*{Rapport annuel, Banque mondiale, 1993} Aperçu des activités de la banque_mondiale durant l'exercice 93. "La lutte contre la pauvreté", a déclaré le président de la banque_mondiale et président du conseil des administrateurs de l'institution, en avril 1993, "est ce à quoi devrait être jugée l'action de la Banque en tant qu'institution de développement". La stratégie de lutte contre la pauvreté de la Banque reste la même: promouvoir un profil de croissance qui permette aux pauvres de participer par leur travail et favoriser l'investissement en faveur des populations pauvres par un accès élargi à la santé, à l'éducation et aux autres services_sociaux. La communauté internationale a confirmé l'orientation de la stratégie de lutte contre la pauvreté de la Banque au cours de l'année écoulée en concluant un accord sur la dixième reconstitution des ressources de l'Association internationale de développement (IDA-10) pour la période couvrant les exercices 94-96. Avec cette reconstitution, qui porte sur un montant équivalant à 13 milliards de DTS (ou 18 milliards de dollars), le volume des ressources de l'IDA en valeur réelle se maintient au même niveau que lors de la neuvième reconstitution. Du côté des bailleurs de fonds, les négociateurs se sont accordés à reconnaître que l'IDA devrait continuer à se concentrer sur trois principaux objectifs à l'appui du développement_économique des pays les plus pauvres: la lutte contre la pauvreté, l'ajustement économique et la croissance, ainsi que la protection et l'amélioration de l'environnement. De concert avec ses emprunteurs, la Banque traite de plus en plus la stratégie à deux composantes qu'elle s'est fixée pour la lutte contre la pauvreté comme le pivot de sa politique générale d'aide au développement. Elle utilise tous les moyens à sa disposition - le dialogue de politique_économique, les opérations de prêt et les études analytiques - pour assurer l'application de sa stratégie "en faveur des pauvres". Comme en témoigne un rapport récent aux administrateurs, la Banque fait des progrès sensibles dans la mise en oeuvre de sa stratégie de lutte contre la pauvreté. L'un des éléments cruciaux de son action à cet égard est la formulation d'"évaluations de la pauvreté" par pays. Les conclusions de ces évaluations facilitent l'élaboration de stratégies d'assistance à l'appui des efforts de lutte contre la pauvreté des gouvernements. Durant l'exercice 93, neuf évaluations de la pauvreté ont été achevées, ce qui porte leur total à 27. A la suite de ces évaluations, la Banque a modifié sensiblement ses stratégies d'assistance à un certain nombre de pays d'une manière qui fait porter plus efficacement son action sur les pauvres et les groupes_défavorisés. Le Rapport sur le développement dans le monde 1992 identifiait les principaux liens qui existent entre le développement et l'environnement. D'après les conclusions de ce rapport, les mesures visant à encourager les emprunteurs à tirer profit des liens positifs entre la lutte contre la pauvreté et de saines politiques environne mentales - tout en réparant les dommages causés à l'environnement par des stratégies de croissance mal conçues - figurent en bonne place parmi les priorités de la Banque. Durant l'exercice 93, la Banque a élaboré des stratégies environnementales pour plusieurs régions et pays particulièrement importants à cet égard; elle a développé ses travaux de recherche dans une grande variété de sujets concernant l'environnement; elle a continué de faire figurer ses préoccupations environnementales dans son dialogue de politique_économique avec les pays, ses études économiques et sectorielles et ses opérations de prêt; et elle a entrepris une série d'examens internes de ses opérations afin d'être mieux à même de tenir compte des questions sociales et culturelles et des questions de réimplantation et de restauration dans la conception et l'exécution de ses projets. Dés missions de supervision ont été effectuées pour 135 projets en cours de la Banque qui comportaient une composante réinstallation, afin de veiller à ce que l'exécution de ces projets soit conforme aux accords de prêt et de crédit et aux directives de la Banque. *{p. 11} L'aide qu'elle apporte à l'élaboration et à l'exécution de plans nationaux pour la protection de l'environnement constitue l'un des principaux moyens par lesquels la Banque aide ses pays_membres à améliorer la gestion de leur environnement. Ces plans, qui servent de base au dialogue de la Banque avec ses emprunteurs pour les questions d'environnement, décrivent les principales préoccupations et les principaux problèmes d'environnement du pays, et définissent des principes et des mesures destinés à répondre aux problèmes ainsi identifiés. A la fin de l'exercice 93, un assez grand nombre de pays emprunteurs de l'IDA avaient établi, ou presque terminé, de tels plans, conformément aux termes de l'accord relatif à la neuvième reconstitution des ressources de l'IDA (IDA-9); des plans pour la protection de l'environnement sont en préparation dans la plupart des autres pays IDA et devraient être achevés durant l'exercice 94. L'investissement dans les ressources_humaines est au coeur de la stratégie d'aide au développement de la Banque pour les années 90. Il va dans le sens des objectifs de la lutte contre la pauvreté en contribuant à améliorer l'efficacité des services de base, et ouvre la voie à une saine croissance_économique en consacrant des moyens à la mise en valeur du capital_humain et en facilitant les transferts de connaissances et de pratiques scientifiques et techniques. Il constitue aussi un moyen essentiel de promouvoir la contribution des femmes au développement et de renforcer les aptitudes nationales à concevoir et exécuter de saines politiques environnementales. L'accroissement rapide de l'aide de la Banque au développement social et humain montre que les programmes_sociaux sont de plus en plus perçus comme de bons investissements. Le volume des prêts que consacre la Banque à des programmes de valorisation des ressources_humaines a progressé d'un niveau annuel moyen de 1, 1 milliard de dollars durant les exercices 87-89 à 3 milliards pour les exercices 90-92 et à 3,8 milliards au cours de l'exercice 93. Les investissements consacrés à la valorisation des ressources_humaines ont représenté 16% du volume total des prêts de la Banque au cours de l'exercice 93, contre 5% au début des années 80. Trois grandes priorités sous-tendent les opérations de la Banque à l'appui du développement du secteur_privé: la réforme des systèmes pour améliorer la conjoncture économique et promouvoir l'initiative privée; la restructuration et la privatisation des entreprises_publiques; et le développement du secteur financier. *{p. 12} De concert avec les États membres et la Société financière internationale, la Banque effectue des évaluations du secteur_privé qui visent à améliorer l'assistance du Groupe de la Banque au secteur_privé. A la fin de l'exercice, 11 évaluations étaient en voie d'achèvement. L'appui de la Banque à la restructuration ou à la privatisation des entreprises_publiques s'inscrit dans le cadre de ses objectifs plus généraux de développement_économique et de lutte contre la pauvreté. En 1991 et 1992, quelque 110 opérations d'investissement et 59 opérations d'ajustement assorties de composantes traitant de la privatisation ou de la restructuration d'entreprises_publiques avaient été approuvées. A cet égard, il convient de noter, en particulier, un prêt de 90 millions de dollars de la Banque consacré à appuyer un vaste programme de privatisation entrepris en Russie, qui portait sur quelque 24 000 entreprises. Durant l'exercice 93, la Banque a effectué un certain nombre d'évaluations internes destinées à lui permettre d'aider plus efficacement ses pays_membres. La principale a été une évaluation de son portefeuille par le Groupe d'étude sur la gestion du portefeuille, présidé par Willi Wapenhans, vice-président de la Banque qui comptait de nombreuses années d'expérience des opérations de l'institution. Ce groupe a constaté que, si plus de 75% des projets qui bénéficiaient d'une aide de la Banque affichaient de bons résultats pendant leur exécution, la qualité du portefeuille avait néanmoins baissé depuis dix ans. Ce fléchissement était dû en partie, d'après ce groupe d'étude, à des facteurs économiques internationaux et à des facteurs propres aux pays. Cependant, il était également imputable, dans une certaine mesure, à des facteurs plus spécifiques à la Banque, et principalement à la tendance qu'a celle-ci à concentrer son attention sur les nouveaux engagements de prêt au détriment de l'exécution effective des opérations après l'approbation des projets. *{p. 13} Le groupe d'étude a conclu que, pour que la Banque améliore son portefeuille et renforce ses services à ses emprunteurs, il lui fallait introduire un vaste ensemble de modifications visant à accorder plus d'attention à l'exécution des projets en cours et à établir un équilibre approprié entre cette exécution et la préparation de nouvelles opérations lors de la préparation et l'évaluation de ses projets, l'instruction de ses dossiers de prêt, ses procédures de passation_des_marchés et la supervision et l'évaluation rétrospective de ses opérations. A l'issue de plusieurs discussions sur le rapport de ce groupe d'étude, les administrateurs de la Banque ont approuvé un ensemble de mesures destinées à renforcer la gestion du portefeuille de l'institution. Cet ensemble de mesures - certaines obligatoires et certains discrétionnaires - repose sur des pratiques nouvelles ou actuelles, fondées sur des méthodes et procédés plus efficaces et plus sensibles aux besoins des clients, qui visent à inciter peu à peu la Banque à s'attacher plus efficacement et plus systématiquement aux effets durables de ses opérations sur le développement. Une autre évaluation, celle-ci du déploiement des compétences professionnelles de la Banque, a débouché sur une restructuration interne destinée à renforcer l'appui et l'initiative dans les principaux domaines d'action liés à la pauvreté (développement des ressources_humaines, finances et développement du secteur_privé, et environnement et développement_durable) et à regrouper les activités de recherche de manière à améliorer leur coordination aux niveaux macroéconomique, spécialisé et sectoriel. Trois nouvelles vice-présidences ont été créées autour de ces trois grands thèmes. Elles sont chargées d'offrir des conseils de politique générale et un appui opérationnel, de diffuser la connaissance des "pratiques optimales" dans les six bureaux régionaux de la Banque et de veiller à ce que celle-ci dispose des moyens nécessaires pour ouvrir la voie - à l'échelle mondiale - à la poursuite de ses objectifs spécialisés et sectoriels. Durant l'exercice 93, Il nouvelles républiques de l'ex-union_soviétique, ainsi que les deux États baltes qui ne l'avaient pas encore fait, sont devenues membres de la Banque. Celle-ci, pour sa part, a pris des dispositions afin de faire face aux tâches que représente l'extension de son aide aux pays d'Europe et d'Asie centrale en transition, en étoffant son personnel travaillant sur cette région et en établissant notamment des missions résidentes en Albanie, au Kazakhstan, en Lettonie, en Ouzbékistan et en Ukraine (voir la réponse de la Banque face à l'évolution des besoins de ses emprunteurs dans l'encadré ci-joint). Elle a déployé ses ressources de manière à conserver un maximum de souplesse. La préparation des projets de même que les études économiques et sectorielles ont été conçues pour promouvoir les réformes et mobiliser rapidement des ressources pour les appuyer. Ainsi, en Pologne, la Banque a accéléré la préparation d'opérations d'ajustement dans les domaines de l'agriculture, du secteur financier et de la réforme des entreprises. Des opérations d'ajustement du secteur financier sont en préparation en Roumanie et en Bulgarie, et des activités portant à la fois sur les questions relatives aux entreprises et au secteur financier ont été lancées au Kazakhstan, au Kirghizistan, en Russie et dans les pays Baltes. Un important programme de prêts a été amorcé en Europe centrale et orientale pour appuyer le système d'assistance_sociale, et un "centre de réflexion" a été créé à Budapest pour examiner les questions de protection_sociale dans tous les pays de la région. Le total des prêts aux pays de la région Europe et Asie centrale au cours de l'exercice 93 a été de 3,844 millions de dollars et comprenait les premiers prêts à l'Albanie, l'Arménie, l'Estonie, le Kirghizistan, la Lettonie, la Lituanie, la Moldova, la Russie et l'Ukraine. Le volume des prêts de la Banque à l'ensemble de ses emprunteurs au cours de l'exercice 93 s'est élevé à 23,695,9 millions de dollars: 16,944,5 millions de dollars de prêts de la BIRD et 6,751,4 millions de dollars de crédits de l'IDA. Le total des prêts à l'ajustement a été de 4 008 millions de dollars, soit 17% du total des engagements (voir tableau ci-joint). Un prêt de 450 millions de dollars a été consenti à l'Argentine pour la réduction de sa dette et de son service. L'aide de la banque_mondiale aux pays les plus pauvres - ceux dont le PNB par habitant est égal ou inférieur à 635 dollars (en dollars des États-unis de 1991) - s'est élevée au total à 9,956,6 millions de dollars: 4,035,3 millions de dollars de la BIRD et 5,921,3 millions de dollars de l'IDA (voir figure ci-jointe). Les décaissements nets de la BIRD à ses pays_membres se sont élevés au total à 2,425 millions de dollars, soit une augmentation de 607 millions de dollars par rapport au total de l'exercice précédent. Les décaissements nets de l'IDA se sont élevés à 4,580 millions de dollars, soit une augmentation de 139 millions de dollars. L'exercice 93 a été marqué par un brusque accroissement des opérations menées par le Fonds de désendettement des pays exclusivement IDA, avec le cofinancement d'un certain nombre d'institutions d'aide bilatérale. Ce fonds a été créé en 1990 pour pallier l'absence de mécanismes appropriés en vue d'alléger le fardeau de la dette extérieure des pays exclusivement IDA envers leurs créanciers commerciaux. Il a bénéficié d'un transfert de 100 millions de dollars sur le revenu net de la BIRD au titre de l'exercice 89. Ses ressources sont offertes sous forme de dons - d'un montant ne devant pas dépasser en principe 10 millions de dollars par pays - pour contribuer au maximum à réduire la dette extérieure des pays bénéficiaires envers leurs créanciers commerciaux. *{p. 14} Cinq opérations, représentant un total d'environ 45 millions de dollars du fonds, ont été menées à bien - en faveur du Mozambique et du Niger au cours de l'exercice 91 et de la Bolivie, du Guyana et de l'Ouganda au cours de l'exercice 93. A raison d'un coût moyen de 0,12 dollar par dollar de dette, ces opérations ont permis d'éponger 89% de la dette de ces pays envers leurs créanciers commerciaux. Le fonds prépare actuellement des opérations en faveur de l'Albanie, du Nicaragua, de Sâo Tomé-et-principe, de la Sierra Leone, de la Tanzanie et de la Zambie. La BIRD a emprunté un montant équivalant à 12,676 millions de dollars sur les marchés financiers mondiaux. Son revenu net a été de 1,130 millions de dollars. La Lituanie a adhéré à la BIRD le 6 juillet 1992; le Bélarus, le 10 juillet 1992; le Kazakhstan, le 23 juillet 1992; la République de Géorgie, le 7 août 1992; la Lettonie, le 11 août 1992; la Moldova, le 12 août 1992; l'Ukraine, le 3 septembre 1992; l'Arménie, le 16 septembre 1992; l'Azerbaïdjan, le 18 septembre 1992; le Kirghizistan, le 18 septembre 1992; l'Ouzbékistan, le 21 septembre 1992; le Turkménistan, le 22 septembre 1992; le Tadjikistan, le 4 juin 1993; et les États fédérés de Micronésie, le 24 juin 1993. La République fédérale tchèque et slovaque (Tchécoslovaquie) s'est retirée et a été remplacée par la République tchèque et la République slovaque à compter du ler janvier 1993. La République socialiste fédérative de Yougoslavie s'est retirée et a été remplacée par la Croatie et la Slovénie le 25 février 1993, portant le nombre total des membres de la BIRD à 176. A la fin de l'exercice, les démarches étaient en cours en vue de l'adhésion à la BIRD de la Bosnie Herzégovine, de l'Érythrée, de l'ancienne République yougoslave de Macédoine et de la République fédérative de Yougoslavie. *{p. 15-16} Le Kazakhstan est devenu membre de VIDA le 23 juillet 1992, la Lettonie, le 11 août 1992; le Kirghizistan, le 24 septembre 1992; l'Ouzbékistan, le 24 septembre 1992; le Portugal, le 29 décembre 1992; les îles Marshall, le 19 janvier 1993; le Tadjikistan, le 4 juin 1993; et les États fédérés de Micronésie, le 24 juin 1993. La Tchécoslovaquie s'est retirée et a été remplacée par la République tchèque et la République slovaque à compter du 1er janvier 1993. La Yougoslavie s'est retirée et a été remplacée par la Croatie et la Slovénie à compter du 25 février 1993, portant le nombre total des membres de l'IDA à 152. A la fin de l'exercice, des démarches étaient en cours en vue de l'adhésion à l'IDA de l'Arménie, de l'Érythrée, de la Géorgie, de la Moldova, de la Namibie, du Turkménistan, de l'Ukraine et de la République fédérative de Yougoslavie. *{p. 17} Encadré: La réponse de la Banque à l'évolution des besoins de ses emprunteurs. Ces dernières années, un nombre croissant de pays ont restructuré leur économie et leur administration. D'autres sont à présent engagés dans l'exécution de réformes_structurelles. En outre, l'appui aux pays en train de passer d'un régime d'économie dirigée à une économie_de_marché, ainsi qu'aux pays en transition politique, a entraîné d'importants changements dans l'action de la Banque. En même temps, les services demandés à la Banque par beaucoup de ses emprunteurs sont devenus plus complexes. La réponse de la Banque à ces changements peut se décrire de différentes façons. - La portée générale des services de la Banque est plus vaste qu'il y a quelques années. On s'efforce à présent de lier plus étroitement les réformes macroéconomiques et sectorielles et la lutte contre la pauvreté, et les nouveaux enjeux du développement (par exemple, l'environnement) sont à présent intégrés aux principaux travaux opérationnels de la Banque. Les évaluations de la pauvreté sont largement utilisées dans toute la Banque pour mesurer l'ampleur et définir la nature de la pauvreté, et pour identifier ce qui s'oppose à son recul. De même, des analyses plus approfondies des besoins du développement du secteur_privé sont entreprises dans toute la Banque. - Face au rôle capital joué par les ressources des bailleurs de fonds pour le lancement des activités régionales, la Banque a commencé à promouvoir une approche régionale des problèmes de développement. Le Programme d'assistance technique pour la protection de l'environnement méditerranéen, le Programme d'amélioration de l'environnement dans les métropoles en Asie et l'initiative relative aux services agricoles en Afrique sont parmi les meilleurs exemples de cette nouvelle approche. - Les prêts de la Banque s'écartent de plus en plus d'activités concrètes clairement définies (construction et irrigation, par exemple) pour se consacrer à des actions moins tangibles, telles que le renforcement des institutions, qui permettent d'améliorer l'aptitude à l'échelon local à faire face aux problèmes de développement. Ces actions nécessitent généralement un important apport de ressources_humaines, tant au stade de la conception qu'à celui de la supervision, et elles exigent des prêts relativement modestes (destinés principalement à financer l'assistance technique) et ont donc tendance à être coûteuses en ressources mises en oeuvre par dollar prêté. Cependant, elles peuvent avoir des effets sensibles sur le développement_durable. - A mesure que les réformes macroéconomiques se matérialisent dans de nombreux pays emprunteurs (Chili, Indonésie, Maroc et Mexique, par exemple), on observe une forte tendance des pays à s'écarter des prêts à l'ajustement et un besoin tout aussi fort de se constituer des réserves d'investissements. Une part importante de ceux-ci porte sur des projets de valorisation des ressources_humaines, qui témoignent directement de la volonté de combattre la pauvreté. Fin de l'encadré. *{p. 13} Chapitre deux: La scène économique: vue d'ensemble. En 1992, après le ralentissement des années Précédentes, l'économie mondiale a commencé à montrer des signes de reprise: le taux_de_croissance global modeste du produit_intérieur_brut (PIB), de 1,3%, a néanmoins représenté un progrès par rapport à son faible niveau de 0,5% de l'année précédente. La croissance des pays_en_développement (à l'exclusion du cas particulier des économies_en_transition d'Europe centrale, d'europe_de_l'_est et de l'ex-union_soviétique) a été la plus remarquable. Pour la deuxième année, son taux (4,5% en 1992) a dépassé de trois points de pourcentage celui des principaux pays_industrialisés. La croissance a été la plus sensible dans les pays_en_développement de l'Asie de l'Est (8,9%, avec un bond de 12% de la production de la Chine) et au Moyen-orient, qui a bénéficié de l'impulsion donnée par l'effort de reconstruction. Contrastant singulièrement avec ces pays, les républiques de l'ex-union_soviétique ont vu leur production dégringoler d'environ 20%. En revanche, le déclin s'est atténué en Europe centrale et orientale, et l'économie polonaise a même progressé pour la première fois depuis que le pays s'est soumis à une "thérapie de choc". Parmi les autres événements marquants de l'année: - Le volume de la dette des pays_en_développement (exprimé en dollars des États-unis) a progressé pour la troisième année de suite, bien que les ratios dette-produit national brut (PNB) et service de la dette-exportations aient tous deux diminué. Cet accroissement du volume de la dette est dû principalement à l'intense activité d'emprunt des pays d'Asie de l'Est auprès de créanciers commerciaux et à un apport massif de crédits d'exportation garantis aux républiques de l'ex-union_soviétique. - Des accords pour des opérations de réduction de la dette et de son service ont été conclus avec le Nigeria et les Philippines, et des accords de principe ont été passés entre l'Argentine, le Brésil et le Pérou et leurs créanciers commerciaux. Dans l'ensemble, les pays à revenu intermédiaire lourdement endettés ont réussi à restructurer leur dette envers leurs créanciers publics. En revanche, pour beaucoup de pays à faible revenu lourdement endettés - malgré le nombre des arrangements conclus en leur faveur -, les obligations du service_de_la_dette ont largement dépassé les niveaux soutenables. Le ratio moyen du service_de_la_dette effectif à celui prévu après ces aménagements n'a été estimé qu'à environ 50% en 1992 (avec toutefois de grandes différences de pays à pays), ce qui dénote le degré de surendettement de ces pays. - Les flux nets globaux de ressources vers les pays_en_développement ont accusé une brusque hausse, due principalement à l'énorme accroissement des prêts privés consentis à un certain nombre de pays sous la forme de financement d'obligations. L'aide_publique_au_développement a augmenté modérément en valeur nominale, mais l'investissement_étranger_direct (IED) a accusé une progression à la fois solide (près de 14%) et large. - Contrairement aux tendances, dans l'ensemble encourageantes, observées au niveau de la croissance, de la dette et des flux de ressources, c'est la morosité qui a caractérisé la situation des produits de base. Hormis pour ce qui est des producteurs de thé, d'huiles végétales et de cuivre, 1992 a été une mauvaise année. En fait, l'indice des produits primaires non pétroliers est tombé à son niveau le plus bas observé depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. - Sur le plan des échanges commerciaux, le piétinement des négociations de l'Uruguay Round tranche singulièrement avec la croissance accélérée - pour la première fois depuis 1988 - du volume du commerce des marchandises, qui a bénéficié de l'impulsion donnée par la reprise économique en amérique_du_nord et de la forte demande d'importations des pays_en_développement d'amérique_latine et d'Asie de l'Est. Les pays industriels. La crise économique des pays industriels s'est poursuivie en 1992: la croissance globale réelle du PIB des 24 pays_membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a été estimée à environ 1,6%, ce qui représente toutefois un progrès par rapport au chiffre de 0,2% de l'année précédente. En revanche, les taux de chômage ont encore progressé, dépassant 8%. *{p. 29} La position dans le cycle économique était sensiblement différente d'un pays_de_l'_ocde à un autre. Dans la plupart des pays qui avaient été les premiers touchés par l'actuel ralentissement, tels que l'Australie, le Canada, les États-unis, la Norvège, la Nouvelle-zélande et le Royaume-uni, une légère reprise s'est amorcée dans le courant de l'année ou semble imminente. En revanche, les premiers signes que le ralentissement de l'économie japonaise a peut-être cessé viennent à peine d'apparaître. Quant à la plupart des pays de l'Europe continentale, qui ont été frappés plus tard par la récession, ils ne laissent guère entrevoir de signes d'un prochain rétablissement. Face à ce manque de dynamisme de l'activité économique et à un chômage élevé et en hausse, le processus de désinflation amorcé en 1990 dans l'ensemble des pays_de_l'_ocde s'est poursuivi. Ce processus se caractérise notamment par le fait que, dans la plupart de ces pays, les prix des biens manufacturés au producteur n'ont pratiquement pas bougé, ou ont même baissé en Autriche, en Belgique, au Danemark, en France, au Japon et aux Pays-bas - pays qui ont enregistré récemment une appréciation effective de leur monnaie. En revanche, la décélération a été moins forte pour les prix des services et des loyers. La volonté de s'affranchir d'un endettement excessif contracté pendant la période d'expansion du marché des actifs qui a caractérisé la deuxième moitié des années 80 a incité les ménages et les entreprises de nombreux pays, parmi lesquels l'Australie, le Canada, les États-unis, le Japon, certains pays nordiques et le Royaume-uni, à ralentir leurs dépenses. Dans beaucoup de pays, les banques ont été contraintes de rétablir leur rentabilité et de reconstituer leurs réserves après les lourdes pertes subies, la détérioration de la qualité des actifs et les nouvelles normes d'adéquation du capital convenues à l'échelle internationale. Cela a incité beaucoup d'entre elles à accroître l'écart entre leur taux prêteur et leur taux emprunteur et à traiter avec plus de prudence les demandes de crédit. Depuis l'automne 1992, les taux_d'_intérêt à court_terme sont restés faibles aux États-unis et ont diminué légèrement au Japon, où ils sont descendus à un niveau jamais atteint jusque-là (Figure 2-1). Après que l'Italie et le Royaume-uni ont décidé de laisser flotter leur monnaie, les taux_d'_intérêt ont sensiblement chuté dans ces deux pays, pour s'établir toutefois, dans le cas de l'Italie, à des niveaux proches de ceux en vigueur avant la période d'instabilité qu'ont connue les monnaies européennes durant l'été 1992. En Europe, où les taux à court_terme de ces deux dernières années étaient élevés, ces taux ont commencé à baisser en Allemagne durant le second semestre de 1992. Les taux_d'_intérêt à long_terme ont également amorcé un fléchissement pendant le second semestre de 1992 dans la plupart des pays_de_l'_ocde, dû au fait que les perspectives d'inflation se sont estompées et aux importants programmes de consolidation budgétaire à moyen terme présentés en Allemagne et aux États-unis. Néanmoins, si des taux à long_terme compris entre 6 et un peu plus de 7% sont inférieurs aux taux moyens que connaissaient de nombreux pays depuis 1980, ils restent relativement élevés si on les examine dans un contexte historique plus ancien. La situation dans les principaux pays industriels. Aux États-unis, la croissance du produit_intérieur_brut s'est peu à peu confirmée en 1992 et a atteint 2,1% pour l'ensemble de l'année (Tableau 2-1). Le manque d'entrain initial de la reprise s'explique en grande partie par la demande modérée, causée elle-même par le fait que les ménages comme les entreprises cherchaient à réduire la dette qu'ils avaient accumulée à la fin des années 80. Le fléchissement de la valeur nette des actifs du secteur_privé, ajouté aux faiblesses des marchés du logement et des biens commerciaux et, jusqu'au début de 1992, à un chômage en hausse, est également responsable en partie de cette grande prudence des consommateurs. A la fin du premier semestre de 1992, l'abaissement des taux_d'_intérêt avait allégé sensiblement le fardeau de la dette et favorisé ainsi un raffermissement progressif de la croissance durant les troisième et quatrième trimestres. Cette croissance tenait également à l'importante restructuration intervenue dans de nombreux secteurs. La balance des opérations courantes des États-unis a connu à nouveau un large déficit en 1992, à mesure que certains facteurs cycliques et que les transferts liés à la guerre du Golfe, qui avaient contribué à résorber le déficit au cours de l'année précédente, s'inversaient ou cessaient d'opérer. Comme aux États-unis, la reprise au Canada a été beaucoup plus faible qu'après les récessions précédentes, et le PIB n'a progressé que de 0,9%. L'emploi est resté au même niveau tout au long de l'année, et le taux de chômage a dépassé 11%, augmentant d'un point de pourcentage par rapport à l'année précédente. En revanche, dernièrement, la reprise échappait encore au Royaume-uni, où l'activité économique était en recul de 0,6% et le chômage approchait des 10%. *{p. 29} Au Japon, l'investissement et l'épargne ont brusquement diminué par suite de la baisse des prix des actifs et de problèmes connexes de bilan. Les bénéfices se sont effondrés et les taux de faillite ont augmenté sous l'effet de la forte libéralisation des conditions jusque-là rigoureuses du marché_du_travail. Si le fléchissement des taux_d'_intérêt et l'ensemble de mesures d'incitation fiscale d'août 1992, auquel doit succéder un ensemble plus important proposé en avril 1993, sont censés s'opposer aux tendances à la récession, de graves incertitudes (notamment quant à la durée des effets d'atténuation sur la déflation des actifs) persistent. L'excédent des paiements courants du Japon a augmenté régulièrement pendant toute l'année 1992, atteignant un niveau record en valeur absolue, mais pas par rapport au PNB. Cet accroissement est dû notamment à de fortes réductions de la demande intérieure, à la baisse des cours mondiaux des produits de base et à l'appréciation du yen en 1991-92, qui a provoqué une montée de la valeur en dollars des exportations du pays. En Allemagne, la situation a été dominée par la recrudescence des tensions entraînées par la politique budgétaire expansionniste qui a suivi l'unification et par les mesures d'austérité monétaire qui ont été adoptées par la suite. La demande intérieure a été freinée par des taux_d'_intérêt élevés qui, avec la pression des coûts, ont provoqué également un affaiblissement du secteur des biens manufacturés destinés à l'exportation et ont porté un coup à la compétitivité des produits allemands. Dans les Länder de l'ancienne Allemagne de l'Est, l'activité a bénéficié de la vigueur soutenue des secteurs de la construction et des services, mais la reprise de la production industrielle a été beaucoup plus faible que prévu, notamment en raison de la pression exercée sur les coûts par la croissance rapide des salaires par rapport à la productivité. Si le taux_de_croissance de l'Allemagne réunifiée a atteint 2,0% contre 0,8% en 1991, l'activité s'est considérablement ralentie en 1992 dans les Länder