nocifs. D'autres formes de pollution de l'atmosphère contribuent au réchauffement de la planète. Finalement, il y a le problème de plus en plus sérieux de la pollution "transfrontières" et des décharges de déchets toxiques, en particulier en mer. La responsabilité des problèmes écologiques mondiaux, de même que celle de la recherche de solutions à ces problèmes, incombe aussi bien aux pays_en_développement qu'aux pays_industrialisés; ainsi, par exemple, les émissions de gaz entraînant un "effet de serre" ont été jusqu'ici largement le fait des pays_industrialisés, mais leur accroissement à venir sera probablement de plus en plus imputable aux pays_en_développement. Cette responsabilité commune rend donc nécessaire la conclusion d'accords multilatéraux en vue de remédier à cette situation et de partager les charges que cela comporte (voir Encadré 3-6). Si, dans certains domaines touchant l'environnement, le manque d'informations et de méthodes appropriées gêne encore la rapidité des réactions, les connaissances actuelles sont déjà très étendues et les recherches se poursuivent pour les étendre davantage. Pour les dix années à venir, nous sommes en présence de cinq groupes de problèmes écologiques prioritaires: la destruction des habitats naturels, notamment des forêts tropicales humides; la dégradation des sols; la dégradation et l'épuisement des ressources en eau douce; la pollution urbaine, industrielle et agricole; et la dégradation du patrimoine commun de l'humanité. La prise de conscience des questions écologiques, l'abaissement des taux_de_croissance démographique dans de nombreux pays_en_développement, l'identification des problèmes environnementaux particuliers à chaque pays et la recherche de solutions à ces problèmes, la coordination et la mise au point de nouveaux moyens de financement pour couvrir les coûts locaux des problèmes mondiaux de l'environnement constitueront des points importants à l'ordre du jour des travaux à mener dans le domaine du développement pendant les années 90. Le Rapport sur le développement dans le monde 1992, qui portera sur les rapports entre le développement et l'utilisation durable des ressources de l'environnement, est en préparation et couvrira la plupart des questions qui seront soulevées à la Conférence des nations_unies sur l'environnement et le développement, qui se tiendra au Brésil en 1992. A l'occasion de sa réunion de septembre 1990, le Comité du développement a insisté à nouveau sur la nécessité d'intégrer les questions d'environnement aux opérations de la Banque. Cette intégration s'est poursuivie tout au long du dernier exercice. Il en résulte que la distinction entre les activités concernant l'environnement et les autres activités de la Banque - qu'il s'agisse des travaux de recherche ou des prêts - devient de plus en plus floue et que les préoccupations et responsabilités relatives à l'environnement, de même que les compétences dans ce domaine, sont désormais largement répandues dans toute l'institution. *{p. 62} Officiellement, la responsabilité des activités concernant l'environnement à la Banque continue à être partagée entre plusieurs services. Le Département de l'environnement est chargé de fixer les objectifs stratégiques d'ensemble, de procéder aux recherches nécessaires, de préparer les directives, d'assurer la formation du personnel et de s'occuper des relations extérieures concernant les travaux de la Banque dans le domaine de l'environnement. Il a été aussi chargé récemment de l'administration du Fonds pour la protection de l'environnement. Dans le département technique de chacune des régions, une division de l'environnement est chargée de s'assurer en permanence de la qualité des opérations de la Banque, en s'intéressant non seulement à chaque projet pris individuellement mais aussi de façon plus stratégique aux problèmes d'environnement au niveau du pays ou de la région. Cependant, par rapport à l'ensemble des activités des services opérationnels, cela ne représente que la partie visible de l'iceberg. Les départements géographiques des opérations, de même que certaines divisions des départements techniques, élargissent de plus en plus leurs responsabilités environnementales et recrutent du personnel auquel ils confient des responsabilités bien définies en matière d'environnement. L'évaluation des aspects écologiques des opérations de la Banque revêt aussi une importance de plus en plus grande dans les travaux du Département de l'évaluation rétrospective des opérations et de l'Institut de développement_économique (pages 92 et 93, respectivement). Il est difficile d'estimer le volume du travail consacré par le personnel de la Banque à l'environnement, d'autant plus que les questions écologiques sont de plus en plus intégrées à un large éventail d'activités de la Banque. Actuellement, le Département de l'environnement et les quatre divisions de l'environnement des régions regroupent 106 cadres et 34 auxiliaires. Ce personnel comprend des économistes, des sociologues, des ingénieurs, des aménageurs, des écologistes, des ingénieurs des forêts, des anthropologues et des spécialistes en organisation institutionnelle. D'autre part, plusieurs divisions opérationnelles exercent aussi des fonctions environnementales spécifiques. Dans l'ensemble, sur la base de l'emploi du temps du personnel, environ 270 hommes-années ont été consacrés à la foresterie ou à l'environnement au cours de l'exercice 91, ce qui correspond à environ 10% de l'emploi du temps du personnel de la Banque. Sur les 229 projets approuvés durant l'exercice 91, onze ont été classés comme ayant des effets variés et importants sur l'environnement (catégorie A) et 102 comme pouvant avoir des effets écologiques plus limités et plus spécifiques (catégorie B). Les évaluations des projets ont pour but de s'assurer que les options de développement envisagées respectent l'environnement durablement (la participation des collectivités_locales est donc essentielle à ce processus) et que leurs incidences écologiques éventuelles soient décelées dès le début du cycle des projets et prises en compte dans leur conception. On peut mesurer la poursuite des progrès dans l'intégration des préoccupations d'environnement aux opérations de la Banque au nombre de projets approuvés pendant l'exercice 91 qui ont une composante ou des objectifs liés à l'environnement. Au total, 14 des projets approuvés avaient principalement des objectifs environnementaux (les projets sont réputés être "principalement" environnementaux si plus de 50% de leurs coûts ou de leurs avantages ont trait à l'environnement). Ces 14 projets représentent un volume total de prêts de 1,5 milliard de dollars. En outre, parmi les autres projets approuvés au cours de l'exercice, beaucoup, sans être "principalement" environnementaux, répondaient à une ou plusieurs préoccupations écologiques. Si l'on exclut les projets dont l'action sur l'environnement représente moins de 10% du total de leurs coûts ou de leurs avantages, près de 40% des projets approuvés au cours de l'exercice 91 avaient d'importantes composantes environnementales. La supervision de plusieurs projets approuvés antérieurement - et dont certains avaient été controversés - a continué à réclamer des efforts considérables de la part du personnel au cours de l'année écoulée. Ces projets comprenaient: le projet national de gestion des terres et d'élevage au Botswana; le projet du barrage Sardar Sarovar en Inde; le projet de production d'électricité thermique de Singrauli, également en Inde; le projet Kedung Ombo en Indonésie; le projet d'exploitation du minerai de fer de Carajàs au Brésil; et le troisième projet de peuplement du Nord-ouest (projet Polonoroeste), également au Brésil. La supervision s'est concentrée sur les mesures de protection de l'environnement et d'atténuation des effets potentiellement néfastes de certains investissements sur les populations locales. L'exercice 91 a vu la sortie d'un ouvrage de référence intitulé Environmental Assessment Sourcebook. Cet ouvrage de 800 pages, publié en trois volumes, codifie les politiques et directives de la Banque en matière d'environnement. Il est destiné principalement aux équipes spécialisées des pays emprunteurs qui ont besoin d'appliquer les méthodes d'évaluation de la Banque et de savoir comment celle-ci désire que ces évaluations soient conduites. Tous les secteurs concernés et tous les types de projets susceptibles d'avoir une incidence écologique importante sont traités, l'accent étant mis sur les grands projets d'infrastructure. Pour chacune des grandes catégories de projet - énergie, agriculture, industrie, transports, urbanisme, alimentation en eau et assainissement -, ce manuel indique les effets potentiels sur l'environnement. La Banque a également tenu compte de l'importance qu'attache le Comité du développement aux initiatives visant à mieux protéger les forêts tropicales et à promouvoir une utilisation plus efficace et plus économique de l'énergie dans les pays_industrialisés comme dans les pays_en_développement. *{p. 64} Un projet de document sur la politique forestière, préparé pendant l'exercice 91, suggère des moyens d'organiser une coopération_internationale pour maîtriser le déboisement tout en augmentant les ressources en bois de feu, et propose des actions spécifiques à mener par la Banque, notamment l'interdiction complète du financement des activités commerciales d'abattage dans les forêts tropicales humides vierges. Ce projet d'étude de la politique forestière a fait l'objet d'un séminaire à l'intention des membres du Conseil des administrateurs. Une version révisée en sera présentée au Conseil des administrateurs au cours de l'exercice 92. Pendant l'exercice 91, la Banque a créé un groupe d'étude aux fins d'examiner les possibilités d'utilisation plus efficace et plus rationnelle de l'énergie, et les transferts de technologie nécessaires à cet égard dans les pays_en_développement. Ce groupe s'efforce aussi de rassembler les connaissances acquises par la Banque sur ces questions et d'en faire la synthèse, d'en déceler les lacunes et d'identifier les domaines les plus prometteurs. Les informations qu'il a réunies serviront à étayer un document à paraître, qui définira la politique de la Banque à l'égard des problèmes du secteur de l'énergie. Au cours du dernier exercice, il est devenu de plus en plus évident que les quatre régions opérationnelles de la Banque s'orientaient dans des directions différentes en ce qui concerne l'intégration des préoccupations environnementales dans les programmes de travail. Cela était prévisible, car ces préoccupations varient selon les régions. En Afrique, par exemple, le nombre élevé des pays_membres en développement a obligé à mettre l'accent sur la préparation de plans nationaux d'action pour la protection de l'environnement. Des plans sont achevés ou en voie d'achèvement au Burkina Faso, au Ghana, en Guinée, au Lesotho, à Madagascar, à Maurice, au Rwanda et aux Seychelles. D'autres pays - notamment le Bénin, le Burundi, la Gambie, la Guinée-bissau, le Nigeria, l'Ouganda et le Togo - ont commencé à prendre des mesures en ce sens. L'établissement de ces plans nationaux d'action pour la protection de l'environnement offre un cadre permettant d'intégrer les considérations écologiques au développement_économique et social du pays. Ce processus est "induit par la demande", c'est-à-dire qu'il est déclenché par les demandes des divers pays et qu'il commence par un examen général des questions d'environnement en vue de déterminer les priorités nationales. Il est le produit de la coopération locale avec les diverses branches de l'administration, ainsi qu'avec les administrations locales, les groupes civiques, les institutions de recherche et d'enseignement, les organisations_non_gouvernementales et d'autres agents du secteur_privé. De nombreux partenaires internationaux apportent également leur contribution. Le Bureau régional Afrique de la Banque, à titre de service à ses pays_membres, a donné l'impulsion initiale à ces activités et a continué à les stimuler par la suite, tout en prenant grand soin d'éviter la tentation, si courante dans les efforts d'assistance au développement, de "faire le travail soi-même" pour le pays intéressé. L'exercice 91 a vu la création du "Club de Dublin", qui a pour but d'appuyer le processus d'élaboration des plans nationaux d'action pour la protection de l'environnement et, plus particulièrement, de contribuer à l'incorporation complète des questions d'environnement aux problèmes de développement en Afrique. Bien qu'il ne participe pas directement à la recherche des financements, ce club - qui se compose des représentants des nations africaines et des bailleurs de fonds intéressés - devrait jouer un rôle actif dans le lancement des discussions et études, ainsi que pour mobiliser des appuis en faveur des actions et programmes pour lesquels il contribuera à réunir un consensus. Au cours de l'exercice 91, un grand nombre des problèmes d'environnement qui intéressent particulièrement l'Asie ont été abordés: dégradation des sols (la moitié des terres arables de l'Inde sont dégradées par l'érosion, le compactage et la salinisation), disparition des forêts (à raison de 2 millions d'hectares par an) et détérioration de la qualité de l'air (en particulier dans les mégapoles de la région). Un prêt de 155,6 millions de dollars a été approuvé en faveur de l'Inde en vue de lutter contre la pollution industrielle. Bien que ce projet ait pour principal objectif de renforcer les organismes de surveillance et de contrôle du gouvernement, il cherche également à aider les industries à modifier leur comportement en matière de pollution en construisant des installations de traitement des déchets et autres. Aux Philippines, un prêt à l'ajustement sectoriel de 224 millions de dollars a été accordé pour faire face à quelques-uns des problèmes environnementaux les plus pressants dans les zones rurales, problèmes concernant la survie des forêts, des pêcheries et des hautes terres agricoles. La pollution industrielle aux Philippines fait l'objet d'un autre projet qui est encore en préparation. En Chine, deux projets concernant les problèmes environnementaux en zone urbaine (à Beijing et à Liao-ning) en sont à un stade avancé de préparation. On a également commencé à préparer un rapport sur les causes des problèmes écologiques de l'Asie; cette étude a été conçue comme base d'une stratégie générale pour faire face à ces problèmes. Les travaux au titre du Programme d'amélioration de l'environnement métropolitain - programme de 2,5 millions de dollars lancé conjointement par le Programme des nations_unies pour le développement et la Banque à la fin de 1989 - se sont intensifiés; ce programme est axé sur la façon dont une amélioration de la gestion pourrait renverser la tendance à la dégradation de l'environnement dans les villes de Beijing, Bombay, Colombo, Djakarta et Manille. *{p. 65} Dans la région Europe, Moyen-orient et Afrique du Nord, l'accent est placé sur la réhabilitation écologique de l'europe_de_l'_est et sur la mise en oeuvre du Programme environnemental d'assistance technique pour la Méditerranée (METAP), qui est l'un des éléments essentiels du Programme environnemental pour la Méditerranée (PEM). Le METAP est financé par la Commission des Communautés européennes, la Banque européenne d'investissement, le Programme des nations_unies pour le développement et la banque_mondiale. Conformément aux priorités du METAP, la planification