*{Banque des Règlements Internationaux, 65e Rapport Annuel, Bâle, 1995, pp.3-9, 226-233.} *{ pagination originale du document: p. 3} 1. Données fondamentales et marchés des capitaux: nouvelle perception du risque. Les marchés mondiaux des capitaux ont subi de brusques ajustements en 1994 et durant les premiers mois de 1995. La hausse marquée des taux d'intérêt à long terme au début de 1994, particulièrement frappante, a touché de manière semblable les économies industrialisées pourtant à des stades différents du cycle. Survenant après une longue période de baisse accompagnée de gains de portefeuille faciles, elle a amené de nombreux investisseurs à réexaminer les hypothèses sous-tendant leur stratégie globale. La perception du risque s'est affinée, modifiant les préférences en matière de liquidité et de monnaies au profit d'actifs paraissant moins exposés. Les fluctuations de cours qui en ont résulté n'ont fait que renforcer la nécessité de mieux percevoir les données fondamentales dans l'évaluation des risques. Pour déstabilisateurs que soient dans l'immédiat des changements si soudains, cette nouvelle attitude peut avoir un effet salutaire à plus longue échéance, dans la mesure où elle conduira les investisseurs à se montrer plus circonspects et les emprunteurs à suivre de meilleures politiques, conditions indispensables au maintien de la stabilité des marchés. De nombreux autres développements doivent être salués comme bénéfiques en soi, en premier lieu la poursuite et l'extension géographique de la croissance dans les principaux pays industriels. De fait, l'augmentation de la production en Europe continentale a notablement dépassé le rythme prévu en début d'année. En outre, bien que les pays les plus avancés dans le cycle voient logiquement apparaître des pressions conjoncturelles, il n'y a pas eu de retour en force de l'inflation. Même là où la monnaie s'est nettement dévalorisée dans les années récentes (Italie, Royaume-uni, Suède et Canada), l'incidence sur les prix internes a été étonnamment discrète jusqu'à présent. En bref, il semblerait que nous soyons toujours sur la trajectoire menant à une plus grande stabilité des prix dans le long terme, amorcée par le recentrage des politiques à la fin des années 70. Si l'avènement d'une période d'inflation relativement basse n'est pas sans soulever certaines questions délicates, notamment ce que l'on entend par niveau "suffisamment" bas, il est difficilement contestable que les progrès accomplis dans ce domaine doivent être préservés. Les résultats enregistrés en 1994 hors du monde industriel apportent aussi plusieurs motifs de satisfaction. Bien qu'ayant parfois subi le contrecoup des turbulences financières internationales, de nombreuses économies d'Asie du Sud-est et d'Amérique latine ont encore connu une croissance rapide. La production a augmenté dans divers pays d'Europe orientale également, après des années de recul. D'importants flux de capitaux internationaux, certes un peu réduits par rapport à 1993, se sont de nouveau dirigés vers maints pays en développement, principalement sous forme d'investissement direct. *{ pagination originale du document: p. 4} Cela traduit la conviction que les perspectives à long terme demeurent généralement favorables lorsque la politique s'appuie sur les mécanismes de marché. Souligner les aspects positifs de l'évolution économique dans le monde en 1994 n'empêche pas de relever par ailleurs plusieurs sujets de préoccupation. Le présent Rapport annuel leur accorde une attention particulière. Parmi les problèmes de politique économique qui se sont posés, certains ont revêtu un caractère essentiellement conjoncturel et ont soulevé les difficultés habituelles. D'autres, en revanche, ont des racines beaucoup plus profondes: accumulation de dette dans plusieurs pays, chômage élevé en Europe, ainsi que déséquilibres encore prononcés et inflation persistante dans de nombreux pays en développement. D'autres, enfin, pourraient être définis comme atypiques ou propres à 1994, notamment le changement brutal d'attitude des opérateurs de marché à l'égard des risques encourus. L'évolution récente permet de penser que la plupart des pays industriels et maintes économies en développement sont bien engagés sur la voie d'une croissance durable et de l'élévation du niveau de vie, même si le chemin s'est avéré plus cahoteux qu'on ne l'aurait prévu il y a un an ou deux. Certes, le système financier mondial a démontré sa grande capacité de résistance face à la succession et à la diversité des chocs qui ont marqué l'année écoulée, ce qui est encourageant; néanmoins, participants et autorités devront demeurer vigilants pour préserver cette stabilité systémique. Politique monétaire et pressions inflationnistes. Il apparaît que les pressions conjoncturelles sur les prix s'amplifient dans certains pays industriels. La longue baisse du taux d'inflation pour l'ensemble du Groupe des Dix s'est interrompue au milieu de 1994 et les prix à la consommation se sont alors légèrement orientés à la hausse. Le retournement est encore plus sensible pour les cours des produits de base et les coûts et prix à la production. Cette évolution n'est pas vraiment surprenante. L'inflation s'est ralentie dans de nombreux pays, ces dernières années, dans un contexte d'excédent de capacités; elle a eu tendance à se stabiliser plus récemment à mesure