de l'Ouest. D'autres pays européens ont également souffert de la rigueur monétaire et de la détérioration générale de la conjoncture économique. La croissance_économique de 1,3% qu'a connue la France en 1992 a été plus faible que prévu, et l'investissement réel en capital fixe a diminué de plus de 1% sous l'effet de taux_d'_intérêt réels élevés. L'inflation est descendue au plus bas et, malgré l'amélioration affichée par le secteur des exportations au début de 1992, les indicateurs de la confiance des consommateurs sont restés peu encourageants, et le chômage a atteint à la fin de l'année des niveaux jusque-là jamais vus. *{p. 30} La situation économique de l'Italie s'est également caractérisée, en 1992, par un accroissement du chômage et par une baisse de la confiance des consommateurs. Le fléchissement de la demande intérieure a été légèrement compensé par les gains de compétitivité du secteur des exportations durant le second semestre, causés par l'élimination de l'indexation des salaires et le retrait de la lire du mécanisme de change du système monétaire européen. Toutefois, la production industrielle a marqué le pas, et la croissance globale de la production pour 1992 n'a été que de 0,9%. Dans les pays industriels plus petits, la croissance moyenne est restée inférieure à 1%, notamment en raison du fléchissement de la demande en Allemagne (et dans la majeure partie de l'Europe) qui a affaibli les principaux marchés d'exportation d'un certain nombre de pays. Depuis les troubles qui ont agité le marché des changes européen à la fin de 1992, la livre sterling et la lire italienne ont été suspendues du mécanisme de change, quatre autres monnaies se sont réalignées sous l'effet des pressions du marché et trois monnaies des pays nordiques qui avaient été rattachées à l'ECU ont commencé à flotter. Durant la seconde moitié de 1992, cette crise a incité de nombreux Européens à relever leurs taux_d'_intérêt à court_terme pour soutenir leur monnaie. Toutefois, d'une façon générale, les taux_d'_intérêt à court et à long_terme ont eu tendance à baisser dans la plupart des pays industriels en raison du faible taux_de_croissance, du recul de l'inflation et de l'espoir de plus en plus grand, dans certains pays industriels, d'une réduction du déficit budgétaire. *{p. 31} Les pays_en_développement. En 1992, la croissance globale des pays_en_développement - à l'exclusion des pays en transition de l'Europe centrale et orientale et de l'ex-union_soviétique, qui forment un groupe à part - a été de 4,7%, soit d'environ trois points de pourcentage plus élevée (pour la deuxième année de suite) que celle des principaux pays industriels. La croissance de près de 5% de l'ensemble des pays constituant traditionnellement le monde en développement peut être attribuée à la poursuite de la croissance rapide en Asie de l'Est et à la reconstruction au Moyen-orient, après la cessation des hostilités. En outre, l'ampleur des flux de capitaux extérieurs privés dont ont bénéficié un certain nombre de pays d'amérique_latine ont permis à la demande intérieure de croître sensiblement dans ces pays, dont certains ont enregistré la croissance la plus rapide qu'ait connue leur PIB depuis le début de la crise de la dette en 1982. Malgré des termes de l'échange défavorables aux pays_en_développement exportateurs de produits de base en 1992, l'abaissement des taux d' intérêts sur les principales monnaies a eu tendance à compenser cet effet négatif dans les pays à forte dette extérieure. Toutefois, dans l'ensemble, la croissance de tous les pays_en_développement, y compris ceux de l'Europe centrale et orientale et les républiques de l'ex-union_soviétique, a été légèrement négative en 1992. En Asie de l'Est, la croissance de 9% du PIB en 1992 s'explique principalement par le taux_de_croissance de 12% de la Chine. Cette croissance rapide est due au transfert à la Chine, depuis 1989, de nombreuses installations de production implantées jusque-là dans les pays à économie plus avancée de la région désireux de tirer profit de coûts de production plus faibles. En outre, la formation de capital fixe s'est considérablement accrue en Chine, par suite de l'adoption par le gouvernement de mécanismes de marché qui ont stimulé la confiance des investisseurs étrangers. Avec la Chine comme "pôle de croissance" en Asie de l'Est et la forte reprise de la croissance des importations aux États-unis, les économies traditionnellement exportatrices d'Asie de l'Est ont pu également accélérer leur croissance en 1992. Il y a eu quelques exceptions, notamment les Philippines, où un programme de stabilisation qui visait à redresser de graves déséquilibres extérieurs a pratiquement réduit l'économie à la stagnation. En Asie du Sud, le PIB a connu une croissance de 4,8%, contre à peine 2,4% en 1991. En Inde, la croissance s'est accélérée par suite d'un certain nombre de mesures d'ajustement destinées à stimuler l'activité du secteur_privé. Ce ressaisissement de l'Inde est un fait remarquable, alors que le pays avait connu à peine un an auparavant sa croissance la plus faible depuis dix ans. Une saine politique financière et les réformes_structurelles entreprises se sont également traduites par des taux_de_croissance élevés au Pakistan et au Bangladesh; en septembre 1992, l'inondation la plus dévastatrice qu'ait connue le Pakistan depuis de nombreuses décennies a ravagé les cultures et l'infrastructure, et entraînera sans doute un ralentissement de la croissance dans ce pays en 1993. *{p. 32} La cessation des hostilités au Moyen-orient et les efforts de reconstruction qui ont suivi ont permis aux économies de la région de connaître un regain de croissance - alors même que les taux_de_croissance étaient en perte de vitesse dans la majeure partie de l'Europe et que le prix du pétrole était en baisse. La croissance du PIB a été particulièrement élevée en Jordanie, où l'économie avait subi le contrecoup de la guerre du Golfe en 1991. Les réformes_structurelles et la libéralisation du commerce et des systèmes de change ont également assuré la continuation d'une forte croissance en Iran. En revanche, pour diverses raisons, la croissance a été lente dans beaucoup de pays d'Afrique du Nord: l'Égypte avait entrepris de redresser ses déséquilibres budgétaires et l'Algérie a continué de souffrir de l'instabilité politique. Malgré une mauvaise récolte, le Maroc a pu, grâce au succès de son processus d'ajustement entrepris quelques années auparavant, déclarer la pleine convertibilité de sa monnaie. La croissance est restée faible en Afrique subsaharienne. Cela tenait, entre autres, à une grave sécheresse dans les pays de la ceinture méridionale, aux cours mondiaux extrêmement bas du café et du cacao et à l'aggravation des hostilités en Angola, au Liberia, en Somalie et au Zaïre. Le revenu par habitant a continué de baisser dans la plupart des pays de la région. Ce fléchissement était particulièrement prononcé au Malawi, en Zambie et au Zimbabwe, où la sécheresse a été la plus grave que ces pays aient connue depuis une génération, et en Somalie et au Zaïre, où s'est produite une escalade des troubles civils. La baisse des prix du café et du cacao à leurs niveaux les plus bas depuis 1975 a porté un coup sévère à un certain nombre de pays fortement tributaires de leurs exportations de ces produits. Ainsi, au Burundi, les recettes d'exportation du café sont tombées de 30% malgré un volume pratiquement inchangé. En amérique_latine, la croissance du PIB a accusé un ralentissement, passant à 2,3% contre 3,3% en 1991, principalement en raison des mauvais résultats de l'économie brésilienne. La croissance globale s'est accélérée dans le reste de l'amérique_latine, où les pays ont commencé à recueillir les fruits de leurs efforts de stabilisation et de réforme, et l'Argentine, le Chili et le Venezuela ont enregistré des taux_de_croissance de leur PIB les plus rapides depuis dix ans. Les flux de capitaux extérieurs privés vers ces trois pays et le Mexique se sont élevés à environ 40 milliards de dollars, ce qui a permis à leurs importations d'augmenter rapidement (de 40% au Venezuela), alors même que leurs réserves progressaient également à des rythmes élevés. La croissance rapide des importations des pays d'amérique_latine a considérablement renforcé les liens entre l'amérique_du_nord et l'Amérique du Sud. *{p. 33} Contrastant singulièrement avec le reste d monde en développement, les pays de la région Europe et Asie centrale ont vu s'accéléré encore davantage le fléchissement de leur revenus (de 14%), tandis que beaucoup de ces pays poursuivaient des efforts radicaux d'ajustement_structurel à la suite en particulier de la désintégration de l'union_soviétique; e outre, certains pays se sont trouvés aux prises avec des conflits régionaux et civils. Dans 1a Fédération de Russie, tous les prix, à quelque exceptions près (énergie, certains médicaments, les métaux précieux et les tarifs de fret et de transport), ont été libéralisés au début de 1992. Cependant, les effets de la libéralisation se sont trouvés quelque peu atténués par le fait que la production de nombreux biens restait fortement concentrée. Le prix de gros du pétrole, qui a augmenté dans un rapport de un sept en mai 1992, a de nouveau doublé en septembre . Malgré les progrès sensibles réalisés dans le domaine de la privatisation, il reste de redoutables obstacles juridiques, réglementaires et autres à la naissance d'une économie_de_marché privée efficace. Malgré certaines mesures destinées à libéraliser 1e commerce et le régime des changes, le gouvernement a gardé la haute main sur la plupart des importations, à travers un système d'allocations administratives de maigres ressources en devises, généralement assorties de taux fortement subventionnés. Dans les autres républiques de l'ex-union_soviétique, la situation n'était guère plus encourageante, et l'on estime que la production globale a baissé d'environ 20%. La contraction de la production des autres pays en transition d'Europe centrale et orientale a été moins prononcée qu'en 1991 pour sa part, la Pologne a même enregistré un croissance réelle positive en 1992. Les tendances de la dette extérieure et l'évolution des stratégies de la dette. La dette extérieure à long_terme des pays_en_développement, exprimée en dollars de États-unis, a augmenté d'environ 80 milliard de dollars par rapport à 1991, pour atteindre 1,4 billion de dollars, poursuivant ainsi la tendance des trois années précédentes à l'accroissement de la dette en valeur nominale (Tableau 2-3). Cet accroissement a été causé principalement par les emprunts d'Asie de l'Est sur les marchés financiers et par l'injection massive de crédits d'exportation garantis aux pays de l'ex-union_soviétique, combinée à un sursis su les remboursements du principal. La baisse du dollar des États-unis a aussi contribué, quoique dans une plus faible mesure, à l'accroissement de la dette. Malgré celui-ci, le ratio dette-pnb des pays_en_développement est resté dans l'ensemble à environ 31%, et le ratio service de la dette-exportations a même diminué de plus de trois points de pourcentage par rapport à 1991, s'établissant à 18%. Cette amélioration représentait la continuation de la tendance à la baisse de ces deux ratios au cours de ces dernières années - tendance due à de meilleurs résultats d'exportation et au succès des opérations de réduction de la dette et de son service. Cependant, les chiffres globaux masquent des différences sensibles entre les régions. Par exemple, dans la région Asie de l'Est et Pacifique, où de nombreux pays ont continué d'avoir accès aux marchés mondiaux des capitaux, la dette extérieure a continué de croître rapidement. On estime également que la dette extérieure des diverses républiques de l'ex-union_soviétique a augmenté d'environ 20%. En revanche, dans d'autres régions, la progression de la dette a été relativement plus lente, car les prêts, en particulier de sources privées, ont été limités, et le désir de contracter de nouveaux emprunts s'est heurté au volume déjà substantiel des obligations du service_de_la_dette. Les remises de dettes des créanciers officiels, y compris des créanciers arabes, aux pays_en_développement se sont élevées au total à environ 6,5 milliards de dollars. L'allégement de la dette envers les créanciers privés a été principalement le fait d'opérations globales de réduction de la dette et de son service appuyées de source publique, de rachats sur le marché et de swaps de créances contre des participations. Les opérations de réduction de la dette et de son service appuyées de source publique au Nigeria et aux Philippines ont permis de réduire la valeur nominale de la dette de ces pays d'environ 4,7 milliards de dollars. On estime que la réduction de la dette extérieure des pays_en_développement par des rachats sur le marché a atteint 7,9 milliards de dollars, dont presque la totalité (7,1 milliards de dollars) au titre d'une opération de réduction de la dette et de son service en faveur du Mexique. Les swaps de créances contre des participations, qui avaient dégringolé de leur chiffre record de 9 milliards de dollars en 1990 à 2 milliards de dollars en 1991, seraient restés à ce niveau en 1992, malgré un arrangement de swaps de 1 milliard de dollars conclu par l'Argentine dans le cadre de son programme de privatisation. *{p. 34} Les pays_en_développement à revenu intermédiaire ont continué à faire des progrès dans la restructuration de leur dette et ont enregistré une diminution substantielle de leur dette et de son service: après plusieurs reports convenus en 1992, les républiques de l'ex-union_soviétique ont conclu un accord avec le Club de Paris en avril 1993 pour le rééchelonnement de 15 milliards de dollars, montant qui couvre la quasi-totalité des paiements qu'elles devaient effectuer au titre du service de leur dette en 1993; le Gabon a signé des accords de restructuration avec ses créanciers privés et publics; et l'Argentine et le Brésil ont conclu des accords de restructuration avec le Club de Paris pour un total de 6,3 milliards de dollars, aux termes desquels le calendrier d'amortissement de la dette restructurée a été prolongé, ce qui a rendu moins nécessaire un nouveau rééchelonnement. Les pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure, lourdement endettés - le Cameroun, l'Équateur, le Guatemala, la Jamaïque, la Jordanie et le Maroc - ont poursuivi la négociation d'accords spéciaux avec le Club de Paris pour un montant consolidé d'environ 3,3 milliards de dollars aux "conditions de Houston". *{p. 35} Les pays à revenu intermédiaire ont également poursuivi, en 1992, leurs opérations de réduction de leur dette et de son service envers les banques commerciales. Les opérations ainsi menées au Nigeria et aux Philippines (phase II) ont permis de restructurer un total de près de 10 milliards de dollars de dette commerciale. Soutenue par un engagement de 450 millions de dollars de la banque_mondiale, l'Argentine a également conclu un accord de réduction de sa dette et de son service envers les banques commerciales qui lui permettra de réduire sa dette commerciale d'environ 11 milliards de dollars, soit de 37% du montant nominal de cette dette et des intérêts échus correspondants. En outre, la Bulgarie a proposé un accord de réduction de sa dette et de son service aux banques commerciales qui sont ses créanciers, et le Brésil, le pays_en_développement le plus endetté, a conclu un accord de principe avec ses créanciers bancaires (un arrangement doit être conclu en 1993). Les pays depuis longtemps en situation d'arriéré de paiement ont également fait quelques progrès. Ainsi, le Gouvernement du Pérou a signé un accord avec ses créanciers commerciaux aux termes duquel ceux-ci l'autoriseront à contracter un nouveau volume d'emprunts d'un montant maximum de 1,5 milliard de dollars, une fois qu'il aura épongé ses arriérés actuels. En revanche, les pays à faible revenu lourdement endettés sont restés aux prises avec de graves problèmes liés au fardeau de leur dette et, pour beaucoup d'entre eux, le ratio d'endettement est resté insoutenable. Les ratios globaux dette-exportations et dette-pnb de ce groupe de pays sont estimés, respectivement, à 411 et 113%. Les créanciers officiels du Club de Paris ont consenti à appliquer les dispositions élargies de Toronto à l'Éthiopie, à la Guinée, au Honduras, au Mali, à la Mauritanie, au Mozambique et à la Sierra Leone. En outre, les opérations cofinancées par le Fonds de désendettement des pays exclusivement IDA avec un certain nombre de bailleurs de fonds bilatéraux ont subi un brusque accroissement. Cinq opérations, représentant un apport d'environ 45 millions de dollars du fonds, ont été menées à bien en faveur de la Bolivie, du Guyana, du Mozambique, du Niger et de l'Ouganda. Ces opérations ont permis d'annuler 623 millions de dollars du principal de la dette extérieure de ces pays envers leurs créanciers commerciaux, soit environ 89% de leur dette commerciale. Six autres opérations --en faveur de l'Albanie, du Nicaragua, de Sào Tomé-et-principe, de la Sierra Leone, de la Tanzanie et de la Zambie - sont en préparation, et plusieurs autres pays ont exprimé le désir de recourir à ce fonds pour des opérations de réduction de l'encours et du service de leur dette. Transferts nets et accès aux marchés des capitaux. En 1992, les transferts nets de ressources aux pays_en_développement - c'est-à-dire les flux nets de prêts à long_terme et de dons, à l'exclusion de l'assistance technique, et d'investissements participatifs (investissement_étranger_direct et investissements de portefeuille) ont augmenté d'environ 20 milliards de dollars, atteignant 136 milliards de dollars (Tableau 2-4). Les transferts globaux nets de ressources à long_terme aux pays_en_développement, compte tenu du service des ressources extérieures (intérêt sur la dette et bénéfices sur les investissements de portefeuille), ont augmenté d'environ 58 milliards de dollars, soit une progression de plus de 20 milliards de dollars par rapport au total de 1991. L'augmentation des bénéfices, qui a entraîné un fléchissement du volume net des transferts sur fonds propres, a été plus que compensée par une diminution des paiements d'intérêts sur la dette, causée principalement par la baisse des taux_d'_intérêt sur les dettes en dollars des États-unis. Le volume global net des transferts a représenté 1,2% du PNB des pays_en_développement, contre 0,9% en 1991. Si la progression des transferts nets globaux est du même ordre de grandeur que celle de 1991, sa composition est différente: en 1991, l'accroissement avait été causé principalement par la brusque poussée des transferts de fonds propres, qu'il s'agisse d'investissements_étrangers_directs ou d'investissements de portefeuille; en 1992, l'augmentation s'est produite uniquement sur les prêts privés, notamment sous la forme de souscriptions d'obligations. D'après les estimations, il s'est produit une stagnation des transferts nets sous forme de participations et de dons en 1992. L'aide_publique_au_développement (APD) - prêts officiels et dons de sources bilatérales et multilatérales - a poursuivi sa tendance à la hausse en valeur nominale des trois dernières années et a atteint un total estimé à 62 milliards de dollars. En valeur réelle, cependant, l'APD a diminué de plus de 3% par rapport à son niveau record de 1990; les dons ont continué de diminuer, tandis que les prêts remontaient légèrement. En pourcentage du PNB des pays industriels donateurs, l'APD est restée d'environ 0,35 depuis 1985. Le montant de la remise de dettes sur l'APD en 1992, y compris la remise des créanciers arabes (qui avait été substantielle en 1990 et 1991), s'est élevé à environ 4 milliards de dollars. *{p. 36} En 1992, l'investissement_étranger_direct s'est étendu au-delà de ses bénéficiaires traditionnels d'Asie de l'Est (Indonésie, Malaisie et Thaïlande) ainsi que de ses marchés historiques (d'avant 1982) d'amérique_latine (Argentine, Brésil, Mexique et Venezuela), pour atteindre d'autres pays_en_développement tels que la Chine, l'Égypte et le Nigeria. L'accroissement de l'investissement_étranger_direct enregistré en 1992 est dû notamment à l'amélioration de la performance macroéconomique de nombreux pays, à des régimes réglementaires moins dissuasifs et aux programmes de privatisation. En 1992, les flux nets d'IED se sont élevés à environ 38 milliards de dollars, ce qui représente une progression de 14% par rapport à 1991 et d'environ 60% par rapport à 1990. Toutefois, cette progression rapide de l'IED s'est traduite par un accroissement des rapatriements de bénéfices, de sorte que le volume net des transferts au titre de l'IED a été d'environ 20 milliards de dollars, soit à peu près le même qu'en 1991. Les flux d'investissement de portefeuille, alimentés principalement par des offres d'actions à l'extérieur, sous la forme de certificats de titres en dépôt, ainsi que par des achats directs de participation et par des fonds-pays, qui avaient doublé en 1991, ont progressé de prés de 30% en 1992, atteignant 9,6 milliards de dollars. Les investissements de portefeuille, qui avaient également doublé en 1991, ont poursuivi leur forte croissance par suite d'émissions d'obligations, atteignant un total estimé à 19 milliards de dollars. En particulier, certaines sociétés latino-américaines, telles que la société pétrolière d'État du Mexique et plusieurs banques commerciales de la région, ont continué à s'adresser aux marchés financiers internationaux. Les transferts privés de portefeuille - sous forme de prêts et de prises de participation - ont représenté une importante source de financement extérieur. On estime le volume brut de ces transferts à 27 milliards de dollars pour 1992. En revanche, les transferts nets ont été très différents selon les régions et selon les groupes de revenu. D'une façon générale, les pays_en_développement à revenu intermédiaire ont réussi à attirer des capitaux privés sous la forme d'IED ou de flux de portefeuille. Par contre, la plupart des pays à faible revenu n'ont pu attirer les investisseurs étrangers et n'ont donc pas réussi à bénéficier de la brusque progression des transferts privés. De ce fait, les apports nets globaux de ressources à ces pays sont restés stationnaires, les laissant essentiellement tributaires de l'aide publique pour la satisfaction de leurs besoins financiers. Situation des marchés des produits de base. La détérioration de la situation économique des pays industriels et de l'ex-union_soviétique a été à l'origine de nouveaux fléchissements des prix des produits de base en 1992. L'indice_des_prix des produits de base non pétroliers en dollars nominaux en 1992 a été en moyenne de 4,5% inférieur à celui de 1991 (Tableau 2-5). En dollars constants de 1990 (et sur la base du déflateur de l'indice de valeur unitaire des exportations de biens manufacturés des cinq plus grands pays_industrialisés vers les pays_en_développement), l'indice de 1992 a été de 50% inférieur à sa moyenne à long_terme - c'est-à-dire à son niveau le plus bas depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Ces fléchissements des prix des produits de base se sont produits pour la plupart vers la fin de 1992, notamment durant le quatrième trimestre, où le pessimisme à propos des perspectives économiques des pays industriels était le plus prononcé. Cet indice s'est légèrement redressé durant le premier trimestre de 1993, mais on ne peut encore parler de claire tendance à la reprise. La pression à la baisse a touché tous les groupes de produits de base, sauf le bois et certaines huiles et graisses. Les prix du bois sont montés en flèche dans les premiers mois de 1993. *{p. 37} Le fléchissement de la demande et des récoltes relativement bonnes ont entraîné une baisse de 1,7% de l'indice_des_prix des céréales en 1992. La production mondiale de céréales a atteint un niveau record avec une hausse estimée à 3,2% en 1992/93. Dans la catégorie des boissons, les prix du café et du cacao ont encore baissé par rapport à leurs niveaux déjà bas de l'année précédente; en revanche, les prix du thé ont remonté. La baisse des prix du café durant le premier semestre de 1992 a été causée principalement par l'accroissement de la production et des exportations du Brésil et de la Colombie, qui a suivi la suspension, en juillet 1989, du système de quotas qui était appliqué dans le cadre de l'Accord international sur le café. Par la suite, ces prix sont remontés devant la perspective d'une moins bonne récolte en 1992/93 dans plusieurs pays d'amérique_centrale et au Mexique, d'un éventuel fléchissement de la récolte brésilienne de 1993/94 et des limitations imposées à leurs exportations par la Colombie, la côte_d'_ivoire et l'Indonésie. Les prix du cacao sont restés faibles en raison de récoltes bonnes dans l'ensemble et d'une baisse de la consommation de chocolat en Europe et aux États-unis. La sécheresse et les faibles prix au producteur ont réduit la production de thé en Inde, au Kenya, au Malawi et à Sri Lanka. Les importations de thé des républiques de l'ex-union_soviétique ont été légèrement plus élevées que l'année précédente. Les prix des huiles végétales et des tourteaux ont accusé des tendances divergentes. Les prix de l'huile de palme et de l'huile de coprah sont restés dans l'ensemble plus élevés qu'en 1992 en raison de baisses de production dues aux conditions climatiques, de pénuries d'huile de colza (produit de substitution) et du faible niveau des stocks d'huile de palme. La teneur en huile plus faible que prévu de la récolte de soja a stimulé les prix des huiles végétales malgré les perspectives de récoltes plus abondantes aux États-unis et au Brésil. La progression de la demande de tourteaux, suscitée par un accroissement de la demande d'aliments pour le bétail en prévision de la reprise économique, a assuré la stabilité des prix de ces sous-produits. Les prix du sucre ont augmenté au début de l'année, mais sont redescendus par la suite pour terminer l'année sans grands changements. Les prix du coton sont restés bas pendant la majeure partie de l'année en raison du manque de dynamisme de la demande d'importations de l'Europe et du Japon et des bonnes perspectives de la production dans l'hémisphère Nord. Cependant, l'équilibre du marché s'est sensiblement amélioré vers la fin de l'année avec la baisse de production du coton due à des conditions climatiques défavorables et à des dommages causés à la récolte par des insectes en Asie centrale, en Chine et au Pakistan, ce qui a entraîné un déficit de 1 million de tonnes dans la production mondiale pour la campagne l992/ 93. Les prix du caoutchouc naturel sont restés relativement stables, notamment grâce aux achats de stocks régulateurs par l'organisation_internationale du caoutchouc naturel. *{p. 38} Les cours des métaux et des minéraux se sont effondrés durant le second semestre de 1992 face au pessimisme croissant quant aux perspectives de l'économie mondiale. Avant cet effondrement, l'activité spéculative - fondée en partie sur l'espoir d'une reprise économique imminente - avait fait remonter provisoirement les prix. Toutefois, ceux-ci sont retombés quand il est apparu que ces espoirs ne se réaliseraient pas. Tout au long de l'année, les marchés des métaux se sont caractérisés à des degrés divers par des excédents de l'offre dus à l'accroissement des exportations des républiques de l'ex-union_soviétique, au fléchissement de la demande causé par le ralentissement de l'activité économique, à une production relativement ininterrompue (sauf dans le cas du cuivre) et à la décision des principaux producteurs de ne pas réduire leur production. Le cuivre a connu un meilleur sort que les autres métaux de base en raison de graves problèmes d'approvisionnement au Zaïre et en Zambie, d'une croissance phénoménale de la demande en Chine et de craintes occasionnelles d'un vaste mouvement de grève au Chili (qui ne s'est pas produit). Les exportations massives des républiques de l'ex-union_soviétique ont particulièrement fait baisser les cours de l'aluminium et du nickel. La crise qui a frappé les industries automobiles allemande et japonaise a contribué au fléchissement des prix du plomb, du zinc, du minerai de fer et de l'acier. Les prix du pétrole brut, qui ont dans l'ensemble augmenté durant le premier semestre de 1992, ont baissé durant le second semestre. Pour l'année tout entière, ces prix n'ont guère varié par rapport à l'année précédente. Les hausses de prix du premier semestre ont été alimentées par les craintes de sanctions des nations_unies à l'encontre de l'Iraq, la baisse de la production et des exportations de l'Iran, l'accroissement de la demande aux États-unis et l'intention de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de limiter la production pendant le reste de l'année. Les baisses du second semestre s'expliquent par le fléchissement de la demande causé par un hiver clément dans l'hémisphère Nord et le ralentissement de l'économie, des hausses de la production des pays de l'OPEP, et l'accumulation de stocks qui en est résultée. L'accroissement de la production des pays de l'OPEP en 1992 est dû en grande partie au fait que la production du Koweït est presque remontée à son niveau d'avant la guerre du Golfe. La production des pays de l'OPEP a été en moyenne de 23,95 millions de barils par jour en 1992, soit en hausse d'environ 1 million de barils par jour par rapport à l'année précédente. Cela a plus que suffi à compenser les baisses de production des pays non membres de l'OPEP, principalement des républiques de l'ex-union_soviétique. Vers la fin de 1992, la production des pays de l'OPEP s'est établie à 25 millions de barils par jour, ce qui a donné lieu à des appels, au sein de l'organisation, en faveur d'un contrôle plus étroit de la production. La consommation mondiale de pétrole a augmenté de 0,8% en 1992, car les brusques diminutions de la consommation des républiques de l'ex-union_soviétique et des pays de l'Europe centrale et orientale ont été plus que compensées par les hausses de consommation des pays industriels et des pays_en_développement, notamment dans la région Asie de l'Est. Les tendances du commerce mondial. En 1992, pour la première fois depuis 1988, le rythme de la croissance du volume du commerce de marchandises s'est accéléré. Cette croissance, estimée à 4,6%, a été d'environ 1,6 point de pourcentage supérieure à celle de 1991 (Tableau 2-6) et d'environ trois points de pourcentage supérieure à celle de la production mondiale. La croissance du commerce est due en grande partie à la reprise économique en amérique_du_nord et à la vigueur persistante de la demande d'importations des pays d'amérique_latine et d'Asie (à l'exclusion du Japon), qui a été nettement supérieure à la moyenne mondiale. En revanche, le commerce extérieur des républiques de l'ex-union_soviétique a continué à diminuer fortement. Les exportations et les importations de l'ensemble des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, à l'exclusion des républiques de l'ex-union_soviétique, ont progressé de 5,8% et 7,2%, respectivement, contre 8% et 9,4%, respectivement, en 1991. En valeur, le commerce mondial des marchandises a augmenté de 5,5%, ce qui représente une amélioration sensible par rapport au score médiocre de 1,5% de croissance en 1991, atteignant 3,700 milliards de dollars. Parmi les principaux protagonistes, la Chine est le pays qui a enregistré la plus forte expansion, tant pour ce qui est des exportations que des importations, suivie de la Malaisie et du Brésil (pour les exportations), et de l'Arabie saoudite, du Mexique et du Portugal (pour les importations). La France a remplacé le Japon comme troisième importateur mondial derrière les États-unis et l'Allemagne, par suite du