des activités est centrée sur les pays du sud et de l'est de la Méditerranée, dont les ressources financières, en particulier en devises, sont les plus faibles et où le développement se heurte à un niveau insoutenable d'utilisation des ressources. Les pays méditerranéens sont dans la nécessité d'adopter des mesures plus rigoureuses de lutte contre la pollution et de mettre en oeuvre des programmes de gestion des déchets toxiques, des plans d'aménagement des zones côtières et des programmes de préservation de la nature. La participation locale étant essentielle à la bonne exécution et à la durabilité des mesures environnementales, une place importante a été réservée à l'établissement d'un dialogue étroit aux niveaux régional, national, provincial et local. Le METAP a des activités dans dix pays (Algérie, Chypre, Égypte, Espagne, Grèce, Israël, Malte, Tunisie, Turquie et Yougoslavie). En europe_de_l'_est, la stratégie d'assistance de la Banque en matière d'environnement a été basée sur des travaux économiques initiaux qui ont conduit à des programmes de prêts à l'appui de réformes et de prêts-projets. Des méthodes variées ont été mises au point pour répondre aux besoins des différents pays et expérimenter divers mécanismes d'assistance. Cependant, les gouvernements et la Banque ont reconnu l'importance de certaines réformes, telles que l'augmentation des prix de l'énergie et le renforcement des institutions environnementales. Ces initiatives sont considérées comme la première étape sur la voie de la réhabilitation de l'environnement. Dans cette région, les stratégies d'assistance en matière d'environnement sont placées dans le cadre plus large des réformes économiques et sont inséparables du processus de restructuration des secteurs industriel et énergétique. Les problèmes écologiques sont intégrés au processus de réforme parce qu'ils ont des rapports directs avec la qualité_de_la_vie, ainsi qu'avec l'impression, politiquement importante, que les réformes conduisent à un progrès social. Ainsi, en Pologne, la Banque finance actuellement un projet qui fournit une assistance technique visant à aider ce pays à renforcer ses capacités d'analyse et de mise au point d'une série d'actions, dans les domaines de la politique, des réglementations, des institutions et des investissements, que le gouvernement envisage d'entreprendre pour améliorer la qualité de l'environnement. En amérique_latine et aux Caraïbes, le renforcement des institutions est devenu le thème dominant des stratégies d'assistance en matière d'environnement. La Banque a préparé des rapports de synthèse sur les problèmes écologiques auxquels sont confrontés tous les pays emprunteurs de la région. Ces rapports mettent en lumière les principaux problèmes environnementaux, en examinent les causes fondamentales et proposent des solutions possibles. Dans les conclusions de beaucoup de ces études, on retrouve la nécessité de renforcer les autorités nationales et provinciales responsables de la réglementation et du contrôle de l'environnement. Tant qu'un cadre institutionnel adéquat ne sera pas en place, il sera difficile d'atteindre l'objectif général de la Banque de réduire la pauvreté et de restaurer la croissance d'une manière qui garantisse que les ressources_naturelles ne s'épuiseront pas et ne seront pas polluées irrémédiablement. Au Brésil, un programme qui fera date, financé par la Banque, a commencé au cours de l'exercice 90, avec pour but d'appuyer le programme national pour l'environnement en renforçant l'autorité centrale et quatre organismes locaux, à l'échelon des États, de protection de l'environnement. L'expérience acquise au Brésil est désormais appliquée à de nouveaux programmes appuyés par la Banque et destinés à renforcer les organismes nationaux de protection de l'environnement en Équateur et au Mexique. Des efforts similaires sont en cours en Bolivie, aux Caraïbes, au Chili, en Colombie, au Paraguay et au Venezuela. En collaboration avec le gouvernement brésilien et la Commission des Communautés européennes, la Banque a préparé une proposition de programme pilote pour protéger la forêt tropicale humide de la région amazonienne. Cette action a été demandée par les chefs d'État des sept principaux pays_industrialisés à l'occasion de leur sommet_économique de Houston, en 1990. Une politique forestière nationale est en cours d'élaboration dans le cadre de cette initiative. Le premier d'une série de rapports annuels destiné au public intitulée The World Bank and the Environment (La banque_mondiale et l'environnement) a été publié en septembre 1990. Il rend compte des activités de la Banque dans le domaine de l'environnement au cours de l'exercice 90. Le second sera publié au début de l'exercice 92. *{p. 66} La réduction de la dette et du service_de_la_dette: examen des progrès réalisés. Pendant l'exercice 89, les administrateurs ont approuvé le principe de l'utilisation des ressources de la banque_mondiale pour appuyer des opérations de réduction de la dette et de son service en faveur des pays à revenu intermédiaire lourdement endettés. Les conditions à satisfaire pour que la Banque appuie le financement d'opérations de ce genre et les directives à appliquer pour déterminer l'étendue de sa participation ont alors été établies. Au moment de l'approbation du programme, les administrateurs ont demandé que soient effectués des évaluations et examens réguliers. Ils ont procédé au premier examen de ce genre au cours de l'exercice 90; un second a eu lieu en mars 1991. Depuis le début du programme, au total cinq opérations de réduction de la dette et de son service ont été appuyées, par ordre chronologique, en faveur du Mexique, des Philippines, du costa_rica, du Venezuela et de l'Uruguay. Les objectifs du programme sont d'aider les débiteurs à résoudre leur problème d'excès d'endettement et de rétablir leur cote de crédit. Les pays qui bénéficient de ce programme ont réussi à obtenir un allégement de leur dette tout en améliorant sensiblement leurs chances de rétablir leur croissance, à condition qu'ils continuent à suivre des politiques d'ajustement appropriées et qu'ils n'aient pas à souffrir des effets de chocs extérieurs. Dans les cas du Mexique et du Venezuela, les premiers indices suggèrent que la cote de crédit de ces deux pays commence aussi à remonter. Les rapatriements de capitaux et les investissements_étrangers_directs semblent avoir augmenté, sous l'effet conjoint de la conclusion d'opérations de réduction de la dette et de la réussite des programmes d'ajustement. Il est trop tôt toutefois pour déterminer si la reprise du flux des prêts volontaires se généralisera. Cela dépendra à la fois de la poursuite de politiques saines de la part des débiteurs et des stratégies choisies par les prêteurs. En général, les banques ont réussi à isoler momentanément leurs créances envers les pays_en_développement. Néanmoins, le programme doit encore faire face à un certain nombre de difficultés. Sur les 20 pays à revenu intermédiaire classés comme très endettés , cinq seulement ont bénéficié de l'appui de la banque_mondiale et l'addition de nouveaux pays à la liste de ces bénéficiaires s'avère lente et difficile. Cependant, en étant réaliste, il faut admettre qu'il est normal que les négociations se prolongent, car les instruments utilisés sont complexes et, dans certains cas ' nouveaux. En outre, plusieurs des cas en instance sont caractérisés, au départ, par l'existence d ' arriérés importants et par l'absence de résultats en matière d'ajustement. L'existence d'arriérés importants et généralisés rend la conclusion de nouveaux accords plus difficile et force la Banque à faire preuve de prudence avant d'apporter son appui à des opération s de réduction de la dette et de son service. La Banque, par l'appui qu'elle apporte à ses débiteurs, autant par le dialogue sur les réformes qu'elle entretient avec eux que par les prêts ordinaires et les prêts à l'ajustement_structurel qu'elle leur consent, joue un rôle essentiel à la réussite du programme, tout comme le FMI quand il encourage les réformes macroéconomiques. Malgré ces difficultés, des progrès ont été réalisés dans l'application de la stratégie de la dette. Deux pays - l'Égypte et la Pologne - ont bénéficié d'allégements exceptionnels de leur dette de la part du Club de Paris; cinq pays - l'Argentine, la Bolivie, le Brésil, l'Équateur et la Pologne - en sont à des stades divers dans leurs discussions avec leurs banques; cinq autres pays (déjà mentionnés plus haut) figurent parmi les bénéficiaires de cette stratégie; le Maroc a obtenu un accord de principe avec les banques; et enfin, deux pays - le Chili et le Maroc - ont utilisé des ressources multilatérales pour la réduction de leur dette ou vont le faire. A l'occasion de leur examen de l'exercice 91, les administrateurs sont convenus, en général, que le programme progressait vers ses objectifs et qu'aucun changement des directives n'était nécessaire. Toutefois, plusieurs administrateurs ont fait remarquer qu'il faudra continuer à se montrer souple à l'avenir, dans l'application de ces directives. L'existence généralisée d'arriérés a été perçue avec une appréhension particulière par les administrateurs qui ont invité la Banque à exercer une extrême prudence quand elle envisage de prêter à des pays en situation d'arriérés. Les administrateurs ont également confirmé le bien-fondé de l'approche des problèmes au cas par cas. *{p. 67} Certains administrateurs ont également indiqué leur préoccupation devant la lenteur des réalisations d'accords de réduction de la dette et de son service, tout en reconnaissant que cette lenteur s'expliquait par les circonstances. Les administrateurs ont souligné que la Banque devait continuer à suivre de près les négociations en vue de la réduction de la dette et à communiquer, en temps opportun, aux parties à la négociation, les modalités de son appui éventuel - montants réservés, prêts arrangés directement et que l'emprunteur peut utiliser pour des programmes approuvés de réduction de la dette et d'amélioration de sa cote de crédit, garanties de paiement d'intérêts, ou renonciations à la clause de nantissement négative par la Banque (voir Encadré 3-7). Ils ont réaffirmé que la mise en oeuvre de plans macroéconomiques et financiers viables et durables devait être inséparable de toute opération visant à réduire la dette et les obligations de service_de_la_dette pour que la situation se maintienne après cette opération, et que toutes les parties en cause devaient partager la charge équitablement. Pendant l'exercice 92, un nouvel examen du programme sera soumis au Conseil des administrateurs, qui en évaluera les avantages et l'impact en vue de recommander son prolongement éventuel au-delà des trois années initiales. Pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure, ayant un niveau élevé de dette publique. Le programme de réduction de la dette et de son service s'adresse aux pays à revenu intermédiaire ayant une forte dette privée. Cependant, la situation des pays de la tranche inférieure des pays à revenu intermédiaire dont les créances sont surtout détenues par des créanciers publics inspire également des inquiétudes. Le fait qu'une forte proportion de l'endettement soit envers des créanciers publics signifie que les réductions de la dette privée basées sur le marché ne peuvent jouer qu'un rôle limité dans la stratégie financière de ces pays, même si, dans certains cas, une réduction substantielle de ces dettes et de leur service peut contribuer à atténuer leurs difficultés de paiement - et, dans certains cas, de façon sensible. La situation des 15 pays qui ont surtout contracté des emprunts auprès de créanciers publics et qui ont bénéficié de rééchelonnements de la part du Club de Paris depuis 198213 diffère largement en ce qui concerne la croissance, l'orientation de leurs politiques, leurs performances économiques et leurs perspectives de développement. Cependant, quand il s'agit de définir des stratégies visant à résoudre leurs problèmes d'endettement, l'examen de l'expérience de ceux de ces pays qui ont maintenu, ou rétabli, des relations normales avec leurs créanciers met en relief l'importance critique de deux éléments. Le premier est qu'il leur faut avoir des programmes globaux d'ajustement à moyen terme qui mettent particulièrement l'accent sur les changements_structurels afin de redonner confiance aux investisseurs et de générer les flux de fonds privés indispensables au succès des réformes orientées vers la croissance. Le second est qu'il faut maintenir l'accès aux sources de financement qui sont prêtes à appuyer les efforts d'ajustement et de développement, tout en rétablissant l'accès à d'autres sources de financement susceptibles d'étayer la croissance future. Des progrès ont été également réalisés en ce qui concerne ces pays. Le Club de Paris, exhorté en 1990 par le sommet_économique de Houston à rechercher des solutions aux problèmes de la dette officielle, a commencé à offrir des échéances plus longues. Quatre pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure (Congo, El Salvador, Honduras et Maroc) et un pays à faible revenu exportateur de pétrole (Nigeria) ont bénéficié d'une prolongation des échéances et de différés d'amortissement plus longs à l'occasion de rééchelonnements. Par l'intermédiaire du Club de Paris, des arrangements récents, plus ambitieux, avec la Pologne et l'Égypte prévoient une réduction de 50% de la valeur actualisée nette des paiements à venir au titre du service_de_la_dette. En plus de cet allégement, les créanciers peuvent, individuellement, convertir une partie de leurs créances en obligations en monnaie locale, en procédant à des échanges de créances contre des participations, ou contre des mesures de protection de l'environnement ou contre des finances pour le développement. Cependant, les programmes concernant la Pologne et l'Égypte sont considérés comme exceptionnels. Les entretiens du Club de Paris ont démontré qu'il était possible - à condition que soient préalablement acquis l'engagement et la détermination des créanciers aussi bien que des débiteurs - de parvenir, après un examen soigné au cas par cas, à des allégements substantiels de la dette (par recours aux options prévues pour une réduction de la dette et de son service ou pour un apport d'argent frais) en faveur de ceux des pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure, qui sont engagés dans la voie de saines réformes économiques. *{p. 68} En outre, plusieurs créanciers publics bilatéraux ont, à titre individuel, apporté des contributions importantes à la réduction de la dette en accordant des allégements et des remises de dettes aux pays de ce groupe. Cependant, malgré ces réalisations, de nombreux pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure, qui ont contracté des emprunts substantiels auprès de créanciers publics continuent de se heurter à de sérieux problèmes liés au service de leur dette. *{p. 69} Pays à faible revenu lourdement endettés. Dans ce groupe de pays, on constate une continuation des progrès en matière de réduction du fardeau de la dette grâce à des mesures d'allégement consenties par leurs principaux créanciers - c'est-à-dire les organismes_publics accordant des prêts bilatéraux et les organismes de garantie des crédits. Parmi ces créanciers, nombreux sont ceux qui ont converti leurs prêts au titre de l'aide_publique_au_développement en dons, et le Club de Paris a accordé des rééchelonnements assortis d'options