que cet excédent se résorbait, au moins dans quelques cas. Nonobstant ce qui a pu être dit, les études économétriques ne font guère apparaître de modifications significatives dans les relations structurelles qui conditionnent généralement l'inflation. Cette conclusion peut paraître rassurante aux autorités, à la recherche d'indicateurs économiques fiables pour guider leurs choix de politique monétaire à venir; elle l'est moins si l'on considère que cette stabilité résulte peut-être de plusieurs influences contradictoires, dont rien ne dit qu'elles s'équilibreront aussi facilement par la suite. D'une part, la concurrence internationale, l'accroissement plus rapide de la productivité et les améliorations notables des circuits de distribution dans quelques pays ont pu aider à freiner l'inflation en 1994. D'autre part, il est possible que les pressions inflationnistes aient été avivées par l'augmentation du chômage structurel dans certaines économies. *{ pagination originale du document: p. 5} L'une des questions qui se posent en Europe continentale est de savoir dans quelle mesure le chômage supplémentaire lié à la conjoncture finit par revêtir un caractère permanent. La situation se complique encore pour l'Italie, le Royaume-uni, la Suède et le Canada, dont les monnaies se sont beaucoup dépréciées récemment; de ce fait, le secteur des biens exportés s'est rapidement développé et quelques branches ont peut-être déjà atteint la limite de leurs capacités. Il convient, enfin, de mentionner le problème de l'ajustement structurel découlant de l'innovation technologique et de la mondialisation du commerce. Ce processus continu détruit une partie du stock de capital tout en contribuant par ailleurs au renforcement des ressources productives. Il n'est guère aisé d'en évaluer les effets nets sur le potentiel de production et sur les pressions inflationnistes. Face à de telles difficultés, les autorités ont continué de chercher en 1994 d'autres cadres de référence et indicateurs pour guider la politique monétaire et convaincre les agents économiques de leur engagement à long terme envers la stabilité des prix. Cette dernière considération - être crédible et le rester -est importante, car elle peut réduire les anticipations d'inflation et, par conséquent, les pertes de production découlant normalement de la lutte contre l'inflation. En Allemagne comme en Suisse, les autorités ont réaffirmé, en 1994, leur attachement traditionnel à une politique définie en fonction de la croissance d'un agrégat monétaire. Malgré les problèmes notables que l'Allemagne a rencontrés avec M3 en cours d'année, ce cadre a bien servi ces deux pays sur une longue période. Dans de nombreuses autres économies, on accorde une place de plus en plus grande à l'annonce d'objectifs quantitatifs de hausse des prix sous forme de norme ou de fourchette. Il est évidemment trop tôt pour déterminer avec certitude si cette nouvelle méthode viendra combler une lacune et renforcer sensiblement la crédibilité des autorités, mais l'heure de vérité semble approcher à grands pas à mesure que les pressions cycliques sur les prix se font plus vives. Ce dont personne n'a jamais douté, c'est que la crédibilité repose davantage sur des actes que sur des intentions. Conscientes de cela, et résolues à ne pas répéter les erreurs passées, les autorités des États-unis et du Royaume-uni ont durci leur politique monétaire en 1994, bien avant que les mesures objectives ne signalent une montée de l'inflation. Cette action, à la fois inhabituelle et opportune, augmente les chances d'une croissance soutenue dans ces deux pays. En Allemagne, la décision d'interrompre la réduction des taux courts durant l'été de 1994, alors que la reprise ne faisait que commencer, s'est trouvée validée a posteriori par la progression de la production et du taux d'utilisation des capacités, accompagnée de pressions salariales. Lorsque la Bundesbank a de nouveau abaissé ses taux courts au printemps de 1995, elle a réagi avant tout à l'atténuation des tensions inflationnistes due au ralentissement de l'expansion monétaire et au vif raffermissement du deutsche mark. Au japon, la détente d'avril 1995 n'a été décidée qu'en relation avec une nouvelle appréciation, substantielle, du yen en termes effectifs. Les efforts déployés, avec plus ou moins de succès, pour préserver le lien de plusieurs monnaies européennes avec le deutsche mark ont clairement démontré la détermination des autorités monétaires à lutter contre l'inflation. *{ pagination originale du document: p. 6} Volatilité des marchés des capitaux et problèmes hérités du passé. Le resserrement progressif de la politique monétaire américaine à partir de février 1994 a contribué au ralentissement de l'activité économique aux États-unis au début de 1995, ce qui, ces derniers temps, a quelque peu atténué les craintes d'une poussée d'inflation. Son action immédiate sur les anticipations est cependant incertaine. La première étape du durcissement a, en effet, donné lieu à une forte tension des rendements obligataires - tout comme, en général, les phases suivantes jusqu'en fin d'année. En outre, la hausse des taux longs américains a été pratiquement égalée, voire dépassée, dans les autres pays industriels, même les moins avancés dans le cycle. Enfin, en Europe, la volatilité des taux d'intérêt s'est accentuée de manière vive et