fléchissement de la valeur des importations japonaises. *{p. 39} D'après les estimations de l'accord_général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), la valeur des exportations de services commerciaux a augmenté de 8% - soit de plus de 2% plus vite que celle des exportations de marchandises - atteignant 960 milliards de dollars en 1992. La vigoureuse reprise du tourisme et des services de transport après la guerre du Golfe est la principale cause de cet accroissement. En 1992, de nombreux pays_en_développement ont poursuivi leurs efforts de libéralisation de leurs échanges commerciaux, tandis que l'Uruguay Round restait dans l'impasse et que les risques d'un nouvel ajournement se confirmaient à mesure que diverses échéances passaient sans résultat. Parallèlement au manque de direction et à l'incertitude croissante à l'échelon multilatéral, les tensions au niveau des échanges bilatéraux se sont également accentuées par suite des pressions protectionnistes dont s'accompagne souvent la récession économique. Néanmoins, les négociations en vue de la conclusion d'accords commerciaux régionaux se sont multipliées dans les pays industriels comme dans les pays_en_développement. Le régionalisme est devenu à la mode sur le continent américain, tant parmi les pays_en_développement (par exemple, MERCOSUR) qu'entre le Sud en développement et le Nord industriel (comme en témoignent la volonté d'adhésion à l'accord_de_libre-échange_nord-américain et les 29 accords cadres signés entre les États-unis et les pays d'amérique_latine et des Caraïbes dans le cadre de l'Entreprise pour les Amériques). En Asie de l'Est, les accords régionaux en vigueur ont de nouveau retenu l'attention de l'Association des nations de l'Asie du Sud-est, et des pourparlers ont été engagés en vue de la conclusion de nouveaux arrangements formels. La Communauté européenne a élargi le champ de ses accords commerciaux, en se tournant vers les pays de l'Association européenne de libre-échange, les pays de l'Europe centrale et orientale, voire les pays du Maghreb. En Afrique, les réformes économiques engagées dans un nombre croissant de pays ont amélioré les perspectives et les chances d'intégration économique régionale, en particulier les possibilités d'harmoniser les politiques fiscales et commerciales de la région et d'abaisser les obstacles à la circulation des produits et des biens à travers les frontières. Des progrès ont été réalisés sur la voie de la création d'une Communauté économique africaine dans le cadre du Traité d'Abuja signé en 1990. Ce traité prévoit la coordination, l'harmonisation et l'intégration progressive des activités des groupes sous-régionaux actuels en tant qu'étape intermédiaire vers l'avènement d'une communauté à l'échelle du continent. *{p. 40-41} Chapitre trois: La banque_mondiale -exercice 93. Mise en oeuvre de la stratégie de la Banque pour la lutte contre la pauvreté. Faire reculer durablement la pauvreté reste l'objectif fondamental de la banque_mondiale. Comme l'a déclaré le président de la Banque et du conseil des administrateurs, la lutte contre la pauvreté est l'aune à laquelle sera mesurée l'efficacité de cette institution. La réalisation de cet objectif repose sur une stratégie à deux volets qui a été proposée dans le Rapport sur le développement dans le monde 1990. Le premier volet vise à promouvoir une croissance_économique reposant sur de larges bases et tirant parti du principal atout des pauvres, à savoir leur force de travail. Le second consiste à généraliser l'accès aux services_sociaux de base afin d'améliorer le bien-être des pauvres et de leur permettre de prendre pleinement part à la croissance_économique. La stratégie met également l'accent sur le fait que des filets de sécurité doivent être mis en place pour protéger les groupes les plus vulnérables. En 1991, la Banque a adopté diverses politiques destinées à intégrer pleinement cette stratégie dans ses opérations. L'année suivante, une directive opérationnelle sur la réduction de la pauvreté et un manuel relatif aux "pratiques optimales" en la matière ont été établis et distribués à son personnel afin de l'aider à appliquer la stratégie de lutte contre la pauvreté. Dans un rapport établi durant l'exercice 93 la Banque observe: - que si les pays_en_développement ont sensiblement progressé dans la lutte contre la pauvreté au cours des 30 dernières années, les années 80 ont toutefois marqué un ralentissement à cet égard; et - qu'elle-même est aujourd'hui mieux placée pour veiller à ce que ses stratégies d'aide soutiennent en les complétant les efforts déployés par les pays pour réduire la pauvreté. Un élément essentiel de l'action entreprise par la Banque pour lutter contre la pauvreté consiste à réaliser des "évaluations de la pauvreté" à l'échelon des divers pays. Celles-ci posent les bases d'une coopération entre les dirigeants nationaux et la Banque dans ce domaine, et elles servent aussi à définir les questions qui doivent être abordées dans le dialogue de politique générale qu'entretiennent les gouvernements avec la Banque ainsi qu'avec les autres bailleurs de fonds. Leur portée varie nécessairement d'un pays à l'autre en fonction de la situation de chaque pays, de la volonté qu'ont ses dirigeants de lutter contre la pauvreté et de la nature des données disponibles. Les conclusions tirées de ces évaluations ont servi à mettre au point des stratégies d'aide qui soutiennent les efforts entrepris par les gouvernements pour promouvoir une croissance efficace, élargir l'accès aux services_sociaux et renforcer les dispositifs de sécurité. Dans le cas de l'Inde, par exemple, l'évaluation a conclu que, pour faire reculer encore la pauvreté, il faudrait mettre en oeuvre de vastes réformes_structurelles afin de favoriser la croissance et une demande de main-d'_oeuvre efficace, améliorer l'accès des pauvres aux programmes_sociaux et renforcer l'efficacité des programmes ciblés et des filets de sécurité. Ainsi, les ressources de la Banque contribuent de plus en plus à stabiliser et à restructurer l'économie de l'Inde, et les projets visant à développer son secteur social représentent aujourd'hui 20% environ des engagements de la Banque pour ce pays, au lieu de moins de 1% il y a dix ans. Neuf évaluations de la pauvreté ont été achevées durant l'exercice 93, portant à 27 le nombre d'études ainsi réalisées, y compris deux "mises à jour" (pour l'Indonésie et les Philippines). Ces mises à jour servent à orienter de façon plus précise les stratégies existantes de lutte contre la pauvreté (Encadré 3-1). *{p. 42} Le travail d'analyse de politique générale sur la pauvreté effectué à l'échelon des pays ne se limite pas aux évaluations de la pauvreté, puisqu'il comprend aussi les études sectorielles et économiques par pays et les activités de recherche et de politique générale. Les analyses sur la pauvreté effectuées dans le cadre des études sectorielles et économiques sont essentiellement contenues dans des rapports sectoriels portant sur la valorisation des ressources_humaines et la sécurité alimentaire et, dans une moindre mesure, sur les questions relatives à la population, à l'environnement et au rôle des femmes dans le développement. Durant l'exercice 92, une cinquantaine d'études sectorielles ont été achevées, couvrant l'éducation, la santé, la population et la nutrition. Selon des indications préliminaires, le nombre d'études sectorielles touchant la pauvreté qui ont été achevées durant l'exercice 93 a légèrement augmenté. Les statistiques relatives aux nouveaux prêts pour l'ensemble de la Banque reflètent bien les progrès réalisés dans la mise en oeuvre de la stratégie de lutte contre la pauvreté. Alors que la part des prêts concernant l'agriculture et le développement_rural ou l'alimentation en eau et l'assainissement (deux secteurs qui sont particulièrement visés par les efforts de lutte contre la pauvreté) est restée relativement constante ces derniers temps, les prêts consacrés à la valorisation des ressources_humaines ont à peu près quintuplé (en dollars) depuis le début des années 80. En pourcentage, ils sont passés de 5% de l'ensemble des prêts de la Banque au cours des exercices 81-83 à 15% durant les exercices 91-93 (Tableau 3-1). Une deuxième mesure, le programme d'interventions ciblées, recense les opérations d'investissement qui comprennent un mécanisme spécialement destiné à atteindre les pauvres ou celles auxquelles ceux-ci participent dans des proportions nettement supérieures au pourcentage qu'ils représentent dans l'ensemble de la population. Selon les estimations portant sur l'exercice 93, 26% des prêts d'investissement de la Banque (et 40% de ceux de l'IDA) entraient dans cette catégorie (Tableau 3-2). Durant l'exercice 92, 58 projets, d'un montant total égal à 24% de l'ensemble des prêts d'investissement de la Banque (et à 40% de ceux de l'IDA), y avaient été inclus. Les prêts à l'ajustement de la Banque appuient de plus en plus la mise en place de filets de sécurité et la protection des dépenses_publiques consacrées aux services_sociaux de base. La part des prêts à l'ajustement portant sur les questions sociales est passée de 5% au cours des exercices 84-86 à 50% au cours des exercices 90-92. Durant l'exercice 92, 18 projets d'ajustement sur 32 comportaient des mesures spécifiquement de lutte contre la pauvreté. Pour l'exercice 93, cela a été le cas de six projets sur 17. *{p. 43} Dans le cadre de son aide aux pays qui se préparent à entreprendre des programmes d'ajustement, la Banque s'emploie, de concert avec ces pays, a) à échelonner les programmes de façon à tenir compte des besoins des pauvres, b) à donner la priorité à modifier les prix relatifs en faveur des pauvres dès le début du processus de réforme, c) à mobiliser des ressources adéquates pour la fourniture de services_sociaux de base destinés aux pauvres, et d) à inclure des dispositifs de protection_sociale dans les programmes de réformes économiques. Ainsi, les pauvres sont mieux à même de bénéficier au premier chef de la croissance_économique et des créations d'emplois correspondantes, qui sont favorisées par la mise en oeuvre des programmes d'ajustement. Même dans les pays où les prêts à l'ajustement ne visent pas explicitement à lutter contre la pauvreté, les efforts d'action sociale de la Banque interviennent parallèlement à ces prêts. En Tanzanie, par exemple, où le crédit à l'ajustement du secteur financier n'a pas pour objectif spécifique la réduction de la pauvreté, la Banque appuie des investissements dans l'agriculture, la santé, la nutrition et l'éducation qui visent directement les pauvres. De plus en plus, la Banque s'efforce également d'adapter ses opérations aux besoins et préférences des bénéficiaires, car les programmes et projets ont de meilleures chances de réussir si ceux qui sont censés en bénéficier participent à leur élaboration et à leur mise en oeuvre. La Banque s'emploie en fait à faire en sorte qu'une large participation des pauvres à la conception des projets ainsi qu'à leur exécution devienne la règle dans toutes ses opérations. Les gouvernements et les organismes chargés des projets sont aussi encouragés à mettre plus l'accent sur une telle participation, sur une action des organisations_non_gouvernementales et sur la réalisation d'évaluations auprès des bénéficiaires. Ces initiatives sont particulièrement importantes, car elles permettent aux pauvres de faire entendre leur voix dans les opérations de lutte contre la pauvreté. Pour plusieurs raisons, les gouvernements s'apercevront éventuellement que les approches basées sur la participation procurent dans l'ensemble des avantages, en dépit de leurs coûts économiques et politiques, car elles engendrent: a) des informations plus exactes et représentatives sur les besoins, priorités et capacités de la population locale et sur l'impact des initiatives et programmes gouvernementaux; b) des programmes adaptés au contexte local, de sorte que les ressources limitées disponibles peuvent être utilisées d'une façon plus efficace; c) des services de meilleure qualité et mieux adaptés à la demande; d) la mobilisation de ressources locales pour compléter les ressources limitées de l'État ou même s'y substituer; et e) une meilleure prise en compte, par l'opinion_publique, des réalisations des responsables nationaux et de leur légitimité. Les données empiriques précises dont on dispose sur les avantages de la participation, du point de vue de l'efficacité du développement, sont rares mais néanmoins positives. En 1987, le Département de l'évaluation rétrospective des opérations a passé en revue 42 projets d'irrigation financés par la Banque et conclu que ceux qui associaient les agriculteurs à la planification et à la gestion des systèmes d'irrigation présentaient invariablement de meilleurs taux de rentabilité économique. De même, une étude effectuée en 1990 par l'Agence des États-unis pour le développement_international (USAID) sur 52 projets touchant divers secteurs a montré que leur degré de réussite était directement proportionnel au degré de participation, et que cette corrélation était presque aussi forte que celle existant entre le degré de réussite et les moyens financiers disponibles. *{p. 44} En Zambie, par exemple, la Banque a cherché dès le départ à associer les ONG locales et d'autres organismes d'assistance technique non gouvernementaux au Projet de redressement de la situation_sociale. Approuvé en 1991, ce projet est le premier que la Banque ait entrepris dans le secteur social de ce pays depuis 1982. Il a été conçu pour faire face à des besoins urgents et pour fonctionner selon la demande, les groupes_communautaires soumettant d'éventuels sous-projets qui sont examinés individuellement. Cette sélection repose sur des critères précis tels que la présence de pauvres ou de membres de groupes vulnérables parmi les bénéficiaires. En outre, les comités locaux chargés de ces sous-projets doivent être en mesure de mener ceux-ci à bien sans qu'une importante assistance technique leur soit fournie de l'extérieur. La priorité est accordée aux projets visant à améliorer le niveau de nutrition, de santé et d'éducation des femmes et des enfants, ainsi qu'à ceux soumis par des groupes_communautaires ou des ONG qui ont fait la preuve de leur capacité. Pour assurer la viabilité des projets et faire en sorte que la population locale y prenne part, les communautés prennent en charge une partie de leurs coûts en fournissant de la main-d'_oeuvre, des matériaux ou une contribution en espèces. Les évaluations des bénéficiaires, qui consistent à juger de la situation socioculturelle des groupes concernés en interrogeant certains de leurs membres, ont pour but de faire en sorte que les projets profitent bien aux groupes visés et fournissent les types d'infrastructure et de services qui répondent effectivement à leurs besoins. La Banque apporte son concours à un nombre croissant d'évaluations de ce genre, qui sont effectuées par un personnel local auquel elle a d'abord dispensé ses conseils. Durant les exercices 92 et 93, 20 évaluations ont été menées à bien dans des domaines très divers, dont la santé, la population, l'éducation et la sécurité alimentaire. Les résultats obtenus à cet égard indiquent que ces évaluations ont contribué à améliorer la façon dont les projets et les politiques sectorielles étaient conçus. Selon le rapport d'activité de la Banque, la lutte contre la pauvreté exigera essentiellement, dans les années à venir, un élargissement et une intensification des efforts déployés aussi bien par les pays_en_développement que par la Banque dans ce domaine. Pour les pays_en_développement, il s'agit principalement de parvenir de nouveau à faire reculer la pauvreté aussi rapidement qu'il y a quelques années. Dans les pays où peu de progrès ont été réalisés à cet égard, le rapport recommande que des mesures soient prises pour rétablir un climat propice à une croissance durable et à la valorisation des ressources_humaines. Dans ceux qui ont déjà obtenu des résultats très positifs dans la lutte contre la pauvreté, il s'agit de poursuivre l'application des mesures qui favorisent un mode de croissance efficace et équitable, et de lancer des initiatives en faveur des couches restantes de populations pauvres. Tels sont les enjeux pour les pays qui se sont engagés à lutter contre la pauvreté et qui ont la paternité des projets allant dans ce sens - condition indispensable à des opérations durables de lutte contre la pauvreté. Pour la Banque, il s'agit avant tout de mener à bien son programme d'évaluations de la pauvreté comme prévu, d'en incorporer les résultats dans les stratégies d'aide aux différents pays, d'intensifier le travail d'analyse sur lequel repose son dialogue de politique générale avec les pays emprunteurs et de réunir, au sein de son personnel, la gamme de compétences qui lui permettra de tirer pleinement parti de la priorité opérationnelle accordée à la lutte contre la pauvreté. Les efforts de recrutement envisagés pour l'exercice 94 sont axés sur les domaines dans lesquels un manque de compétences a été identifié, notamment les sciences sociales, la démographie et les ressources_humaines. Au niveau opérationnel, des indicateurs destinés à mesurer l'impact des actions de lutte contre la pauvreté sont actuellement mis au point pour permettre d'évaluer de façon plus systématique l'efficacité des projets et d'en rectifier la conception tout au long de leur exécution. Ces évaluations revêtent une importance particulière dans le cas des mesures de protection_sociale auxquelles on fait de plus en plus appel pour apporter rapidement une aide directe aux pauvres. La Banque devra également, à l'avenir, solliciter davantage la participation des bénéficiaires durant le cycle des projets. Il faudra pour cela qu'elle dispense une formation à son personnel et qu'elle diffuse des exemples des "pratiques optimales" en la matière. La Banque publiera des rapports d'activité annuels sur sa stratégie de lutte contre la pauvreté, en se basant sur l'évaluation des résultats obtenus sur le terrain dans le cadre de ses activités opérationnelles. *{p. 45} Valorisation des ressources_humaines. L'investissement dans les ressources_humaines est l'un des éléments clés de la stratégie d'aide au développement suivie par la Banque dans les années 90. Il va dans le sens des objectifs de lutte contre la pauvreté grâce à un appui accru à des services de niveau primaire efficaces et jette les bases d'une croissance_économique rationnelle en se concentrant sur le capital_humain et sur les transferts de connaissances théoriques et pratiques dans les domaines scientifiques et techniques. Il est également d'une importance primordiale par son appui au rôle des femmes dans le développement et pour la mise en place, à l'échelon national, d'une capacité de conception et de mise en oeuvre de saines politiques d'environnement. La réorganisation de la Banque, en 1987, a marqué un tournant dans son action touchant la valorisation des ressources_humaines, car elle a débouché sur la création de nouvelles divisions spécialisées dans ce domaine, grâce auxquelles des progrès réguliers et rapides ont été réalisés, tant au niveau du volume de prêt et du nombre de projets que sur le plan de l'analyse et de la recherche. D'autres changements apportés en octobre 1992 à son organisation ont rendu la Banque mieux à même de fournir à ses emprunteurs des services de bonne qualité et adaptés aux besoins. Une vice-présidence Développement des ressources_humaines et politique opérationnelle a en effet été créée, afin a) de coordonner les politiques des six bureaux régionaux de la Banque et de leur fournir un appui opérationnel dans ce domaine, et b) de fournir à ces mêmes services des conseils sur la politique opérationnelle. Le rôle de plus en plus actif joué par la Banque dans le domaine des prêts consacrés au développement social et à la valorisation des ressources_humaines montre bien que les programmes_sociaux sont de plus en plus perçus comme étant de bons investissements. Le volume annuel moyen des prêts de la Banque au titre de programmes de valorisation des ressources_humaines est passé de 1,1 milliard de dollars en moyenne au cours des exercices 87-89 à 3 milliards durant les exercices 90-92, puis à 3,8 milliards pendant l'exercice 93. Dans le même temps, le nombre des projets est passé de 26 à 45, puis à 57. Les prêts d'investissement dans ce secteur ont presque quintuplé depuis le début des années 80: de 5% de l'ensemble des prêts de la Banque (exercices 81-83), ils sont en effet passés, respectivement, à 14% (exercices 90-92) et à 16% (exercice 93). Ce faisant, la Banque a tenu les engagements pris par M: Barber Conable à l'époque où il était son président (Encadré 3-2). L'augmentation du volume des prêts s'est accompagnée d'une évolution des objectifs visés par ces prêts: d'une optique relativement étroite, privilégiant l'infrastructure matérielle, on est passé à des stratégies couvrant l'ensemble du secteur et obéissant aux orientations choisies. Cette évolution a été motivée par la nécessité de faire face aux conséquences sociales de la crise traversée par beaucoup de pays sur le plan macroéconomique au cours des années 80, et par le fait qu'il devenait de plus en plus apparent qu'un cadre cohérent et efficace de politique_sociale était indispensable à un progrès économique soutenu. Le corollaire a été que l'on a intensifié l'effort en faveur de services de base pour faire reculer la pauvreté et que l'on s'est attaché à acquérir davantage d'expérience dans de nouveaux domaines de prêt. Au cours des 20 dernières années, les prêts consacrés par la Banque à la valorisation des ressources_humaines sont allés principalement à l'éducation, et ont porté plus particulièrement sur le renforcement de l'enseignement de base. Le volume moyen des prêts à l'éducation est passé de 700 millions de dollars durant les années 80 à 1,907 millions pour les quatre premiers exercices de la décennie en cours. Durant l'exercice 93, 32 projets ont été approuvés, représentant au total des engagements de 2,006 millions de dollars. Dans le domaine de l'éducation, les prêts de la Banque sont de plus en plus destinés à appuyer de vastes réformes. Ainsi, la Banque veille et contribue essentiellement à rectifier les lacunes affectant le cadre institutionnel de ce secteur, de façon à renforcer le cadre de politique à long_terme des gouvernements en matière d'éducation. Ses prêts se caractérisent en outre par un souci d'équité et par un désir d'améliorer l'accès à l'éducation, et ses opérations sont à présent fondées sur des stratégies visant en particulier les filles et les femmes, les pauvres et les groupes_défavorisés. L'enseignement non scolaire et l'éducation préprimaire suscitent par ailleurs un intérêt croissant. Le développement des enfants d'âge préscolaire fait ainsi l'objet de trois projets approuvés durant l'exercice 93. Les prêts de la Banque aux secteurs population, santé et nutrition ont augmenté encore plus rapidement. Alors que leur volume annuel moyen était de 207 millions de dollars durant les années 80, il s'est établi à 1.447 millions au cours des exercices 91-93. Durant l'exercice 93, la Banque a consacré à ces secteurs pour 1,812 millions de dollars de prêts portant sur 25 projets. *{p. 48} L'élargissement du cadre dans lequel sont menées à bien les activités liées à la population depuis qu'elles ont débuté en 1970 - leur intégration, en 1980, aux projets de santé et de nutrition et, depuis 1987, à d'autres opérations dans les secteurs sociaux - est allé de pair avec une expansion considérable du nombre des projets et du volume des prêts. De 30 millions de dollars durant les années 70, le montant annuel moyen des prêts est passé à 50 millions au cours des exercices 80-87 et à 164 millions pour les exercices 88-92. Durant l'exercice 93, les projets de population ou les composantes population d'autres projets consacrés aux secteurs sociaux se sont élevés à 181,1 millions de dollars. L'expansion des prêts de la Banque dans le domaine de la population résulte de plusieurs facteurs. Le contexte de la demande a changé, et beaucoup de pays qui refusaient auparavant de soutenir le planning familial ont commencé à le faire pour diverses raisons. Dans certains cas, comme celui du Nigeria, des pays qui affirmaient autrefois que le développement_économique nécessitait une population plus nombreuse ont fini par reconnaître que l'État n'a pas les moyens de fournir à tous ces habitants supplémentaires une éducation, des soins_de_santé et des emplois. D'autres pays, sans s'être officiellement engagés dans de vastes programmes de population, reconnaissent néanmoins que l'espacement des naissances et la limitation du nombre d'enfants sont importants pour la santé maternelle et infantile, et ont intégré des éléments de planning familial dans les services_de_santé. En outre, l'approche individualisée par pays que la Banque a adoptée dans le cadre de sa réorganisation de 1987 permet désormais à ses services de mieux connaître les institutions des pays emprunteurs, de même que leurs points de vue et leurs capacités, et des stratégies de prêt mieux adaptées à leur situation individuelle ont ainsi pu être mises au point. Dans le domaine de la santé, les prêts mettent de plus en plus l'accent sur le renforcement des capacités pour la formulation des politiques de santé, la planification des programmes et la gestion, et associent les bénéficiaires et les organisations_non_gouvernementales à la préparation des projets. Une plus grande attention est aussi accordée à la santé des femmes et à son incidence sur la santé et le bien-être des familles, à certaines maladies prioritaires (en particulier le SIDA), ainsi q'au financement et à la gestion du secteur de la santé, notamment les hôpitaux. *{p. 49} De plus en plus de projets conçus à l'heure actuelle mettent l'accent sur la maternité sans risques, car beaucoup de pays continuent d'avoir des taux de mortalité maternelle élevés, alors que cela pourrait être évité par une amélioration des soins prénatals et obstétriques et par le planning familial. Au Honduras, par exemple, un projet de santé et de nutrition profitera à quelque 120 000 femmes par des transferts de revenus résultant de l'octroi de bons d'alimentation et par un accès accru aux services_de_santé préventive, surtout pour la nutrition et l'éducation en matière de planning familial. Ce projet prévoit également des soins prénatals et postnatals généralisés, des services réguliers de dépistage et de traitement pour les facteurs de risque et un appui aux pratiques optimales d'allaitement au sein. A la fin de l'exercice 93, plus de 70 projets comprenant un volet "maternité sans risques" étaient en cours d'exécution, contre neuf durant l'exercice 86. Depuis 1987, la Banque a multiplié par 18 le volume de ses prêts directement consacrés à des activités de nutrition: de 50 millions de dollars durant les exercices 87-89, le coût annuel total des projets de ce type est en effet passé à 900 millions de dollars au cours des exercices 90-92 et à 357 millions durant l'exercice 93. Ces chiffres ne tiennent pas compte des volets nutrition des prêts à l'ajustement_structurel ou sectoriel, ou des opérations "vivres contre travail". Sur les 25 projets figurant dans le portefeuille population, santé et nutrition de la Banque pour l'exercice 93, 14 comprennent des volets nutrition. Dans bien des cas, la nouvelle génération de projets de nutrition est conçue dans le cadre de stratégies globales de lutte contre la pauvreté et a principalement pour but de fournir des services de nutrition axés sur les pauvres et les groupes_défavorisés, ainsi que les enfants de moins de trois ans et leur mère. Le Projet de sécurité alimentaire et nutrition à Madagascar, qui a été approuvé durant l'exercice 93, est à cet égard exemplaire, car il englobe à la fois des actions de lutte contre la pauvreté à court et à long_terme et des mesures destinées à remédier immédiatement au problème posé par le taux élevé de malnutrition constaté chez les enfants de moins de cinq ans. Sa mise en oeuvre est centrée sur les organisations_non_gouvernementales, les groupes_communautaires et le secteur_privé, qui ont fait la preuve de leurs capacités pour l'application efficace de programmes destinés aux groupes les plus vulnérables. Parallèlement à la fourniture de suppléments alimentaires aux enfants souffrant de malnutrition, ce projet accorde également une place prioritaire à l'effort de nutrition et d'éducation à l'échelon communautaire et à l'organisation de campagnes d'IEC (information, éducation, communications) sur les moyens de fournir une alimentation optimale aux nourrissons et aux jeunes enfants et sur la façon dont on peut déceler les troubles dus à la carence en iode. A terme, ce programme de nutrition communautaire permettra aux ménages de mieux tirer parti des ressources dont ils disposent pour prévenir la malnutrition chronique chez leurs enfants. De plus en plus, on s'aperçoit non seulement qu'un investissement destiné à mettre en valeur les ressources_humaines est un bon choix du point de vue économique, mais aussi que les investissements qui tiennent spécifiquement compte des problèmes concernant les femmes offrent invariablement des taux de rentabilité élevés. Si une personne est éduquée - et cela est particulièrement vrai pour les femmes -, la société tout entière en profite. Ainsi, les femmes qui ont reçu une éducation ont des enfants en meilleure santé. En Afrique, un enfant sur cinq meurt avant l'âge de cinq ans si la mère n'a pas reçu d'éducation, alors que le risque est réduit de plus de la moitié pour ceux dont la mère a fait sept années d'études. Il importe plus pour la santé des enfants (et, en fait, pour leur éducation) d'éduquer les femmes que les hommes. D'un point de vue social, il est plus rentable d'investir davantage dans l'éducation des filles que dans celle des garçons. Beaucoup d'études montrent que les mères consacrent une plus grande part de leurs propres revenus à leurs enfants que les pères; et, dans toutes les sociétés ou presque, ce sont surtout les femmes qui s'occupent des enfants et qui prennent les décisions cruciales concernant leur alimentation, leur hygiène et leur éducation en général - autant de choses qui influent sur la santé et le développement de l'enfant. Il est également vrai que les femmes éduquées ont moins d'enfants. En Asie du Sud, celles qui n'ont pas reçu d'éducation ont en moyenne sept enfants, alors que celles ayant fait au moins sept années d'études en ont moins de quatre. Le Programme de promotion du rôle de la femme dans le développement (RFD), destiné à traiter des besoins des femmes dans les études économiques et sectorielles et dans le programme de prêts, figure depuis 1987 parmi les "priorités opérationnelles" de la Banque. L'objectif est d'intégrer les questions d'égalité des sexes dans les activités opérationnelles et sectorielles de la Banque, et des progrès sensibles ont été réalisés à cet égard durant l'année écoulée. *{p. 50} Selon des estimations préliminaires, environ 45% des projets approuvés durant cette année comprenaient des mesures ou des initiatives axées sur la promotion du rôle de la femme dans le développement, contre 38% durant l'exercice 92 (et 11% durant l'exercice 88, première année pour laquelle le rôle des femmes dans le développement a figuré au rang des priorités opérationnelles). Un peu plus de 90% des projets de population, santé et nutrition comprenaient des actions ou des conditions spécifiques visant à aider les femmes, tandis que 83% des projets concernant l'emploi, la formation et les questions relatives au marché_du_travail avaient des composantes RFD. Deux projets d'éducation sur trois et trois projets