concessionnelles. Entre octobre 1988 et juillet 1991, 14 pays ont obtenu du Club de Paris des rééchelonnements représentant 5,3 milliards de dollars au total, sur la base d'un menu d'options (les "conditions de Toronto") qui comprennent des réductions d'intérêt, des calendriers d'amortissement et des différés d'amortissement très longs (à des taux commerciaux), ou des annulations partielles d'obligations de service_de_la_dette pendant la période de consolidation (le solde étant réaménagé à des taux commerciaux). La dette commerciale de ces pays constitue une part relativement faible du total de leur dette extérieure. Cependant, en raison de la nature non concessionnelle des conditions qui s'y attachent -par rapport aux conditions plus libérales s'appliquant à la dette publique -, le fardeau du service de cette dette en est souvent relativement lourd. De plus, il y a peu de mécanismes permettant d'alléger ce fardeau, contrairement aux conditions des arrangements du Club de Paris concernant la dette publique bilatérale. L'un de ces mécanismes est entré en jeu pour la première fois pendant l'exercice 91: il s'agit du Fonds de désendettement des pays exclusivement IDA, qui avait été établi au cours de l'exercice précédent grâce à un transfert de 100 millions de dollars prélevés sur le bénéfice net de l'exercice 89 de la BIRD. Le premier don de ce fonds a été approuvé en faveur de la banque_centrale des États de l'Afrique de l'Ouest pour le programme de réduction de la dette du Niger. Ce don comprenait deux éléments: 10 millions de dollars prélevés sur les ressources versées au fonds par la BIRD et 3 millions de dollars donnés au fonds par la Suisse. En plus, la France a accordé un don parallèle de 10 millions de dollars. A la suite de l'approbation de ce don par les administrateurs de la Banque, une offre d'échange a été présentée aux créanciers bancaires du Niger en janvier 1991. L'opération a été menée à sa conclusion deux mois plus tard et la quasi-totalité de la dette du pays envers les banques commerciales a été éliminée. En mai 1991, un deuxième don de 10 millions de dollars de ce fonds a été accordé au Mozambique. Ce montant, ajouté à des contributions provenant de la France, des Pays-bas, de la Suède et de la Suisse et totalisant 12,87 millions de dollars, permettra au Mozambique de racheter l'encours de sa dette envers ses créanciers commerciaux à un montant sensiblement inférieur aux 193 millions de dollars de la valeur nominale du principal de cette dette. Quatorze autres pays à faible revenu - dont le total combiné des dettes en cours de négociation représente environ 2 milliards de dollars - ont demandé à recourir à ce fonds. C'est avec la Bolivie que les pourparlers sont le plus avancés. Ces progrès sont encourageants. Cependant, ils ne sont pas suffisants pour résoudre les difficultés de la plupart des pays à faible revenu lourdement endettés. Pour ces pays, le service effectif de la dette représente moins de la moitié de ce qu'il devrait être normalement. Bien que les réaménagements aux conditions de Toronto aient facilité les choses, leur élément de subvention implicite n'est que d'environ 20%, ce qui est faible pour des pays qui ont besoin d'une aide fortement concessionnelle. A cet égard, les propositions avancées récemment par M: John Major, alors Chancelier de l'Échiquier du Royaume-uni, à l'occasion de la réunion du Commonwealth à la Trinité, et par M: Jan P: Pronk, Ministre néerlandais de la coopération pour le développement, devraient représenter un renforcement du caractère concessionnel des mesures actuelles d'allégement de la dette. Les conditions de la Trinité, si elles sont acceptées et appliquées, réduiront de deux tiers l'encours de la dette envers les créanciers du Club de Paris. Ces propositions feraient passer l'élément de subvention de la réduction de la dette bilatérale publique et de son service d'environ 20% à 67%. La proposition de M: Pronk aurait pour effet d'annuler la totalité de la dette officielle bilatérale des pays_en_développement les plus pauvres confrontés à de graves problèmes d'endettement, à condition qu'ils adoptent de saines politiques_économiques. Le développement du secteur_privé: renforcement des efforts du Groupe de la Banque. L'initiative privée et l'existence de marchés concurrentiels jouent un rôle décisif dans le développement d'économies dynamiques et souples. L'appui au développement du secteur_privé constitue donc un élément essentiel des efforts entrepris par le Groupe de la Banque pour atteindre son objectif fondamental qui est d'élever les niveaux_de_vie et de combattre la pauvreté . *{p. 70} Cet appui apporté au développement du secteur_privé n'est pas nouveau. Son objet principal a été redéfini dans le programme d'action adopté en 1989, programme, qui exposait les moyens susceptibles de permettre à la Banque d'aider ses pays_membres à déterminer les limites appropriées entre le secteur_public et le secteur_privé dans les pays_en_développement, et de favoriser le développement du secteur_privé afin de promouvoir une croissance équitable . Le programme d'action distingue quatre objectifs prioritaires: - la création d'un climat des affaires favorisant une contribution maximum du secteur_privé au développement; - la restructuration des activités du secteur_public en vue d'améliorer leur efficacité et de les concentrer sur les services complémentaires des activités privées; - l'amélioration de la mobilisation et de la répartition des ressources grâce au développement du secteur financier; enfin - la promotion directe de l'entreprise_privée par des transferts de ressources et d'autres formes d'appui aux efforts des entreprises. L'environnement économique. La création d'un environnement économique favorable disposant d'un cadre législatif et réglementaire approprié, continue de figurer parmi les objectifs principaux des opérations d'ajustement récentes. Environ 73% des opérations d'ajustement approuvées au cours des deux années civiles 1989 et 1990 comportaient des composantes développement du secteur_privé qui tendaient à répondre aux préoccupations liées à l'environnement économique. Cette période a également été marquée par une forte augmentation de la proportion des opérations d'investissement qui élargissent le champ des activités ouvertes aux agents du secteur_privé, y compris aux organisations volontaires non commerciales. Restructuration du secteur_public. Les composantes de restructuration du secteur_public ont, elles aussi, pris une place de plus en plus importante dans les opérations d'ajustement de la Banque, au fur et à mesure que les pays passaient de la réforme fondamentale de leurs politiques à celle de leurs institutions. Les opérations d'ajustement constituent le principal moyen d'intervention de la Banque dans la restructuration du secteur_public: en fait, 70% environ des opérations d'ajustement approuvées pendant les années civiles 1989 et 1990 comportaient des composantes de désengagement. En plus de ce désengagement, la Banque appuie une foule d'actions gouvernementales destinées à accroître le rôle du secteur_privé tant commercial (à but lucratif) que non commercial (par exemple les organisations_non_gouvernementales) dans la production, la fourniture et le financement de biens et services_publics. Les mécanismes employés pour étendre la participation privée vont des réformes réglementaires à tout un ensemble d'arrangements contractuels' dans des domaines aussi divers que l'entretien des routes, la fourniture de soins_de_santé primaires, l'approvisionnement en eau et la production d'énergie. Développement du secteur financier. L'efficacité et le dynamisme du secteur financier sont essentiels à la croissance d'une économie_de_marché. Dans le contexte des opérations de la Banque, il est souvent nécessaire de restructurer le secteur financier et de réformer la politique_économique pour accroître l'efficacité et le rendement de la mobilisation et de la répartition des ressources en faveur du secteur_privé. L'application des recommandations du groupe d'étude de 1989 sur les opérations du secteur financier a eu pour effet d'attirer une fois encore l'attention sur l'importance de la politique du secteur financier, ainsi que sur les conditions - touchant le contexte macroéconomique, les mesures d'incitation et le cadre institutionnel - qui constituent un préalable au succès des réformes et enfin sur la réévaluation des objectifs et de la conception des prêts de la Banque aux intermédiaires financiers. Les transferts de ressources et le développement des entreprises. Les opérations dans ce domaine sont de plus en plus conçues pour produire un effet plus large sur l'efficacité de l'ensemble du système financier, par la création d'institutions intermédiaires saines, concurrentielles et obéissant aux lois du marché, par un appui aux réformes de la politique et des institutions sectorielles, et par la suppression des obstacles qui empêchent les emprunteurs solvables et les activités rentables de bénéficier de crédits normaux, aux conditions du marché. Le fléchissement observé depuis quelques années du volume des prêts de la Banque par le biais d'intermédiaires financiers à de grandes entreprises a été en partie compensé (si l'on considère le nombre de ces opérations) par le renforcement de son soutien aux petites et moyennes entreprises_privées. Lors de sa réunion de septembre 1990, le Comité du développement s'est félicité des progrès réalisés dans le cadre du programme d'action du Groupe de la Banque et a réitéré l'appel qu'il avait lancé auparavant au Groupe pour qu'il accorde, dans ses opérations, une place hautement prioritaire au développement du secteur_privé et qu'il continue d'élargir le champ de ses activités dans ce domaine, notamment en recourant, le cas échéant, à de nouvelles approches et à de nouveaux instruments. Les membres du Comité ont insisté sur la nécessité de continuer l'examen des rôles, des politiques et des programmes de prêt de la Banque et de ses filiales, de veiller constamment à maintenir l'équilibre entre leurs fonctions consultatives et opérationnelles, et d'assurer une coordination systématique au sein du Groupe de la Banque. Lors de cette réunion, le président de la Banque a souligné qu'il fallait renforcer l'action du Groupe de la Banque dans le secteur_privé - par une augmentation des ressources de la Société financière internationale (SFI) et par une meilleure collaboration entre la SFI et la Banque. Il a ajouté que cette action devrait également comprendre une sensibilisation de la Banque à tous les niveaux à la contribution que peut apporter le secteur_privé à la croissance. *{p. 71} Lors d'un examen ultérieur du déroulement du programme d'action pour le développement du secteur_privé, il a été conclu que la coopération au sein du Groupe de la banque_mondiale pourrait être renforcée sur la base des objectifs communs de la promotion d'économies_de_marché efficaces et de secteurs_privés dynamiques. Pour cela, le Groupe de la Banque devait redoubler d'efforts et étendre sa capacité de promotion du développement du secteur_privé afin de définir plus clairement les fonctions de chacune des institutions du groupe et d'améliorer les procédures de coopération. En conséquence, pendant l'exercice 91, la direction de la Banque a pris un certain nombre de dispositions visant à clarifier ses intentions en ce qui concerne la poursuite de l'exécution du programme d'action pour le développement du secteur_privé; elle a notamment entrepris de renforcer la coordination entre la Banque et la SFI et d'élargir l'action de cette dernière. Ces dispositions, qui ne visent pas cependant à fixer de nouvelles règles, ni à modifier les règles existantes, portent notamment sur les points suivants: - L'actuel Comité de développement du secteur_privé, dont la mission consiste: a) à aider le président de la Banque a établir des directives générales et à coordonner les travaux de l'ensemble du Groupe de la Banque, et b) à encourager la mise au point de nouvelles méthodes et de moyens plus efficaces pour appuyer le développement du secteur_privé, a été reconstitué et renforcé. Le président de la Banque a pris lui-même la présidence de ce comité - qui est composé de membres de la haute direction de la Banque, de la SFI et de l'AMGI. - Dans toute la Banque, des divisions ont été réorganisées, agrandies et dotées en personnel de manière à pouvoir assumer leur mission supplémentaire d'appui au développement du secteur_privé. - Des directives pour la coopération entre la Banque et la SFI ont été établies et diffusées. Elles définissent des principes généraux pour le partage des responsabilités entre les deux institutions et elles indiquent les possibilités d'une collaboration accrue et systématique, à tous les stades de l'identification des problèmes et du processus de décision. - Des stratégies de développement du secteur_privé précisant les domaines prioritaires pour les actions du Groupe de la Banque sont en train d'être mises au point conjointement par la Banque, la SFI et l'AMGI. Elles portent notamment sur le contexte des politiques et des institutions, sur le développement du secteur financier, sur la privatisation et l'encouragement à l'investissement tant national qu'étranger. Pour garantir que les opérations de la Banque renforcent, chaque fois que cela est utile, la contribution du secteur_privé au développement, la direction a identifié les principaux critères et méthodes à considérer dans la conception des stratégies par pays et des opérations pertinentes. Des évaluations du secteur_privé exposant en détail les possibilités qui s'offrent à ce secteur et les obstacles auxquels il se heurte, ainsi que le rôle de la Banque pour encourager son développement, seront préparées en consultation avec les gouvernements respectifs, et serviront de base à la formulation de la stratégie et des programmes de travail de la Banque pour le développement du secteur_privé. On prévoit que les 20 premières évaluations seront terminées d'ici à la fin de l'exercice 93. - Dans le cadre de l'action générale engagée pour faire en sorte que l'expérience et les connaissances de la SFI soient accessibles au Groupe de la Banque et se reflètent dans les activités à l'appui du développement du secteur_privé, un service central de coordination est en cours d'établissement afin de permettre à la SFI d'apporter une contribution plus efficace aux travaux d'évaluation du secteur_privé et d'élaboration des stratégies d'assistance aux pays. - Des principes et des modalités d'application détaillés ont été préparés en vue de faire en sorte que toutes les opérations du Groupe de la banque_mondiale à l'appui de la réforme du secteur financier ou des prêts au secteur_privé s'inscrivent dans le contexte d'une stratégie cohérente et tirent le meilleur parti possible des types de compétences offertes par la Banque et la SFI. - Dans le cas des projets du secteur_privé pouvant être convenablement financés aux conditions du marché, ou des opérations en association répondant aux règles de la SFI sur la structure du capital et pouvant être convenablement financées sans recours à une garantie de l'État, la SFI sera l'agent qui fournira ou mobilisera les ressources nécessaires. La SFI recherchera les possibilités d'investissement dans les secteurs compétitifs, où le protectionnisme et d'autres formes de distorsion sont relativement faibles ou sont en train d'être considérablement réduits, et évitera d'une façon générale d'investir dans les secteurs qui se