persistante. Dans l'ensemble, l'année a été difficile pour les détenteurs d'obligations, certains ayant subi des pertes retentissantes sur des positions hautement spéculatives. Rétrospectivement, cette évolution des rendements obligataires semble maintenant bien moins préoccupante qu'au printemps de 1994. La montée initiale paraît constituer en partie une correction des excès spéculatifs de la fin de 1993, qui, dans de nombreux pays, avaient abaissé les rendements réels (ex post) bien au-dessous des moyennes enregistrées depuis le début des années 80. Elle pourrait aussi être attribuable, cependant, à l'anticipation d'une accélération de la croissance en 1994, qui s'est effectivement produite. Étant donné que, en fin d'année, les rendements réels ne se situaient pas au-dessus des niveaux normalement observés durant les phases antérieures de reprise, c'est plutôt l'absence de hausse significative qui aurait été surprenante. L'évolution récente indique aussi que les marchés des capitaux ont retrouvé leur aptitude à juger les pays de manière différenciée en fonction de leurs données fondamentales propres. Une comparaison des taux d'intérêt à l'échelle internationale montre que les hausses ont été particulièrement prononcées dans les pays dont les résultats en matière d'inflation étaient relativement médiocres - les tendances longues jouant d'ailleurs un plus grand rôle à cet égard que le passé récent. Les investisseurs ont également semblé faire preuve d'aversion pour les déficits publics élevés, surtout lorsqu'il est apparu que les incertitudes liées à la situation politique intérieure pouvaient entraver les efforts d'assainissement. Pour des pays comme l'Italie, la Suède, le Canada et l'Australie, où ces facteurs se sont combinés, les différentiels d'intérêt en ont été parfois fortement affectés, faisant craindre une spirale de renchérissement du service de la dette et de tension supplémentaire des taux au cas où les problèmes structurels ne seraient pas traités de façon adéquate. L'élévation vive et persistante de la volatilité des taux d'intérêt, particulièrement en Europe, a semblé démentir l'espoir qu'une faible inflation puisse accroître, à terme, la stabilité des marchés. Toutefois, des observations préliminaires font penser que ce sont les pays à long passé d'inflation et de du solde extérieur et d'autres facteurs. *{ pagination originale du document: p. 8} Au Mexique, la déréglementation bancaire et d'importantes entrées de fonds se sont conjuguées pour entraîner une expansion très rapide des crédits bancaires, qui a laissé s'installer une réduction de l'épargne intérieure. Il en est résulté une hausse significative du cours de change réel et un déficit insoutenable des paiements courants. Même si cette crise peut s'expliquer par la faiblesse de certaines données fondamentales, sa manifestation brutale est néanmoins préoccupante. Une série de chocs politiques a servi de détonateur, rendant finalement impossible la reconduction par les autorités mexicaines de la dette à court terme liée au dollar et détenue par les non-résidents. Cette soudaineté fait ressortir les dangers inhérents à une forte appréciation du cours de change réel résultant de flux de capitaux prompts à s'inverser. Enfin, les difficultés ultérieures du système financier mexicain soulignent à quel point il importe que les économies émergentes se dotent de structures saines dans les domaines bancaire, réglementaire ainsi que prudentiel et combien il est souhaitable de vérifier régulièrement la capacité des systèmes financiers à faire face à des variations amples et inattendues des paramètres macroéconomiques. Instruments de marché et infrastructure financière. Le système financier mondial a été malmené à plusieurs reprises au cours des quelque douze derniers mois. Aux chocs précédemment mentionnés, il faut ajouter la défaillance de Baring Brothers et l'annonce de lourdes pertes subies sur instruments dérivés en 1994 par un certain nombre d'intermédiaires financiers et leur clientèle. Il convient cependant de noter que, dans son ensemble, le système a continué de fonctionner sans interruption. Même si, selon les circonstances, diverses marges se sont élargies ou contractées en fonction des risques, les mouvements de fonds se sont, en général, régulièrement poursuivis entre prêteurs finals et emprunteurs, le système bancaire international conservant une importante fonction d'intermédiation. Il faut se réjouir de cette stabilité; elle résulte en partie des grands efforts accomplis ces dernières années pour améliorer les procédures de gestion des risques à la fois par les institutions financières et par les autorités de tutelle, tant nationales qu'internationales. En ce qui concerne l'amélioration de la gestion des risques à l'échelle des entreprises, la divulgation des pertes importantes enregistrées par quelques-unes n'aura pas manqué d'exercer une influence très salutaire sur les autres. La décision des autorités britanniques de ne pas venir en aide à Baring Brothers devrait aller dans le même sens. En effet, on a noté durant l'année que les investisseurs délaissaient les instruments dérivés complexes au profit de produits plus simples. Cette attitude plus circonspecte s'est aussi traduite par une préférence pour les actifs de court terme et pour les institutions financières les mieux dotées en fonds propres. Plusieurs rapports