agricoles sur cinq prenaient également en compte les questions relatives au rôle des femmes dans le développement. Un examen des projets récemment approuvés révèle que la qualité et la conception des activités spécialement axées sur la promotion du rôle des femmes se sont nettement améliorées. Cela devrait contribuer à assurer la bonne exécution de ces composantes et à faire en sorte qu'il y ait moins d'écart entre les intentions affichées par ces projets - sur le plan de leurs objectifs, activités et indicateurs - et ce qui sera effectivement réalisé sur le terrain. Pour son programme de prêt, vaste et diversifié, en faveur de la valorisation des ressources_humaines, la Banque prend appui sur un programme de recherche et de politique générale à dominante opérationnelle qui a été spécialement conçu pour l'aider à améliorer le déroulement de ses opérations en s'efforçant de compléter ses connaissances des méthodes optimales, de leurs coûts et de leurs avantages; en diffusant des informations relatives aux meilleures pratiques du moment; et en favorisant le dialogue de même qu'une vision commune entre les divers services de la Banque. Les travaux de politique générale produisent les données analytiques qui servent de base aux prêts dans de nouveaux domaines et au traitement des questions prioritaires telles que les rôles respectifs de l'État et des prestataires privés dans les secteurs sociaux, l'efficacité des services dispensés par le secteur_public et la gestion des services. Ces travaux tirent parti des enseignements de l'expérience opérationnelle, des études effectuées par la Banque et des organismes extérieurs, et des communications d'universitaires et de décideurs de pays_en_développement, présentées souvent à l'occasion de séminaires organisés conjointement avec l'Institut de développement_économique de la Banque. Les administrateurs de la Banque ont examiné plusieurs documents de politique générale et plusieurs études sur les pratiques optimales résultant du programme de travail de la Banque et portant sur: l'enseignement primaire (exercice 90), la formation_professionnelle (exercice 91), le planning familial (exercice 92) et la santé (exercice 93), qui est le thème du Rapport sur le développement dans le monde 1993 (Encadré 3-3). La Banque a également en préparation des études sur les pratiques optimales en ce qui concerne le rôle des femmes dans le développement, les micronutriments et la santé des femmes; des documents d'orientation sur l'enseignement_supérieur et secondaire; un rapport sectoriel sur les activités de la Banque concernant la population; et un document de politique sectorielle consacré à l'éducation. Cependant, aussi bonnes que soient la formulation des objectifs généraux et la conception technique des projets, elles n'aboutiront aux résultats escomptés que si la mise en oeuvre est assurée de façon efficace. Les évaluations des performances des projets de valorisation des ressources_humaines appuyés par la Banque ont toujours été supérieures à la moyenne. Si l'expansion rapide et la complexité croissante du portefeuille de projets consacrés aux secteurs sociaux se sont dernièrement traduites par une certaine détérioration des résultats obtenus dans ce domaine, le pourcentage de projets confrontés à de sérieux problèmes d'exécution reste inférieur à la moyenne d'ensemble des projets de la Banque. Cela dit, à mesure que ce portefeuille couvrira de nouveaux domaines et visera de nouveaux objectifs, la mise en oeuvre des projets donnera inévitablement lieu à d'autres problèmes, et l'impact qu'auront à l'avenir les prêts de la Banque en faveur de la valorisation des ressources_humaines dépendra essentiellement de l'efficacité avec laquelle ces problèmes seront traités. L'environnement. La Conférence des nations_unies sur l'environnement et le développement (CNUED), qui s'est tenue en juin 1992, a donné une nouvelle impulsion aux efforts déployés par la Banque et ses pays emprunteurs pour protéger l'environnement et promouvoir un développement_durable. *{p. 51} La Banque s'est dotée d'une nouvelle vice-présidence, Environnement et développement_durable, afin d'élaborer une réponse plus efficace face au défi posé par la réalisation d'un développement écologiquement viable et équitable. Composée de départements chargés, respectivement, de l'environnement, de l'agriculture et des ressources_naturelles, et des transports, de l'eau et du développement urbain, cette vice-présidence a pour mission d'aider les services opérationnels de la Banque à fournir une aide de qualité aux pays_membres; d'identifier, de codifier et de diffuser les meilleures pratiques actuelles et les enseignements de l'expérience; et d'assurer une coordination d'ensemble avec les organismes_publics et privés qui contribuent (ou qui s'intéressent) aux travaux opérationnels et de politique générale de la Banque. Durant l'exercice 93, celle-ci a élaboré des stratégies environnementales pour plusieurs régions et pays, renforcé son programme de recherche sur toute une série de sujets touchant l'environnement et continué à améliorer l'intégration des préoccupations environnementales dans son dialogue de politique générale avec les pays_membres, ses activités économiques et sectorielles et ses opérations de prêt. Des stratégies régionales ont été mises au point pour l'Asie, l'Europe centrale et orientale, et les pays sahéliens de l'Afrique subsaharienne. *{p. 52} Selon le rapport sur la stratégie environnementale de la Banque concernant l'Asie, tous les pays de cette région connaissent des problèmes environnementaux et les pays d'Asie du Sud et de l'Est sont exposés de plus en plus à la pollution industrielle des villes, aux émissions dans l'air, à l'érosion et à la dégradation des sols, et à la diminution de la diversité biologique. La dégradation de l'environnement a également un coût_social de plus en plus lourd - dépenses de santé et mortalité croissantes, perte de productivité, production réduite dans les secteurs reposant sur les ressources nationales et détérioration de la qualité de l'environnement en général. L'analyse de la Banque concluait toutefois qu'il y avait lieu d'être optimiste, étant donné que les gouvernements souhaitaient de plus en plus incorporer les préoccupations écologiques dans leurs objectifs de développement et que les performances économiques de cette région continuaient d'être solides. Le document de stratégie proposait d'utiliser tout un ensemble d'instruments - de nouvelles politiques, l'intensification des techniques nouvelles, les ressources financières et des institutions_publiques renforcées - pour limiter le plus possible les effets négatifs que la croissance démographique, urbaine et industrielle pourrait avoir à l'avenir sur l'environnement. La Banque a également évalué les besoins prioritaires des pays d'Europe centrale et orientale sur le plan de l'environnement, et proposé un programme d'action à cet égard. Celui-ci a pour but de faciliter la réalisation d'un consensus sur les priorités dans ce domaine aux échelons national et régional, de même qu'entre les bailleurs de fonds intéressés, et de soutenir, sur le plan des politiques, des investissements et des institutions, toute une série de mesures qui nécessitent des engagements complémentaires de la part des divers gouvernements et organismes d'aide concernés. Bien qu'il n'ait pas établi de liste de projets spécifiques, le programme a fait un inventaire des principales sources de pollution en Europe centrale et orientale, dressé une liste complète des endroits où des problèmes de santé publique liés à l'environnement ont été signalés, et donné une indication des types d'investissement dans divers sous-secteurs qui permettront éventuellement de faire face de la façon la plus rentable à de sérieux problèmes d'environnement. Le travail accompli dans le cadre de ce programme sera poursuivi afin de mettre au point, pour les pays concernés, des stratégies entrant dans le cadre régional adopté et d'identifier des projets d'investissement. Une stratégie de développement écologiquement durable a été élaborée durant l'année écoulée afin de guider l'aide apportée par la Banque aux pays sahéliens d'Afrique subsaharienne (Burkina Faso, Cap-vert, Gambie, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad). Sur la base des résultats d'une étude consacrée à tout un éventail de problèmes propres à cette sous-région (notamment l'explosion démographique, les pressions concurrentes qui s'exercent sur les ressources en terre et en eau, la dégradation des sols, la diminution des ressources halieutiques et la mise en valeur des bassins fluviaux), les objectifs stratégiques proposés sont de promouvoir une intensification des systèmes de production agricole viables à long_terme, de stimuler les économies urbaines et les liens entre zones rurales et urbaines, et d'améliorer les processus de gestion de l'environnement - chacun de ces objectifs étant lui-même subdivisé en un certain nombre de buts plus spécifiques. De concert avec les membres de la communauté internationale des bailleurs de fonds, la Banque a en outre poursuivi son travail de protection de l'environnement sur plusieurs grandes masses d'eau internationales - notamment la Méditerranée, la mer Noire, la mer Baltique et le Danube - ou lancé de nouveaux programmes dans ce domaine. Le Programme d'assistance technique pour la protection de l'environnement méditerranéen (METAP), qui est principalement financé par la Commission des Communautés européennes, la Banque européenne d'investissement, le Programme des nations_unies pour le développement et la banque_mondiale, aide à mettre au point des projets d'environnement, à renforcer les capacités de gestion de l'environnement et à mettre en place des politiques écologiquement rationnelles dans les pays du bassin méditerranéen. Durant l'exercice 93, on s'est principalement attaché à mener à bien la première phase (1990-92) de ce programme et à lancer la deuxième, qui doit s'étendre jusqu'en 1995. La Banque a terminé la préparation de sept projets, ainsi que quatre études d'orientation et un certain nombre de sessions de formation. Le Programme de gestion et de protection de l'environnement pour la mer Noire, qui a été officiellement lancé en juin 1993, vise à inverser le processus de dégradation de l'environnement et d'utilisation non viable des ressources dans les pays riverains de cette mer (Bulgarie, Géorgie, Roumanie, Russie, Turquie et Ukraine). Durant l'année écoulée, la Banque a préparé une brochure d'information, identifié 13 projets constituant un portefeuille d'investissements prioritaires et entrepris une enquête initiale sur les besoins de préservation de la diversité biologique. *{p. 53} Le Programme environnemental pour la mer Baltique prévoit la mise en oeuvre échelonnée d'une série d'actions à long_terme destinées à réduire la pollution de la Baltique. Son exécution, qui a débuté en 1990, est coordonnée par la Commission pour la protection de l'environnement marin de la mer Baltique (Commission d'Helsinki) et bénéficie de la participation de 14 membres comprenant, outre les pays riverains, des institutions_financières internationales et des organisations_non_gouvernementales. La préparation d'un cadre opérationnel pour l'exécution de ce programme à plus longue échéance a constitué l'un des aspects majeurs dont il a été question durant l'exercice 93. Sous réserve d'un accord définitif avec les gouvernements concernés, la banque_mondiale prévoit par ailleurs de mettre en chantier des projets d'environnement dans chacun des trois États baltes et un projet d'alimentation en eau et d'assainissement en milieu urbain en Pologne. Le Programme pour l'environnement du bassin du Danube est une initiative conjointe de plusieurs bailleurs de fonds pour tenter de résoudre les problèmes qui se posent et d'améliorer la gestion de l'environnement dans cette région, qui couvre des parties de la Bulgarie, de la Hongrie, de la République slovaque, de la République tchèque et de la Roumanie. La Banque est l'agent d'exécution chargé d'entreprendre les activités de préinvestissement sur financement du Fonds pour l'environnement mondial. Des études de préinvestissement, entreprises sur six affluents du Danube au cours de l'année écoulée, permettront d'identifier les sources ponctuelles ou diffuses d'émissions polluantes qui présentent un haut degré de priorité au plan local ou régional et pour lesquelles des investissements pourront être mis en oeuvre rapidement. L'un des principaux outils que la Banque utilise pour aider ses pays_membres à améliorer la gestion de leur environnement consiste à soutenir l'élaboration et l'exécution de plans nationaux pour la protection de l'environnement (PPE). Ces plans, qui servent de base au dialogue que la Banque entretient avec les pays emprunteurs sur les questions d'environnement, décrivent les principaux problèmes et préoccupations auxquels les pays font face dans ce domaine et formulent diverses politiques et initiatives pour tenter de remédier aux problèmes ainsi identifiés. Lors des négociations sur la neuvième reconstitution des ressources de l'IDA (IDA-9), il avait été convenu que tous les pays bénéficiaires de l'aide de l'IDA devraient établir des PPE nationaux avant la fin de la période d'IDA-9. Par la suite, des PPE ont été lancés également pour les pays qui empruntent à la BIRD. A la fin de l'exercice 93, un assez grand nombre de pays emprunteurs à l'IDA - Albanie, Bénin, Burkina Faso, Égypte, Gambie, Ghana, Guinée-bissau, Honduras, Lesotho, Madagascar, Maldives, Nicaragua, Nigeria, Philippines, Rwanda et Sri Lanka - avaient achevé l'exécution de leur plan d'action. De tels plans sont en préparation dans presque tous les autres pays qui empruntent activement à l'IDA, et ils seront vraisemblablement menés à bien. L'exécution des PPE de certains gros bénéficiaires des crédits de l'IDA tels que la Bolivie, le Burundi, la Chine, l'Inde, le Népal et le Pakistan devraient parvenir à son terme au début de l'exercice 94. Plusieurs pays qui empruntent à la BIRD ont quant à eux achevé leurs plans (par exemple, le Botswana, la Bulgarie, la Pologne et la Tunisie), et des plans sont également en cours d'élaboration dans la plupart des autres pays à revenu intermédiaire. Dans le cadre de ses efforts visant à mieux intégrer les préoccupations environnementales dans ses travaux économiques et sectoriels, la Banque accorde une attention croissante aux questions d'environnement dans ses mémorandums économiques sur ses pays_membres. Tel a été le cas, par exemple, de ses récents rapports sur l'Europe centrale et orientale, les îles du Pacifique, la Malaisie, Sào Tomé-et-principe et la Thaïlande. Les opérations de prêt de la Banque sont l'un des moyens essentiels employés pour aider les pays à améliorer la gestion de leur environnement. Durant l'exercice 93, 24 projets principalement axés sur l'environnement ont été approuvés, représentant un volume total d'engagements de 1,99 milliard de dollars. (On estime qu'un projet est principalement axé sur l'environnement si ce domaine représente plus de 50% de ses coûts ou de ses avantages globaux.) Durant l'exercice 92, 19 projets de ce type, représentant des engagements de 1,2 milliard de dollars, avaient été approuvés. Dans plusieurs cas - en Bolivie, au Chili, en Chine, en République de Corée et au Ghana -, les projets visaient principalement à renforcer les institutions chargées de l'environnement ou à fournir une assistance technique dans ce domaine à l'échelon national. Par ailleurs, 30 autres projets comprenaient d'importants volets environnementaux. *{p. 54} Des opérations ont été approuvées pour la Banque au titre de ses programmes d'environnement "brun" et "vert". Le programme "brun" porte sur les problèmes d'environnement les plus graves qui se posent de façon immédiate dans les villes, et recouvre trois domaines principaux: rendement énergétique, lutte contre la pollution urbaine et industrielle, et gestion de l'environnement urbain (la plupart des projets portant sur l'énergie et la lutte antipollution touchent également un ou plusieurs aspects majeurs de la gestion de l'environnement urbain). Quant au programme "vert", il vise à promouvoir une gestion écologiquement viable des ressources_naturelles et à réduire la dégradation des ressources, qui nuit à la productivité, et il englobe l'agriculture et la gestion des sols, la gestion forestière, la gestion des ressources en eau et des bassins versants, ainsi que la gestion du milieu marin et des zones côtières. Il porte également sur la préservation de la diversité biologique, l'un des quatre domaines d'action du Fonds pour l'environnement mondial. Par ailleurs, la Banque a souligné toute l'importance qu'elle attache aux aspects sociaux de l'environnement en créant cette année, au sein du Département de l'environnement, la division politique_sociale et réinstallation, qui dispensera des conseils sur les composantes sociales des opérations. En outre, des documents d'orientation ont été préparés puis examinés par le conseil des administrateurs sur chacun de ces programmes d'action environnementale. Ils portaient sur le rôle de la Banque dans le secteur de l'électricité, notamment en ce qui concerne le rendement énergétique et les économies d'énergie, et dans la gestion les ressources en eau (Encadrés 3-4 et 3-5). L'intégration des préoccupations environnementales aux activités de la Banque s'articule autour de la "Directive opérationnelle sur les évaluations environnementales", qui a été publiée en octobre 1989. Celle-ci rend obligatoires les évaluations environnementales pour tous les projets qui risquent d'être fortement préjudiciables à l'environnement. Les projets qui pourraient avoir des effets importants, sensibles, irréversible ou divers sont classés dans la Catégorie "A" et nécessitent une évaluation environnementale complète. Le premier d'une série d'examens annuels du processus d'évaluation a confirmé l'idée selon laquelle les évaluations environnementales constituent non seulement un outil valable pour identifier les problèmes que posent les projets, mais aussi un moyen de les résoudre, ce qui renforce les performances et la viabilité à long_terme de ces projets. On a aussi constaté que la planification du développement et la gestion de l'environnement s'étaient améliorées dans certains des pays couverts par les études de cas, le fait d'avoir à produire un rapport d'évaluation environnementale pour un projet financé par la Banque ayant conduit ces pays à adopter eux-mêmes ces processus d'évaluation. L'examen a en outre établi que l'un des principaux facteurs faisant obstacle à une application complète de la directive opérationnelle de la Banque était le peu de capacités dont disposaient les pays emprunteurs pour effectuer des évaluations environnementales. Il a donc été recommandé que l'on se préoccupe davantage de renforcer les capacités des emprunteurs, notamment par l'assistance technique, un soutien institutionnel, une formation au niveau du pays ou la mise au point de bases de données sur l'environnement, pour faire en sorte que les évaluations traitent comme il faut de toutes les questions pertinentes. Un autre examen, entrepris celui-là à titre indépendant, a porté sur les projets Sardar Sarovar (Narmada) en Inde. Il s'est notamment penché sur les politiques de la Banque en matière de transplantation de populations, selon lesquelles les populations déplacées doivent, une fois réinstallées, recouvrer un niveau_de_vie au moins égal à celui qui était le leur auparavant. C'est M: Barber Conable qui, en tant que président de la Banque, avait pris l'initiative de cet examen indépendant en 1991, face à la controverse croissante dont faisaient l'objet ces projets. L'équipe chargée de l'étude était dirigée par le précédent administrateur du Programme des nations_unies pour le développement et avait pour mission d'évaluer la mise en oeuvre des volets réinstallation, réaménagement et environnement de ces projets, dont l'objectif était d'alimenter en eau et en électricité une des régions les plus démunies et les plus sujettes à la sécheresse de l'ouest de l'Inde, et d'y offrir des possibilités d'emploi. Le rapport de cette équipe, qui a été remis à la Banque en juin 1992, faisait apparaître un certain nombre de lacunes dans la façon dont les projets avaient été évalués, exécutés et supervisés, et il suggérait que la Banque "fasse machine arrière" et reconsidère ces projets. Il recommandait en outre de procéder à un réexamen des procédures de la Banque afin d'établir si les problèmes identifiés dans le cas de Sardar Sarovar se posaient également ailleurs. *{p. 55} En octobre 1992, les administrateurs de la Banque se sont réunis afin de débattre des recommandations de ce rapport et des mesures proposées par la direction de la Banque pour y donner suite. Ils ont exprimé leur accord avec l'analyse des experts indépendants et ont décidé, sur la base d'un plan d'action détaillé élaboré avec le Gouvernement indien et les États concernés, de maintenir leur appui aux projets, à condition toutefois que ceux-ci atteignent dans les six mois suivants un certain nombre d'objectifs clés définis pour mesurer les progrès réalisés. (A la fin de mars 1993, le Gouvernement indien a demandé à la Banque d'annuler la portion encore non décaissée de son prêt à ces projets, déclarant qu'il avait décidé d'achever les travaux par ses propres moyens. En communiquant leur décision à la Banque, les autorités indiennes ont souligné qu'elles restaient déterminées à exécuter pleinement le plan d'action qu'elles avaient précédemment annoncé concernant la réinstallation et la réinsertion des populations touchées par le projet, et à prendre des mesures afin d'évaluer et de limiter les risques pour l'environnement.) Durant la réunion d'octobre 1992, un certain nombre d'administrateurs ont approuvé la proposition de la direction de la Banque d'examiner les enseignements à tirer pour l'ensemble de l'institution de l'expérience des projets de Sardar Sarovar. Par la suite, un groupe de travail a été constitué pour effectuer, en coopération avec tous les bureaux régionaux, l'analyse de tous les projets figurant dans le portefeuille en cours de la Banque, et comportant un volet "réinstallation de populations", soit environ 135, afin de s'assurer que ces projets étaient exécutés conformément aux accords de prêt et de crédit et aux directives de l'institution. Ce groupe fera en outre des recommandations sur des stratégies à court et à long_terme afin d'améliorer les résultats des opérations menées avec l'aide de la Banque en matière de réinstallation. Le rapport final de ce groupe de travail doit être soumis à la direction de la Banque puis au conseil des administrateurs au printemps de 1994. Les rapports d'achèvement de projet et les évaluations et autres études rétrospectives émanant du Département de l'évaluation rétrospective des opérations (OED) permettent également de dégager des leçons de l'expérience de la Banque en ce qui concerne l'aide qu'elle apporte à ses emprunteurs pour qu'ils améliorent leurs activités et leurs capacités relatives à l'environnement. *{p. 56} Dans son Examen annuel des résultats de l'évaluation rétrospective des projets pour 1991, débattu par les administrateurs en octobre 1992 et publié en mars 1993, l'OED a mis particulièrement l'accent sur les résultats que les projets menés à bien par la Banque ont obtenu sur le plan de l'environnement. Il est notamment ressorti de cet examen: qu'il convient d'améliorer le contrôle de l'impact des projets sur l'environnement et la supervision de leurs volets environnementaux; qu'il y a apparemment une corrélation directe entre des résultats positifs sur le plan de l'environnement et de bons résultats économiques, financiers et institutionnels; qu'il importe de renforcer les capacités institutionnelles des emprunteurs en matière de gestion de l'environnement; et qu'il convient de se préoccuper davantage du cadre des politiques macroéconomiques, qui conditionne en grande partie l'utilisation et la gestion des ressources_naturelles. Un grand nombre des insuffisances opérationnelles identifiées dans ce document font aujourd'hui l'objet de mesures correctives systématiques de la part de la Banque dans le cadre du processus d'évaluations environnementales et d'autres initiatives prises par l'institution dans le domaine de l'environnement. Fonds pour l'environnement mondial. L'exercice 93 était la deuxième année complète de fonctionnement du Fonds pour l'environnement mondial (FEM), établi en 1990 comme projet pilote d'une durée de trois ans pour fournir aux pays_en_développement des subventions devant servir à protéger l'environnement mondial par des moyens compatibles avec les objectifs nationaux de développement. Les ressources du FEM servent à couvrir les coûts additionnels de mesures visant à protéger l'environnement mondial dans quatre domaines: le réchauffement de la planète, la diversité biologique, la protection des eaux internationales et l'appauvrissement de la couche d'ozone. Ces ressources viennent donc s'ajouter à celles fournies par la Banque et autres organismes pour aider les pays dans le domaine de l'environnement. Lors de la CNUED, le FEM a été mentionné dans Action 21 comme étant une source de fonds destinés à couvrir les coûts additionnels déterminés des activités devant permettre d'améliorer l'environnement mondial. Il a en outre été désigné à titre intérimaire par les conventions sur les changements climatiques et la protection de la diversité biologique en tant qu'entité internationale chargée de gérer le mécanisme financier devant permettre de couvrir les coûts additionnels convenus des activités entreprises au titre de ces deux conventions. Trois institutions se partagent la responsabilité de l'exécution des projets bénéficiant de l'appui du FEM: le Programme des nations_unies pour le développement, le Programme des nations_unies pour l'environnement et la banque_mondiale. *{p. 57-58} A la fin de l'exercice 93, 64 pays participaient au FEM, et plus des deux tiers d'entre eux étaient des pays_en_développement. Le nombre de pays participants devrait augmenter rapidement à mesure que le fonds se rapprochera de son objectif d'universalité. Les engagements des participants pour la phase pilote se sont élevés à 1,3 milliard de dollars, dont 813 millions sous forme de contributions à un "fonds de base", le reste étant fourni par les donateurs sous forme de cofinancement pour des projets inscrits au programme de travail du FEM ou, dans le cas des États-unis, pour des activités du même type identifiées par l'USAID. Tous les pays dont le revenu annuel par habitant est inférieur à 4 000 dollars sont admis à bénéficier des subventions du FEM. A la fin de juin 1993, 113 projets, d'un montant total évalué à 727 millions de dollars, figuraient au programme de travail du fonds, et 32 d'entre eux, représentant 250 millions de dollars, avaient fait l'objet d'une approbation définitive. Les organisations_non_gouvernementales (ONG) peuvent contribuer pour beaucoup à la réalisation des objectifs du FEM, et des efforts considérables ont été faits pour les associer non seulement à des projets, mais aussi à l'examen de questions d'ordre plus général. Elles sont consultées avant chaque réunion semestrielle entre gouvernements, et plusieurs réunions ont été tenues avec elles sur des sujets particuliers et pour des régions données. Le FEM est actuellement en cours de restructuration. Les États participants se sont mis d'accord, en avril 1992, sur huit principes qui doivent servir de base aux activités du fonds une fois achevée la phase pilote. Ces principes sont les suivants: le FEM fournira des subventions ou des ressources concessionnelles supplémentaires pour couvrir les coûts additionnels déterminés des activités devant permettre d'améliorer comme convenu l'environnement mondial; des fonds pourront désormais être accordés pour résoudre les problèmes de dégradation des sols, principalement la désertification et la déforestation, liés aux domaines de préoccupation du FEM; celui-ci pourra être utilisé comme mécanisme de financement pour certaines conventions conclues dans le domaine de l'environnement mondial, si les parties auxdites conventions le désirent; il veillera à ce que les activités qu'il entreprend pour faire face aux problèmes mondiaux d'environnement visés soient menées d'une façon rentable; il permettra de financer des programmes et des projets axés sur les besoins des pays et conformes aux priorités que ceux-ci se fixent pour parvenir à un développement_durable; il prendra appui sur des structures institutionnelles éprouvées, telles que l'association entre le PNUD, le PNUE et la banque_mondiale, pour éviter ainsi la création d'institutions nouvelles; il devra fonctionner de façon transparente et répondre de ses activités à la fois devant les pays qui contribuent à son financement et ceux qui en bénéficient; et il devra être suffisamment souple pour pouvoir éventuellement faire l'objet de modifications. Des efforts sont en cours pour parvenir à un consensus sur le processus de décision et les mécanismes de vote du fonds ainsi restructuré. Parallèlement aux pourparlers concernant cette restructuration, des négociations ont été engagées en mars 1993 sur la reconstitution des ressources du FEM, et se sont poursuivies lors d'une réunion qui s'est tenue à Beijing en mai 1993. Trois réunions supplémentaires sont prévues durant le second semestre de 1993. L'évaluation de la phase pilote constitue un maillon essentiel de ce processus de reconstitution, et un examen indépendant est actuellement mené à cet égard par un groupe de scientifiques de renom, d'experts techniques et de représentants des gouvernements participants. Développement du secteur_privé. Le type d'appui apporté par le Groupe de la banque_mondiale - la Banque, la SFI et l'AMGI - au développement du secteur_privé (DSP) pour promouvoir croissance et efficience, et réduire ainsi la pauvreté, a considérablement évolué. Au début, les prêts-projets se sont souvent attachés principalement à créer la base d'infrastructures propre à appuyer le développement industriel et agricole. Les opérations de prêt à l'ajustement des années 80 ont élargi ce champ d'intervention en s'efforçant d'établir un cadre macroéconomique offrant la stabilité et des prix relatifs appropriés au développement du secteur_privé. Depuis 1989 est venue s'ajouter une stratégie axée sur l'amélioration du climat des affaires, la restructuration du secteur_public et l'appui à la privatisation, et sur la réforme et la promotion du secteur financier dans les pays_en_développement. *{p. 59} La conjonction des composantes de cette stratégie aide les pays à maintenir des secteurs_privés dynamiques, ce dont ils ont nécessairement besoin s'ils veulent attirer les flux de capitaux privés. En Asie et en amérique_latine, par exemple, l'existence de secteurs des entreprises bien établis et la mise en oeuvre de programmes de privatisation de grande envergure ont fourni de bonnes occasions d'investissement. L'accroissement récent de l'investissement_étranger_direct - dont le volume a atteint environ 38 milliards de dollars en 1992 - s'est d'ailleurs produit pour l'essentiel dans ces deux régions, ainsi que dans certaines économies_en_transition d'Europe centrale et orientale. Les efforts déployés pour améliorer le climat des affaires portent essentiellement sur les réformes des orientations, de la réglementation et du cadre juridique nécessaires; l'aide apportée à la restructuration du secteur_public et aux privatisations consiste à aider les pouvoirs_publics à réévaluer leurs priorités de dépenses et à réduire les activités impossibles à mener à bien ou périphériques, tout en