caractérisent par un haut niveau de protectionnisme et d'autres distorsions et qui n'offrent pas de perspectives sérieuses de progrès dans ce domaine. Dans le cas des opérations dont l'ampleur est telle que le financement de la SFI, joint aux autres fonds mobilisés, risque de ne pas suffire et pour lesquelles le gouvernement accepte de fournir les garanties nécessaires, la participation de la Banque, soit directement, soit par le biais d'intermédiaires, pourra être justifiée. Dans les cas de ce genre, la Banque et la SFI coordonneront étroitement leur action. *{p. 72} - En ce qui concerne les prêts passant par des intermédiaires financiers, le cas des pays et des opérations où l'appui du Groupe de la Banque peut être convenablement fourni sans intervention ou garantie de remboursement du gouvernement importantes, la SFI devrait normalement jouer le rôle principal. Inversement, quand un élément important de l'opération implique des modifications de la politique du gouvernement (et constitue de ce fait un aspect important du dialogue que la Banque entretient avec celui-ci) le rôle principal devrait normalement revenir à la Banque. Lors de la préparation par la Banque ou la SFI d'opérations de prêt avec intervention d'un intermédiaire financier, le personnel de l'institution ayant pris l'initiative de l'opération consultera le personnel de l'autre et tiendra compte de ses commentaires éventuels. La Banque et la SFI se baseront autant que possible sur les conditions du marché pour déterminer les conditions à appliquer à leurs prêts, et consentiront des conditions comparables à leurs clients dont les situations sont comparables. En tout état de cause, elles veilleront à ce que les conditions de leurs prêts soient perçues comme sensiblement équivalentes tant par les intermédiaires financiers que par les emprunteurs eux-mêmes. - La Banque envisage de développer encore sa capacité de dialogue de politique_économique et de prestation de services consultatifs aux gouvernements sur leurs politiques et stratégies en matière de privatisation. La SFI développera ses capacités en matière de conseils et d'investissement pour les opérations de privatisation et, le cas échéant, elle conseillera la Banque sur les réponses à donner aux demandes d'aide des gouvernements. - Le programme de recherche de la Banque portera de plus en plus sur les questions de développement du secteur_privé. La recherche peut être axée sur un problème général aussi bien que sur des problèmes sectoriels, régionaux ou concernant un pays particulier. De son côté, comme complément à ses activités de financement et de conseil, la SFI a entrepris de développer ses capacités de recherche. Un comité, présidé par l'économiste en chef de la Banque, a été créé aux fins d'assurer la coordination et l'enrichissement mutuel des idées de recherche. Les administrateurs ont reconfirmé leur consensus sur l'importance du développement du secteur_privé parmi les priorités du Groupe de la Banque et sur la nécessité de poursuivre le programme d'action pour le développement du secteur_privé dans le contexte des objectifs établis de la Banque en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté, la valorisation des ressources_humaines et la protection de l'environnement. Le Conseil a réaffirmé la convergence de cette orientation avec son objectif principal qui est d'élever le niveau_de_vie et de réduire la pauvreté. L'ajustement, la valorisation des ressources_humaines et la protection de l'environnement s'inscrivent dans ce cadre général. Le Conseil a également confirmé la contribution du développement du secteur_privé au renforcement mutuel du programme de chacune des institutions du Groupe de la Banque. Il a pris note des intentions de la direction concernant le renforcement de l'exécution du programme d'action pour le développement du secteur_privé, qui bénéficie du soutien nécessaire à sa mise en oeuvre. En même temps, il a décidé que toute nouvelle question d'orientation qui pourrait se poser pendant l'exécution de ce programme devra lui être soumise. Les administrateurs ont également souligné que la SFI - qui est le centre pour les activités du Groupe de la Banque à l'égard du secteur_privé - devra continuer à s'efforcer d'utiliser efficacement son capital, tout en restant fidèle à sa mission fondamentale de développement. La SFI est fermement résolue à renforcer son processus de sélection des projets et à contribuer à la réalisation des objectifs de développement de ses clients. *{p. 73} Encadré 3-1: L'économie de l'union_soviétique. Pendant l'exercice 91, la Banque a effectué sa première analyse approfondie de l'économie soviétique. En juillet 1990, après consultation des autorités soviétiques, les dirigeants des sept principaux pays industriels (G-7) ont chargé la banque_mondiale, le fonds_monétaire_international, l'Organisation de coopération et de développement économiques et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement de réaliser conjointement une étude de l'économie soviétique. Le but de cette étude était de recommander aux autorités soviétiques des moyens d'atteindre l'objectif de l'instauration d'une économie_de_marché et aux pays industriels, les critères à appliquer pour soutenir efficacement ces réformes économiques. Un rapport intitulé L'économie de l'URSS Résumé et recommandations a été soumis au G-7 et au gouvernement soviétique en décembre 1990 , Le rapport complet en trois volumes est paru au mois de mai . Ces deux rapports sont disponibles à la vente. Les fonctionnaires de la Banque qui ont participé, aux missions d'étude conjointes ont trouvé l'économie soviétique en pleine crise, et la situation s'est encore aggravée pendant la durée de l'étude. Mécontentes des résultats de l'économie planifiée et de la gestion administrative du pays, les autorités soviétiques ont entrepris en 1985 une série de réformes économiques. Ces premiers efforts de réorganisation, ou perestroika, ont été considérablement élargis à partir de 1987, avec l'amorce de profonds changements systémiques. Les réformes ont effectivement abouti au démantèlement de l'ancien système, mais sans poser les bases de l'économie_de_marché, et aucune mesure n'a été prise pour assurer un contrôle macroéconomique adéquat pendant la période de transition. La situation récente, caractérisée par la désorganisation croissante de l'économie, par l'aggravation des pénuries et par la baisse de la production, s'explique en grande partie par l'effondrement du système d'approvisionnement en facteurs de production nécessaires. Bien qu'il semble actuellement impossible que le gouvernement revienne à l'ancien système de gestion administrative, du moins sans renoncer totalement à la perestroika et à la glasnost, il s'avère aussi extrêmement difficile pour lui d'instaurer une économie orientée vers le marché. Pour surmonter les difficultés actuelles et instaurer une économie_de_marché, il faut à la fois améliorer la gestion macroéconomique et appliquer un certain nombre de réformes_systémiques profondes. Etant donné l'interdépendance des multiples 'éléments à incorporer au programme de réformes pour qu'il soit viable, de nombreux problèmes complexes doivent être traités simultanément, L'étude conjointe recommande une libération sensible et générale des prix. Ceux-ci augmenteront à coup sûr mais, si on laisse les forces du marché déterminer la répartition des biens et les niveaux des prix, les réseaux d'approvisionnement se rétabliront. La libération des prix devra avoir lieu dans un contexte de concurrence intérieure et extérieure accrue et elle devra. s'accompagner d'une redéfinition des droits_de_propriété, d'encouragements à la propriété privée et du passage des grandes entreprises d'État à un statut d'entreprises commerciales. Le pays pourrait favoriser le développement de son secteur_privé en vendant de petites entreprises et en encourageant le lancement de nouvelles activités privées. La transformation des grandes entreprises d'État en entreprises commerciales permettrait une plus grande discipline budgétaire et représenterait un pas vers une gestion plus efficace et vers la privatisation. L'instauration d'un système bancaire commercial est encore une autre réforme essentielle" Comme les directives administratives seraient remplacées par des contrats volontaires, il faudrait aussi instituer le cadre juridique et le système judiciaire nécessaires à une économie_de_marché. Ces efforts de réforme devront être étayés par une politique financière plus rigoureuse et par une politique de change plus réaliste, de manière à contenir les pressions inflationnistes et à éviter l'apparition de graves déséquilibres extérieurs. Comme les réformes auront de profondes répercussions sur l'emploi et le coût_de_la_vie, il faudra les compléter par une politique des revenus et par une protection_sociale efficace (comportant notamment un système adéquat d'indemnisation du chômage). Pour amortir l'effet des réformes sur les couches les plus pauvres de la société, le rapport recommande le maintien de certaines subventions, tout en soulignant que celles-ci ne devront s'appliquer qu'à une quantité limitée de produits alimentaires par ménage. Le rapport souligne que l'assistance technique des pays_industrialisés pourrait jouer un rôle important de soutien à l'effort de réforme de l'URSS. Une aide alimentaire et une, assistance accordée de façon sélective à certains projets (en particulier dans les secteurs de l'environnement, de l'énergie et de l'infrastructure) pourraient également s'avérer fort utiles. Une aide au titre de la balance_des_paiements , qui pourrait passer, entre autres, par la création d'un fonds de stabilisation, ne sera justifiée que lorsque, le gouvernement soviétique aura mis en chantier un programme vaste et complet de réformes économiques. "Sinon", conclut le rapport, "des apports de ressources financières supplémentaires n'apporteraient pratiquement aucune amélioration durable. Avec un tel programme, en revanche, l'aide pourrait constituer un appoint important pendant une période de transition difficile vers l'intégration de l'économie de l'URSS dans l'économie mondiale, dans l'intérêt de tous les partenaires." Fin de l'encadré. *{p. 44} Encadré 3-2: Réorientation de la politique urbaine. Depuis le début des années 70, les gouvernements se sont attaqués, en particulier avec l'aide des donateurs, aux problèmes de l'urbanisation et de la pauvreté urbaine en entreprenant des projets d'investissement peu coûteux dans les secteurs du logement, de l'approvisionnement en eau, de l'assainissement et es transports urbains. Des projets de parcelles viabilisées et d'assainissement des taudis ont été réalisés pour faire la démonstration de méthodes transposables, pouvant profiter aux pauvres, tout en permettant le recouvrement des coûts et en allégeant les charges financières de l'État. Bon nombre de ces projets ont relativement bien atteint leurs objectifs concrets mais, par nécessité, toute l'attention a été concentrée sur l'exécution matérielle, plutôt que sur la mise en oeuvre de réformes et le renforcement des institutions. Cela a donc eu peu d'effets sur l'action des pouvoirs_publics à l'échelon national et local et sur les problèmes plus généraux de la gestion de l'économie urbaine. A partir d'une analyse approfondie des liens entre l'économie urbaine et les résultats macroéconomiques dans les domaines budgétaire et financier et sur le flan des réalisations concrètes, la Banque a élaboré un ensemble de principes d'action et une stratégie qui redéfinissent les enjeux de l'urbanisme dans les pays_en_développement. Ces principes et cette stratégie s'articulent autour de quatre grands axes: Améliorer la productivité en milieu urbain. Etant donné l'importance des activités économiques urbaines dans la production nationale, il faut accroître la productivité en milieu urbain. A cette fin, il est essentiel d'améliorer la gestion macroéconomique et de remédier aux principales contraintes. Atténuer la pauvreté urbaine. La lutte contre la pauvreté urbaine, due aux effets à court_terme de l'ajustement macroéconomique et à des problèmes structurels à plus long_terme, doit reposer sur une stratégie appropriée visant à stimuler la demande de main-d'_oeuvre tout en permettant aux pauvres, grâce à une infrastructure et à des services_sociaux correspondant aux besoins, de profiter des possibilités offertes. Cela suppose aussi la mise en place d'un filet de protection_sociale pour les éléments les plus vulnérables de la population. Protéger l'environnement urbain. Etant donné que les problèmes fiés à la dégradation de l'environnement urbain ne sont pas bien connus dans les pays_en_développement, il faut entreprendre un vaste effort de recherche pour trouver des moyens efficaces de les résoudre. Il faut améliorer la base de données et la connaissance de la dynamique de la détérioration de l'environnement dans les zones urbaines. Pour remédier à cette détérioration des stratégies et des programmes d'action spécifiques doivent être élaborés pour chaque ville, et il faut prendre des mesures d'incitation pour éviter que l'environnement urbain ne se détériore davantage. Approfondir la connaissance des problèmes urbains. Les besoins d'accroissement de la recherche sur les problèmes urbains sont immenses. Les domaines de recherche prioritaires concernent notamment les liens entre l'économie urbaine et les agrégats macroéconomiques, l'efficacité interne et la productivité du secteur urbain, la pauvreté urbaine et le secteur non structuré, le financement des investissements urbains, le rôle de l'État en matière d'urbanisme, enfin l'environnement urbain. Quelles pourraient être les répercussions de cette nouvelle politique urbaine sur les activités de la banque_mondiale? Les prêts en faveur de l'urbanisme fondés sur des projets en réserve devraient augmenter de 45% pendant les exercices 91 à 93. Il faut donc veiller à ce que l'efficacité de ces prêts augmente en même temps que leur volume. Les opérations actuelles et futures de la Banque dans le secteur de l'urbanisme seront désormais conçues de manière à comporter trois grands éléments. Le premier consiste en réformes visant à améliorer la productivité urbaine. Le deuxième élément concerne le développement institutionnel nécessaire pour renforcer a) les capacités financières et techniques des institutions municipales, notamment les capacités locales d'exploitation et d'entretien de l'infrastructure et des services municipaux; b) les institutions nationales s'occupant du financement du logement et de l'infrastructure; et c) les institutions nationales, régionales et municipales responsables de la gestion de l'environnement urbain, notamment de la formulation, du suivi et de l'application des politiques et des règles concernant l'environnement. Le troisième élément concerne les investissements dans l'infrastructure à l'échelle des villes, plutôt qu'à celle des quartiers, y compris dans des travaux de réhabilitation lorsque ceux-ci sont nécessaires, dans le logement et dans l'aménagement des terrains, par le biais d'intermédiaires financiers capables de mobiliser l'épargne privée et le concours du secteur_privé, dans l'amélioration de l'environnement par des mesures correctives, dans l'assainissement des taudis, la fourniture de services_sociaux, les transports urbains et les réseaux municipaux de services, notamment les marchés. La Banque prévoit également de développer ses activités de recherche touchant les problèmes de