publiés en 1994 ont également souligné le rôle utile de la discipline de marché pour réguler l'utilisation des produits dérivés et ont fait observer que le marché ne pouvait jouer son rôle que si la stratégie générale des institutions en matière de risques devenait plus transparente. À terme, cette discipline pourrait venir opportunément compléter les pratiques prudentielles plus classiques, qui ont elles-mêmes progressivement évolué. *{ pagination originale du document: p. 9} Ainsi, en avril 1995, le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire a annoncé des propositions visant à étendre l'accord de 1988 sur les fonds propres aux risques de marché. Il a publié, en outre, une note analysant les questions soulevées par l'utilisation, aux fins du calcul des exigences de fonds propres pour risques de marché, des modèles d'évaluation du risque mis au point par les établissements pour leurs besoins internes. Dans le cadre de ces initiatives, le Comité de Bâle et les responsables de la surveillance des institutions financières qui opèrent à l'échelle internationale ont cherché à approfondir leur compréhension mutuelle et leur coopération. Au niveau de la gestion du risque systémique, de nombreuses mesures ont été prises l'an passé pour renforcer la fiabilité des systèmes de compensation et de règlement nationaux et internationaux face à l'expansion continue de l'activité sur les marchés des capitaux. La globalisation de ces marchés a rendu plus importante la coopération entre banques centrales dans l'exercice des responsabilités qui leur incombent. Le Comité sur les systèmes de paiement et de règlement des banques centrales du Groupe des Dix a publié, en mars 1995, un rapport analysant les règlements transfrontières d'opérations sur titres et examine actuellement diverses dispositions destinées à réduire les risques dans ce domaine. Il va sans dire que, malgré les efforts récents et des résultats dans l'ensemble positifs, beaucoup reste à faire pour adapter l'infrastructure financière à un environnement international de plus en plus déréglementé. *{ pagination originale du document: p. 226} Conclusion. Si des doutes subsistaient encore au sujet de la portée et de l'influence omniprésente des marchés internationaux des capitaux, les événements de l'année écoulée devraient les avoir dissipés. Les amples fluctuations des cours des obligations et des changes dans les pays industriels, la crise mexicaine et les pertes retentissantes de certains opérateurs ont eu des répercussions sur les marchés financiers du monde entier. Deux éléments sont à la base de ces développements: l'importance accrue que les marchés ont attachée aux tendances fondamentales et, par voie de conséquence, la nécessité de différencier les emprunteurs en fonction de ces considérations à plus long terme. Tout cela ne peut être que positif, à condition, bien sûr, que les jugements des marchés soient eux-mêmes corrects. Malheureusement, si c'est généralement le cas, les événements récents ont démontré que ce ne l'est pas nécessairement. Les taux d'intérêt à long terme ont augmenté en 1994, en partie parce que le marché avait correctement prévu que l'activité économique allait continuer à se renforcer dans les pays industriels. Plus récemment, ils sont retombés lorsque les indicateurs économiques ont commencé à fléchir. De même, les cours de change ont varié, au moins en partie par suite de l'accumulation de créances et de dettes extérieures par le japon et les États-unis respectivement. Si le Mexique s'est finalement trouvé aux prises avec des difficultés, c'est à cause d'un endettement extérieur croissant accompagné d'une perte de compétitivité internationale. Enfin, le marché a appliqué, par prudence, des primes de risque plus élevées aux emprunteurs privés et souverains paraissant bénéficier d'une moins bonne cote de crédit. Cependant, l'examen de la période sous revue montre également que les marchés réagissent parfois trop lentement aux données fondamentales et qu'ils peuvent ensuite procéder à des corrections brutales, avec les dangers que cela comporte. La vive ascension des rendements obligataires en 1994 s'est produite après une année où les taux réels ex post étaient tombés à des niveaux exceptionnellement bas, surtout en Europe. De même, la rapidité et la soudaineté des variations du cours bilatéral du dollar EU vis-à-vis du yen et du deutsche mark durant les premiers mois de 1995 s'expliquent difficilement. S'agissant du Mexique, longtemps les marchés n'ont guère tenu compte de la détérioration des statistiques extérieures, avant d'amorcer brusquement un retrait qui a eu des retombées non seulement pour ce pays, mais aussi pour de nombreuses économies en développement. Le fait qu'il ait fallu plusieurs semaines pour que les autres places recouvrent leur calme et que le peso et les cours des titres mexicains remontent quelque peu par rapport à leurs niveaux les plus bas prouve encore que les marchés des capitaux peuvent mettre du temps à converger vers les valeurs appropriées. *{ pagination originale du document: p. 227} Quoi que l'on pense du pouvoir qu'exercent les marchés des capitaux, il n'est pas prêt de s'affaiblir. Tout indique, au contraire, que l'influence des marchés continuera de grandir, les progrès de la technologie permettant à un nombre croissant d'intervenants d'accéder sans cesse à de