appuyant les programmes de privatisation convenablement conçus et exécutés; quant à la réforme du secteur financier, elle aide à la mise en place de systèmes financiers efficients qui mobilisent l'épargne et l'acheminent vers les utilisations finales les plus productives. Les activités menées par la Banque pour améliorer le climat des affaires sont de plus en plus focalisées grâce au lancement, lors de l'exercice 92, d'un programme d'évaluations du secteur_privé mis en oeuvre avec la SFI. Ces évaluations, conçues pour aider le Groupe de la Banque à formuler ses stratégies d'assistance par pays, analysent la structure et les contraintes du secteur_privé dans des pays donnés et définissent les mesures concrètes qui peuvent être prises pour promouvoir son développement. C'est ainsi qu'il ressort de l'évaluation effectuée pour le Zimbabwe que les difficultés d'accès à la terre et au crédit, les pesanteurs bureaucratiques, l'insuffisance des compétences et des infrastructures et l'action des pouvoirs_publics en faveur des grandes entreprises constituent des obstacles particulièrement importants pour les petites et moyennes entreprises. A la fin de l'exercice 93, la Banque avait pratiquement terminé son examen de 11 évaluations du secteur_privé . Améliorer le climat des affaires dans les pays d'Europe centrale et orientale et l'ex-union_soviétique est une entreprise particulièrement difficile, car ces pays doivent créer un secteur_privé moderne en partant pratiquement de zéro. Dans beaucoup de pays, un ensemble stable et connu de règles applicables à des questions cruciales comme l'investissement, la fiscalité et le régime foncier commence à peine à émerger, alors que les cadres juridiques fondamentaux constituent un anachronisme inadapté aux exigences d'une économie_de_marché. Les obstacles à l'amélioration du climat des affaires dans ces pays sont profondément ancrés et ne peuvent être levés par de simples expédients. La situation évoluera lentement, mais des premiers pas importants ont été faits. L'Accord de coopération technique de 1991, qui a institué un fonds fiduciaire pour l'assistance technique dispensée par la Banque, apporte un appui à la transition économique des pays de l'ex-union_soviétique. Les travaux financés par ce fonds ont servi de base au dialogue avec les gouvernements participants des pays de l'ex-union_soviétique et aux opérations qui ont trait au climat des affaires (ainsi qu'à la privatisation et au développement du secteur financier). L'un des volets du prêt de 90 millions de dollars accordé par la Banque à la Russie pour une aide à la privatisation, qui a été approuvé au cours de l'exercice 93, a pour objet de contribuer à la prestation de services commerciaux aux petites entreprises. Dans la région amérique_latine et Caraïbes, les travaux de développement du secteur_privé mettent désormais l'accent sur une "deuxième génération" de questions réglementaires et institutionnelles ayant une incidence sur le climat des affaires. On fait une plus large place à des questions comme la mise en place d'un cadre réglementaire pour les entreprises à privatiser, la réforme douanière, les problèmes de garantie et de droits_de_propriété, le financement des exportations et les services à l'exportation, le développement des marchés financiers, l'ajustement des effectifs lors des restructurations d'entreprise et le renforcement des normes et des services de contrôle. L'encouragement à la restructuration du secteur_public a généralement été axé sur la réduction de secteurs_publics trop étendus et sur un appui à la privatisation des entreprises d'État et à la fourniture de services_publics par le secteur_privé. Les priorités commencent toutefois à évoluer dans le sens d'efforts visant à compléter la privatisation par l'amélioration des administrations_publiques dans les domaines susceptibles d'influer profondément sur la croissance et l'efficience du secteur_privé: les administrations fiscales et douanières, la promotion des échanges et de l'investissement, les services d'appui aux entreprises, l'administration de la justice, et la planification et la mise en place des infrastructures. *{p. 60} Ainsi, au Bangladesh, il fallait jusqu'à 15 ans aux tribunaux pour instruire les procès intentés par les institutions_financières aux emprunteurs défaillants. Avec l'aide de la Banque, le Bangladesh a promulgué une loi portant création de tribunaux commerciaux spécialisés habilités à se prononcer plus rapidement sur ce genre de litiges. Les pouvoirs_publics s'emploient par ailleurs à renforcer les capacités des organismes_publics qui fournissent directement des services au secteur_privé. Aux Philippines, la Commission des investissements est chargée d'encourager l'investissement_étranger_direct (et national), mais elle a tendance, de par sa culture d'entreprise, à se concentrer sur ses fonctions de réglementation et de contrôle. Le Service-conseil pour l'investissement étranger, spécialisé dans les questions liées à l'investissement_étranger_direct, a établi pour le gouvernement un programme de réforme de l'institution et de ses orientations destiné à amener la commission à se concentrer moins sur les réglementations et davantage sur la promotion de l'investissement. Le Groupe de la banque_mondiale soutient activement la privatisation dans le cadre de ses objectifs généraux de développement_économique et de réduction de la pauvreté. En 1991 et 1992, la Banque a approuvé 110 opérations d'investissement et 59 opérations d'ajustement comportant des volets "privatisation" ou "restructuration" des entreprises_publiques. La SFI, qui a fait de la privatisation un élément central et toujours plus important de son programme d'investissement, a entrepris 18 opérations de privatisation pendant les exercices 92 et 93. La privatisation revêt une urgence particulière dans les pays en transition où elle est la pierre angulaire du passage de l'économie dirigée à l'économie_de_marché. Dans certains de ces pays, la privatisation progresse plus lentement que prévu et, dans plusieurs d'entre eux, les échéances n'ont pas été respectées. Mais le bilan initial est riche d'enseignements pour les initiatives à venir, comme l'ambitieux programme de privatisation massive entrepris par les autorités russes - le plus vaste qui ait jamais été tenté - qui porte sur plus de 24 000 grandes et moyennes entreprises d'État et sur un bien plus grand nombre encore de petites entreprises. En Pologne, quelque 100 000 commerces de détail ont été privatisés au cours de la période 1990-92, et 25.000 petites entreprises avaient été vendues à des particuliers à la fin de 1991 dans ce qui est désormais la République tchèque et la République slovaque. La Banque est également très engagée dans les activités de privatisation en Asie et en amérique_latine. En Asie du Sud, ses opérations ont favorisé l'entrée du secteur prive dans des secteurs jusque-là contrôlés par l'État, comme l'électricité (Inde et Pakistan), la distribution d'intrants agricoles (Bangladesh), et le secteur du pétrole et du gaz (Bangladesh, Inde et Pakistan). Les opérations de la Banque ont également appuyé la privatisation d'entreprises_publiques au Népal et à Sri Lanka. En Asie de l'Est, la Banque prête son concours aux initiatives de privatisation d'entreprises_publiques philippines. Les préparatifs de vente de plusieurs entreprises au prix élevé, dont la National Steel Corporation et le Manila Hotel, sont en cours et les autorités ont prolongé jusqu'à décembre 1993 l'existence de l'Asset Privatization Trust, organisme_public jouant un rôle clé dans la gestion des privatisations. La Banque aide également les pouvoirs_publics à étudier les possibilités de privatisation dans des secteurs comme la production d'énergie, l'alimentation en eau et l'assainissement, et les ports. Les opérations de la Banque ont encouragé une plus grande participation privée dans les secteurs des télécommunications, de l'électricité et de l'eau en Indonésie. En amérique_latine, la Banque a accordé un prêt de 250 millions de dollars au Pérou pour aider le gouvernement à entreprendre un programme de privatisation portant principalement sur les secteurs de l'industrie minière, des hydrocarbures, des télécommunications, et certains autres. De plus, des prêts ont été accordés à l'Argentine et à l'Uruguay au cours de l'exercice 93 pour soutenir les efforts des gouvernements en vue de privatiser les entreprises_publiques et de mettre en place un cadre réglementaire approprié. L'ampleur et l'urgence de ces activités de privatisation étant sans précédent, la Banque est prête à tirer la leçon des erreurs commises et à renforcer la conception de ces opérations, à mesure qu'elles progressent et que des problèmes nouveaux et imprévus surgissent. Avec l'expérience, la Banque s'intéresse davantage à certaines questions comme l'importance de la transparence, la nécessité de faire face aux éventuels coûts_sociaux directs de la privatisation et de créer, après la privatisation, un climat qui stimule la concurrence, favorise l'équité et empêche les concentrations évitables de propriété et de pouvoir économique. *{p. 61} Comme les pouvoirs_publics (surtout en amérique_latine et en Asie) autorisent et encouragent de plus en plus des exploitants privés à fournir des services d'infrastructure qui relèvent habituellement d'organismes_publics, le Groupe de la banque_mondiale intervient de plus en plus dans la création d'infrastructures par le secteur_privé. Le soutien apporté par la Banque à cet égard repose sur une stratégie à trois volets, à savoir: a) la privatisation des entreprises de services_publics; b) l'établissement de cadres réglementaires instituant des mécanismes appropriés de tarification des services d'infrastructure fournis de source privée, d'encouragement à la concurrence et, le cas échéant, de suppression des barrières à l'entrée sur le marché; et c) la fourniture de financements ou de garanties partielles destinés à attirer des capitaux privés complémentaires pour la réalisation de projets d'infrastructure (comme au Pakistan et à la Jamaïque, où les prêts accordés par la Banque pour des projets d'électricité privés au cours des deux derniers exercices ont aidé à mobiliser des capitaux privés sous forme de prêts et de participations). La réforme du secteur financier fait partie intégrante d'une série de réformes qui sont indispensables dans beaucoup de pays à un développement efficace du secteur_privé. Dans les années 80, les gouvernements et le Groupe de la banque_mondiale ont commencé à faire une plus large place à la nécessité d'allier à la réforme et à la restructuration des institutions_financières des réformes appropriées des politiques (de la politique des taux_d'_intérêt, par exemple). Plus récemment, à mesure qu'augmentait le nombre des pays qui se lançaient dans la libéralisation et se heurtaient à de nouveaux problèmes, on s'est intéressé davantage à une "deuxième génération" de réformes, axée sur la mise en place de structures juridiques et réglementaires, et de structures de contrôle pour tirer pleinement parti de la réforme du secteur financier. Par ailleurs, la Banque insiste davantage sur la nécessité: a) de combiner une réforme des politiques sectorielles à une réforme macroéconomique, et b) d'améliorer l'infrastructure financière et de renforcer certaines institutions_financières. Les institutions_financières qui fonctionnent dans le cadre d'un système financier souffrant de distorsions pouvant elles-mêmes être sources d'inefficacité, l'empressement de la Banque à leur apporter son concours dépend en partie de l'avancement des réformes des politiques macroéconomiques et sectorielles. En outre, le cadre réglementaire doit prévoir les règles de prudence voulues pour que les institutions_financières agissent de manière responsable. L'assistance technique fournie par la Banque à la Russie, par exemple, a permis de déceler des lacunes dans la réglementation du secteur bancaire russe par rapport aux normes internationales de comptabilité, d'audit et d'établissement de rapports financiers, à partir de quoi il a été possible de définir un programme de réforme. En Indonésie, un prêt de 307 millions de dollars de la Banque aide le gouvernement à renforcer la réglementation bancaire prudentielle et à la faire respecter, ainsi qu'à promouvoir la compétitivité et l'efficacité des banques commerciales publiques en les soumettant aux mêmes règles que le secteur_privé (Encadré 3-6). Malgré les progrès réalisés en ce qui concerne le développement du secteur_privé au cours des deux dernières années, de nombreux problèmes subsistent. L'investissement_privé continue de manquer de dynamisme - bien souvent, malgré d'intenses efforts d'ajustement - dans un certain nombre de pays_en_développement, surtout en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Tout cela indique que le Groupe de la banque_mondiale doit contribuer à accélérer le processus, déjà engagé, de passage d'une première génération de mesures d'ajustement (axées sur l'instauration d'un cadre macroéconomique stable et d'un régime des prix efficient) à une deuxième génération (visant directement à améliorer le cadre de fonctionnement quotidien des entreprises). La Banque a déjà beaucoup accompli à l'appui de ce processus, et elle continue à tirer les leçons de l'expérience. De fait, plus elle s'engage dans ce type d'activité, plus elle est amenée à faire face à des problèmes et des questions complexes qu'elle n'avait pas prévus. Afin d'être mieux à même d'aider les gouvernements à concevoir et à entreprendre la deuxième génération de réformes en vue du développement du secteur_privé, le Groupe de la Banque cherche: a) à comprendre la dynamique du milieu dans lequel intervient ce développement, afin de définir les moyens d'éliminer, de pallier ou de contourner les obstacles à la mise en oeuvre de ces réformes; b) à établir des liens entre les divers organismes locaux essentiels au DSP, afin qu'ils puissent d'eux-mêmes poursuivre et maintenir les progrès amorcés avec l'appui du Groupe de la Banque; et c) à tirer les enseignements du succès obtenu dans certains pays par la mise en oeuvre de ces réformes et, dans la mesure du possible, à aider à transposer ces expériences dans d'autres pays - en les adaptant aux besoins spécifiques de ces pays. *{p. 62} Ces dernières années, la Banque a accéléré son aide au développement du secteur_privé. C'est ainsi qu'habituellement les deux tiers des opérations de la Banque comportent des volets qui prêtent explicitement un appui au développement du secteur_privé. A sa réunion du printemps 1993, le Comité du développement a examiné la stratégie du Groupe de la Banque en matière de développement du secteur_privé et s'est félicité de l'apparition d'une nouvelle génération de prêts par lesquels la Banque appuie des réformes des orientations, des règlements et des lois. Tout en faisant l'éloge de l'oeuvre déjà accomplie ou en chantier, le comité a invité le Groupe de la Banque à faire encore davantage en favorisant la petite et la moyenne entreprise et l'esprit d'entreprise chez les femmes, en encourageant l'initiative privée dans les pays_en_développement (surtout dans les plus pauvres d'entre eux) et en appuyant les réformes nécessaires du secteur_public. Évolution de la politique du logement. Après deux décennies de collaboration avec les autorités des pays_en_développement sur la politique du logement et de prêt immobilier, la banque_mondiale a décidé de fonder désormais son aide à ce secteur sur une vision d'ensemble de celui-ci, plutôt que par rapport à un projet ou une institution de financement unique. *{p. 63} Cette nouvelle optique découle des enseignements tirés de la priorité accordée au départ à la fourniture de logements_sociaux, puis au crédit aux institutions de financement immobilier: à savoir, notamment, que l'optique des interventions de la Banque a été trop étroite et que l'institution devrait élargir l'action qu'elle mène pour permettre un meilleur fonctionnement des marchés immobiliers dans les pays_en_développement. Ce changement de priorité de la Banque et l'évolution correspondante qu'elle préconise du rôle des pouvoirs_publics à l'égard du secteur du logement sont jugés nécessaires si l'on veut que les problèmes de logement soient traités à une échelle à la mesure de leur ampleur et que le secteur soit géré en fonction du rôle économique de premier plan qui est le sien. Chaque année, quelque 12 à 15 millions de nouveaux ménages ayant besoin d'un nombre équivalent de logements viennent s'ajouter à la population urbaine des pays_en_développement. Beaucoup de ceux qui viennent gonfler les rangs des habitants des villes sont pauvres, ce qui pose un problème particulier aux responsables du logement et des services collectifs. Cette nouvelle orientation de la politique de la Banque vis-à-vis du secteur du logement fait suite au glissement de l'ensemble de sa politique urbaine, qui s'est écartée de la réalisation d'objectifs concrets de logement, approvisionnement en eau, assainissement et transport urbain, pour se concentrer davantage sur l'appui aux réformes et le renforcement des institutions. La construction de logements_sociaux - qui était l'un des secteurs dominants des prêts de la Banque dans les années 70 - avait trois objectifs: construire un habitat adéquat, d'un coût abordable, pour les familles défavorisées; recouvrer les coûts auprès des bénéficiaires pour éliminer les subventions publiques; et permettre une répétition des opérations par le secteur_privé. Seul le premier objectif a été généralement atteint . Les prêts au financement de logements, qui ont été l'un des traits marquants des activités de la Banque dans les années 80, avaient deux principaux objectifs: ils ont permis à la Banque de traiter des problèmes économiques plus larges dans les pays emprunteurs et ils ont influé sur la politique et les résultats d'ensemble du secteur du logement en favorisant la création d'un système de financement du logement, Si ce type de prêt de la Banque a connu un certain succès, la grande préoccupation à laquelle s'efforçaient de répondre ces projets - le développement du secteur financier - s'observait surtout dans les pays_en_développement à revenu intermédiaire. La nouvelle stratégie de la Banque, fondée sur quelques principes qui guideront à l'avenir l'aide au secteur du logement, permettra d'élargir l'éventail des pays qui bénéficient d'opérations de la Banque dans le secteur du logement et de répondre aux besoins des pays à faible revenu. Ces principes sont les suivants: - La Banque encouragera les pays emprunteurs à adopter des politiques permettant le fonctionnement de marchés du logement et à se désengager de la production, du financement et de l'entretien de logements. - Au lieu de se concentrer sur un projet, l'assistance de la Banque au logement s'inscrira dans une optique sectorielle, et la réussite du projet se mesurera à son impact sur l'ensemble du secteur. - La Banque s'efforcera d'aider les institutions homologues qui jouent un rôle de réglementation et concentrera ses prêts au logement sur les emprunteurs disposés à s'engager à améliorer les résultats du secteur, notamment en mettant fin, à terme, aux distorsions qui nuisent à son efficacité. - La Banque s'efforcera d'obtenir des gouvernements qu'ils cherchent davantage à relever la qualité de la collecte et l'analyse des données sur le logement pour évaluer les résultats du secteur et améliorer le processus d'élaboration et de mise en oeuvre de la politique sectorielle. Les décisions gouvernementales qui permettent aux marchés du logement de fonctionner - il s'agit généralement de promouvoir les droits_de_propriété, de créer des établissements de crédit hypothécaire solides et compétitifs, de favoriser l'adoption de dispositions novatrices facilitant l'accès des pauvres à des sources de financement immobilier et de rationaliser les subventions - sont les mêmes, à des degrés divers, dans tous les pays emprunteurs. L'ordre de priorité dans l'utilisation de ces divers "instruments" varie, toutefois, selon les pays. *{p. 64} C'est ainsi que, dans les pays à faible revenu, la Banque tendra à faire porter le dialogue concernant les opérations et l'action à mener sur la mise en place de régimes fonciers obéissant aux lois du marché, la promotion de l'offre de logement par l'augmentation des investissements d'infrastructure et le renforcement de la concurrence dans le secteur du bâtiment. Dans les pays fortement endettés à revenu intermédiaire, les principales priorités seront probablement la réforme de la politique budgétaire et financière (notamment le renforcement des institutions de financement immobilier et la réduction des transferts budgétaires au secteur du logement) et l'accroissement des investissements d'infrastructure. Dans d'autres pays à revenu intermédiaire, la priorité sera le plus souvent de réformer la réglementation de l'utilisation des terres et de la construction de manière à faciliter l'évolution vers un dispositif d'offre de logement plus adapté et la poursuite du développement du financement hypothécaire. Dans les pays à économie anciennement ou encore planifiée, la réforme devrait normalement porter sur le régime foncier, le financement immobilier, les subventions, la réglementation des terrains et de la construction, l'aménagement des terrains, la production et la distribution des matériaux, et le secteur de la construction de logements. L'appui apporté par la Banque aux réformes_structurelles (par les prêts à l'ajustement), au financement des investissements (par les prêts d'investissement) et à la réforme des institutions (par des prestations d'assistance technique) ira de pair avec l'adoption d'un nouveau programme de recherche sur la politique du logement, ainsi qu'avec la conception de moyens de renforcer les règles de gestion de la politique sectorielle. Cela comprendra notamment l'utilisation d'indicateurs de résultats sectoriels, l'évaluation de l'incidence de variations de la politique sur les résultats sectoriels, et la conception d'instruments opérationnels d'analyse sectorielle et de conception de la politique sectorielle. Le conseil des administrateurs a, de manière générale, approuvé la réorientation des activités de la Banque dans le secteur du logement. Lors de leurs débats sur les modifications de cette politique, les administrateurs ont insisté sur la nécessité de faire preuve de souplesse et de procéder cas par cas dans l'application de cette politique à chaque pays, en accordant une attention particulière à l'échelonnement des réformes et à la coordination avec les autres bailleurs de fonds. Ils ont également souligné qu'il fallait porter toute l'attention voulue aux populations pauvres et aux objectifs de réduction de la pauvreté, notamment en continuant à prêter un concours à des projets ciblés dans un contexte sectoriel approprié, et qu'il fallait en particulier aider le secteur non structuré et les pauvres en contribuant à mettre en place un contexte favorable. Les administrateurs ont encore fait ressortir l'importance d'approches participatives, notamment au niveau des communautés, dans la mise en oeuvre des politiques du logement, et du développement d'une industrie locale de la construction et des matériaux de construction. Dixième reconstitution des ressources de l'IDA. A la fin janvier 1992, les représentants des gouvernements bailleurs de fonds - les délégués à l'IDA - ont entamé à Paris des pourparlers en vue d'une dixième reconstitution des ressources de l'IDA (IDA-10), destinée à couvrir la période allant du 1er juillet 1993 au 30 juin 1996. A l'issue de cinq sessions de négociations officielles, les délégués sont parvenus à un accord, en décembre 1992, sur une reconstitution d'un montant de 13 milliards de DTS. Sur la base des taux_de_change à la date de cet accord, ce montant équivaut à 18 milliards de dollars. Si l'on y ajoute les engagements anticipés au titre des remboursements attendus d'emprunteurs de l'IDA et le transfert du compte d'attente de la BIRD d'un montant approuvé, égal à la contre-valeur de 375 millions de dollars, le pouvoir d'engagement de l'IDA au cours des trois années s'élèvera à quelque 16 milliards de DTS, soit à la contre-valeur de 22 milliards de dollars. A ce montant pourraient encore s'ajouter les transferts du revenu net de la BIRD que pourra approuver le conseil des gouverneurs de la BIRD. Les contributions que sont convenus d'apporter les bailleurs de fonds à la reconstitution figurent au Tableau 3-3. Lors des négociations sur les conditions d'IDA-9, il avait été entendu que l'appui de l'IDA au développement_économique des pays les plus pauvres devait viser trois principaux objectifs: la réduction de la pauvreté, l'ajustement et la croissance économiques, et la protection et l'amélioration de l'environnement. Les délégués à IDA-10 ont estimé que la poursuite de ces objectifs demeurait la réponse appropriée aux principaux problèmes de développement auxquels sont confrontés les pays les plus pauvres. Les délégués se sont félicités de l'attention accrue que porte l'IDA depuis quelque temps à la réduction de la pauvreté, notamment de la fourniture au personnel de la Banque de directives opérationnelles détaillées sur les problèmes de pauvreté, de la plus grande importance donnée, lors de la ventilation des ressources à allouer aux prêts, à la volonté de réduction de la pauvreté manifestée par les pays, du lancement d'un programme d'évaluations de la pauvreté pour tous les emprunteurs actifs et de l'accroissement du volume des crédits de l'IDA consacrés aux investissements visant à lutter contre la pauvreté et aux projets_sociaux. *{p. 65} Les délégués à IDA-10 ont souligné l'intérêt qu'ils portent à ce que les évaluations de la pauvreté soient terminées pour tous les principaux bénéficiaires de l'IDA d'ici à la fin de 1994 et ils ont insisté sur la nécessité que l'IDA continue à privilégier les prêts aux secteurs sociaux et les investissements ciblés sur la réduction de la pauvreté (c'est-à-dire les investissements qui profitent davantage aux pauvres en particulier, ou qui comportent des mécanismes destinés à identifier et à permettre de toucher les pauvres). Ils ont fait savoir qu'ils s'attendaient à ce que la part consacrée aux investissements axés sur la lutte contre la pauvreté et aux projets_sociaux, qui avait déjà augmenté durant la période d'IDA-9, continue de le faire de façon régulière pendant la période d'IDA-10. Les bailleurs de fonds attachent aussi une importante toute particulière à l'action de l'IDA dans deux domaines - le rôle des femmes dans le développement et le planning familial. Ils ont pressé l'IDA d'accroître son assistance au planning familial et aux services_sociaux destinés aux femmes, notamment à l'éducation des filles. En ce qui concerne l'ajustement et la croissance économiques, les délégués ont noté que l'appui de l'IDA à l'ajustement s'était accru de plusieurs manières au cours de la période d'IDA-9: par exemple, des filets de protection_sociale ont été de plus en plus souvent intégrés aux opérations d'ajustement pour protéger les pauvres et améliorer la viabilité de l'effort d'ajustement, et les crédits ont été de plus en plus souvent alloués en fonction de la performance économique du pays. Les délégués ont toutefois relevé plusieurs aspects de l'ajustement auxquels il conviendrait peut-être de s'intéresser plus spécialement dans les années à venir. Ils ont demandé aux administrateurs de l'IDA de suivre l'évolution des dépenses_publiques, pour voir jusqu'à quel point elles reflétaient les priorités de développement, ainsi que les efforts entrepris pour réduire le plus possible les dépenses sans rapport avec le développement (y compris les dépenses militaires). Les délégués ont constaté que les niveaux élevés de l'encours de la dette dans de nombreux pays constituaient toujours un obstacle aux perspectives de développement. Ils ont exprimé l'espoir que le Club de Paris continuerait d'appliquer des conditions suffisamment concessionnelles au traitement de la dette publique des emprunteurs de l'IDA engagés sur la voie de l'ajustement. Ils ont également recommandé une utilisation complète et rapide du Fonds de désendettement des pays exclusivement IDA, recommandé une reconstitution de ses ressources avant leur épuisement et exprimé leur appui à la poursuite du programme spécial de contributions supplémentaires des donateurs à ce fonds. Il a également été demandé à l'IDA d'augmenter son assistance aux efforts entrepris pour encourager l'instauration de conditions favorables afin d'inciter le secteur_privé à réagir à une politique_économique judicieuse, et pour améliorer l'efficacité des institutions du secteur_public. En matière de protection et d'amélioration de l'environnement, il a été pris note de l'évolution rapide du soutien apporté par l'IDA à la pérennité de l'environnement. Les délégués ont approuvé les mesures prises récemment, dont la publication du Rapport sur le développement dans le monde 1992; l'application d'une nouvelle politique forestière visant à aider les gouvernements à mettre en place les institutions, les procédures et les systèmes d'information nécessaires à une gestion durable des forêts; la publication de nouvelles directives opérationnelles pour les projets touchant les populations autochtones ou impliquant des opérations de réinstallation forcée et des actions phytosanitaires; et une association plus étroite des organisations_non_gouvernementales à la conception et à l'exécution des projets. Les délégués ont discuté de la façon dont il convenait de répartir au mieux les ressources de l'IDA pour atteindre ces objectifs, et examiné trois critères d'affectation des fonds de l'IDA - le revenu par habitant, la performance et la solvabilité. - Il a été convenu de laisser le revenu par habitant qui constitue le seuil de reclassement opérationnel au même niveau que pour la neuvième reconstitution - 765 dollars ou moins (en dollars de 1991) - et de continuer à faire exception pour les petits pays insulaires et pour une assistance temporaire aux pays en voie d'ajustement admis à bénéficier des crédits de l'IDA dont le revenu par habitant se situe au-dessus du seuil de reclassement, mais dont la solvabilité ne leur permet pas de prétendre à des prêts de la BIRD. - Dans toutes les régions et pays du monde, l'accent a été mis sur l'application de critères de performance transparents et cohérents - mise en oeuvre de saines politiques_économiques, application de programmes respectueux de l'environnement, volonté de réduire la pauvreté et prise en compte des aspects de la bonne gestion des affaires_publiques et de la répartition des dépenses_publiques qui importent pour le développement. *{p. 67} - Le facteur solvabilité s'est vu accorder un poids relatif accru dans l'affectation de crédits aux pays pouvant bénéficier d'un financement mixte BIRD/IDA. Il a été demandé à l'IDA de réduire l'enveloppe affectée aux pays les plus solvables en ramenant le pourcentage des crédits qu'elle alloue aux pays à financement mixte dans une fourchette de 30 à 35% du total, au lieu des quelque 40% de la période d'IDA-9. Les délégués ont recommandé que l'assistance aux pays à financement mixte soit principalement consacrée à des activités axées sur la réduction de la pauvreté ou à celles qui contribuent à la pérennité de l'environnement. Il a également été décidé de maintenir - sous réserve de résultats - les ressources allouées à l'Afrique subsaharienne entre 45% et 50% du total. Certains délégués se sont inquiétés de ce qu'une réduction de la dotation des pays à financement mixte pourrait réduire indûment la part globale du financement allant à l'Asie, continent où est concentré le plus grand nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté absolue de la planète. Les délégués sont convenus de maintenir plus ou moins à égalité les dotations à l'Afrique subsaharienne et à l'Asie au cours d'IDA-10. - Les délégués ont dit tout le prix qu'ils attachaient à la haute qualité et à l'achèvement dans les délais prévus des plans nationaux d'action environnementale que préparent actuellement, avec l'aide de l'IDA, tous les pays emprunteurs. Ils ont aussi invité l'IDA à aider les emprunteurs à améliorer la qualité et élargir le champ des évaluations environnementales. Ces évaluations sont effectuées au début de la conception du projet, de manière à garantir l'examen des diverses options et l'élimination ou l'atténuation de tout impact éventuel défavorable. Les emprunteurs éventuels sont tenus de mettre l'évaluation à la disposition des groupes concernés et des ONG locales et d'organiser de véritables consultations avec ces interlocuteurs. Les délégués ont recommandé que, lorsqu'un emprunteur de l'IDA rend une évaluation publique, les mêmes informations soient immédiatement mises à la disposition du public au siège de la Banque, à Washington, et dans ses bureaux extérieurs dans les pays_membres. Mise en oeuvre de la dixième reconstitution des ressources de l'IDA. Pour les délégués, pendant la période d'IDA-10, l'association devra redoubler d'efforts pour réaliser ses trois principaux objectifs. Quatre instruments essentiels utilisés pour atteindre ces objectifs ont été étudiés: le dialogue de politique générale de l'IDA avec les pays bénéficiaires, le processus d'affectation des fonds par pays et par secteur, l'amélioration de la qualité des opérations de prêts, et la coordination des financements des bailleurs de fonds. L'importance du rôle de l'IDA dans le dialogue de politique générale a été réaffirmée. Ce dialogue porte traditionnellement à la fois sur les politiques macroéconomiques et structurelles, les programmes de dépenses_publiques et les questions institutionnelles. L'expérience des années 80 a fait mieux percevoir qu'une élaboration et une exécution judicieuses des politiques exigeaient aussi une bonne gestion des affaires_publiques. Quatre aspects de la gestion des affaires_publiques ont été jugés essentiels au processus de développement et à une utilisation judicieuse des ressources des bailleurs de fonds - l'obligation de rendre compte, la transparence, le respect de la légalité, et la participation des populations concernées à la conception et à l'exécution des programmes et projets. Les délégués ont dit attendre de l'IDA qu'elle contribue à promouvoir une meilleure gestion des affaires_publiques par son dialogue avec les gouvernements, ses rapports économiques et sectoriels et la conception même de ses opérations. Ils ont demandé que les futurs bilans d'exécution de l'IDA rendent compte de l'avancement des efforts entrepris pour intégrer les questions de "gouvernance" au dialogue de politique générale et aux analyses qui le sous-tendent. La manière dont l'IDA répartit ses ressources entre pays et entre secteurs est un facteur déterminant de la bonne exécution de ses politiques. Les délégués ont réaffirmé: a) que l'IDA devait concentrer ses efforts sur les pays qui ont fait preuve de leur attachement aux trois principaux objectifs qu'elle s'est donnés; b) que l'accès aux ressources de l'IDA devait être fondé sur des évaluations annuelles de performance, les dotations étant liées à la vigueur de l'adhésion des pays aux trois principaux objectifs; et c) que dans les pays peu performants les prêts devraient être limités au minimum nécessaire au maintien du dialogue de politique générale. En ce qui concerne la répartition sectorielle, les délégués ont estimé qu'il fallait continuer de donner la priorité aux opérations contribuant à la réalisation des trois principaux objectifs de l'association. Ils ont également indiqué que la part des prêts à l'ajustement devait rester de l'ordre de 25% et ne pas excéder 30% du montant total des crédits. Ils ont relevé l'impact que les nouveaux demandeurs de ressources pourraient avoir sur ce pourcentage car, dans des pays qui émergent de guerres et troubles civils, les programmes ont toutes chances, dans un premier temps, de comporter une forte proportion d'opérations à décaissement rapide. Mais ils ont estimé que, si une telle augmentation de la demande se concrétisait, le dépassement du plafond devrait être subordonné à l'approbation des administrateurs. *{p. 68} Une certaine inquiétude a été exprimée quant à la qualité du portefeuille de projets de l'IDA, qui accuse une baisse du pourcentage de projets classés satisfaisants, surtout en Afrique subsaharienne. Les délégués se sont donc félicités de la teneur des recommandations présentées par le Groupe d'étude sur la gestion du portefeuille pour améliorer la qualité de la conception et de l'exécution des projets; ils ont ajouté qu'ils jugeaient l'élaboration par la direction de la Banque d'un plan d'exécution détaillé, fondé sur les recommandations du groupe d'étude, essentielle à la réalisation de l'objectif d'amélioration de la performance du portefeuille. Les délégués ont également affirmé qu'il était nécessaire de développer chez les emprunteurs un sentiment de maîtrise des projets, et ils ont demandé à l'association, d'une part, d'encourager les emprunteurs à prendre l'initiative de l'identification des projets et, d'autre part, de faire participer plus pleinement les organismes chargés des projets, compte tenu de leurs capacités. Ils ont souligné l'importance que revêt le fait d'associer les bénéficiaires et les groupes de population intéressés à la conception et à l'exécution des opérations bénéficiant de l'aide de l'IDA. Tout en reconnaissant que la responsabilité de l'exécution du projet incombe à l'emprunteur, les délégués ont approuvé les plans de l'IDA en vue d'améliorer la qualité de la conception des projets, de leur suivi et de leur supervision. La direction de l'IDA a été invitée à étudier, pour les administrateurs, la manière dont les missions résidentes pourraient intervenir davantage dans le suivi de l'exécution des projets et dans l'évaluation des capacités et des faiblesses des organismes d'exécution des emprunteurs. Les délégués se sont particulièrement intéressés au rôle que joue l'IDA dans la coordination des efforts des bailleurs de fonds dans des régions, pays et secteurs donnés. Tout en louant ces divers efforts de coordination de l'IDA, les délégués n'en ont pas moins estimé qu'on pouvait faire encore davantage. C'est ainsi que, pour eux, on pourrait renforcer la coordination avec les organismes d'aide bilatérale; les représentants résidents de l'IDA pourraient faire davantage pour que les bailleurs de fonds soient tenus informés des stratégies et opérations d'assistance de l'association; et on pourrait utiliser plus efficacement les compétences et l'expérience dont dispose le système des nations_unies pour appuyer les programmes par pays de l'IDA, surtout dans les domaines de la valorisation des ressources_humaines et du développement institutionnel. Gestion du portefeuille. Les prêts à l'appui des objectifs de développement prioritaires - qu'ils proviennent de la Banque ou d'autres sources - sont importants. Beaucoup de pays_en_développement auront énormément de mal à parvenir à une croissance soutenue, à faire reculer la pauvreté et à protéger l'environnement s'ils ne bénéficient pas du complément essentiel à l'épargne et à l'investissement intérieurs que constituent les capitaux extérieurs. Cela dit, la qualité et l'efficacité de l'aide extérieure sont aussi cruciales. L'efficacité a toujours été un sujet de préoccupation majeur, et elle revêt bien évidemment une importance accrue dans une période marquée par des contraintes financières. Peu après avoir été élu président de la Banque, en septembre 1991, M: Lewis Preston a décidé qu'il appartenait à la Banque de faire en sorte que ses prêts apportent effectivement aux emprunteurs les avantages prévus lors de leur approbation par les administrateurs. Les audits indépendants du Département de l'évaluation rétrospective des opérations de la Banque avaient en effet indiqué une baisse du taux de réussite des projets de la BIRD et de l'IDA. C'est ce qui avait amené, en février 1992, M: Preston à demander à Willi Wapenhans, ancien vice-président de la Banque qui avait de nombreuses années d'expérience des opérations, de diriger un Groupe d'étude sur la gestion du portefeuille pour examiner la qualité du portefeuille de la banque_mondiale et présenter des recommandations sur ce qu'il faudrait faire pour renverser la tendance à la baisse du pourcentage de réussite des projets constatée au cours de la dernière décennie. A l'issue d'une analyse approfondie des documents existants, de l'examen des meilleures pratiques employées dans le complexe opérationnel de la Banque et de trois séminaires internationaux avec emprunteurs, cofinanciers, et entrepreneurs, le groupe d'étude a publié un rapport exhaustif qui a été communiqué aux administrateurs en octobre. La Banque dispose de deux outils principaux pour évaluer la performance de son portefeuille. Premièrement, elle tient un système de notation des projets pendant toute leur exécution. Sur cette base, le groupe d'étude a conclu que plus de 75% des projets appuyés par la Banque enregistraient des résultats satisfaisants pendant leur exécution. Une moyenne de 20 à 25% de projets en difficulté n'est pas particulièrement élevée pour une institution de développement comme la Banque. Comme le fait observer le rapport du groupe d'étude, un pourcentage plus faible de projets en difficulté pourrait donner à penser que la Banque ne prend pas assez de risques dans ce qui est fondamentalement une entreprise à haut risque. De plus, les notations en cours d'exécution sont conçues comme un signal d'alarme destiné à déclencher des mesures correctives. Des projets passent souvent de l'état de "projets à problèmes" à celui de "projets enregistrant des résultats satisfaisants" à la suite de telles mesures correctives (l'inverse est également vrai quand l'exécution se dégrade). En outre, beaucoup de "projets à problèmes" atteignent une grande partie de leurs objectifs matériels et institutionnels. *{p. 69} La Banque mesure également la performance du portefeuille à l'achèvement des projets, où l'on compare le taux effectif de rentabilité en termes réels (ou son équivalent qualitatif) au taux estimé lors de l'approbation par le conseil (Encadré 3-7). La Banque s'impose des normes élevées à cet égard, exigeant de tous les projets entrant dans le portefeuille un taux de rentabilité minimum de 10% en termes réels (ou son équivalent en termes qualitatifs lorsqu'une quantification n'est pas faisable). Dans le dernier Examen annuel des résultats de l'évaluation rétrospective publié par le Département de l'évaluation rétrospective des opérations (OED), le taux moyen de rentabilité économique des 120 projets achevés durant l'exercice 91, réestimé à leur achèvement, se situait encore à 16%, ce qui est un niveau tout à fait remarquable. Les deux mesures font néanmoins ressortir une baisse de la qualité du portefeuille. La proportion des projets qui se heurtent à des "problèmes majeurs" pendant l'exécution est montée de 11% pendant l'exercice 81 à 18% pendant l'exercice 92 (Encadré 3-8), alors que la proportion des projets jugés satisfaisants par l'OED dans son examen annuel des résultats de l'évaluation rétrospective est tombé de 85% pendant l'exercice 81 à 63% pendant l'exercice 91. La situation de l'économie internationale a beaucoup contribué à la multiplication des projets à problèmes. Les transformations qu'a connues l'économie mondiale dans les années 70 et 80 ont eu une incidence négative sur le contexte dans lequel s'inscrivait l'exécution des projets. Cette incidence est en grande partie imputable à la détérioration des termes de l'échange, à la montée des taux_d'_intérêt et des taux d'inflation un peu partout dans le monde, et à la diminution des apports de capitaux. La volatilité des cours mondiaux du pétrole a également eu un impact négatif sensible. Après coup, il n'est peut-être pas surprenant que, dans un contexte incertain et déstabilisé, tant au plan international que national, les institutions n'aient pas été aussi efficaces que prévu à l'évaluation des projets et que, par conséquent, ceux-ci aient, dans l'ensemble, obtenu de moins bons résultats que prévu. Le groupe d'étude a conclu que certains aspects du mode de fonctionnement de la Banque avaient aussi sans doute contribué aux problèmes de gestion du portefeuille ou n'avaient pas permis de les résoudre plus efficacement. Dans bien des cas, ce qui était en jeu implicitement, c'était la volonté constante de la Banque d'entreprendre de nouvelles opérations de prêt au détriment de la bonne exécution des programmes et projets dont elle assurait déjà le financement. De ce fait, la qualité des projets à leur inscription au portefeuille - la qualité étant définie comme prenant en compte, entre autres, les possibilités d'exécution et les chances que l'engagement à l'échelon local persiste - n'était pas toujours ce qu'elle aurait pu être. Pour le groupe d'étude, il était également capital de faire en sorte que les emprunteurs "assument la paternité" des projets et soient résolus à en assurer la bonne exécution, et il fallait faire une plus large place à l'évaluation des risques que peut courir une opération. Le fait que les clauses des accords de prêt avec les emprunteurs - visant à assurer la bonne exécution des projets - soient trop peu souvent respectées prouvait que cela n'était pas toujours le cas. La conclusion fondamentale du groupe d'étude a été que la Banque devait revoir certaines des valeurs institutionnelles clés qui façonnent sa conception de tous les aspects de ses opérations de prêts. Pour améliorer la situation du portefeuille de la Banque et renforcer les services aux emprunteurs, il fallait tout un ensemble de modifications visant à accorder une attention accrue à l'exécution des projets en cours et à concilier d'une façon appropriée cette exécution et la préparation de nouvelles opérations. Les administrateurs de la Banque ont approuvé les lignes de force de l'analyse, des conclusions et des recommandations du groupe d'étude. Dans leur ensemble, ces conclusions et suggestions offrent à tout ceux qui fournissent des ressources extérieures pour le développement des indications extrêmement utiles sur la meilleure manière de garantir une bonne utilisation de ces ressources. Pour la Banque, il s'agit désormais d'intégrer les recommandations du groupe d'étude aux pratiques et processus qui sont les siens. Plusieurs mesures ont d'ores et déjà été prises. Ces dernières années, les bureaux régionaux avaient pris diverses initiatives pour améliorer les résultats, dont des restructurations de portefeuille, des bilans de la stratégie et de l'exécution par pays, et des augmentations des ressources affectées à la gestion des portefeuilles. C'est ainsi que, pendant l'exercice 92, des bilans de l'exécution par pays ont été effectués pour 20 des 39 gros portefeuilles-pays. Les restructurations des portefeuilles-pays se sont intensifiées dans toutes les régions au cours des deux derniers exercices, surtout dans celles où l'incidence des projets à problèmes était fréquente. Toutes les régions ont redoublé d'efforts pour s'attaquer à certains des problèmes d'exécution les plus courants, notamment aux problèmes de passation_des_marchés et d'audit. *{p. 70} Il faut cependant faire beaucoup plus. Les administrateurs se sont réunis plusieurs fois cette année pour examiner les conclusions et recommandations du rapport et ont approuvé, en juillet 1993, le programme d'action détaillé proposé par la direction de la Banque pour renforcer la gestion du portefeuille au sein de l'institution. Ce programme est destiné à rendre la Banque mieux à même de réaliser son objectif fondamental, qui est de faire reculer la pauvreté dans les pays emprunteurs. *{p. 71} Des instruments destinés à suivre l'exécution du programme d'action sont actuellement mis en oeuvre au niveau des projets, des pays, des régions et de l'institution. Au niveau des projets, la responsabilité de la gestion de la performance incombera aux services-pays et aux divisions. Le système de supervision a commencé à être renforcé grâce à des ressources supplémentaires et à des examens plus systématiques par les directions régionales, notamment des "projets à problèmes". L'OED continuera à tirer et faire connaître les leçons de l'expérience. Au niveau des pays, deux instruments relativement nouveaux doivent jouer un rôle majeur: les examens de la performance des portefeuilles nationaux (Country Portfolio Performance Reviews, ou CPPR) et les discussions de la stratégie d'aide aux pays. Toutes les régions procéderont régulièrement à des CPPR, dont les résultats seront reflétés dans les stratégies d'aide aux pays. Les CPPR consisteront notamment à évaluer si l'emprunteur continue à se considérer comme le propriétaire de son portefeuille et s'il demeure attaché à sa réalisation; à étudier l'avancement des programmes et projets en cours d'exécution, et à identifier des solutions aux problèmes qui se posent; à établir des liens précis entre la stratégie d'aide au pays et la performance à l'exécution; et à mettre au point avec l'emprunteur des programmes d'action corrective précis et dotés d'un calendrier spécifique. *{p. 72} Au niveau régional, dans le cadre des réunions d'information semestrielles du conseil des administrateurs sur les programmes de prêts régionaux, les vice-présidences régionales présenteront l'état d'exécution de leurs portefeuilles, y compris des programmes spécifiques d'action régionale. Au niveau institutionnel, le Rapport annuel sur la performance du portefeuille donnera aux administrateurs des renseignements sur les résultats obtenus et permettra de préparer des plans d'action destinés à corriger les problèmes d'exécution d'ordre générique. Le plan d'action pour le renforcement de la gestion du portefeuille prévoit en outre une restructuration plus active des projets et des portefeuilles dans les cas où les portefeuilles-pays se heurtent à des problèmes d'exécution semblables. Bien que la restructuration soit un processus qui demande du temps (car elle sert à concilier les différences d'appréciation entre les ministères, les collectivités_locales compétentes ou les organismes d'exécution, ainsi que la Banque et ses cofinanciers), un débat interne au pays est indispensable pour arriver à un consensus, et il permet souvent de mettre fin à des divergences de vues qui existaient depuis longtemps et qui nuisaient à l'exécution des projets et à la performance du portefeuille. Le programme d'action suggère également des moyens d'améliorer la qualité des projets au moment où ils sont inscrits au portefeuille; il s'agit en particulier de maintenir et d'accroître l'engagement d'un pays à "faire sien" un projet, et de faire en sorte que la préparation des projets donne lieu à une large participation. Le plan d'action recommande de renforcer le rôle de l'OED en tant qu'instrument de responsabilisation, et de donner davantage d'importance à l'évaluation ex post. L'OED aura en particulier pour mission: - de renforcer son programme de rapports d'impact. Ceux-ci consistent à revoir un projet "après coup", c'est-à-dire cinq à dix ans après que les derniers décaissements du prêt correspondant ont été effectués. Il s'agit de déterminer dans quelle mesure les avantages procurés par le projet continuent de se faire sentir et d'analyser l'impact, direct et indirect, que celui-ci a sur le plan économique et social, ainsi qu'au niveau de l'environnement et des institutions. Cela permet de juger de l'efficacité de l'action de développement de la Banque d'une façon beaucoup plus définitive qu'on ne peut le faire au moment où un projet s'achève et où les services financés commencent juste à devenir opérationnels; - de se concentrer sur les portefeuilles des pays au moment de choisir les opérations à évaluer et de planifier ses programmes_d'_études d'impact; et - de diversifier l'optique de ses études d'impact, qui consisteront à examiner l'aide apportée par la Banque à certains pays; à passer en revue les politiques et prêts sectoriels, en programmant ces évaluations de façon qu'elles puissent servir à mettre au point les nouvelles lignes d'action de la Banque; à évaluer les politiques et méthodes opérationnelles de la Banque; et à étudier rapidement certains sujets particuliers. Le Groupe d'étude sur la gestion du portefeuille avait recommandé que le recrutement soit axé sur les domaines dans lesquels la Banque manque de compétences et que le système de récompenses et d'incitations utilisé par celle-ci soit revu afin de tenir compte de l'importance du travail de gestion du portefeuille. On observe déjà des progrès dans chacun de ces domaines. Ceux dans lesquels la Banque manque de personnel spécialisé ont été identifiés (il s'agit principalement de la passation_des_marchés , du développement du secteur_privé, de l'environnement, du secteur financier, des sciences sociales, de la population et des ressources_humaines, et de la gestion du secteur_public), et le programme de recrutement de l'exercice 94 a été établi en fonction de ces besoins. Un nouveau mode de notation, fondé sur des rapports portant à la fois sur les résultats obtenus, les compétences et les initiatives en matière de développement, a été introduit durant l'année écoulée pour l'évaluation de la prestation des chefs de service. Un processus similaire est en cours d'élaboration pour le personnel opérationnel et doit être mis en place durant l'exercice 94. Dorénavant, les chefs de service porteront leur attention sur le rôle joué par le personnel pour assurer une exécution et un suivi efficaces des projets et apporter une assistance constructive, pour encourager la participation et l'engagement des clients/bénéficiaires et pour réunir les conditions nécessaires pour que le projet ait un impact à long_terme sur le développement et qu'il soit durable. De nouveaux critères de promotion, qui donnent une plus grande place au travail de gestion du portefeuille, entreront également en vigueur durant l'exercice 94. *{p. 73} Encadré 4-1: Modifications des conditions d'application par la BIRD de la clause de nantissement négative. La clause de nantissement négative est une clause type de tous les accords de prêt de la BIRD. Elle a essentiellement pour but de protéger la Banque en interdisant, entre autres, aux emprunteurs de pays_membres d'établir des sûretés sur les avoirs de l'État, qui tendraient à privilégier les prêts en devises d'autres créanciers par rapport à ceux de la Banque. Dans plusieurs pays_membres de la Banque engagés sur la voie de la transition vers l'économie_de_marché, la majorité des avoirs économiquement importants appartiennent encore à l'État. Jusqu'à ce que la privatisation des avoirs existants ait progressé et soit complétée par de nouveaux investissements_privés, les principaux avoirs de ces pays tomberont sous le coup de la clause de nantissement négative imposée par la Banque. Étant donné la situation particulière de ces économies_en_transition, cela rendrait extrêmement difficile, sinon impossible, aux entreprises du secteur_public de nouer les relations financières dont elles ont le plus grand besoin avec des créanciers privés sans avoir soit à demander à la Banque une dérogation à la clause de nantissement négative, soit à lui accorder une sûreté égale et proportionnelle. Pourtant, ces prêts privés sont censés être une source d'aide_financière importante pour le processus de transition, voire essentielle, dans certains cas, pour susciter de rapides améliorations de la productivité, de la production et de l'aptitude du pays à s'assurer des recettes en devises. Pour répondre aux besoins de ces membres, le conseil des administrateurs de la Banque a approuvé en mars 1993 une politique générale aux termes de laquelle les pays en transition pourraient, dans certaines conditions, bénéficier d'une dérogation temporaire à la clause de nantissement négative. L'objectif visé est de faciliter le flux des capitaux privés pour stimuler les recettes d'exportation des économies_en_transition. A ce titre, la modification tendra à forcer la solvabilité à long_terme de ces économies. Pour atteindre le double objectif d'aider ses membres tout en protégeant ses intérêts financiers, la BIRD a subordonné cette politique à un certain nombre de conditions d'admissibilité applicables aussi bien aux membres emprunteurs qu'aux bailleurs de fonds. Pour qu'un pays membre soit déclaré apte à bénéficier de cette dérogation, il faut qu'au moins 75% de ses avoirs générateurs de revenu relèvent du secteur_public. Il faut également qu'ils disposent d'un cadre de politique macroéconomique adéquat et d'un programme d'adaptation structurelle. Sur demande d'un pays membre, le conseil des administrateurs pourrait accorder une dérogation à ce pays pour une période initiale de trois ans; cette dérogation pourrait ensuite être prorogée de deux ans (après examen par le conseil). Elle serait applicable aux sûretés garantissant le remboursement d'une dette extérieure (assortie d'une échéance d'au moins cinq ans) contractée pour financer certains projets d'investissement spécifiques. L'emprunteur doit être une personne_morale à vocation spéciale; ses actifs et ses passifs doivent être limités au projet pour lequel est accordé le prêt garanti par la sûreté. Les établissements qui accordent des prêts à ces personnes_morales à vocation spéciale doivent répondre à certains critères d'admissibilité: ils doivent notamment être de caractère privé et n'avoir pas d'autre recours possible pour l'obtention du remboursement de leur créance. Dans d'autres cas, les prêts d'organismes_publics pourraient être admis à bénéficier de la dérogation. Fin de l'encadré. *{p. 76} Chapitre cinq: Activités de la banque_mondiale, SFI, AMGI et CIRDI. Institut de développement_économique. Durant l'exercice 93, l'objectif stratégique de l'Institut de développement_économique (IDE) est resté le même: mobiliser les connaissances et l'expérience accumulées à la banque_mondiale et ailleurs pour améliorer le processus décisionnel des États membres dans le domaine du développement. L'IDE poursuit cet objectif à travers ses activités de formation, ses programmes de renforcement d'institutions et ses publications. Au cours de l'année écoulée, 152 interventions de formation ont été réalisées (Tableau 5-1). La plupart d'entre elles ont eu lieu en dehors de Washington et en collaboration avec des institutions locales. Les programmes mis en oeuvre dans les républiques de l'ex-union_soviétique, en afrique_du_sud, en Afrique subsaharienne, au Vietnam et dans la région Moyen-orient et Afrique du Nord méritent une mention spéciale. *{p. 99} Pour répondre aux énormes besoins de formation de l'ex-union_soviétique, l'IDE a centré ses activités sur la formation des formateurs dans le domaine de la gestion des entreprises et de la banque, ainsi que sur celle des hauts responsables chargés de la privatisation, de la restructuration des sociétés destinées à être privatisées et de la gestion des banques commerciales. Au total, une quarantaine d'actions de formation ont été menées dans les républiques de l'ex-union_soviétique. Un centre de formation a été créé à l'Université d'État de Moscou en association avec cet établissement; d'autres sont prévus en Ouzbékistan et en Ukraine. Dans le passé, les projets d'investissement de l'ex-union_soviétique faisaient rarement l'objet d'études de faisabilité économique, et n'étaient souvent pas achevés dans les délais et l'enveloppe_budgétaire prescrite. En revanche, le Gouvernement russe a annoncé en 1992 que tous les programmes fédéraux d'investissement seraient organisés conformément aux méthodes et aux techniques établies de gestion des projets. Les besoins en matière de gestion des projets pour les dix prochaines années seront énormes: rien qu'en Russie on estime que plus de 30 000 grands ouvrages et projets de travaux_publics seront mis en chantier et que, d'ici à l'an 2000, le nombre de personnes à qui il faudra dispenser une certaine formation à la gestion des projets dépassera largement 50 000. A la fin de 1992, l'Institut de génie civil de Moscou a sollicité l'aide de l'IDE pour l'élaboration d'un programme qui permettra de développer les moyens de formation dans ce domaine. Grâce en partie à un don de 500 000 dollars du Fonds de développement institutionnel, l'IDE coopère actuellement avec dix formateurs russes à la préparation de matériel didactique et de programmes_d'_études, à l'initiation des instructeurs aux logiciels informatiques et à l'aide à l'enseignement de matières telles que l'analyse économique des projets, la passation_des_marchés et la gestion. En collaboration avec l'Institut de génie civil, l'IDE envisage également d'aider à la création d'un centre de gestion des projets à Moscou, qui se consacrera à la formation et à la recherche en matière de gestion. Pour faciliter la transition de l'afrique_du_sud à l'après-apartheid, l'IDE est engagé dans un programme de formation qui doit préparer les futurs membres de la fonction_publique à mieux s'acquitter de leurs nouvelles attributions. Le programme de formation de l'IDE en afrique_du_sud a deux principaux objectifs. Le premier, qui s'appuie sur l'expertise de la Banque, son expérience et ses avantages_comparatifs, est de contribuer à la conception et à l'établissement de programmes de développement macroéconomique viables et appropriés par le biais de la formation des décideurs de haut niveau. Le deuxième est d'aider à la définition et à la prestation de services urbains adaptés, équitables et efficaces en formant les futurs fonctionnaires des collectivités_locales et le personnel des organisations_non_gouvernementales (ONG). Beaucoup des nouveaux responsables et décideurs ne sont pas familiarisés avec les nouveaux concepts et méthodes touchant l'analyse et la gestion de la politique macroéconomique et de l'action publique. Ils n'ont pas eu non plus l'occasion d'apprendre à partir de l'expérience des autres pays. A travers un programme spécial de cours et de séminaires de brève durée, préparé et mis en oeuvre en étroite coopération avec des groupes d'universités et d'établissements de formation locaux, FIDE espère enrichir leurs connaissances et leur permettre de formuler des politiques et de prendre des décisions efficaces et efficientes à un moment où des choix et arbitrages délicats s'imposent sur le plan politique et économique. *{p. 100} Pour faciliter le processus de privatisation en Tanzanie, la Tanzania Investment Bank et l'IDE ont organisé un séminaire d'un style nouveau à Dar es-salaam en octobre 1992. L'objectif était essentiellement d'accélérer la formulation des programmes de réforme et de privatisation du secteur paraétatique, d'aborder les questions posées par ces programmes et d'encourager la participation des hauts_fonctionnaires et des dirigeants d'entreprise concernés à leur conception et à leur exécution. Les animateurs du séminaire ont entrepris de créer un climat favorable à l'examen des problèmes sur lesquels le processus de privatisation a achoppé dernièrement. Ils se sont tout particulièrement attachés à amener les 160 participants (parmi lesquels se trouvaient des ministres, des secrétaires d'État, des parlementaires et des représentants des secteurs_public et privé) à faire le point des difficultés et à s'atteler à la recherche de solutions appropriées. Le séminaire a été considéré comme un succès, historique même; en effet, pour la première fois depuis dix ans, on a vu de hauts responsables de la fonction_publique