l'urbanisme. Néanmoins, comme l'éventail des domaines de recherche prioritaires dépasse la capacité actuelle de la Banque et comme la capacité de recherche urbaine des pays_en_développement est limitée, la Banque, la Fondation Ford et d'autres organismes_internationaux ont entrepris d'évaluer l'état de la recherche urbaine dans les pays_en_développement pour déterminer si un financement supplémentaire substantiel est nécessaire. Reconnaissant la nécessité d'améliorer la productivité en milieu urbain, de réduire la pauvreté dans les villes et d'assurer la gestion de l'environnement urbain, les administrateurs ont généralement approuvé la réorientation de la politique de la Banque en matière d'urbanisme. Ils ont souligné en particulier l'importance des réformes et du développement institutionnel, A cet égard, ils ont insisté sur la nécessité de cerner et de bien définir les rôles respectifs des pouvoirs centraux et locaux, compte tenu de la décentralisation croissante, surtout en ce qui concerne les questions financières; de bien doser le degré de soutien à apporter pour assurer un peinent approprie de petites villes et des agglomérations, ainsi que des différentes régions; de s'opposer aux règlements qui font obstacle à un développement urbain optimal tout en appuyant ceux qui vont dans le sens d'une bonne protection_sociale de base; et de favoriser autant qu'il est possible et souhaitable la participation du secteur_privé à la fourniture des services urbains. Fin de l'encadré. *{p. 54} Encadré 3-3: Les engagements du président de la banque_mondiale. Pendant son mandat de président de la banque_mondiale, M: Barber B: Conable a pris trois engagements officiels qui étaient à la fois explicites et chiffrables, et qui pouvaient être reliés à des programmes opérationnels précis. Ces engagements avaient trait à l'octroi de prêts dans trois secteurs: l'éducation; la population, la santé et la nutrition; et la foresterie. Education. Dans un discours prononcé en mars 1990 à Jomtien (Thaïlande) à la Conférence mondiale sur l'éducation pour tous, M: Conable a promis de doubler le volume annuel des prêts à l'éducation en trois ans, pour le porter à plus de 1,5 milliard de dollars. A l'occasion du Sommet mondial pour les enfants, de septembre 1990, M: Conable a promis un accroissement substantiel du volume des prêts à l'enseignement primaire, qui deviendrait l'élément le plus important du programme d'éducation de la Banque. De 964 millions de dollars au cours de l'exercice 89, le volume des prêts à l'éducation est passé à 1,5 milliard de dollars pour l'exercice 90 et à 2,3 milliards de dollars pour l'exercice 91. Dans le même temps, les prêts à l'enseignement primaire ont représenté successivement, 31, 24 et 36% du total des prêts à l'éducation pendant ces trois exercices. On prévoit qu'ils atteindront près de 50% de ce total au cours de l'exercice 92. Population, santé et nutrition. Dans un discours prononcé devant la Fédération internationale pour le planning familial en novembre 1989 à Ottawa, M: Conable a réitéré l'attachement de la Banque à la recherche de solutions aux problèmes posés par la croissance démographique, et il s'est engagé à accroître sensiblement les prêts de la Banque à la prestation efficace de services de planning familial. Il a promis que la Banque porterait le total de ses prêts à ce secteur à 800 millions de dollars par an au cours des trois exercices suivants, contre 500 millions de dollars enregistrés pendant les trois exercices précédents. Le total des prêts aux projets de population, santé et nutrition a progressé de 933 millions de dollars à 1,6 milliard de dollars entre les exercices 90 et 91. Foresterie. Dans un discours prononcé à Tokyo en septembre 1989, lors d'une conférence sur l'environnement, M: Conable a annoncé que la Banque triplerait son volume de prêts au secteur de la foresterie dans les prochaines années et que le personnel de la Banque participerait plus directement au Plan d'action forestier tropical. Les prêts de la Banque au secteur forestier sont passés de 90 à 536 millions de dollars entre les exercices 89 et 90. Pendant l'exercice 91, ces prêts ont sensiblement fléchi, cependant, en attendant que la Banque termine ses travaux sur un document de politique générale consacré à la foresterie. La Banque collabore à présent avec d'autres organismes afin de faire du Programme d'action forestier tropical un instrument plus efficace face aux problèmes liés à l'exploitation et à la conservation des forêts tropicales. Une série de recommandations a été soumise à l'approbation des quatre institutions les plus directement concernées. Si ces recommandations sont adoptées, la Banque participera beaucoup plus activement à l'exécution de ce programme remanié. Fin de l'encadré. *{p. 55} Encadré 3-4: Politiques en faveur de la formation et de l'enseignement professionnels et techniques. Dans bien des cas, la meilleure façon de renforcer les compétences techniques et professionnelles de la main-d'_oeuvre dans les pays_en_développement, c'est d'améliorer la qualité de l'enseignement primaire et secondaire. C'est là l'une des trois principales conclusions d'une étude de politique générale sur le renforcement des compétences productives par l'enseignement professionnel et technique. Cette étude était le deuxième élément d'un vaste programme d'analyse des politiques et de recherche destiné à guider les décisions d'investissement des gouvernements et l'aide de la Banque dans les domaines de l'éducation et de la formation. Note sur le programme d'analyse des politique liées à l'enseignement. Le premier élément de ce programme - une étude de politique générale sur l'enseignement primaire - a été soumis à l'examen du Conseil des administrateurs pendant l'exercice 90. Ses conclusions ont été présentées dans le Rapport annuel de la banque_mondiale pour l'exercice 90 (pages 61 et 62). Des études sont prévues sur deux autres sous-secteurs, l'enseignement secondaire et l'enseignement_supérieur, et sur trois thèmes: éducation et emploi, gestion du secteur de l'éducation et financement de l'éducation. Fin de note. D'après cette étude, l'importance accrue accordée à l'enseignement général pour améliorer la productivité de la main-d'_oeuvre qualifiées s'explique par l'évolution technologique, qui a élargi le champ des facultés cognitives et des connaissances théoriques nécessaires pour maîtriser les compétences requises. Les travailleurs doivent par conséquent posséder des connaissances élémentaires pour que leur formation ultérieure soit efficace. Les compétences acquises dans le cadre d'un enseignement secondaire scolaire de qualité influent non seulement sur la productivité immédiate, mais aussi sur l'aptitude à apprendre de nouvelles techniques au cours d'une carrière. L'étude souligne que les programmes d'enseignement "diversifiés", qui remplacent une partie du programme scolaire par quelques coure professionnels, ne sont pas une solution. La formation limitée assurée dans le cadre de ces programmes produit des compétences également limitées; elle n'encouragera guère les élèves à renoncer à leurs aspirations des études_supérieures et à des postes non manuels, et elle se substitue à une préparation plus approfondie dans les matières de base. La deuxième grande conclusion de l'étude est que les gouvernements devraient chercher à réunir les conditions de politique générale de nature à encourager la formation dans le secteur_privé. A cette fin, il faudrait réduire les distorsions en matière, d'incitations - salaires minimums trop élevés, garantie de l'emploi dans le secteur_public et faible différenciation des traitements suivant la qualification dans les barèmes administrés par l'État par exemple. Si, pour des raisons politiques ou sociales, il s'avère impossible de modifier ces orientations, la meilleure solution serait peut-être alors de prendre des mesures "compensatoires", qui pourraient consister, par exemple, à exclure les apprentis du champ d'application du salaire minimum ou à accorder des subventions publiques partielles aux employeurs et aux travailleurs pour compenser le coût artificiellement élevé de la formation. Les gouvernements peuvent aussi prendre des initiatives constructives (au lieu de renoncer à agir) pour améliorer le cadre réglementaire - Ils peuvent encourager les employeurs à prendre en charge la formation, par exemple en leur fournissant des renseignements sur les possibilités de formation externes, en contribuant, par une assistance technique, à la formation de formateurs, en élaborant des politiques et des plans de formation en entreprise, et en remboursant aux entreprises leurs frais de formation. Note sur les programmes de remboursement. Comme le souligne l'étude, ces programmes de remboursement devraient être contrôlés de façon stricte pour éviter la fraude; ils devraient par ailleurs être considérés comme des moyens transitoires pour renforcer les capacités de formation. Fin de note. Enfin, l'étude souligne la nécessité d'améliorer l'efficacité de la formation dans le secteur_public. Dans bien des cas, les résultats de cette formation laissent à désirer, surtout parce que le système, conçu pour compenser l'insuffisance de la formation dans le secteur_privé, est utilisé à d'autres fins, par exemple pour résorber le chômage des jeunes grâce à une formation avant emploi; pour constituer une réserve de travailleurs qualifiés susceptible d'attirer de nouveaux investissements de capitaux, ou pour détourner les jeunes de l'enseignement_supérieur. En l'absence d'une croissance soutenue de l'emploi salarié, ces politiques ont abouti à la formation d'un trop grand nombre de travailleurs qualifiés pour un trop petit nombre d'emplois. De précieuses ressources publiques ont été gaspillées. De plus, comme bien des pays ont du mal à financer convenablement les établissements publics, la qualité de la formation a été souvent médiocre et son effet sur la productivité minime. L'expérience prouve cependant que la formation peut être rentable et peut se traduire par des taux d'emploi élevés lorsqu'elle obéit aux lois du marché. Les recommandations de l'étude ont évidemment un retentissement sur les investissements actuels et futurs de la Banque dans le secteur de l'enseignement professionnel. L'enseignement professionnel et technique a été la pierre angulaire des prêts de la Banque dans le secteur de l'éducation. Entre 1963 et 1976, il a représenté 40% de ces prêts et, depuis 1977, il en représente environ le tiers. Plus de 80% de ces prêts ont servi à financer des programmes publics de formation et d'enseignement professionnels avant emploi destinés à encourager l'emploi salarié dans le secteur moderne. Le cadre et la stratégie définis dans le document de politique générale précisent les critères qui devraient guider les décisions d'investissement des gouvernements des pays_en_développement et de la Banque en matière de formation de compétences. La Banque est prête à soutenir les pays qui veulent définir leur politique de formation selon les orientations indiquées. Fin de l'encadré. *{p. 57} Encadré 3-7: La politique de la BIRD à l'égard de la clause de nantissement négative et les opérations de réduction de la dette et de son service. Les clauses de nantissement négatives concernent l'octroi, par l'emprunteur, d'un nantissement sur ses actifs, à ses créanciers. Aux termes d'une telle clause, l'emprunteur convient avec un créancier, ou un groupe de créanciers, de se plier à certaines restrictions quant à l'octroi (ou à l'acceptation de l'existence) d'une sûreté en faveur d'autres créanciers. Les clauses de nantissement négatives figurent couramment dans les documents de prêt de la Banque. Réciproquement, la Banque, quand elle consent des prêts, ne cherche pas à obtenir un nantissement particulier de ses emprunteurs. Toutefois, la Banque a toujours reconnu que cette clause, étant donné l'étendue de sa portée, doit être administrée avec une certaine souplesse. En général, la renonciation à cette clause n'est consentie que dans deux types de situations: quand la Banque ne perçoit pas la renonciation au nantissement comme comportant un risque pour elle en tant que créancier, et en cas de nantissements créés par des entités appartenant à l'État, ou contrôlées par lui, sur leurs propres actifs, à titre, de garantie pour leurs propres emprunts. L'évolution de la stratégie générale de la dette a conduit des emprunteurs de la Banque à demander la renonciation à cette clause dans des circonstances et dans des proportions telles qu'elle pourrait être lourde de conséquences pour la Banque. A la fin de 1987, on a demandé à la Banque de consentir à une renonciation limitée au Mexique à propos de l'émission d'obligations d'État en échange d'un montant en principal plus élevé dû à des banques commerciales. La Banque avait des raisons de s'inquiéter des effets négatifs éventuels de cette renonciation sur sa position de créancier privilégié et sur son propre programme d'emprunts. Elle devait également songer aux effets sur l'emprunteur demandent: si la renonciation était accordée, serait-il alors raisonnable de s'attendre à ce que la cote de crédit du pays en soit améliorée? Dans le cas du Mexique, la Banque a conclu, pour diverses raisons, que la renonciation était justifiée. Par la suite, en mai 1990, la Banque a accepté de consentir à une renonciation limitée à la clause de nantissement négative en faveur du costa_rica, bien qu'elle n'ait prévu aucun financement pour la réduction de la dette et du service_de_la_dette de ce pays. Ce cas a été jugé exceptionnel en ce sens que le choix du moment pour cette opération a empêché la Banque de fournir un appui financier direct. Cependant, les circonstances qui excluaient un financement de la Banque à ce moment étaient considérées comme temporaires, et c'est pourquoi celle-ci a décidé, que la renonciation était justifiée, comme elle l'aurait été, si la Banque avait, elle aussi, appuyé directement l'opération. En décembre 1990 également, la Banque a renoncé à la clause de nantissement négative dans ses accords de prêt avec le Venezuela pour un montant allant jusqu'à l'équivalent de 2 milliards de dollars destiné à garantir des obligations émises dans le cadre du plan de financement de 1990 du pays, Au titre de ce plan, les banques commerciales créditrices du Venezuela sont convenues d'échanger des créances réunissant les conditions prévues contre de nouveaux instruments comprenant un élément de réduction de la dette et de son service et de fournir en outre de l'argent frais. Maintenant que les pays cherchent à obtenir des allégements financiers de la part de leurs créanciers commerciaux dans le cadre de la stratégie révisée de la dette, ou de nouveaux crédits après la conclusion d'opérations de réduction de la dette et de son service, il est probable qu'ils demanderont à la Banque de renoncer à la clause de nantissement négative dans des situations moins nettes. On peut s'attendre à ce que des demandes de renonciation de ce genre continuent à être présentées pour des opérations de réduction de la dette et de son service auxquelles la Banque n'apporte pas de contribution financière. Les États emprunteurs peuvent être amenés à demander à la Banque de renoncer à cette clause, de manière à pouvoir obtenir des garanties pour des apports d'argent frais. Les pays aux prises avec de graves problèmes d'endettement peuvent aussi être amenés à mobiliser des capitaux additionnels sur des marchés financiers internationaux de plus en plus réticents. En