nouvelles places financières et d'opérer sur des instruments de plus en plus diversifiés. Il sera égaiement malaisé de réglementer ces marchés, étant donné la facilité avec laquelle il est possible de passer d'une juridiction à une autre, sans compter qu'une réglementation plus rigoureuse pourrait, comme on le redoute généralement, s'avérer plus coûteuse que bénéfique. Concrètement, le véritable défi qui se pose aux responsables de la politique économique est d'utiliser toute l'influence dont ils disposent pour raffermir au maximum le pouvoir de discipline du marché tout en réduisant au minimum ses excès. Divers enseignements doivent être retenus à cet égard concernant la conduite de la politique macroéconomique, la maîtrise du risque systémique dans un environnement de marchés mondialisés et le renforcement de la coopération financière internationale. Conduite de la politique macroéconomique. Les événements récents montrent que les marchés finissent toujours par réagir aux données économiques fondamentales affectant le risque et la rentabilité, mais qu'ils peuvent le faire de manière brutale et douloureuse. Mieux vaudrait que les responsables de la politique économique déterminent eux-mêmes les ajustements qui leur paraissent inévitables et en prennent l'initiative de façon préventive. Si l'accent mis récemment par les autorités sur les objectifs à moyen terme - réduction de l'inflation et maîtrise des déficits publics - a été bien accueilli, le marché ressent clairement, toutefois, la nécessité d'une action encore plus efficace et plus opportune. Il importe, en particulier, qu'elles accordent une plus grande attention aux divers déséquilibres qui s'accumulent, les plus sensibles étant ceux des finances publiques et du service de la dette qui s'y rattache. En présence d'un endettement élevé, les paiements d'intérêts peuvent être considérablement alourdis par un relèvement de taux, remettant en cause la crédibilité de l'autorité monétaire, aussi stricte soit-elle. À terme, les craintes d'une monétisation de la dette pourraient conduire à l'apparition d'une spirale enchaînant de plus en plus rapidement augmentation des primes de risque, renchérissement du service de la dette, nouvelle majoration des primes de risque et alourdissement des contraintes, allant jusqu'à peser sur des catégories de dépenses budgétaires pourtant indispensables. À l'évidence, il serait préférable de s'attaquer au problème de l'accumulation de dettes avant d'en arriver à de telles extrémités. De même que l'action de politiques monétaires saines peut être entravée par des déficits budgétaires excessifs, les effets stabilisateurs de positions budgétaires équilibrées peuvent être compromis, eux aussi, par une épargne privée insuffisante. L'expérience du Mexique prouve que, même s'ils prennent naissance dans le secteur privé, les déficits des paiements courants peuvent engendrer de graves problèmes; ce risque sera d'autant plus grand qu'ils seront associés à une consommation relativement élevée par rapport à l'investissement. *{ pagination originale du document: p. 228} Cette crise montre également comment la déréglementation du système financier interne, conjuguée à un renforcement de la confiance, au niveau national et international, dû à l'incidence positive des réformes, peut contribuer à un tel résultat en stimulant les entrées de capitaux et en provoquant une vive expansion du crédit à la consommation. À l'inverse du Mexique et de plusieurs autres pays d'Amérique latine, le Chili et la plupart des économies émergentes d'Asie du Sud-est n'ont pas été confrontés à des problèmes de cet ordre, tout au moins ces dernières années; ils le doivent essentiellement au fait qu'ils ont maintenu, grâce à leur propension naturelle ou à des mesures d'incitation, un taux d'épargne intérieure correspondant plus ou moins à leur haut niveau d'investissement. Les mouvements du cours de change bilatéral entre les États-unis et le japon pendant les seize derniers mois semblent également refléter leur accumulation respective de dettes et de créances extérieures. La raison fondamentale de ces variations ne réside pas tant dans la situation du budget de l'État, même si le déficit des finances publiques américaines demeure trop lourd, mais plutôt dans le fait que le taux global d'épargne est très élevé (selon les normes des pays industriels) au japon et très bas aux États-unis. Dans le premier cas, il semblerait impératif de poursuivre une déréglementation qui stimulerait la dépense, en particulier dans le logement et certaines infrastructures, ce qui aurait une incidence positive durable. Dans le second, de nouvelles mesures de rigueur budgétaire apparaîtraient nécessaires, ainsi qu'un réexamen des autres volets de la politique économique affectant l'épargne privée. Une réorientation de la politique interne aiderait à éviter des pressions de marché destinées à résorber les déséquilibres par le seul jeu de modifications brutales du cours de change. La persistance d'amples déficits budgétaires, conjuguée à une accumulation d'endettement, a également pesé sur la monnaie de certains pays européens, à l'exception notable de l'Allemagne, où l'adoption de mesures de correction substantielles a probablement contribué à la vigueur du deutsche mark. Les événements récents fournissent, en outre, des enseignements dans le domaine de la transparence et