et d'autres secteurs de la société se rencontrer pour discuter de questions qui sont d'une importance cruciale pour la Tanzanie. En coopération avec le Gouvernement vietnamien, l'IDE a mis en oeuvre un projet du Programme des nations_unies pour le développement à l'appui des efforts déployés par le pays pour passer d'un régime d'économie dirigée à une économie_de_marché. Le projet avait pour objectifs précis d'améliorer la capacité de gestion économique de l'État en vue de l'application du programme de réforme économique; d'aider le gouvernement à incorporer des éléments d'une économie_de_marché et à mettre au point des instruments pour une gestion efficace de la réforme; d'améliorer la formation dispensée aux membres de la fonction_publique; et de contribuer à la mise en place d'un cadre juridique propice à une économie_de_marché. Ce projet, qui s'est achevé en juin 1993 après une prorogation de six mois, a donné lieu à des visites d'étude, à des stages de courte durée sur place, à des stages de longue durée à l'étranger, à un séminaire sur l'économie du Vietnam pour hauts responsables, et à la préparation, la traduction et la publication de matériels didactiques. Environ 500 fonctionnaires, décideurs et formateurs de haut niveau ont été initiés aux nouveaux concepts et aux récentes expériences en matière d'économie_de_marché. Au cours de l'exercice écoulé, l'IDE a continué d'accorder une importance particulière aux activités qu'il mène dans la région Moyen-orient et Afrique du Nord. Seize initiatives de formation et d'aide institutionnelle ont été menées à bien. Parmi les domaines d'action, citons la gestion du secteur_public, les évaluations environnementales, l'enseignement_supérieur et la gestion des ressources en eau. En collaboration avec l'Université américaine de Beyrouth, un programme de formation axé sur la fonction_publique a été lancé au Liban. Ce programme comprend trois volets: formation directe, développement institutionnel et publication de matériels didactiques. Le programme de renforcement institutionnel de l'IDE est intégré dans la conception et la conduite de ses actions de formation. C'est à travers la préparation et la réalisation d'actions conjointes de formation avec près d'une centaine d'établissements de formation partenaires que l'IDE contribue à la consolidation de ces derniers. En amérique_latine, par exemple, l'IDE participe à trois programmes de renforcement d'institutions qui ont le même objectif: augmenter la capacité des institutions locales à améliorer les conditions_de_vie dans les quartiers pauvres. Au cours de l'exercice 93, une assistance technique et une formation ont été dispensées au profit du Système régional de formation pour le développement urbain et l'amélioration des services municipaux en amérique_latine (SACDEL), programme régional pour le développement des administrations municipales; une aide a été accordée au FICONG (Renforcement institutionnel et formation des ONG en amérique_latine), institution régionale dont la mission est de renforcer les organisations_non_gouvernementales qui travaillent pour les pauvres des zones urbaines et de leur offrir une formation; enfin, une formation à l'entretien des infrastructures urbaines a été donnée à des spécialistes des routes et des transports en collaboration avec le PROVIAL (Programme d'entretien des routes). L'IDE a également pris part, en coopération avec des gouvernements et des ONG, à l'organisation d'ateliers nationaux et régionaux pour améliorer les programmes de développement. Les travaux préparatoires à des actions conjointes dans les domaines de la santé, de la réinstallation de populations et de l'eau ont commencé pendant l'exercice 93. L'IDE apporte également son soutien à des programmes pluriannuels de développement institutionnel entrepris à l'initiative d'ONG, essentiellement pour la lutte contre la pauvreté urbaine en amérique_latine, la planification stratégique en Afrique francophone, la promotion des femmes chefs d'entreprise et la réduction de la pauvreté en Afrique. Ces programmes sont cofinancés pour une large part par les Gouvernements du Japon et des Pays-bas. *{p. 101} L'Institut conjoint de Vienne, qui a pour mission de former des administrateurs d'Europe centrale et orientale ainsi que des républiques de l'ex-union_soviétique, a ouvert ses portes en octobre 1992. Installé dans des locaux mis à sa disposition par le Gouvernement autrichien, l'institut est coparrainé par la Banque des règlements internationaux, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, l'Organisation de coopération et de développement économiques, le fonds_monétaire_international (FMI) et la banque_mondiale. Il sert à faire profiter les administrateurs des pays ciblés du savoir et de l'expérience des organisations participantes. Pendant l'exercice 93, l'IDE a organisé trois séminaires sur les questions liées à la privatisation et à la restructuration des économies_en_transition. L'IDE prépare et publie des matériels didactiques sur l'analyse et la réforme des politiques. Si l'accent est mis sur de courtes études de cas à orientation pratique, l'institut a également publié des collections de documents et de livres de fond. Soixante-cinq nouveaux titres ont paru au cours de l'exercice 93. A la suite des efforts entrepris pour promouvoir et diffuser plus largement ses publications dans les pays_en_développement, 20 000 ouvrages environ ont été envoyés en réponse à 4 000 demandes. Bien que la priorité aille avant tout au programme de formation en Afrique, l'IDE a commencé à s'attaquer au problème de la pénurie de matériel didactique pour le programme en Europe centrale et orientale et dans l'ex-union_soviétique, qui est en pleine expansion. Le catalogue de l'IDE compte actuellement 12 titres en russe, et de nombreux autres ouvrages sont en cours de traduction. Si l'accent continue d'être mis sur les documents imprimés, on a commencé aussi à expérimenter du matériel didactique multimédias et des études de cas sur support informatique. L'année passée a vu le lancement d'un projet visant à mettre toute la collection de PIDE sur CD-ROM. Le Programme de bourses d'études universitaires du troisième cycle de la banque_mondiale, financé par le Gouvernement japonais, a pour vocation d'aider des étudiants qui préparent un diplôme de l'enseignement_supérieur dans une spécialité de sciences sociales liée au développement. En 1993, des bourses ont été accordées à 106 titulaires de diplômes universitaires. De même, dans le cadre du Programme de bourses Mcnamara, dix bourses sont attribuées chaque année à l'appui de recherches particulièrement novatrices dans le domaine du développement_économique. Ces bourses sont destinées à financer des études de troisième cycle sans visée de diplôme et effectuées dans des établissements qui ne sont pas nécessairement des universités. L'IDE a également coopéré avec l'Université Columbia pour mettre au point un nouveau programme de maîtrise en économie et en gestion du développement. Ce programme comprend 12 mois d'études à l'Université Columbia et six mois de stage à la banque_mondiale ou au FMI. Au cours de l'exercice, 25 bourses ont été accordées à la première promotion d'étudiants. Le succès de ces programmes a encouragé l'institut à envisager d'autres initiatives conjointes du même type. Des discussions ont été engagées avec le Fonds pour le renforcement des capacités en Afrique et la Banque africaine de développement au sujet d'un programme destiné à l'Afrique francophone, qui serait administré par le Centre d'études et de recherches sur le développement_international (CERDI) à Clermont-ferrand (France). Un programme pour les pays africains anglophones, dont l'administration serait confiée à l'Université Mcgill (Montréal), est également à l'étude. Activités de recherche. Le programme de recherche de la Banque a pour objet de fournir informations et conseils aux États membres et au personnel opérationnel sur différents processus et politiques de développement applicables à un large éventail de pays. Les thèmes retenus dans ce programme sont également très divers et nombreux sont les services de la Banque qui appuient des travaux de recherche. Dans le cadre d'une réorganisation entreprise à la fin de 1992, la responsabilité des activités de recherche macroéconomique et sectorielle de la Banque a été concentrée au sein de la vice-présidence Économie du développement, et le temps consacré à la recherche par le personnel d'autres services a été réaffecté à des travaux opérationnels. Ainsi, le programme de recherche aura plus de cohésion et les ressources plus limitées en personnel pourront être concentrées sur les thèmes les plus importants. *{p. 102} C'est la direction de la Banque qui fixe les priorités d'action, lesquelles se reflètent dans le choix des projets de recherche. L'accent continue d'être mis sur la pauvreté, la justice et le bien-être_social, encore que les travaux dans les domaines de l'environnement et de la valorisation des ressources_humaines soient en expansion. Compte tenu de la transition économique en cours dans les républiques de l'ex-union_soviétique et les pays d'Europe centrale et orientale, les travaux portant sur la réforme du secteur_public, le développement du secteur_privé et la gestion économique se sont intensifiés. Le soutien à la recherche sur l'intermédiation financière, l'infrastructure et le développement urbain s'est maintenu, alors que les sujets plus "anciens" - ajustement_structurel, dette et commerce - occupent une place moins importante. Réduction de la pauvreté. La réduction de la pauvreté et l'atténuation de ses effets les plus graves sont étudiées sous plusieurs angles. La pauvreté frappe surtout les zones rurales, les ménages dirigés par des femmes et les personnes_âgées et, pour être efficaces, les programmes qui sont mis en oeuvre pour la combattre doivent toucher ces groupes. Une étude des politiques agricoles et de la pauvreté analyse les droits des femmes à la propriété foncière en Afrique. Elle montre les différences entre les effets des politiques selon qu'elles visent à accroître l'efficacité de l'agriculture ou à promouvoir le bien-être_social, du fait des différences de rôle et de statut_social entre hommes et femmes. Il ressort d'une étude sur les programmes de garantie de revenus aux personnes_âgées que les plus réussis d'entre eux font appel à des voies multiples et n'ont pu être menés à bien que dans les pays à revenu intermédiaire et élevé. Parmi les filières utilisées, citons les programmes obligatoires mais concurrentiels d'épargne prélevée sur le revenu, des incitations fiscales à épargner en prévision de la vieillesse, et l'aide aux personnes_âgées sous forme de programmes de redistribution/de revenu minimum modulés en fonction des moyens des intéressés. Des programmes d'intervention nutritionnelle ont été adoptés pour remédier aux effets les plus graves de la famine et de la récession sur les pauvres. Une étude sur les programmes de ce type qui ont été appliqués en Asie met en évidence les stratégies grâce auxquelles on peut améliorer rapidement l'état nutritionnel des plus défavorisés. Les "stratégies de survie", adoptées par les ménages urbains à faible revenu pour faire face aux effets des politiques d'ajustement macroéconomique, font également l'objet d'une étude dans le cadre d'un projet financé par le Fonds des nations_unies pour l'enfance et le Gouvernement néerlandais. Une étude sur les pauvres à Lima (Pérou) analyse les effets à long_terme des ajustements à court_terme (par exemple, l'investissement dans l'éducation et la rentabilité de celle-ci diminuent si les enfants abandonnent leurs études et vont grossir les rangs du marché informel de la main-d'_oeuvre). Valorisation du capital_humain. Une étude de la fécondité en Afrique subsaharienne montre clairement que les taux de fécondité et de mortalité infantile décroissent à mesure que les femmes font des études secondaires, indépendamment de l'existence ou non de programmes de planning familial. Il en ressort également que la scolarisation des femmes, y compris au niveau du primaire, fait augmenter la probabilité d'emploi des moyens contraceptifs dans les 13 pays de l'étude, sans exception. Il semble que ce soit dans les pays dépourvus d'un programme dynamique de planning familial que l'effet sur la contraception soit le plus sensible. Dans nombre de pays_en_développement, l'instruction de base n'est pas propice à l'acquisition d'une solide base de connaissances. Si l'on savait quels investissements dans l'éducation seraient les plus efficaces à cet égard, les gouvernements comme la Banque pourraient mieux allouer des ressources pour optimiser les résultats de l'éducation dans les pays_en_développement. Si l'on prend l'exemple de la Jamaïque, l'objectif visé par un projet mis en oeuvre pour accroître l'efficience et l'efficacité de l'école est de démontrer comment on peut mener une recherche pédagogique qui débouche sur des recommandations d'action immédiates et précises susceptibles d'être appliquées par les responsables des ministères de l'éducation dans les pays_en_développement. Un autre projet doit recueillir des données sur la mobilité professionnelle liée à la transition d'une économie jusque-là dirigée (celle de la Slovénie, en l'occurrence) à une économie_de_marché. Il débouchera sur la formulation de politiques et de programmes dans le domaine du marché_du_travail qui faciliteront la transition à la fois en favorisant le redéploiement efficace de la main-d'_oeuvre et en répartissant équitablement les coûts entre les diverses couches de la population. Une vaste étude sur le rôle du capital_humain dans la croissance_économique de plusieurs pays mettra à jour l'incidence respective, au plan de la croissance, de l'imposition des revenus du travail ou du patrimoine pour procurer des ressources à l'État; elle se concentrera aussi sur les compromis à réaliser entre investissements matériels et investissements dans le capital_humain. *{p. 103} Une étude sur l'impact économique de la mortalité chez les adultes vise à trouver des réponses à deux vastes questions: 1) Quels sont les coûts et les effets économiques pour les ménages et les collectivités des affections et de la mortalité provoquées chez les adultes par le SIDA? 2) Comment les pouvoirs_publics peuvent-ils cibler les programmes_d'_aide aux patients et aux survivants pour maximiser les avantages procurés à ces derniers par un budget public donné? L'environnement et les ressources_naturelles. L'une des principales activités du Département de l'environnement a consisté à mettre au point des méthodes pratiques d'analyse pour aider les pays emprunteurs à planifier et à appliquer leurs stratégies de développement_durable dans un contexte de ressources budgétaires limitées et souvent décroissantes. Dans le programme de recherche de la Banque sur l'économie de l'environnement, actuellement en expansion, figurent l'élaboration de méthodes pour la mesure des coûts et avantages écologiques aussi bien des politiques générales que des projets spécifiques, la définition d'indicateurs écologiques de base et la mise au point de lignes directrices pour la gestion de l'environnement. Le Système-projet de pollution industrielle, en cours de préparation, doit servir à modéliser l'échelle et la toxicité de la pollution aux niveaux national, régional ou local, ou à celui du projet. Cette recherche s'appuie sur les données recueillies dans les pays_en_développement sur les rejets toxiques pour établir des coefficients de pollution correspondant à différentes technologies de production. Ces coefficients peuvent être appliqués aux données de production industrielle des pays_en_développement, qui sont relativement abondantes, pour estimer la toxicité de la pollution provoquée. Des recherches connexes, qui portent sur un progiciel cofinancé par les Pays-bas, l'Organisation mondiale de la santé et l'Organisation panaméricaine de la santé, visent à déterminer les moyens les plus économiques pour abaisser les concentrations globales de polluants. Une autre étude examine la méthode la plus économique de réduction de la pollution dans les pays_en_développement. Les études de cas sur le Mexique et l'Indonésie indiquent qu'en employant des instruments indirects, comme les taxes sur les combustibles "sales", on peut faire diminuer l'emploi de ces substances et, partant, la pollution à un coût relativement bas eu égard à la perte d'efficacité. Le recours à la taxe génère également des recettes pour l'État tout en réduisant les dépenses administratives. D'après les travaux de recherche sur la diminution de la salinité causée par l'irrigation, il est recommandé d'utiliser des variétés et des techniques à faible utilisation d'eau. Une étude internationale des techniques agricoles traite de l'amélioration des sols, des cultures protégées et des rôles du secteur_public et du secteur_privé dans la distribution des semences. Dans son rapport annuel, La banque_mondiale et l'environnement, le Département de l'environnement décrit en détail l'ensemble de ses activités de recherche. Les questions macroéconomiques et la gestion. Le rôle optimal que les pouvoirs_publics devraient jouer dans l'économie est depuis longtemps sujet à controverse. Une vaste étude sur les succès enregistrés par huit économies d'Asie de l'Est se penche sur l'effet des politiques et actions économiques engagées. Elle montre que, de 1960 à 1990, les taux_de_croissance ont été élevés et soutenus, que les fruits de la croissance ont été partagés de manière relativement équitable et que le fait que l'État ait été étroitement lié à l'élaboration des politiques sous-sectorielles a été déterminant dans ces résultats. Ce qui ressort tout aussi clairement, toutefois, c'est que les conditions préalables du succès sont si dures et les risques d'échec si grands que les responsables désireux de suivre la même voie que ces pays d'Asie de l'Est devraient tout d'abord s'attacher à assurer la stabilité macroéconomique et à réunir les ingrédients indispensables, tels que les ressources_humaines. Un certain degré d'interventionnisme au niveau du développement des exportations et du développement industriel pourrait être utile, mais il serait moins prioritaire et devrait être traité avec beaucoup de prudence. Un autre projet de recherche a eu pour thème les effets des politiques budgétaires, monétaires, commerciales, financières et sociales sur la croissance nationale. Cette étude a révélé, entre autres, que l'action des pouvoirs_publics dans les domaines de l'éducation et des infrastructures publiques est importante pour la croissance et l'investissement. Elle a aussi confirmé que ces derniers sont défavorablement influencés par l'inflation, les déficits budgétaires et l'instabilité macroéconomique. Elle a également mis en évidence un lien étonnamment étroit entre l'augmentation durable de la productivité et les investissements dans la catégorie précise des machines. *{p. 104} Infrastructure et développement urbain. Un important projet de recherche, démarré en 1991, a permis d'évaluer l'état du secteur du logement dans plus de 50 pays. Ses conclusions ont servi de base pour la formulation d'une politique du logement dans chacun des pays participants, ainsi que pour la comparaison et l'adoption de politiques comparables dans d'autres pays. Un autre projet relatif à la participation indirecte de l'État à l'économie fait suite à une étude antérieure des obstacles à l'efficacité du secteur manufacturier au Nigeria que constituaient les goulets d'étranglement au niveau des infrastructures. A partir d'études de cas en Indonésie et en Thaïlande, ce nouveau projet examine les moyens d'augmenter la libre participation du secteur_privé aux services d'infrastructure en dehors de la capitale ou des grandes villes. Lors de la cinquième Conférence annuelle sur l'économie du développement organisée par la Banque, quatre thèmes ont été abordés: réévaluation du rôle des pouvoirs_publics dans l'intermédiation financière, réglementation de l'industrie privée, économie de régression et économie de l'énergie et de l'environnement. Outre les Il communications qui ont été présentées, une table ronde a été consacrée au rôle de l'État dans la mise en place et l'entretien de l'infrastructure. L'ensemble complet de ces documents, les interventions dans les débats, le discours d'ouverture ainsi qu'une synthèse de la table ronde seront publiés dans les Actes de la Conférence annuelle de la banque_mondiale sur l'économie du développement de 1993 (Proceedings of the World Bank Annual Conference on Development Economics, 1993). Assistance technique. L'assistance technique est toujours allée de pair avec les opérations de la Banque, et ce lien opérationnel est devenu encore plus crucial avec les vastes réformes entreprises par les pays_en_développement. Toutefois, de nombreux pays emprunteurs, y compris ceux qui sont en transition vers une économie_de_marché, n'ont pas les moyens institutionnels de faire face aux changements d'orientation. C'est pourquoi la Banque est de plus en plus engagée dans la prestation de services d'assistance technique dans des domaines tels que les grandes réformes, le développement institutionnel et le renforcement des capacités en amont des opérations de prêt normales. L'assistance technique au développement institutionnel (l'assistance technique "douce"), qui porte sur l'élaboration des politiques et le renforcement des capacités, occupe actuellement une place prépondérante dans l'assistance technique financée à travers les prêts de la Banque. Ses objectifs sont à la fois techniques et liés à la politique générale. Dans le domaine technique, il peut s'agir de fournir des conseils sur la réforme de l'appareil administratif, de s'attaquer aux grilles des traitements de la fonction_publique ou d'informatiser les directions des impôts ou des douanes. En ce qui concerne la politique générale, il peut s'agir de conseiller les gouvernements sur les options touchant, par exemple, la restructuration de l'économie, l'éducation, l'environnement, la protection industrielle et la privatisation. Ce sont là des domaines dans lesquels il n'existe pas toujours un consensus sur le plan national. Dès lors, la gestion et la mise en oeuvre de l'assistance technique au développement institutionnel sont bien plus problématiques que celles de l'assistance technique qui accompagne les investissements matériels (l'assistance technique "dure"). Les approches adoptées au niveau des projets en matière d'assistance technique doivent être adaptées pour tenir compte de la plus grande complexité de la mission à remplir. La Banque s'active à relever ce défi. Elle augmente l'assistance technique qui va de pair avec ses opérations de prêt et, par ailleurs, elle intensifie l'assistance au développement institutionnel proportionnellement à cette assistance technique. Au cours de la dernière décennie, le volume de l'assistance technique fournie par la Banque en tant que créancier, prestataire ou administrateur a plus que doublé (en dollars courants). Il s'élevait à 2,7 milliards de dollars en 1992. L'augmentation de l'assistance technique au titre des prêts de la Banque a profité dans une grande mesure au développement institutionnel: ce secteur absorbe actuellement les deux tiers environ des fonds alloués à l'assistance technique financée dans le cadre des prêts nouvellement approuvés. Durant l'année civile 1992, l'assistance technique au titre des projets a été de 2,5 milliards de dollars, soit une hausse de 0,5 milliard de dollars par rapport à l'année précédente. Sur ce montant, 1,9 milliard, soit 75% du total, ont servi à financer des composantes de projet et 0,6 milliard ont été consacrés à l'octroi de 32 prêts autonomes d'assistance technique. Bien que presque tous les projets d'investissement comprennent maintenant un volet d'assistance technique pour des interventions d'ordre institutionnel, certaines composantes de projets approuvés l'année dernière méritent une mention spéciale: les grands programmes de privatisation et de constitution de sociétés de la Russie bénéficient de l'assistance technique de la Banque; un programme de formation dans les domaines de la foresterie et de l'environnement adapté aux besoins du secteur_privé est en cours au Gabon; et des actions de formation et des études sont en voie de réalisation dans le cadre du projet de gestion des parcs nationaux au Venezuela. Certains projets comportent une assistance technique à la fois dure et douce. En République démocratique populaire lao, par exemple, l'assistance technique vise la mise en place d'un système informatisé pour la planification de l'électrification rurale et la formation du personnel de l'entreprise_publique d'électricité à la comptabilité et au traitement financier. *{p. 105} Sur les 32 prêts autonomes, six sont destinés à des programmes de privatisation. Cela représente un changement par rapport aux années précédentes où l'accent était mis principalement sur la gestion du secteur_public. En 1992, un effort particulier a été fait pour appliquer les recommandations d'un groupe d'étude chargé d'examiner l'évolution du rôle de la Banque dans le domaine de l'assistance technique et de suggérer des moyens d'en augmenter les effets sur le développement. Les recommandations se rangeaient dans trois grandes catégories: gestion de l'assistance technique à l'intérieur de la Banque, création d'un Fonds de développement institutionnel (FDI) et coordination de l'assistance technique, y compris amélioration des liens entre la Banque et d'autres institutions multilatérales, notamment le Programme des nations_unies pour le développement (PNUD). Afin d'appliquer les recommandations relatives à la gestion de l'assistance technique, chacune des six régions opérationnelles de la Banque a été priée d'élaborer un plan d'action pour améliorer sa propre gestion dans ce domaine. Si l'optique et le détail des plans régionaux varient forcément eu égard aux besoins différents des pays desservis, il n'en existe pas moins des préoccupations communes. C'est ainsi que les six plans visent tous à: - mettre davantage l'accent dans les études économiques et sectorielles consacrées aux pays sur les contraintes institutionnelles, en particulier lorsque celles-ci sont systémiques; - inclure dans les stratégies d'aide aux pays des actions visant à remédier aux problèmes systémiques identifiés dans les études économiques et sectorielles; - s'assurer de l'adhésion des pays à la lutte contre ces contraintes à travers des consultations avec les emprunteurs; - lors de la conception de l'assistance technique au développement institutionnel, veiller: a) à ce que l'on fasse le lien avec les examens stratégiques effectués en amont dans le cadre des études économiques et sectorielles, tout en s'assurant que les pays emprunteurs s'identifient et adhèrent à ces stratégies, b) à ce que l'on fasse davantage participer les emprunteurs et les bénéficiaires à l'élaboration et à l'exécution des projets, et c) à ce que l'on puisse suivre les résultats obtenus en liant les objectifs de développement aux intrants requis; et - incorporer dans les documents du projet l'échéancier prévu pour les principales phases. En outre, un Manuel d'assistance technique a été publié. Il comprend 32 rubriques présentées sous forme modulaire, pour que le lecteur puisse rapidement les consulter s'il veut s'informer de la politique et de l'expérience de la Banque dans un domaine particulier de l'assistance technique. Ce manuel a été largement diffusé à l'intérieur et à l'extérieur de la Banque. Dans ses "Directives pour l'emploi de consultants", la Banque insiste sur le rôle des consultants des pays emprunteurs dans les projets qu'elle finance et encourage les emprunteurs à les employer seuls ou en association avec des bureaux d'études étrangers. Les consultants locaux ont été handicapés dans une certaine mesure par une insuffisance de connaissances en commercialisation. La Banque s'efforce à présent de remédier à cette contrainte en organisant, en collaboration avec des professionnels locaux, des stages de formation appropriés. Elle a également donné des instructions à son personnel afin qu'il veille à ce que les consultants engagés par les emprunteurs aient les connaissances linguistiques nécessaires. Cette condition est particulièrement importante pour les projets concernant le secteur social, où la participation du public est essentielle. Une version révisée du manuel intitulé "Handbook on Consulting Services" sera publiée prochainement à l'intention du personnel de la Banque et - pour la première fois - du personnel de l'emprunteur sur les moyens d'assurer une meilleure sélection et une meilleure supervision des assistants techniques. En outre, la Banque commence à appliquer un programme d'information aux entreprises dans les pays emprunteurs afin de promouvoir les services de consultants locaux. Le FDI, pourvu d'une dotation de 25 millions de dollars, a commencé à fonctionner le ler juillet 1992. Il accorde des dons de 500 000 dollars au maximum par activité pour le financement du développement institutionnel et du renforcement des capacités en amont. Tous les emprunteurs de la Banque peuvent solliciter des dons du FDI. Pendant la première année, 57 dons ont été octroyés à 46 pays pour un montant total de 16,3 millions de dollars, soit une moyenne de 286 000 dollars par don. *{p. 106} Il n'est pas possible d'obtenir des dons pour la préparation des projets ou pour des activités, prévues ou en cours, qui sont appuyées par la Banque. Un comité composé de représentants de différents services de la Banque est chargé d'instruire les demandes; il accorde une attention spéciale aux demandes qui sont originales ou qui visent à mettre à profit une circonstance particulière. Par exemple, des dons ont été accordés pour financer la création de mécanismes de coordination de l'aide dans des républiques d'Asie centrale de l'ex-union_soviétique, l'introduction de la taxe à la valeur_ajoutée dans trois pays et le soutien institutionnel à l'organisme de protection de l'environnement du Nicaragua. En tant qu'important prestataire d'assistance technique, la Banque agit en liaison et entretient d'étroites relations_de_travail avec le PNUD, le Comité d'aide au développement de l'OCDE et de nombreuses institutions spécialisées des nations_unies. Les relations avec le PNUD sont revues de temps à autre par un groupe spécial qui est présidé conjointement par l'administrateur associé du PNUD et, pour la Banque, par le vice-président, Développement des ressources_humaines et politique opérationnelle. Afin de tirer les enseignements de leur expérience, les deux institutions ont entrepris, grâce à un financement du PNUD, des études empiriques destinées à évaluer les résultats enregistrés dans six pays - Bolivie, Ghana, Maroc, République centrafricaine, Sri Lanka et Tanzanie -en ce qui concerne l'utilisation des fonds pour le renforcement des capacités institutionnelles. Durant l'année civile 1992, la Banque a servi d'agent d'exécution pour 175 projets financés par le PNUD, d'une valeur totale de 348 millions de dollars, qui ont donné lieu à des décaissements d'un montant total de 74 millions de dollars, soit une baisse de 16% par rapport à l'année précédente. Ce recul est dû à la diminution des ressources du PNUD et à la tendance à confier désormais l'exécution des projets d'assistance technique à des établissements nationaux. *{p. 107} Coopération entre organisations. Coopération avec la Commission des communautés européennes (CCE) et avec l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). La Banque a activement coopéré avec la Commission des communautés européennes au cours de l'exercice. L'une des manifestations