pareils cas, il est probable que les prêteurs chercheront à obtenir une protection particulière comme condition de leur engagement et que les pays_membres emprunteurs demanderont la renonciation à la clause de nantissement négative pour pouvoir emprunter. Au début de l'exercice 91, les administrateurs ont réexaminé la politique de la Banque en matière de renonciation à la clause de nantissement négative pour les opérations de réduction de la dette et de son service. Ils se sont accordés pour dire que, pour ces opérations, la Banque devait continuer à appliquer sa politique actuelle et accéder aux demandes de renonciation, en jugeant chaque demande au cas par cas. En outre, pour faciliter le suivi des opérations de réduction de la dette et de son service, les administrateurs ont approuvé une recommandation visant à permettre également les renonciations dans certaines limites, dans des cas où la Banque ne fournit pas d'appui financier. Il a été convenu que la Banque devait continuer de refuser à renoncer à la clause de nantissement négative dans le cas des transactions portant sur de l'argent frais et faisant partie d'un financement concerté. Pour les autres cas d'apport d'argent frais, les administrateurs ont décidé de continuer à poursuivre l'examen de la question de la renonciation. Fin de l'encadré. Chapitre cinq: Activités de la banque_mondiale, SFI, AMGI et CIRDI. L'Institut de développement_économique. La Banque dispose d'une importante source d'assistance technique avec l'Institut de développement_économique (IDE), qui est en quelque sorte l'école des cadres de la Banque et qui apprend à des personnes venues des pays_membres en développement comment concevoir et exécuter des programmes de développement. Depuis quelques années, la Banque met l'accent sur un type de croissance qui soit à la fois équitable et viable sur le plan financier et du point de vue de l'environnement. C'est cette série d'objectifs qui explique la priorité que l'IDE accorde désormais aux questions de réduction de la pauvreté, de valorisation des ressources_humaines, de souci de protection de l'environnement, de dette et d'ajustement, de gestion du secteur_public et de développement du secteur_privé. Le programme de formation de l'Institut pour l'exercice 91 en est le reflet direct. L'IDE a ainsi accordé une plus large place, dans son enseignement, au problème de la pauvreté. Il a mis au point dans ce domaine un programme détaillé de formation sur trois ans, comportant jusqu'à 40 activités distinctes, qui doit être soumis à d'éventuels bailleurs de fonds et qui portera aussi bien sur la réduction de la pauvreté que sur les problèmes d'égalité des sexes. Il a ainsi entrepris un certain nombre de programmes de formation axés directement sur la prise en compte et le renforcement du rôle des femmes dans le processus de développement. Limités dans un premier temps à la région Afrique, ces programmes cherchent principalement à répondre aux besoins de formation des femmes gestionnaires tant dans le secteur moderne que dans le secteur traditionnel. Les questions d'environnement ont été au centre du séminaire mondial sur la politique énergétique qui s'est tenu à l'IDE en octobre 1990, et qui a été suivi d'un autre séminaire en France. L'un et l'autre ont traité des aspects écologiques relatifs à l'approvisionnement en eau et à l'évacuation des déchets dans les secteurs urbain et industriel. Par ailleurs, la série d'ateliers nationaux sur l'évaluation écologique, lancée durant l'exercice 90, s'est poursuivie en Égypte et en amérique_latine, et des ateliers sous-régionaux ont eu lieu dans les Caraïbes et en amérique_centrale. L'IDE a en outre lancé un programme triennal d'ateliers régionaux et nationaux sur la collaboration entre les gouvernements, les organisations_non_gouvernementales (ONG) et les organismes_internationaux. Ce programme, qui est entrepris en association avec le gouvernement japonais, est conçu comme un effort pédagogique concerté, l'IDE organisant des ateliers et séminaires qui donnent aux participants l'occasion d'examiner des projets auxquels des ONG et des gouvernements ont collaboré avec succès, de juger de la part prise par les ONG à la planification préalable et à la mise au point des politiques, d'évaluer l'effort de collaboration sur le plan stratégique et opérationnel, enfin de préparer des directives et des recommandations sur les mesures à prendre. *{p. 93} Le Tableau 5-1 donne la ventilation régionale et sectorielle des activités entreprises durant l'exercice 91. Au plan régional, l'Afrique a représenté un peu plus du tiers du total. Sur les 19 activités entreprises dans la région Europe, Moyen-orient et Afrique du Nord, huit ont eu lieu en europe_de_l'_est. Le rythme accéléré du processus de libéralisation économique en cours en europe_de_l'_est s'est traduit par une demande plus rapide que prévu de nouveaux cours et séminaires de l'IDE. Ceux-ci ont traité des problèmes immédiats posés par la libéralisation économique de cette région: inflation et stabilisation, réforme du secteur financier et privatisation. Parmi les autres activités entreprises, on peut citer des cours sur les concepts de l'économie_de_marché, la politique du logement et des transports et la gestion des entreprises_publiques. Généralement parlant, le plus grand nombre d'activités a porté sur la gestion du développement, les autres secteurs se répartissant le reste de façon à peu près égale. Plus de la moitié des activités ont pris la forme de séminaires de politique générale consacrés aux questions de gestion macroéconomique ou de gestion sectorielle. Les séminaires de haut niveau ont représenté environ un cinquième du total, et ceux consacrés à la formation des formateurs dans le cadre d'organismes partenaires de l'IDE, 10%; les activités techniques ou d'analyse de projets ont représenté environ 5%. Ces dernières années, l'IDE s'est spécialement efforcé de concevoir des études de cas fondées sur les problèmes de politique générale qui se posent en Afrique, en particulier sur l'ajustement_structurel. Si la mise au point de matériels pédagogiques concernant les problèmes d'ajustement demeure une activité importante, l'IDE s'est à présent tourné vers la conception de matériels de formation liés aux problèmes de la pauvreté et de l'emploi. Parmi les autres matériels de formation qui ont été mis en chantier durant l'exercice 91, on peut citer un manuel sur la réforme fiscale qui s'appuie sur les résultats d'un récent projet de recherche de la Banque, une mise à jour de matériels antérieurs sur l'analyse des projets et le développement agro-industriel, et une série d'exercices basés sur des études effectuées par le Département de l'évaluation rétrospective des opérations. Bien que ses matériels continuent d'être surtout imprimés, l'Institut a également élaboré des matériels interactifs sur support informatique qui font appel au programme utilisé par la Banque pour assurer la cohésion de ses projections macroéconomiques. Il a également commencé à mettre au point des programmes logiciels et des documents informatisés sur la gestion et l'analyse des projets. Il a par ailleurs lancé une campagne de publicité visant à favoriser une utilisation accrue de ses matériels de formation, qui s'est traduite par une augmentation des demandes de matériels de près de 60% par rapport à l'exercice 90. Un des objectifs que l'IDE poursuit depuis longtemps consiste à renforcer les établissements de formation locaux grâce à une assistance technique, et notamment en les aidant à mobiliser un financement extérieur. Ces dernières années, l'Institut a maintenu des liens avec plus de 100 établissements de formation situés dans des pays_en_développement. Sur les 73 avec lesquels il a collaboré durant l'exercice 91, 55% étaient situés en Afrique, 25% en Asie, 12% dans la région Europe, Moyen-orient et Afrique du Nord, et 8% en amérique_latine et aux Caraïbes. Les relations entre l'IDE et ses organismes partenaires varient beaucoup sur le plan des ressources utilisées. Avec certaines institutions, il s'agit d'accords pluriannuels formels concernant la fourniture d'un appui substantiel dans des domaines très divers, l'objectif étant de renforcer les organismes partenaires (ou réseaux) afin de les aider à devenir indépendants et efficaces. D'importants progrès ont été réalisés durant l'exercice 91 pour le renforcement de certains de ces réseaux, l'un des plus prometteurs étant celui de l'UNEDIL, en Afrique subsaharienne, qui vise à renforcer les instituts de formation en gestion. (Ce réseau tire son sigle du fait qu'il est coparrainé par le Programme des nations_unies pour le développement, l'IDE et l'organisation_internationale_du_travail.) L'IDE veille à bien coordonner son appui à l'UNEDIL avec un autre important programme de renforcement des institutions en Afrique lancé avec l'aide de la Banque durant l'exercice 91: l'initiative pour le renforcement des capacités en Afrique (IRCA). *{p. 94} Un deuxième effort de renforcement institutionnel mis en oeuvre récemment concerne les établissements de formation des cinq pays lusophones d'Afrique. Au milieu de 1990, l'IDE a pris part à un inventaire des besoins des établissements locaux de formation. Une organisation en réseau a alors été jugée comme étant la forme d'aide la plus prometteuse, et un programme quinquennal a été mis au point, qui prévoit la mise en oeuvre de 24 activités, dont 10 auront un caractère prioritaire durant les deux premières années (1991-92). L'accroissement important des activités de l'IDE a été rendu possible par l'augmentation du cofinancement durant les années 80. Le cofinancement a offert également d'importants avantages indirects en permettant de resserrer les liens avec une vaste gamme d'organismes d'aide bilatéraux et multilatéraux, ainsi qu'avec des établissements de formation situés dans les pays_industrialisés. Il a en outre procuré à l'IDE, à travers ses organismes de financement partenaires, de nouvelles sources pour ses matériels pédagogiques et ses orateurs. Tel a été particulièrement le cas d'accords de cofinancement pluriannuels où les deux parties ont davantage intérêt à aller au-delà d'une simple relation financière ponctuelle. L'Institut administre deux programmes_d'_études universitaires supérieures consacrés en grande partie mais pas exclusivement aux questions de développement_économique: le Programme de bourses Mcnamara et le Programme de bourses d'études universitaires de troisième cycle de la banque_mondiale. Les bourses Mcnamara sont accordées pour des études_supérieures qui ne donnent pas lieu à l'octroi d'un diplôme et qui ne doivent pas nécessairement être effectuées dans une université. Les bourses d'études de la banque_mondiale sont accordées pour des études universitaires donnant lieu à un diplôme supérieur. Dans les deux cas, les pays dont sont originaires les candidats à ces bourses et dans lesquels ils doivent poursuivre leurs études doivent être des pays_membres de la Banque. Au début de 1990, 15 nouvelles bourses Mcnamara (au lieu de 10 l'année précédente) ont été accordées pour des études qui devaient débuter durant l'exercice 91. Il s'agit du plus grand nombre de bourses jamais accordé dans le cadre de ce programme et, pour la première fois, il y a eu plus de femmes que d'hommes parmi les lauréats. Sur les 16 personnes auxquelles ces 15 bourses ont été accordées, six étaient originaires d'Asie, trois d'Afrique, une d'amérique_latine et six de pays_industrialisés. Le nombre de candidatures a été cette année de 382, ce qui représente une augmentation de 6% par rapport à l'année précédente. Le Programme de bourses d'études universitaires de troisième cycle de la banque_mondiale est financé par le gouvernement japonais. Ce programme, qui est actuellement dans sa quatrième année, a accordé des bourses à 234 candidats originaires de 71 pays. Pour l'année universitaire 1990-91, le nombre de boursiers a été de 157; 90 d'entre eux sont en première année d'études et 67 en deuxième ou troisième année. Depuis le début de ce programme, 112 boursiers ont choisi comme sujet les sciences économiques, 54 les finances et l'administration, et 16 les questions de planification et de politique générale. D'autres ont choisi les sciences agricoles, l'environnement, la santé publique, la démographie, l'énergie ou le droit. Au total, 24% des bourses ont été accordés à des femmes. Durant l'exercice 91, du fait d'une nette augmentation de la contribution japonaise, le programme a examiné entre 2 500 et 3 000 candidatures pour un nombre total de 100 bourses nouvelles à décerner pour l'année universitaire 1991-92. En outre, entre 80 et 100 boursiers devraient continuer de recevoir une aide_financière. Le plan stratégique quinquennal de l'IDE, qui couvre la période 1990-94, prévoit un examen systématique des activités de formation. Durant l'exercice 91, on a commencé à procéder à un examen plus poussé de ces activités que ceux qui avaient pu être effectués ces dernières années, en raison de l'expansion rapide de l'IDE. Cet examen s'est attaché à évaluer la réalisation des objectifs d'enseignement fixés et à améliorer les méthodes pédagogiques. Une analyse des comptes rendus d'évaluation par les participants des activités menées durant l'exercice 91 révèle que ceux-ci continuent d'être très satisfaits en ce qui concerne l'intérêt des programmes, leur utilité et la réalisation de leurs objectifs. L'IDE a par ailleurs commencé à évaluer ses programmes_d'_aide au renforcement institutionnel à plus long_terme de ses organismes partenaires, ainsi que ses séminaires de haut niveau. Le premier de ces examens a pris fin durant l'exercice 91; il portait sur les relations entre l'Institut et le Centre de développement_rural intégré pour l'Asie et le Pacifique. La recherche à la banque_mondiale. Le portefeuille de prêts au titre de projets et de programmes de la banque_mondiale s'appuie sur son programme de recherche dans le domaine économique et social. Cette recherche a pour but d'approfondir la compréhension du processus de développement, de renforcer les bases sur lesquelles la Banque fonde ses politiques et ses conseils, d'appuyer ses opérations de prêt et de développer les capacités de recherche de ses membres en développement. *{p. 95} Le programme de recherche fait l'objet d'un examen annuel de la part des administrateurs de la Banque. C'est le Conseil d'orientation de la recherche et des publications qui fixe les priorités dans ce domaine, les divers projets de recherche étant financés par les départements sur leur propre budget ou bien approuvés par le Comité de la recherche et couverts par le budget d'appui à la recherche. La plupart des projets de recherche sont entrepris au sein du complexe formé par les services de politique générale, recherche et relations extérieures de la Banque; environ un cinquième d'entre eux sont menés au sein des complexes opérationnel et financier. Le programme de recherche porte sur les objectifs de programme fixés par la direction de la Banque et les domaines prioritaires établis par le Conseil d'orientation de la recherche et des publications. Les objectifs concernent l'ajustement et la dette; l'intermédiation financière; la réduction de la pauvreté; la valorisation des ressources_humaines -, le développement du secteur_privé et la réforme du secteur_public; l'environnement; les ressources_naturelles; l'infrastructure et l'urbanisme. Les domaines prioritaires sont l'environnement, le développement du secteur_privé et la réforme des