de la crédibilité des politiques monétaires. Pour que le marché puisse réellement juger de la solidité de l'action des autorités, sans effets de surprise ni réactions brutales, il doit disposer d'informations adéquates non seulement sur les développements en cours, mais aussi sur les buts ultimes, les variables intermédiaires et les instruments de la politique suivie. Associée à une structure de décision donnant à l'autorité monétaire le pouvoir de poursuivre les objectifs annoncés, une telle transparence peut apporter beaucoup à la cause de la stabilité et de la crédibilité. Cette transparence permettra également au marché de mieux évaluer le cours des événements et améliorera, en retour, la qualité des données qu'il fournit (comme le taux d'inflation attendu incorporé dans les rendements obligataires), ce qui peut être utile à l'élaboration de la politique. Dans beaucoup de pays industriels et dans un nombre croissant d'économies émergentes, les autorités monétaires s'efforcent de mieux faire connaître l'orientation de leur politique, précisant les raisons des modifications des taux d'intérêt officiels et l'usage qu'elles font des autres instruments. Plus il y aura de pays à s'engager dans cette voie, plus leur exemple en persuadera d'autres de les suivre. Ce serait, là encore, une évolution dont on ne pourrait que se réjouir. *{ pagination originale du document: p. 229} Il est bien évident que de telles initiatives ne sauraient se substituer à la crédibilité que confèrent une orientation budgétaire appropriée et une tradition bien établie de bons résultats dans la lutte contre l'inflation. Lorsque les taux des obligations se sont tendus en 1994 en prévision d'une accélération mondiale de la reprise, les évolutions des écarts de rendement entre pays ont bien montré l'importance que le marché attache à ces facteurs. Les pays industriels qui ont enregistré les plus fortes hausses présentaient tous de médiocres antécédents dans ces deux domaines. En outre, nombre d'entre eux étaient confrontés à des incertitudes politiques, rendant peut-être les changements de cap requis difficiles à opérer. Les économies émergentes qui ne peuvent se prévaloir que d'un passé très récent de politiques de libéralisation et de stabilisation sont aussi extrêmement vulnérables à cet égard. Les marchés peuvent être tentés, en effet, de ne leur accorder qu'une faible marge de manouvre pour les prochaines années, ce dont leurs responsables feraient bien de tenir compte pour la conduite de la politique économique. Les événements récents soulèvent également un certain nombre de questions concernant la gestion des mouvements de change. Le rythme et l'ampleur des fluctuations des cours bilatéraux entre le dollar EU, le yen et le deutsche mark, en particulier, ont suscité des appels à des ajustements coordonnés des taux d'intérêt pour aider à stabiliser les marchés. Il convient de ne pas surestimer l'apport possible de telles politiques, si l'on en juge par le peu d'effets qu'ont eus apparemment les modifications des écarts des taux courts, dans un sens pourtant toujours plus favorable au dollar EU, en 1993 et 1994. D'une manière plus fondamentale, aller dans cette voie ne devrait pas se faire au détriment d'un objectif clair de stabilité des prix intérieurs. Évidemment, dans la mesure où ceux-ci sont fortement affectés par le cours de change, ce dernier devrait être l'un des paramètres de référence des responsables de la politique économique au moment de décider s'il y a lieu de modifier les taux d'intérêt pour assurer cette stabilité. Prendre en compte le rôle du cours de change dans un dispositif monétaire interne pourrait contribuer, en outre, à renforcer l'efficacité des interventions officielles sur les changes. Il est à présent largement reconnu que celles-ci n'opèrent pas seulement à travers des modifications de l'offre relative d'actifs libellés en différentes monnaies. Leur efficacité dépend encore plus du signal qu'elles envoient aux marchés, en montrant que les autorités sont prêtes à prendre des mesures additionnelles pour corriger la valeur de leur monnaie. Admettre cette fonction de signal revient à dire que le comportement des responsables des autres instruments de la politique économique affecte également l'efficacité des interventions et que celles-ci peuvent donner de meilleurs résultats si elles sont pratiquées avec retenue, dans le cadre de politiques macroéconomiques clairement conçues. *{ pagination originale du document: p. 230} Les tensions sur les changes ne se sont certes pas limitées aux relations entre les principales devises, et celles qui se sont fait sentir à plusieurs reprises au sein du mécanisme de change européen ont entraîné des réactions diverses. Certains pays ont accepté une dépréciation de leur monnaie, alors que d'autres ont résisté avec succès en dosant de manière judicieuse interventions et modifications des taux à court terme. Dans le second cas, le temps devrait jouer en faveur de la stabilité si les politiques macroéconomiques vont dans le bon sens; défendre avec persévérance et efficacité la valeur d'une monnaie devrait asseoir la crédibilité et dissuader la spéculation. Toutefois, le temps peut aussi creuser les écarts dans les structures de coûts des pays reliés par un système de parités fixes. La stabilité des cours de change se trouvera confortée à moyen terme si