marquantes de cette collaboration a été la rencontre entre le président de la Banque et le président et quatre membres de la CCE en octobre 1992, à Bruxelles. Les présidents des deux institutions se sont concentrés sur les moyens d'intensifier leur coopération et sur le rôle que jouent celles-ci pour faciliter le processus de transition en cours dans les républiques de l'ex-union_soviétique. Des contacts opérationnels réguliers ont été maintenus entre la CCE et les bureaux régionaux; d'étroites relations_de_travail ont déjà été établies en Afrique, au Moyen-orient et en Afrique du Nord, ainsi qu'en Europe centrale et orientale. En ce qui concerne l'ex-union_soviétique, le dialogue entre la Banque et la CCE est entré dans une nouvelle phase: la visite d'une équipe de la commission à Washington, en février 1993, pour une première série de discussions approfondies sur des questions sectorielles, a marqué le début d'échanges réguliers intensifiés sur les plans et les programmes des deux institutions. Une nouvelle commission a été nommée en janvier 1993, et le commissaire pour la coopération au développement s'est rendu peu après à Washington pour informer les responsables de la Banque de la situation de son portefeuille. La liaison entre la Banque et la CCE est assurée par un fonctionnaire en poste au bureau de la Banque à Paris. Il est ainsi possible de suivre les tendances et les événements au sein de la commission qui sont importants pour la Banque, de promouvoir la coopération dans des domaines où elle est encore peu développée et de permettre à la Banque d'être présente à la commission. La Banque poursuit activement son dialogue avec l'OCDE et son Comité d'aide au développement (CAD) sur les orientations et pratiques qui présentent un intérêt mutuel pour les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux. La Banque et le CAD procèdent régulièrement à des échanges d'informations, notamment en ce qui concerne les flux d'aide, la dette et les transferts financiers. Les questions relatives à l'efficacité de l'aide, la participation_populaire et la conduite des affaires_publiques, les dépenses militaires et les migrations figurent depuis quelque temps au premier plan du dialogue entre la Banque et le CAD. Un représentant de la Banque en poste à Paris est chargé de suivre les questions qui sont évoquées au sein du CAD, auprès duquel la Banque jouit du statut d'observateur. *{p. 110} Un manuel récemment publié par le CAD, DAC Principles for Effective Aid, est le couronnement d'années de travail sur des sujets tels que l'évaluation des projets, l'assistance technique, les méthodes de passation_des_marchés , l'aide liée, les prêts à l'appui de réformes, les évaluations environnementales et le rôle des femmes dans le développement. Les services de la Banque ont contribué activement à élaborer ces règles sur les "pratiques optimales". L'efficacité de l'aide restera le thème central du dialogue entre les deux institutions. *{p. 111} Encadré 3-1: Parfaire les stratégies d'aide aux pays pour la lutte contre la pauvreté. La première évaluation de la pauvreté effectuée en Indonésie a conclu que la pauvreté est en recul dans ce pays et qu'à mesure qu'elle devient plus localisée, les avantages pouvant être tirés de mesures ciblées augmentent. Pour la mise à jour de cette évaluation, on continue d'étudier les questions du ciblage et de la tarification des prix des biens collectifs. Premièrement, cette mise à jour montre comment, en ciblant les ressources consacrées au développement au niveau des régions, avec l'aide de profils régionaux de la pauvreté, on peut faire reculer la pauvreté. Deuxièmement, elle évalue l'incidence des subventions publiques à l'éducation, à la santé et aux produits pétroliers, ainsi que les possibilités de réorienter les dépenses_publiques en faveur des pauvres. Troisièmement, elle analyse la façon dont les prix ont influé sur la répartition des avantages tirés des services_publics d'éducation et de santé, et examine comment on pourrait davantage favoriser les pauvres en opérant une discrimination par les prix. Quatrièmement, elle a largement recours aux séries de données recueillies par le gouvernement au niveau des ménages et étudie comment la base de données sur la pauvreté pourrait être améliorée afin de rendre le ciblage plus précis et efficace. La stratégie d'aide à l'Indonésie suivie par la Banque vise à réduire les distorsions commerciales et internes qui subsistent et s'attache à promouvoir la croissance et à élargir l'accès aux services de base dans les îles périphériques. La version actualisée de l'évaluation concernant les Philippines conclut que les politiques tendant à assurer une croissance fondée sur de larges bases - notamment les politiques de stabilité macroéconomique, de prix compétitifs au plan international, de taux_de_change du marché et de réforme des dépenses_publiques - ont contribué à faire reculer la pauvreté. Il ressort de cette évaluation que des mesures complémentaires devraient être prises, telles qu'une réforme des impôts, une restructuration des emplois publics et une réforme des prix et des institutions du secteur énergétique. Elle recommande en outre la mise en place de projets ciblés dans les domaines de la nutrition, de la santé maternelle et infantile, et de l'environnement urbain, afin d'assurer un approvisionnement en eau salubre et d'améliorer la santé des pauvres en milieu urbain. Fin de l'encadré. *{p. 43} Encadré 3-2: Engagements tenus et engagements nouveaux. En mars 1990, M: Barber Conable, septième président de la banque_mondiale, avait promis que la Banque doublerait son volume de prêts à l'éducation au cours des trois années suivantes et le porterait ainsi à plus de 1,5 milliard de dollars par an. Durant les exercices 91 à 93, ces prêts se sont chiffrés à 2,3, 1,9 et 2,0 milliard de dollars, respectivement, soit à un peu plus de 2 milliards de dollars en moyenne par an. M: Conable s'était également engagé à ce que la Banque triple le total de ses prêts à l'enseignement primaire durant cette même période (exercices 91-93). Il avait déclaré que ces prêts représenteraient entre 30 et 40% du total des prêts à l'éducation. Les investissements consacrés par la Banque à l'enseignement primaire ont atteint 1,114 millions de dollars (49% du total) durant l'exercice 91, 792 millions (42% du total) au cours de l'exercice 92 et 1,011 millions (50% du total) pendant l'exercice 93. Le président de la Banque avait aussi prévu que les prêts en faveur des soins_de_santé primaires, qui étaient de l'ordre de 3% du total des prêts de la Banque, pourraient être portés à 5% environ sur une période de trois à quatre ans. Durant l'exercice 91, la Banque a alloué 1,221 millions de dollars aux soins_de_santé primaires (5,4% de son volume total de prêts). Après avoir sensiblement diminué durant l'exercice 92 (745 millions de dollars, 3,4% du total), le volume de ces prêts a de nouveau augmenté au cours de l'exercice 93 (1,325 millions, 5,6% du total). Deux autres engagements pris par M: Conable s'étaient concrétisés durant les exercices antérieurs à l'exercice 93: il s'agissait de porter les prêts en faveur de la population, de la santé et de la nutrition à 800 millions de dollars en moyenne durant les exercices 90-92, et l'effort consacré par la Banque à des projets portant exclusivement sur l'environnement à près de 1,3 milliard de dollars. En juillet 1992, M: Lewis Preston, successeur de M: Conable à la présidence de la banque_mondiale, a évoqué, dans une lettre adressée à 1 400 parlementaires de 26 pays, l'appui que l'institution entendait apporter à l'avenir aux secteurs de la population, de la santé et de la nutrition. Il a indiqué que la Banque prévoyait d'accroître encore substantiellement ses prêts dans ces domaines durant les exercices 93-95 par rapport aux trois exercices précédents - tant en volume qu'en pourcentage du total des prêts de la BIRD et de l'IDA. Il a en outre laissé entendre que les prêts et crédits de la BIRD et de l'IDA en faveur des soins_de_santé primaires dépasseraient 5% du total durant cette même période. Quant aux engagements futurs dans le secteur de l'éducation, M: Preston a fait savoir qu'ils augmenteraient également durant les exercices 93-95 par rapport aux trois exercices antérieurs, et que l'aide en faveur de l'enseignement de base dépasserait le niveau de 42% atteint durant l'exercice 92. Fin de l'encadré. *{p. 49} Encadré 3-3: Investir dans la santé. A tous les niveaux de revenu, les pays ont réalisé d'énormes progrès dans le domaine de la santé. Bien que le risque que court un enfant de pays_en_développement de mourir avant l'âge de cinq ans demeure dans un rapport de un sur dix, ce qui est encore inacceptable, c'est quand même là un niveau inférieur de plus de moitié à ce qu'il était en 1960. Le recul de la pauvreté a permis aux ménages de dépenser davantage pour leur consommation alimentaire, pour leur approvisionnement en eau salubre et pour leur logement, conditions d'une bonne santé. L'élévation constante des niveaux d'instruction fait que les gens sont mieux à même d'appliquer les progrès de la science à l'amélioration de leur propre santé ainsi que de celle de leur famille. Les systèmes de santé ont répondu à la demande de populations plus soucieuses de leur santé par la mise en place d'une gamme élargie de services capables de réaliser des interventions d'une efficacité toujours plus grande. Et pourtant, les pays_en_développement, et en particulier leurs pauvres, continuent à supporter un lourd fardeau de maladies que l'on pourrait souvent prévenir ou guérir par des moyens peu coûteux. Si, dans les pays_en_développement, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans tombait au niveau qui est celui des pays à revenu élevé, il mourrait 11 millions de moins d'enfants par an. Par ailleurs, de plus en plus de pays_en_développement commencent à être confrontés aux problèmes d'augmentation du coût de la santé que connaissent maintenant les pays_industrialisés. Le Rapport sur le développement dans le monde 1993 préconise, à l'intention des gouvernements, une stratégie à trois angles d'attaque pour améliorer la santé des populations dans les pays_en_développement. Tout d'abord, il s'agit pour les gouvernements de mettre en place un environnement économique de nature à donner aux ménages la possibilité d'améliorer eux-mêmes leur santé. Une politique de croissance (assortie, au besoin, de mesures d'ajustement économique) qui assure aux pauvres des gains de revenu est essentielle. Un investissement éducatif accru, particulièrement pour les filles, l'est aussi. Il s'agit ensuite de réorienter les dépenses_publiques de santé. Une trop grande partie de ces dépenses va aux soins spécialisés dispensés dans des établissements de soins tertiaires sans que l'état de santé du pays y gagne beaucoup pour l'argent dépensé. Une trop petite partie va à des opérations peu coûteuses, mais fort efficaces, qui profitent le plus aux pauvres. En réorientant environ 40% des dépenses_publiques de santé actuelles, on pourrait financer des programmes de santé publique et des services cliniques essentiels qui permettraient de réduire de plus de 20% la charge de morbidité dans les pays_en_développement, ce qui équivaudrait à maintenir en vie plus de 9 millions de nouveau-nés. Enfin, il faut que le secteur_privé joue un plus grand rôle dans le domaine de la santé. Le financement de services peu coûteux et d'un bon rapport coût-efficacité par l'État laisserait la couverture de toute une série de services cliniques à la charge des particuliers ou de l'assurance sociale. La réglementation des marchés de l'assurance privée peut renforcer ceux-ci en les incitant à rechercher un large taux de couverture et à maîtriser leurs coûts. Même quand il s'agit de services cliniques financés par l'État, on peut encourager la concurrence et l'intervention du secteur_privé dans l'offre de services. Fin de l'encadré. *{p. 52} Encadré 3-4: Le rôle de la Banque dans trois domaines: électricité, rendement énergétique et économies d'énergie. Une évolution est en cours dans la façon dont la banque_mondiale conduit ses activités dans le secteur de l'énergie, selon deux documents d'orientation approuvés dans l'ensemble par les administrateurs et publiés durant l'exercice 93. Dans ses activités de prêt futures, la Banque redoublera d'efforts pour atteindre les objectifs institutionnels fondamentaux concernant la fourniture d'électricité par le secteur_public. Ces objectifs consistent notamment à mettre en place une réglementation plus transparente et à exposer davantage le secteur de l'électricité à l'investissement_privé et à de nouvelles politiques financières. Cela permettra, par ailleurs, d'établir des modes de production et de consommation de l'énergie plus efficaces et de faire en sorte que la planification sectorielle et les décisions d'investissement tiennent compte de l'environnement. L'électricité. La Banque et ses emprunteurs ne peuvent pas continuer de mener leurs activités de prêt "comme si de rien n'était", alors que les performances des compagnies d'électricité se dégradent dans la plupart des pays_en_développement, a indiqué l'un des deux documents d'orientation précités. Malgré le dialogue existant entre la Banque et ses emprunteurs, les résultats obtenus dans l'ensemble par les compagnies d'électricité sur le plan technique, institutionnel et financier se sont détériorés dans la plupart des pays_en_développement. Les prêts futurs de la Banque en faveur de projets d'électricité encourageront les emprunteurs à restructurer ce secteur en exigeant la mise en place d'une "réglementation transparente" des fournisseurs d'électricité. Ainsi, ces derniers ne seraient plus soumis à l'intervention des pouvoirs_publics dans la conduite de leurs affaires courantes. Ce nouveau cadre réglementaire pourrait entraîner une amélioration des politiques du secteur de l'électricité dans les domaines économique et financier ainsi que sur le plan de l'environnement et des services. Les pays les moins avancés recevront de la Banque un appui financier visant à améliorer leur rendement énergétique grâce à l'importation de services dans le domaine de l'électricité (consultants, contrats d'exploitation et matériel). La Banque s'efforcera d'encourager l'investissement_privé dans ce secteur en finançant des programmes d'un type nouveau destinés à attirer les investisseurs privés. Elle appuiera en outre une approche commerciale et la transformation des entreprises_publiques d'électricité en sociétés commerciales. Le document a par ailleurs indiqué que les prêts de la Banque au secteur de l'électricité seront surtout destinés aux pays qui s'engagent explicitement à améliorer les performances dans ce domaine, conformément aux nouveaux principes. Dans le passé, les prêts de la Banque dans ce secteur, qui se chiffraient au total cumulé de 45,5 milliards de dollars à la fin de l'exercice 93, ont soutenu bon nombre d'entreprises nationales monopolistiques d'électricité, car cela permettait aux pays de se doter des infrastructures de base dont ils avaient besoin pour la production. Ces dernières années, toutefois, la Banque a essayé d'encourager les emprunteurs à accroître l'efficacité et la viabilité financière de leur secteur de l'électricité. Rendement énergétique et économies d'énergie. Grâce aux réformes des mesures tarifaires et institutionnelles, la Banque sera mieux à même d'aider les pays_en_développement à améliorer leur rendement énergétique et leurs économies d'énergie. Toutefois, elle sera plus sélective quant aux destinataires de ses prêts. Elle cessera de soutenir les projets énergétiques dans les cas où des entreprises_publiques peu performantes et leurs gouvernements ne veulent pas entreprendre les réformes_structurelles fondamentales qui permettraient d'améliorer sensiblement la façon dont ils conduisent leurs affaires. Pour bénéficier de nouveaux engagements de la part de la Banque, les gouvernements devront donner la preuve qu'ils mettent en place des incitations structurelles de nature à favoriser une production et une consommation d'énergie plus efficaces. La Banque contribuera également à améliorer la façon dont les consommateurs utilisent l'énergie et aidera à définir, à appuyer et à promouvoir la gestion de la demande. Les pays_en_développement seront en outre encouragés à adopter des techniques à meilleur rendement énergétique et moins polluantes. Beaucoup de pays ont entrepris d'évaluer les performances de leur secteur énergétique compte tenu de l'augmentation rapide de la demande dans ce domaine, de l'insuffisance des fonds disponibles à cet égard et des pressions qui s'exercent sur le plan de l'environnement. Ils sont également incités à se pencher sur cette question du fait du nombre croissant de plaintes émanant des consommateurs et de l'optique nouvelle dans laquelle sont conçus les rôles respectifs du secteur_public et du secteur_privé dans le domaine de l'énergie. Quelques pays ont fait des progrès sur le plan du rendement énergétique - notamment la Chine, la République de Corée et la Malaisie - mais beaucoup n'obtiennent à cet égard que les deux tiers ou la moitié des résultats qu'ils pourraient escompter. Quelques changements simples pourraient leur permettre d'économiser entre 20 et 25% de l'énergie qu'ils produisent. Moyennant des investissements dans de nouveaux équipements, d'autres pays pourraient réaliser des économies allant jusqu'à 30 ou 60%. Selon le document d'orientation, cette insuffisance du rendement énergétique est à mettre au compte de politiques de tarification génératrices de distorsions, d'un contrôle et d'une réglementation inappropriés des entreprises de production et de distribution d'énergie et de la protection des industries consommatrices d'énergie face à la concurrence. Le document a également relevé d'autres facteurs -juridiques, institutionnels ou touchant l'information - qui font obstacle à un fonctionnement efficace du marché. Fin de l'encadré. *{p. 56-57} Encadré 3-5: La gestion des ressources en eau. Durant l'année écoulée, la Banque a consacré à la gestion des ressources en eau un document d'orientation qui a par la suite été approuvé par les administrateurs. Il y est question des aspects relatifs aussi bien à la protection des eaux qu'à la qualité de l'eau - les aspects "vert" et "brun" de la gestion des ressources en eau - et des leçons à tirer de l'expérience passée de la Banque. Ce document recommande l'adoption, pour la gestion des ressources en eau, d'un cadre analytique global qui soit adapté aux besoins, ressources et capacités des pays et qui traite l'eau comme un bien économique; des structures de gestion et d'approvisionnement décentralisées; des réformes des systèmes institutionnels et réglementaires; un recours accru aux mesures d'incitation à des fins d'efficacité et de discipline financière; et une plus grande participation des parties prenantes dans le but d'influer sur la formulation des politiques, les choix possibles concernant la conception et les investissements, et les décisions de gestion affectant leurs communautés. Cette approche s'inscrit dans la ligne de la "Déclaration de Dublin" (Conférence internationale sur l'eau et l'environnement de 1992) et d'Action 21 (Conférence des nations_unies sur l'environnement et le développement). L'application de cette nouvelle politique de l'eau devrait présenter plusieurs avantages: la lutte contre la pollution industrielle et la protection des nappes phréatiques des effluents industriels seront améliorées; l'approvisionnement en eau ainsi que la collecte, le traitement et l'évacuation des eaux usées seront assurés de façon plus efficace, et l'accès à ces services sera accru (l'objectif étant, à ternie, d'assurer une couverture généralisée); les pratiques d'irrigation seront modernisées, et l'on prêtera davantage attention au recouvrement des coûts, au drainage, au contrôle de la salinité, et aux investissements consacrés à de petits réseaux d'irrigation; enfin, des améliorations seront apportées à l'environnement et la pauvreté sera réduite du fait que la conception et l'exécution des projets d'hydraulique s'attacheront de façon plus rigoureuse à limiter les réinstallations de population, à renforcer la diversité biologique et à protéger les écosystèmes. L'objectif de la Banque est de faire reculer la pauvreté en aidant les pays à promouvoir un développement équitable, efficace et durable. Il s'agit notamment de soutenir la fourniture d'eau potable et de structures d'assainissement, de moyens de défense contre les inondations et de ressources en eau pour des activités productives d'une manière qui soit économiquement viable, respectueuse de l'environnement et socialement équitable. La nouvelle approche est conçue afin d'aider les pays à atteindre ces objectifs dans de meilleures conditions tout en ménageant l'hydrosphère. La Banque accordera la priorité aux pays qui manquent d'eau ou qui connaissent de graves problèmes de distribution, d'efficacité des services ou d'environnement. Beaucoup de pays où les ressources en eau renouvelables sont limitées se situent au Moyen-orient, en Afrique du Nord, en Asie centrale ou en Afrique subsaharienne, régions où l'accroissement de la population est le plus rapide. Ailleurs, le manque d'eau est peut-être moins problématique à l'échelon national, mais il n'en pose pas moins de sérieux problèmes dans certains bassins versants, comme dans le nord de la Chine, l'ouest et le sud de l'Inde, l'ouest de l'Amérique du Sud et une bonne partie du Mexique et du Pakistan. Pour certains pays comme ceux d'Europe centrale et orientale, la pollution est le principal problème affectant les ressources en eau. Dans ces pays, la Banque s'emploiera, par ses analyses économiques et sectorielles, ses prêts et sa participation à des initiatives internationales, à promouvoir des réformes, une restructuration institutionnelle et un renforcement des capacités, de même que la protection et la régénération de l'environnement et, lorsqu'on lui en fera la demande, la coopération dans la gestion des cours d'eau internationaux. Étant donné les liens cruciaux existant entre l'eau et les autres secteurs, elle incorporera les questions de politique et de gestion des ressources en eau dans son dialogue avec les pays ainsi que dans la formulation des stratégies d'aide aux pays où les problèmes d'eau sont jugés importants. Pour aider à mettre en oeuvre cette politique de gestion des ressources en eau, la Banque entreprend toute une série d'activités consistant notamment à établir des directives et des documents sur les "meilleures" pratiques actuelles en la matière, à mettre en oeuvre des programmes de formation pour son personnel et celui des pays concernés, à renforcer les capacités et à mettre au point des mécanismes de coordination pour le secteur des ressources en eau. En collaboration avec le Programme des nations_unies pour le développement, un guide sur le renforcement des capacités est proposé aux pays désireux de formuler des stratégies dans ce secteur. Fin de l'encadré. *{p. 58} Encadré 3-6: La réforme du secteur financier en Indonésie. Le secteur financier indonésien s'est transformé de manière spectaculaire en un système compétitif, obéissant aux lois du marché, depuis le lancement des réformes financières en 1983. Ces réformes ont été introduites par étapes et parallèlement à des réformes profondes du secteur réel. C'est pourquoi, malgré le contrecoup de chocs externes tout aussi graves que ceux qu'ont subis beaucoup d'autres pays_en_développement, le gouvernement a bien mieux réussi que la plupart à contenir les pressions inflationnistes, à empêcher la fuite des capitaux et à mobiliser les ressources financières. Les réformes de 1983 ont libéré les taux_d'_intérêt des banques commerciales d'État et visaient à rationaliser le programme de crédit administré bonifié. La déréglementation a donné de bons résultats, mais la réforme du programme de crédit administré a connu un succès limité. A la fin de 1988, le gouvernement a introduit tout un ensemble de mesures destinées à renforcer encore l'efficience du secteur financier (en encourageant le jeu de la concurrence) et à augmenter les disponibilités de crédit à long_terme (en encourageant le développement de marchés financiers). Entre autres choses, l'entrée sur le marché de nouvelles banques privées a été autorisée, les banques indonésiennes ont reçu l'autorisation d'ouvrir des succursales dans tout le pays, et des banques étrangères ont été autorisées à ouvrir des bureaux dans sept grandes villes. Les réformes de 1988 ont fortement contribué à la diversification de la structure financière du pays. Toutefois, du fait du programme de crédit administré bonifié du gouvernement (qui était l'une des cibles des réformes de 1983), le marché des capitaux est demeuré fragmenté, comme en témoignent les fortes disparités existant entre emprunteurs quant à l'accès au crédit et quant à son coût. C'est pourquoi le gouvernement a engagé en 1990 d'ambitieuses réformes qui ont ramené le nombre agréé des programmes de crédit administré de 37 à 4; dans le même temps, le taux_d'_intérêt des quatre programmes restants a été rapproché des taux du marché. A l'issue de dix années de réforme du secteur financier, la plupart des dispositions nécessaires à l'instauration d'une structure financière robuste et équilibrée sont désormais en place: les taux_d'_intérêt ont été déréglementés, les plafonds de crédit abolis, les barrières à l'entrée sur le marché abaissées, le crédit administré bonifié radicalement réduit et des mesures prises en vue du développement de marchés financiers. Ces initiatives de réforme, alliées à la liberté des mouvements de capitaux et au refus des pouvoirs_publics de financer par l'épargne intérieure des déficits budgétaires, ont fait du secteur financier indonésien l'un des plus déréglementés et des plus conformes aux lois du marché de tous les pays_en_développement. Tout en produisant des effets favorables substantiels, les initiatives de déréglementation sont aussi à l'origine de la concentration du crédit (et, par conséquent, de la propriété du secteur réel) aux mains de quelques grands groupes industriels, et elles ont créé de nouveaux problèmes (par exemple, dans les domaines de la réglementation prudentielle, de la supervision et de la sanction; de la mise en place et de l'application d'un cadre juridique d'ensemble; et de la légalisation de conditions qui avaient jusque-là permis aux banques commerciales d'État de bénéficier d'une application différenciée de la réglementation bancaire et d'avoir accès de manière disproportionnée à des financements bon marché et captifs). Face à ces nouveaux défis, le gouvernement pousse la réforme plus loin en mettant à jour la législation qui régit les institutions_financières, en annonçant de nouvelles règles prudentielles, en introduisant des mesures destinées à renforcer l'appareil de supervision du secteur bancaire et boursier, en diversifiant les sources de crédit et en modifiant le comportement des banques commerciales d'État (notamment en les transformant en sociétés à responsabilité limitée). C'est à cette dernière entreprise de réforme que la banque_mondiale apporte son soutien avec un prêt de 307 millions de dollars. Fin de l'encadré. *{p. 63} Encadré 3-7: Mesurer l'efficacité de l'oeuvre de développement de la Banque. Toutes les opérations entreprises par la Banque font l'objet d'une évaluation une fois les prêts entièrement décaissés, Ces évaluations renforcent la responsabilisation et la transparence de la Banque aux plans interne et externe, fournissent une information systématique, objective et aisément accessible sur le développement des projets, et permettent de tirer les leçons de l'expérience. Leurs conclusions et recommandations sont communiquées aux administrateurs et sont utilisées pour la conception et la mise en oeuvre des nouvelles politiques et opérations de prêt de la Banque. Chaque opération, une fois achevée, est évaluée par les services responsables de son exécution. Un échantillon représentatif d'opérations achevées fait l'objet d'une évaluation indépendante de la part du Département de l'évaluation rétrospective des opérations (OED). Pour juger de l'efficacité de ces opérations sur le plan du développement, FOED examine leurs aspects techniques, financiers, économiques, sociaux et environnementaux et leur donne une note pour ce qui est des résultats obtenus et de leur viabilité à long_terme. Ce processus d'évaluation repose sur les mêmes critères et principes qui servent à juger les opérations dont le financement est proposé. Les opérations achevées sont analysées sous trois angles: - Leur bien-fondé par rapport aux politiques poursuivies. Les évaluateurs déterminent si les objectifs poursuivis étaient clairs et conformes aux stratégies d'aide, sectorielle et autre, établies d'un commun accord entre l'emprunteur et la Banque, et si les opérations ont été conçues d'une manière conforme aux objectifs de la Banque en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté, la protection de l'environnement, la valorisation des ressources_humaines et le développement du secteur_privé. - Leur efficacité, ou l'incidence qu'elles peuvent avoir. Les évaluateurs examinent les résultats obtenus par rapport aux objectifs fixés, qu'ils aient trait aux aspects matériels, financiers ou institutionnels, ou aux politiques. - Leur efficience. Cet aspect de l'évaluation porte sur les coûts, les délais d'exécution, et les objectifs économiques et financiers. Si possible, on réévalue également le taux de rentabilité économique. Les résultats obtenus sont en outre évalués sur la base de trois critères: résultats d'ensemble ("satisfaisants" ou "non satisfaisants"), durabilité (dans quelle mesure une opération pourra continuer de produire des avantages acceptables tout au long de sa durée de vie économique), et développement institutionnel (quel effet l'opération a eu sur le contexte dans lequel sont exécutés les projets et programmes de développement). L'action de la Banque, de l'emprunteur et de l'organisme d'exécution est également évaluée. La performance de la Banque est évaluée aux divers stades du cycle du projet - identification, préparation, évaluation et supervision. Celle de l'emprunteur est évaluée sous l'angle du cadre de politique générale mis en place pour le projet, du niveau d'engagement manifesté par le gouvernement et les principales institutions ayant participé au projet, tant pour sa préparation que pour son exécution, de la disponibilité et de la fiabilité du financement des coûts de l'opération en monnaie nationale, et des procédures administratives employées (notamment de la qualité du processus de décision et du degré d'intervention). L'évaluation de la performance des organismes d'exécution porte notamment sur la qualité de leur direction et du personnel ayant pris part au projet; le recours à l'assistance technique et son efficacité, notamment le rôle joué par la formation, les conseillers et les services contractuels; l'adéquation des systèmes de suivi et d'évaluation rétrospective; et l'étendue et la qualité de la participation des bénéficiaires éventuels de l'opération, notamment la part qu'ils ont prise à ses résultats. Sont en outre pris en compte dans le processus d'évaluation des facteurs externes tels que l'évolution des prix et de la situation sur le marché mondial; les catastrophes naturelles; les troubles civils et les conflits armés; et les actions de certains partenaires, à savoir ceux qui ont pris part au projet tout en restant indépendants sur le plan des décisions (par exemple, les cofinanciers, les organisations_non_gouvernementales, les entreprises contractantes ou les fournisseurs). Fin de l'encadré.