économies socialistes. La transformation des économies socialistes a été l'occasion, pour les milieux du développement en général et le programme de recherche de la Banque en particulier, d'entreprendre un vaste travail d'analyse. Un séminaire de la Banque sur les difficultés d'exécution de l'effort de privatisation en europe_de_l'_est s'est tenu en Yougoslavie; six pays d'europe_de_l'_est et l'union_soviétique y ont pris part. Par ailleurs, une étude consacrée à la transformation des économies d'europe_de_l'_est et d'Europe centrale a fait le point de la situation et des problèmes qui se posent aujourd'hui dans divers domaines -commerce, privatisation, agriculture, finances, politique budgétaire, pauvreté et protection_sociale, ainsi que des activités de la Banque dans les pays socialistes d'Europe. Tout au long de l'année, les services de recherche ont activement participé aux missions opérationnelles en europe_de_l'_est et en Europe centrale, ainsi qu'en Chine et en Éthiopie. Une étude sur l'économie soviétique a été réalisée conjointement par la banque_mondiale, l'Organisation de coopération et de développement économiques, le fonds_monétaire_international (FMI) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Elle visait à faire des recommandations à l'union_soviétique au sujet de la réforme de son économie, et à donner aux principaux pays_industrialisés des conseils concernant les critères d'aide. La Banque a dirigé deux groupes de travail sur la réforme du système_économique et les réformes sectorielles; le premier a traité des prix, de la gestion et de la réforme des entreprises, de la privatisation, des finances et du droit, tandis que le second a analysé le secteur manufacturier, l'agriculture et le logement. Les questions de développement du secteur_privé et de gestion du secteur_public sont étroitement liées aux problèmes posés par le passage d'une économie centralisée à une économie_de_marché. Les services de recherche de la Banque, ont collaboré avec la Commission chinoise de réforme des systèmes, pour organiser un symposium d'une semaine qui avait pour sujet les différentes formes de propriété du secteur_public. Par ailleurs, un examen des résultats obtenus dans sept pays a été inclus dans l'étude consacrée à la réforme des entreprises et à la privatisation dans les économies socialistes. Plusieurs autres études sur la gestion du secteur_public ont été effectuées, notamment des études sur l'historique des systèmes fiscaux dans les pays_en_développement, la réforme fiscale, la gestion du développement urbain et le développement technologique en Asie de l'Est. Les problèmes clés posés par la réforme des économies socialistes sont aussi similaires, à bien des égards, à ceux dont la Banque traite depuis des dizaines d'années lorsqu'elle donne aux pays_en_développement des conseils sur la réforme de leur économie et dont les éléments essentiels sont les politiques relatives à l'ajustement macroéconomique, aux échanges et à la dette. Les services de la Banque ont collaboré avec ceux du FMI à l'exécution de trois études de recherche sur les perspectives de croissance_économique des pays_en_développement face aux années 90 caractérisées par un resserrement du crédit. Ces études avaient pour thèmes l'impact des politiques_commerciales, agricoles et industrielles des pays_industrialisés sur les pays_en_développement, le rôle des investissements_directs_étrangers dans le développement et l'application de la stratégie de la dette et son incidence sur les perspectives de développement de tous les pays lourdement endettés. La Banque a terminé l'édition 1990 des World Debt Tables (Tableaux de la dette internationale), qui constitue un ouvrage de référence essentiel et un élément important du programme permanent de recherche de la Banque. Elle a en outre mené à bien un projet consistant à comparer diverses stratégies pour mettre fin à l'inflation dans des pays qui souffrent d'hyperinflation ou d'une forte inflation chronique. Les résultats de ce projet ont fait l'objet d'une large diffusion, dans le cadre de conférences et de séminaires organisés en amérique_latine, en Europe et aux États-unis, et ils doivent être publiés dans diverses revues spécialisées ainsi que dans un livre à paraître. Plusieurs séminaires internationaux sur des questions financières ont eu lieu sous les auspices des services de recherche de la Banque, dont deux consacrés aux politiques des secteurs industriel et financier (Paris et Séoul) et un sur le thème de l'aide_financière externe à l'Afrique dans les années 90, qui a rendu compte de 16 études effectuées en collaboration par les services de recherche et les services opérationnels (région Afrique) de la Banque. *{p. 96} Celle-ci a pris part à un grand nombre d'activités de conseils en matière de réformes, de négociations et d'accords internationaux relatifs au commerce. Un projet récemment achevé sur le thème "Réformes du commerce dans les prêts à l'ajustement_structurel: analyse positive de leurs résultats et de leur viabilité à long_terme" a analysé les compromis entre les résultats à court_terme et les effets à plus long_terme sur la distribution, l'investissement et les recettes. La Banque et le Département américain de l'agriculture ont coparrainé une conférence sur "La CE en 1992 - Répercussions sur l'alimentation et l'agriculture mondiales". Une autre conférence conjointe, "La Communauté européenne et les Caraïbes dans les années 90", a été consacrée à l'Acte portant création d'un marché_unique au sein de la CE, la quatrième Convention de Lomé, les négociations de l'Uruguay Round, les changements intervenus sur les marchés d'europe_de_l'_est et ce qu'impliquent tous ces événements et toutes ces données pour les pays_en_développement. Les résultats du projet de recherche sur la concurrence dans l'industrie et l'efficacité dans la production et leurs rapports avec le régime des échanges commerciaux ont fait l'objet d'une diffusion dans le cadre de conférences au Bureau national de recherche économique des États-unis, à l'Institut mondial de recherche sur les aspects économiques du développement, et aux universités de Harvard et de Georgetown. Le programme et les réalisations des services de recherche durant l'exercice 91 témoignent de l'accent qui est de nouveau mis sur la réduction de la pauvreté. Le Rapport sur le développement dans le monde 1990 s'est penché sur la situation et l'ampleur des populations démunies dans les pays_en_développement, ainsi que sur les facteurs essentiels de lutte contre la pauvreté. Les enseignements tirés de ce rapport font l'objet d'une diffusion au plan international et sont incorporés dans les politiques suivies par la Banque. Des séminaires consacrés à l'analyse qui est faite dans cet ouvrage ont été organisés dans les pays_membres de la Banque les plus peuplés (Chine, Inde et Indonésie), et l'Institut de développement_économique a élaboré une stratégie de formation pour la lutte contre la pauvreté, qui sera mise en oeuvre dans les trois années qui viennent. Les services de recherche travaillent actuellement à la rédaction d'un manuel sur la pauvreté qui servira à orienter les programmes_d'_aide à la réduction de la pauvreté entrepris au niveau des pays, et deux nouveaux rapports ayant pour titres "Reaching the Poor Through Public Employment Schemes: Arguments, Evidence, and Lessons from South Asia" et "Incidences financières des politiques de développement visant à faire reculer la pauvreté" analysent la rentabilité des programmes gouvernementaux de lutte contre la pauvreté. La question de la valorisation des ressources_humaines est intrinsèquement liée à la lutte contre la pauvreté. Durant l'exercice écoulé, le programme de recherche a comporté toute une série de travaux sur l'amélioration de la qualité_de_la_vie des femmes, la formation de la main-d'_oeuvre et l'emploi, et la santé. Parmi les travaux spécialement axés sur les besoins des femmes, on peut citer l'étude analytique intitulée "Le renforcement du rôle économique des femmes dans le développement", qui a été soumise au Comité du développement; le lancement d'un programme de formation intitulé "Women's Management Training Outreach Program", qui s'adresse aux responsables d'organisations féminines; la participation à l'Institut panafricain pour le développement, qui vise à mettre au point des systèmes locaux de formation pour les femmes travaillant dans le secteur non structuré; et la publication d'un ouvrage intitulé Women's Work, Education, and Family Welfare in Peru. Parmi les autres initiatives en matière de valorisation des ressources_humaines qui ont été menés à bien durant l'exercice, on peut citer un rapport intitulé "Skills Training for Productivity: Policies for Vocational Education and Training in Developing Countries"; l'organisation d'un séminaire en Indonésie sur le thème "Health Financing and Health Insurance in Asia"; des ateliers de formation destinés au personnel de la Banque et consacrés aux projets de population et à la production de manuels, et un atelier sur la formation et l'enseignement professionnels, organisé à Genève à l'intention du personnel d'organismes donateurs. Les projets de développement pouvant bouleverser les modes_de_vie et les particularités culturelles des populations locales, les services de recherche s'efforcent en permanence d'encourager la formation de groupes de participants réunissant des représentants des populations concernées, afin de définir des moyens de les protéger. Un document de politique générale sur ce type de stratégie a servi de base à une nouvelle directive opérationnelle sur les populations autochtones. On reproche aux projets de développement en particulier, et à la croissance_économique de façon plus générale, d'être une source de dégradation de l'environnement. La banque_mondiale s'occupe de plus en plus de la gestion de l'environnement et des ressources_naturelles, ainsi que de l'élaboration de politiques_économiques écologiquement viables, comme en témoigne le renforcement de la recherche dans ces domaines. L'élément essentiel à cet égard est le rôle joué par la Banque dans la coordination des efforts entrepris à l'échelon international pour la protection de l'environnement. Les services de recherche de la Banque sont en effet chargés à présent d'administrer le Fonds de défense de la couche d'ozone, qui doit financer les efforts entrepris par les pays_en_développement afin de respecter les engagements qu'ils ont pris dans le cadre du Protocole de Montréal pour réduire la production et l'usage des chlorofluorocarbones comme d'autres gaz responsables de la diminution de la couche d'ozone. Ils ont également en préparation une série d'études analytiques destinées au Groupe consultatif scientifique et technique du Fonds pour la protection de l'environnement portant sur une proposition de "guichet petits projets", sur les eaux internationales et sur trois sujets touchant la protection de la diversité biologique. *{p. 97} Compte tenu de son importance pour la croissance_économique, la réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire, le secteur agricole continue d'être un sujet de recherche privilégié au sein de la Banque. Diverses études achevées durant l'exercice portaient sur le régime foncier et la réponse de l'offre de produits agricoles en Afrique subsaharienne, les projections des prix et la gestion des risques en ce qui concerne les produits de base des pays_en_développement. Par ailleurs, les résultats d'une comparaison exhaustive des prix agricoles dans plusieurs pays ont été analysés dans un ouvrage intitulé "The Political Economy of Agricultural Pricing Policies", publié durant l'exercice 91, et un réexamen plus général de la politique agricole est présenté dans le document intitulé "Redefining the Role of Government in Agriculture for the 1990s". Le onzième Symposium agricole annuel organisé par la Banque, qui avait pour thème "L'agriculture dans les années 90", a donné lieu à une analyse prospective du développement technique, des négociations de l'Uruguay Round et de l'évolution de l'agriculture et des agro-industries des pays d'europe_de_l'_est durant cette décennie. Un séminaire organisé conjointement avec la banque_nationale de Hongrie a pris plus spécialement pour thème "La réforme de l'agriculture en europe_de_l'_est et en URSS". La longue expérience des projets d'infrastructure et de développement urbain de la Banque se reflète dans les divers rapports et programmes de formation en cours pendant l'exercice 91. Le principal ouvrage à cet égard est l'étude intitulée "Politique urbaine et développement_économique: un ordre du jour pour les années 90", qui présente diverses stratégies pour la mise en place d'infrastructures, la fourniture de services financiers et la mise en oeuvre d'activités écologiquement viables, et qui suggère de nouveaux axes de recherche et de développement en matière d'urbanisation. De son côté, le document intitulé "Impacts of Infrastructure Deficiencies on Nigerian Manufacturing" propose une approche qui pourrait s'appliquer dans d'autres pays_en_développement. Plusieurs autres projets en cours traitent des questions relatives à la politique du logement, au secteur de l'électricité, à la fixation des prix dans le domaine routier et à l'efficacité relative des entreprises de service_public qui utilisent le gazole plutôt que d'autres sources d'énergie. La Banque a organisé la troisième d'une série de conférences annuelles sur l'économie du développement, les thèmes retenus pour l'exercice 91 étant la transition des économies socialistes, le rôle des dépenses militaires dans le développement, les problèmes posés par l'urbanisation et le rôle de la "governance" (ou conduite des affaires_publiques) dans le développement. Dans son intervention sur la privatisation en europe_de_l'_est et en Europe centrale, le Professeur Jeffrey Sachs a insisté sur l'impérieuse nécessité de maintenir l'impulsion donnée au processus de transition; M: Robert S: Mcnamara a préconisé une réduction des dépenses militaires dans le monde entier et suggéré que les dépenses soient réorientées dans le sens des investissements matériels et humains qui sont d'une importance capitale pour les pays_en_développement; le Professeur A: L: Mabogunje a proposé un modèle applicable au développement urbain et à la productivité; et M: Edgardo Boeninger s'est appuyé sur son expérience des affaires_publiques au Chili pour passer en revue toute une série de pratiques pouvant améliorer ou miner la conduite de ces affaires. Le texte de ces quatre interventions en séance plénière, accompagné des commentaires auxquels elles ont donné lieu ainsi que le texte de huit études supplémentaires et d'une table ronde, seront publiés dans Proceedings of the World Bank Annual Conference on Development Economics, qui paraîtra à titre de supplément aux deux revues de la Banque, The World Bank Economic Review et The World Bank Research Observer. Assistance technique. Dans le cadre des opérations de la Banque, les composantes d'assistance technique servent principalement à appuyer des prêts d'investissement. Durant l'année civile 1990, ces composantes ont atteint un montant total de 1,4 milliard de dollars, soit une augmentation en valeur de 24% par rapport à 1989. La part des composantes d'assistance technique dans les prêts d'investissement s'est elle aussi accrue, passant de 7% en 1989 à 9% en 1990. Pendant l'année civile 1990, neuf prêts exclusivement consacrés à l'assistance technique ont été