l'on parvient à conférer plus de flexibilité au marché du travail. Une plus grande détermination dans les politiques destinées à en accroître l'efficience aiderait également à affronter le problème crucial du chômage élevé en Europe, qui demeure un grave sujet de préoccupation sur le plan économique et social. L'évolution du cours de change a également revêtu une grande signification dans un certain nombre d'économies émergentes. L'enseignement peut-être le plus important de l'expérience de plusieurs pays d'Amérique latine est que l'utilisation du cours nominal comme point d'ancrage de la lutte contre l'inflation offre, certes, des avantages mais comporte aussi des limites et des dangers. L'appréciation du cours réel qui en résulte peut rendre à terme le rattachement nominal insoutenable s'il n'est pas suffisamment étayé par les autres politiques internes. En plus, ce danger peut être accru en cas d'entrées de capitaux à court terme, essentiellement spéculatives et facilement réversibles. Sur la base de ces considérations, les économies émergentes devraient peut-être se montrer plus circonspectes vis-à-vis des déficits extérieurs et plus prudentes dans la suppression des contrôles sur les apports de fonds à court terme. Il est intéressant de noter que les résultats obtenus par la plupart des économies d'Asie du Sud-est, où la déréglementation s'est faite plus lentement et où l'investissement direct étranger s'est vu conférer un rôle plus important, offrent davantage de motifs de satisfaction que ceux de certains pays d'Amérique latine. Là encore, on retrouve en filigrane les différences plus fondamentales évoquées précédemment. Maîtrise des risques sur les marchés des capitaux. Étant donné la dimension, la complexité et l'interdépendance des marchés des capitaux à travers le monde, il n'est guère surprenant que certains observateurs se soient montrés préoccupés par le fait que des événements de caractère essentiellement local puissent avoir aujourd'hui des répercussions néfastes sur l'ensemble du système financier international. Une très forte volatilité des prix, la défaillance d'un gros établissement, l'illiquidité d'un marché important ou bien le dysfonctionnement du cadre juridique ou des systèmes de paiement qui constituent l'ossature des marchés des capitaux sont autant de sources potentielles de problèmes systémiques. Même si les chocs financiers qui ont caractérisé la période sous revue n'ont pas eu de plus vastes conséquences, ils ont aidé à identifier l'origine de ces préoccupations et à déterminer l'orientation à donner à une action préventive. *{ pagination originale du document: p. 231} Sur de nombreux marchés des capitaux, la volatilité des cours s'est fortement accrue au début de 1994 et est demeurée exceptionnellement élevée pendant quelque temps, tout particulièrement en Europe. L'un des dangers que présentent des variations d'une telle ampleur est qu'elles peuvent en déclencher de plus importantes encore, à travers les programmes de ventes automatiques et les stratégies de couverture dynamique. Dans des marchés nerveux, déjà orientés dans une seule direction, la liquidité assurée par les opérateurs peut se tarir, au moins temporairement, sous l'effet de ces ventes de couverture. Certains signes donnent à penser que ce phénomène pourrait être en partie à l'origine de la chute des cours des obligations en Europe au printemps de 1994 ainsi que des variations de change prononcées et parfois désordonnées en 1995. Des épisodes de ce genre pourraient affaiblir la capacité des teneurs de marché et donc, à terme, la résistance des marchés. Ces accès de forte variabilité suscitent d'autres préoccupations au sujet des stratégies de gestion du risque fondées sur la stabilité perçue des covariances des cours des actifs: elles pourraient sous-estimer la possibilité qu'en période de tensions ces cours réagissent de concert sur différents marchés, exposant ainsi les intervenants à des risques allant au-delà de leurs intentions. Les solutions possibles comportent une composante macroéconomique et micro-économique. Au niveau macroéconomique, des politiques crédibles orientées sur le moyen terme contribueraient à stabiliser les anticipations et pourraient réduire l'éventualité de mouvements prononcés des cours. Au niveau micro-économique, les intervenants doivent se montrer plus vigilants en ce qui concerne leur capacité d'adaptation à des variations de cours d'ampleur inhabituelle, pouvant même évoluer de façon solidaire, sur différents marchés. La défaillance de Baring Brothers et l'annonce, par ailleurs, de lourdes pertes de marché ont ravivé d'anciennes questions et en ont soulevé de nouvelles. Ces événements ont clairement souligné l'importance de contrôles internes et procédures de gestion du risque bien conçus. lis ont également conduit à s'interroger sur les systèmes de rémunération des opérateurs et gestionnaires de fonds, qui souvent récompensent généreusement et immédiatement l'intermédiaire lorsque la prise de risque est fructueuse, mais laissent l'établissement endosser les pertes potentielles. Certes, la motivation est indispensable à la réalisation de bénéfices, mais on peut s'interroger sur la qualité de ces bénéfices si, pour les obtenir, on met en péril la survie de l'établissement, et à plus forte raison celle de sociétés financières intégrées. Les pertes subies ont de