approuvés, pour un montant total de 130 millions de dollars, soit une légère augmentation par rapport à l'année précédente. Au cours de l'exercice la Banque a notamment approuvé un prêt d'assistance technique pure accordé à la Pologne. Ce prêt sert à financer un projet de gestion de l'environnement qui tente de résoudre les principaux problèmes environnementaux grâce aux composantes suivantes: coordination des politiques, de la gestion et des programmes; études sur l'efficacité du secteur industriel et sur l'environnement; gestion de la qualité de l'air; et gestion des ressources en eau. La Banque s'efforce également de répondre aux besoins d'assistance technique d'autres pays d'europe_de_l'_est et d'Europe centrale; des prêts d'assistance technique pure ont ainsi été approuvés à la fin de l'exercice 91 pour la Bulgarie et la Roumanie et un projet de ce type est actuellement en cours de préparation pour la Tchécoslovaquie. *{p. 98} Pendant l'année civile 1990, 83 avances au titre du Mécanisme de financement de la préparation des projets (PPF) ont été approuvées pour un montant total de 65,6 millions de dollars. Le PPF a été créé en 1975 pour pallier les insuffisances d'aptitude des emprunteurs à mener à bien la préparation des projets et pour aider les organismes responsables de la préparation ou de l'exécution des projets. Grâce à ce mécanisme, la Banque peut avancer jusqu'à 1,5 million de dollars par projet, soit pour combler des lacunes dans la préparation des projets (à concurrence de 750 000 dollars), soit pour aider au renforcement d'institutions (également à concurrence de 750 000 dollars) de manière que l'exécution du projet puisse commencer avant l'entrée en vigueur du prêt ou du crédit. Durant l'exercice, les administrateurs ont approuvé des modifications du PPF afin de répondre à l'évolution des besoins des emprunteurs de ce mécanisme. Ces dernières années, les demandes d'aide au renforcement des institutions ont été beaucoup plus fréquentes que celles concernant la préparation des projets, et les modifications en question ont donc eu notamment pour effet de supprimer la distinction entre les deux types d'activités financées par le PPF: désormais, les quatre bureaux régionaux de la Banque peuvent autoriser une ou plusieurs avances, à concurrence de 1,5 million de dollars par projet. A la différence des avances au titre du PPF, qui sont soit refinancées ultérieurement à travers les prêts de la Banque, soit remboursées par l'emprunteur, le Mécanisme spécial de financement de la préparation des projets (SPPF) est l'un des rares instruments de don utilisés par la Banque pour l'assistance technique. (Le remboursement d'une avance du SPPF n'est exigé que lorsqu'elle débouche sur un projet financé par la Banque dans les cinq ans qui suivent son approbation.) Le SPPF a été créé en 1985 pour aider les pays d'Afrique subsaharienne pouvant bénéficier des crédits de l'IDA à financer les activités préparatoires (y compris l'établissement de propositions de projets destinés à être financés par d'autres donateurs) qui ne pouvaient pas être financées par d'autres sources. Pendant l'année civile 1990, 27 avances ont été accordées à ce titre pour un montant de 3 millions de dollars. Un examen des activités menées dans le cadre du SPPF durant les trois dernières années révèle que plus des trois quarts des avances SPPF servent à financer la préparation de projets touchant l'environnement, la dette, l'intermédiation financière et l'ajustement, la valorisation des ressources_humaines, la lutte contre la pauvreté et la sécurité alimentaire, la gestion du secteur publie et le développement du secteur_privé. A la fin de l'année civile, le nombre de projets en cours d'exécution par la Banque avec l'aide du Programme des nations_unies pour le développement (PNUD) s'élevait à 196 et représentait un montant total de 307 millions de dollars. Dans la plupart des cas, la Banque est l'unique exécutant, mais il arrive qu'elle soit chargée uniquement d'exécuter des composantes de projets qui relèvent d'autres entités (le gouvernement ou un autre organisme). Le PNUD prévoit toutefois de modifier sa stratégie opérationnelle; au lieu du système actuel, qui dépend surtout d'agents d'exécution extérieurs, il compte adopter un système qui fera appel à des entités locales pour l'exécution de ses projets. Ce changement prendra effet à compter de janvier 1992. On ignore pour l'instant quelles en seront les implications pour la Banque en tant qu'agent d'exécution des projets du PNUD. Le nombre de projets financés par des fonds fiduciaires a continué d'augmenter durant l'année passée. A la fin de 1990, la Banque administrait 850 opérations (dont celles du PNUD) représentant au total l'équivalent de 3,197 millions de dollars d'engagements de donateurs. Les décaissements ont atteint au total 574 millions de dollars; 53% ont servi au cofinancement de projets de la Banque, le reste allant notamment à des études de préinvestissement et à des études sur l'environnement, et à des activités telles que celles du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale, du Programme spécial de recherche et de formation concernant les maladies tropicales, et du Programme de lutte contre l'onchocercose. Le 30 juillet 1990, un Fonds spécial d'élaboration des politiques et de valorisation des ressources_humaines a été institué au sein de la BIRD et de VIDA. Financé par le ministère des finances japonais, ce fonds recouvre et renforce à la fois plusieurs programmes existants d'aide et de collaboration entre le Japon et la Banque. Le Japon s'est engagé, pour la période triennale correspondant à ses années budgétaires 90 à 92, à fournir environ l'équivalent de 300 millions de dollars à l'appui de projets et programmes financés par la Banque, notamment dans les domaines de l'environnement, de la formation et des activités connexes menées par l'Institut de développement_économique, et de l'octroi de bourses d'études au titre du programme de bourses universitaires de troisième cycle de la Banque. Durant son année budgétaire 90 (avril 1990-mars 1991), le Japon a pris pour environ 85 millions de dollars d'engagements de financement à titre de dons pour l'assistance technique, principalement pour la préparation de projets et de programmes appuyés par la Banque. Sur ce montant, 15 millions environ sont consacrés à l'assistance technique dans le domaine de l'environnement. *{p. 99} Un important effort d'assistance technique visant à résoudre les problèmes écologiques transfrontières (préservation de la diversité biologique, réchauffement de la planète, pollution des eaux internationales et protection de la couche d'ozone) sera mené par le biais du Fonds pour la protection de l'environnement nouvellement créé. Les États participants ont pris des engagements d'environ 1,5 milliard de dollars pour financer les activités entreprises durant les trois premières années de fonctionnement de ce fonds. La Banque est chargée d'administrer celui-ci en association avec le PNUD et le Programme des nations_unies pour l'environnement2. Créé en novembre 1990, ce fonds, doté de plus de 1 milliard de dollars, compte déjà un portefeuille de 273 millions de dollars dans sa tranche de projets pour l'exercice 92. Onze projets, d'un montant évalué à 59 millions de dollars, sont principalement consacrés à l'assistance technique et doivent être gérés par le PNUD. Le reste de cette tranche se compose de 15 projets d'investissement qui doivent être gérés par la Banque. Toutefois, ces projets, qui correspondent à des engagements de 214 millions de dollars, comportent aussi un effort substantiel d'assistance technique indispensable à la réussite des investissements ainsi effectués. *{p. 100} Coopération entre organisations. Coopération avec l'Organisation de coopération et de développement économiques. La Banque continue activement de procéder à des échanges de vues sur les politiques et pratiques d'intérêt_commun pour les organismes d'aide multilatérale et bilatérale avec l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et son Comité d'aide au développement (CAD). Elle échange régulièrement des données avec ce dernier, surtout en ce qui concerne les flux d'aide, la dette et les transferts financiers. Elle participe à des groupes de travail du CAD consacrés aux moyens d'améliorer la coordination et l'évaluation de l'aide, les pratiques d'aide, ainsi que l'établissement des rapports financiers et statistiques. A cet égard, les services de la Banque ont aidé à rédiger les Principes de l'aide-programme, de la coopération technique et de l'évaluation de l'aide, qui ont pour but de permettre une meilleure coordination et une plus grande cohésion entre donateurs. En tant qu'observateur officiel au sein d'un certain nombre de comités de l'OCDE, notamment le CAD, la Banque a pris une part active aux échanges de vues sur des questions d'actualité telles que la participation_populaire, les divers aspects de la conduite des affaires ou "governance" (responsabilisation, transparence, cadre juridique, etc.), la coordination de l'aide aux pays affectés par la crise du Golfe, les problèmes d'environnement, la mise en place d'un environnement propice pour le secteur_privé et le développement des économies_de_marché en europe_de_l'_est. Un objectif important que toutes ces réunions avaient en commun était d'accroître l'efficacité et la viabilité à long_terme de l'aide. En février 1991 a eu lieu à l'OCDE la première réunion de haut niveau de représentants des ministères chargés, dans les États donateurs, des questions d'environnement et de développement; cette initiative était destinée à permettre de mieux formuler les politiques concernant les pays_en_développement. La Banque a par ailleurs participé à l'élaboration de principes d'action pour l'environnement, qui visaient à assurer une plus grande cohésion entre donateurs et à faciliter le travail de planification des bénéficiaires de l'aide. Les recherches consacrées par l'OCDE à la modélisation globale et à la question de la taxation des émissions de dioxyde de carbone fournissent à la Banque des points de référence utiles pour ses travaux sur l'environnement, en particulier pour le prochain Rapport sur le développement dans le monde 1992, qui sera axé sur les liens entre le développement et l'utilisation viable à long_terme des ressources de l'environnement. La réunion annuelle de l'OCDE au niveau ministériel, qui se tient au début du mois de juin, et les réunions du Comité de politique_économique de cette organisation, qui ont lieu deux fois par an, sont principalement consacrées aux questions qui préoccupent les pays industriels (redressement économique, inflation, concurrence, échanges commerciaux, dépenses_publiques, chômage, etc.) et offrent ainsi à la Banque d'importantes occasions de souligner les effets des diverses politiques mises en oeuvre par les pays industriels sur les pays_en_développement. *{p. 104} Coopération avec le fonds_monétaire_international. De façon générale, la Banque et le fonds_monétaire_international ont tous deux pour objectif de promouvoir une croissance et un développement soutenus dans leurs pays_membres, et ils se sont vu attribuer à cet égard des rôles différents, mais complémentaires. Ils doivent travailler en étroite collaboration afin de servir leurs États membres de la façon la plus efficace possible. Les lignes directrices de la collaboration entre la Banque et le FMI sont en place depuis 1966 et ont été périodiquement revues depuis lors, le dernier examen remontant à mars 1989, date à laquelle les deux institutions se sont mises d'accord sur des mesures administratives et des règles de procédure supplémentaires ou plus formelles. Un examen de l'expérience récente dans ce domaine a permis de conclure que les procédures régissant la collaboration entre la Banque et le Fonds fonctionnaient relativement bien et que les méthodes de collaboration suivies ces derniers temps avaient été plus uniformes et plus systématiques qu'auparavant. Un certain nombre de points sont en particulier ressortis de cet examen: - les services du siège de la Banque et du FMI ont maintenu des contacts très étroits, tant sur des questions concernant un pays donné que dans des domaines de politique générale d'intérêt_commun; - les sessions régulières consacrées à la planification des stratégies de pays et à leur examen, entre cadres supérieurs et représentants de la direction des deux institutions, ont contribué à instaurer un cadre opérationnel plus transparent pour les activités de leur personnel, et à maintenir les stratégies de l'une et de l'autre sur une base commune; - la Banque et le Fonds ont fait un effort de collaboration considérable à l'appui des mesures d'ajustement de leurs États membres; - d'une façon générale, lorsque surgissent des divergences de vues, elles sont identifiées et résolues très tôt; - l'appui financier fourni par la Banque et le, FMI à leurs pays_membres a été coordonné, bien qu'il soit encore difficile de prédire avec précision les flux de ressources accompagnant les programmes d'ajustement; - grâce à l'effort de collaboration entre le personnel des deux institutions et à l'expérience pratique acquise par les responsables nationaux, le processus de formulation des documents-cadres de politique_économique a évolué d'une façon qui répond mieux aux objectifs initiaux de ces documents; Note sur les documents-cadre. Les documents-cadres de politique_économique sont des rapports triennaux de portée générale qui sont préparés par les autorités nationales avec l'aide des services de la Banque et du FMI. Ils permettent d'identifier les facteurs qui sont à l'origine des problèmes d'un pays, de présenter les solutions proposées et de fournir des estimations quant aux besoins financiers correspondants et au rôle des principaux organismes d'aide. Fin de note. - la collaboration a été particulièrement intense dans le domaine de la dette, au niveau des pays, ainsi que sur les questions de politique générale; enfin - les deux institutions ont également continué de collaborer dans le domaine de la recherche et des activités connexes, principalement par une participation conjointe à des séminaires et à des projets. Lors de l'examen du rapport sur la collaboration entre les deux institutions, les administrateurs de la Banque ont souligné l'importance qu'ils attachaient à ce que celles-ci continuent de collaborer étroitement et, au sujet de l'aide à l'ajustement, ils ont noté que le fait d'identifier et de résoudre à un stade précoce les différences d'opinions avait contribué à améliorer le dialogue avec les pays au sujet des mesures prises et à accroître la cohésion des conseils fournis aux Étatss membres. Pour ce qui est de la stratégie de la dette et des arriérés de paiement, ils se sont félicités de l'étroite coopération entre les deux institutions et des résultats positifs obtenus jusqu'à présent. Un grand nombre d'entre eux ont toutefois souligné qu'il convenait de poursuivre les efforts aussi bien pour empêcher des pays de se trouver en situation d'arriérés de paiement que pour aider ceux qui sont déjà dans cette situation à se remettre à jour vis-à-vis des deux institutions. *{p. 105} Dans l'ensemble, les administrateurs ont reconnu que les lignes directrices énoncées en mars 1989 pour un renforcement de la collaboration entre la Banque et le Fonds s'étaient révélées utiles et qu'il ne semblait pas nécessaire, dans l'immédiat, de modifier les procédures actuelles ou d'en adopter de nouvelles.