nouveau rappelé la nécessité, pour les autorités prudentielles, de veiller à l'adéquation des fonds propres en regard des risques de marché encourus dans l'activité de négociation. À cet effet, les initiatives annoncées par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire en avril 1995 devraient, après une période de consultation, S'avérer très salutaires. Avec le développement continu des marchés des capitaux et l'apparition d'instruments toujours plus complexes, la discipline de marché deviendra un complément de plus en plus important de celle qui est imposée par les organes de contrôle. Conscientes que cette discipline doit se fonder sur des informations adéquates, les autorités ont récemment incité les établissements à faire connaître à la fois le degré de risque qu'ils sont prêts à assumer et les résultats de leur gestion dans ce domaine. *{ pagination originale du document: p. 232} Si l'acquiescement de certains à divulguer de telles informations est perçu comme un signe de solidité, la discipline de marché aura comme première conséquence de contraindre les autres à faire de même. Et si cela amène ceux qui ne disposent pas de systèmes appropriés d'évaluation du risque à s'en doter, ce sera, là aussi, un pas en avant. Enfin, certains événements récents ont mis en évidence la nécessité d'améliorer la communication entre banques centrales et autres autorités de contrôle dans le monde, en montrant également qu'il était souhaitable d'éviter des lacunes dans les réglementations et des inégalités d'ordre concurrentiel. L'intensification de la concurrence internationale dans l'offre de services financiers et l'évolution constante des structures des marchés des capitaux conduiront obligatoirement à adapter l'appareil réglementaire à ces développements. La convergence croissante des fonctions assurées par les banques, sociétés d'investissement et compagnies d'assurances est, à cet égard, particulièrement significative. Renforcement de la coopération financière internationale. La mondialisation de l'activité économique étant de plus en plus marquée à tous les niveaux, les autorités doivent sans relâche procéder à des échanges de vues réguliers et rechercher un consensus, là où c'est possible, sur les questions concernant le bien-être commun de leurs pays respectifs. Cette coopération s'opère essentiellement à travers des décisions collégiales prises par les représentants des pays sur l'action à mener, en misant sur la force morale de ces accords pour encourager toute modification nécessaire, sur le plan national, des politiques, de la législation et de la réglementation. Une telle approche concertée peut paraître parfois lente et laborieuse, mais l'expérience a montré qu'elle porte ses fruits et que les avantages qu'elle procure justifient les efforts consentis. Le dialogue entre responsables des politiques sur les questions macroéconomiques est souhaitable, même lorsque les politiques monétaires sont uniquement axées sur des objectifs internes. Compte tenu du degré élevé d'intégration des marchés financiers, les modifications des orientations monétaires nationales peuvent affecter les cours de change, ceux-ci pouvant à leur tour agir sur le niveau des prix dans les autres pays. Le fait que les changes puissent parfois surréagir ou ne pas répondre à des variations des données économiques fondamentales devrait également constituer un sujet de préoccupation sur le plan international; on peut se demander, en effet, comment il serait possible, en infléchissant les politiques budgétaires et structurelles sous-jacentes, d'atténuer les tensions potentielles sur les changes. Enfin, compte tenu de la possibilité d'un dysfonctionnement occasionnel du marché, il pourrait s'avérer utile de convenir, à l'échelle internationale, de "normes de prudence" concernant l'accumulation de dettes et le réglage d'autres variables macroéconomiques, afin d'aider par avance certains pays à ne pas se retrouver devant des situations trop lourdes à gérer. *{ pagination originale du document: p. 233} Les événements récents ont montré la nécessité pour toutes les parties concernées, tant dans les économies émergentes que dans celles qui sont arrivées à maturité, d'ouvrer en commun au renforcement de la capacité de résistance des marchés internationaux des capitaux. Si les banques centrales ne peuvent elles-mêmes garantir une telle évolution, elles participent étroitement, dans de nombreux pays, à la surveillance et à l'analyse de l'activité des marchés et font de plus en plus appel aux instruments de marché pour mettre en ouvre leur politique. Les efforts visant à assurer une égalité concurrentielle entre les institutions financières nationales opérant à l'échelle internationale et l'existence d'interfaces permettant des liens harmonieux entre les systèmes de paiement des différents pays impliqueront également une interaction dans les domaines qui sont traditionnellement du ressort des banques centrales. Du fait même de cette coopération, la communauté des banques centrales est bien placée pour veiller en permanence à ce que le fonctionnement des marchés et des infrastructures financières favorise la stabilité monétaire et systémique internationale. Il s'agit là, faut-il le rappeler, de l'une des considérations présentes à l'esprit de ceux qui ont défini le mandat de notre institution, il y a de cela soixante-cinq ans.